L'édito de Céline Pina, chaque vendredi à 8h10
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00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-8h30, Maxime Trouleau.
00:058h21 sur Sud Radio, Céline Pinan, on évoque avec vous ce matin cette affaire de ces professeurs
00:11qui sont accusés d'avoir saqué des élèves lors du grand oral du bac parce qu'ils étaient
00:15juifs.
00:16Cette histoire a en tout cas bouleversé hier les réseaux sociaux, Céline, que pouvez-vous
00:21nous en dire ?
00:22Oui, alors l'affaire concerne une quinzaine d'élèves du lycée Yabné, un lycée privé
00:26juif sous contrat, qui auraient été victimes de discrimination lors de leur grand oral.
00:31Le jury aurait noté particulièrement durement les élèves dont les noms avaient les consonances
00:35les plus juives, et un différentiel de 9 points aurait été constaté selon le proviseur
00:40entre les notes des autres élèves de l'établissement et celles des élèves ayant eu affaire à
00:44ce jury.
00:45Pourquoi il y a de tels soupçons d'antisémitisme ? Les épreuves ne sont pas anonymes au bac
00:50?
00:51Eh bien justement, non, pas le grand oral.
00:53Le candidat remet une fiche à l'examinateur sur lequel sont notées les deux sujets qu'il
00:57a choisis et préparés, mais également son patronyme et le visa de son établissement.
01:02Est-ce que Céline, on ne peut pas penser tout simplement que le lycée n'avait peut-être
01:05pas bien préparé les élèves ?
01:07Alors le problème, c'est que Yabné est un des meilleurs lycées de France, un lycée
01:11dont la réputation d'excellence et le niveau d'exigence sont connus et reconnus.
01:15De plus, nombre d'élèves qui accusent les professeurs de discrimination sont des enfants
01:22brillants.
01:23Oui, même si certains peuvent perdre pied à l'oral.
01:25Tout à fait.
01:26Le problème, c'est que là, la plupart des candidats venant de Yabné qui ont eu affaire
01:30à ce jury ont eu des notes très basses.
01:33Bon, non tact, mais après tout, il arrive quand même que certains sujets soient complexes,
01:37que l'étudiant tombe sur une leçon sur laquelle il avait, par exemple, fait l'impasse.
01:41Eh bien en fait, c'est très peu probable, car les grands taureaux du bac sont basés
01:44sur deux problématiques qui sont proposées par les lycéens eux-mêmes.
01:48Voilà pourquoi ils remettent une fiche sur laquelle figurent les sujets qu'ils ont choisis.
01:52Là, il s'agissait de surcroît d'un grand oral de maths, physique, chimie.
01:56Bien moins casse-gueule que la littérature ou l'économie.
01:59D'ailleurs, sur ces spécialités, la moyenne du grand oral est de 15 au niveau national.
02:04Autre point dérangeant, on aurait demandé à ces lycéens de se positionner sur le génocide
02:09commis par Israël.
02:11Voilà, pour le contexte, les réactions à cette affaire ont été très fortes, Céline.
02:16Oui, bien sûr.
02:17Et pour nombre de raisons.
02:18Cette affaire témoigne surtout de la réalité de la baisse de confiance qui est accordée
02:22aux institutions.
02:23Imaginez aujourd'hui qu'un enseignant puisse faire passer son idéologie avant l'avenir
02:28de ses élèves, qu'il soit même prêt à gâcher leur chance parce qu'il n'appartienne
02:32pas à...
02:33Je me suis emmêlée dans mes feuilles, excusez-moi.
02:37Allez-y, Céline.
02:38À son camp ne suscite pas l'incrédulité.
02:40Cela en dit long sur le regard porté sur l'éducation nationale.
02:43Autre point, LFI a tellement répandu et décomplexé la haine du juif en instrumentalisant la cause
02:50palestinienne et le révisionnisme historique que la parole antisémite s'est libérée
02:55à l'école comme ailleurs.
02:57Enfin, beaucoup d'enseignants ne laissent pas ignorer leur engagement très à gauche
03:01et leur militantisme à LFI, ce qui nourrit également les soupçons.
03:05Et enfin, dernier point, sur les raisons, nombre de témoignages d'internautes ont évoqué
03:10des enseignants mal formés à ce type d'oral et des professeurs qui sacraient par idéologie
03:17tout ce qui ne correspond pas à leurs obsessions et on serait largement au-delà de la question
03:21de l'antisémitisme.
03:22Céline Pidna, y a-t-il eu une réponse du côté du ministère de l'éducation nationale ?
03:27Tout à fait.
03:28Face aux réactions que cette histoire a suscité, la ministre de l'éducation a promis une
03:31enquête administrative.
03:32Elle l'avait à peine promis qu'on avait déjà les résultats et particulièrement
03:36expéditif, celle-ci a conclu « à un circuler, il n'y a rien à voir », ce qui est logique.
03:41En effet, un des problèmes de ce type d'enquête, c'est qu'il n'a pas vocation à rechercher
03:45la vérité, mais à couvrir l'administration.
03:48On les met en place quand on ne veut surtout pas qu'une personne indépendante vienne
03:51fourrer son nez là où il ne faut pas.
03:53La priorité de l'enquête administrative est avant tout de protéger l'institution.
03:59Elle piétine d'ailleurs un défondement du droit qui dit qu'on ne peut être à
04:02la fois juge et parti.
04:05Ce vice originel l'entache que Nicole Belloubet crut qu'une ficelle aussi grossière allait
04:10passer en dit long sur le cynisme de ce gouvernement et sur son indifférence face à l'explosion
04:16de l'antisémitisme.
04:17En fait, l'occasion d'ouvrir une véritable enquête pourrait vraiment mettre fin au
04:23soupçon de pas de vagues de l'administration.
04:25L'école ne peut pas balayer d'un revers de main de telles accusations et la situation
04:31mérite réellement une enquête policière afin que la vérité soit connue et que finalement
04:36si les professeurs sont innocents, ils puissent retrouver aussi leur honneur attaqué.
04:43Merci beaucoup Céline.
04:44Jean-Baptiste Noé, vous avez écouté la chronique de Céline Pinard.
04:50Est-ce que vous avez été confronté à ce sujet des euros de bac ?
04:54Moi j'étais professeur en lycée pendant une dizaine d'années donc j'ai fuitement
04:57préparé des élèves à ça.
04:59C'est vrai qu'on a souvent parfois des écarts entre l'oral et l'écrit.
05:04Vous avez des élèves qui sont très bons à l'écrit et puis qui perdent pied à l'oral.
05:09Ils passent ça dans un autre établissement, un contexte différent.
05:11Donc ça peut arriver.
05:13Sur le cas précis évoqué, je ne sais pas ce qui s'est passé mais le grand oral est
05:17quand même quelque chose d'assez spécifique.
05:18C'est nouveau, ça a été créé il y a quatre ou cinq ans.
05:20Dans la formule actuelle, ça fait simplement un an ou deux que c'est mis en place.
05:23Et ce sont des sujets que les élèves préparent au cours de l'année.
05:26Donc ce n'est pas un sujet qu'ils tirent au hasard et qu'ils doivent présenter.
05:29Ils ont un an pour le préparer, c'est quasiment apprendre une leçon et la répéter.
05:33Donc il n'y a pas d'erreur possible, surtout en mathématiques ou en physique.
05:37Donc ça paraît un peu curieux.
05:39Et Céline l'a très bien dit, le principal problème c'est la défiance qu'il y a
05:44de l'éducation nationale.
05:45C'est-à-dire le fait qu'il pourrait effectivement y avoir une discrimination.
05:48C'est quelque chose qui était impensable il y a encore 10 ou 15 ans.
05:51Maintenant, c'est quelque chose qui peut exister.
05:53Donc cette aire du soupçon est très pénible.
05:55Oui, c'est ce que j'allais vous poser comme question.
05:57Il y a toujours ce risque à l'oral du délit de sale gueule finalement, qu'on note finalement
06:01plus à la tête, plus que ce qui a été dit face aux professeurs.
06:05C'est un risque.
06:06Est-ce que du coup, il faut remettre en cause l'oral ou quand même pas ?
06:07Céline ?
06:08Non, parce que ceci dit, je trouve que c'est un excellent exercice pour des enfants qui
06:13vont avoir de plus en plus à se défendre justement dans l'oralité.
06:18Et c'était quelque chose qu'on ne développait pas dans l'enseignement français.
06:22Et je trouve que c'est une bonne chose.
06:25Pour autant, il y a peut-être un souci de formation des enseignants.
06:29De toute façon, il va falloir être clair.
06:31Aujourd'hui, on a eu les statistiques.
06:34Je crois que les manques de professeurs sont énormes.
06:36Il y a à peu près plus de 3 700 ou 3 800 professeurs qui n'ont pu être recrutés.
06:41Ce qui fait qu'on recrute à un niveau de plus en plus bas des gens qui sont de moins
06:46en moins bien formés.
06:47Or, à un moment donné, ce n'est pas simplement un métier, c'est un engagement le métier
06:51de professeur.
06:52C'est un métier très particulier.
06:54Quand vous recrutez avec un niveau d'exigence de plus en plus bas, tout simplement parce
06:59qu'il y a pénurie et que vous êtes incapable d'offrir des postes attractifs aux gens,
07:04eh bien, vous vous retrouvez aussi avec des militants qui n'ont absolument aucune conscience
07:10de leur devoir vis-à-vis des enfants, de leur devoir d'enseignant et les parents
07:15s'en rendent compte.
07:16Et aujourd'hui, ça raconte aussi quelque chose du lien entre parents et enseignants
07:21qui ne savent plus qui est devant leurs enfants et qui n'ont plus finalement une
07:28confiance absolue en l'institution parce que parfois, ils ont aussi des expériences
07:33très limites.
07:34On verra ce que donne la potentielle enquête, on verra s'il y a des plaintes qui vont
07:38être déposées.
07:39Je voulais vous faire réagir tous les deux aussi, on revient un petit peu avec ce qu'on
07:43a dit avec notre auditeur tout à l'heure sur la présence d'Emmanuel Macron à l'OTAN
07:48et surtout cette sortie de Joe Biden.
07:50On l'a entendu aujourd'hui ce matin avec le hashtag, on en parle, de Laurie Leclerc,
07:54Joe Biden qui a donc confondu Kamala Harris avec Donald Trump et surtout qui a confondu
08:00Volodymyr Zelensky, le chef de l'État ukrainien, avec Vladimir Poutine, Jean-Baptiste,
08:08ça paraît très inquiétant.
08:09Est-ce qu'il peut rester encore et être élu qu'à 30+, Joe Biden ?
08:13Le problème, c'est qu'il n'y a pas grand monde pour le remplacer.
08:15Déjà en 2020, Joe Biden était un choix par défaut.
08:18C'est-à-dire que les démocrates ont un vivier qui est faible, qui est tari.
08:23Donc il avait été pris comme étant un peu une figure consensuelle.
08:26Depuis quatre ans, ils n'ont pas réussi à faire émerger une autre personne, donc
08:30ils le reconduisent et le sujet, c'est aussi dans quatre ans, si jamais Donald Trump l'emporte,
08:35ce qui est tout à fait probable aujourd'hui.
08:36Et on voit bien d'ailleurs côté démocrate comme côté républicain que la politique
08:40américaine n'arrive plus à faire émerger de nouvelles têtes parce que l'élite américaine
08:44préfère aller ailleurs, dans d'autres secteurs qu'elle estime plus porteuses, plus porteurs.
08:48Et c'est une faillite de la démocratie américaine en général.
08:52Et même si Joe Biden était changé, puisqu'il sera officiellement candidat fin août à
08:57la Convention démocrate, le nouveau candidat aura trop peu de temps pour préparer une
09:01campagne électorale.
09:02Donc aujourd'hui, c'est un choix par défaut.
09:04Faut de mieux.
09:05Pour le moment, il explique rester, en tout cas dans cette candidature, Céline Pina, une
09:08réaction à ce que nous a dit Joe Biden, qui confond Volodymyr Zelensky et Vladimir
09:14Poutine.
09:15C'est un dérapage de plus.
09:17En fait, c'est effrayant, tout simplement, quand on regarde le niveau de médiocrité
09:22des représentants des démocraties.
09:25Et on en a vraiment besoin quand la démocratie américaine est représentée par deux personnalités
09:32qui sont quand même extrêmement clivantes, qui sont extrêmement dérangeantes.
09:37Et puis, il y a le niveau des débats aussi.
09:39Je ne sais pas.
09:40J'ai été très choquée par ce débat qui commence par cinq minutes de mesurage d'appendices
09:48sur la qualité du jeu de golf des deux présidents.
09:52On est quand même sur la première puissance mondiale.
09:55Je suis atterrée par ce que je vois et que j'entends.
09:58En tout cas, on va voir ce que ça donne du côté des États-Unis avec cette campagne,
10:02du côté des États-Unis, pour un combat des vues entre Donald Trump et Joe Biden,
10:07il faut le dire.
10:08Allez, dans un instant.
10:09Merci à tous les deux.
10:10Sur 31, on va retrouver Benjamin Gleiz et son invité politique Jean-Noël Barraud,
10:14ministre délégué chargé de l'Europe et député réélu modem des Yvelines.
10:17A tout de suite.