RN aux portes du pouvoir : une inéluctable victoire ?

  • il y a 3 mois
Avec Arnaud Benedetti, professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, auteur de "Aux portes du pouvoir - RN, l'inéluctable victoire ?" publié aux éditions Michel Lafon.

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Transcription
00:00SUDRADIO dans tous ses états, le face à face.
00:05Et pour le face à face, nous avons le plaisir d'avoir en notre compagnie Arnaud Benedetti,
00:09professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire
00:13et auteur de « Aux portes du pouvoir, RN, l'inéluctable victoire » publié chez Michel Laffont.
00:18Arnaud Benedetti, bonjour.
00:20Bonjour.
00:20Bienvenue sur SUDRADIO, un studio que vous connaissez bien,
00:23puisque vous venez régulièrement chez Valérie, expert.
00:26On va commencer par le titre de votre livre, « L'inéluctable victoire ».
00:30Quand on voit ce qui s'est passé entre les deux tours,
00:32on se demande si ce n'est pas plutôt la défaite qui est inéluctable pour le RN.
00:36Alors c'était d'abord avec un point d'interrogation, il faut le préciser dans le titre,
00:39et donc ça a quand même son importance et sa nuance évidemment, le caractère d'inéluctabilité.
00:44La réalité, c'est que le Rassemblement national a connu une déconvenue ce dimanche,
00:50pour plusieurs raisons.
00:52D'abord, on a certainement mésestimé ou sous-estimé l'efficience encore active du Front républicain,
01:00que vraisemblablement le RN a souffert d'un déficit de professionnalisation,
01:06et on l'a vu avec un certain nombre de candidats qui étaient, c'est le moins qu'on puisse dire,
01:11insuffisamment adaptés et insuffisamment préparés pour une élection législative,
01:15d'autant plus que le focus s'est fait plus particulièrement sur ces candidats.
01:20On aurait pu peut-être en trouver dans d'autres formations politiques aussi,
01:24dont le parcours était parfois aussi contestable, mais peu importe.
01:28Troisième point, je pense qu'aussi le RN a donné, durant cette campagne législative,
01:33quelques ingrédients à sa rediabolisation, notamment sur la controverse concernant la binationalité.
01:40Donc tous ces éléments ont certainement fragilisé, j'allais dire, la dynamique du RN.
01:48Mais après, une fois qu'on a dit ça, il faut regarder les chiffres.
01:50La réalité, c'est que le RN progresse.
01:53Ce qui progresse, c'est qu'aujourd'hui, il dispose stricto sensus au sein de son groupe 123 parlementaires,
02:00145 ou 143 avec les alliés siotistes, qui vont certainement former un groupe parlementaire,
02:10et surtout, c'est plus de 10 millions de voix.
02:12Donc la réalité, c'est que si le RN, qui s'est mis en place entre les deux tours de l'élection législative,
02:19a empêché le RN de cranter une majorité relative ou une majorité absolue,
02:27il n'a pas, malgré tout, empêché la progression, de fait, du RN.
02:33Donc la dynamique, de ce point de vue-là, demeure.
02:36Elle a été moins rapide que peut-être que l'on pouvait attendre,
02:39mais la dynamique est là, et je dirais, je rajouterais pour juste être tout à fait complet,
02:45c'est que la situation politique très instable dans laquelle nous sommes en train de rentrer,
02:50avec une Assemblée nationale pour le moins fracturée,
02:52peut, quelque part, disons, potentiellement être utile à la dynamique future du RN.
03:00Alors maintenant, on va parler de la situation politique,
03:02qu'on rebondissait évidemment sur le titre de votre dernier ouvrage,
03:04qu'il faut vraiment lire parce que c'est très intéressant, comme toujours vos livres Arnaud Benedetti.
03:08Merci à vous.
03:0948 heures après le scrutin, est-ce qu'on y voit un peu plus clair en termes de rapports de force à l'Assemblée nationale ?
03:15Non, c'est-à-dire qu'en fait compte, cette dissolution à laquelle a procédé le Président de la République,
03:20qui avait pour objectif de clarifier la situation politique du pays,
03:25il ne l'a pas clarifiée, mais l'a certainement encore plus complexifiée et obscurcie.
03:30Quelle est la cartographie de l'hémicycle aujourd'hui ?
03:32C'est, pour aller très vite, trois blocs.
03:34Trois blocs, le bloc du Nouveau Front Populaire avec 192 parlementaires,
03:41le bloc de la majorité sortante avec à peu près 160 parlementaires
03:46et le bloc de l'Union des Droites avec le Rassemblement National
03:51et les Siotistes qui fait à peu près 143 députés.
03:54Plus ensuite, en effet, j'allais dire, éparpillé autour de ce bloc,
03:58le groupe évidemment LR qui s'en sort pas si mal de ses élections.
04:01Entre 50 et 60 députés.
04:03Entre une soixantaine de députés et puis ensuite, après, j'allais dire,
04:06des agrégats qu'il va falloir identifier.
04:08Oui.
04:09Entre les indépendantistes néo-calédoniens...
04:12Est-ce qu'il y aura par exemple...
04:14Est-ce que le groupe, par exemple, le petit groupe Charnier-Lyot,
04:17Liberté et Territoires, va pouvoir se reconstituer ?
04:22Apparemment oui, d'après les dernières informations que j'ai,
04:24je pense qu'il devrait pouvoir se reconstituer et avoir plus d'une quinzaine de parlementaires
04:30puisque l'étiage de caisses parlementaires est absolument indispensable
04:34pour constituer un groupe parlementaire.
04:36Aujourd'hui, au stade où l'on parle, à l'heure où l'on parle,
04:39et où l'on s'entretient, clairement il n'y a pas de majorité,
04:42clairement qui se dessine.
04:44On voit bien quelle est la stratégie du nouveau Front Populaire
04:47qui est arrivé en tête en nombre de sièges,
04:50c'est, d'une certaine manière, d'imposer l'idée qu'il aurait gagné ses élections.
04:55La vérité, c'est qu'il a certes réussi à avoir le plus grand nombre de parlementaires
05:01dans cette coalition, qui d'ailleurs est très instable sur le fond,
05:04parce qu'on voit bien qu'il y a des divergences, mais il ne dispose pas de majorité.
05:08Il ne dispose même pas de majorité relative,
05:10au sens où l'on parle de majorité relative sur la Ve République.
05:13C'est la plus forte minorité, mais est-ce que la plus forte minorité
05:16dans un système comme celui de la Ve République peut revendiquer le droit de gouverner ?
05:21Ça me paraît en effet un exercice très complexe,
05:24parce que si vous voulez, avec 192 députés,
05:26vous ne pouvez pas disposer d'une majorité qui soit stable et viable sur la distance.
05:31Vous êtes à la merci, mais vous êtes à la merci tous les matins,
05:34d'une motion de censure du Parlement et de l'Assemblée Nationale.
05:39Je rappelle que c'est 289 la majorité absolue,
05:43et que 289 plus 1, ça permet de faire voter une motion de censure.
05:49Donc ça, à mon avis, c'est une difficulté.
05:52Ensuite, on ne voit pas.
05:53Alors l'autre aspect, c'est de savoir si on est capable de constituer une coalition.
05:57On en reparlera peut-être tout à l'heure.
05:59Moi, j'ai les plus grands doutes, en l'occurrence,
06:01parce que quand je vois d'abord les déclarations des uns et des autres,
06:04quand je vois l'état des relations politiques,
06:07quand je vois l'écart idéologique qui pourrait être celui des parties prenantes de cette coalition,
06:14je vois très mal une coalition se former et surtout rester,
06:19je veux dire, se pérenniser sur les trois ans à venir.
06:23Alors, qui sont les gagnants, qui sont les perdants de ce scrutin ?
06:26Il n'y a que des gagnants, il n'y a que des perdants, finalement ?
06:28Alors, il y a un gagnant quand même, c'est, me semble-t-il, au moins la démocratie,
06:33dans sa dimension de mobilisation électorale,
06:38puisque on a eu un regain de participation unique.
06:43Un record au premier tour depuis 78 et au second depuis 81, je crois.
06:46Depuis tôt, depuis 81.
06:48C'est-à-dire un record de participation qui montre que ce scrutin,
06:54compte tenu de l'enjeu qui était en fait une bataille pour le pouvoir,
06:59le pouvoir à Matignon, et surtout de son caractère très imprévisible,
07:04a mobilisé nos concitoyens.
07:06Donc, de ça, on peut considérer que c'est un point positif,
07:10ça montre quand même qu'il y a une revivification de la démocratie.
07:16Mais après, si vous voulez, la réalité, c'est que chercher des perdants et des gagnants
07:21pour le Rassemblement National, au regard du contexte politique,
07:24c'est quand même une déconvenue.
07:26Mais c'est une déconvenue très relative pour toutes les raisons que j'ai évoquées tout à l'heure.
07:30Et surtout qu'il a quasi doublé son nombre de députés.
07:32Il a quand même doublé son nombre de députés.
07:36Mais au regard de ce qu'on lui présageait, en effet,
07:39ce n'est pas tout à fait l'objectif qui était le sien.
07:42Ensuite, il y a une réussite, au moins sur le plan médiatique,
07:47qui est celle du nouveau Front Populaire,
07:50qui a réussi à imposer le récit de sa victoire,
07:53et qui continue d'ailleurs à imposer depuis 48 heures,
07:56le récit de sa légitimité à pouvoir gouverner.
08:00Encore une fois, je reviens sur les chiffres qui sont, j'allais dire,
08:04un juge de paix tout à fait incontestable.
08:08192, ça ne fait pas une majorité.
08:11Du côté de ce qu'on appelle le bloc central,
08:17de manière un peu abusive d'ailleurs parfois, mais enfin peu importe,
08:20on peut considérer qu'évidemment c'est une défaite.
08:23On perd plus de 90 députés, donc c'est un recul de la majorité énorme.
08:28Mais qu'in fine, grâce à la mécanique des désistements,
08:32ils ont certainement limité la vaille.
08:36– Au soir du premier tour, avant les désistements,
08:38on prévoyait 60 à 80 députés.
08:41– 60 à 80 députés, donc ils limitent considérablement la vaille.
08:44– Les dégâts.
08:45– Ensuite, il y a là aussi un groupe qui s'en sort plutôt bien,
08:48c'est le groupe LR, parce qu'il était en grande difficulté lui aussi
08:52au soir du premier tour, donc quelque part,
08:55il peut considérer qu'il a rempli l'objectif de se sauver
08:59et de continuer à faire survivre une marque des Républicains
09:03dont on ne sait pas trop ce qu'elle va quand même devenir.
09:05Donc il n'y a pas vraiment de gagnant, il n'y a pas vraiment de perdant
09:08dans cette situation et c'est ce qui explique la complexité
09:12tout à fait exceptionnelle dans laquelle nous nous retrouvons
09:15politiquement sous la Ve République.
09:16– Une complexité exceptionnelle mais qu'on va continuer à décrypter avec vous
09:19jusqu'à 14h, Arnaud Benedetti, je rappelle que vous êtes prof à la Sorbonne,
09:22rédacteur en chef de la revue Politique et Parlementaire
09:24et auteur de « Aux portes du pouvoir »,
09:26RN, l'inéluctable victoire publiée chez Michel Laffont.
09:29Vous voulez poser vocation à Arnaud Benedetti,
09:32vous connaissez le numéro encore et toujours le même,
09:34le 0 826 300 300.
09:37– Sud Radio.
09:38– Sud Radio.
09:39– Parlons vrai.
09:40– Parlons vrai.
09:41– Parlons vrai.
09:42– Parlons vrai.
09:44– Sud Radio, dans tous ses états, Philippe David.
09:48– Et on a le plaisir d'avoir en notre compagnie Arnaud Benedetti,
09:51professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef de la revue
09:54Politique et Parlementaire et auteur de « Aux portes du pouvoir »,
09:56RN, l'inéluctable victoire publiée chez Michel Laffont.
09:59Et on décrypte cette situation jamais vue sous la Vème République
10:04depuis les législatives de dimanche en sa compagnie.
10:07Arnaud Benedetti, on n'y voit pas plus clair en termes de majorité,
10:13vous en avez parlé il y a quelques minutes,
10:15mais en termes de création, de nomination de gouvernement,
10:18c'est encore pire parce que nous, en fin de semaine,
10:20le week-end, on avait le nom de Carole Delga qui circulait.
10:23Hier, c'était Gérald Darmanin.
10:25On nous dit après que c'est quelqu'un du Nouveau Front Populaire.
10:30Où est-ce qu'on en est dans ce domaine ? Dans un flou artistique ?
10:34– Oui, on est dans un flou total qui n'est même pas artistique,
10:37on est dans un brouillard très épais.
10:39Parce que si vous voulez, d'abord, c'est pas seulement la question d'une personnalité.
10:45Pour pouvoir constituer un gouvernement,
10:49il faut s'adosser à une majorité, au moins relative.
10:53Et pour qu'il y ait une majorité relative, éventuellement une majorité de coalition,
10:57il faut qu'il y ait un contrat de gouvernement.
11:00Donc le contrat de gouvernement, il se fait sur quelles bases ?
11:03Il se fait sur quels objectifs ? Il se fait sur quel calendrier ?
11:08Il se fait en fonction de quel rapport de force au sein de la coalition ?
11:13Quelles sont les parties prenantes ?
11:15Comment peut-on composer cette coalition si on peut constituer une coalition ?
11:20Donc vous voyez bien que tous ces prérequis à ce stade,
11:23ils sont extrêmement difficiles à mettre en œuvre.
11:27Alors aujourd'hui, si on écarte l'hypothèse finalement
11:32qui est poussée par le Nouveau Front Populaire d'un gouvernement de gauche,
11:36qui encore une fois, arithmétiquement, n'est pas majoritaire,
11:40et ce qui ne correspond pas en plus à la réalité, j'allais dire, socio-électorale du pays quand même,
11:44il faut le rappeler parce qu'ils ont fait 8 millions de voix, je crois.
11:48Enfin, 8 millions de voix, c'est derrière le Rassemblement National, tout simplement.
11:52Et donc ça veut dire qu'une grande majorité du pays n'a certainement pas voté dimanche
11:58pour se retrouver avec un gouvernement de gauche,
12:01mais en plus en siège, il y a une incapacité structurelle à pouvoir aller au-delà des 194 pour l'instant.
12:09Il y a l'hypothèse du gouvernement de coalition.
12:11Alors le gouvernement de coalition, comment peut-il se faire ?
12:14Soit c'est une coalition qui se fait avec la droite, avec Allaire.
12:18Mais même si ça se fait avec Allaire, vous arrivez à une majorité qui reste relative.
12:23Il manque une trentaine, une quarantaine de députés à peu près.
12:27Pour l'instant, on pourrait être à 210, 220, mais 220, c'est la plus faible majorité relative sous la Ve République.
12:33Donc c'est extrêmement difficile de gouverner.
12:36On est là aussi à la merci, tous les matins, d'une motion de censure.
12:40Donc ça, c'est une première difficulté.
12:43Et en plus, je ne suis pas sûr que du côté de Allaire,
12:46qui a pu se refaire une petite santé parlementaire grâce à ses élections,
12:49il y ait intérêt aujourd'hui à s'associer, en tout cas avec Emmanuel Macron,
12:55parce que, tout simplement, ils vont, j'allais dire, faciliter la tâche de leur principaux concurrent à droite,
13:02qui est le Rassemblement National.
13:04Ensuite, il y a un gouvernement de coalition plus large, ce qu'on appelle la coalition plurielle.
13:10Alors la coalition plurielle, à côté de la coalition centre-droite que je viens d'évoquer,
13:15c'est une coalition qui essayerait de détacher un certain nombre de parlementaires
13:21ou de forces politiques du Nouveau Front Populaire, hors France Insoumise.
13:28Donc peut-être communistes, socialistes, éventuellement quelques verts.
13:32– Oui, parce que Sandrine Rousseau ne veut pas qu'elle aille au gouvernement,
13:35mais Marine Tendelier ne dit pas non.
13:37– Oui, alors vous voyez déjà que même au sein des écologistes,
13:40ils sont déjà sur des lignes divergentes.
13:42Et puis essayer là aussi de détacher éventuellement quelques LR.
13:46Sauf que, si vous voulez, d'abord je ne suis même pas sûr qu'on ait les tiages parlementaires pour la faire,
13:50cette coalition aussi, mais ensuite il faut, si vous voulez,
13:54l'écart idéologique entre les uns et les autres est tel que c'est une coalition
13:58qui a quand même court le risque d'exploser très rapidement.
14:01– Rien que sur le nucléaire déjà, s'il y a des verts, il y aura un problème.
14:05– Oui, mais je rappelle qu'il y a quand même deux conditions qui ont été exposées
14:09par les leaders du Nouveau Front Populaire,
14:12et c'est Mme Tendelier même,
14:15ces deux conditions c'est l'abrogation de la loi retraite
14:18et l'abrogation de la loi immigration.
14:20Et aussi peut-être le SMIC à 1600 euros.
14:23Donc je ne vois pas, si vous voulez, toute une partie du Bloc central
14:28et y compris du côté de LR s'associer à un tel contrat de gouvernement.
14:33Donc, si vous voulez, il y a quand même une impasse,
14:36qui est une impasse arithmétique et une impasse politique aujourd'hui,
14:40qui ne nous permet pas, sauf surprise évidemment,
14:44d'envisager très rapidement la constitution d'un Bloc majoritaire,
14:50aussi relatif soit-il même.
14:52Et c'est la raison pour laquelle le Président de la République
14:55a fait le choix de refuser évidemment la démission de Gabriel Attal
15:00et de lui demander de gérer les affaires courantes
15:04dans l'attente de trouver une solution.
15:06Alors, quelle est la stratégie du Président de la République ?
15:08La position du Président de la République est de dire
15:10j'attends de voir comment ça va se passer,
15:12comment vont se composer les différents groupes à l'Assemblée nationale
15:15pour à ce moment-là peut-être lancer officiellement
15:18un certain nombre de consultations.
15:22Mais je pense qu'on risque de rentrer dans une séquence
15:26qui est une séquence plus longue que prévue
15:29au regard de la situation et du rapport de force politique.
15:32Mais le député Benjamin Haddad, député Renaissance de Paris XVIe,
15:36qui est quand même un député médiatique au Sondage Média,
15:38a tweeté il y a quelques minutes
15:40« Un gouvernement avec le moindre ministre insoumis,
15:42je voterai la motion de censure ».
15:44Est-ce que ça ne veut pas dire déjà que,
15:46comme le RN est infréquentable et LFI,
15:49ça fait quand même pratiquement 220 députés
15:51qui ne peuvent pas être dans la majorité.
15:54Donc faire une majorité, c'est impossible.
15:57Ça me paraît extrêmement délicat pour les raisons...
16:00Ou alors toute relative.
16:02Elle ne peut être que relative à ce stade.
16:04Et c'est tenté qu'on arrive à avoir une majorité relative,
16:06ce qui n'est pas du tout, je veux dire,
16:08aujourd'hui, assuré, loin de là.
16:11On voit bien qu'il y a aussi des tensions
16:13à l'intérieur de la majorité.
16:15Parce que vous comprenez,
16:17en effet, l'aile droite de la majorité,
16:21M. Philippe, éventuellement,
16:23et puis même certains députés de Renaissance,
16:26ne sont peut-être pas prêts de gouverner
16:29avec des députés communistes
16:31ou des députés écologistes.
16:33Parce qu'ils ont aussi conscience que,
16:35pour certains d'entre eux,
16:37que le pays n'est pas aujourd'hui,
16:39sur le plan socio-électoral,
16:41un pays qui est à la gauche.
16:43Tout mouillé, la gauche, c'est 30% des voix.
16:45Je ne suis pas sûr que le mandat
16:47que les Français aient donné à cette Assemblée nationale,
16:49ce soit le mandat de constituer
16:51un gouvernement de gauche.
16:53C'est l'interprétation qu'ont fait, évidemment,
16:55pour toutes les raisons qu'on peut imaginer,
16:57le nouveau Front populaire.
16:59Mais la réalité du rapport de force
17:02dit autre chose que cette interprétation
17:04du nouveau Front populaire.
17:06Et moi, je suis très surpris, si vous voulez,
17:08que ce récit-là soit autant amplifié,
17:10même médiatiquement.
17:12Parce que la réalité, je le répète,
17:14elle est, de ce point de vue-là,
17:16totalement incontestable.
17:18L'arithmétique parlementaire
17:20rend impossible, encore une fois,
17:22un gouvernement du nouveau Front populaire,
17:25pour toutes les raisons que j'ai indiquées.
17:27Et on ne peut pas, si vous voulez,
17:29gouverner, aujourd'hui,
17:31durablement,
17:33en stabilité, avec 194 députés,
17:36dont on sait que, d'ailleurs, ils ne sont pas tous d'accord,
17:38entre eux.
17:39– C'est ça, notamment sur le nucléaire, on y revient toujours.
17:41– Entre autres.
17:42– Mais, théoriquement, à cette période de l'année
17:44où on est début juillet,
17:45le Parlement reçoit ce qu'on appelle
17:47un maître de cadrage pour le budget,
17:49qui est voté à l'automne.
17:51La situation financière de la France
17:53n'est pas la meilleure qu'il y ait,
17:54on est tous d'accord là-dessus.
17:56Ça, c'est transpartisan.
17:58Comment est-ce qu'on va faire pour voter un budget ?
18:00Alors, il y a un article, je crois, qui prévoit
18:02que quand le Parlement est incapable de voter un budget...
18:04– C'est l'article 47 de la Constitution.
18:05– C'est l'article 47, c'est leur budget de l'année précédente
18:07qui est automatiquement renouvelé.
18:08– On dispose, en fait, on peut...
18:10Le gouvernement peut procéder par ordonnance.
18:15Mais il n'y a pas de gouvernement.
18:17– Oui, mais alors le problème, c'est que, si vous voulez,
18:19les constitutionnalistes, je veux dire, sont partagés d'ailleurs.
18:23Ils ne sont pas partagés sur le fait
18:25qu'on puisse utiliser les ordonnances
18:27pour que la France puisse disposer d'un budget,
18:29mais ils sont partagés sur le fait
18:31qu'un gouvernement qui tomberait sur une motion de censure
18:38sur le projet de loi de finances
18:41n'aurait peut-être pas la possibilité, en l'occurrence,
18:44de pouvoir, justement, légiférer par ordonnance,
18:47sur le plan budgétaire.
18:49Ce qui poserait un problème,
18:51parce que, j'allais dire, un problème de fonctionnement de l'État.
18:54Parce que, tout simplement, il faudrait, par exemple,
18:57il faut quand même payer les fonctionnaires.
18:58– Oui.
18:59– C'est le minimum.
19:00Alors là, on pourrait recourir à la vieille technique
19:02qui était, en fait, utilisée sous la 4e République,
19:05du 12e provisoire.
19:06Alors, qu'est-ce que c'est que la technique du 12e provisoire ?
19:08C'est que, tous les mois, finalement,
19:10le gouvernement demande des autorisations de crédit au Parlement
19:13pour, au moins, pallier aux besoins les plus élémentaires
19:15du fonctionnement de l'État.
19:16– Oui.
19:17– Donc, ça nous ramènerait, quand même, à des temps très anciens.
19:19Et surtout, ça nous ramènerait à une situation
19:21où la politique budgétaire du pays,
19:23elle doit, quand même, fixer les grandes orientations,
19:26en termes de politique publique, en termes de priorité.
19:29Et là, finalement, on aurait un vote du budget
19:32qui n'obéirait qu'au seul objectif
19:36de faire fonctionner, à minima,
19:38l'État sans grandes orientations politiques.
19:40– Vous voulez réagir ? Posez vos questions Arnaud Benedetti.
19:43Cette France, est-ce qu'elle est ingouvernable pour aller au moins 12 mois ?
19:46Puisque Emmanuel Macron ne peut plus dissoudre.
19:49Et surtout, même s'il démissionnait,
19:51son successeur ne pourrait pas dissoudre non plus.
19:54Et que, manifestement, cette Chambre est ingouvernable.
19:57Appelez-nous au 0826 300 300.
20:01Sud Radio, dans tous ses états.
20:06Philippe David.
20:09Sud Radio, dans tous ses états.
20:11Philippe David.
20:13– Et on a le bonheur d'avoir avec nous Arnaud Benedetti,
20:15professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef de la revue
20:18Politique et parlementaire et auteur de
20:20« Aux portes du pouvoir et règne l'inductable victoire »
20:22publié chez Michel Laffont.
20:25À vous entendre, il n'y a pas de majorité possible.
20:29– Mais qu'est-ce qu'on fait ?
20:30– Il n'y a pas de majorité possible.
20:31En tout cas, aujourd'hui, encore une fois,
20:33au moment où nous échangeons, on n'a pas de majorité.
20:37C'est la première fois sous la Vème République,
20:40ce qu'il faut bien comprendre, ça c'est essentiel,
20:42c'est que c'est la première fois sous la Vème République
20:44que des élections législatives ne livrent pas
20:48un verdict qui soit susceptible de rendre gouvernable
20:51tout de suite le pays.
20:53Donc ça c'est quelque chose que l'on n'avait jamais connu
20:56depuis 1958.
20:58Il y avait toujours une majorité, même relative,
21:00mais il y avait toujours une majorité relative.
21:02– Il y avait 88 et 2022.
21:03– Oui mais enfin 88 et 67.
21:05Mais 88, si vous voulez, on avait réussi quand même
21:08à former une majorité relative à 260.
21:10Et puis bon, il y avait des stabilisateurs
21:12sur le centre et sur la gauche
21:14qui permettaient à Michel Rocard de gouverner.
21:16Là, en l'occurrence, c'est totalement impossible.
21:19Donc on est véritablement dans un contexte
21:22que l'on n'a jamais connu, mais c'est quand même grave.
21:25C'est quand même très grave, parce que ça veut dire
21:27que cette fois-ci, ce sont nos institutions
21:30qui sont quelque part minées.
21:32Les institutions de la Ve République ont toujours eu,
21:35ont dû se confronter à des crash-tests.
21:37La cohabitation, c'en était un.
21:39Souvenez-vous, les débats en 1986.
21:41– Ah oui, est-ce que ça peut exister ou pas ?
21:43– Est-ce que ça peut se faire ou pas ?
21:44Il y en avait d'ailleurs certains qui disaient non,
21:46ce n'est pas conforme à l'esprit des institutions.
21:48Jean Foyer, qui était un des rédacteurs
21:50de la Constitution de la Ve République,
21:51avait même conseillé à Jacques Chirac
21:53de faire la grève du gouvernement à l'époque.
21:56– Raymond Barre, souvenez-vous.
21:57– Il avait dit qu'il ne voterait jamais la confiance
21:59à un gouvernement de cohabitation,
22:01et le premier vote des députés baristes a été de voter
22:03la confiance au gouvernement Chirac.
22:05Ce qui prouve que la parole politique
22:07avait vraiment déjà de la valeur à l'époque.
22:08– Oui, mais il y avait un point important,
22:10c'est qu'au moins, si vous voulez, ce qui s'était passé,
22:12c'est que le fait majoritaire était respecté.
22:14Et le fait majoritaire, c'est, comment dire,
22:17la clé de voûte du fonctionnement démocratique
22:21de la Ve République.
22:23La Ve République a été construite,
22:25élaborée par ses fondateurs,
22:27par opposition à ce qu'on avait connu par le passé,
22:29les Troisième et les Quatrième Républiques,
22:31justement pour permettre à la France
22:32d'avoir des gouvernements stables
22:34avec des majorités pérennes.
22:36Là, en l'occurrence, on n'a pour l'instant
22:39aucune visibilité sur la Constitution d'un gouvernement,
22:42et on n'a pas de majorité pérenne.
22:44Donc, on est véritablement, encore une fois,
22:47dans un moment qui est inédit.
22:49Arnaud Benedetti, le sujet fait beaucoup réagir
22:51au 0826-300-300.
22:53Bonjour, Renaud.
22:55Bonjour, mon cher Philippe David,
22:57et bonjour à Arnaud Benedetti.
22:59Bonjour.
23:00Que j'apprécie beaucoup,
23:02et que nous avons le plaisir de voir
23:04sur différents studios,
23:06télévision, radio, assez régulièrement.
23:09Et donc, c'était pour aussi...
23:11Merci à vous.
23:12... féliciter pour tout son travail.
23:13Merci.
23:14J'ai beaucoup aimé son ancien dernier livre,
23:16le titre ne me revient pas,
23:17qui est absolument passionnant sur la politique,
23:19sur des questions de souveraineté,
23:21qui est absolument passionnant.
23:23Alors, on vous écoute.
23:24Qu'est-ce que vous en pensez ?
23:25Vous entendez Arnaud Benedetti,
23:26on se dit qu'on n'est pas sorti de l'auberge,
23:28comme dirait l'autre.
23:30C'est compliqué, mais je pense qu'Emmanuel Macron,
23:33qui est quelqu'un de très très malin,
23:36va réussir à s'en sortir.
23:38Si on prend le gros bloc,
23:39nouveau Front populaire,
23:41et qu'on exfiltre la France insoumise,
23:43qui doit avoir 70 députés,
23:45ça veut dire qu'on a peut-être 70-80 députés
23:48qui pourraient travailler avec Emmanuel Macron,
23:50en comptant également le bloc LR.
23:53Moi, j'observe quand même
23:55que depuis plusieurs jours,
23:58on entend quand même cette musique-là,
24:00en disant que l'FI va être mise de côté,
24:02va être exfiltrée.
24:03Je pense que la France insoumise
24:04est un petit peu le dindon de la farce,
24:06pardonnez-moi l'expression.
24:08C'est-à-dire que la France insoumise
24:09aura participé activement
24:11au processus de désistement,
24:13avec toute la réussite qu'on lui connaît,
24:15puisque le RN a fait un score bien moindre
24:17que ce qui était prévu dans les sondages.
24:19Et donc, l'objectif est à l'un pour eux,
24:21puisqu'ils ne voulaient absolument pas
24:23que le RN prenne Matignon.
24:25Et aujourd'hui, maintenant qu'ils ont été bien utiles,
24:27ils vont être, à mon avis, mis de côté.
24:29Et moi, je m'attends à une espèce
24:31de gouvernement de coalition,
24:32avec le parti socialiste,
24:34démacroniste, le parti socialiste,
24:36Europe Ecologie Les Verts,
24:37qui n'y verra pas d'un coup.
24:38Souvenons-nous qu'il y avait des écologistes
24:40dans les gouvernements de la gauche plurielle,
24:42sous Jospin, et qu'on peut aussi envisager
24:44peut-être un ou deux partis communistes,
24:46un ou deux du parti communiste français,
24:48et puis dans l'intérêt général.
24:50Et puis, on aura quelques LR.
24:52Et puis, pour ce qui est de ce que vous disiez
24:54tout à l'heure, le SMIC à 1 600 euros,
24:56ça, c'était quand même des revendications
24:58qui étaient surtout mises en avant,
25:00surtout par la France Insoumise,
25:02qui est un petit peu plus radicale.
25:04C'est pas péjoratif dans ma bouche,
25:06mais d'un point de vue de la radicalité,
25:08dans le sens, comment dire,
25:10le propre du mot,
25:12dans la nature du mot radical.
25:14Et donc, je pense que,
25:16finalement, l'EPS,
25:18l'Europe Écologie et les Verts,
25:20expliqueront à leur électorat que,
25:22malheureusement, vu l'état des finances,
25:24on va essayer d'y penser, mais on ne va pas pouvoir
25:26augmenter le SMIC, etc.
25:28Vous savez, cette espèce de gauche réaliste
25:30qu'on a connue dans les années 80-90,
25:32et qui, finalement,
25:34faisait peu ou prou la même politique
25:36que la droite libérale.
25:38Nous, on essaie d'être sérieux,
25:40d'être responsable.
25:42Est-ce qu'elle a un nom qui appelait le cercle de la raison ?
25:44Oui, exactement.
25:46Et je pense qu'on peut avoir cette situation-là
25:48avec cette espèce de
25:50coalition,
25:52entre guillemets, allemande,
25:54qu'on n'a pas connue avant.
25:56Et regardez la Macronie,
25:58c'est quand même un mélange de LR et de PS.
26:00Personne avant n'aurait pu imaginer
26:02qu'on ait des gouvernements
26:04avec Gérald Darmanin, et puis des gens du PS
26:06qui travaillent ensemble, Isabelle Band, etc.
26:08Donc je pense que c'est tout à fait possible.
26:10Alors, Renaud, on va faire réagir
26:12Arnaud Benedetti, qui a beaucoup de choses
26:14à vous répondre, à mon avis. Faire imploser
26:16les groupes...
26:18C'est la stratégie que je parlais,
26:20la coalition en effet plurielle
26:22que souhaiterait récemment
26:24mettre en place le Président de la République
26:26pour résoudre l'équation
26:28à laquelle il est confronté
26:30depuis dimanche.
26:32Sur le fond, je pense qu'il y a deux difficultés,
26:34même si tout cela
26:36est potentiellement faisable.
26:38Je dis bien potentiellement.
26:40Il y a deux difficultés. La première
26:42difficulté, je l'ai souligné,
26:44c'est l'écart idéologique.
26:46Faire cohabiter, si vous voulez, dans un même gouvernement
26:48les LR,
26:50le PS,
26:52les écologistes,
26:54et le parti communiste,
26:56et même une partie, donc,
26:58et la Macronie, ça va être quand même très compliqué,
27:00notamment pour les LR.
27:02Je rappelle quand même qu'ils ont...
27:04Madame Tourdelier, qui n'est pas défavorable
27:06quand on écoute ses déclarations,
27:08en tout cas les plus récentes,
27:10alors elle peut évoluer,
27:12a très clairement dit que la condition
27:14pour rentrer en coalition, c'était quand même
27:16la brogation de la loi sur la retraite
27:18et de la brogation sur la loi sur l'immigration.
27:20Je ne vois pas les LR s'associer, si vous voulez,
27:22à ce type de condition,
27:24d'autant plus qu'on voit bien que,
27:26notamment sur la question de la loi sur l'immigration,
27:28la demande des Français en matière de maîtrise
27:30de régulation concernant l'immigration
27:32est très forte,
27:34à plus de 70%, voire 80%.
27:36Donc ça, c'est un premier point. Deuxième point,
27:38si vous voulez, vous avez parlé de coalition à l'allemande.
27:40Oui, vous avez raison.
27:42La France a connu des systèmes
27:44de coalition, sous la 3ème et la 4ème République,
27:46ça a fonctionné.
27:48Mais il y a une petite différence avec la 5ème République.
27:50Si vous voulez, la 5ème République, c'est certes
27:52un régime parlementaire, mais c'est un régime
27:54hybride, la 5ème République. C'est-à-dire que
27:56la 5ème République, c'est aussi ce que
27:58Maurice Duverger, le célèbre
28:00constitutionnaliste, appelait un régime
28:02semi-présidentiel.
28:04Et pour entrer en coalition,
28:06vous savez, c'est compliqué lorsque
28:08la vie politique est quand même rythmée
28:10par l'élection présidentielle.
28:12L'élection présidentielle,
28:14c'est quand même ce dont tout
28:16procède sous notre régime.
28:18Est-ce que les leaders
28:20potentiellement présidentiables
28:22de tous ces courants politiques
28:24sont prêts à rentrer dans une aventure
28:26de coalition, sachant que cette aventure de coalition
28:28peut être un handicap par la suite
28:30pour
28:32leur destin présidentiel ?
28:34Ça, c'est une vraie question. C'est-à-dire que
28:36quand on nous vante la coalition à l'allemande
28:38ou à la coalition
28:40à l'italienne éventuellement,
28:42même si ce n'est pas aujourd'hui vraiment une coalition
28:44parce qu'il y a une homogénéité
28:46dans le bloc italien qui gouverne,
28:48mais il y a eu des coalitions parfois de centre-gauche et de centre-droit
28:50en Italie, c'est que
28:52bon, ils n'ont pas cette
28:54présidentialisation, cette semi-présidentialisation
28:56de leur régime qui pèse
28:58considérablement en l'occurrence
29:00là sur les solutions
29:02qui sont des solutions de compromis.
29:04Donc moi je vois deux limites si vous voulez,
29:06je vois très bien quelle est votre
29:08et ça se comprend tout à fait votre
29:10j'allais dire votre analyse
29:12mais j'y vois ces deux limites
29:14qui me paraissent aujourd'hui en effet
29:16restreindre le champ d'action du président
29:18de la République, même si
29:20sur le papier, oui, tout est faisable.
29:22Sur le papier.
29:24Ça réagit beaucoup aux 0826,
29:26300, 300, on était en Seine-Saint-Denis
29:28on ne va pas très loin, direction Paris.
29:30Bonjour Bruno.
29:32Oui bonjour, écoutez j'ai une question
29:34qui n'a pas encore vraiment été abordée
29:36alors elle peut sembler anecdotique
29:38mais je ne crois pas puisque
29:40le nerf de la guerre c'est l'argent.
29:42Je voulais que votre invité réponde
29:44à la question suivante, est-ce que l'on peut
29:46imaginer une nouvelle dégradation
29:48de la note financière
29:50de la France avec donc une augmentation
29:52de l'argent à rembourser
29:54tous les mois en sachant qu'on a au minimum
29:563000 milliards d'euros de retraite
29:58et est-ce qu'on peut tout à fait
30:00exclure une mise sous tutelle
30:02voire, comparaison n'est pas raison
30:04un scénario à la grecque
30:06façon 2015, avec donc
30:08des conséquences sur le paiement
30:10des retraites, du salaire des fonctionnaires
30:12des chômeurs, avec donc une mise
30:14sous tutelle de la France que ce soit par
30:16le FMI ou par l'Union Européenne.
30:18C'était la fameuse Troïka
30:20pour la Grèce de mémoire entre les...
30:22Vous avez raison de dire que si vous voulez, dans un pays
30:24qui est très endetté
30:28l'instabilité politique ne rassure
30:30pas les marchés, clairement.
30:32Donc, et rassure
30:34encore moins les agences de notation.
30:36Enfin, ni plus ni moins que les agences de notation.
30:38A priori, Stoltenberg-Porsche a mis
30:40un nouvel avertissement.
30:42Voilà, donc il y a un risque
30:44en tout cas d'après ce que l'on voit
30:46de dégradation de la note, mais on verra bien
30:48ce qu'il en est. Et en effet,
30:50le vrai sujet aujourd'hui, c'est
30:52comment
30:54la situation
30:56politique très instable
30:58permet de soutenir
31:02la situation d'endettement
31:04de la France. Et il y a
31:06un vrai risque, et ce sera certainement, si vous voulez,
31:08l'un des enjeux majeurs
31:10des mois à venir, c'est de savoir
31:12et c'est pour ça que le président
31:14de la République a intérêt à trouver une solution
31:16assez rapidement sur le plan institutionnel
31:18de constitution rapide
31:20d'un gouvernement, parce que
31:22à proportion qu'on prendra du temps
31:24pour former ce gouvernement
31:26et pour trouver une solution politique idoine,
31:28à proportion
31:30la capacité
31:32de la France
31:34à soutenir sa dette
31:36sera évidemment mise en question
31:38sur le plan des marchés.
31:40Donc, on a un risque,
31:42vous avez raison, nous avons un risque
31:44qui est non négligeable
31:46pour les mois
31:48à venir, et notamment pour la fin de l'été
31:50et pour l'automne. – Mais Arnaud Benedetti, je reprends
31:52sur ce que vient de dire Bruno de Paris,
31:54le problème c'est qu'en plus la dette française
31:56elle est sous-évaluée, puisque tout le monde sait
31:58qu'on ne met pas les engagements sur les pensions,
32:00c'est les retraites des fonctionnaires
32:02dans les comptes, et que la dette est plus près
32:04de 5 ou 6 000 milliards que de 3 000 dans les faits.
32:06– Elle est non seulement sous-évaluée,
32:08vous avez raison de le souligner,
32:10mais en plus, la grande
32:12difficulté de la France, c'est que
32:14elle n'est pas propriétaire de sa dette.
32:16– Non. – Près de la moitié.
32:18Donc ça aussi, ça crée un facteur
32:20– Contrairement au Japon qui a plus de 200%
32:22d'équilibre du net sur elle. – Ou même l'Italie.
32:24Dans une moindre mesure.
32:26Donc ça crée, si vous voulez,
32:28en effet, un facteur d'incertitude
32:30supplémentaire.
32:32Mais vous avez parfaitement raison, je reviens là-dessus,
32:34de souligner que ce sujet-là
32:36va être vraisemblablement l'un des enjeux majeurs
32:38dans les semaines qui viennent et vous savez,
32:40vous ne pouvez pas, encore une fois,
32:42dissocier la situation politique de la situation
32:44financière de la France
32:46et que les créanciers, en général,
32:48préfèrent avoir des gouvernements stables
32:50plutôt que des gouvernements instables.
32:52Et l'instabilité, en effet, nuit à la gestion de la dette.
32:54– Un mot pour conclure, Bruno,
32:56avec Arnaud Benedetti.
32:58– Ma question, encore une fois,
33:00c'était, est-ce qu'on peut exclure
33:02un scénario à la grecque, c'est-à-dire
33:04une dispute telle de la France ?
33:06– Très franchement, moi,
33:08je ne peux pas répondre à cette question.
33:10Certains, en tout cas, considèrent que
33:12cette hypothèse n'est pas à écarter.
33:14Voilà, à ce stade. – Ce qui fait peur.
33:16– Ce qui peut faire peur. – Ce qui fait peur.
33:18Vous êtes bien sur Sud Radio aux 13h,
33:20presque 43, on a le plaisir d'analyser
33:22la situation avec Arnaud Benedetti,
33:24professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef
33:26de la revue Politique et Parlementaire et auteur
33:28de « Aux portes du pouvoir », R.N. l'inéluctable
33:30victoire publiée chez Michel Laffont.
33:32On retourne au 0,826, 300,
33:34dans quelques instants, parce qu'entre temps,
33:36il faut bien vivre.
33:38– Sud Radio, dans tous ses états,
33:42Philippe David.
33:44Sud Radio,
33:46dans tous ses états, Philippe David.
33:48– Et on a le bonheur
33:50d'avoir en notre compagnie Arnaud Benedetti,
33:52professeur à la Sorbonne, rédacteur en chef
33:54de la revue Politique et Parlementaire et auteur
33:56de « Aux portes du pouvoir », R.N. l'inéluctable
33:58victoire publiée chez Michel Laffont.
34:00Pour analyser la situation politique,
34:02Arnaud Benedetti le disait
34:04il y a quelques minutes, totalement inédite
34:06que vit la France depuis l'instauration
34:08de la Vème République, en 1958.
34:10On a fait la scène 5,5 Paris,
34:12mais on reste à Paris, puisque ça réagit
34:14beaucoup au 0,826, 300, 300.
34:16Manu attend vos appels.
34:18Bonjour Frédéric.
34:20– Bonjour à tous les deux.
34:22Au sujet de cette élection,
34:26pour moi, de mon point de vue,
34:28Macron, c'est un coup de maître.
34:30En fait, il a absolument tout gagné.
34:32C'est-à-dire qu'avec cette dissolution,
34:36il a mis un bazar pas possible sur la table.
34:38Il permet à un groupe,
34:40quel que soit le groupe
34:42qui va arriver à la tête du gouvernement,
34:44de toute façon, il a une patate chaude
34:46et c'est perdu d'avance.
34:48La France est dans un tel
34:50état de délabrement
34:52que quoi qu'il arrive,
34:54il ne pourra absolument rien faire,
34:56quel qu'il soit, de droite ou de gauche.
34:58On va se retrouver d'ici deux ans
35:00avec un déficit qui aura inéluctablement
35:02augmenté, d'autant plus qu'ils seront
35:04bien obligés de faire quelques cadeaux
35:06puisqu'on les a mis un petit peu pour ça
35:08et le peuple les attend pour ça.
35:10Et d'ici deux ans, quand va
35:12véritablement démarrer la prochaine
35:14campagne présidentielle, à ce moment-là,
35:16on va tout leur coller sur le dos.
35:18Vous voyez, que ce soit la droite ou la gauche,
35:20encore une fois, vous êtes au pouvoir,
35:22vous n'avez absolument rien pu faire,
35:24le déficit est augmenté, et bla, et bla, et bla.
35:26Là, en plus, où je trouve que c'est
35:28très fort, c'est d'arriver à avoir
35:30réussi à mettre la gauche
35:32au pouvoir, parce que c'est finalement ce qui va arriver,
35:34c'est eux qui seront au pouvoir
35:36parce que c'est eux, finalement, qui les gênent
35:38le plus.
35:40Le Front National, le Rassemblement National,
35:42pardon, les gêne moins que ça, parce qu'ils
35:44jouent toujours sur le fait que
35:46il va se passer encore et encore
35:48ce qui vient de se passer là, aux élections
35:50ici, c'est-à-dire qu'un espèce de
35:52mouvement populaire, tous va être
35:54orchestré de façon à dire, c'est le vilain
35:56méchant, il faut tous s'allier
35:58contre le RN. Donc, moi, de mon
36:00point de vue, c'est un coup de maître de Macron.
36:02– Alors, on va faire réagir Arnaud Belletti.
36:04Est-ce que c'est un coup de maître de Macron
36:06qui, c'est vrai, a limité
36:08grandement les dégâts entre les deux tours ? On le rappelle,
36:10le soir du premier tour, il avait
36:12en perspective 60 à 90
36:14députés, il en est au double.
36:16– C'est un coup de maître, sauf qu'il
36:18risque de se retrouver, à un moment donné,
36:20confronté à la responsabilité
36:22d'un président de la République
36:24qui aura subverti
36:26et miné les institutions de la Vème République
36:28si l'on ne trouve pas
36:30une majorité et un gouvernement.
36:32Encore une fois, je veux bien qu'on décide
36:34d'appeler
36:36un candidat,
36:38enfin, un responsable de
36:40gauche à former un gouvernement.
36:42Mais le problème, c'est
36:44ça dure combien de temps ?
36:46Encore une fois, quand vous n'avez pas
36:48de majorité, que vous avez
36:50tout juste 200, voire moins de 200
36:52parlementaires, vous n'allez pas très
36:54loin sur le plan parlementaire, c'est-à-dire que ce
36:56gouvernement va tomber tous les matins.
36:58On rentrera dans une
37:00ère d'instabilité chronique, comme on
37:02a connu ça sous la 4ème
37:04République. – Avec les gouvernements les plus courts
37:06qui avaient tenu deux jours. – Oui, il y avait des gouvernements qui
37:08pouvaient tenir 48 heures. Des gens d'ailleurs
37:10qui, sous la 4ème, ont été ministre 48 heures,
37:12ce qui ensuite leur permettait… – D'avoir une retraite
37:14à vie. – Et de pouvoir exciper, je veux dire,
37:16le titre de secrétaire d'État ou
37:18secrétaire d'État sur leur carte de visite.
37:20– Et la retraite à vie en plus, c'est De Gaulle
37:22qui l'a supprimée après. – Voilà.
37:24C'est quand même une difficulté d'ordre
37:26technique qui n'est pas…
37:28qui me paraît assez difficilement
37:30surmontable.
37:32Encore une fois, on va revenir à ce qu'on disait
37:34tout à l'heure, mais
37:36un gouvernement de coalition, ça va être très compliqué
37:38aussi à mettre en œuvre.
37:40Moi, je me méfie toujours de
37:42penser que les gens sont maîtres
37:44de leur stratégie.
37:46Macron est intelligent
37:48mais ça ne l'empêche pas,
37:50lui aussi, d'être
37:52à un moment donné contraint par les événements.
37:54Vous savez, j'aime beaucoup
37:56cette phrase, il y a une phrase d'un grand sociologue
37:58Max Weber, il disait
38:00« Le résultat de l'action correspond rarement
38:02à l'intention initiale de l'acteur. »
38:04Je trouve qu'elle dit beaucoup de choses.
38:06Et en fait,
38:08Emmanuel Macron, qui voulait clarifier
38:10la situation, on l'a obscurcie,
38:12on l'a dit, peut-être qu'il voulait finalement
38:14dans son intention
38:16contraindre le RN
38:18à exercer le pouvoir, parce qu'il pensait que c'était
38:20le moyen le plus efficace
38:22de lui couper la route pour 2027.
38:24Et bien, manifestement,
38:26ça n'a pas marché. Et je ne suis pas sûr
38:28quand même que sur la distance,
38:30aujourd'hui, il se croit très confortable pour un président
38:32de la République, eu égard à tout ce
38:34qu'on a dit, notamment par exemple sur la situation
38:36budgétaire, d'apparaître
38:38au fur et à mesure qu'on ne trouve pas de solution
38:40institutionnelle, comme
38:42principal initiateur de ce grand désordre.
38:44Et le risque, quand même, aussi, pour
38:46Emmanuel Macron, c'est qu'à un moment donné,
38:48qu'il soit interrogé
38:50et mis en cause dans sa responsabilité
38:52personnelle, dans cette espèce
38:54de grand bazar institutionnel qu'il aura
38:56créé du fait d'une dissolution
38:58vraisemblablement
39:00prématurée. Donc, il prend quand même
39:02un risque. Il prend un risque qui est
39:04considérable. Et
39:06en fonction, bien évidemment,
39:08de ce qui sortira. Alors, si vous vous basez
39:10dans l'hypothèse que, à un moment donné,
39:12il arrivera à
39:14faire constituer une majorité.
39:16D'ailleurs, il n'est pas maître de la constitution de la majorité
39:18lui-même. Lui, il est maître constitutionnellement
39:20de la nomination
39:22du Premier ministre. Mais
39:24il va nommer un Premier ministre en fonction de la
39:26réalité des rapports de force au sein
39:28de l'Assemblée nationale.
39:30Donc ça, on va le voir dans les prochains jours.
39:32Mais quels sont ses pouvoirs aujourd'hui ? Est-ce que le Roi
39:34est nu ?
39:36Le Roi n'est pas nu parce
39:38que, d'abord,
39:40sous la Vème République, le Président de la République
39:42quand même dispose d'un certain nombre de
39:44prérogatives qui sont
39:46fortement importantes.
39:48Dans le domaine de la politique
39:50étrangère, dans le domaine de la politique de la
39:52défense. Il peut aller
39:54jusqu'à
39:56disposer de pouvoirs tout à fait
39:58exceptionnels avec l'article 16.
40:00Mais on n'en est quand même pas là.
40:02Enfin, il faut le souhaiter encore.
40:04Mais, en fait, si vous voulez, la
40:06difficulté pour lui, c'est que, à la limite,
40:08se retrouver avec un gouvernement de cohabitation,
40:10c'est mieux que de se retrouver sans gouvernement du tout.
40:12Et le risque aujourd'hui, c'est que
40:14on ne trouve pas cette solution
40:16de gouvernabilité du pays.
40:18Et ça, pour rendre le
40:20pays gouvernable, il faut trouver une majorité.
40:22Une majorité minimale.
40:24Et aujourd'hui, à l'heure où l'on parle, il n'existe pas
40:26cette majorité minimale. C'est-à-dire
40:28qu'on est dans un système institutionnel qui s'est
40:30mis, d'une certaine manière, à
40:32dysfonctionner. Et ce dysfonctionnement,
40:34il en est responsable. C'est pour ça que, si vous voulez, moi,
40:36je n'irai pas jusqu'à dire que c'est
40:38un coup de maître. C'est peut-être
40:40un coup de poker qu'il a tenté.
40:42Mais ce coup de poker peut se retourner aussi contre lui.
40:44— Vous voulez rajouter quelque chose, Frédéric
40:46de Paris ? Ah non,
40:48il n'est plus là. Alors, justement, vous avez
40:50utilisé un mot que personne n'utilise depuis,
40:52ou presque, depuis
40:54trois jours. C'est le mot
40:56cohabitation. Personne
40:58ne parle de cohabitation, alors que le président
41:00n'a jamais été aussi minoritaire.
41:02Tout le monde parle plutôt de coalition.
41:04Pourquoi ? — Bah non, attendez,
41:06si c'est la gauche, ça serait une cohabitation.
41:08En fait, est-ce que le
41:10Nouveau Front Populaire veut imposer une cohabitation ?
41:12— Cohabitation ? — Ah bah oui, le Nouveau Front
41:14Populaire, aujourd'hui, quand on...
41:16— Mais ça ne tient pas la route. Comme l'a dit Benjamin Haddad
41:18dans son tweet, ce sera censuré
41:20au premier vote.
41:22— Alors, attendez, le tweet de Benjamin Hamad,
41:24il faut peut-être le comprendre autrement. C'est de dire,
41:26s'il y a un gouvernement...
41:28— Avec un LFI. — Avec un LFI,
41:30je pense qu'il envisage
41:32l'hypothèse d'un gouvernement de coalition,
41:34quand il dit ça, quand il tweet cela.
41:36Il dit, s'il y a un LFI, moi, je censure.
41:38Voilà. Enfin, c'est ce que je crois comprendre de son tweet.
41:40— Je peux vous le relire.
41:42Un gouvernement avec le moindre ministre
41:44insoumis, je voterai la motion de censure.
41:46— Donc c'est clair. Voilà.
41:48Bon, enfin, c'est les deux hypothèses,
41:50récemment. Donc oui,
41:52c'est bien le problème.
41:54C'est bien le problème. Donc la cohabitation,
41:56elle est possible, en effet.
41:58Parce qu'un gouvernement de coalition,
42:00par exemple, avec des LR,
42:02des PC,
42:04des socialistes,
42:06c'est une coalition, mais une coalition
42:08qui est cohabitante aussi, d'une certaine manière.
42:10Parce qu'on imagine que les gens
42:12qui rentreraient dans une coalition
42:14de ce type vont imposer
42:16un certain nombre de conditions au président de la République.
42:18Ils le font déjà, d'ailleurs, puisqu'encore une fois,
42:20je rappelle les déclarations d'un certain nombre de leaders
42:22politiques de gauche qui disent, de toute façon, si on rentrait en coalition,
42:24il y a des conditions
42:26sur lesquelles, je veux dire, pour nous,
42:28le président de la République
42:30doit céder.
42:32Donc...
42:34— Le roi n'est pas nu, mais...
42:36— Le roi n'est pas nu,
42:38il est, si vous voulez, dans l'ivresse du moment,
42:40peut-être, il a le sentiment
42:42d'avoir beaucoup de marges de manœuvre, mais ces marges de manœuvre,
42:44au fur et à mesure que le temps passera,
42:46et au fur et à mesure qu'on ne trouvera pas
42:48une solution rapide au Parlement,
42:50elles finiront par
42:52s'éroder.
42:54Donc ça sera sa responsabilité qui sera mise en jeu.
42:56— Mais est-ce qu'on peut imaginer
42:58une France sans gouvernement, et si oui,
43:00pour combien de temps ? Alors, les Belges ont passé
43:02plus d'un an sans gouvernement, un an et demi...
43:04— Non, mais vous pouvez faire tourner la machine de l'État.
43:06— C'est-à-dire, c'est la haute fonction publique qui...
43:08— Alors après, c'est l'autre hypothèse, c'est la dernière hypothèse.
43:10On n'en a pas parlé encore.
43:12C'est le gouvernement technocratique.
43:14Le gouvernement technique, mais le gouvernement technique,
43:16je pense que ça ne correspond pas du tout au message.
43:18C'est le moins qu'on puisse dire que les Français
43:20ont voyé. — Ah non, c'est même exactement le contraire.
43:22— C'est exactement le contraire. Les Français
43:24veulent détechnocratiser la politique,
43:26clairement, dans un sens
43:28comme dans l'autre. Donc, ils ne veulent pas entendre
43:30parler de hauts fonctionnaires
43:32qui viendraient tout d'un coup
43:34gérer les affaires de la France. Et puis, de toute façon,
43:36un gouvernement technique, c'est
43:38un gouvernement qui, malgré tout, se heurtera
43:40à la même difficulté parlementaire.
43:42Parce qu'un gouvernement technique, il aura au moins...
43:44Alors, on peut gouverner par ordonnance, certes.
43:46Mais enfin, à un moment donné,
43:48ça touche à ses limites, et puis,
43:50ce n'est pas dans tous les domaines. Et puis,
43:52l'autre aspect, c'est que, par exemple,
43:54le projet de loi de finances,
43:56de toute façon, il doit être soumis au Parlement.
43:58Et donc, là aussi,
44:00trouver une solution
44:02pour faire voter le budget, ce n'est pas
44:04évident, y compris avec un gouvernement technique.
44:06— Est-ce que vous diriez...
44:08— Sauf que le gouvernement technique peut avoir, j'allais dire,
44:10toute son opportunité
44:12si, en effet, comme le disait
44:14l'un de vos auditeurs, par malheur,
44:16ce qu'il ne faut pas, bien évidemment, souhaiter à la France,
44:18la France était mise sous tutelle du FMI.
44:20— C'était Bruno de Paris.
44:22Il nous reste à peine une minute.
44:24Est-ce qu'on ne sait pas où on va,
44:26au jour d'aujourd'hui ? Est-ce que la France
44:28file vers l'inconnu ?
44:30— On est rentré dans l'inconnu depuis le 7,
44:32la preuve, on le voit bien.
44:34Les tractations multiples et variées,
44:36les supputations
44:38que nous faisons,
44:40ont fait rentrer la Vème République
44:42dans un contexte
44:44qu'elle n'avait jamais connu, et qu'elle n'avait
44:46certainement jamais prévu, en l'occurrence.
44:48Vous savez, les constitutions, aussi
44:50bien faites soient-elles, ne peuvent
44:52pas toujours répondre aux situations
44:54qui sont des situations exceptionnelles,
44:56et je pense qu'on est rentré dans une situation exceptionnelle
44:58depuis dimanche.
45:00— On n'a pas fini
45:02d'en parler,
45:04d'explorer ce qui va se passer dans le futur.
45:06Merci beaucoup, Arnaud Benedetti,
45:08professeur à la Sorbonne,
45:10rédacteur en chef de la revue politique et parlementaire
45:12et auteur de « Aux portes du pouvoir »,
45:14« RN, l'inéluctable victoire »,
45:16point d'interrogation, publié chez
45:18Michel Laffont. Là, on ne va pas dans l'inconnu
45:20sur Sud Radio, puisque comme tous les jours,
45:22du lundi au vendredi, de 14h à 16h,
45:24on retrouve Brigitte Lahaye, et on se retrouve demain,
45:26de midi à 14h.

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