Les 4 vérités - Johanna Rolland

  • il y a 2 mois
Jean-Baptiste Marteau reçoit Johanna Rolland, première secrétaire nationale déléguée du PS et maire de Nantes sur le plateau des 4 vérités. 

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00:00Bonjour Johanna Roland, soyez la bienvenue dans les 4V, vous êtes donc la négociatrice, l'une des négociatrices pour le Parti Socialiste au sein de ce nouveau Front Populaire actuellement.
00:11Il n'y a pas eu de négociation finalement hier soir, vous avez pu vous coucher tôt, qu'est-ce qui s'est passé ?
00:14Alors il y a des discussions en permanence, il y en avait eu la nuit d'avant effectivement très très longue et hier soir tout le monde a repris un peu d'énergie
00:22parce que je crois que les discussions vont se poursuivre et que comme je l'entendais avec Patrick Martin sur votre plateau tout à l'heure ça peut durer un peu
00:29donc c'est une course de longueur dans laquelle nous sommes engagés.
00:32Ça peut durer combien de temps effectivement parce qu'on a l'impression que là on est presque deux jours après le résultat de ces législatives
00:37et on n'a toujours pas avancé d'un pouce dans ces négociations.
00:40Je crois que c'est le temps de faire les choses bien, c'est ce qu'on doit aux Françaises et aux Français, c'est quoi la situation au moment où on se parle ?
00:47D'abord, je veux le redire, nous avons collectivement, les Françaises et les Français, évité une majorité absolue pour le Rassemblement National.
00:56Je veux le rappeler ici parce qu'une actualité chasse l'autre, c'est quand même pour moi comme pour de nombreux Françaises et Français un soulagement
01:04même si aucun triomphalisme, il va nous falloir chercher les causes de ce vote.
01:09Si on ne veut pas que demain ce type de situation se reproduise.
01:13Ensuite, le nouveau Front Populaire est arrivé en tête, sans majorité absolue.
01:18D'une courte tête.
01:19Sans tête, sans majorité absolue, nous en avons bien conscience.
01:22Donc nous aujourd'hui, on dit deux choses.
01:24La première, c'est que le Président de la République doit appeler un homme ou une femme du nouveau Front Populaire.
01:31C'est indispensable.
01:32C'est le respect de la démocratie et du vote des électeurs.
01:35Mais ensuite, il va falloir trouver un chemin.
01:37Il va falloir trouver un chemin pour apaiser la France, pour rassembler, mais pour le faire dans la clarté.
01:43D'abord, Johanna Rolland, il y a une question de méthode.
01:45Ça peut paraître un détail, c'est quand même extrêmement important.
01:48Au sein du nouveau Front Populaire, il y a par exemple les Insoumis qui disent
01:51nous, on est le groupe le plus important au sein du nouveau Front Populaire,
01:53donc c'est à nous de choisir le nom du Premier ministre et on le soumettra ensuite aux autres.
01:57Et puis, on en a d'autres, comme les écologistes, les socialistes qui disent
01:59non, on doit voter au sein de tous les députés du nouveau Front Populaire.
02:02Vous, vous privilégiez quelle méthode ?
02:04Nous, ce qu'on dit, c'est qu'il doit y avoir un acte démocratique.
02:08Que personne au nouveau Front Populaire ne peut par injonction, comme ça, dire ce sera un tel ou une telle.
02:15On a besoin, pour retrouver de l'apaisement, qu'il y ait de la discussion, de la délibération.
02:21Donc un vote au sein du nouveau Front Populaire.
02:23Ensuite, est-ce que le vote, c'est le groupe majoritaire ou c'est la totalité des députés ?
02:29Eh bien, je crois que ça va faire l'objet des discussions d'aujourd'hui, de cette nuit et des jours qui suivent.
02:33Le problème, Johanna Rolland, c'est qu'effectivement, vous êtes certes arrivé,
02:36le bloc de gauche est arrivé d'une courte tête, mais vous êtes très loin de la majorité absolue.
02:39Il manque en gros une centaine de sièges pour arriver aux 289.
02:43Comment vous pourriez faire ? Est-ce que vous envisagez, possiblement,
02:46d'ouvrir cette majorité à des députés du bloc central, des centristes, voire même de la droite ?
02:51Vous l'excluez ou vous l'envisagez éventuellement ?
02:54Moi, je vous dis deux choses ce matin, dans les pistes que nous sommes en train de travailler.
02:58La première, c'est que nous devons respecter le vote du premier tour.
03:03Le vote du premier tour, ce sont ces Françaises et ces Français qui ont donné une majorité au nouveau Front Populaire.
03:08Le premier tour, c'est surtout Marine Le Pen, la reine qui est arrivée en France.
03:11Je vais y revenir. Et donc, nous disons, sur les bases du nouveau Front Populaire,
03:15nous sommes clairs, mais pas sectaires.
03:18Donc, celles et ceux qui veulent se retrouver sur ces bases,
03:21je pense notamment pour dire les choses de manière simple aux macronistes de gauche
03:25qui pourraient s'y retrouver, nous serons ouverts.
03:27Ça, c'est la première piste. J'y ajoute une deuxième.
03:30Je crois moi, et c'est sans doute mon expérience aussi de présidente de France urbaine,
03:34de travailler avec des maires de toute sensibilité,
03:37que sur un certain nombre de sujets que nous avons mis dans le programme,
03:41nous pourrions rassembler très largement. Je donne deux exemples pour ceux qui nous écoutent.
03:44La difficulté à accéder à un médecin, la désertification médicale,
03:48dont on parle beaucoup dans les villages de France,
03:50mais qui est aussi une réalité dans les quartiers populaires des grandes villes.
03:53Moi, je crois que sur un sujet de cette nature,
03:55sur lequel quelqu'un comme Guillaume Garot, député socialiste de qualité,
03:58qui a beaucoup travaillé et qui d'ailleurs est réélu,
04:01je pense qu'en intelligence collective, on peut aller chercher une majorité sur ce projet.
04:06Ce sont des sujets consensuels qui peuvent avoir une majorité un peu plus large.
04:10Absolument. Je donne un deuxième exemple. Dans le programme du Nouveau Front Populaire,
04:13on dit dans les 15 jours, quand nous sommes en responsabilité,
04:16parce que tous les membres du Nouveau Front Populaire disent aujourd'hui
04:18nous sommes prêts à gouverner, dans les 15 premiers jours,
04:21nous remettons en place la police de proximité.
04:23Nous avons besoin de cette sécurité du quotidien.
04:25Moi, je crois que sur la police de proximité, dans une démocratie adulte, mature,
04:30on peut là aussi aller trouver un consensus sur les bancs de l'Assemblée.
04:35Mais Jean-René, alors ça, ce sont des sujets plus consensuels.
04:37Effectivement, sur des sujets plus clivants au sein du programme du Nouveau Front Populaire,
04:41le SMIC à 1 600 euros, l'impôt sur la fortune, la réforme des retraites.
04:45Là, Jean-Luc Mélenchon, il dit que c'est que le programme du NFP, rien d'autre.
04:50Est-ce qu'il va falloir faire des aménagements ? Est-ce que vous pouvez faire des concessions ?
04:53Nous, nous disons le programme, c'est la boussole.
04:55Il y a besoin de repères aussi. Je le disais tout à l'heure.
04:58Nous, on a un enjeu qui est de ne pas trahir les électeurs du premier tour.
05:02Mais on a aussi un enjeu, c'est que le deuxième tour, ce front républicain, nous oblige.
05:06Moi, j'ai une pensée ce matin pour les hommes et les femmes de droite ou de la majorité présidentielle
05:10qui ont voté pour des hommes et des femmes de gauche.
05:13Et on ne peut pas nous reprocher à Emmanuel Macron d'avoir oublié
05:16que nous, la gauche, nous avons appelé à chaque fois au deuxième tour à voter pour lui
05:20et là, vouloir fonctionner par houkaze.
05:22En revanche, je le redis, la clarté est indispensable.
05:25Un mot sur le SMIC à 1 600 euros.
05:27Est-ce qu'on est sûr qu'on ne peut pas aller chercher un consensus ?
05:29Qui dans ce pays peut raisonnablement croire qu'on peut vivre avec 1 200 euros, 1 300 euros ?
05:35Que des gens qui n'ont jamais fait l'expérience concrète dans la vraie vie de ce type de situation ?
05:39Mais Jean-Norland, je vous sens effectivement prêt à faire des concessions,
05:42en tout cas des aménagements, d'être ouvert aux discussions.
05:44Ce n'est pas le cas de tous vos partenaires de gauche.
05:46Jean-Luc Mélenchon, lui, il ne veut aucune coalition, aucune négociation.
05:49Mais ça tombe bien parce que je ne crois pas.
05:51Je peux même vous le confirmer ce matin.
05:54Fabrice Roussel vous l'a dit.
05:56Marine Tendelier vous l'a dit.
05:58Olivier Faure vous l'a dit.
05:59Jean-Luc Mélenchon n'est pas celui qui dirigera le gouvernement du Front Populaire.
06:03Donc je peux vous dire qu'il y a des hommes et des femmes dans le Front Populaire qui sont très clairs.
06:08Nous avons besoin de garder la cohérence de ce que nous avons proposé au procès français.
06:12Donc vous êtes sûr que Jean-Luc Mélenchon n'ira pas à Matignon ?
06:14Ah oui, ça, ce n'est pas un scoop ce matin, mais je peux vous le confirmer.
06:16Donc vous pensez qu'effectivement, à la fois les socialistes, les écologistes, les communistes…
06:20Et les insoumis.
06:21Mais en tout cas, cette partie-là du nouveau Front Populaire,
06:23notamment les socialistes et les écologistes…
06:25Et les insoumis, je vous l'ai déjà dit.
06:27Oui, je pense que celles et ceux qui veulent exercer des responsabilités
06:32pour être à la hauteur des attentes et des français.
06:34Parce que le sujet, c'est quoi ?
06:35Moi, mon obsession, c'est qu'à Noël, les mères de famille qui sont seules avec leurs enfants
06:40et enfin plus de pouvoir d'achat pour proposer des choses,
06:43est un peu rassurée.
06:44C'est l'angoisse quand même aujourd'hui parmi les habitantes et les habitants.
06:47Moi, ce qui m'intéresse, c'est ce qu'on a annoncé sur le fait de pouvoir rendre l'école plus gratuite.
06:52Ça veut dire quoi ?
06:53Les fournitures scolaires à la rentrée.
06:55C'est ça le sujet.
06:56On est début juillet.
06:58La question des français, c'est est-ce que je vais pouvoir partir quelques jours en vacances ?
07:03Est-ce que je vais pouvoir préparer la rentrée de mes enfants ?
07:06Et sur ce sujet, le programme du Front Populaire,
07:09et c'est lui qui propose un peu d'espoir.
07:10Parce que quand même, on ne peut pas juste être dans la moins pire des solutions tout le temps.
07:14À un moment, il faut quand même reproposer un chemin positif.
07:16Joanna Rolland, en attendant, Gabriel Tal est toujours Premier ministre.
07:18Le Président de la République a repoussé sa démission.
07:22Il lui demande d'assurer la continuité de l'État le temps qu'une majorité alternative soit trouvée.
07:26Il peut rester à Matignon combien de temps, Gabriel Tal ?
07:28Moi, ça ne me choque pas que le Président de la République ait fait cette proposition,
07:32si c'est pour éviter de rajouter du chaos au chaos.
07:35Donc nous, nous n'y sommes pas opposés.
07:37En revanche, le Président de la République doit reconnaître sa défaite.
07:40Quand même, par trois fois.
07:42Élections européennes, premier tour des élections législatives,
07:45deuxième tour des élections législatives.
07:47La réalité politique, c'est que c'est une défaite extrêmement sévère.
07:51Pour Emmanuel Macron et le camp présidentiel,
07:53je crois qu'il doit, un, reconnaître sa défaite,
07:55deux, nommer un homme ou une femme du nouveau Front Populaire.
07:58Tout de suite, immédiatement, dans quelques jours ?
08:00Écoutez, ça va dépendre des discussions et de la capacité,
08:04y compris que nous avons à proposer un nom de Premier ministre.
08:08Mais ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, le pouvoir est à l'Assemblée nationale.
08:12Et je veux le dire parce que la première étape,
08:14ce sera peut-être aussi que le 18 juillet,
08:18il y a l'élection de la présidence à l'Assemblée nationale.
08:21C'est important, en France, on n'a pas trop l'habitude
08:23de cette démocratie parlementaire.
08:25Mais le pouvoir a basculé de côté.
08:27Merci beaucoup, Johanna Rolland, maire PS de Nantes,
08:29numéro 2 du Parti Socialiste et négociatrice pour le PS,
08:31au sein du nouveau Front Populaire.
08:33Bonne journée et bon courage.

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