Les 4 vérités - Stanislas Guerini

  • l’année dernière
Chroniqueur : Jean-Baptiste Marteau


Jean-Baptiste Marteau reçoit Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la fonction publiques, dans Les 4 vérités.

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Transcript
00:00 [Musique]
00:02 Bonjour, Sanis Sass-Guerini.
00:04 Bonjour.
00:04 Bienvenue dans les 4V.
00:05 Un ministre remplacé par de l'intelligence artificielle,
00:07 ça c'est pas pour demain, vous avez pas une crainte ?
00:09 Peut-être pas pour demain tout de suite,
00:11 mais en tout cas, je pense qu'on est au cœur du sujet aussi
00:13 sur des questions de transformation de métiers.
00:15 Ça touche aussi les emplois publics.
00:17 Et avec mes collègues Olivier Dussopt et Jean-Nel Barraud,
00:20 on lancera d'ailleurs un groupe de travail sur cette question-là
00:23 qui doit nous occuper, parce que la transformation des métiers,
00:26 c'est au cœur des défis qu'on a à appréhender.
00:28 On va en parler. C'est vrai que ces dernières décennies,
00:30 un ministre de la fonction publique, il venait plutôt nous annoncer
00:32 des suppressions de poches chez les fonctionnaires.
00:34 Vous, vous avez le problème inverse, c'est que vous avez 50 000 postes
00:36 non pourvus dans la fonction publique.
00:38 Vous lancez aujourd'hui un salon national de l'emploi public,
00:41 une grande campagne de communication également.
00:43 Est-ce que la situation est à ce point critique ?
00:45 Je pense que beaucoup de débats, vous avez raison de le rappeler,
00:48 qu'on a eus ces dernières années, sont désormais derrière nous.
00:51 Moi, j'ai souvenir qu'à chaque élection présidentielle,
00:54 quand on parlait des fonctionnaires, c'était pour mettre un chiffre à côté
00:57 qui était le nombre de fonctionnaires qu'on allait supprimer.
01:00 Y compris Emmanuel Macron qui permettait de supprimer 50 000 emplois
01:03 l'an dernier qu'un canard. C'est fini ça.
01:05 On a donc changé de programme.
01:07 C'est fini ces 50 000.
01:09 Il y a eu une crise sanitaire, il y a eu un besoin de réinvestissement
01:13 de la puissance publique sur le terrain pour mettre plus de fonctionnaires
01:17 plus près de nos concitoyens, derrière des guichets,
01:20 dans des hôpitaux, devant des élèves évidemment,
01:24 et la fonction publique embauche.
01:26 Moi, je suis un ministre de la fonction publique
01:28 dont le mandat ne repose pas sur des suppressions de postes.
01:30 Il repose au contraire sur un défi, dont j'ai fait mon défi principal
01:34 qui est celui de l'attractivité de la fonction publique.
01:36 Aujourd'hui, si vous allez sur le site internet
01:39 choisirleservicespublic.fr, vous aurez toutes les offres d'emploi
01:43 dans la fonction publique territoriale, à l'hôpital, dans les ministères,
01:47 dans les administrations des concentrés, vous aurez 58 000 jobs
01:50 qui vous sont proposés.
01:52 C'est aussi ça le message que je passe ce matin.
01:55 On embauche évidemment des policiers, des soignants, des professeurs,
01:59 mais on embauche des mécaniciens, on embauche des cuisiniers,
02:02 on embauche des spécialistes de la data, des data scientists.
02:06 Ce sont tous ces métiers qu'aujourd'hui on peut vous proposer.
02:09 Il y a plus de 1 000 métiers différents dans la fonction publique.
02:11 Moi, c'est ça que je suis venu dire, c'est pour ça qu'on fait un salon.
02:14 Il y a 5 000 personnes qui se sont inscrites, ce sera tout à l'heure,
02:18 à Station F, pour montrer que la fonction publique,
02:20 elle bouge, elle bouge les lignes, elle se transforme et elle embauche.
02:23 Vous souhaitez aussi communiquer, il y a des campagnes de pub au cinéma,
02:26 sur les plateformes, vous adressez aux jeunes notamment.
02:28 Le problème, c'est qu'aujourd'hui, la fonction publique, il y a quelques années,
02:30 c'était le grêve, le graal pour tous les bacheliers.
02:32 Aujourd'hui, ce n'est pas du tout ce qu'ils souhaitent, les jeunes.
02:34 Ils ont au contraire de la liberté, de la flexibilité,
02:36 ils ne veulent pas l'emploi.
02:37 C'est totalement vrai, il y a quand même un tiers des jeunes
02:39 qui se posent la question aujourd'hui de pouvoir rejoindre la fonction publique,
02:43 mais si on veut pouvoir à la fois les convaincre de venir,
02:48 de rester aussi, parce que c'est ça l'enjeu qu'on a,
02:51 il faut qu'on continue à transformer la fonction publique.
02:54 Et elle se transforme en réalité beaucoup plus et beaucoup plus vite
02:57 que ce que parfois le débat public peut permettre de montrer.
03:01 On peut proposer des carrières qui sont très évolutives,
03:04 changer de métier, il y a peu d'employeurs qui sont capables
03:07 de proposer autant de métiers, autant de parcours de carrières différents.
03:10 Mais ce n'était pas le cas avant, vous restez dans votre emploi à vie pendant 40 ans.
03:13 Justement, ça a été trop ça, trop rigide, c'est ça qu'on est en train de faire bouger
03:17 pour la moderniser.
03:18 Moi, je considère que le défi de notre activité, c'est un défi.
03:22 Et je l'ai toujours dit avec beaucoup de lucidité, en 10 ans,
03:25 on a eu deux fois moins de candidats au concours de la fonction publique.
03:29 Tous les ans, il y a des postes vacants à tous les concours.
03:32 Et donc, il y a des postes vacants.
03:33 Ce que je veux dire aussi, c'est que beaucoup avaient fait des prédictions
03:36 en disant ce que vous transformez, la réforme de la haute fonction publique,
03:40 par exemple, ça mettra la fonction publique par terre.
03:42 Ce n'est pas le cas aujourd'hui.
03:43 J'ai ce matin les derniers chiffres de nombre de candidats au concours
03:47 de ce qui était l'ENA qui est devenu l'INSP.
03:49 Il n'y a jamais eu autant de candidats à l'INSP depuis la création de l'ENA.
03:54 Donc, j'y vois aussi des signaux d'un attrait pour la fonction publique
03:57 parce que beaucoup de gens, des jeunes et moins jeunes,
03:59 se posent la question du sens, ont envie d'un métier qui a du sens.
04:03 Et il n'y a pas de plus belle manière que de servir l'intérêt général,
04:06 de faire la transition écologique, de faire la transition numérique,
04:09 de travailler dans des métiers du soin, que de travailler pour la fonction publique.
04:12 Le problème de la rémunération, on va en parler dans un instant.
04:14 Il y a aussi le temps de travail.
04:16 Est-ce que, par exemple, c'est aussi quelque chose qui est dans les négociations
04:18 en ce moment avec les syndicats, la semaine de quatre jours
04:20 qui est déjà testée dans certaines administrations, pourrait être généralisée ?
04:24 En tout cas, c'est des possibilités.
04:25 Aujourd'hui, la fonction publique, elle a déjà la possibilité
04:28 de moduler son temps de travail.
04:30 Ça se fait, par exemple, à l'hôpital.
04:32 Il y a certaines administrations qui se sont emparées de cette possibilité.
04:35 C'est une semaine de quatre jours avec le même temps de travail.
04:38 À 35 heures, qu'on soit extrêmement clair sur ces questions-là.
04:41 Mais moi, je suis très ouvert sur ces questions
04:43 et je les ai mises au cœur du dialogue social.
04:45 C'est en ce moment dans les négociations.
04:47 On vous dit pourquoi pas faire quatre jours en travaillant un peu plus chaque jour pour arriver à 35 heures.
04:50 La question du temps de travail, la question de la répartition entre le temps privé et le temps professionnel,
04:56 la question du télétravail, la question de l'aménagement des espaces de travail.
05:00 On est en train de transformer beaucoup d'espaces de travail.
05:02 Toutes ces questions, elles sont au cœur de l'agenda social,
05:06 au cœur de ce que je souhaite pouvoir discuter avec les syndicats,
05:09 ce qu'on a commencé à discuter et sur lequel je crois qu'on peut avoir des accords,
05:13 qu'on peut aboutir et on peut montrer qu'on modernise notre fonction publique.
05:16 - Dany Sleizger, le problème numéro un, ça reste quand même la rémunération.
05:19 Votre promesse, c'est que maintenant qu'il n'y aurait plus d'agents publics payés en dessous du SMIC.
05:23 - Ça a toujours été le cas, pour être très clair.
05:25 - Alors pourquoi vous faites maintenant cette promesse en disant qu'il n'y aura plus d'agents sous le SMIC ?
05:28 - Ce n'est pas une promesse, ce sont des actes.
05:30 - Parce qu'il y en avait encore.
05:32 - Non, non, non, non. Ça n'a jamais été le cas.
05:34 Mais au 1er mai, il y a une revalorisation du SMIC.
05:36 - Tout à fait.
05:37 - Qui est la cinquième revalorisation depuis un peu plus d'un an.
05:40 - Donc le salaire minimum est re- des fonctionnaires réalignés sur le SMIC.
05:43 - Et donc on aligne, évidemment, au même moment, le salaire minimum de l'ensemble des fonctionnaires
05:49 pour qu'aucun fonctionnaire ne soit payé au SMIC.
05:52 Ça représente 420 millions d'euros d'augmentation de salaire,
05:56 de réaligner ce salaire pour qu'au même moment on augmente le SMIC
06:00 et on augmente ce qu'on appelle l'indice minimum de traitement,
06:02 c'est-à-dire le salaire minimum de la fonction publique.
06:05 Mais j'ai été très clair avec les organisations syndicales,
06:08 je leur ai dit que cet alignement avec le salaire minimum,
06:11 c'était évidemment pas pour solde de tout compte.
06:13 Je crois qu'on doit faire face à une deuxième année avec une inflation qui est importante,
06:18 qui est en train de décélérer au global,
06:20 mais qui est très forte en particulier sur les produits alimentaires,
06:23 qui touche en particulier les bas salaires, c'est vrai dans le privé,
06:26 c'est vrai dans la fonction publique,
06:28 et donc on doit discuter de ces questions-là.
06:30 On l'a fait l'année dernière.
06:31 Je suis le ministre qui a le plus augmenté le point d'indice
06:33 depuis le début du quinquennat de François Mitterrand,
06:35 mais on doit à nouveau discuter de ces questions-là.
06:37 Il y avait un coup de pouce d'1,6% pour les petits salaires,
06:40 on peut aller au-delà dans les mois qui viennent ?
06:42 L'année dernière on a augmenté le point d'indice de 3,5%.
06:45 C'est des choses qui sont très concrètes,
06:47 c'est 2 000 euros par an pour une sage-femme,
06:49 c'est 800 euros par an pour une aide-soignante par exemple à l'hôpital.
06:52 C'est beaucoup mais il y a encore des pertes de pouvoir d'achat par rapport à l'inflation.
06:55 Mais on doit faire face à une inflation qui est importante,
06:57 et dès que cette question-là, je la mets sur la table,
07:00 peut-être avec une priorité qui est celle de mieux protéger
07:04 les bas salaires, les classes moyennes d'une certaine façon dans la fonction publique.
07:08 On a des effets avec l'augmentation du salaire minimum,
07:11 d'écrasement de grilles.
07:12 Je crois qu'on doit travailler à la question des évolutions de carrière,
07:15 faire en sorte que quand on entre dans la fonction publique,
07:17 dès ses premières années, on puisse voir des augmentations de son salaire
07:21 pour ne pas trop figer les débuts de carrière.
07:23 Voilà, c'est ces questions-là.
07:24 On a besoin évidemment du dialogue social pour pouvoir en faire.
07:27 Dès que possible, je le dis très clairement,
07:30 dès que possible pour en discuter avec les organisations syndicales.
07:33 Moi je les ai appelées, il y a eu un conflit social,
07:36 il n'y a échappé à personne sur les retraites.
07:38 Ça ne doit pas nous empêcher de nous parler, de discuter, de concerter
07:42 sur ces questions qui sont, vous avez raison de le dire,
07:45 je crois les premières préoccupations aujourd'hui des salariés du privé
07:48 mais aussi des agents de la fonction publique.
07:50 Et donc on doit pouvoir se mettre autour de la table
07:52 pour discuter de ces questions-là dès les prochains jours.
07:55 Les syndicats nous avaient dit, leur demandent,
07:58 qu'on laisse passer le 1er mai, qu'on puisse ensuite se reparler.
08:02 Et je n'attendrai pas l'été.
08:04 Je crois que c'est plutôt une question de jours et de semaines,
08:06 qu'une question de mois.
08:08 Quelques thèmes comme ça dans l'actualité.
08:09 Par exemple, hier, le groupe Renaissance, celui de la majorité,
08:11 avait déposé une proposition de loi pour que désormais,
08:14 devant chaque mairie, il y a le drapeau français
08:16 et aussi le drapeau européen qui soient obligatoires.
08:18 Le problème c'est que ce texte a été rejeté en commission.
08:20 Même le modem qui était plutôt réservé sur ce texte.
08:23 On fait quoi ? On l'abandonne ou on continue effectivement
08:25 de défendre ce texte en disant il faut le drapeau européen ?
08:28 Sur le fond, je le défends.
08:30 Et je pense qu'il faut expliquer et porter l'idée
08:33 que mettre le drapeau européen, ce n'est pas opposé
08:35 à défendre notre patrie, à défendre le drapeau français.
08:39 Donc je pense que c'est plutôt une idée de bon sens.
08:42 Après, ce n'est pour moi pas la priorité.
08:44 Je vais être très clair avec vous.
08:46 La priorité c'est de répondre aux questions de pouvoir d'achat.
08:49 La priorité c'est de répondre aux questions de transformation du travail.
08:52 La priorité c'est la protection de nos concitoyens.
08:54 La priorité ce sont nos services publics effectifs.
08:57 Moi je suis très engagé pour qu'on assure mieux
08:59 les services publics du quotidien,
09:01 les fondamentaux des services publics.
09:03 On mobilise l'ensemble du gouvernement sur cette question-là.
09:06 L'ensemble du gouvernement sera rassemblé la semaine prochaine
09:08 pour justement travailler à la question des services publics du quotidien,
09:12 ces fondamentaux-là.
09:14 Donc les thèmes annexes, on les laisse de côté pour l'instant.
09:17 En tout cas, il faut que ce texte puisse cheminer.
09:20 Je n'ai pas à me prononcer sur sa destinée parlementaire.
09:24 Je crois que les sujets prioritaires ce sont plutôt ceux que je viens de mentionner.
09:27 Un mot du Conseil constitutionnel qui a rejeté cette nouvelle demande de RIB,
09:30 de référendum d'initiative partagée demandé par la gauche.
09:32 Est-ce qu'il ne faut pas quand même revoir cette procédure
09:35 qui permet de saisir comme ça les Français,
09:37 de faire un référendum sur tel ou tel sujet comme c'est le cas par exemple en Suisse.
09:40 Est-ce que ce RIB, au final, il n'a pas été créé à l'époque
09:43 pour ne jamais être mis en place ?
09:45 Moi, je vois surtout ces derniers temps,
09:47 qu'à chaque fois qu'une décision institutionnelle est prise,
09:50 elle est immédiatement contestée parce qu'elle n'arrange pas ceux qui la portaient.
09:54 Moi, j'ai toujours été clair sur cette question de dire
09:57 qu'en tout point, il faudrait respecter nos institutions
10:00 et ce que décide le Conseil constitutionnel.
10:03 Il ne décide pas sur le fond, il a décidé en droit.
10:07 Et il a à chaque fois donné des avis qualifiés en droit.
10:10 La question politique c'est maintenant est-ce qu'on change le droit ?
10:12 C'est une question qui nous était posée immédiatement.
10:15 Est-ce qu'il faut mettre à plat des questions institutionnelles ?
10:18 Avoir cette réflexion-là sur le mode de représentation,
10:21 sur les outils démocratiques ?
10:24 La réponse est oui, bien évidemment.
10:26 Et le président de la République l'a toujours indiqué,
10:28 il l'a indiqué dans sa dernière élection au présidentiel.
10:31 La méthode me semble très importante,
10:33 de mettre en place justement une commission qui soit transpartisane,
10:36 qui associe les chambres parlementaires,
10:38 les présidents du Sénat et Assemblée ont été reçus et ont été mandatés,
10:41 par le président de la République, pour travailler à ces questions,
10:44 qui doit nous permettre d'avancer.
10:46 Mais n'oublions pas les priorités quotidiennes de la vie des Français,
10:50 le travail, les services publics,
10:52 je crois que c'est là-dessus qui nous attendent principalement.
10:54 - C'est Danis Khasguereni, ministre de la Fonction publique,
10:56 qui recrute, était l'invité ce matin des 4h.

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