Stanislas Guerini, ministre de la Transformation et de la Fonction publique, était l'invité du "18h20 franceinfo". Il répondait aux questions de Jean-François Achili.
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00:00 * Le 18-20 France Info, Jean-François Ackilly *
00:05 * Bonsoir à vous, c'est Anislas Guérini. *
00:07 * Bonsoir. *
00:08 * Le gouvernement qui annonce cette hausse de 1,5% du point d'indice des fonctionnaires, c'est là, c'est au 1er juillet, ça va suffire avec une inflation en mai à +5,1% ? C'est Lince qui le dit. *
00:20 * Ça va suffire parce qu'on ne fait pas que ça. *
00:22 * Il y a des mesures à côté, oui. *
00:24 * Dans les médias, revaloriser le point d'indice, vous l'avez dit, mais on va compléter ces mesures. On va le faire au global en revalorisant le fixe des fonctionnaires de 2,5% entre ce qu'on fait au 1er juillet et ce qu'on va faire au 1er janvier 2024.
00:41 On va, en plus de ça, prendre des mesures pour les bas salaires de la fonction publique complémentaires. On va y consacrer 620 millions d'euros sur la fin d'année. Et en plus de ça, on va verser une prime de pouvoir d'achat aux fonctionnaires, aux bas salaires et je dirais aux classes moyennes de la fonction publique, sur la moitié des fonctionnaires,
00:59 qui toucheront à la rentrée une prime qui ira de 800 euros bruts à 300 euros bruts quand on s'approchera des 3 250 euros. Je dis tout ça parce que... * C'est l'ensemble des mesures. *
01:08 Ce que j'ai annoncé aux organisations syndicales hier, c'est que nous allons consacrer la même année, le même montant, la même enveloppe salariale que ce qu'on a fait l'année dernière pour revaloriser les salaires et pour apporter des réponses à la question du pouvoir d'achat.
01:21 3,5 milliards d'euros sur la deuxième semestre 2023, 6 milliards d'euros en année pleine. Mais j'assume, j'assume parfaitement un point, Jean-François Aquilli, c'est de prioriser les réponses qu'on doit apporter aux bas salaires parce que ce sont eux qui sont les plus impactés par la question.
01:37 * Vous avez vu ce que dit la CGT ? 10% ! *
01:41 * Stanislas Guérini, le premier syndicat de la fonction publique, qui dénonce une mesure largement insuffisante. *
01:46 * C'est vrai qu'on passe d'un et demi à 10% désiré, estimant que la perte du pouvoir d'achat, c'est la CGT qui le chiffre, a 16% depuis 2010. *
01:55 Qu'est-ce que vous lui répondez ?
01:56 D'abord que je conteste totalement ces chiffres.
01:58 * 10% c'est trop. *
02:00 J'assume, et je vais vous donner des chiffres très concrets, pour pas que ça soit théorique, pour ceux qui nous écoutent.
02:05 Les rémunérations des agents qui sont aujourd'hui les moins bien payés dans la fonction publique, sur le deuxième semestre 2023, elles vont augmenter de 13%.
02:14 Pour un agent qui est au tout début des grilles de rémunération, c'est 228 euros brut par mois.
02:20 Ce ne sont pas des chiffres en l'air, ce n'est pas de la théorie. L'augmentation de leur salaire fixe, entre le 1er janvier 2023 et le 1er janvier 2024, 7% d'augmentation pour ceux qui sont les moins bien rémunérés.
02:33 Donc je crois qu'on répond à la hauteur de ce qu'est l'inflation aujourd'hui, et je le fais après une année 2022, où on a augmenté le point d'indice, déjà, c'était la plus forte augmentation depuis 37 ans.
02:45 Donc on est à la hauteur de nos responsabilités.
02:47 Vous dites 6 milliards d'euros en année pleine, comment est-ce que vous les financez ? J'ai l'impression que c'est une grande distribution.
02:54 Alors il faut se satisfaire pour les fonctionnaires, qui ont un coup de pouce, mais il y a quand même une distribution tous azimuts.
02:59 Pardon Jean-François Kui, il y a quelques, vous le reconnaîtrez, injonctions contradictoires.
03:03 C'est-à-dire, un instant, on me dit au fond, ce que vous faites, ce n'est peut-être pas suffisant, et je crois vous démontrer qu'en concentrant nos efforts sur les bas salaires, on est à la hauteur.
03:12 Et puis l'instant d'après, on dit c'est peut-être trop parce qu'on dépense pour nos finances publiques.
03:16 Mais je vous réponds très directement. Moi je crois qu'investir sur nos agents publics, alors qu'aujourd'hui 1 sur 5 sont rémunérés au niveau du SMIC, parce que le SMIC a beaucoup augmenté, c'est un investissement.
03:29 Et je crois que cet enjeu de maîtrise des dépenses publiques, il est partagé par l'ensemble du gouvernement, complètement partagé.
03:36 Et évidemment, c'est un enjeu d'intérêt général pour notre pays. Mais je crois qu'il ne doit pas se faire, je vous répondrai directement, au détriment du pouvoir d'achat, au détriment de l'attractivité de nos fonctionnaires.
03:48 Parce que c'est notre capacité à rendre des services publics, et je crois que c'est ça qu'attendent nos concitoyens.
03:53 C'est un chasse-guérini. Vous avez votre confrère à Bercy, Bruno Le Maire, la ministre de l'économie, qui dit que c'est fini le quoi qu'il en coûte, qu'il y a 3 000 milliards d'euros de dettes publiques, il va falloir commencer à s'attaquer à ce dossier-là.
04:04 En ce sens, l'ensemble du gouvernement tire exactement dans le même sens. Mais ce que je veux vous indiquer là, c'est qu'apporter des réponses aux questions de la rémunération des fonctionnaires,
04:16 j'ai donné des chiffres de façon extrêmement précise, 1 sur 5 aujourd'hui sont rémunérés au niveau du SMIC. Moi c'est à ça que je veux mettre fin. Je veux apporter des réponses à la question de l'attractivité.
04:27 Mais je crois que c'est pas antinomique avec la question de la maîtrise des dépenses publiques. Parce que c'est pas sur le dos du pouvoir d'achat des fonctionnaires qu'il faut aujourd'hui réaliser des économies.
04:36 Il y a des pistes d'économies. Dans quelques jours, Bruno Le Maire, Gabriel Attal, justement réunira les assises des finances publiques pour, politique publique par politique publique méthodiquement, passer au crible les sujets où nous dépensons peut-être parfois pas à bonne élection.
04:53 Quinquennat après quinquennat, quelque soit la couleur politique, tout le monde se réunit pour savoir comment on va dépenser moins et personne ne fait rien.
04:58 Oui mais François Ackilly, pardon, quinquennat après quinquennat aussi, on a vu le pouvoir d'achat des fonctionnaires se rogner progressivement. Et donc moi je me bats, c'est mon combat aujourd'hui, pour justement nous redonner des moyens.
05:11 Et ça se joue en partie sur la fiche de paie des fonctionnaires pour justement avoir des politiques publiques qui fonctionnent mieux, pour les transformer. Et j'assume de pouvoir mener des politiques de transformation, parfois, c'est parfois décrié que de dire ça, en s'appuyant sur le numérique par exemple pour pouvoir transformer, en s'appuyant sur les opportunités que peuvent nous ouvrir l'intelligence artificielle, pourquoi pas, pour regarder comment on peut gagner en productivité.
05:32 Il y a évidemment des transformations à opérer, mais encore une fois, et je le dis avec beaucoup de sérénité et je crois pas de façon contradictoire avec mes collègues du gouvernement qui ont la charge des dépenses publiques, je crois qu'il faut aussi investir sur nos agents publics si on veut se donner les moyens de transformer.
05:47 Le temps tourne, question plus personnelle, Stanislas Guérinier, est-ce que vous redoutez un remaniement ? J'ai lu que les ministres étaient à Cran.
05:54 Alors j'espère ne pas vous donner l'impression d'être à Cran aujourd'hui devant votre micro. Moi j'ai une philosophie de vie assez simple, il faut s'inquiéter de ce qu'on est capable de maîtriser. En l'occurrence, la question d'un gouvernement, il ne vous a pas échappé qu'elle n'appartient pas à un ministre de ce projet.
06:12 Ça relève du présent économique.
06:13 Comme je n'en ai aucune responsabilité, je suis assez serein, c'est une réponse en soi.
06:19 Vous avez tweeté votre réunion publique hier dans la troisième circonscription de Paris, la vôtre, votre terre d'élection, très heureux de retrouver les habitants, les militants pour ce moment spécial.
06:27 Vous imaginez déjà un atterrissage, vous préparez le terrain, vous vous dites "je renoue, je renoue avec mes concitoyens".
06:34 Je ne crois pas qu'aller dans sa circonscription, échanger, présenter aussi une forme de bilan quand on est élu d'un territoire, que ce soit préparer un atterrissage.
06:45 Je crois que c'est tout simplement ce qu'on peut appeler le rôle des élus, de garder ce contact-là, de pouvoir être, on le dit parfois, porté d'engueulades.
06:53 Il y en a parfois, et un peu plus souvent qu'on l'imagine, quelques encouragements. Ce ne sont pas forcément les plus vocaux, les plus bruyants dans le débat public, mais ça existe aussi.
07:02 Je crois que ça donne aussi du sens à l'action qu'on mène. Parfois il faut un peu de courage, un peu de constance en politique.
07:08 Je crois qu'aller à la rencontre de ces électeurs, tout simplement, ça me semble être assez sain dans une démocratie.
07:14 Merci à vous Stanislas Guérini, je rappelle que vous avez en charge la fonction publique, vous êtes ministre du gouvernement, vous êtes toujours là, c'est ça ?
07:21 Merci d'avoir participé.
07:23 Jusqu'à présent, j'espère vous en faire la démonstration.
07:25 Jusqu'à présent, du contraire. Merci d'avoir participé à ce 18 juin de France Info.
07:28 Merci beaucoup.