Le ministre délégué en charge de la fonction publique, Stanislas Guérini, souhaite une réforme de la fonction publique. Mais quelle est la réalité d'un fonctionnaire aujourd'hui en France? La réponse avec l'éditorialiste BFM Business, Pierre Kupferman
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00:00 Pierre Kufferman qui est avec nous pour l'écho, la réforme de la fonction publique souhaitée par Stanislas Guérini.
00:05 Tabou qui voudrait être levé par le ministre de la fonction publique.
00:08 Il se heurte depuis quelques heures maintenant à l'opposition des syndicats, mais ce macroniste de la première heure paraît
00:14 vouloir convaincre les fonctionnaires eux-mêmes qu'il faut changer les choses.
00:17 Les fonctionnaires dont le nombre est resté relativement stable depuis l'arrivée à l'Elysée d'Emmanuel Macron,
00:23 selon les derniers chiffres, on a, si on prend les trois versants de la fonction publique,
00:28 un peu moins de 5 700 000 agents, ça fait un salarié sur cinq.
00:35 Et parmi ces agents, les plus nombreux sont, un, je ne vais pas vous surprendre, les enseignants,
00:39 un peu plus de 1 million, c'est 40 % de l'effectif de la fonction publique d'État.
00:44 Deux, le million de fonctionnaires employés par les communes,
00:48 là c'est plus de la moitié de l'effectif total de la fonction publique territoriale.
00:52 Et puis trois, le personnel des hôpitaux publics, un peu plus de 1 million d'agents.
00:58 Que propose Stanislas Guérini à tous ces fonctionnaires ?
01:00 De mieux prendre en compte leur engagement dans l'évolution de leur carrière et donc de leur rémunération,
01:07 de ne plus être enfermé dans des catégories d'emploi dont ils ne peuvent sortir qu'en passant des concours.
01:13 Bref, de se rapprocher de la façon dont ça se passe dans le privé.
01:19 Je vais prendre un exemple concret, la façon dont justement le travail des fonctionnaires est évalué aujourd'hui.
01:25 La règle elle ressemble assez à ce qui se fait dans les grandes entreprises.
01:29 Une fois par an, l'agent est reçu par son supérieur hiérarchique,
01:33 ensemble ils doivent discuter des objectifs qui ont été assignés à l'agent,
01:37 est-ce qu'ils ont été atteints ou pas, ils doivent aussi parler de sa manière de servir,
01:42 puisqu'on parle de service public, et à l'issue de cet entretien,
01:46 le supérieur hiérarchique émet une appréciation, comme dans le privé.
01:51 Mais c'est après ça que ça se complique, parce que la règle actuelle,
01:55 c'est que cette appréciation est, je cite, "prise en compte dans l'avancement de grade".
02:01 Autant dire que son rôle reste modeste et que l'essentiel de l'évolution de la carrière
02:07 repose toujours sur l'ancienneté.
02:10 Et le ministre de la fonction publique a aussi annoncé,
02:12 et c'est ce qui fait débat et polémique en ce moment,
02:14 que la question du licenciement ne devait plus être un tabou.
02:17 Effectivement, c'est une forme u-shock, une sorte de chiffon rouge qui a heurté les syndicats.
02:23 Bon, il faut quand même savoir qu'en théorie, le statut des fonctionnaires
02:26 ne les met à l'abri que d'un type de licenciement, le licenciement économique.
02:31 Parce qu'un fonctionnaire peut être évoqué pour faute grave,
02:33 pour abandon de poste non justifié, l'insuffisance professionnelle
02:37 peut également être invoquée pour justifier un licenciement,
02:40 mais dans les faits, ça arrive très très rarement,
02:43 13 fois seulement en 2022 sur l'insuffisance professionnelle.
02:47 Donc le tabou que veut lever Stanislas Guérini,
02:51 c'est pourquoi ces licenciements qui sont autorisés sont aussi peu fréquents.
02:57 Et le ministre, là encore, d'une certaine façon, interpelle les fonctionnaires en direct,
03:02 en leur disant qu'ils voient bien eux-mêmes que certains de leurs collègues
03:07 font mal leur travail et que c'est ce tabou-là qu'il faut lever.
03:12 Merci Pierre.
03:13 Merci à tous !