Avec Charles Duquesnoy, professuer d'Histoire et Géographie
Retrouvez "La question qui" sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/burne-out
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AmusantTranscription
00:00Bonjour Charles Duquesnoy !
00:02Bonjour Marie !
00:04Je ne peux pas parler, je pleure !
00:06Excuse-moi, bonjour Marie !
00:08Vous êtes un auditeur de Jusqu'ici, tout va bien.
00:10Vous avez tout commenté tout au long de l'année.
00:12Vous avez même parfois fait des critiques constructives.
00:16Vous avez par ailleurs une autre occupation
00:18dans la vie plus rémunératrice
00:20et qui a le mérite d'occuper les 23 heures
00:22qui restent à une journée, une fois que l'émission est terminée.
00:24Qu'est-ce que vous faites dans la vie, Charles Duquesnoy ?
00:26Auditeur de Jusqu'ici, tout va bien.
00:28Plus rémunératrice, c'est vrai.
00:30Ce n'est pas encore non plus le top.
00:32Je suis enseignant.
00:34Je suis professeur d'histoire-géographie
00:36mais aussi de géopolitique, d'enseignement moral et civique.
00:38Vous devez vous éclater en ce moment.
00:40J'ai passé une super année.
00:42Une belle dernière semaine là ?
00:44Il vous en reste encore une ?
00:46Non, c'est bon, c'est fini.
00:48Jusqu'ici, tout va bien.
00:50Xavier Lacaille, vous dites-vous qu'il y a des profs
00:52qui ont changé votre vie. Il y en a vraiment ?
00:54Oui, de fou. En fait, il n'y en a pas eu
00:56pendant longtemps et puis ensuite, il y en a eu
00:58et ça a été une révélation.
01:00J'ai eu un prof d'économie
01:02en première au lycée parce que c'est une matière
01:04qu'on ne fait pas du tout avant. Comme j'étais en retard
01:06dans toutes les matières, c'était le moment de recommencer à zéro
01:08qui était un truc que j'aimais bien. J'ai recommencé à zéro
01:10dans une matière, donc l'économie en l'occurrence.
01:12J'ai eu l'impression de ne pas être le plus
01:14con des cons parce qu'il m'a mis
01:16un peu en confiance et ça m'a
01:18révélé plein de choses.
01:20Vous enseignez, mais vous adorez aussi
01:22apprendre. On a discuté avec vous. Vous nous avez
01:24confié que cette année, vous vous êtes lancé dans l'apprentissage
01:26du Yiddish. Pourquoi ?
01:28Vous pouvez nous rappeler exactement ce que c'est
01:30le Yiddish ? On tire un fil, encore
01:32un autre. Oui, on continue à tirer les fils.
01:34Oui, le Yiddish,
01:36est-il besoin de le dire ?
01:38Tant mieux, j'ai l'occasion.
01:40C'est une langue et c'est
01:42l'enfant de l'allemand et de l'hébreu.
01:44C'est un parent
01:46abandonnant et un parent un peu maltraitant.
01:48C'est compliqué, mais c'est une langue qui
01:50date du Xe siècle et
01:52qui était parlée par la communauté
01:54juive d'Europe de l'Est.
01:5690% des juifs, jusque dans les années
01:5840. Et ensuite, il s'est passé ce qui
02:00s'est passé. C'est une langue... Je dis ça pour les élèves
02:02de 3e qui révisent leur brevet. Là, on reprend
02:04les basiques. C'est une langue assassinée.
02:06Mais assassinée
02:08qui veut encore se battre un peu. Donc, qui est encore
02:10parlée aujourd'hui dans le monde entier et aussi
02:12à Paris. Un peu. Et donc, vous, vous avez appris
02:14et vous avez pu parler à
02:16quelqu'un dans votre famille, par exemple, le Yiddish ?
02:18Je peux parler le Yiddish à qui je veux.
02:20Vous pouvez même parler actuellement. Voilà.
02:22Mais le problème, c'est qui va me répondre.
02:24Et donc, oui,
02:26j'ai fait ce... J'ai appris le Yiddish.
02:28C'est pas tout à fait par hasard. Parce que de mon côté
02:30paternel, je suis très content. Je suis français. Tout va bien.
02:32Tout est très clair. De mon côté maternel, je viens
02:34de cette communauté qui se tait,
02:36qui a peur, qui sait plus quoi dire, qui sait plus quoi faire.
02:38Parce qu'elle a vécu un extrême
02:40de droite. Puisqu'on entend
02:42n'importe quoi en ce moment. Donc, je rappelle quand même
02:44qu'il s'est passé ce qui s'est passé dans les années 40.
02:46Et que c'était quand même un extrême droite qui leur a fait ça.
02:48Et aujourd'hui, je le parle.
02:50Et il se passe un miracle de transmission
02:52indirecte. C'est que ça l'a réveillé
02:54chez ma grand-mère, qui est toujours là, qui est bon pied-bon oeil
02:56et qui s'est remis à le parler.
02:58Et j'entends maintenant ma nièce, mes petites
03:00nièces, qui commencent à sortir deux-trois
03:02petits mots. Mon neveu aussi.
03:04Des petits...
03:06Et je me dis, ça y est, c'est bon. J'ai renoué
03:08quelque chose qu'on avait tenté de défaire.
03:10Et pour terminer cette histoire
03:12qu'on avait envie que vous nous racontiez, puisque
03:14vous avez eu l'occasion de nous le dire. La première fois
03:16que vous avez parlé à votre grand-mère, ça lui a fait un petit choc.
03:18Oui.
03:20Elle s'est évanouie.
03:22La linguistique, c'est de la magie noire.
03:24Faut faire super gaffe.
03:26Et là, je me suis senti hyper bête parce qu'on
03:28était seuls tous les deux.
03:30Elle s'est réveillée, elle ne se souvenait de rien.
03:32Et j'y ai retourné avec
03:34un peu plus de douceur.
03:36C'est évanoui, sur le coup.
03:38C'est une bonne histoire.
03:40On a choisi un bon auditeur.
03:42Ça part en scénario.
03:44On est très heureux d'avoir pu faire un court portrait de vous.
03:46Malheureusement, on n'a pas tellement plus de temps.
03:48Il nous manque une centaine, un millier
03:50d'éléments pour vous connaître mieux. Merci de nous avoir
03:52écoutés cette année, Charles Duké. Est-ce que vous vouliez nous dire
03:54un dernier mot ?
03:56Je voulais vous remercier parce que l'année n'a pas été facile.
03:58Il a beaucoup plu.
04:00Beaucoup de choses. Et vous avez été là
04:02de fidèle parapluie à 17h.
04:04Donc, parfait.
04:06Jusqu'ici, tout va bien.
04:08Derweil is alle in orderung.
04:10Je l'aurais dit en yiddish, je suis très fier.
04:12Merci beaucoup Marie et Marine.