• il y a 6 mois

À l'occasion de l'édition spéciale "Élections législatives", Dimitri Pavlenko reçoit Jean Garrigues, historien, président du Comité d’histoire parlementaire et auteur de "Jours heureux. Quand les Français rêvaient ensemble" chez Payot Histoire. Ensemble, ils font le bilan de cette campagne des élections législatives.

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Transcription
00:00Jean Garrigues, vous êtes avec nous à distance, bonjour Jean.
00:05Bonjour, vous êtes président du comité d'histoire parlementaire autour d'auteurs de « Jours heureux quand les français rêvaient ensemble ».
00:12Oui, c'est du passé ce rêve des « Jours heureux » dont vous titrez votre livre.
00:20Que dire, c'est la grande désunion, ces élections législatives, c'est ça qui ressort quand même très fortement, on a l'impression de trois blocs qui vont s'affronter,
00:28qui n'ont rien à se dire et qui se montreront incapables de former une coalition ou de s'unir.
00:36C'est ça le problème, on avait compris de toute façon que la structure ternaire qui est née en 2022 était totalement contraire à la logique des institutions de la Vème République.
00:49La Vème République, elle est faite pour une majorité et une opposition qui éventuellement alterne au pouvoir, ça s'est fait, ça s'est plus ou moins bien fait.
00:57Cette alternance-là, elle a explosé en 2017 avec la naissance du macronisme, avec aussi l'auto-destruction des grands partis traditionnels, que ce soit le Parti Socialiste et les Républicains.
01:16Et au fond, la poutre a joué jusqu'à aujourd'hui et cette fois, autant en 2017 les électeurs avaient choisi le dégagisme pour aller vers ce qu'Emmanuel Macron leur proposait, c'était une révolution, il faut s'en souvenir, en 2017.
01:35Aujourd'hui, le dégagisme, il touche maintenant Emmanuel Macron lui-même et son parti et on va donc vers ceux qui proposent autre chose, une alternance, le Rassemblement National.
01:48Et au fond, le Rassemblement National est en train de devenir à peu près ce qu'était justement le RPF du Général De Gaulle au début des années 40, c'est-à-dire, comme disait Malraux, c'est le métro à 6 heures du soir.
02:03C'est-à-dire que, vous l'avez dit, on l'a vu lors des élections européennes, toute la France maintenant, aujourd'hui, se donne, ou en tout cas la France rurale, la France de province se donne au Rassemblement National.
02:18Les régions qui lui étaient jusqu'à présent hostiles à l'ouest du pays se sont aussi peu à peu converties au Rassemblement National.
02:27Il a normalisé son comportement et son programme. Il recule même, Jordan Bardella, sur beaucoup de points qu'il avait préemptés auparavant.
02:38Donc on a quelque chose qui véritablement fait penser à ce qu'ont été les partis gaullistes, le RPR dans les années 70-80, sauf qu'évidemment, le Rassemblement National est quand même l'héritier d'une histoire, d'une culture.
03:02Il charrie avec lui un certain nombre d'idées, peut-être d'idées préconçues, mais voilà, il y a quelque chose qui fait que l'axe, le pivot de la vie politique française s'étant déporté à droite, le grand parti de droite aujourd'hui est un parti qui vient de l'extrême-droite.
03:19Alors après, on peut discuter sur la dénomination.
03:22Oui, bien sûr, mais attendez, on va démêler tout ça quand même, parce que moi je retiens la formule que vous nous avez donnée, c'est le Rassemblement National, c'est le métro à 6h du soir, c'est-à-dire là où tout le monde se retrouve, où la majorité se retrouve.
03:36Plus d'un électeur sur trois qui prévoit de voter ce dimanche au premier tour de ses législatives pour le candidat du Rassemblement National dans leur circonscription, c'est quand même un fait politique majeur.
03:45C'est une progression quand même de plus de 15 points pour le Rassemblement National en l'espace de seulement deux ans, si vous prenez comme point de repère la dernière présidentielle, les législatives de 2022.

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