Arrière gauche de l’équipe de France de Handball, Karl Konan de retour à Abidjan en Côte d’Ivoire dans le cadre du projet Hand’Solidaire, se livre sur ses débuts de joueur dans son pays d’origine.
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00:00C'est là que je suis né, c'est mes origines, c'est mes racines j'ai envie de dire, donc
00:19c'est quelque chose qui est en moi.
00:24Revenir sur ces terres là, ça me remet les pieds sur terre, ça me remet les idées en place,
00:32j'ai envie de dire, je reviens à la réalité d'où je viens en fait et à ce que je suis.
00:38C'est pour moi une façon aussi de montrer que ce que m'a apporté la Côte d'Ivoire,
00:43je le rends bien à ma façon.
00:53C'est là que tout a commencé en fait pour moi, c'est là que j'ai découvert le hand
01:13et que j'ai commencé le hand.
01:15J'étais en internat militaire pendant 7 ans et on avait une équipe de hand qui s'entraînait
01:19là et qui continue de s'entraîner là depuis.
01:23Donc c'est un retour aux sources et je me dis qu'il y a 12-13 ans j'étais sur ce terrain là
01:28en train de jouer.
01:35Le Carl de l'époque a 11-12 ans et c'est quelqu'un d'assez sympathique, réservé,
01:43mais qui se fait remarquer beaucoup par sa taille.
01:47Ça nous rappelle un peu plein de souvenirs qu'on a eus ici, nos premières fois en touchant
01:51la balle, nos premiers entraînements, notre formation ici en tant qu'enfants de troupes
01:57donc militaires et tout.
01:58C'est vraiment plein de souvenirs.
02:04J'ai commencé à nourrir ce rêve là en internat militaire d'un jour jouer au hand au niveau
02:09professionnel et espérer être sur un poster de l'équipe de France.
02:14Donc tout est né là.
02:18On a eu un enfant qui est né le 7 décembre, Anna, une petite fille, et c'est vraiment
02:29émouvant d'être là avec elle.
02:31Le fait d'avoir sa petite fille qui vient sur le lieu où il est né, où il a grandi,
02:37où il a fait vraiment ses premiers pas, c'est très important pour lui.
02:47C'est marge, elle représente toute mon adolescence.
02:56J'ai ma mère qui ne voulait pas trop rester loin de moi quand j'étais en internat, en
03:02classe de sixième, donc elle a cherché une maison pas très loin de l'école militaire
03:09et il y avait une proposition de l'orphelinat, elle est super bien avec les jeunes gamins
03:14donc elle n'a pas hésité à y vivre, à prendre une maison dans l'orphelinat et
03:19à se couper des jeunes.
03:20Donc quand je sortais de l'internat, je m'occupais des tout petits orphelins et on a créé des
03:25liens comme ça pendant sept ans au final.
03:35Je fais des matchs par-ci par-là avec le club de l'internat et lors d'un match, d'un
03:42stage de l'association Décale-Cœur Afrique d'Aouda Karaboué, il me repère et me propose
03:47de venir faire des tests un peu partout en France à l'ISOO.
03:51C'était la première fois qu'on s'est séparés, j'ai beaucoup pleuré, j'ai très pensé
04:16est-ce qu'il partait dans l'inconnu, donc c'était un peu difficile pour moi de me séparer
04:21de mon fils.
04:22C'était douloureux la séparation, vraiment douloureux.
04:26J'ai 18 ans, j'attaque mon année de droit et t'arrives dans un endroit que tu connais
04:31pas, t'es tout seul, tu laisses ta mère, je suis le fils unique, donc pour ma mère
04:37aussi c'était pas évident, tu découvres une toute autre culture qui n'a rien à voir
04:42avec la tienne, mais j'ai été bien accueilli, bien encadré par Aix, j'ai eu une seconde
04:50famille j'ai envie de dire assez rapidement.
05:13Au bout de 4-5 ans passés au POC à Aix, ils l'ont accueilli à bras ouverts, ils ont
05:22travaillé avec lui, ils ont continué sa formation, il a fait sa demande.
05:26Quand les commissions sont passées, les gens se sont rendu compte du niveau d'intelligence
05:30du gars, de la réflexion, de la double identité, de l'intégration française forte, tout ça
05:38s'est appelé dans sa faveur et cette nationalité, il l'a acquise à la force du poignet, de
05:42sa culture, de son travail, de sa réflexion, donc Carl c'est un long chemin.
05:47Aujourd'hui, des fois tu dis nous les Ivoiriens, tu vas vers les Jeux Olympiques, le maillot
05:54de bleu, blanc, rouge, mais tu as gardé la double culture quand même.
05:58Ouais, j'ai gardé la double culture et je jongle avec en fonction de qui je suis, une
06:04chose c'est une richesse.
06:07Aujourd'hui, les gamins, les dirigeants, les entraîneurs, je trouve qu'ils t'accueillent
06:11aussi comme un frère.
06:12Ok, tu as changé de passeport, mais tu n'as pas changé d'identité.
06:18Tu es toujours un frère, c'est important.
06:24Là, on est là pour le projet Antsolidaire avec le MESSAD et tu as toutes les équipes
06:31des alentours, tous les jeunes pousses qui viennent participer à une sorte de tournoi.
06:45Je suis né là et je suis Ivoirien, je reste Ivoirien, donc je leur dois bien de retranscrire
06:53aussi ce que j'ai appris en France, le savoir-faire aussi bien technique, intellectuel, les valeurs
06:59que j'ai développées aussi là-bas.
07:09Je vis un rêve éveillé, je vis le rêve de milliers de jeunes Ivoiriens et même
07:15Africains et je suis fier de porter ça pour eux.
07:23Aujourd'hui, il va peut-être devenir un des meilleurs défenseurs du monde.
07:26Il y a quelque chose de fort dans cette itinéraire compliquée d'un enfant d'Afrique.
07:36Carles, c'est un pont.
07:37C'est un pont entre les deux continents, c'est un pont entre les deux pays.
07:40Il vient ici pour retourner, revivre avec son passé, animer.
07:45Il montre qu'aujourd'hui, en termes d'identité dans la société française, ce que l'on peut
07:50faire de bien.
07:56Si je tenais dans mes bras le petit Carl Connard, je lui dirais, regarde, tu y es arrivé.
08:09Carl, ça n'a pas été facile, mais tu t'es battu, tu n'as rien lâché.
08:14Il faut se battre et tout est possible.
08:26Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org