Jean-Claude Flecher nous présente son incroyable collection de bus, une passion qui se transmet de père en fils ✨
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00:00Ces véhicules, ça attire la sympathie.
00:01Quand on nous voit souvent, les gens, ils sortent leur iPhone,
00:04ils font une photo.
00:05On construisait des véhicules qui devaient tenir le plus longtemps possible.
00:08Aujourd'hui, avec l'obsolescence programmée,
00:09on se rend compte que ce n'est plus du tout les mêmes valeurs.
00:11Mon père a dit, je crois que quelqu'un va venir
00:13dans un bled paumé comme ça pour faire du cinéma.
00:16Une fois, je suis rentré d'un tournage, ma femme m'a demandé,
00:17alors tu as discuté quoi avec Juliette Binoche ?
00:19Entre autres, on a discuté moteur-pont-art et chaussons.
00:24Je suis tombé dans les autocars étant petit.
00:26Cette passion pour les autocars historiques a commencé
00:29parce que mon père avait une entreprise d'autocars qu'il a créée en 1928.
00:32Et puis un jour, je lui ai dit, tiens, le vieux Saurère qui est dans le jardin,
00:35là, depuis 20 ans, on pourrait le retaper.
00:37Ça a commencé comme ça.
00:38Ici, on a un autocar Lancia qui a tourné en Italie,
00:41qui date d'avant-guerre, 1939.
00:43Au début de la Deuxième Guerre mondiale,
00:44l'armée de Mussolini a réquisitionné un tas de véhicules, dont celui-là,
00:47et ils l'ont emmené en France.
00:49Quand ils sont repartis de l'autre côté,
00:51c'est l'armée française qui l'a récupéré,
00:52qui l'a transformé en ambulance pour les blessés de l'armée.
00:56Donc ça, c'est un Saurère français, parce que Saurère, c'est une marque suisse.
00:59Il date de 1939.
01:02Qu'est-ce qui vous passionne le plus dans les véhicules anciens ?
01:04D'abord, de sauver des véhicules pour montrer aux générations actuelles
01:07et puis aux jeunes le savoir-faire des gens de l'époque,
01:10comment y trouver des solutions.
01:12Et puis, par exemple, pour des tournages de films,
01:14c'est une satisfaction de pouvoir trouver le véhicule qui convient
01:16pour un tournage X ou Y en fonction de l'année
01:19ou de la région où il a roulé ou le pays où il a roulé.
01:22Et de faire des rencontres assez sympathiques.
01:25Assez sympathiques avec des acteurs, des actrices, des réalisateurs, voilà.
01:31En ce moment, on fait à peu près 10 tournages par an.
01:32Alors, il y a des clips, il y a des courts-métrages,
01:34il y a des longs-métrages, il y a des productions gourmandes, pâtées, etc.
01:38Une fois, je suis rentré d'un tournage, ma femme m'a demandé
01:40« Alors, t'as discuté quoi avec Juliette Binoche ? »
01:42Je lui ai dit « Entre autres, on a discuté moteur-panhard et carres-chaussons. »
01:46Parce qu'elle a dit qu'il fume un peu quand il est froid.
01:48Alors, je lui ai expliqué pourquoi.
01:51Donc celui-là, c'est le premier que j'ai retapé.
01:54C'est avec celui-là que la passion a vraiment commencé.
01:56C'est un saurère français de 1949 que mon père avait acheté après la guerre.
02:01Et moi, je suis rentré dans l'entreprise en 1973.
02:04Et puis, dans les années 80-84, il traînait dans le jardin.
02:07J'ai dit à mon père « Écoute, ce serait dommage de le laisser périr là, il faudrait le sauver. »
02:11Alors, il me dit « Mais c'est un boulot fou, il est tout rouillé.
02:14Ça fait quasiment 20 ans qu'il n'a pas tourné.
02:16Ça n'intéresse personne, qu'est-ce que tu veux en faire ? »
02:18Alors, je lui ai dit « Mais je ne sais pas, moi.
02:19Peut-être des mariages ou pour les tournages de...
02:22pour le cinéma, pour des tournages. »
02:24Il a rigolé, il a dit « Non, mais je crois que quelqu'un va venir
02:26dans un bled paumé comme ça pour faire du cinéma. »
02:29Mais une fois qu'il était fini, il était quand même content qu'il était terminé.
02:33Mon père l'a conduit pendant une vingtaine d'années,
02:35mais moi, ça fait depuis 88 que je roule avec, donc ça fait 35 ans.
02:39C'est le volant que lui touchait pendant 20 ans, c'est le même levier de vitesse.
02:43C'est tout pareil, quoi.
02:45Sauf qu'elle a été un peu rafraîchie.
02:47Quand j'étais tout petit, quand j'avais 4 ou 5 ans,
02:49quand je le voyais tourner le volant, je m'amusais avec ce truc-là.
02:52Je faisais ça en me disant que c'est le volant.
02:54En fait, ça se permet pour régler la vitre.
02:56Et puis, je ne pensais jamais qu'un jour je conduirais cet engin
02:59parce que quand moi j'avais 20 ans, c'était déjà un vieux coucou.
03:03C'est sûr que financièrement, il y avait d'autres priorités
03:06dans une entreprise que de restaurer un vieux coucou.
03:09Le côté cinéma, à l'époque, c'était peut-être un peu prématuré.
03:13Il fallait aussi que je trouve des arguments pour sauver le véhicule.
03:17Moi, ça me fait plaisir aussi pour mes parents qui ont bossé là-dedans.
03:20Et c'est une profession où il y avait beaucoup d'autocaristes dans le temps.
03:23Maintenant, il n'y en a presque plus.
03:24Au début, j'ai commencé tout seul.
03:26Mon fils était tout petit, il n'était même pas né au début.
03:28Et puis, il s'est pris de passion et donc il aime ça.
03:30Et puis, je trouve qu'il le fait assez bien.
03:32Ici, c'est notre atelier.
03:33C'est là qu'on fait l'entretien des véhicules.
03:35Et puis, il y a mon fils André, qui est la cheville ouvrière
03:38des restaurations, etc. et réparations.
03:41Le côté préserver un patrimoine, préserver un savoir-faire qu'il y avait à l'époque,
03:46des valeurs aussi qu'il y avait à l'époque.
03:48On construisait des véhicules qui devaient être robustes, qui devaient être fiables.
03:50Aujourd'hui, avec l'obsolescence programmée,
03:52on se rend compte que ce ne sont plus du tout les mêmes valeurs.
03:54Et donc, en faisant vivre ces véhicules,
03:56on transmet un petit peu ces choses qui se perdent et qui aujourd'hui nous surprennent.
03:59C'est une passion que je partage avec mon fils.
04:02Quelque part, il y a une continuité.
04:03Et quelque part, il y a quelque chose qui se transmet de génération en génération
04:07et qui permet un petit peu de montrer aux jeunes et aux moins jeunes
04:12ce que les anciens savaient faire et ce qui ne faisait pas si mal.