• 4 days ago
« La passion est une maîtresse exigeante. Elle vous demandera tout et pour réussir il faudra tout lui donner. »
Stéphane Matala est l'un des meilleurs bodybuilder français. Pour neo, il nous parle de son quotidien atypique, de ses compétitions et du regard des autres parfois difficile. 🏋️‍♂️

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00:00Avoir un bras qui fait 52 centimètres de tour de bras,
00:03être avec des cuisses énormes,
00:05on trouve ça grotesque au premier abord.
00:08Derrière, il y a beaucoup de travail.
00:10Pas que physique, le bodybuilding, c'est d'abord un travail intellectuel.
00:14Il faut comprendre son corps, c'est littéralement de la médecine.
00:16Ne prends pas des décisions à l'aveugle.
00:18Tout toi-même, tu te fais de façon scientifique.
00:20Quand je sors de mon chien, 30 minutes, je reviens,
00:22je dois prendre une douche parce que je suis en sueur.
00:24Tout le monde pose un regard sur toi, c'est très gênant.
00:26J'ai arrêté la piscine après tout ça.
00:27Se donner à fond dans ce qu'on aime est essentiel
00:30parce qu'au final, à l'échelle du cosmos,
00:32la vie d'un être humain ne représente pas un battement de cils.
00:35On n'a pas quelque chose qui vous fait vibrer une passion.
00:37Je pense que c'est un peu triste.
00:39Bonjour Néo, je m'appelle Stéphane.
00:41Je suis bodybuilder professionnel depuis 4 ans maintenant.
00:44J'ai fait toute ma scolarité en France.
00:47J'ai été élevé par les valeurs de la République.
00:49À l'époque, je faisais de l'athlétisme, du judo, du karaté, du foot en même temps.
00:53Pour l'athlétisme, j'étais plutôt bon,
00:55mais j'avais besoin de me renforcer.
00:56Et j'ai commencé la musculation.
00:57Je l'ai commencé dans une salle atypique
01:00et où il y a plein de posters de bodybuilders autour.
01:02Je ne comprends pas ce que je ressens,
01:04mais j'ai une certaine sensibilité à ce qui m'est présenté.
01:08Et je pense que quelques jours après,
01:09Cupidon m'a carrément attaqué au bazooka
01:10et je suis parfaitement tombé amoureux du bodybuilding.
01:13J'ai travaillé pendant de nombreuses années
01:15pour atteindre mon physique de professionnel.
01:17Ça prend beaucoup de temps malgré ce qu'on peut penser.
01:19Ma vie de bodybuilder est extrêmement simple
01:21parce que je suis quelqu'un de simple.
01:23Je suis casanier.
01:24Ça aide beaucoup pour manger ses six repas dans la journée.
01:26Je travaille beaucoup de chez moi.
01:28Je vais aux entraînements le matin et en fin de journée,
01:30ce qui laisse très peu de temps à d'autres activités.
01:33Beaucoup parlent de sacrifice,
01:34mais je ne vois pas ça comme un sacrifice.
01:36Je vois ça justement comme une forme d'amour
01:39qu'on porte à ce qu'on aime.
01:41Appréhender un physique tel que celui du bodybuilder
01:43quand on ne connaît rien, c'est difficile.
01:45Je le remarque en société.
01:47Ma mère me dit souvent que quand on sort ensemble,
01:49elle a l'impression de faire un match avec Beyoncé
01:50parce que tout le monde me regarde.
01:51Ce n'est pas évident aussi de manger six repas par jour.
01:53Mais au quotidien, ce qui peut être un peu embêtant,
01:55c'est de se retrouver dans un environnement non autorisé,
01:58se retrouver dans un environnement
01:59où personne ne comprend le bodybuilding.
02:01Quand tu vas débarquer un membre de 130 kg,
02:03forcément, tous les regards sont braqués sur toi.
02:05Tu as plein de types d'émotions.
02:07L'interrogation, de l'injonction.
02:08Qu'est-ce que tu fais comme ça ?
02:10Très rarement un peu d'admiration.
02:11C'est toujours très mal à l'aise.
02:12Mais quand je me retrouve ce soir-ci
02:13dans ce que j'appelle un environnement autorisé,
02:15ceux qui comprennent, qui font l'effort de comprendre,
02:18je suis parfaitement à l'aise.
02:19Par exemple, en été,
02:21je ne m'autorise pas souvent de me mettre en débardeur.
02:24Parce que pour certains, c'est une preuve d'arrogance
02:27de montrer le torse en public
02:29parce que je suis musclé.
02:31Mais c'est juste chaud, mec.
02:32Une compétition de bodybuilding, c'est très chiant à regarder.
02:34Moi, je ne regarde jamais.
02:35Il y a plusieurs passages pour déterminer qui est le meilleur.
02:41Du top 10, on va sélectionner le top 4
02:43jusqu'à arriver au top 2 où la finale se joue.
02:46Une victoire qui m'a marqué ?
02:49Pas beaucoup, parce que la plupart des compétitions,
02:51je savais que j'allais les gagner.
02:52J'ai la chance d'une être avec une bonne génétique
02:54et je dois l'exploiter.
02:55Ce serait une insulte à la nature de ne pas le faire.
02:58Et donc, quand je prépare une compétition,
03:00je le fais dans la plus grande des concentrations.
03:02Un parcours, ce n'est pas que du bon.
03:04Il y a des hauts, il y a des bas,
03:05il y a des remises en question, on échoue.
03:06On les zigzague une même tour vers le haut.
03:08Alors, Mister Olympia, c'est l'équivalent
03:10de la Coupe du monde du bodybuilding.
03:12C'est le Graal.
03:13C'est-à-dire que tous les meilleurs bodybuilders du monde
03:15s'affrontent sur une même scène.
03:16On doit déterminer qui est le boss.
03:19Est-ce que la France l'a déjà gagné ?
03:21Bientôt.
03:22Il y aura un futur Mister Olympia devant vous.
03:23Je rigole, mais je le pense quand même.
03:25Pour être en couple, il faut remplir beaucoup de conditions.
03:29D'abord, quelqu'un d'ambition, à ma petite échelle,
03:30c'est quelqu'un de très déséquilibré,
03:32qui n'a pas beaucoup de temps,
03:32qui passe la majeure de son temps à être obsédé par l'objectif
03:38et l'accomplissement personnel qui est le sien.
03:40Être en couple, c'est prendre le risque
03:41d'avoir des perturbations émotionnelles extérieures.
03:44Et ce n'est pas évident de partager la vie d'un athlète
03:47qui fait du bodybuilding.
03:48Ou soit, on le fait tout seul.
03:50Je pense que la solitude, c'est un allié puissant
03:53parce qu'apprendre à être seul,
03:55c'est apprendre à s'aimer, à faire des choses seul.
03:57C'est gagner en maturité sociale et émotionnelle.
04:00Honnêtement, si je devais parler de la solitude,
04:02je dirais qu'au début, elle m'a beaucoup pesé.
04:04Être seul, c'est avoir la possibilité d'être égoïste.
04:08C'est péjoratif qu'on le dit,
04:10mais être égoïste, c'est simplement prendre du temps pour soi.
04:13Parce que les partiels du temps qu'on donne à tout le monde,
04:15c'est un fragment de notre vie qu'on ne va jamais récupérer.
04:18Moi, je me dis aujourd'hui,
04:19j'ai un énorme besoin d'accomplissement personnel.
04:22Donc, je vais le faire tout seul.
04:25La ténacité, je pense que c'est la première qualité d'un bodybuilder.
04:28Quand on doit manger 50 grammes de riz cuit,
04:30vous savez ce que ça fait 50 grammes de riz cuit ?
04:31C'est une cuillère à soupe avec des légumes pendant trois mois.
04:35Je ne pense pas qu'il y ait beaucoup de personnes qui puissent le faire.
04:37Au-delà du physique, il y a une certaine noblesse, je dirais,
04:41dans la pratique, parce que quelqu'un qui se donne à fond pour une passion,
04:45c'est quelqu'un à qui on peut faire confiance, je dirais.
04:48Il y a quelques dangers quand on est pratiquant du bodybuilding.
04:52Par exemple, descendre à 2% de bodyfat,
04:54c'est-à-dire perdre énormément de masse graisseuse
04:57jusqu'à ce qu'il ne reste plus du muscle vitalement qui vous colle à la peau.
05:01J'ai rendu l'épreuve encore plus dangereuse
05:03parce que pendant ma dernière préparation,
05:05les 7 heures de cardio que je faisais
05:07en sur-stimulant mon système nerveux centrale sympathique,
05:09ne m'a pas laissé dans un état très glorieux après.
05:12J'étais clairement HS à tous les niveaux.
05:15J'étais tellement fatigué que même sortir de chez moi, c'était compliqué.
05:18Je vais voir un médecin qui me suit
05:19et on fait une prise de sang pour savoir ce qu'il se passe dans mon corps.
05:22Et là, on voit que c'est dérèglement hormonal à tous les niveaux,
05:25même sur le système nerveux.
05:26Je ne prends plus de dopamine, plus de sérotomine.
05:28En gros, je suis dépressif.
05:29Rien ne va.
05:30La seule solution, c'est que tu as trop de mandats à ton corps,
05:33laisse-lui le temps de reposer.
05:34Il n'y a pas d'autre solution.
05:35Alors, le rapport que j'ai avec la mort, c'est une bonne question
05:37parce que je le vis un peu depuis quelques années.
05:40Quand j'ai perdu mon grand-père, qui représente mon père pour moi,
05:43j'ai fait une forme de déni.
05:45Je me suis enfermé dans un aéroport temporel
05:47pour me protéger de ça.
05:50Je ne l'ai pas fait consciemment.
05:51Et mon grand-père, c'était un petit filou.
05:53Mais qu'est-ce qu'il était gentil, un vrai gentleman.
05:56Et il disait toujours une chose, qu'il faut profiter de la vie
05:59parce qu'elle n'est pas éternelle
06:01et qu'il faut aimer les choses qui nous font vibrer.
06:04Parce qu'il était diabétique
06:06et il fallait contrôler son apport de sodium.
06:07À chaque fois que ma mère lui mettait à manger,
06:09il mettait du sel en bousse.
06:11Donc, je lui disais, pourquoi tu fais ça ?
06:13Il me dit, c'est mon petit plaisir,
06:15que je le fasse ou pas, demain, je ne serai plus là.
06:17Et cette phrase m'a beaucoup marqué, surtout quand il est parti.
06:20Et je me suis dit, bon, mais oui, en fait, finalement,
06:23même moi, demain, je ne serai plus là.
06:25Il faut profiter de ce que nous offre la vie
06:26et c'est justement pour ça que je chéris beaucoup ma passion.
06:29Parce que justement, elle me donne ce sentiment
06:33de vivre, de me sentir vraiment vivant.
06:35C'est incroyable de pouvoir faire ce que je fais pour moi.
06:40La passion, c'est une maîtresse exigeante.
06:42Elle vous demandera tout.
06:43Et pour réussir, il faudra tout lui donner.
06:45Elle vous fera connaître la déception, l'échec, la dépression, la tristesse.
06:49Et parfois même, elle vous fera perdre beaucoup de proches.
06:51Mais si on s'accroche, on a tous des objectifs différents.
06:55Au final, elle sait se montrer juste
06:58quand vous avez travaillé avec amour.

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