• il y a 6 mois
Qu’elle soit profonde ou de surface, la géothermie est une énergie propre et abondante : 85 % du territoire français présente un potentiel géothermique. SMART IMPACT fait le point : comment est utilisée la géothermie aujourd’hui, notamment dans les réseaux de chaleur ? Y a-t-il des freins à son développement ? La France est-elle en avance ou en retard ? Laure Lepin, responsable du pôle géothermie d’Equans France, échange avec Norbert Bommensatt, chargé de mission géothermie à l’Ademe.

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Transcription
00:00C'est le débat de Smart Impact avec Laure Lepin, bonjour.
00:09Bonjour.
00:10Bienvenue, vous êtes responsable du pôle géothermie chez Equance France.
00:13Norbert Baumensad, bonjour.
00:15Bonjour.
00:16Bienvenue à vous aussi, vous êtes chargé de mission géothermie à l'ADEME.
00:19Un peu de pédagogie pour commencer, je suis sûr que beaucoup d'entre vous savent ce qu'est la géothermie,
00:24mais comment ça fonctionne ? Redites-nous, Laure Lepin.
00:27Alors, le principe de la géothermie, c'est de valoriser la chaleur de la Terre.
00:31En fait, on a des calories dans le sous-sol, une température qui augmente plus on s'approche du noyau,
00:38et on va pouvoir les valoriser pour en faire de l'énergie.
00:42Donc, on a plusieurs types de géothermie, de la géothermie de surface,
00:45qui consiste à valoriser cette chaleur à faible profondeur, on parle de quelques centaines de mètres,
00:50ou de la géothermie profonde, qui là va aller beaucoup plus en profondeur
00:54et prélever des températures plus élevées pour alimenter des réseaux de chaleur,
00:59pour faire de l'électricité ou de la chaleur haute température.
01:01Oui, Norbert Bohmensad, qui dit géothermie profonde,
01:04dit forcément, j'imagine, budget plus important, infrastructures beaucoup plus importantes, ou pas ?
01:09Oui, alors effectivement, aller plus profond coûte plus cher.
01:13Les opérations de géothermie profonde sont généralement réservées
01:16pour alimenter des réseaux de chaleur ou des gros industriels.
01:19On est sur des budgets d'investissement entre 10 et 20 millions d'euros,
01:23mais derrière, sur les 30 années d'exploitation, c'est largement rentabilisé.
01:28Quelques chiffres à propos de la géothermie.
01:30Plus de 85% du territoire français qui présente un potentiel en surface ou géothermie profonde.
01:38La France, premier pays européen en nombre de réseaux de chaleur géothermisé.
01:43Si on se concentre un petit peu plus sur la géothermie de surface, alors Le Pain, quels sont ses avantages ?
01:49Alors, la géothermie de surface, l'avantage, c'est que c'est une source d'énergie qui est locale,
01:54qui est décarbonée et qui permet de s'émanciper des volatilités de prix du gaz.
01:59Donc, on va pouvoir avoir une forte performance et une réduction de ses consommations énergétiques.
02:06Généralement, on divise par 4 ses consommations énergétiques
02:09et on va diviser par 7 ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à une solution typique de gaz.
02:15Sachant qu'aujourd'hui, la production de chaleur est majoritairement carbonée.
02:19On est principalement approvisionné par du gaz ou du fioul.
02:23On se rend bien compte qu'il faut changer ce mode de consommation et la géothermie est une solution.
02:28Quand on dit géothermie de surface, il y a un niveau minimum ?
02:34C'est-à-dire qu'il faut descendre jusqu'à quelques centaines de mètres, dizaines de mètres, ça peut commencer à fonctionner ?
02:40En fait, à partir d'une dizaine de mètres, on va avoir une stabilité de la température du sous-sol.
02:46Pour avoir une installation efficace dans le domaine, par exemple, tertiaire, on va plutôt aller...
02:52Par exemple, je vous dis n'importe quoi parce que je n'ai pas de maison,
02:55mais j'achète une maison, je veux installer une pompe à chaleur, géothermie, il va falloir que je creuse jusqu'à combien ?
03:01100 mètres avec une sonde géothermique, ça permettra d'atteindre une température autour de 13 degrés.
03:07La pompe à chaleur, on va pouvoir générer du chauffage, de la climatisation ou même du rafraîchissement passif.
03:13Ah oui, alors ça, c'est ce qu'on ne sait pas forcément. On peut climatiser avec une pompe à chaleur.
03:18C'est un peu antinomique quand on prononce cette phrase, mais ça fonctionne dans les deux sens.
03:22Exactement, on a une pompe à chaleur réversible, donc à partir des calories ou des frigories prélevées,
03:28donc on est à 13 degrés, on va pouvoir soit augmenter cette température, soit la diminuer et la distribuer dans le bâtiment.
03:34On la démultiplie en quelque sorte.
03:36Exactement.
03:37D'accord, bien compris. Je voudrais évoquer ce qu'est le fond chaleur.
03:40Le fond chaleur, avec des chiffres 2009-2023, plus de 1000 projets accompagnés, 58 en géothermie profonde,
03:47plus de 500 en géothermie sur sonde, vous allez peut-être nous expliquer ce que c'est,
03:51100 sur les eaux de mer, lacs ou eaux usées et 300 en géothermie sur aquifère.
03:55Il y a plein d'infos et je suis sûr qu'il y a pas mal de nos téléspectateurs qui se disent « Oh là là, de quoi on parle ? »
03:59Tiens, par exemple, je continue ma pédagogie, géothermie sur sonde, c'est quoi ça ?
04:03Alors la géothermie sur sonde, la sonde, c'est en fait un échangeur souterrain,
04:08donc on va forer sur une centaine de mètres et schématiquement on va mettre un tube en U dedans
04:13et on va cimenter tout ça et on va faire circuler le fluide dans cet échangeur
04:18et on va récupérer la chaleur du sous-sol.
04:21Contrairement à la géothermie sur aquifère où là on fait des forages pour aller pomper l'eau directement.
04:26Donc c'est simplement la méthode pour aller recueillir l'énergie du sous-sol.
04:30Une aquifère, c'est une nappe phréatique ?
04:32Une nappe d'eau, oui, c'est la même chose.
04:35Qu'est-ce qu'on installe le plus aujourd'hui ?
04:37Aujourd'hui, la technologie sur sonde est plus fortement développée
04:42parce que c'est celle qui s'adapte le plus facilement dans les différents contextes géologiques que la France peut connaître.
04:49Après, il y a des zones, en fonction des zones géographiques, ça peut être très différent.
04:54On a des endroits où on a un sous-sol avec des nappes d'eau à une vingtaine, trentaine de mètres
05:00qui sont tout à fait intéressantes à exploiter.
05:03En fonction de la nature du sous-sol, on va choisir l'une ou l'autre des technologies.
05:09Et ce fonds chaleur, il s'adresse à qui ? Qui peut en bénéficier ?
05:12Le fonds chaleur s'adresse aux professionnels, pour les résidentiels, les particuliers.
05:20Ça sera les aides via les impôts.
05:25On a des réductions d'impôts.
05:27Voilà, c'est ça.
05:28Et pour les professionnels, tout ce qui est développement de projets pour des collectivités tertiaires, ça sera du fonds chaleur.
05:35D'accord.
05:36Laurent Lepin, il y a une question qu'on doit vous poser à chaque fois, que chaque client vous pose.
05:39C'est rentable en combien de temps ?
05:40Alors évidemment, ça dépend de l'installation.
05:42Vous ne pouvez pas faire de réponse générale, j'imagine.
05:44Mais ça peut être rapidement rentabilisé ?
05:46Le retour sur investissement moyen qu'on a en France, c'est entre 10 et 15 ans.
05:50Sachant qu'effectivement, il y a les subventions du fonds ADEME qui permettent d'atteindre ces résultats.
05:56Après, ce qui est intéressant de voir, c'est quand on se positionne dans une démarche de coût global.
06:02Les structures du sous-sol, notamment avec les sondes, elles ont des durées de vie très longues.
06:06C'est-à-dire que ça ne va pas bouger pendant plus de 50 ans.
06:10Donc, même si au bout de 10 ans, on est rentable, on ne va pas avoir à changer son installation.
06:14À réinvestir et à changer l'installation.
06:16Sur la partie sous-sol.
06:17Et les collectivités locales, quel rôle jouent-elles ?
06:21Parce que je disais, on a vu le chiffre tout à l'heure, 85% du territoire français.
06:25Donc, potentiellement, il y a quand même beaucoup de communes qui pourraient se sentir concernées.
06:29Quel rôle jouent-elles ?
06:30Alors, ce sont des promoteurs de la solution.
06:33Et on voit en ce moment, effectivement, des démarches beaucoup plus proactives de leur part.
06:37C'est-à-dire qu'elles peuvent initier le fait de mettre en œuvre de la géothermie ou des boucles géothermales.
06:43C'est-à-dire une solution commune à un ensemble de bâtiments.
06:47Et donc, elles préconisent cette solution quand celle-ci est adaptée à leur bâtiment.
06:52Ça peut paraître de créer des emplois locaux.
06:54C'est un secteur créateur d'emplois ?
06:56Alors, c'est un secteur qui est effectivement très local.
07:00On a notamment des fourreurs disséminés partout en France.
07:04Donc, c'est une animation du réseau local d'entreprises.
07:08On parlait de souveraineté économique.
07:10Voilà, une source d'énergie locale et stable.
07:14Si on essaie de s'intéresser aux freins du développement de la géothermie en France,
07:20Normaire Bebensat, quel est celui qui vous vient comme ça, spontanément ?
07:24J'aurais tendance à parler de méconnaissance de la technologie.
07:28La géothermie existe depuis de nombreuses années.
07:31Et effectivement, c'est encore un peu méconnu.
07:35Toute la filière se structure pour répondre aux enjeux énergétiques à venir.
07:41Et bien évidemment, on a des opérateurs qui commencent à proposer cette solution de manière plus naturelle.
07:49On a des solutions clés en main qui apparaissent.
07:52On aura des modèles de leasing qui vont apparaître également.
07:55Parce qu'effectivement, il y a les coûts d'investissement qui peuvent être un frein.
07:58Ça peut être un frein financier.
08:00Mais du coup, les industriels et les entreprises du domaine
08:04essayent d'innover pour faciliter le développement de la technologie.
08:08Est-ce qu'il y a des freins techniques ?
08:10On dit que 85% du territoire, c'est beaucoup.
08:12Mais il y a peut-être des zones où c'est plus compliqué à mettre en œuvre que d'autres.
08:16Et donc, l'investissement est plus cher.
08:18Oui. Alors, il y a eu des simplifications réglementaires.
08:21On peut trouver des cartes qui présentent les zones où on peut facilement faire de la géothermie.
08:27Et les zones où c'est compliqué ou interdit de faire de la géothermie.
08:34Donc ça, c'est quelque chose de très facile.
08:36On essaye de vulgariser un peu ces connaissances-là.
08:39Et aujourd'hui, effectivement, on peut développer des projets sur quasi tout le territoire.
08:44Vous avez dit interdit. Il y a des zones où c'est interdit. Pour quelles raisons ?
08:47Alors, ça ne sera pas interdit.
08:49Ça sera soumis à des autorisations réglementaires, des dossiers beaucoup plus complexes.
08:55Un particulier ne pourra pas faire.
08:58Donc, pour un particulier, ça ne sera pas possible.
09:00Pour un projet industriel, ça sera tout à fait envisageable.
09:03C'est effectivement une source d'énergie qui existe depuis longtemps, une technologie quand même avancée.
09:08Est-ce qu'on innove ensemble encore ?
09:10Est-ce qu'il y a des projets récents qui prouvent que l'innovation est encore à l'œuvre ?
09:16Alors, effectivement, il y a des innovations puisqu'on est dans une filière, comme ça a été dit,
09:21qui est assez morcelée mais qui est en train de s'organiser.
09:24Donc, on voit des nouvelles démarches.
09:26Et chez Equance, par exemple, on est en train de dupliquer une solution qui existe fortement aux Pays-Bas,
09:33qui s'appelle l'ATES, Aquifers Thermal Energy Storage, donc stockage d'énergie en aquifère,
09:39où l'intérêt est de valoriser encore plus la ressource,
09:42puisque quand on va prélever de l'eau dans un puits, on va prélever de la chaleur pour faire du chauffage.
09:49Ce qui veut dire qu'on va rafraîchir cette ressource.
09:52On va pouvoir créer une zone froide dans le sous-sol si l'aquifère est favorable.
09:56Cette zone froide, l'objectif, c'est de pouvoir la valoriser l'été suivant quand on aura besoin de fraîcheur.
10:02On va faire descendre une température en générant du froid, on revalorise l'été,
10:06et en revalorisant ce froid, on va créer du chaud qui sera revalorisé l'hiver suivant, etc.
10:11Donc ça, c'est une technologie qui, aux Pays-Bas, est extrêmement dépliquée.
10:15On a 700 installations chez Coense qui ont été réalisées.
10:19Et on cherche à l'amener aux Pays-Bas, et on cherche à l'amener en France.
10:23D'accord. Est-ce qu'il y a une... On parle souvent de guerre de l'eau dans l'environnement de Sate.
10:27Et là, on est en train beaucoup de parler de ces nappes phréatiques qui peuvent être une source de géothermie.
10:33Voilà, c'est des nappes phréatiques qui sont sollicitées par les agriculteurs l'été, etc.
10:39Comment ça fonctionne ? Est-ce que l'eau qui est pompée pour la géothermie, elle revient à la nappe phréatique ?
10:44Oui, alors on fonctionne toujours en principe de double aide.
10:48Donc on a deux puits. Un puits dans lequel on va pomper l'eau, on va récupérer l'énergie,
10:52et on va réinjecter cette eau dans un second puits.
10:55Donc il n'y a aucun prélèvement d'eau pour une installation de géothermie.
11:00Oui, donc la nappe phréatique reste à son niveau.
11:05Tiens, d'ailleurs, vous avez parlé de Pays-Bas. La France est assez en retard par rapport aux Pays-Bas.
11:08C'est un peu l'exemple à suivre ?
11:10Alors, je pense qu'on a des belles choses à apprendre des Pays-Bas.
11:15La France est en retard sur le développement de la géothermie de surface.
11:19Sur la géothermie profonde, on est plutôt en avance.
11:22Oui, c'est ce qu'on voyait tout à l'heure.
11:23Donc voilà, je pense qu'il faut qu'on partage énormément avec nos pays,
11:28nos voisins européens, pour apprendre des forces des uns et des autres.
11:32Merci beaucoup. Merci à tous les deux et à bientôt sur Bismarck.
11:36C'est l'heure de mettre une start-up en pleine lumière.
11:39On parle d'alternatives aux emballages jetables.

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