• il y a 6 mois
À quelques heures du premier match de l'équipe de France de football à l'Euro, Sébastien Chenu, député sortant du Nord et vice-président du Rassemblement National, répond aux joueurs qui ont pris position lors des législatives anticipées.

Retrouvez les entretiens de 7h50 sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-7h50

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Transcription
00:00Il est 7h48, Sonia De Villers, votre invitée ce matin, est vice-président du Rassemblement National.
00:07Et je précise qu'avant la dissolution, il était député RN du Nord et vice-président de l'Assemblée Nationale
00:13et qu'il se représente dans sa circonscription le 30 juin prochain.
00:16Bonjour Sébastien Cheny.
00:18Bonjour madame.
00:19Voilà, je m'excuse, j'ai la voix un peu éraillée.
00:21Des manifestations contre votre arrivée au pouvoir se sont déroulées dans plusieurs grandes villes de France
00:26samedi après-midi et à nouveau hier à Lyon, à Caen, à Saint-Brieuc.
00:29Est-ce que certains Français ont raison d'avoir peur ?
00:33Non, je ne crois pas qu'il y a de peur à avoir.
00:35Je crois que ceci est largement d'ailleurs entretenu par des gens qui veulent que rien ne change.
00:39Parce que la réalité, c'est que beaucoup des artisans, des organisateurs de ces manifestations
00:44le font à leur propre bénéfice.
00:46Ils souhaitent que rien ne change, nous, nous souhaitons changer les choses.
00:49Mais dans ces manifestations, et si vous le permettez,
00:52moi ce que je veux noter, c'est que même si elles se sont bien passées dans leur ensemble
00:56et il faut s'en féliciter,
00:57il y a quand même eu des propos que je trouve inadmissibles
00:59envers, comme c'était écrit sur certaines pancartes, les flics,
01:03envers les électeurs du Rassemblement National.
01:06Je notais ça notamment dans les Gay Pride,
01:08il y avait des manifestants qui culpabilisaient
01:11des gays qui pourraient voter Rassemblement National, alors que
01:13évidemment nous sommes attachés aux droits, notamment au mariage pour tous.
01:17Moi j'ai milité en faveur de cela, donc il n'y a pas de raison d'avoir peur
01:21ni de raison d'agiter de fausse peur.
01:24Quand, contre une éventuelle élection de Nicolas Sarkozy,
01:28une éventuelle élection de François Hollande, d'Emmanuel Macron,
01:30les français ne descendent pas dans la rue.
01:32Quand Jean-Marie Le Pen peut devenir président,
01:34quand Jordan Bardella peut devenir Premier Ministre,
01:36les français descendent dans la rue.
01:38Est-ce que ça dit que le RN n'est toujours pas perçu comme un parti, comme les autres ?
01:42Non, vous savez, il suffit d'écouter Serge Klarsfeld,
01:45ces jours-ci, Serge Klarsfeld qui est une grande voix, j'allais dire morale,
01:48probablement, dans notre pays,
01:50qui n'est pas un homme proche du Rassemblement National,
01:52c'est le moins qu'on puisse dire, et qui a dit,
01:54moi, ce qui m'angoisse, la peur que j'aurais,
01:56ce serait de l'arrivée de Jean-Luc Mélenchon et de la NUPES.
01:59Donc, il a dit, entre Mélenchon, la NUPES, le Front Populaire et le RN,
02:04je voterai, dans un second tour, Rassemblement National.
02:07On va prendre ces propos très précisément, Sébastien,
02:09j'ai lu ceux de Serge Klarsfeld.
02:11Il a dit, entre un parti antisémite,
02:13et donc il qualifiait, justement, certains partis d'extrême-gauche
02:17et un parti pro-juif, je voterai pour un parti pro-juif.
02:21Le Rassemblement National est un parti pro-juif ?
02:24En tous les cas, il est à l'inverse d'un parti antisémite.
02:26Moi, je ne suis pas pro- ou anti-religion,
02:28c'est-à-dire, je ne suis pas pour des gens qui ont une religion,
02:31moi, je suis un laïc, et je respecte aussi bien ceux qui croient,
02:34quelles que soient leurs croyances, que ceux qui ne croient pas.
02:36Mais alors, comment vous expliquez ?
02:37En tous les cas, on n'est pas antisémite, et c'est vrai que ça s'est vu
02:39par rapport au dérapage multiples et varié
02:42de la France Insoumise, de ses leaders,
02:44qui, demain, pourraient être ministres.
02:45Mais comment vous expliquez alors que toutes les institutions juives de France,
02:49le CRIF par exemple, le Grand Rabbin de France,
02:52où les libéraux tiennent des discours extrêmement fermes
02:55et sans aucune ambiguïté, contre vous ?
02:57Mais parce qu'il y a ce que j'appelle une sorte de système
03:00qui cherche à conserver ses prébandes, et qui est bien dans l'entre-soi.
03:04Vous savez, il suffit de regarder, c'est pareil pour les syndicats.
03:07À la tête des syndicats, vous avez des gens politisés,
03:10c'est pareil pour le CRIF, extrêmement hostiles,
03:11et puis vous descendez dans les strates d'organisation,
03:14jusqu'aux syndiqués ou jusqu'aux adhérents du CRIF.
03:16Nous avons d'ailleurs des candidats, en tous les cas, j'en ai un en tête,
03:19mais je ne le citerai pas, puisqu'on ne doit pas pouvoir citer
03:21les candidats dans les circonscriptions,
03:23qui est dans des instances du CRIF ou qui est adhérent du CRIF.
03:26Donc, vous voyez, quand on descend, c'est pareil pour les syndicats,
03:29dans les strates, dans la base, chez les adhérents,
03:31vous avez beaucoup de gens qui partagent nos idées.
03:33Ce soir, premier match de l'équipe de France à l'Euro de football face à l'Autriche.
03:37Marcus Thuram a appelé samedi à se battre contre le RN pour qu'il ne passe pas.
03:42Hier, Kylian Mbappé, star mondial, vous le savez,
03:45affirme se ranger derrière l'avis de son coéquipier,
03:47et il ajoute ne pas vouloir porter le maillot le 7 juillet,
03:51un maillot qui ne correspondrait pas à ses valeurs.
03:53Ce sont des mots très forts. Que lui répondez-vous, Sébastien ?
03:56Justement, quand on a la chance, l'honneur de porter le maillot de l'équipe de France,
04:01on a un peu de retenue.
04:02Beaucoup de nos électeurs supportent l'équipe de France,
04:05c'est le moins qu'on puisse dire, et ils aiment bien Mbappé.
04:08Moi, j'aime bien Mbappé en tant que joueur,
04:09mais je n'attends pas de lui qu'il me fasse la leçon politique.
04:13Il a le droit d'avoir un avis, et ça ne me choque pas qu'il s'exprime.
04:16Il se dit citoyen autant que joueur de football.
04:18Voilà, c'est pour ça que je dis qu'il a tout à fait le droit d'avoir un avis,
04:20et ça ne me gêne pas, au demeurant, qu'il s'exprime.
04:23Mais je n'attends pas que des gens que j'estime être assez déconnectés des réalités,
04:28viennent, comme Yannick Noah, j'entendais,
04:30qui à chaque élection la ramène pour nous dire que peut-être il déménagera,
04:34c'était son grand truc, mais il a signé une tribune, c'est possible.
04:39Il est signé par de très nombreux sportifs.
04:40Donc si vous voulez, moi je n'attends pas que des gens fassent la leçon aux Français.
04:42Les Français sont des gens adultes, ils l'ont montré,
04:45ils font des choix politiques éclairés, ils choisissent,
04:48ils n'ont pas besoin que certaines personnes qui sont,
04:52tout à l'heure je parlais du système, ou très éloignées en tous les cas,
04:55de leurs soucis du quotidien, viennent leur dire comment voter.
04:58Les Français voteront exactement comme ils le souhaiteront, avec liberté.
05:02Mais ça veut dire que si vous êtes élu Sébastien Chenu,
05:04il se passe quoi pour qu'il y ait un Mbappé ?
05:06Il peut rester en équipe de France, il peut continuer à parler,
05:09elle est étrange votre question,
05:11Kylian Mbappé est probablement l'un de nos plus grands joueurs,
05:14on est très fiers qu'il soit dans l'équipe de France,
05:16on a envie de le voir continuer, et nous faire gagner surtout.
05:19Jordan Barnella sur France 3 ce week-end a placé l'immigration dans les mesures d'urgence.
05:24Il va y avoir des mesures qui vont s'étaler sur les semaines, les mois qui viennent,
05:27mais il va y avoir des mesures d'urgence, l'immigration en fait partie.
05:30Il dit procéder à la suppression du droit du sol dans les semaines,
05:34de son arrivée au pouvoir.
05:36Pourquoi promettre aux Français des choses que vous ne pouvez pas accomplir,
05:40faire fi du Sénat par exemple, où vous n'avez pas la majorité, loin de là,
05:43faire fi du Conseil constitutionnel ?
05:45Non madame, je crois que nous pouvons probablement le faire,
05:47d'ailleurs le gouvernement a commencé avec Mayotte, voyez-vous,
05:50c'est le gouvernement Attal qui a commencé par la suppression du droit du sol à Mayotte,
05:55qui a enclenché cette démarche avec les mêmes rapports de force,
06:00c'est-à-dire un Sénat qui ne lui est pas favorable,
06:02et donc nous, nous considérons qu'au Sénat, nous pouvons avoir une majorité sur cette question,
06:06il est possible de dégager une majorité,
06:08et nous considérons que nous allons aller au-delà de Mayotte,
06:12nous pensons que la suppression du droit du sol,
06:14elle ne doit pas être réservée qu'à Mayotte,
06:16mais également à l'ensemble de notre pays.
06:18L'un de vos candidats, l'avocat Pierre Gentillet,
06:20affirme ce week-end sur un plateau que le politique est revenu au-dessus du juridique.
06:25Si demain, je le cite, nous voulons nous affranchir de certains traités,
06:28à condition bien sûr de mettre le Conseil constitutionnel au pas,
06:31nous pourrons tout faire.
06:33Comment vous comptez mettre le Conseil constitutionnel au pas, concrètement ?
06:36Non, nous travaillons dans un état de droit,
06:38mais on peut se poser la question,
06:40elle a déjà été soulevée d'ailleurs, pas uniquement par nous,
06:42je crois que le bloc de gauche l'a soulevée aussi,
06:44de la composition du mode de désignation du Conseil constitutionnel,
06:47qui est très politisé, qui héberge des anciens ministres,
06:50des anciens premiers ministres,
06:52on pourrait avoir des techniciens du droit
06:54qui soient peut-être autre chose parfois que des militants politiques,
06:56mais je pense qu'il y a des pays qui nous ont montré
06:59qu'on pouvait, à un moment, s'affranchir de traités
07:02pour pouvoir mener des politiques au bénéfice des siens,
07:05au bénéfice de ses compatriotes, et ils sont restés pourtant
07:07dans l'Union européenne des pays du Nord.
07:09Donc vous voyez, il y a des marges de manœuvre qui existent,
07:12il ne faut pas faire croire aux gens que tout va s'écrouler
07:14ou que rien n'est possible,
07:16il y a beaucoup de possibilités qui existent,
07:18notamment quand le politique reprend la main,
07:20quand c'est le politique qui décide, qui assume
07:22et qui fait preuve de courage,
07:24et je pense que c'est exactement ce que les Français attendent.
07:26Bon, après il y a des moments où il faut être un peu concret quand même,
07:28s'il y a des révisions constitutionnelles auxquelles il faut procéder,
07:31on ne peut pas les faire en un claquement de doigts.
07:33Bien sûr, et on aura besoin, effectivement, d'avoir tous les leviers,
07:36et tous les leviers, on ne les a pas dans une cohabitation, évidemment.
07:38Jordan Bardella, toujours sur France 3 ce week-end,
07:41promet d'accélérer les OQTF, les obligations de quitter le territoire,
07:44elles sont mises en oeuvre par les préfets.
07:46Si vous arrivez au pouvoir, envisagez-vous de changer les préfets ?
07:49J'allais dire les préfets, vous savez,
07:52on pioche dans le corps des hauts fonctionnaires de notre pays,
07:55des hommes et des femmes qui ont fait le choix de se dévouer
07:58à la gestion de l'administration de notre pays.
08:01Et les mouvements de préfets, il y en a toutes les semaines.
08:03Donc il y en aura autant qu'il y en a actuellement.
08:05Il ne s'agit pas d'avoir des préfets politiques.
08:07La haute fonction publique doit, au contraire, je crois,
08:10retrouver ou conserver une certaine forme de neutralité
08:12qui, parfois, peut lui échapper.
08:14Vous avez lu l'interview de Nicolas Sarkozy hier, dans le JDD ?
08:16Je l'ai lu en diagonale.
08:18Il reconnaît que Jordan Bardella parle bien, mais,
08:20je cite l'ancien président de la République,
08:22Jordan Bardella n'a jamais été en situation de gérer quoi que ce soit.
08:24Il a moins de 30 ans, il n'y est pour rien.
08:26Mais c'est un fait.
08:28Peut-on conduire la France quand on est si jeune et sans expérience ?
08:31Chaque Français doit considérer cette réalité.
08:34Si un parti adverse, Sébastien Chenu,
08:37remportait ce scrutin et qu'il propulsait un Premier ministre
08:39qui n'a que 28 ans, qui n'a jamais travaillé,
08:41qui n'a seulement effectué qu'un seul mandat d'eurodéputé,
08:44marqué par son absentéisme et son manque de participation,
08:47est-ce que vous lui confieriez le pays ?
08:50En tous les cas, je confie le pays aux gens qui défendent des idées.
08:53Je ne fais pas le procès ni en âge, ni en compétence,
08:56à mes adversaires, ça ne me viendrait pas à l'idée
08:58de faire un procès en compétence à François Ruffin,
09:00qui a été député comme Jordan Bardella,
09:02ou à Madame Autain, mais en revanche,
09:04je leur fais un procès sur les idées qu'ils défendent,
09:06qui sont effrayantes, que ce soit sur le coût
09:08du programme qui est le leur, jusqu'à 300 milliards.
09:10C'est Jean-Yves Le Drian d'ailleurs,
09:12qui dit ce matin dans une tribune,
09:14qu'il parle à ses amis sociaux-démocrates,
09:16comment peut-on suivre des gens pareils ?
09:18C'est sur les idées qu'il faut se déterminer !

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