• il y a 6 mois
ABONNEZ-VOUS pour plus de vidéos : bit.ly/radioE1
Dans la deuxième heure de son émission consacrée à la culture, Thomas Isle reçoit chaque jour un invité.
Retrouvez "Le portrait sonore de l’invité" sur : http://www.europe1.fr/emissions/l-invite-culture
LE DIRECT : http://www.europe1.fr/direct-video

Nos nouveautés : http://bit.ly/1pij4sV

Retrouvez-nous sur :
| Notre site : http://www.europe1.fr
| Facebook : https://www.facebook.com/Europe1
| Twitter : https://twitter.com/europe1
| Google + : https://plus.google.com/+Europe1/posts
| Pinterest : http://www.pinterest.com/europe1/

Category

🗞
News
Transcription
00:00On repart 9h30, 11h, avec Thomas Hill.
00:02J'ai trouvé ça beau, mon amour,
00:06quand le temps s'est arrêté autour.
00:10Que la nuit d'hiver insolente
00:13rabie les passants et les passantes.
00:17Benjamin Biollet qui chantait de la beauté là où il n'y en a plus.
00:21Eh bien c'est ce qu'on va chercher ce matin,
00:23dans une époque où on peut être tenté de tout repeindre en noir.
00:25Notre invité publie La Splendeur du Monde,
00:28un plaidoyer pour que l'on réapprenne à voir le beau autour de nous.
00:32Bonjour Laurence de Villers.
00:33Bonjour Thomas Hill.
00:34Merci beaucoup d'être avec nous ce matin.
00:36Je ne sais pas si c'est parce que vous êtes philosophe,
00:37mais vous la voyez vraiment, la beauté du monde en ce moment,
00:40parce que ça devient compliqué pour beaucoup d'entre nous.
00:42Je vois aussi où elle n'est pas.
00:43Et je pense que c'est important d'avoir à la fois les yeux sur ce qui peut être moche
00:49et sur ce qui reste de beau.
00:51Et je pense qu'on a perdu beaucoup d'espérance et de croyance,
00:58peut-être beaucoup de combats aussi.
01:00Mais je crois qu'on n'a pas perdu encore la beauté
01:02et que c'est peut-être l'universel le plus facile d'accès
01:06qui nous resterait pour éviter de nous diviser,
01:09mais pour être d'accord.
01:11Et La Splendeur du Monde, elle nous échappe souvent par manque de temps,
01:14par manque d'attention, par fatigue aussi.
01:17Et donc vous nous invitez à repenser notre rapport à la beauté du monde
01:20au fil de 30 expériences esthétiques que vous avez vécues vous-même
01:25et qui sont restées en vous, c'est ça ?
01:27Oui, en fait je me suis rendu compte que ce que j'étais,
01:31si on me demandait, et ça c'est un beau sujet de philosophie,
01:35qui es-tu ? J'aurais du mal à répondre.
01:38Parce qu'au moment où je le dirais,
01:40j'ai l'impression que ça ne correspondrait pas exactement à moi.
01:42En revanche, et je m'en suis rendu compte en écrivant ce livre,
01:45il y a des choses que j'ai vues, je suis ce que j'ai vu.
01:48Il y a des choses que j'ai vues et qui m'ont façonné à tout jamais
01:51et je pense même que je suis aussi ce que je n'ai pas encore vu.
01:54Et je crois que voir constitue une identité profonde.
01:58Et justement, vous commencez votre livre avec une de ces expériences esthétiques
02:01qui a le plus compté pour vous.
02:03Elle est toute simple, mais très jolie, c'est celle d'un vieil homme
02:07appuyé au bastingage dans un fjord d'Oslo.
02:10Qu'est-ce qui vous a marqué particulièrement dans cette image ?
02:13Alors, vous avez raison de dire que c'est tout simple.
02:16Si je suis un philosophe voyageur, je peux aussi voyager à côté de chez moi.
02:21Mais là, ça fait partie de ces trois, quatre secousses esthétiques
02:27qui justement ont fait celle que je suis.
02:30On arrivait à Oslo, donc Oslo est au fond du fjord
02:34et je regardais le paysage, je regardais, je voyais pas vraiment, je regardais.
02:39J'avais une attention un peu flottante.
02:41Et puis il y avait un vieil homme appuyé au bastingage à côté de moi
02:45et lui, vraiment, lui, il voyait.
02:47Et j'avais l'impression qu'il y avait une télavidité dans ses yeux.
02:51C'est-à-dire que j'avais l'impression qu'il voulait voir et voir encore
02:55et peut-être une des dernières fois, et j'ai trouvé que c'était très beau
02:59parce que, alors je ne veux pas apporter des mots qui ne sont pas drôles,
03:03mais quand même, un jour on ne verra plus tout ça.
03:06Et parce qu'on ne sera plus là, il y aura toujours le fjord d'Oslo
03:09ou peut-être même, parce que de nos jours on le sait,
03:11peut-être même que ce fjord qui est encore inentamé, non pollué, va être abîmé.
03:16Et ce vieil homme, il contenait tout ça.
03:19Cette splendeur du monde, majestueuse et fragile.
03:23Et j'ai eu l'impression, alors moi je n'ai vu que lui,
03:26je n'ai rien vu de l'arrivée à Oslo, je n'ai vu que lui,
03:29et j'ai eu l'impression que là, j'étais dépositaire de quelque chose de très important.
03:34Et c'est ça qui m'a donné envie d'abord de le mettre en ouverture du livre
03:38et puis de me dire, là il faut l'écrire, il faut qu'on réapprenne à voir, il a été mon guide.
03:43C'est vrai que pour ceux qui ont eu la chance d'aller en Norvège,
03:45là c'est vrai qu'on touche le sublime et la splendeur du monde de près.
03:48Vous parlez de EEC, expérience esthétique cruciale.
03:53La vôtre, c'est la mer, chacun de nous a la sienne,
03:56vous devrez peut-être la chercher, comment on peut la trouver ?
03:59Et qu'est-ce qu'on en fait ? Vous voulez noter ces expériences ?
04:02Oui, alors moi j'en ai des dizaines,
04:05c'est pour ça qu'en écrivant ce livre, je me suis rendu compte
04:08que je disais quelque chose de très important dans ma vie.
04:11J'ai des carnets que j'appelle transcendance,
04:14des carnets de transcendance, c'est-à-dire des choses qui m'ont amené au-delà de moi-même
04:17et au-delà de ce que je pensais même voir.
04:20Et donc j'en ai beaucoup et je pense qu'il faut noter
04:24quand on est touché par la splendeur,
04:27quand elle vient nous toucher, je pense qu'il faut le noter
04:30d'abord parce que les mots ajoutent du plaisir,
04:32ensuite parce que c'est ça qui restera.
04:35C'est pas l'écume de nos jours où on essaie de faire des choses,
04:38d'être occupé, d'être sur-occupé.
04:41Ça finalement, ça laisse un peu un sentiment de vide,
04:44mais quand on a été touché par la beauté, je crois que ça vaut la peine
04:48qu'on le note et puis l'expérience esthétique cruciale,
04:51oui je crois qu'on n'a pas besoin d'en avoir beaucoup encore une fois,
04:54mais je crois qu'on a besoin de l'identifier
04:57parce que c'est à la fois quelque chose d'intime,
05:00je dirais le plus intime de l'intime,
05:03parce que si j'avais pas vu la mer, par exemple,
05:06pour moi c'est ça, à certains moments, je saurais pas
05:09qu'il y a en moi ces choses-là qui peuvent l'avoir,
05:12c'est même plus intime que j'imaginais,
05:15et puis parce que ça fait du bien de nourrir sa vie de beauté.
05:18Et voilà, la splendeur du monde,
05:21aller à la rencontre de la beauté, c'est la proposition que vous nous faites
05:24ce matin, Laurence de Villers, on va continuer à parler de ce livre dans un instant.

Recommandations