• il y a 6 mois
500 cas de dengue ont été importés du 1er mai au 1er juin. Pour en parler, Benjamin Davido, infectiologue à l'hôpital Raymond-Poincaré de Garches.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau du 14 juin 2024

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Transcription
00:00RTR
00:02Les 3 questions du petit matin
00:04Bonjour Benjamin Davido
00:06Bonjour à tous
00:08Infectiologue à l'hôpital Raymond Poincaré de Garches
00:10Merci d'être avec nous ce matin, on s'interroge
00:12et on s'étonne surtout devant l'explosion
00:14du nombre de cas de dengue en France
00:16métropolitaine, plus de 2000
00:18cas depuis le début de l'année
00:20c'est 16 fois plus que lors des années précédentes
00:22sur la même période, la dengue on le rappelle
00:24c'est une maladie tropicale
00:26on rappelle ce que c'est d'abord précisément ?
00:28Oui, vous l'avez dit tout à l'heure
00:30c'est la grippe des tropiques en quelque sorte
00:32c'est une maladie qui va créer essentiellement
00:34de la fièvre, des courbatures
00:36souvent une éruption, la plupart du temps
00:38en retour de voyage et de zones
00:40de pays dites d'endémiques où la maladie
00:42circule toute l'année mais
00:44la crainte, et on va en parler probablement
00:46c'est de voir apparaître ce qu'on appelle des cas autochtones
00:48c'est à dire des cas acquis sur le territoire
00:50Et c'est dangereux ?
00:52On peut en mourir ? C'est potentiellement dangereux bien sûr
00:54ça représente une poignée de
00:56pourcentage des cas et heureusement
00:58ce qu'on appelle des dengues sous des formes
01:00de choc hémorragique
01:02et puis la problématique c'est que c'est une maladie
01:04transmise par le moustique tigre
01:06et donc c'est une maladie qu'on appelle
01:08vectorielle, ça veut dire que la
01:10transmission heureusement ne se fait pas entre les individus
01:12directement, mais on sait que
01:14ces dernières années, et notamment ces dix dernières années
01:16on a vu une augmentation voire
01:18un déplacement des souches de moustiques
01:20conventionnels vers ce moustique tigre
01:22et donc la crainte c'est de voir
01:24apparaître cette maladie
01:26parmi les maladies de tous les jours comme on a vu
01:28ce qu'on appelle les maladies émergentes
01:30le covid, la variole du singe
01:32des maladies comme ça qu'on retrouverait
01:34également en métropole. Et le moustique tigre
01:36il est quasiment partout en France aujourd'hui
01:3875% du territoire je crois
01:40Absolument. Pourquoi il y a plus de
01:42cas de dengue aujourd'hui ? Qu'est-ce qui s'est passé
01:44là en quelques mois ?
01:46Alors il y a plusieurs
01:48causes, d'abord on le dit beaucoup sans dire que
01:50c'est un mot magique, il y a
01:52aussi des notions un peu environnementales
01:54sans parler de réchauffement
01:56climatique, ces modifications
01:58et l'implémentation de ce moustique
02:00font qu'on voit
02:02de plus en plus de cas
02:04et puis ça n'échappera à personne
02:06en réalité aussi
02:08les modifications du comportement
02:10et les voyages font qu'on
02:12est de plus en plus exposé
02:14et l'inquiétude
02:16aujourd'hui c'est
02:18d'arriver dans une période de plus en plus
02:20chaude avec des saisons
02:22sur laquelle finalement le temps de reproduction
02:24et de circulation de ce moustique-tigre
02:26va être plus importante
02:28et qu'on ait notamment lors de la période des Jeux Olympiques
02:30finalement des cas de contamination
02:32importantes et que ce virus
02:34qui est le virus de la dengue
02:36puisse s'implémenter au sein du moustique-tigre
02:38en métropole. Mais pourquoi
02:40autant de cas et pourquoi une accélération
02:42je disais plus de 2000 cas depuis le début de l'année
02:44500 cas entre le 1er mai
02:46et le 11 juin ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
02:48Pourquoi une telle accélération ?
02:50On ne sait pas bien expliquer pourquoi il y a une telle accélération
02:52ce qui est sûr c'est que
02:54il n'y a pas de traitement de cette maladie
02:56et les vaccins aujourd'hui
02:58disponibles en cours d'expérimentation
03:00s'avèrent
03:02pour le moment insuffisamment
03:04satisfaisants et il y a
03:06d'ailleurs un nouveau vaccin qui est en cours de
03:08validation auprès de l'agence européenne
03:10qui promet une efficacité
03:12de 80% et ce qui va
03:14être important encore une fois c'est la façon
03:16dans laquelle on va apprendre à vivre
03:18avec ces agents infectieux
03:20et la vaccination
03:22pourrait être une cible intéressante pour réduire l'augmentation
03:24du nombre de ces cas. Mais là vous l'avez évoqué
03:26il y a les JO dans quelques semaines à Paris
03:28enfin même partout en France, il faut s'inquiéter
03:30avec la concentration de population
03:32est-ce que ça risque de booster la
03:34circulation de ce virus ?
03:36En réalité la problématique
03:38c'est que le virus de la dingue il fait partie
03:40d'une grande famille qui s'appelle les herbivores
03:42et le risque
03:44c'est de voir en effet la transmission
03:46de plusieurs agents infectieux
03:48au sein de cette même famille, notamment
03:50il y a par exemple le chikungunya
03:52et on sait qu'on va avoir lors de ces jeux olympiques
03:54une grande concentration
03:56d'individus venant du monde entier
03:58dont des gens malheureusement qui vont être piqués
04:00sur place, chez eux
04:02puis arriver en phase d'incubation
04:04et déclencher la maladie.
04:06Et donc en effet le risque c'est de voir des cas
04:08auxquels on n'est pas habitué, c'est à dire des cas acquis
04:10sur le territoire, des cas autochtones où quelqu'un
04:12aurait été piqué à la suite
04:14d'un individu malade
04:16lui-même piqué par un moustique sur le territoire.
04:18Et donc le risque c'est de se retrouver
04:20avec des diagnostics qui sont
04:22évidemment beaucoup moins évident dans une période particulière
04:24de tension, on imagine volontiers, j'espère que ça se passera
04:26le mieux du monde, mais qu'il va y avoir
04:28aussi des consultations aux urgences
04:30parce qu'il y aura probablement des rixes
04:32il y aura, et on le voit en ce moment, des augmentations
04:34importantes de cas de Covid et probablement
04:36d'autres maladies, et donc l'enjeu
04:38c'est d'essayer de se préparer au mieux
04:40face à ce risque
04:42d'infection, et
04:44on le sait, la problématique
04:46d'autant plus de ce moustiquetique, vous le savez
04:48comme moi, c'est qu'il pique d'autant plus la journée
04:50et donc le risque
04:52encore une fois c'est de se retrouver face à
04:54des cas inattendus d'une maladie qu'on
04:56connaît bien mais qui sévit peu sur le territoire.
04:58Et qu'est-ce qu'on fait si on est piqué ?
05:00Malheureusement encore une fois
05:02la seule prévention, ce qui est toujours
05:04compliqué, ce sont ce qu'on appelle
05:06les vêtements longs et les répulsifs
05:08Lorsqu'on est piqué d'abord c'est extrêmement
05:10difficile parce que souvent ce moustique il est
05:12silencieux et donc la piqûre est insidieuse
05:14Heureusement tous les moustiques ne sont
05:16pas contaminés, il faut être extrêmement rassurant
05:18et c'est malheureusement l'apparition de ces symptômes
05:20de type pseudo-grippal qui vont
05:22amener à consulter, et encore une fois
05:24uniquement dans les formes graves qui représentent moins de
05:265% des cas heureusement, à ce moment-là on sera
05:28hospitalisé, le traitement
05:30consistant à ce qu'on appelle un remplaçage vasculaire
05:32et un traitement d'appoint symptomatique
05:34mais évidemment l'augmentation de ces cas n'est pas
05:36une bonne nouvelle.

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