Dans son pays, l'Autriche, Josef Fritzl a été affublé d'un surnom qu'il portera jusqu'à la fin de ses jours: "le monstre national". Au printemps 2008, ce pays mais aussi le monde entier découvrait, éberlué, le secret sordide que cachait cet électricien anonyme. Depuis vingt-quatre ans, il détenait, prisonnière dans le sous-sol de la maison, sa fille Elisabeth. Elle était âgée de 18 ans quand elle avait été jetée dans cette geôle invisible. C'est un fantôme de 42 ans qui apparait alors à la lumière. Pendant tout ce temps, Elisabeth aura été méthodiquement violée par son père. Pas moins de sept enfants vont naître de cette union incestueuse.
Retrouvez tous les jours en podcast le décryptage d'un faits divers, d'un crime ou d'une énigme judiciaire par Jean-Alphonse Richard, entouré de spécialistes, et de témoins d'affaires criminelles.
Regardez L'heure du Crime avec Jean-Alphonse Richard du 10 juin 2024
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00:0014h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
00:05Jean-Alphonse Richard.
00:07Le père d'Elisabeth Fritzel l'a enfermée dans le sous-sol de la maison familiale à l'âge de 18 ans,
00:12affirmant à son épouse que leur fille avait fugué.
00:14Le père incestueux a reconnu la naissance dans cette cave de 7 enfants,
00:18dont 3 n'ont jamais vu la lumière du jour, ni reçu aucune éducation.
00:22L'épouse aurait tout ignoré du sort de sa fille.
00:24Cette affaire, glace d'horreur toute l'Autriche.
00:27Bonjour.
00:28En Autriche, Joseph Fritzel est affublé d'un surnom qu'il portera jusqu'à la fin de ses jours.
00:34Le monstre national.
00:36Au printemps 2008, ce pays, mais aussi le monde entier, découvrait berluer le sordide secret de cet homme.
00:43Depuis 24 ans, il détenait prisonnière, sa fille Elisabeth, dans le sous-sol de la maison familiale.
00:50Elle avait 18 ans.
00:51Quand elle a été jetée dans cette geôle invisible, elle en sortira à l'âge de 42 ans.
00:57Pendant toutes ces années de captivité, Elisabeth a été méthodiquement violée par son père,
01:037 enfants sont nés de cette union incestueuse.
01:06Les enquêteurs, effarés, vont découvrir ce pénitentier souterrain où n'entrait jamais le soleil,
01:12et où vivait en reclus une mère et ses enfants.
01:15Les psychiatres vont étudier les mécanismes pervers et sadiques de cet électricien anonyme.
01:21Comment cet homme, qui demande aujourd'hui sa libération pour raison de santé, s'est-il transformé en bourreau ?
01:27Quelles sont ses dernières confidences ?
01:29Question posée aujourd'hui à nos invités.
01:32Joseph Fritzel, le gardien des ténèbres.
01:35Cher papa, cher maman, j'ai décidé de partir et de ne plus vivre à la maison.
01:40S'il vous plaît, ne me recherchez pas.
01:43L'enquête de l'heure du crime, la seule émission radio 100% fait divers, à tout de suite sur RTL.
02:01Dans l'heure du crime aujourd'hui, l'affaire Joseph Fritzel, ce père de famille autrichien,
02:05violeur incestueux, va se révéler comme l'un des pires criminels de la planète.
02:10Il va falloir 24 ans pour découvrir sa terrifiante organisation, orchestrée derrière les murs d'une maison tranquille.
02:19Mardi 28 août 1984, Joseph et Rosemary Fritzel se présentent au commissariat d'Amstetten,
02:26petite ville de Basse-Autriche, à 130 km de Vienne.
02:30Le couple vient signaler la disparition de leur fille cadette, Elisabeth, 18 ans.
02:35Elle n'a plus donné de nouvelles depuis 4 jours.
02:38Le mari Joseph, un électricien de 49 ans, précise que ce n'est pas la première fois qu'Elisabeth fugue.
02:44À au moins deux reprises, la police l'a ramenée chez eux.
02:47Une fois, Joseph a même dû aller jusqu'à Vienne pour la récupérer.
02:51Elle était partie s'amuser avec une copine.
02:54Les policiers prennent le signalement, une photo d'identité de la jeune femme est jointe au dossier.
02:59Petite blonde aux cheveux longs et au sourire espiègle.
03:03Les Fritzel indiquent qu'ils avertiront la police si Elisabeth se décide à rentrer.
03:08Un mois plus tard, le père de famille est de retour au commissariat.
03:12Il montre une lettre qu'il vient de recevoir, postée depuis Brano, à 160 km d'Amstetten.
03:19Sa fille écrit qu'elle a décidé de ne plus vivre avec eux, elle s'est installée chez une amie.
03:24Elle demande qu'on ne la recherche pas, car sinon elle quittera l'Autriche.
03:28L'écriture, et bien celle d'Elisabeth, les investigations ne vont pas plus loin.
03:34Les Fritzel reprennent leur vie tranquille dans leur maison grise à un étage au numéro 40 de Ypres-Strasse.
03:40Ni lui, ni son épouse ne recherchent Elisabeth.
03:44Joseph Fritzel se garde bien de révéler que, quelques semaines avant la disparition,
03:49il a appris que sa cadette était sur le point de quitter le domicile familial.
03:54Le 9 mai, elle a écrit à une amie,
03:57« Après les exams, je déménage chez ma grande sœur et son fiancé. »
04:00Le 3 août, elle a adressé ce mot à une autre amie,
04:03« Croise les doigts pour moi. Quand tu vas recevoir cette lettre, je serai partie de chez moi.
04:09Je te donnerai bientôt ma nouvelle adresse. »
04:12Le 24 août 1984, Joseph Fritzel demande à Elisabeth de l'accompagner jusqu'à la cave.
04:19Il doit réparer une serrure, il faut qu'elle l'aide au sous-sol.
04:23Le père ceinture sa fille et lui pose un mouchoir imbibé de chloroforme sur la bouche,
04:28suffisant pour l'étourdir.
04:30Elle se retrouve enfermée dans une pièce de 35 mètres carrés,
04:34installée dans un abri anti-atomique souterrain.
04:37Il faut franchir 8 portes, dont 2 en béton pour y accéder.
04:41Elisabeth va passer ici un quart de siècle.
04:47Mardi 18 mai 1993, 9 ans après la disparition d'Elisabeth,
04:51Joseph Fritzel informe les services sociaux qu'il a récupéré une petite Lisa, 9 mois,
04:58déposée sur le perron de sa maison.
05:00C'est sa fille, Elisabeth, qui a abandonné l'enfant car elle ne peut pas s'en occuper.
05:05Elle l'explique dans une lettre signée de sa main.
05:08En 1994 et 1996, elle abandonne ainsi de la même façon Monica puis Alexandre.
05:17Personne ne se doute alors que ses courriers ont été rédigés sous la contrainte
05:22et que tous ses enfants sont nés dans la cave,
05:26le fruit d'un inceste entre Joseph Fritzel et sa fille.
05:32Effectivement, cette nouvelle, dès lors qu'elle va être révélée, va faire sensation.
05:36Il a enfermé sa fille pendant 24 ans dans une cave.
05:40C'est absolument abominable.
05:42Il faut donc attendre une dizaine d'années, 2008, pour qu'on découvre l'existence de cette cave-prison
05:48dans laquelle sont nés, non pas 3 enfants qui sont revenus à la surface,
05:53on les connaît, on connaît leurs prénoms, mais 7 enfants au total.
05:57Il faut savoir comment a pu démarrer cette histoire.
06:01Il faut retourner pour cela dans cette petite ville à Amstetten, en Autriche, pas très loin de Vienne.
06:08On retrouve là-bas sur place l'un de nos invités, c'est Blaise Gauquelin.
06:12Bonjour Blaise.
06:14Oui, bonjour.
06:16Merci infiniment d'être aujourd'hui avec nous dans l'heure du crime et au téléphone en direct de l'heure du crime.
06:20Vous êtes journaliste à l'AFP, l'agence France Presse.
06:24Vous êtes basé en Autriche et vous connaissez très bien cette affaire.
06:27Vous l'avez longuement suivie et vous continuez bien sûr à vous y intéresser
06:31parce que c'est l'affaire numéro 1, encore aujourd'hui, criminelle, 100 ans, en Autriche.
06:36Qui est déjà l'acteur principal de cette histoire, Joseph Fritzl ?
06:43Alors, Joseph Fritzl, c'est ce qu'on pourrait qualifier un Autrichien moyen.
06:48C'est-à-dire que c'est un Autrichien qui n'a pas une éducation supérieure,
06:51mais qui a un travail d'électricien, mais qui a quand même une petite fortune
06:55qu'il a amassée dans l'immobilier.
06:58C'est quelqu'un qui a plutôt bien réussi sa vie.
07:01C'est un petit notable de province, on pourrait dire, à Amstetten,
07:05qui est une ville tout à fait banale, pas très jolie d'ailleurs,
07:09qui est sur le Danube, en Autriche, dans le centre du pays.
07:13C'est un homme, en fait, on le découvrira plus tard,
07:16mais qui a quand même un passé judiciaire derrière lui.
07:20Il a escroqué une assurance, il a eu plusieurs business dans sa vie.
07:24Ce n'est pas quelqu'un de tellement recommandable quand même.
07:28Il y a eu aussi des agressions sexuelles.
07:31Et surtout, c'est une personne autoritaire,
07:33c'est-à-dire c'est la génération d'après-guerre,
07:35où on ne se parle pas, on est taiseux dans les familles.
07:39Dans les montagnes, de toute façon, c'est aussi la mentalité.
07:42Amstetten n'est pas en montagne, mais l'Autriche, c'est un peu de montagne.
07:45Donc, on ne demande pas de compte dans les familles, en général.
07:49Alors, effectivement, c'est quelqu'un de secret.
07:51Et puis, vous faites bien de le souligner, c'est une petite ville.
07:54Les gens restent chez eux, ils ne se parlent pas beaucoup,
07:57chacun chez soi, et puis on ne s'occupe pas des affaires des autres.
08:00Alors, il y a ce bunker souterrain dont on va beaucoup parler.
08:04À l'époque, curieusement, il y en a beaucoup qui ont été construits dans des maisons, c'est ça ?
08:09Ce n'est pas une exception qu'il y ait des bunkers comme ça
08:12dans certaines maisons de ces petites villes autrichiennes ?
08:16Oui, c'est ça. C'est de l'autre côté du jardin.
08:18Il faut savoir qu'à l'Autriche, à l'époque, on est juste au pied du rideau de fer.
08:22Vous avez l'Union soviétique qui n'est pas très loin à vol d'oiseau.
08:27Vienne, c'est à une heure de route du rideau de fer.
08:30Donc, ils étaient aux premières loges de la guerre froide, comme on peut dire.
08:34Il y a eu Tchernobyl aussi qui est passé par là.
08:37Donc, c'est vrai qu'il y avait beaucoup, après la guerre, d'abris antiaériens.
08:41Ce qui est très intéressant, c'est qu'il n'était pas sous la maison.
08:44Il était de l'autre côté du jardin, pourrait-on dire.
08:46Enfin, de l'autre côté du jardin.
08:50Et donc, on ne pouvait pas entendre depuis la maison ce qui se passait là-dessous.
08:54Et lui, il y allait régulièrement.
08:56Et on ne posait pas de questions sur ce qu'il pouvait y faire.
09:00Parce que ça aussi, quand papa va au garage, il se pose des questions.
09:05Il a enfermé cette personne dedans.
09:08Oui, effectivement.
09:09Et puis, sa femme, elle va dire, oh là là, moi, je ne me mêlais pas de ces histoires.
09:11Il allait dans son laboratoire.
09:13Je ne savais pas ce qu'il faisait là-bas.
09:14Mais j'avais totale interdiction de mettre les pieds à cet endroit.
09:18Bonjour, Maître Astrid Wagner.
09:20Bonjour.
09:22Merci infiniment d'être avec nous au Téléphone de l'Art du Crime.
09:24Vous êtes avocate à Vienne.
09:26Merci, parce que vous parlez français.
09:27Ça, pour nous, c'est formidable.
09:29Vous êtes l'avocate, aujourd'hui, de Joseph Fritzl.
09:32Donc, effectivement, on est très heureux de vous avoir.
09:34Et vous avez écrit avec lui, d'ailleurs, un livre qui est sorti récemment.
09:39The Abysses of Joseph F.
09:42C'est-à-dire, Dans les profondeurs de l'affaire de Joseph Fritzl.
09:46On pourrait le traduire comme ça.
09:47C'est un livre qui est uniquement disponible en anglais.
09:50Maître Astrid Wagner, on en parlait un instant avec Blaise Gauquelin,
09:53qui connaît très bien cette affaire.
09:55Joseph Fritzl, il a une vie tranquille, une vie secrète, une vie un peu cachée.
09:59Tout au moins en apparence, à l'époque.
10:01Juste un petit mot.
10:03Blaise Gauquelin nous disait qu'il était déjà connu de la justice autrichienne, c'est ça ?
10:08Oui, bien sûr.
10:09Monsieur Fritzl avait une vie très tranquille.
10:13Il était un homme d'affaires.
10:16Il avait beaucoup de succès.
10:18Il avait une punition pour viol 40 ans avant.
10:23Certains ne le savaient, alors c'était déjà oublié.
10:26Quand il était très jeune, je pense à 25 ans, il a violé une femme.
10:31Après, il était en prison, pas très longtemps.
10:35L'histoire était oubliée.
10:37Il était un homme d'affaires.
10:40Il était aussi riche.
10:42Il avait beaucoup de succès.
10:46C'est un électricien, électro-mécanicien.
10:49En tout cas, effectivement, il a une vie assez aisée.
10:52Astrid Wagner, encore une question.
10:54Rosemarie, l'épouse et donc la maman d'Elisabeth.
10:58Lorsqu'Elisabeth disparaît, il y a ses lettres qui sont fausses, évidemment.
11:02On lui a fait écrire de force à Elisabeth.
11:04Est-ce qu'elle croit, elle, à cette lettre d'adieu ou pas ?
11:08Oui, oui, elle a cru l'histoire.
11:10Elle a cru qu'Elisabeth est dans une secte.
11:15Elle n'a pas posé beaucoup de questions.
11:17Elle n'a pas su.
11:19Vous savez, c'est un peu comme quelque chose qui ne doit pas être,
11:25n'est pas la vérité.
11:27Je pense que cette femme a été très intimidée
11:30et n'a pas pu croire à cette chose-là.
11:33Blaise Gauclin, juste un petit mot là-dessus.
11:35On va dire que l'épouse ne pouvait pas ne pas savoir
11:38et pourtant, elle n'a jamais été inquiétée par la justice.
11:42Oui, en fait, si vous voulez, c'est sa fille qui l'a tout de suite dédouanée
11:45en disant « ma mère n'a jamais su »
11:47parce que Joseph faisait très attention.
11:50Il lui disait toujours qu'elle ne savait rien.
11:52D'ailleurs, des fois, il en souriait un petit peu.
11:55C'était machiavélique.
11:56Comment pouvait-on imaginer quelque chose d'aussi sordide ?
12:00Donc non, moi, je crois la parole de la victime.
12:03Et si la victime dit que sa mère, avec qui elle vit d'ailleurs aujourd'hui,
12:06elle a des très bonnes relations avec elle,
12:08n'était au courant de rien.
12:09D'ailleurs, elle s'est occupée de ses petits-enfants,
12:11les enfants de sa fille, qui sont remontés.
12:14Elle les a très bien élevés.
12:16Effectivement, on peut croire à ce que dit cette femme.
12:19Une séquestration invisible, un événement imprévu va tout changer.
12:23Joseph Fritzl, le gardien des ténèbres.
12:25Stéphane et Félix sont encore dans la cave.
12:28Ne leur faites pas peur, il faut les sortir de là.
12:30L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant sur RTL.
12:4014h30, 15h30, l'heure du crime sur RTL.
12:45L'heure du crime consacrée aujourd'hui à l'affaire Joseph Fritzl.
12:48En 1984, cet Autrichien a signalé la disparition de sa fille Elisabeth,
12:5318 ans en réalité.
12:55Son père l'a séquestrée dans une cave.
12:5724 ans plus tard, elle va réapparaître.
13:01Samedi 19 avril 2008, une Mercedes grise s'arrête devant l'entrée des urgences de l'hôpital d'Amsterdam.
13:08Joseph Fritzl tient dans ses bras une jeune fille inanimée, extrêmement pâle.
13:13Elle vient de perdre connaissance.
13:15Il ne sait pas de quoi elle souffre.
13:17Elle est dans un état grave.
13:19Fritzl affirme qu'il est son grand-père.
13:21Elle a 19 ans et se prénomme Kerstin.
13:24Mais il ne peut pas présenter de pièce d'identité de la patiente.
13:28Il raconte que la maman, Elisabeth, est depuis longtemps partie dans une secte.
13:32Elle l'a abandonnée.
13:34Le chef d'anesthésie doute des explications données par ce Joseph Fritzl.
13:40Il contacte la télévision régionale pour lancer un appel à la maman disparue.
13:45Lundi 21 avril, la nouvelle est diffusée.
13:48Quatre jours plus tard, Elisabeth Fritzl, qui dispose d'un petit téléviseur dans sa cave prison,
13:54assiste au message du médecin.
13:56Elle avait convaincu son père d'emmener sa fille à l'hôpital.
14:00Elle va dès lors le supplier de la conduire au chevet de Kerstin.
14:06Samedi 26 avril, Joseph Fritzl dépose Elisabeth à l'hôpital.
14:10Le personnel voit descendre de la voiture une femme frêle, aux cheveux blancs, au teint cadavérique.
14:16Elle marche difficilement.
14:18Elle décline son nom, Elisabeth Fritzl, 42 ans.
14:21On lui en donnerait 20 de plus.
14:23Fritzl s'impatiente.
14:25Il semble aux aguets, puis finit par s'éclipser.
14:27L'hôpital pense à de la maltraitance.
14:30La police est alertée.
14:32Les enquêteurs questionnent Elisabeth.
14:34Ils tombent des nus.
14:36Elle raconte qu'elle est séquestrée dans la cave de la maison familiale depuis 24 ans.
14:40Elle n'avait jamais revu jusqu'à ce jour la lumière du jour.
14:45Toutes ces années, son père l'a régulièrement violée.
14:48Sept enfants sont nés de cette liaison incestueuse.
14:52Trois filles, quatre garçons.
14:54L'un d'eux, un jumeau appelé Michael, est mort trois jours après la naissance.
14:58En avril 1996, Fritzl s'est débarrassé du corps en le jetant dans la chaudière.
15:03« Allez là-bas, Stéphane et Félix sont dans la cave.
15:07Ne leur faites pas peur, il faut les sortir de là », indique Elisabeth dans la soirée.
15:11Des inspecteurs de la brigade criminelle se rendent chez les Fritzl.
15:14Joseph n'est pas là.
15:16C'est Rosemary, 68 ans, qui ouvre la porte.
15:18Elle ignore tout de cette histoire de cave et de bunker.
15:22Elle a interdiction d'aller dans le laboratoire de son mari électro-mécanicien, dans le bunker.
15:27Les enquêteurs trouvent Stéphane, 18 ans, Félix, 6 ans.
15:31Ils ont du mal à grimper les marches.
15:33On les emmène jusqu'à une clinique spécialisée dans l'ambulance.
15:37Ils s'extasient en admirant pour la première fois de leur vie le soleil couchant.
15:43Dimanche 27 avril, Joseph Fritzl, 73 ans, est en garde à vue.
15:48Il avoue les viols répétés sur Elisabeth, sa séquestration pendant 24 ans, les naissances des enfants.
15:53Pour le petit Michael, il ne l'a pas tué.
15:56Il est mort subitement, il n'a fait que se débarrasser du corps.
16:00S'il a sorti Monica, Alexandre, Lisa de la cave faussement déposée devant sa maison,
16:06c'est parce qu'ils étaient des bébés turbulents.
16:08Il avait peur qu'ils finissent par attirer l'attention.
16:11Fritzl raconte qu'il apportait tous les deux jours de la nourriture aux captifs.
16:15Il leur fournissait des comprimés de vitamine D pour pallier l'absence de soleil.
16:20Les prisonniers étaient prévenus que s'ils essayaient de sortir, ils seraient électrocutés et asphyxiés.
16:26La vérité, c'est que je voulais des enfants avec Elisabeth, confie Fritzl au policier.
16:33J'étais heureux, c'était sympa d'avoir une vraie famille dans la cave avec une femme et des enfants.
16:41Confession ahurissante d'un criminel hors norme.
16:45Fritzl est évidemment emprisonné.
16:47On va le garder sous très haute surveillance car on craint vraiment beaucoup que ce père de famille soit agressé
16:54et qu'il soit même tué par des co-détenus.
16:56Le choc est immense dans tout le pays mais bien au-delà puisque la presse du monde entier va désormais affluer
17:02jusqu'à cette petite ville autrichienne.
17:05Blaise Goklin, vous êtes l'un de nos invités aujourd'hui dans l'heure du crime.
17:08Journaliste à l'agence France Presse en Autriche.
17:11Encore une fois, vous connaissez très bien ce dossier pour l'avoir suivi pour l'AFP.
17:16L'erreur de Fritzl, parce qu'il n'en a commis aucune jusqu'à présent,
17:21tout le monde ignorait et se doutait de l'existence de ce bunker,
17:25l'erreur c'est d'accepter de conduire Kerstin à l'hôpital.
17:30Une de ses filles, il faut le dire comme ça.
17:32Il dit que c'est son grand-père mais c'est une de ses filles Kerstin.
17:36Oui mais d'ailleurs vous l'avez très bien dit dans le récit,
17:39c'est-à-dire qu'il y a un paradoxe qui est qu'il est tombé,
17:42il a de l'affection pour ses victimes.
17:44Ses victimes sont ses enfants et en fait il ne s'est pas résolu à ce que Kerstin meure
17:50puisque ce qui se serait passé s'il ne l'avait pas conduit à l'hôpital.
17:53Il s'est laissé attendrir aussi, sans que cela puisse paraître.
17:59C'est assez rare aussi dans les histoires criminelles d'avoir un bourreau
18:04qui finalement lâche l'affaire et dit oui à ses victimes.
18:09Finalement il savait très bien je pense qu'en sortant de la cave c'était terminé.
18:13Donc il a préféré quand même sauver ses enfants et faire face je pense à la vérité.
18:19C'est extrêmement intéressant ce que vous dites
18:21parce que ça peut être effectivement le déclic du commencement de la fin
18:24pour cet homme qui sans doute ne réalise pas la terreur qui l'a fait régner
18:28mais en tout cas il se pose des questions et puis là il commence à baisser la garde
18:32comme on dit Astrid Wagner.
18:34Vous êtes d'accord avec ce scénario de cet homme
18:37qui finalement finit un petit peu par perdre de sa force ?
18:40Pourquoi est-ce qu'il accepte, Fritzl,
18:43qu'Elisabeth se rende à l'hôpital au chevet de sa fille ?
18:48Non c'est parce que je pense qu'il avait un peu marre déjà.
18:55Je pense qu'il avait vraiment un peu marre
18:58et peut-être qu'il voulait vraiment que la vérité sorte.
19:03Vous savez qu'il y a l'histoire, c'était dans tous les journaux,
19:07avec sa grande-fille ou sa fille,
19:11elle était très malade et elle ne serait pas sortie de la cave,
19:17elle serait morte.
19:19Bien sûr il a dit qu'elle doit avoir un traitement
19:22mais je pense qu'il voulait une fin
19:25et je pense aussi qu'il croyait qu'elle ne va rien dire.
19:30Oui c'est ça, il était persuadé que le silence continuerait
19:34mais en tout cas il a pris des risques.
19:36Alors vous venez de le dire,
19:38ce que vous dites c'est qu'il commençait à ne plus pouvoir vivre
19:41parce que c'était sans doute insupportable pour lui
19:43pour vivre avec ses mensonges, c'est ça ?
19:46Ah oui, je pense qu'il avait des regrets.
19:50Vous savez, des mensonges très durs,
19:5426 ans de mensonges,
19:57c'est vraiment très dur de vivre
20:00et c'était aussi beaucoup de stress pour lui.
20:02Alors moi je pense que dans son confondement, dans lui,
20:06il voulait vraiment une fin
20:08parce que c'était insupportable pour lui aussi.
20:11Blaise Gauquelin, lorsque l'affaire éclate,
20:14j'allais dire que c'était un coup de tonnerre
20:17mais c'est bien plus que ça,
20:18c'est presque un tremblant de terre en Autriche et dans le monde
20:21puisque la presse du monde entier va se ruer dans cette petite ville.
20:25Vous vous souvenez de ces moments Blaise Gauquelin ?
20:28Oui, moi je me souviens très bien de ce médecin anesthésiste
20:32qui avait fait un appel à la télévision
20:35et c'était déjà très bizarre cette histoire de fille
20:37qui sortait de nulle part,
20:39dont il fallait une grève de moelle osseuse,
20:41dont on cherchait des proches.
20:43C'était vraiment très surprenant et ça faisait déjà 2-3 jours
20:45qu'on parlait de cette mystérieuse inconnue
20:48dans un hôpital d'Amsterdam.
20:50Alors quand la nouvelle est tombée,
20:52c'était l'effroi total parce qu'on est deux ans après l'affaire Kampusch,
20:56l'affaire de cette jeune fille séquestrée par un autre déséquilibré.
20:59Donc déjà l'Autriche avait fait la une des tabloïds du monde entier
21:02pour cette histoire-là.
21:04Et là pour la deuxième fois, rendez-vous compte,
21:06dans un pays de 9 millions d'habitants,
21:08vous avez une affaire Kampusch x7, x14, x28 presque,
21:13qui dure trois fois plus longtemps,
21:15avec des enfants de l'inceste,
21:17et en plus vous avez cette histoire-là
21:20où les deux victimes à chaque fois se libèrent par elles-mêmes,
21:23ce qui est exceptionnel.
21:25En général, on n'entend pas parler des histoires
21:27parce que les victimes meurent,
21:29elles sont assassinées par leurs bourreaux.
21:31Là dans les deux histoires, vous avez deux femmes fortes
21:33qui se débarrassent de leurs bourreaux par elles-mêmes
21:36sans que ce soit la société qui les sauve.
21:39C'est ça qui est dramatique dans ces deux histoires.
21:41Blaise Gauclin, Elisabeth, elle est dehors.
21:44Est-ce qu'on l'a vue à ce moment-là ?
21:46Je crois que les médecins vont la décrire,
21:48ils vont penser que c'est une espèce de silhouette fantomatique,
21:51cette femme qui sort de la cave,
21:5324 ans de détention, il faut bien le souligner.
21:56Alors les erreurs qui ont été faites avec l'affaire Kampusch,
21:59à savoir de livrer cette petite de 18 ans
22:02à la presse du monde entier,
22:04n'ont pas été reproduites avec l'affaire Fritzl,
22:06qui a été très bien gérée au contraire par les autorités.
22:10D'ailleurs, on appelle l'affaire Kampusch, Kampusch,
22:12de la victime, et on appelle l'affaire Fritzl, Fritzl,
22:15au nom du bourreau.
22:16Donc ce qui est resté dans cette histoire-là,
22:18c'est le visage assez terrifiant, c'est vrai,
22:20de Joseph Fritzl, le bourreau,
22:22et on ne connaît pas du tout l'identité
22:24de toutes ces victimes, ni ses enfants,
22:26ni les enfants du haut, j'ai envie de dire,
22:28ni les enfants du bas, ni de sa femme, ni de sa fille.
22:30Identités qui ont été protégées
22:32et les photos ont été interdites,
22:34et ça a été respecté totalement par la presse.
22:36Des enveux, mais l'enquête continue,
22:38le psychiatre se penche sur le père incestueux.
22:40Joseph Fritzl, le gardien des ténèbres,
22:42j'étais né pour violer,
22:44j'aurais pu faire encore bien pire que d'enfermer ma fille.
22:46L'enquête de l'heure du crime,
22:48l'électricien est-il un terrifiant déséquilibré
22:51ou un criminel pointilleux ?
22:53Son effarante confession, c'est à suivre,
22:55dans un court instant sur RTL.
22:58L'heure du crime, présenté par Jean-Alphonse Richard sur RTL.
23:03L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard,
23:05jusqu'à 15h30 sur RTL.
23:08Vous devez réaliser que ces enfants n'ont connu
23:10qu'un monde en deux dimensions,
23:12uniquement au travers de la télévision.
23:14Ils n'ont jamais su ce qu'est le vent sur la peau,
23:16la sensation de vitesse dans une voiture
23:18ou encore la plupart des odeurs.
23:22Au programme aujourd'hui de l'heure du crime,
23:24l'affaire Joseph Fritzl, au printemps 2008,
23:26cet électricien autrichien de 73 ans
23:28a avoué avoir séquestré pendant 24 ans
23:30une de ses filles.
23:32Il lui a fait sept enfants.
23:34Les psychiatres s'interrogent sur ce criminel hors normes.
23:38Lundi 30 juin 2008, deux mois après
23:40l'arrestation de Joseph Fritzl,
23:42la procureure d'état chargée du dossier
23:44prend connaissance d'un rapport de 130 pages
23:46rédigé par la psychiatre Heidi Kastner.
23:48Cette spécialiste de l'inceste
23:50a rencontré Fritzl à six reprises,
23:5227 heures de tête à tête.
23:54L'homme raconte son enfant solitaire
23:56négligé par sa mère
23:58qui, pendant les bombardements de la guerre,
24:00le laissait seul à la maison
24:02alors qu'elle trouvait refuge dans un abri.
24:04Sa sexualité a toujours été chaotique.
24:06Il se décrit comme un volcan
24:08sur le point d'exploser.
24:10A l'adolescence, il a commencé
24:12à attaquer des filles dans les parcs,
24:14les jardins publics.
24:16A 32 ans, alors qu'il était marié depuis 11 ans,
24:18il a violé une infirmière
24:20sous la menace d'un couteau.
24:22Pour violer, j'aurais pu faire
24:24encore bien pire que d'enfermer ma fille.
24:26Joseph Fritzl dit qu'au début,
24:28il voulait punir Elisabeth.
24:30Au bout d'une semaine de cachot,
24:32il a pensé à la libérer.
24:34Mais qu'aurait-il dit à son épouse ?
24:36Il s'est finalement retrouvé dans un engrenage.
24:38Il a cette expression
24:40« Finalement, j'avais quelqu'un juste pour moi ».
24:42Lors des viols, il ne regardait
24:44jamais le visage de sa fille.
24:46À la psychiatre,
24:48Joseph Fritzl raconte encore
24:50qu'il punissait les prisonniers du donjon.
24:52Il coupait la lumière, privait les occupants
24:54de nourriture, montrait des photos
24:56d'enfants libres aux petits reclus.
24:58Fritzl est un technicien
25:00qui accomplit ses actes
25:02avec la précision d'un expert comptable
25:04qu'on fit la psy au journal Der Spiegel.
25:06D'autres médecins
25:08s'occupent des enfants à la clinique Mauer.
25:10Trois qui n'étaient jamais sortis
25:12de la cave bunker.
25:14Kerstin, 20 ans, qui a survécu après son hospitalisation.
25:16Alexander, 18 ans.
25:18Et Félix, 6 ans.
25:20Ils s'habituent lentement à leur nouvelle vie,
25:22disent les médecins.
25:26Évidemment, cette histoire est folle
25:28et elle est terrifiante à la fois.
25:30Mais les policiers
25:32travaillent beaucoup, et précisément
25:34sur le cas Fritzl.
25:36Et puis, il y a le moment de la psychiatre
25:38qui est très connue en Autriche.
25:40La psychiatre Heidi Kastner.
25:42Blaise Gauquelin, on vous retrouve
25:44dans cette heure du crime. Vous êtes l'un de nos invités.
25:46Vous êtes spécialiste à l'agence France Presse en Autriche.
25:48Et vous avez suivi toute cette affaire.
25:50La psychiatre Kastner,
25:52c'était très intéressant son rapport.
25:54Elle décrit finalement
25:56l'exercice d'un tortionnaire.
25:58Il n'y a pas d'autre mot.
26:00Oui, c'est ça exactement.
26:02Et comme on est au pays et d'Hitler
26:04et de la psychanalyse,
26:06vous imaginez bien les fantasmes
26:08que cela peut développer dans la tête des gens.
26:10Il y a eu beaucoup de littérature
26:12qui a été publiée pour
26:14essayer d'expliquer l'inexplicable.
26:16Moi, je crois personnellement que
26:18ce genre d'histoire peut se passer partout,
26:20dans n'importe quel pays du monde.
26:22D'ailleurs, il y a des précédents.
26:24Je crois qu'il y a une histoire assez similaire en Californie.
26:26Je pense que ce n'est vraiment pas
26:28lié à l'Autriche, au biotope
26:30je dirais assez particulier de ce pays-là.
26:32Mais Fritzl
26:34était un homme autoritaire.
26:36Et il voulait avoir son autorité
26:38sur son petit monde
26:40puisqu'en vieillissant, il sentait bien
26:42qu'il la perdait là-haut
26:44au fur et à mesure que ses enfants
26:46grandissaient. Je crois que c'est ça qu'il a
26:48voulu faire, c'est-à-dire, comme le font
26:50beaucoup d'hommes, mais dans une vie normale,
26:52il refourait une deuxième famille avec une femme plus jeune.
26:54Lui, si vous voulez, c'est ce qu'il a fait
26:56dans sa cave avec sa propre fille.
26:58C'est particulièrement abominable.
27:00Et effectivement, quand il a senti qu'il n'avait plus la main
27:02sur cet univers qui lui échappait
27:04et que les enfants grandissaient et que fatalement
27:06ils allaient quitter la maison,
27:08il a lâché prise. Astrid Wagner,
27:10vous êtes avec nous depuis le début de cette émission,
27:12avocate à Vienne et vous êtes l'avocate de Joseph Fritzl.
27:14Encore merci d'avoir accepté
27:16l'invitation de l'heure du crime.
27:18Il a beaucoup parlé aux enquêteurs,
27:20il parle beaucoup à la psychiatre,
27:22il ne retient rien,
27:24il ne garde pas de secrets, il raconte tout.
27:26Oui, il a dit
27:28ce qu'il se passait
27:30avec lui, il a tous
27:32ses sentiments et il a tout raconté
27:34à la psychologue.
27:36C'est un cas impouvable et pouvantable,
27:38personne ne peut croire à ça.
27:40Il regrette tout,
27:42il regrette mais il ne peut pas changer.
27:44Est-ce qu'aujourd'hui, Astrid Wagner,
27:46est-ce qu'il parle toujours
27:48encore de cette histoire ?
27:50Bien sûr, il parle très souvent
27:52qu'il regrette tout ce qu'il a fait,
27:54parce que chaque jour, il pense à ça.
27:56Vous savez, quand on est en prison,
27:58on a beaucoup de temps de réfléchir
28:00et alors, chaque jour,
28:02il pense à ça.
28:04Blaise Goclin, juste un petit mot, la clinique
28:06des enfants, parce que là, toute la famille
28:08a été réunie, enfin les enfants ont été réunis,
28:10une équipe de médecins
28:12s'occupe d'eux. Cette clinique, elle est
28:14cernée par les paparazzi, elle est sous haute
28:16surveillance, tout le monde cherche à savoir, à avoir une photo
28:18notamment d'Elisabeth, la maman.
28:22Eh bien, pas tellement, figurez-vous,
28:24parce que c'est vrai qu'on avait tellement
28:26d'empathie pour cette famille,
28:28c'est tellement insoutenable d'essayer d'imaginer
28:30ce que ces enfants ont vécu,
28:32qu'en fait, le récit qui a été fait
28:34par les bribes qui sont sorties dans la presse
28:36de la psychiatre et de la police, et des témoignages
28:38de la mère, était tellement abominable,
28:40par exemple, les enfants crevaient de chaud en été,
28:42c'était 1m70
28:44de plafond dans ce bunker,
28:46donc ils entendaient leurs frères et sœurs jouer dans la
28:48piscine, ou en décompte à côté,
28:50l'été. Donc, si vous voulez,
28:52les détails étaient tellement insupportables,
28:54ne serait-ce qu'à l'écrit, que je crois qu'il y a eu
28:56une espèce de cordon sanitaire
28:58moral de la presse, qui n'a pas tellement
29:00cherché à retrouver, en fait.
29:02Et la presse a donc respecté,
29:04d'après ce que vous nous dites, cet engagement
29:06moral. Un an après son arrestation,
29:08l'électricien va être jugé.
29:10Joseph Ritzel, le gardien des ténèbres, il y avait
29:12ce rituel dans la cave, quand la lumière
29:14s'éteignait, c'est que c'était l'heure du viol.
29:16L'enquête de l'heure du crime, on se retrouve dans un instant
29:18sur RTL.
29:32Retour aujourd'hui dans l'heure du crime, sur l'affaire
29:34Joseph Ritzel, cet électricien autrichien
29:36arrêté en 2008 à séquestrer sa fille
29:38pendant 24 ans dans la cave de sa
29:40maison. Sept enfants sont
29:42nés de cette liaison incestueuse.
29:44Un an après son interpellation,
29:46il comparaît devant un tribunal de
29:48Basse-Autriche.
29:50Lundi 16 mars 2009,
29:529h30, Joseph Ritzel,
29:5473 ans, moustache, cheveux
29:56et costume gris, chemise bleue,
29:58cravate rayée, apparaît devant
30:00les juges et les huit jurés de la cour
30:02de Sankt-Polten, à 70
30:04kilomètres d'Amstetten.
30:06Procès à huit clos partiels, la salle est
30:08comble, bondée de journalistes, de curieux.
30:10Ritzel est jugé pour meurtre
30:12celui du petit Michael, décédé peu
30:14après sa naissance dans la cave du bunker
30:16pour viol, inceste,
30:18séquestration et esclavagisme.
30:20Il conteste le meurtre du petit Michael.
30:22L'accusation lui répond que le bébé
30:24avait des difficultés respiratoires.
30:26Il aurait pu le sauver s'il avait appelé une ambulance
30:28plutôt que de le laisser
30:30mourir dans les bras de sa mère, puis
30:32de l'incinérer dans la chaudière.
30:34La procureure décrit l'organisation
30:36minutieuse de Ritzel avec ce
30:38rituel. Quand il éteignait la lumière
30:40dans la cave, c'était le signe
30:42que c'était l'heure du viol.
30:44Mardi 17 mars,
30:46Elisabeth Ritzel, recluse
30:48de force pendant 24 ans,
30:50témoigne en vidéo 11 heures de
30:52déclaration enregistrée trois mois
30:54après l'arrestation de son père.
30:56Elle est interrogée par la procureure
30:58et les avocats de l'accusé.
31:00Les juges ont en effet décidé de lui épargner
31:02le face-à-face au tribunal.
31:04Jeudi 19 mars, après 4 jours
31:06de procès, Joseph Ritzel se déclare coupable
31:08de tous les chefs d'accusation.
31:10Il dit avoir été marqué
31:12par le témoignage de sa fille.
31:14Il est condamné à la réclusion
31:16criminelle à perpétuité.
31:18Et c'est évidemment
31:20un verdict qui n'étonne personne
31:22parce que
31:24moins un verdict plus clément
31:26aurait vraiment choqué toute l'opinion.
31:28On n'aurait pas compris, vu les faits
31:30qui sont reprochés à ce
31:32Joseph Ritzel, Blaise Gauquelin.
31:34Vous êtes journaliste à l'AFP, vous êtes
31:36à Vienne, en Autriche, je l'ai dit depuis
31:38le début de cette émission, vous la connaissez très très bien
31:40cette histoire. Quel est le
31:42climat qui règne sur
31:44ce procès dans cette
31:46petite ville de Basse-Autriche ?
31:50Alors, la grande question
31:52c'était est-ce qu'il va montrer son visage ou pas ?
31:54Parce qu'en Autriche, la presse peut assister
31:56à l'ouverture du procès, contrairement à
31:58la France, et donc on peut rentrer dans la salle
32:00avec caméra et appareil photo
32:02et souvent les
32:04personnes qui comparaissent pour des affaires
32:06de meurtre se cachent le visage dans un
32:08classeur ou dans quelque chose.
32:10Et Ritzel s'est montré à la presse.
32:12Il a donné à la presse ce qu'elle voulait avoir
32:14et c'était aussi pour protéger sa famille
32:16comme je vous disais tout à l'heure, quand vous nourrissez la presse
32:18avec une image, finalement c'est ce que l'histoire
32:20va conserver. Donc on garde
32:22de cette histoire l'arrivée du monstre
32:24national, comme vous l'avez très bien dit,
32:26devant
32:28ses jurés et qui assument de montrer
32:30son visage à la presse
32:32et donc aux Autrichiens.
32:34Et ce qui a terrorisé les gens, c'est
32:36son regard
32:38extrêmement froid et extrêmement dur
32:40et qui donne des
32:42frissons dans le dos encore aujourd'hui
32:44quand il réclame sa libération conditionnelle.
32:46Comment est-ce qu'il se comporte
32:48à ce procès ?
32:50Alors il est tout à fait
32:52coopératif, ce qui confirme qu'il
32:54a laissé faire sa fille. Je pense qu'il se serait
32:56vieilli aussi et il se disait qu'est-ce qui va arriver
32:58avec eux quand je vais mourir
33:00si j'ai des problèmes de santé.
33:02Donc il était tout à fait
33:04coopératif et c'était un vieux monsieur
33:06qui comparaissait
33:08pour ses actes et qui acceptait
33:10quasiment tous les actes d'accusation. Je crois
33:12qu'il en a refusé un
33:14si mes souvenirs sont bons, mais
33:16il n'était pas tellement d'accord
33:18avec la mort de l'un de ses fils
33:20effectivement qu'il avait sauvé.
33:22Il contestait un petit peu les conditions dans lesquelles
33:24l'enfant était mort, mais sinon
33:26il a tout assumé. Il a tout assumé. Juste un petit
33:28mot encore Blaise Gauquelin. Elisabeth,
33:30la fille séquestrée, 24 ans,
33:32elle est en vidéo, c'est un document enregistré
33:34parce qu'on n'a pas voulu lui imposer ce
33:36choc, c'est ça ?
33:38Oui, en fait c'est pareil. Pour la
33:40protéger de l'opinion publique, on a
33:42évité de la faire comparaitre au procès, donc
33:44on l'a enregistré avant, ce qui est assez fin
33:46parce que vous imaginez, il y a 24 ans
33:48à raconter, il y a 3000 viols à raconter.
33:503000 viols ?
33:527 naissances à raconter,
33:54c'est complètement hors normes.
33:56C'est vertigineux. Et donc de toute façon,
33:58ça n'aurait pas pu tenir
34:00avec des questions-réponses d'avocats,
34:02c'était pas jouable sur
34:04un procès classique. Maître Astrid
34:06Wagner, vous êtes avocate à Vienne
34:08et vous êtes l'avocate de Joseph Fritzl,
34:103000 viols dit Blaise Gauquelin,
34:12c'est tout simplement vertigineux, incroyable,
34:14ahurissant.
34:16Comment est-ce qu'il a vécu
34:18ce procès de son côté,
34:20ce Joseph Fritzl ?
34:22Vous savez,
34:24c'est dur
34:26de parler de ça, mais bien sûr
34:28pour lui aussi, c'était
34:30horrible. Peut-être profondément
34:32en lui, il a été un peu
34:34soulagéré,
34:36mais je pense que lui, il a cru
34:38que ça ne va pas être
34:40aussi mal, qu'il n'aura
34:42pas une si grande punition,
34:44parce que la grande punition,
34:46c'était parce qu'on
34:48l'a aussi puni,
34:50on l'a condamné à cause du meurtre,
34:52parce qu'ils ont dit,
34:54le petit nouveau-né qui est mort,
34:56qu'il aurait pu empêcher la mort,
34:58mais lui, il n'a pas cherché de médecin,
35:00alors ce nouveau-né est mort.
35:02Et la cour a dit
35:04que c'est un meurtre
35:06qu'on n'essaie pas
35:08d'éviter le meurtre.
35:10Par négligence.
35:12Le monstre national, comme le surnomme
35:14la presse autrichienne, est incarcéré dans un centre
35:16psychiatrique de haute sécurité.
35:18Joseph Fritzl, le gardien des ténèbres,
35:20après tout ce temps, il ne pose plus de danger.
35:22L'enquête de l'heure du crime, je vous retrouve tout de suite
35:24sur RTL.
35:26L'heure du crime, Jean-Alphonse Richard,
35:28jusqu'à 15h30 sur RTL.
35:30L'heure du crime,
35:32Jean-Alphonse Richard,
35:34jusqu'à 15h30 sur RTL.
35:36Dans l'heure du crime, aujourd'hui, l'affaire Joseph Fritzl.
35:38En 2009, cet Autrichien a été condamné
35:40à la perpétuité pour avoir enfermé
35:42et violé pendant 24 ans sa fille
35:44dans le sous-sol de sa maison.
35:46Après 15 ans de détention,
35:48son régime carcéral est modifié.
35:50Jeudi 25 janvier 2024,
35:52Joseph Fritzl,
35:5488 ans, obtient le droit
35:56de quitter le quartier de haute sécurité
35:58de la prison de Krems.
36:00Pour une cellule classique,
36:02les juges ont accepté ce changement en raison
36:04d'un début de démence sénile
36:06dont souffre le condamné.
36:08Il ne pose plus de danger,
36:10affirme son avocate Astrid Wagner.
36:12Elisabeth Fritzl, 58 ans,
36:14n'a jamais commenté publiquement
36:16son calvaire, tout comme
36:18ses enfants, tous ont gardé le contact
36:20avec Rosemary, l'épouse
36:22de Joseph Fritzl.
36:24La mère a eu de la force, elle est toujours là.
36:26Elle, elle est complètement humaine, la souffrance ne détruit
36:28pas l'humanité. Justement, si elle est là,
36:30c'est qu'elle a toujours eu espoir de quelque chose.
36:32Ayant été enfermée 20 ans, elle n'a pas
36:34de métier, elle n'a pas d'éducation,
36:36elle n'a pas toutes les sources
36:38d'informations qu'on a normalement
36:40et donc elle va avoir beaucoup de mal à s'insérer
36:42dans la vie dite normale.
36:44La psychologue
36:46Aurore Seguin-Sabourot
36:48c'était sur RTL, elle donnait effectivement
36:50un commentaire sur
36:52le comportement de cet homme et surtout
36:54ce que devienne ensuite
36:56ces victimes qui ont payé un lourd
36:58tribut à cette longue incarcération
37:00il n'y a pas l'autre mot, cette détention
37:02en sous-sol. Blaise Gauquelin, vous êtes
37:04journaliste à l'agence France Presse à Vienne
37:06en Autriche.
37:08Vous avez suivi toute cette affaire.
37:10Alors il y a, on l'a dit,
37:12vous l'avez très bien dit tout à l'heure, les enfants
37:14et puis la maman, Elisabeth,
37:16ils ont été protégés.
37:18Il n'y a pas eu de photos
37:20de ces captifs, on ne sait pas tellement
37:22ce qu'ils sont devenus. Est-ce qu'on a
37:24des nouvelles ? Est-ce que certaines personnes
37:26ont parlé, se sont manifestées ?
37:28Est-ce qu'il y a eu des interviews ?
37:30Écoutez, l'Autriche c'est
37:32un petit pays, donc tout le monde
37:34se connaît plus ou moins. Donc il y a
37:36effectivement des informations qui circulent
37:38notamment chez les services sociaux
37:40et chez les psychiatres.
37:42Parce que c'est une famille qui a été très bien suivie.
37:44Moi, les informations que j'ai
37:46de mon côté avec des sources de ces deux
37:48milieux-là, c'est que c'est une famille
37:50qui va très bien aujourd'hui,
37:52que c'est des gens qui vont admirablement bien
37:54et qui se reconstruisent et qui sont totalement
37:56intégrés dans la société,
37:58qui vivent en Autriche et qui vivent
38:00une vie pleine et entière
38:02de liberté. Et je pense
38:04qu'on peut parler de résilience
38:06les concernant. C'est aussi
38:08lié au fait qu'il y a une famille en haut, toujours,
38:10et que la famille d'en haut et la famille d'en bas
38:12soient solidaires aujourd'hui
38:14dans la reconstruction de la famille
38:16d'en bas, entre guillemets.
38:18Vous le disiez tout à l'heure, Blaise, mais c'est important.
38:20L'Autriche avait retenu
38:22évidemment les leçons
38:24du cas précédent
38:26de séquestration avec
38:28l'affaire Natasha Kampusch.
38:30Et là, les erreurs n'ont pas été commises.
38:32Les autorités
38:34ont géré ça de manière très, très
38:36correcte.
38:38Oui, mais tout de suite, la famille a été expiltrée.
38:40Comme vous l'avez dit, dans la clinique
38:42où vous avez parlé, et il a été demandé
38:44à la presse de bien vouloir
38:46conserver un cordon sanitaire.
38:48Ce qui est assez remarquable aussi, c'est que
38:50cette famille n'a jamais essayé
38:52de parler à la presse. Je pense qu'elle a dû avoir
38:54beaucoup de propositions
38:56pour pouvoir vendre
38:58leurs témoignages, et elle ne l'a jamais fait.
39:00Bon, effectivement,
39:02il y a de l'argent
39:04du côté Fritzl, donc je ne sais pas s'il y a eu
39:06un arrangement pour qu'elle puisse survivre.
39:08Et donc, elle en aurait moins besoin
39:10par exemple que Nadia Chakambouche, qui elle,
39:12la pauvre, n'a pas tellement
39:14de moyens de subsistance, puisque
39:16comme les Fritzl, elle a dû
39:18survivre dans une cave. En tout cas, ils ont changé de nom.
39:20D'ailleurs, comme M. Fritzl.
39:22Il ne s'appelait plus comme ça non plus.
39:24Et ils se sont reconstruits
39:26loin de Amsterdam.
39:28Alors, ce M. Fritzl, évidemment,
39:30vous dites qu'il a changé de nom, c'est exact.
39:32Et il est toujours emprisonné
39:34à l'heure à laquelle nous parlons. Maître Astrid
39:36Wagner, vous êtes son avocate.
39:38Vous êtes à Vienne, évidemment.
39:40Et vous connaissez bien cette affaire. Vous le voyez très
39:42fréquemment, Joseph Fritzl.
39:44Vous avez même écrit un livre avec lui
39:46qui est simplement
39:48en anglais sur The Abysses
39:50of Joseph F, c'est-à-dire les abysses
39:52de Joseph Fritzl,
39:54pour le traduire. On dit
39:56qu'il est malade, votre
39:58client. Dans quel état
40:00est-il réellement ?
40:02Alors, en ce moment, il va bien.
40:04Bien sûr, il est déjà très vieux.
40:06Mais il y a des vieillards
40:08en liberté, sur le même
40:10âge, qui sont dans un état beaucoup
40:12plus mauvais. Mais
40:14la psychiatre,
40:16l'expertise psychiatrique,
40:18dit que parce qu'il est déjà
40:20tellement vieux et déjà un peu
40:22dément, il n'est pas
40:24dangereux. Je l'avais
40:26vu la semaine dernière
40:28et il est optimiste, ça marchera.
40:30Il est optimiste parce qu'il espère
40:32bien sortir, même s'il a ce début
40:34de démence un peu sénile.
40:36Justement, Astrid Wagner, vous pensez qu'il
40:38sortira bientôt de prison,
40:40Fritzl ?
40:42Pas bientôt, mais
40:44j'espère l'année prochaine,
40:46par exemple.
40:48Maintenant, c'est un moment où
40:50je dois
40:52trouver une possibilité
40:54où il peut vivre.
40:56Ce n'est pas si simple que ça.
40:58Je dois trouver une sorte de
41:00maison de vieillard,
41:02pour les retraites.
41:04Et si ça marche, il a une bonne chance
41:06de sortir.
41:08On suivra ça évidemment
41:10si cet homme sort de prison
41:12après toutes ces années.
41:14Ça fera d'ailleurs beaucoup parler s'il est amené
41:16à retrouver la liberté.
41:18Merci beaucoup Maître Astrid Wagner
41:20et Blaise Goclin d'avoir
41:22été tous les deux les invités de l'heure du crime.
41:24Vous étiez à Vienne, en Autriche.
41:26Merci à l'équipe de l'émission, rédactrice en
41:28chef Justine Vignaud, préparation
41:30Marie Bossart, Marie-Lou Goyer.
41:32Réalisation en direct, bien sûr, de Nicolas Godet.