Le journaliste et écrivain, Franz-Olivier Giesbert, était l’invité de La Grande Interview, ce lundi 10 juin, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur la décision du chef de l’État de dissoudre l’Assemblée nationale : «Ce pays n’est pas géré, Emmanuel Macron, c’est la dette, l’immigration sans contrôle. Il se dit qu’il va tout reprendre, il y a un côté Machiavel de poche».
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00:00 - La première réaction, c'est vrai qu'on se disait bien, il y a un petit côté Bonaparte,
00:03 il revient à ce qu'il était en 2017. - De l'audace.
00:07 - Oui voilà, de l'audace.
00:09 Après quand on réfléchit, c'est un peu plus compliqué.
00:11 C'est-à-dire que je regarde, et personne ne l'a fait beaucoup,
00:15 mais il y a beaucoup de similitudes avec la dissolution de Jacques Chirac en 1997.
00:21 - Donc plutôt Jacques Chirac que François Mitterrand en fait.
00:23 - Ah oui, ou que de Gaulle même en 1978.
00:27 Alors, 1997 c'est quoi ? Chirac donne un coup de pied dans la fourmilière
00:31 parce qu'il est d'une assemblée baladurienne,
00:33 et qu'il n'aime pas donc, parce qu'il a été élu contre Baladur en 1995,
00:38 et il décide de dissoudre parce qu'il sait qu'il ne peut pas travailler avec cette assemblée,
00:44 et il pense qu'il y a un énorme problème des comptes publics.
00:46 C'est exactement la situation aujourd'hui.
00:48 La situation aujourd'hui, nous avons été dégradés par Standard & Poor's,
00:52 agence de notation, à cause de la dette, à cause de notre gestion apocalyptique,
00:58 pour bien dire des finances publiques depuis 2017 et même avant d'ailleurs,
01:02 mais enfin on est en train de payer tout ça,
01:04 et vous avez d'autres agences de notation qui vont suivre au second semestre,
01:08 c'est écrit Fitch et Moody's, et tout ça, si vous voulez, ça va faire quoi ?
01:13 Ça va augmenter les taux d'intérêt, et puis surtout, vous avez déjà,
01:17 regardez même la nouvelle de ce matin, j'ai entendu ça sur votre antenne,
01:20 92 milliards, c'est le déficit, plus 10% de l'État pour les trois premiers mois de l'année,
01:26 il y a quelque chose qui ne va pas, ce pays n'est pas géré.
01:31 On voit très bien d'ailleurs que c'est Macron, c'est une migration sans contrôle,
01:36 la dette sans contrôle, voilà.
01:38 Donc il se dit, voilà, je vais reprendre tout, je vais tout reprendre.
01:42 Mais il y a un petit côté Machiavel de poche, parce que ça aussi...
01:45 - Machiavel de poche, pourquoi ?
01:46 - Oui, Machiavel de poche, parce que...
01:47 - Parce que là il fait tapis, on est d'accord.
01:49 - Non mais attendez, on peut faire comme tous les journaux,
01:51 en disant "chapeau, bravo l'artiste", mais à l'arrivée,
01:54 regardez la situation politique en France, c'est quoi ?
01:57 Vous avez le bloc de gauche qui fait 20%,
02:00 et le bloc de gauche qui n'est pas du tout ce qu'on pouvait penser au départ,
02:03 El-Effi, moi je l'ai toujours pensé d'ailleurs, El-Effi est beaucoup plus fort qu'on croyait,
02:07 il est en tête dans nombreuses villes d'ailleurs de la banlieue parisienne,
02:12 c'est vraiment le sujet, c'est El-Effi qui a complètement été occulté d'ailleurs,
02:15 hier dans sa déclaration, à aucun moment Macron n'en parle,
02:19 il faut faire bloc contre le RN, mais enfin, El-Effi fait 10% pratiquement,
02:23 et je remarque surtout qu'il est très fort dans les grandes villes,
02:26 très fort à Paris, il est juste derrière,
02:28 enfin assez loin derrière, Glucksmann à Paris,
02:30 mais à Lyon il est à touche-touche, ils sont en tête tous les deux,
02:33 avec Bardella qui est derrière à 10%.
02:35 Il y a, disons, ça, la gauche, c'est le petit bloc...
02:38 - Donc 20% pour la gauche ? - 20% à gauche, oui.
02:40 Et puis vous avez quand même Macron, les macronistes, Renaissance,
02:46 ça ne fait rien du tout, mais c'est complètement dingue,
02:48 c'est la moitié du RN, c'est même pas 15%,
02:53 c'est juste un résultat affreux, si vous ajoutez une partie de LR,
02:57 mais à mon avis pas la totalité, ça ne va pas loin, vous voyez ?
03:00 Et puis un bloc, ce qu'on peut appeler le bloc de la droite dure,
03:05 Marine Le Pen, plus Reconquête, ça fait quand même déjà un petit paquet,
03:08 pas loin de 37%, vous rajoutez derrière toutes les petites listes,
03:12 vous arrivez à quelque chose de l'ordre de 40%.
03:14 C'est ça la réalité politique aujourd'hui, et elle est là.
03:17 Alors c'est vrai que les européennes passent,
03:19 et puis bon, ce sont souvent des petites modes qui sont créées
03:22 et puis qui retombent après, mais là, tout va très vite,
03:25 parce que tout le monde est pris de court, c'est dans trois semaines,
03:28 les listes, il faut les déposer dans deux jours,
03:31 enfin, il y a un petit côté bâclé, comment dire...
03:35 Enfin, moi je ne suis pas très sûr qu'il gagne son pari.
03:40 [Musique]
03:43 [SILENCE]