• il y a 7 mois
Le journaliste Franz-Olivier Giesbert était l’invité de La Grande Interview, ce vendredi 24 mai, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur la venue d’Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie : «Le bilan d’Emmanuel Macron sur place, c’est zéro. Le texte est un déni de démocratie, mais il fallait le voter. Pour autant, la meilleure solution serait de le reporter».

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Transcription
00:00 Bilan de ce déplacement d'Emmanuel Macron en Nouvelle-Calédonie selon vous, François-Louis Hegisberg, zéro pointé.
00:05 C'était un peu écrit.
00:07 Je traduis pour les auditeurs d'Europe.
00:09 Mais qu'est-ce qu'il peut faire ?
00:11 Qu'est-ce qu'il peut faire ?
00:13 Il a peut-être eu raison d'y aller, moi je pense qu'il avait raison d'y aller quand même,
00:17 parce qu'on est encore dans l'idée que la Nouvelle-Calédonie c'est la France,
00:22 mais enfin, il y a un problème fondamental.
00:24 Il y a 269 000 habitants en Nouvelle-Calédonie,
00:28 il y a 41% de canards, ils sont minoritaires,
00:31 mais on leur a trouvé un statut, enfin comment dire, on leur a donné un système électoral
00:38 qui fait qu'ils sont majoritaires dans les urnes.
00:40 Mais c'est un système qu'on a dit qui devait être provisoire.
00:45 Il y a eu trois référendums,
00:47 le dernier, ils ont perdu, c'est vrai qu'ils l'avaient boycotté,
00:51 mais ils l'avaient boycotté aussi parce qu'ils savaient qu'ils le perdraient,
00:53 et donc ces trois référendums ont dit qu'on veut rester en Nouvelle-Calédonie
00:57 avec apparemment ce système électoral qui leur donnait la majorité.
01:01 Bon, ils veulent garder ce système électoral.
01:03 Bon, c'est un système qui est antidémocratique, anticonstitutionnel,
01:10 c'est le droit du sang qui prévaut,
01:12 on a exclu, si vous regardez la Constitution,
01:16 enfin, on ne peut pas, ça ne peut pas continuer.
01:18 Bon, en même temps...
01:19 Donc il faut voter le texte.
01:20 Il faut voter le texte, mais en même temps,
01:22 c'est vrai qu'il faut faire attention.
01:24 C'est, ben oui, c'est-à-dire que, bon, c'est comment dire,
01:29 c'est un délit de démocratie ce texte, mais il fallait le faire.
01:32 Il fallait le faire parce qu'il fallait rétablir le calme, et c'est fondamental.
01:35 Donc c'est une espèce de cote mal taillée.
01:37 Une cote mal taillée, etc.
01:38 Et puis, c'est vrai que la solution, quand on voit le niveau de violence,
01:43 la solution c'est peut-être encore de reporter,
01:45 de reporter indéfiniment, vous voyez ce que je veux dire.
01:48 – En fait, de toute façon, là, Emmanuel Macron a dit qu'il était en clair,
01:52 je traduis, ce ne sont pas ses mots, mais je traduis,
01:54 "urgent d'attendre", hein, donc il incite les loyalistes
01:58 et les indépendantistes à dialoguer, ce qui veut dire...
02:01 – Non, mais la situation est affreuse parce qu'il est reparti,
02:03 l'ordre n'est toujours pas rétabli, il y a toujours des barrages partout,
02:07 enfin, vous savez très bien, comment dire, ça n'est pas réglé cette affaire.
02:12 Et c'est ça qui est, comment dire, un peu angoissant
02:15 parce que la Nouvelle-Calédonie, je ne veux pas dire que c'est la France,
02:19 c'est une colonie, bon, on n'a pas forcément toujours été très élégant...
02:23 – La Nouvelle-Calédonie c'est une colonie, ce n'est pas la France.
02:25 – Non, non, c'était une colonie, c'était une colonie, pardon,
02:28 utilisons l'imparfait parce que ce n'est plus une colonie.
02:31 Et puis, il y a beaucoup de choses qui ont été faites pour...
02:34 Attendez, après les accords de Matignon par Ockar en 1988
02:40 et ceux de l'accord de Nouméa de Jospin en 1998,
02:44 il y a eu beaucoup d'argent qui a été déversé,
02:46 comment dire, on a reconnu le droit coutumier des canaques, etc.
02:50 Et comment dire, oui, la Nouvelle-Calédonie a beaucoup changé,
02:55 tout ça en grande partie a été détruit, hein,
02:58 si les chiffres sont vrais, s'il y a eu un milliard de dégâts,
03:02 vous voyez ce que ça veut dire sur une ville de 269 000 habitants.
03:06 – Ça se compte en centaines de millions d'euros.
03:07 – On entend encore que le président repart,
03:09 mais il y a des maisons qui ont encore brûlé, enfin, voilà, l'histoire n'est pas finie.
03:13 Donc il y a intérêt à apaiser et à parler.
03:16 Le problème aujourd'hui du pouvoir, et ce n'est pas de sa faute,
03:19 il ne faut pas lui mettre tout sur le dos, il n'y a pas d'interlocuteur.
03:22 Du temps de Rocart, il y avait un grand chef indépendantiste
03:27 qui était un homme, comme disait Rocart, d'ailleurs de réconciliation,
03:30 un homme généreux, Rocart l'adorait,
03:32 il a été assassiné par un canaque, radicalisé, l'année suivante,
03:36 après les accords de Matignon, c'est-à-dire en 1989,
03:39 mais Jean-Marie Djibaou, il n'est plus là.
03:42 Et vous avez des espèces de collectifs mafieux,
03:44 plus ou moins aux mains de l'Azerbaïdjan,
03:46 ou je ne sais pas quoi, avec des drapeaux azériens,
03:48 enfin, c'est très folklorique, et c'est atroce,
03:51 parce que là c'est clair qu'on a des images qui ressemblent beaucoup
03:54 à ce qui se passait jadis au Liban.
03:56 – François-Olivier Gisbert.
03:57 – J'espère que ce n'est pas le début de la libanaisation de la France,
03:59 non, je ne crois pas.
04:00 [Musique]
04:03 [SILENCE]

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