D-Day - 80 ans du Débarquement en Normandie

  • il y a 3 mois

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, c'est le D-Day des 80 ans du Débarquement en Normandie.

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Transcript
00:00Europe 1, 11h, 13h, Pascal Praud et vous.
00:21Et c'est vrai qu'à 80 ans de distance, personne ne peut écouter sans doute ce chant des partisans,
00:26repris hier d'ailleurs par des collégiens de France sans penser à ses parents, à ses grands-parents, à ses aïeux,
00:33à ses français d'hier qui ont connu ce jour béni du 6 juin 1944.
00:38C'est vrai que depuis trois jours,
00:41vous entendez des vétérans qui parlent des plages de Normandie et qu'à chaque fois sans doute
00:46vous êtes saisi par une émotion qui vient de loin
00:49et nous rappelle sans doute que si les ricains
00:52n'étaient pas là, nous serions tous en Germanie.
00:56Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
01:01C'était hier, je pense, je salue Fabrice Laffitte,
01:05c'était hier, les petits collégiens, je trouve que c'est un des moments les plus émouvants de toutes ces cérémonies, ce que j'ai entendu hier
01:10et c'est vrai qu'on aime écouter
01:13ces phrases comme on aime écouter peut-être
01:16les
01:18parmi les vers les plus beaux de la langue française, ceux de Paul Verlaine,
01:22les sanglots longs des violons de l'automne blessent mon coeur d'une langueur monotone.
01:28Ça vous prend aux tripes. Il est 11h07, je salue Géraldine Amon, et bien évidemment je salue notre ami Laurent Tessier qui est là,
01:35je salue bien sûr Fabrice, je salue Olivier Guénec, je sais que dans ces temps troublés
01:42vous auriez été dans le commando Kieffer.
01:45Je pense que vous auriez pris, vous, les armes pour défendre la France et la patrie.
01:50Ah mais c'est certain, Dimitri Casali est d'accord, n'est-ce pas Dimitri ?
01:53Dimitri Casali que je salue puisque c'est vous qui faites désormais les présentations,
01:58cher Olivier Guénec,
02:00je vois que vous avez pris la,
02:02comment dire, le, le, le...
02:04Le long de l'île.
02:06Le commando de Paupe.
02:08Pas seulement du commandant Kieffer.
02:10Histoire de l'armée française, préface du Gérald Gomart et Dimitri Casali qui vient régulièrement nous voir et
02:16bonjour Dimitri et c'est vrai que au-delà de l'histoire
02:19je trouve qu'il y a une dimension d'émotion extrêmement forte depuis quelques jours parce qu'on baigne dans cette atmosphère. Je dis bonjour également à
02:26Florian Carasso Mayant.
02:29On écoutera juste après la pause
02:31un témoignage qu'on a fait tout à l'heure qui est absolument bouleversant. Il était 8h10 ce matin.
02:36Grâce à vous, grâce à Laurent, et grâce
02:40à Olivier, nous avons pu échanger avec Achille Muller qui est le dernier survivant des Françaises libres.
02:46Il était 8h10.
02:48Je vous assure, on était avec Fabrice Laffitte, on l'a écouté, on était tous à la fin de l'interview, de l'entretien en larmes.
02:56C'est dur en larmes, c'est un homme qui a 99 ans en larmes.
03:00Donc au-delà bien sûr de cette dimension historique, il y a cette émotion qui est palpable
03:05depuis 3-4 jours parce qu'on baigne, on regarde le film, par exemple le jour le plus long j'ai regardé hier soir, Apocalypse.
03:12On regarde tout ça et on est fasciné.
03:15Absolument, on s'aperçoit de l'importance fondamentale de l'histoire.
03:21On oublie l'histoire de France en particulier et cette histoire qui date quand même, qui est plutôt une histoire
03:27immédiate, 80 ans, c'est rien à l'échelle de l'histoire. C'était hier, c'est ce qu'ont connu nos grands-pères et
03:33cet Achille Muller, le colonel Achille Muller, vous avez vu comment il parle, la façon, il nous rappelle ce que les Français ont oublié,
03:41c'est-à-dire le courage,
03:43la force d'âme et aussi
03:46l'amour de la patrie. Voilà ce qu'il nous rappelle le colonel. Vous avez entendu, il a dit
03:50« Libérer la France, c'était du bonheur ».
03:52Et ça, c'est un discours qu'on n'entend plus depuis 30 ans, on a sapé justement toutes les valeurs de la République,
04:00toutes les valeurs du patriotisme. Et là, le président Macron se réveille depuis un an ou deux,
04:07mais il a participé à cette
04:10destruction de l'histoire de France qu'on a connue depuis 30 ans.
04:13Bon, le courage, l'engagement, l'honneur, vous avez raison, toutes ces valeurs que les temps de sérénité oublient peut-être, mais que les moments de guerre
04:21ravivent. Donner sa vie, donner sa vie pour la liberté, sacrifier son existence pour la liberté.
04:28Ils avaient 20 ans, ils avaient peur, mais ils bravaient
04:31effectivement leur effroi au nom d'un idéal.
04:34Et l'idée première que nous avons oubliée, et que j'explique aussi dans ce livre sur l'histoire de l'armée française, c'est qu'aujourd'hui on a
04:41complètement occulté qu'il n'y a que l'armée qui puisse nous défendre quand nous serons attaqués.
04:46C'est une idée simple, mais les Français l'ont complètement occultée.
04:50Je suis d'accord avec vous, mais ne faisons pas non plus d'angélisme.
04:53Le 18 juin 1940,
04:57tous les préfets ont rallé les vichys de France, tous les magistrats ont signé
05:03effectivement
05:04pour vichy, que la France entre 40 et 44, elle a été plus souvent dans la collaboration de la résistance.
05:12Alors là ça se discute, elle était plutôt attentiste, vous savez.
05:15Je ne vous parle même pas de ce qui s'est passé avec les FFI au moment de l'épuration, donc
05:22n'imaginons pas non plus...
05:24Pas une histoire trop glorieuse, mais quand on voit justement ces S.A.S. de Achille Muller et tout, on s'aperçoit aussi qu'il y a des héros
05:30qu'il ne faut surtout pas oublier. Et moi, en tant qu'ancien professeur d'histoire, je peux vous garantir que dans les manuels scolaires,
05:36on insiste beaucoup trop sur la collaboration avec les vichys, et on oublie totalement
05:41les héros tels qu'Achille Muller.
05:43Mais parce qu'à partir des années 70, et c'est Paxton notamment qui a revisité cette période-là,
05:49et c'est vrai que nous avons un rapport de culpabilité à notre histoire, c'est vrai pour les vichys, c'est vrai pour l'Algérie, c'est vrai pour la colonie, etc.
05:56Mais c'est vrai aussi que la France a parfois fait des choses, des erreurs, et de la colonisation.
06:02L'histoire n'est ni toute noire, ni toute blanche, elle est grise, mais c'est cette complexité qui lui donne cet intérêt.
06:07En tout cas, on va écouter après la pause Achille Muller,
06:11l'entretien dure une dizaine de minutes, et peut-être la phrase la plus émouvante qu'il dira, et qu'il a dite tout à l'heure,
06:18c'est lorsque je suis revenu sur le sol d'Offranches, j'étais à bord d'une jeep,
06:23j'ai arrêté la jeep, je suis descendu et j'ai embrassé, j'ai embrassé le sol de France.
06:28Vous parlez de valeurs républicaines, on embrasse pas les valeurs républicaines,
06:33en revanche on embrasse le sol de France, le sol de la patrie, le sol de France.
06:37Il est 11h12, nous marquons une pause et nous revenons, et nous allons écouter ce témoignage que j'ai trouvé absolument formidable.
06:44Et pour réagir avec Pascal Praud, de 11h à 13h sur Europe 1, vous composez ce numéro.
06:48Appelez Pascal Praud au 01 80 20 39 21.
06:5211h à 13h sur Europe 1.
06:54Vous le savez, c'est le D-Day, les 80 ans du débarquement en Normandie, le 6 juin 1944, l'opération Overlord,
06:59et nous allons écouter un témoignage bouleversant, nous l'avons enregistré à 8h ce matin,
07:04parce que M. Achille Muller est sur le terrain, si j'ose dire, Olivier Guenec.
07:08Exactement, il participe à toutes sortes de cérémonies, il était notamment hier avec Emmanuel Macron.
07:13Exactement, il était à côté d'Emmanuel Macron, et lorsque nous l'avons eu à 8h, il était dans sa voiture,
07:19c'est pas lui évidemment qui conduisait, il était avec quelqu'un qui l'accompagnait,
07:24sur les plages de Normandie, ou en tout cas sur un lieu de Normandie,
07:27et on a pu échanger avec lui une dizaine de minutes.
07:30Et c'est vrai que c'était absolument bouleversant.
07:33Il est le dernier survivant des forces françaises libres,
07:37Dimitri Casali, est-ce que vous pouvez expliquer précisément ces forces ?
07:41Il faut en parler, parce que les forces françaises libres, c'est uniquement,
07:45il faut le redire, et vous aviez raison tout à l'heure, c'est uniquement 5000 combattants.
07:50Le général de Gaulle se plaignait que fin août 1941, il n'y avait que 5000 français
07:55qui avaient rejoint Londres pour combattre les Allemands.
07:57Et effectivement, Achille Muller fait partie de ces 5000,
08:00qui ont rejoint en dépit de, vous vous rendez compte, c'était un Alsacien,
08:04un malgré-nous comme on dit, qui s'est évadé de l'Alsace,
08:08qui avait été vraiment annexé par le Reich, pour aller combattre.
08:11Il y a aussi tous ces volontaires, ces 5000 volontaires français,
08:14qui sont venus même de Calédonie, je vous en parlais tout à l'heure,
08:17pour sauver la France, et ça, il ne faut jamais l'oublier,
08:21ce sont les forces françaises libres, qui font partie,
08:24sans oublier aussi les forces françaises de l'intérieur,
08:27qui vont compter quand même pratiquement 350 000 résistants actifs,
08:32plus ceux les aides, on a 800 000 résistants en France globalement.
08:37Quand les collaborateurs, il faut quand même le souligner,
08:40ne faisaient au maximum à Vichy que 100 000 français.
08:43On voit bien qu'il y avait quand même un esprit de résistance,
08:46les chiffres et les statistiques sont là pour le prouver.
08:48Alors, autant les forces françaises libres sont magnifiées,
08:53autant parfois, les forces françaises de l'intérieur
08:57sont pointées comme les résistants de la dernière heure.
09:00C'est vrai qu'il y en a eu, hélas, avec des choses absolument abominables,
09:03de l'épuration, des images qu'on a vues.
09:06Mais en revanche, monsieur Achille Muller appartient à la légende de notre pays,
09:10et je vous propose de l'écouter pendant une dizaine de minutes.
09:14Bonjour mon colonel !
09:16Bonjour monsieur !
09:17Et merci d'être avec nous, et quelle émotion de vous écouter,
09:22vous avez 99 ans, vous êtes le colonel Achille Muller,
09:26vous êtes le dernier survivant des forces françaises libres
09:30à avoir participé au débarquement en juin 1944.
09:34Comment allez-vous ce matin ?
09:37Très bien, très très très bien.
09:39J'ai eu hier la visite, enfin, des rapports avec le président
09:43qui a été charmant avec moi, ce à quoi je ne m'attendais pas du tout.
09:47C'était il y a 80 ans, jour pour jour, heure par heure,
09:50quel souvenir vous gardez de ce 6 juin 1944, Achille Muller ?
09:55C'est très difficile à dire.
09:57Pour nous, c'était enfin, nous sommes sur le sol de France
10:01et nous allons libérer notre pays.
10:03C'est un sentiment extraordinaire.
10:06A 17 ans, vous viviez à Forbach, en Moselle,
10:08un territoire annexé par les Allemands,
10:10et c'est hors de question pour vous de servir l'armée allemande à votre majorité,
10:15vous voulez rester français,
10:17quitte à traverser 4 frontières, et c'est ce que vous allez faire ?
10:20C'est ce que j'ai fait, sans me faire prendre.
10:22Je suis le seul à avoir réussi à traverser l'Espagne sans me faire prendre.
10:27J'ai appris ça après la guerre, parce qu'il y a une association
10:30d'anciens prisonniers en Espagne.
10:33Alors, ils m'ont écrit, et je leur ai dit,
10:35je suis navré, je ne peux pas faire partie de votre association,
10:38puisque je n'ai pas été pris.
10:40Donc, c'est que je suis le seul.
10:42Et cette histoire est extraordinaire,
10:44puisque vous partez à vélo,
10:46vous poursuivez votre périple jusqu'à Gibraltar,
10:48vous traversez l'Espagne franquiste,
10:50vous tombez sur un navire français de Vichy,
10:52vous vous en échappez à la nage,
10:54vous prenez contact avec un officier de la France Libre.
10:57Oui, c'est exact.
10:58Et ce qui est extraordinaire, c'est qu'après...
11:00La Méditerranée, un 10 février, c'est pas chaud du tout.
11:07J'imagine, et après huit mois de périple,
11:09direction Londres, par bateau,
11:12où vous passez plus de 70 jours en quarantaine,
11:14parce que les Britanniques vous prennent pour...
11:1672 jours, exactement.
11:18Les Britanniques vous prennent pour un espion allemand.
11:20Exactement.
11:22Du moins, ils veillent à ce que ce ne soit pas le cas.
11:25Et ils ont d'ailleurs vérifié,
11:26puisqu'ils sont allés dans ma famille en Lorraine,
11:29pour vérifier que tout ce que je leur avais dit était vrai.
11:32Et je leur avais dit,
11:33si vous voulez des renseignements,
11:35vous vous adressez à mon oncle de Gravelot,
11:37ou à mon propre père.
11:39Mais ils ne l'ont pas fait.
11:40Ils s'y sont présentés,
11:42ils se sont fait reconnaître indirectement,
11:44mais ils ne l'ont jamais mis en danger.
11:51Oui, parce que tout le monde disait
11:52que j'étais un déserteur de l'armée allemande.
11:54J'ai eu beau leur dire que je suis un insoumis,
11:57mais pas déserteur.
11:59Mais pour eux, c'était la même chose.
12:01Et le général de Gaulle s'en intégrait aussi.
12:04Alors il m'a reçu.
12:06Et quel souvenir vous gardez de cette rencontre ?
12:08C'était très curieux.
12:10J'étais un gamin,
12:11mais après coup,
12:13j'ai eu l'impression que c'était un homme
12:15qui pensait à autre chose
12:18que les problèmes militaires,
12:20parce qu'il préparait le retour
12:23de l'autorité française en France.
12:26Il préparait les préfets,
12:29tous les circuits pour diriger la France,
12:33alors que les Américains avaient envisagé
12:36d'y mettre un gouvernement militaire.
12:40Ils avaient d'ailleurs imprimé des faux billets français
12:43que de Gaulle leur a reprochés.
12:45Alors j'espère que les Américains
12:48les ont mis en lieu sûr,
12:51en souvenir ou les ont brûlés.
12:53Gaulle leur a reproché.
12:55Il a dit c'est la France qui imprime,
12:57c'est pas vous.
12:59Et comme il n'aimait pas de Gaulle,
13:01il leur rendait l'appareil.
13:02Témoignage saisissant,
13:03témoignage pour l'histoire sur Europe 1.
13:06Nous sommes avec le colonel Achille Muller,
13:0899 ans,
13:09le dernier survivant des forces françaises libres.
13:13Et votre choix à ce moment de la guerre
13:16va se porter sur les commandos parachutistes,
13:19les fameux spécial Air Service de la France Libre.
13:23Quand est-ce que vous, précisément,
13:25vous touchez le sol de France, monsieur Muller ?
13:28Eh bien le 4 août,
13:29parce que je faisais partie de l'escadron de jeeps armés.
13:34Et nous étions les cavaliers du bataillon.
13:37Et les cavaliers sont partis les derniers,
13:40ce qui pour nous était très très dommageable.
13:44Mais le colonel nous a dit ensuite
13:46qu'il aurait été impossible de circuler en Bretagne
13:49avec une jeep armée.
13:51Parce que les forêts à pied, ça c'est très bien,
13:54mais avec des jeeps,
13:56à partir du moment où nous étions sur des routes
13:58ou des chemins forestiers,
14:00les Allemands les contrôlaient.
14:02Donc il fallait attendre que le plus gros soit fait
14:05avant qu'on ne nous largue par planeur.
14:08Et quel est le premier geste que vous avez fait
14:10lorsque vous êtes revenu sur le sol de France ?
14:13Je sais que vous le savez.
14:15Alors j'ai sauté de ma jeep et j'ai embrassé le sol de France.
14:19Et je vous garantis que j'étais ému.
14:22Comme nous le sommes, M. Muller,
14:25lorsque vous nous racontez cette histoire exceptionnelle,
14:29cette histoire d'un jeune homme qui n'avait pas 20 ans,
14:34est-ce que vous êtes fier de vous, M. Muller ?
14:37Non ! J'ai fait mon devoir, c'est tout.
14:40Je trouve ça tout à fait normal.
14:42Je trouve rien d'anormal dans l'affaire.
14:44J'ai fait mon devoir.
14:46C'est ce que je dis aux élèves de Coet' Kidan,
14:49c'est ce que je dis à tout le monde.
14:51Est-ce que vous avez conscience quand même de l'estime,
14:55l'admiration, le respect qu'on a pour vous
14:58et j'ai envie de dire également l'affection ?
15:01Oui, je l'accepte volontiers.
15:04Ma fille, ma famille fait la même chose,
15:08mais pour moi c'est beaucoup.
15:11Et quelle est votre vie aujourd'hui ?
15:13Eh bien, celle d'un retraité heureux
15:16qui pour le moment est harcelé par les journalistes,
15:19pas dans les mois.
15:22Je suis frappé de votre santé intellectuelle, physique,
15:27à 99 ans, comme si le temps n'avait pas de prise
15:32sur l'homme que vous êtes.
15:34Non, parce que je fais énormément de conférences,
15:37que ce soit à Saint-Cyr, que ce soit dans les lycées,
15:40que ce soit dans les collèges,
15:42et ça tient l'esprit éveillé.
15:44Il y en a qui n'aiment pas ça
15:46et qui finissent pas même plus savoir comment ils s'appellent.
15:49Or moi, mon physique ne me suit plus très très bien,
15:54encore que vous m'avez vu à la télé, je marche,
15:58mais ma tête fonctionne normalement.
16:02Je ne cesse pas de faire des conférences,
16:05donc ça fait marcher mon cerveau.
16:09Ce qui est certain, c'est qu'après ces jours
16:12où vous êtes très demandé,
16:14je pense qu'on va revenir vers vous
16:16pour vous accueillir peut-être plus longuement.
16:18Quelle a été votre vie ensuite,
16:20au lendemain de la guerre, monsieur Muller ?
16:22Après ?
16:23Après la guerre, qu'est-ce que vous avez fait
16:25durant toutes ces années ?
16:26Je suis parti en Indochine,
16:28un séjour 46-48,
16:31et puis 53-53, autrement dit,
16:34au début et à la fin.
16:36Et ensuite l'Algérie,
16:38de 56 à 62.
16:41Une carrière dans l'armée française
16:43au service de la France.
16:44Toujours.
16:46Je vais vous remercier grandement,
16:48monsieur Muller, je vais vous remercier grandement
16:50et je suis sûr que,
16:52comme tous ceux qui nous ont écoutés,
16:55tous sont émus de ce morceau de France,
16:58de ce morceau d'histoire que vous rapportez,
17:01et tous ont envie de vous dire
17:03les mots les plus simples, d'abord merci,
17:05merci monsieur Muller.
17:07Merci de me dire merci.
17:12Merci et belle journée à vous.
17:14Merci, c'est le plus beau cadeau.
17:16Je n'ai fait que mon devoir, dites-le bien,
17:18je n'ai fait que mon devoir.
17:20Et j'ai réussi à en sortir vivant,
17:23c'est ça qui est curieux.
17:25Quand je vois tous ces camarades
17:27que nous avons laissés en chemin,
17:29et je suis toujours vivant.
17:31Nous nous téléphonions, les anciens,
17:34vers le 1er de l'an chaque année,
17:36et on se disait, lequel de nous
17:38sera le dernier des Mohicans ?
17:40Eh bien, vous avez au bout du fil,
17:42le dernier des Mohicans.
17:46Quelle émotion.
17:48Quelle émotion, on était tout à l'heure,
17:50il était 8h10, on était ensemble
17:52avec Laurent, avec Olivier,
17:54Olivier qui est un jeune journaliste,
17:56et qui me disait tout à l'heure,
17:58je n'oublierai pas cette interview.
18:00Et le contact que vous avez eu avec lui,
18:02parce que c'est vous qui avez calé
18:04cette interview dans sa voiture,
18:06vous l'avez appelé plusieurs fois,
18:08depuis hier, et vous avez noué un lien
18:10avec lui, et on va essayer de le faire venir
18:12d'ailleurs, pourquoi pas dans une émission,
18:14ou sur Europe 1, ou sur ces news,
18:16parce que je trouve que c'est vraiment
18:18des gens qu'il faut écouter, et il faut donner
18:20de l'espace à ces gens-là,
18:22parce qu'ils nous racontent quelque chose
18:24qui nous touche.
18:26Exactement, et même dans
18:28cette qualité de français,
18:30c'est une France qui n'existe plus.
18:32Vous avez vu le choix des mots, la précision
18:34des mots, l'intelligence,
18:36la délicatesse aussi,
18:38non c'est formidable, vraiment c'est formidable.
18:40On marque une pause à tout de suite.
18:42La journée spéciale des 80 ans du débarquement en Normandie
18:44continue sur Europe 1 avec Pascal Praud
18:46de 11h à 13h, et vos témoignages, vos réactions
18:48au 01, 80, 20, 39,
18:5021, à tout de suite sur Europe 1.
18:52Pour réagir et donner votre avis sur
18:54Europe 1, rendez-vous sur la page
18:56Facebook de Pascal Praud et vous.
18:58La journée spéciale des 80 ans du débarquement en Normandie
19:00continue avec vous Pascal de 11h à 13h sur Europe 1.
19:02Et on va pouvoir peut-être être avec quelques auditeurs.
19:04Nous sommes toujours avec Dimitri Casali
19:06qui est historien, auteur du livre
19:08Histoire de l'armée française
19:10aux éditions Ring. Je précise,
19:12et c'est peut-être un détail,
19:14Emmanuel Macron avait un quart d'heure de retard
19:16pour la cérémonie britannique à Vers
19:18sur mer, mais les anglais ont commencé
19:20à l'heure, donc ils ne l'ont pas
19:22entendu.
19:24Mais ce président est toujours...
19:26Ce président est toujours en retard,
19:28ça fait 6 ans qu'il aurait dû
19:30réaliser, célébrer
19:32l'histoire nationale, mais pendant 6 ans
19:34il a sapé l'histoire de France,
19:36on le sait, avec l'exemple
19:38nous avons commis un génocide en Algérie.
19:40Et maintenant il se réveille, depuis 2-3 ans,
19:42il faut célébrer l'histoire de France, c'est un peu tard.
19:44Alors on est avec Colette
19:46Legouy, je pense.
19:48Bonjour Colette Legouy.
19:50Bonjour.
19:52Merci d'être avec nous,
19:54merci de témoigner, vous aviez
19:568 ans et demi lorsque le 6 juin
19:581944, vous avez
20:00vu de vos yeux le débarquement
20:02opéré sur les plages de Bénis-sur-mer
20:04en Normandie.
20:06Non, c'est pas des plages, parce qu'on est à 4 km
20:08de la mer.
20:10En tout cas sur la région,
20:12sur l'espace de Bénis-sur-mer,
20:14et vous y habitiez
20:16avec votre famille,
20:18et je crois que vous y habitez toujours.
20:20Ah oui, je n'ai pas quitté.
20:22Et alors quel souvenir
20:24à la très jeune enfant que vous étiez,
20:268 ans et demi, de cette
20:28journée il y a 80 ans ?
20:30C'est une journée
20:32qui marque spécialement,
20:34parce que des autres jours, je ne m'en rappelle pas
20:36toujours, mais celui-là, beaucoup,
20:38ce que j'en ai,
20:40c'était la...
20:42il y avait beaucoup de bruit,
20:44beaucoup, beaucoup de bruit,
20:46et puis tout ce monde,
20:48la famille et les voisins,
20:50on était tous ensemble,
20:52un peu dans la crainte
20:54qu'il nous tombe une bombe sur la tête,
20:56je pense, en même temps,
20:58et puis,
21:00la journée a passé très vite,
21:02parce qu'on attendait quand même
21:04que les
21:06soldats,
21:08on ne savait pas qui c'est qui venait,
21:10c'est les Canadiens qui nous ont délivrés.
21:12Mais vous habitiez dans une maison ?
21:14Oui.
21:16Donc vous étiez avec votre père, votre mère,
21:18peut-être des frères et sœurs ?
21:20Oui, frères et sœurs, et puis des voisins qui étaient là,
21:22parce qu'ils s'étaient joints
21:24à nous le matin de bonheur,
21:26parce qu'on parle, quand ils ont
21:28entendu tous les bruits,
21:30ils sont venus. Mais vous vous souvenez précisément
21:32lorsqu'il est 5h, 6h, parce que tout ça
21:34est loin ? Oui, 6h du matin.
21:36Et donc, vous vous réveillez
21:38toute seule, ou c'est vos parents qui viennent ?
21:40Non, je me suis réveillée toute seule,
21:42dans la chambre,
21:44et il y avait déjà du monde dans ma chambre,
21:46un peu surprise.
21:48Les portes et fenêtres étaient grandes, ouvertes,
21:50parce que
21:52il y avait tellement de bruit,
21:54que ça vibrait par les
21:56canons,
21:58et les carreaux vibraient.
22:00Alors les parents avaient laissé les portes
22:02et les fenêtres ouvertes.
22:04Et à l'heure du déjeuner, je crois que vous avez rencontré
22:06un soldat canadien ? Oui.
22:08Dans la matinée,
22:10vers midi, on était
22:12dans la cour de la
22:14ferme, quand un soldat
22:16canadien est arrivé.
22:18Les manches remontées,
22:20le casque avec un filet
22:22sur la tête, et il nous a dit
22:24« Où sont les Allemands ? »
22:26Très surpris de l'entendre parler
22:28français.
22:30Et pour vous, ces souvenirs sont intacts ?
22:32Ah oui.
22:34Oui, ça a dû me marquer
22:36beaucoup. J'imagine, et puis
22:38à 8h30, on a encore une mémoire,
22:40on se
22:42souvient bien, forcément,
22:44de ces très jeunes années. Alors ce qui est intéressant
22:46dans ce que vous dites, dans ce petit village
22:48de Bény-sur-mer, c'est que vous ne rencontrez
22:50dans les premières heures que des soldats canadiens.
22:52C'est-à-dire que
22:54oui, deux heures après,
22:56mes parents ne voulaient
22:58pas que j'aille trop dans la rue,
23:00mais on avait quand même été voir,
23:02au bout d'un petit chemin,
23:04on voyait la mer, au loin,
23:06et là on a vu que la mer
23:08était noire de bateau,
23:10avec des
23:12ballons qui
23:14remontaient au-dessus,
23:16et puis il y avait un genre de brume, de brouillard,
23:18de fumée, au loin,
23:20et puis ce bruit, ce bruit
23:22continuel, par les tirs.
23:24Pour ceux qui ont vu les dernières
23:26images, d'ailleurs, ou les derniers reportages
23:28rediffusés, quand
23:30Madame Legouy parle de ballons,
23:32effectivement, il y avait des ballons au-dessus,
23:34c'était des ballons dirigeables, qui étaient
23:36au-dessus de la mer, et qui
23:38accompagnaient ces bateaux pour des raisons
23:40de sécurité, sans doute.
23:42Parce que la chasse allemande était redoutable,
23:44encore, malgré ce que
23:46dit le jour le plus long,
23:48dans le film, on voit que deux misérables
23:50Messerschmitt, alors qu'il y avait encore
23:52500 avions allemands à l'époque.
23:54Qu'est-ce qui s'est passé au soir
23:56du 6 juin 1944,
23:58Colette Legouy ?
24:00Est-ce que vous avez dormi chez vous ?
24:02Le soir,
24:04oui, non,
24:06on n'a pas dormi chez nous,
24:08mon père et mes parents avaient peur,
24:10donc on est allés coucher
24:12à la carrière
24:14de Fontaine, dans une carrière
24:16de Pierre, une petite carrière,
24:18on était dans l'eau,
24:20c'est-à-dire, vous étiez
24:22à combien ?
24:24Il y avait beaucoup de gens du village, il y avait des gens
24:26des autres villages à côté,
24:28et il y avait des gens du camp qui étaient déjà
24:30partis de camp, parce que
24:32le camp était bombardé continuellement.
24:34Et j'ai compris que
24:36vous habitiez une ferme,
24:38le 6 juin 1944, et que vos parents
24:40étaient donc agriculteurs.
24:42Oui.
24:44Qu'est-ce qui s'est passé ces jours suivants,
24:46parce qu'on se demande toujours comment on s'organise
24:48dans ces cas-là, où est-ce qu'on dort,
24:50comment on mange, comment on se ravitaille,
24:52comment ça se passe,
24:54j'imagine qu'il n'y a pas eu d'école au mois de juin
24:561944 ?
24:58On n'a pas été très longtemps
25:00sans école,
25:02tout le mois de juin, je pense.
25:04Et puis après, c'était juillet-août
25:06les vacances, donc...
25:08Comment la vie s'organisait-elle
25:10au quotidien, puisque si vous n'étiez
25:12plus dans la ferme, comment
25:14les bêtes étaient restées, j'imagine,
25:16sans
25:18qu'on s'occupe d'elles ?
25:20On avait six vaches, il y en avait
25:22une qui avait été tuée d'ailleurs,
25:24le matin du débarquement, le matin
25:26du 6 juin, on est allé
25:28à mon père et à mon frère, on est allé
25:30chercher, elle était dans la campagne,
25:32elle les rapprochait auprès de la
25:34ferme, et les Allemands qui étaient
25:36encore en garde là,
25:38ils l'ont dit, vous savez où vous allez ?
25:40Il a dit chercher les vaches, il a dit
25:42oui, vous, mais pas la petite, la petite
25:44c'était moi, donc ils m'ont renvoyée
25:46dans ma maison.
25:48Et on a ramené les vaches auprès de la maison
25:50de façon à pouvoir les traire
25:52quand il fallait, et distribuer
25:54les autour.
25:56C'est pour ça que c'est toujours intéressant
25:58de savoir ce quotidien, comment il s'est
26:00mis en place. Vous êtes retourné quand dans votre
26:02ferme ?
26:04On y retournait
26:06dans la journée, on y retournait
26:08et c'est le soir qu'on allait coucher
26:10à la carrière. Ah oui d'accord, donc
26:12vous pouviez effectivement
26:14revenir
26:16pendant quelques heures.
26:18Donc cette période est particulière,
26:20elle vous a fortement marquée bien sûr,
26:22et quelle a été la suite de votre vie
26:24Colette, une fois que la libération
26:26a été
26:28acquise en France ?
26:30C'est-à-dire
26:32qu'on avait trouvé
26:34une grande liberté.
26:36Quoi qu'il n'y avait pas
26:38dans l'occupation allemande à Bénis,
26:40il n'y avait pas eu de problème.
26:42Ça allait bien, mais après
26:44on sentait qu'on était libre
26:46de faire ce qu'on voulait.
26:48Mais vous n'avez jamais quitté Bénis
26:50sur mer, quasiment toute votre vie ?
26:52Oui.
26:54Vous êtes quand même allé, j'imagine, de temps en temps
26:56en voyage ?
26:58Oui, mais
27:00mon mari était un garçon du village aussi
27:02à ce moment-là,
27:04et lui aussi il était né au pays,
27:06et on s'est mariés
27:08là en 57,
27:10et on est toujours restés au village.
27:12Et votre mari ?
27:14Maintenant il est parti, il est décédé.
27:16Et vous avez des enfants, j'imagine,
27:18peut-être Colette ? Oui, j'ai trois enfants,
27:20donc j'en ai deux qui sont agriculteurs
27:22au village.
27:24Cette France-là, cette histoire de France
27:26que vous nous racontez,
27:28vous êtes peut-être parmi
27:30les derniers éléments,
27:32les derniers individus d'ailleurs,
27:34plus exactement, parce que vos parents étaient
27:36agriculteurs, vos grands-parents étaient agriculteurs
27:38à Bénis-sur-mer, vos enfants
27:40sont à Bénis-sur-mer, c'est une histoire
27:42de France, c'est un pan d'histoire de France
27:44qui, je ne suis pas sûr qu'il se
27:46prolonge éternellement, Colette.
27:48Ah ben, on verra bien.
27:50Mais vous êtes, vous-même,
27:52vous vivez toujours dans l'endroit
27:54où vous étiez il y a 80 ans ?
27:56Non, non, non, j'ai changé.
27:58Donc là, vous êtes
28:00dans une maison, peut-être ?
28:02Oui, oui, c'était une ancienne ferme
28:04qu'on a réhabilité
28:06pour y passer notre retraite.
28:08Mais là, aujourd'hui, vous travaillez
28:10toujours un petit peu ? Non, non, non.
28:12Plus du tout ?
28:14Non, non.
28:16Bon, ben écoutez,
28:18vous êtes en forme ? Vous allez bien ?
28:20Je suis en forme,
28:22sauf que j'ai du mal à marcher,
28:24parce que j'ai très mal au dos,
28:26alors je m'aide d'un tombulateur,
28:28mais ça ne m'empêche pas
28:30de faire ce que j'ai envie de faire.
28:32Et qu'est-ce que vous avez envie de faire, par exemple, aujourd'hui ?
28:34Ah ben, c'était,
28:36j'ai une grande cour
28:38à un petit près, je m'occupe de mes
28:40fleurs, je vais et viens.
28:42Et qu'est-ce que vous aimez faire,
28:44par exemple, dans cette vie,
28:46aujourd'hui, à 88 ans, Colette ?
28:48Ce que j'aime faire, déjà,
28:50j'aime la compagnie, j'aime me recevoir,
28:52j'aime rencontrer
28:54beaucoup de monde, et puis,
28:56d'être dehors, d'être à la compagne.
28:58Pour moi, ma vie,
29:00elle est là. Et donc, si on vient vous voir,
29:02par exemple, vous nous offrirez des petits
29:04gâteaux, et puis un petit
29:06chocolat, peut-être,
29:08et on pourra passer une bonne
29:10journée avec vous ? C'est ça.
29:12Quel âge ont vos petits-enfants ?
29:14Alors, j'ai
29:16mes arrières
29:18petits-enfants,
29:20et puis,
29:22je crois que le dernier
29:24a deux ans et demi, mais le premier a dix ans.
29:26Bon, ben, écoutez, vous êtes une arrière-grand-mère,
29:28c'était un plaisir, vraiment, de vous écouter,
29:30Colette, et vraiment, merci
29:32d'avoir témoigné sur ce
29:346 juin 44, et de
29:36raconter un peu, aussi, une part
29:38d'histoire de France.
29:40C'est vrai que ça nous touche toujours, Dimitri Casali,
29:42parce que
29:44je trouve souvent qu'on n'écoute pas assez les anciens.
29:46Moi, j'aime bien les écouter longuement.
29:48Et on comprend la dimension extraordinaire
29:50de ce débarquement. C'est la
29:52plus grosse opération amphibie de
29:54toute l'histoire de l'humanité.
29:56Ça, il ne faut pas l'oublier. Et puis, surtout, on comprend
29:58que le débarquement aurait pu
30:00échouer. C'est incroyable
30:02cette histoire. Si
30:04on avait réveillé Hitler à temps...
30:06Mais c'est vrai ou pas ça ? Virginie Giraud
30:08me disait hier qu'il y a une forme de légende
30:10là-dessus...
30:12Il a pris un somnifère à 3h du matin.
30:14C'est ce qu'on raconte. J'ai entendu ça hier soir également.
30:16Et surtout Rommel, parce que
30:18Hitler était tellement loin.
30:20C'est surtout Rommel qui était un maréchal allemand
30:22extraordinaire,
30:24tacticien. S'il avait été sur place,
30:26s'il avait obtenu les deux divisions
30:28blindées qui étaient à l'arrière de Caen,
30:30ça en était fini du débarquement.
30:32Ça, vous êtes certain de ça ? Ah oui, il est parti pour
30:34l'anniversaire de sa femme à Berlin,
30:36qui est née un 6 juin. Vous vous rendez compte ?
30:38La chance, c'est terrible ça
30:40dans l'histoire. Napoléon disait
30:42que la chance est le facteur le plus important.
30:44Les alliés ont eu beaucoup de chance
30:46le 6 juin. Moi je suis assez d'accord aussi pour dire
30:48que la chance est un des facteurs,
30:50et le hasard est un des plus importants
30:52de la vie. Il est 11h46, nous
30:54marquons une pause, et Colette Legouy,
30:56elle était formidable.
30:58Vraiment, son témoignage était formidable. Quand je lui disais
31:00est-ce que vous travaillez toujours ? Bien sûr, je me doutais
31:02bien qu'elle ne travaillait plus, mais parfois les occupations
31:04chez les agriculteurs
31:06sont toujours présentes. Et d'ailleurs, c'est ce qu'elle
31:08dit à la fin, elle s'occupe de ses fleurs,
31:10et elle aime la compagnie.
31:12Voilà une jolie phrase, j'aime la compagnie.
31:14Et bien figurez-vous que moi aussi,
31:16j'aime la compagnie. Il est 11h46,
31:18mais où est-elle
31:20passée, la 7ème compagnie ?
31:22Je vous pose la question. Il est 11h46.
31:24Pour réagir avec Pascal Praud de 11h à 13h,
31:26vous composez le 01, 80,
31:2839, 21. A tout de suite sur Europe 1.
31:36C'est bien Eglantine que j'ai l'appareil ? Répondez !
31:38Non, c'est pas tout à fait Eglantine.
31:40Ici, c'est le commandant d'infanterie Follkurt.
31:42Mais ça fait rien !
31:44Bougez pas, on arrive !
31:46C'est très intéressant d'ailleurs
31:48comment
31:50la France a traité pendant de
31:52nombreuses années sur le plan
31:54cinématographique
31:56la Libération et cette guerre
31:58de 40. Quand j'étais enfant, moi je me faisais
32:00une idée à travers les films que je voyais, La Grande
32:02Drouille, La 7ème Compagnie, c'était pas exactement
32:04la réalité. C'est très intéressant
32:06comment ça a été traité parce que ça fait presque
32:08sens. On a reconnu la voix de
32:10Funès et puis la musique de La 7ème Compagnie.
32:12Oui, il y avait cette
32:14culpabilité.
32:16C'est vrai qu'on en parlait tout
32:18à l'heure, la plupart des 40 millions
32:20de Français de l'époque ont été attentistes.
32:22Ils se sont pas engagés ni
32:24dans la résistance, ni dans la collaboration.
32:26C'est ça le dilemme français.
32:28On était attentistes.
32:30C'était la voix de Pierre Tornade. Alors nous
32:32recevons dans
32:34ce studio Théo Grévin
32:36qui exceptionnellement a quitté son
32:38musée et qui
32:40est journaliste d'en bas
32:42parce qu'il est figé
32:44derrière un corps rouge
32:46toute la journée. Et là il bouge !
32:48Théo Grévin.
32:50Donc ça nous fait choyer.
32:52C'est le meilleur annoncement possible.
32:54Théo,
32:56tous les jours sur l'antenne d'Europe 1
32:58vous avez une série
33:00toute la semaine dans le journal de 8h.
33:02Vous rapportez les lieux,
33:04vous êtes allé sur les lieux qui portent
33:06encore les traces de l'offensive.
33:08Effectivement et aujourd'hui
33:10c'était Omaha Beach ce matin, l'épisode sur Omaha Beach.
33:12Vous avez pu en parler tout à l'heure
33:14avec Colette. Moi j'ai rencontré
33:16Henri et en fait on se rend compte qu'ils ont
33:18un peu tous le même profil
33:20et tous la même mémoire. C'est-à-dire qu'Henri je l'ai rencontré
33:22il y a un mois.
33:24Il avait 12 ans
33:26à l'époque et donc il se souvenait très
33:28bien de ce qui s'était passé et c'est assez
33:30impressionnant parce que vous le rencontrez
33:32il vous parle de sa vie pour commencer
33:34et il revient sur cet événement
33:36et il vous raconte heure par heure
33:38ce qui s'est passé, les bombardements
33:40la nuit du 5 au 6 juin et puis
33:42soudainement ça s'arrête
33:44et il voit le premier bateau arriver
33:46et ensuite les événements qu'on
33:48connaît. Donc il avait
33:50il y a 80 ans, il a 92 ans ?
33:52Tout à fait. Et on va l'écouter si vous voulez bien
33:54Henri Ouivet
33:56j'espère que je le dis
33:58mieux. Il est donc présent dans
34:00ses reportages de Théo Grevin pour
34:02Europe 1. Il habitait une ferme à l'époque
34:04qui donnait sur Omaha Beach. Il raconte
34:06la nuit du 5 au 6 où il voit les bateaux
34:08et il comprend que le débarquement commence
34:10les plages
34:12Omaha Beach, Utah Beach
34:14leur nom ont été donnés
34:16évidemment par les américains lorsqu'il
34:18réfléchissait au débarquement
34:20Dimitri Casali. Absolument
34:22Eisenhower a demandé justement
34:24dans son QG à ses
34:26deux sous-officiers
34:28d'où ils venaient aux Etats-Unis
34:30où ils habitaient. Et deux
34:32sous-officiers dans son QG ont répondu
34:34un de l'Utah, l'autre de la ville d'Omaha
34:36aux Etats-Unis. Et c'est devenu
34:38et pour les anglais c'était
34:40Montgomery qui a choisi
34:42Sword, Juno et Gold
34:44et il avait choisi des noms de poissons
34:46c'était Swordfish, Goldfish
34:48et Churchill a trouvé ça
34:50complètement nul. Il lui a dit
34:52il y avait même initialement
34:54Jelly, c'était la Méduse
34:56et Churchill a explosé
34:58et il a dit on peut pas donner
35:00on va avoir 20 000 morts parce qu'il pensait
35:02on peut pas donner des noms de
35:04Méduse à des plages
35:06où 20 000 de nos gars vont mourir
35:08et ils ont raccourci et donc
35:10il a demandé pour la 3ème place des
35:12canadiens, ce fut Juno.
35:14Alors nous écoutons Henri Ouivet
35:16qui est donc présent dans les reportages
35:18de Théo.
35:20La nuit du 5 au 6
35:22a bombardé, les avions
35:24on entendait, on n'a pas dormi
35:26de la nuit quoi. Avec mon grand-père
35:28on s'est
35:30on n'avait pas dormi
35:32on est descendu voir dans la cour
35:34on se crottait de l'horizon mais vous savez
35:36le matin c'est brumeux
35:38à l'horizon, on voit rien hein
35:40on voit rien, plus on voit rien
35:42on est là bon
35:44au bout d'un moment je remonte, on voit
35:46il y a toujours rien et puis
35:48alors peut-être
35:50un peu avant 6h le matin
35:52quand la brume se lève
35:54le matin ça s'est levé
35:56alors là
35:58ça s'est éclairci
36:00des bateaux, des bateaux
36:02partout, la mer était noire de bateaux
36:04et il avançait
36:06et au fur et à mesure quand je le regardais
36:08il avançait, il avançait, il avançait
36:10alors je dis ce coup là c'est
36:12c'est le débarquement.
36:15Henri Ouivet
36:17qui était donc un des témoins
36:19on va marquer une pause, on est avec Théo Grévin
36:21Théo vous allez apprendre à le connaître
36:23bien sûr ces prochaines années
36:25parce que c'est un jeune journaliste de talent
36:27qui a 22 ans, qui est né à Caen
36:29et c'est votre
36:31histoire, c'est votre famille
36:33et ce sujet
36:35c'est vous d'ailleurs qui l'avez proposé
36:37à la rédaction d'Europe 1
36:39à Donna Vidal-Revelle
36:41notamment et c'est vrai que
36:43ses témoignages sont forts et puis il raconte
36:45donc aussi votre histoire
36:47c'est une manière de faire un lien entre
36:49votre histoire personnelle et puis la grande histoire
36:51qui est celle de France. On va en parler
36:53après la pause, il est 11h58
36:55et puis on va peut-être célébrer
36:57ce D-Day à travers des chansons
36:59des chansons d'époque
37:01par exemple qu'est-ce qu'on chante
37:03le 6 juin 44 en France
37:05quel est le film qu'on va voir au cinéma
37:07le 6 juin 44 en France
37:09quelle est l'actualité en dehors du D-Day
37:11c'est pas mal ça
37:13les visiteurs du soir
37:15que vous avez vu avec
37:17Michel Demarcelles-Carnet
37:19avec Arletti
37:21avec
37:23Berry
37:25qui joue le diable
37:27avec Pierre Brasseur
37:29qui joue le diable et puis avec Alain Cuny
37:31qui est décédé il n'y a pas si longtemps
37:33d'ailleurs il y a une vingtaine
37:35d'années peut-être
37:37il faut le dire le cinéma sous l'occupation
37:39c'est particulièrement florissant
37:41et c'est une parabole
37:43que les visiteurs du soir
37:45la pose
37:57est-ce que vous savez qui chante ?
37:59sérieusement
38:01ne l'aidez pas
38:03si je vous dis le canotier
38:05le canotier ?
38:07je suis en difficulté
38:09ma pomme c'est moi
38:13le roi du pain
38:15dites moi
38:17ça vous dit rien ?
38:19c'est une fleur de Paris écoutée
38:23une star immense
38:25aux Etats-Unis
38:27immense aux Etats-Unis
38:29Maurice Chevalier
38:33et ça c'était l'hymne de la Libération
38:35c'est un gars de Belleville
38:37bien sûr
38:39le Belleville d'autrefois
38:43pourquoi vous laissez pas les paroles ?
38:45j'ai 44
38:47je vous connais quand vous faites
38:49donc ça c'est une des chansons de 44
38:51et il y avait une autre chanson
38:53autre chanson
38:55la Libération en 43
39:01et les petits collégiens
39:03ont chanté ça également
39:05c'était très étonnant
39:07moi je trouve que ces chansons sont magnifiques
39:09elles racontent aussi l'histoire de France
39:17certains ont voulu que ce soit l'hymne de la France
39:19je crois que c'est Yannick Noah
39:21qui avait proposé que Douce France soit
39:23remplace ça la Marseillaise
39:25il a écrit ça alors qu'il était
39:27au bord de Marne installé tranquillement
39:29chez lui à La Varenne
39:31je vous donne des exemples
39:33il a écrit ça avec un crayon
39:35sur une table
39:37j'étais assis à côté de lui
39:39j'ai essoufflé 2-3 paroles
39:41avec un crayon sur une table
39:47ça c'est chouette
39:57le tube c'est Rina Kéki
39:59ça c'est Rina Kéki
40:01c'est ça qu'il a écrit
40:03le tube de 40 tu me demandais tout à l'heure
40:05en tout cas si on veut attirer des jeunes
40:07on est bien
40:09et le grand succès ramené des Etats-Unis
40:11il n'y avait pas que le shroom gum et le coca
40:13il y avait ça
40:15enregistré le 1er août 39
40:23en fait cette émission c'est Retour vers le futur
40:25par exemple
40:27il y a un très beau
40:29Lelouch a souvent
40:31parlé de la libération
40:33j'attendrai ton retour
40:35magnifique chanson
40:37qui a repris d'ailleurs
40:39en suite d'Alida
40:41vous connaissez
40:43le jour et la nuit
40:45dans le fameux jeu que je fais de temps en temps
40:47tu as un dîner avec deux tontons
40:51il y a un jeu que j'adore c'est Monsieur et Madame
40:53Monsieur et Madame ont un fils
40:57cette chanson là je l'ai utilisée très souvent
40:59Monsieur et Madame le jour et la nuit
41:01ont un fils
41:03j'attendrai
41:07le jour
41:09et la nuit
41:11j'attendrai toujours
41:13ton retour
41:15je vais faire un burn out
41:17mais non
41:19mais attendez Rina Ketty
41:21vous êtes des honneurs
41:27écoutez moi ça comme c'est beau
41:29le jour et la nuit
41:31j'attendrai
41:33mais Alida a repris ça
41:35c'est une chanson
41:37mais elle est immortelle cette chanson
41:39Brunel avait fait un album
41:41avec des anciennes chansons
41:43il avait fait un malheur, tout le monde adore ces chansons là
41:45la jada bleue
41:47c'est les bases
41:49de la chanson française
41:51il y a la chanson du dernier métro
41:53mon amoureux
41:55tiens mon amoureux
41:57c'est les chansons qu'on aurait du mettre en exergue
41:59pendant l'anniversaire olympique
42:01vous avez vu tout ce pan de notre histoire est complètement oublié
42:03avec sur Rina Ketty
42:05c'est différent d'Aya Nakamura
42:07c'est autre chose
42:09c'est autre chose
42:11il est sorti de son musée
42:13exceptionnellement
42:15le revoir
42:17il retourne après
42:19il ne bouge pas
42:23Théo, cette série
42:25ça a été toute la semaine depuis lundi
42:27donc demain, qui est demain
42:29sur l'antenne d'Europe 1, à 8h
42:31dans l'ouverture de M. Pavlenko
42:33tout à fait et demain matin on va parler d'une histoire un peu différente
42:35c'est celle des carrières refuge
42:37peut-être que Dimitri Kazali
42:39sait de quoi je parle
42:41c'est là où se sont cachés les réfugiés
42:43les civils
42:45après le débarquement
42:47quand il y a eu des bombardements énormes
42:49les carrières refuge
42:51ça n'a rien à voir avec des journalistes
42:53qui partiraient sur une station
42:55ou une autre avenue
42:57bien évidemment, les carrières refuge
42:59mais pourquoi vous cette histoire
43:01vous êtes né à Caen
43:03donc c'est votre histoire
43:05vos grands-parents étaient déjà en Normandie
43:07du tout, ils n'étaient pas en Normandie
43:09mais moi j'ai grandi en Normandie
43:11et par exemple les carrières refuge c'est très intéressant
43:13j'ai grandi dans ces carrières
43:15on ne peut pas les visiter normalement
43:17donc j'y suis allé avec le responsable des carrières
43:19et elle nous en parlait Colette si j'ai bien compris
43:21c'est là qu'elle allait dormir
43:23elle nous racontait
43:25qu'elle ne dormait pas à la ferme le soir
43:27et qu'elle allait dormir dans ses carrières la nuit
43:29et bien demain matin
43:31vous pourrez entendre Nicole
43:33elle avait 10 ans à l'époque
43:35elle a 90 ans aujourd'hui
43:37et elle a vécu pendant 2 mois
43:39dans ses carrières
43:41et il y a une anecdote qui est marrante
43:43parce que j'ai visité la carrière avec le monsieur qui s'occupe de ça
43:45et qui gère
43:47qui s'occupe de ses carrières
43:49et il m'a montré un petit
43:51prénom qui était gravé
43:53et ça avait été gravé par Nicole Madeleine
43:55et elle s'en souvient encore aujourd'hui
43:57mais cette carrière on peut les visiter tous les jours ?
43:59non justement on ne peut pas les visiter
44:01ces carrières
44:03elles sont fermées
44:05et c'est assez dangereux mais c'est resté intact
44:07c'est à dire que quand vous y allez
44:09sur les photos disponibles sur le site d'Europe 1
44:11vous voyez encore des casseroles
44:13tout date de l'époque
44:15des carrières refuges avec des casseroles
44:17ça je reconnais
44:19quelques-uns
44:21je peux vous en reparler
44:23dans ce métier
44:25il y en a quelques-uns
44:276 mois de travail qui ont vraiment
44:31sérieusement
44:33alors si
44:35vous qui connaissez bien la Normandie Théo
44:37qui nous écoute, qui ne sont jamais allés en Normandie
44:39s'il y a un lieu
44:41d'abord où il faut aller
44:43c'est au cimetière de Colville
44:45c'est sur la plage d'Omaha Beach
44:47c'est le musée peut-être qu'il faut visiter
44:49quel est l'endroit
44:51vraiment où il faut se rendre ?
44:53le mémorial de Caen
44:55est très bien pour comprendre ce qui s'est passé
44:57et le cimetière américain
44:59forcément nous c'était la sortie du week-end
45:01quand on avait des invités
45:03on allait au cimetière américain, je pense que certains l'ont visité 2-3 fois
45:05ils n'osaient pas le dire
45:07ils étaient déjà allés la fois d'avant
45:09parce que c'est un endroit saisissant
45:11c'est saisissant, il y a combien de tombes
45:13dans ce cimetière américain ?
45:159900, vous vous rendez compte, c'est extraordinaire
45:17et qui sont alignées les unes à côté des autres
45:19et qui sont enterrées
45:21ça c'est le cimetière
45:23il y a le même britannique aussi
45:25c'est magnifique
45:27bon merci vraiment Théo
45:29merci parce que vous êtes un jeune journaliste
45:31avec beaucoup d'initiatives
45:33vous avez proposé ça
45:35et vous allez être dans cette maison fort longtemps
45:37et le public va
45:39vous écouter bien sûr
45:41et va apprendre à vous connaitre
45:43comme nous nous apprenons à vous connaitre
45:49c'est vraiment un bout de votre génération
45:51il est très sympa
45:53et qu'est-ce que vous dites vous ?
45:55l'autre jour, j'ai donné un livre
45:57comme ça à un jeune
45:59c'est quoi cette anecdote ?
46:01c'était un livre
46:03de mots passants
46:05il me l'a rendu et je lui ai dit
46:07comment t'as trouvé ?
46:09il m'a dit c'est sympa
46:11c'est sympa
46:13c'est pas exactement
46:15c'est pas exactement
46:17c'est ce mot que vous mettez
46:19à toutes les fonces
46:21parce qu'au fond dans votre génération
46:23vous avez très peu de mots de vocabulaire
46:25pas le D-Day
46:27vous me laissez tranquille le D-Day
46:29c'est ce que vous voulez mais pas aujourd'hui
46:31vous savez quoi ?
46:33j'attendrai
46:35le jour
46:37et la nuit
46:39j'attendrai
46:41toujours
46:43ton retour
46:45vous écoutez, on repart
46:47parce qu'on n'est pas avec vous
46:59le D-Day
47:03mais on sent la France
47:05jusqu'à...
47:07ça avait été repris par Patrick Bruel
47:09qui en avait fait un tube
47:11dans les années 2000
47:13mais au départ c'est une chanson
47:15de la guerre
47:17qui avait été, qui avait servi
47:19de musique générique au dernier métro
47:21de François Truffaut en 1980
47:23et cette chanson est magnifique
47:25les amants de Saint-Jean
47:27Monsieur Fabrice. Lucienne Delisle, qui est aussi écrite. Lucienne Delisle, évidemment dans le même mot.
47:32C'est pas la ville. C'était pas Colette de Cherbourg ou Lucienne Delisle. Merci pour la précision.
47:41Bon, on est avec Philippe. Alors, Philippe, il est à Sainte-Mère-l'Église. Et ce qui est drôle, Dimitri Casali, c'est, paraît-il, que ce parachutiste
47:49qui descend à Sainte-Mère-l'Église, il n'aurait jamais dû être à Sainte-Mère-l'Église.
47:53Il y a eu 8 kilomètres, non ? C'est ça, de 8 kilomètres, vous vous rendez compte ?
47:58Oui, il y a eu beaucoup de ratés. On en parlait beaucoup tout à l'heure du facteur chance.
48:04C'est le facteur le plus important de l'histoire, disait Napoléon, ça c'est sûr.
48:08Et là, en l'occurrence, ils l'ont largué, le parachut à 8 kilomètres de différence. Et ça a été un carnage, puisque, comme vous le savez,
48:15là, le jour le plus long est sûr, il y a eu un carnage parmi la 82ème division aéroportée, où ils ont eu énormément de pertes.
48:26Bon, et il y a un parachutiste, toujours, il y a un parachute, je crois, à Sainte-Mère-l'Église, voilà, qui reste accroché.
48:33Et là, on est avec Philippe, parce que Philippe, il voulait être présent dans les cérémonies, il n'y avait plus de place dans les hôtels. Bonjour Philippe.
48:39Bonjour Pascal.
48:40Et merci. Pourquoi vous êtes à Sainte-Mère-l'Église ?
48:43Tout simplement, depuis deux ans des préparations du débarquement, je savais qu'il n'y avait plus d'hôtel, ni chez les particuliers, ni dans les campignes.
48:51Donc je me suis tourné vers l'abbaye de Brickbeck, chez des moines cisterciens. J'ai été reçu par Frère Jean-Luc, que je connais depuis de nombreuses années,
48:59et il nous a offert le gîte et le couvert à Brickbeck. Et nous ne sommes pas très loin de Sainte-Mère-l'Église.
49:07Nous avons pris la route ce matin à 4h30 du matin pour être à 5h, car là, toutes les routes sont fermées, il y a une foule immense, il y a des défilés d'engins, c'est indescriptible.
49:19Et on doit bien ça aux soldats qui ont débarqué. Comme l'auditeur vient de le dire à l'instant, lui le parachute, c'est John Steele.
49:26Les largages ont été faits, il y a eu des erreurs, il y a eu du vent, du brouillard, de la pluie, 8 km, et ils ont payé un cher tribut.
49:33Ils ont été mitraillés en plein ciel, il y a une maison qui a brûlé tout près de l'église, et donc les soldats allemands ont envoyé des parachutes qui l'ont tiré dessus à la mitraillette.
49:42Et quand vous dites nous, vous êtes avec ?
49:46Alors je suis avec mon frère et un collègue de travail. Nous sommes à l'abbaye, et le soir nous avons un moment de partage avec Frère Jean-Luc.
49:54Lui-même a connu l'occupation, il nous a raconté qu'il y avait 200 soldats allemands qui résidaient à l'abbaye.
50:02Et avant la fin de la guerre, ça a été transformé en hôpital, donc aussi bien pour les Américains que pour les Allemands.
50:08Mais c'est formidable cette abbaye, on pourrait y aller nous, pourquoi pas, pendant quelques heures ou quelques jours.
50:14Et c'est-à-dire que si on y va, on est accueilli, on peut dormir dans cette abbaye ?
50:19Il n'y a pas de soucis, vous êtes accueillis, le gîte est très propre, vous avez à manger, c'est très très bien, vous avez un temps de partage avec les moines qui sont ouverts.
50:29Et il y a, comment dire, une discipline très précise ? C'est-à-dire que par exemple il faut se taire ou on peut échanger, parler ?
50:36On peut parler, mais à voix basse, et puis on respecte, et puis bon, il y a les nonnes, il y a les vépres, si vous assistez à leur messe, vous pouvez y aller.
50:44Le respect, il est comme quand on est dans un restaurant, ou dans un lieu public, ou dans un cimetière, on fait attention, on ne laisse pas la voix.
50:52Mais bien sûr, et c'est...
50:54Voilà, je dis de respect, de respect.
50:56Et hier soir, vous avez donc pu partager un moment, et peut-être dîner, sobrement j'imagine, dans une abbaye ?
51:02Oui, alors on mange, donc demain soir on mangera avec Frère Jean-Luc, tous les soirs il mange seul, mais demain soir, on repartira le samedi matin, on va manger avec Frère Jean-Luc,
51:12et on va s'octroyer une petite coupe de champagne.
51:15Ah !
51:16Il a 86 ans.
51:18Frère Jean-Luc, ça serait bien qu'on l'appelle un jour.
51:20Et quel était le dîner, par exemple, hier soir, dans l'abbaye ?
51:23Alors hier soir, c'était poulets haricots verts, en entrée des crudités, et puis c'est simple, ça, yaourt, une pomme, c'est pas...
51:32Non mais bien sûr, mais...
51:34C'est qui, ouais ?
51:37Écoutez, moi je propose d'envoyer Jacques, le mari de Colette, ça pourrait lui faire un peu de gueule.
51:42Et Jacques, on va lui souhaiter son anniversaire, Colette !
51:44Bah oui, bah oui, bah...
51:45On l'appelle ou pas ?
51:47On lui souhaite son anniversaire ?
51:48Il doit partir à midi trente, donc, c'est maintenant.
51:51Et on l'appelle tout de suite, appelons-le, appelons-le, donnez le numéro de téléphone.
51:55Bon, à Sainte-Mère-l'Église, vous êtes en ce moment même sur le site de Sainte-Mère-l'Église, Philippe ?
52:00Tout à fait.
52:01Donc vous êtes où précisément, là ?
52:04Je suis juste derrière l'église, parce que sur la place de l'église, c'est impraticable,
52:08il y a beaucoup de monde, vous avez tous les journalistes...
52:12Et qu'est-ce qui est prévu à Sainte-Mère-l'Église, ces prochaines heures ?
52:14Alors là, il y a des commémorations, il y a deux vétérans qui viennent d'arriver,
52:17il y a des défilés de véhicules, et puis il y a le maire qui va dire un petit mot,
52:23le curé du village, et puis des gens qui ont connu l'occupation.
52:26Et vous, Philippe, vous êtes agent hospitalier, mais vous avez pris deux, trois jours de vacances
52:31pour précisément être là ?
52:33Je suis jeune retraité depuis le 2 janvier, parce qu'après avoir travaillé 44 ans.
52:39Bon, oui, donc vous méritez bien votre retraite. Et vous habitez où ?
52:42Dans la Meuse.
52:43Donc vous êtes venu de la Meuse, quand est-ce que vous êtes arrivé, lundi, mardi ?
52:48Mardi, je reste jusqu'à samedi.
52:51Et vous êtes donc avec votre frère, et un ami de travail, tous les trois.
52:55Voilà, samedi, on va regarder le défilé, il y a 32 kilomètres d'engins de véhicules de l'armée
53:00qui vont partir, et on terminera par le pont de Pégasus et le cimetière de Colville,
53:04où 9500 soldats reposent en paix, et en plus 1500 soldats qui n'ont pas été identifiés et disparus.
53:11Je vous remercie grandement, Philippe, je vous remercie grandement,
53:14comme je lui ai remercié Dimitri Casali d'être resté avec nous,
53:18Histoire de l'armée française, préface du général Gomart.
53:21Merci, merci Philippe, et bonne journée à vous.
53:26Peut-être que demain on vous rappellera, vous nous direz peut-être comment ça s'est passé,
53:29je n'en sais rien.
53:30Oui, mais je vais carrément aller à l'abbaye, allez, c'est parti !
53:33Vous voulez bien m'envoyer à l'abbaye, Pascal ?
53:35Mais moi, souvent, vous vous souvenez qu'on avait reçu...
53:38M. Boubouk peut venir, je l'accompagnerai.
53:41Merci Philippe, merci beaucoup.
53:43Mais vous vous connaissez, il nous écoute souvent ?
53:45Oui, oui, oui, souvent, je suis un fidèle auditeur, Pascal.
53:49Bon, on dit pas M. Boubouk, on dit Saint Boubouk.
53:53On dit Saint Boubouk, c'est tout à fait différent.
53:56Abbé Boubouk, ou Abbé Boubouk.
53:58Abbé Boubouk, l'homme d'abord est beau.
54:02C'est un papeau, un chapeau rigolo.
54:06On a la même culture, tous les deux.
54:08Vous connaissez pas cette chanson ?
54:10Abbé Boubouk, le chapeau, les oiseaux.
54:13C'est un chapeau, un chapeau rigolo.
54:16Mais faites un spectacle, tous les deux.
54:18C'est Maurice Chevalier, c'est un monument aux Etats-Unis.
54:22Jacques, bonjour !
54:24Le père de Généraldine !
54:26Monsieur Jacques !
54:28Allô, j'entends très mal.
54:30Jacques, quelle joie de vous rencontrer enfin !
54:34Ah, c'est Pascal Praud ?
54:36C'est ce qu'on me dit, mais parfois j'ai des doutes.
54:42Écoutez, j'ai beaucoup de mal à comprendre,
54:44parce que la conversation est très hachée.
54:47En tout cas, on voulait vous souhaiter un bon anniversaire, Jacques.
54:50D'abord, on voulait vous dire le plaisir qu'on a
54:52de travailler avec votre fille Géraldine,
54:54dont on prend le plus grand soin.
54:56Soyez-en certains.
54:58C'est gentil, j'espère d'ailleurs.
55:00On vous taquine de temps en temps,
55:02parce qu'on sait que c'est pas toujours facile
55:04sur le plan de la nourriture avec Colette.
55:06Mais on est là, quand même.
55:08On est présent avec vous.
55:10On vous soutient et on voulait surtout savoir
55:12comment vous allez en ce jour d'anniversaire pour vous.
55:15Écoutez, ça va pas trop mal, comme un vieux, quand même.
55:20Comme un vieux, vous êtes en pleine forme.
55:22Votre fille vous a prévu un très très beau cadeau.
55:24Je peux pas dire ce que c'est,
55:26mais vraiment, elle a prévu quelque chose.
55:28Là, croyez-moi...
55:30Vous avancez des sauts.
55:34Elle a fait une collecte dans la rédaction
55:36et je pense que vous allez être contents.
55:38Un beau voyage.
55:40C'est parfait. Écoutez, je vous remercie.
55:43Bon gros souhait.
55:45Et vous nous écoutez tous les jours ?
55:47Vous nous écoutez tous les jours ou régulièrement ?
55:50Oui, bien sûr.
55:52Puisque Géraldine est sur la radio le matin,
55:56on l'écoute pratiquement tous les matins.
55:58Bon, ben ça, c'est gentil.
56:00Merci vraiment beaucoup, Jacques.
56:02C'était un plaisir de vous avoir.
56:03Et puis embrassez votre épouse Colette.
56:05Moi de même, merci.
56:06Vraiment, merci et bonne journée.
56:08Le coup de fil aux parents des collaborateurs.
56:10Voilà, ça c'est un concept.
56:12Bisous papa.
56:14On sentait qu'il était en pleine digestion.
56:18Vous économisez un coup de fil.
56:20Voilà exactement, du forfait.
56:22Moi je trouve que c'est bien.
56:24C'est un concept.
56:25Bon, merci M. Casali.
56:27Merci Pascal.
56:28Merci toute l'équipe.
56:29Et puis n'oubliez pas à la rentrée,
56:31les 7 concerts East Rock, l'histoire de France.
56:33On n'oublie pas.
56:34Antoine Blot, Nagarine Colombe.
56:36Vous êtes tous invités.
56:38On viendra.
56:39Il est 12h30.
56:40Émilie Des arrive dans un instant.
56:41Et je crois que Bernard Montiel va être là également.
56:44On va pouvoir ensemble parler d'autre chose que du débarquement.
56:49C'était un plaisir vraiment.
56:50Et c'était très intéressant pendant 1h30 de se souvenir de ce D-Day.
56:55A tout de suite.
56:57Vous écoutez Pascal Praud dans 11h à 13h sur Europe 1.
56:59Pour réagir et donner votre avis sur Europe 1,
57:01rendez-vous sur la page Facebook de Pascal Praud et vous.

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