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Clique, c'est présenté par Mouloud Achour, tous les jours à 19h45 en clair sur CANAL+ !
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TVTranscription
00:00 *musique*
00:05 Moi je veux être acteur et je vais partir en France et je vais faire le cours Florent.
00:08 Pas je veux ou j'aimerais et je vais faire le cours Florent.
00:11 *musique*
00:12 Vous avez une carte de presse, c'est bon ?
00:14 Non, je n'ai pas de carte de presse.
00:16 *rires*
00:18 *musique*
00:19 Retenez bien ce nom, Gad Elmaleh.
00:21 *musique*
00:24 Je m'appelle Joshua.
00:25 *musique*
00:30 Si la brigade du kiff elle passe, qu'est-ce qu'on fait ?
00:32 On prend père Pett.
00:33 *rires*
00:35 *musique*
00:39 Il est où ton sac, ma belle éponge ?
00:41 *rires*
00:42 Il est... J'entends pas. Il est où ton sac ?
00:44 *rires*
00:45 *musique*
00:46 Quand je fais un peu de cinéma, j'ai qu'une hâte, c'est d'aller retrouver le public en live, de les sentir.
00:50 C'est l'endroit où je me sens le mieux en fait, la scène. C'est l'endroit où je suis le plus heureux.
00:54 *musique*
00:57 Gad Elmaleh, American Dream !
00:59 *musique*
01:03 Mon équipe, ça va se passer comme sur de la crème.
01:06 Je sais pas ce que c'est la réussite, mais c'est peut-être ça, l'harmonie avec moi-même, avec mes choix.
01:10 *musique*
01:13 Nous allons travailler vite et bien. C'est le secret de notre réussite.
01:16 Partir d'une petite rue de Casablanca et zoom, atterrir sur le canapé de Jimmy Fallon à New York,
01:22 tout a été incroyable dans ce que j'ai vécu.
01:24 *musique*
01:31 Merci d'être là Gad.
01:32 On va se faire un hug à l'American après.
01:34 Ça va bien ?
01:36 *tousse*
01:37 Salut mon Ludo.
01:38 10 ans, 10 spectacles, 30 ans de carrière, plus de 35 films, 30 ans de carrière.
01:44 On se pose une question avec toi, qu'est-ce qui a été le plus dur ?
01:47 Ça a été d'arriver au top ou de rester au top ?
01:50 Wow.
01:52 Je dis ça avec tout le lot d'angoisse qu'ils vont avec à toutes les étapes.
01:57 Non, je crois que le plus dur, en tout cas, le plus qui me demande le plus de travail, c'est maintenant.
02:01 Et je ne vais pas dire rester au top de moi-même, mais c'est continuer à rester dans une forme de curiosité.
02:10 Pardon.
02:11 Rester dans un éveil, quoi, une fraîcheur.
02:16 Parce que c'est de ça que j'ai peur, moi.
02:18 Et c'est cette peur qui me motive.
02:20 D'ailleurs, quand je revoyais les images des États-Unis, je crois que profondément,
02:24 au-delà du rêve américain, au-delà du côté American Dream,
02:28 il y a la volonté de se mettre en danger pour se surpasser, pour se challenger,
02:32 pour faire le mieux qu'on peut.
02:35 Non pas que j'avais tout, mais j'avais pas mal, déjà.
02:38 Et donc j'avais besoin de me faire peur.
02:40 Et se faire peur, c'est faire mieux et c'est se dépasser.
02:43 Je me rappelle de ce moment où tu avais fait un documentaire sur ta tournée américaine.
02:46 Moi, il y a quelque chose qui m'avait frappé, c'était ta solitude.
02:49 Je me dis, mais...
02:50 Moi aussi, elle m'a frappé.
02:52 Le mec, il est chez Jimmy Fallon, il réalise son rêve, il parle avec Jerry Seinfeld,
02:56 mais il est dans des chambres d'hôtel tout seul, il repasse son truc.
02:59 Alors que quand on voit le spectacle, qui porte le titre "Papa",
03:04 et que la famille, elle, était super importante,
03:06 et que c'est ton père qui négociait les contrats, et là, ils sont pas là.
03:10 Mais tu vois, je l'ai vécu.
03:13 C'est pas une posture, c'est pas un truc romantique.
03:15 Moi, le soir où j'ai fait Jimmy Fallon, je suis sorti du studio,
03:18 j'étais heureux, j'étais fier, mais j'étais seul.
03:22 Et puis j'avais même pas mes collègues, j'avais pas mes copains.
03:25 Mais j'étais super flatté, j'étais super honoré, c'était un rêve.
03:29 Parce que j'admire cet animateur, j'admire leur façon de faire,
03:33 je voulais être sur ce canapé, tu vois.
03:35 Mais il y avait une solitude parce que, tout simplement, mon entourage,
03:40 les gens que j'aimais, ma famille, étaient pas là.
03:43 Et c'est pour ça aussi que je suis revenu.
03:45 - T'es revenu de quoi, tu penses ? - De ?
03:48 - De quoi t'es revenu ? - Ah non, je suis revenu de rien.
03:50 Je suis revenu en France.
03:52 On a l'impression que t'es revenu de beaucoup plus, quand on voit le dernier spectacle.
03:56 Non, je crois que... Non, parce que tu vois, dans le côté être revenu de plusieurs choses,
04:00 ça fait un peu blasé, ou alors un peu... Non, c'est pas ça.
04:04 Je crois que j'ai décidé d'être moi-même.
04:09 - Le spectacle s'appelle "Lui-même". - S'appelle "Lui-même".
04:12 D'ailleurs, c'est un titre qui a été suggéré par quelqu'un que tu connais bien.
04:17 - Romane Fréciné ? - Romane Fréciné.
04:18 - Il a travaillé avec toi à l'écriture. - Voilà.
04:20 Qui m'importe beaucoup, qui m'inspire beaucoup.
04:23 - Et voilà, c'est lui, donc. - Il est très beau.
04:27 - Il est très beau sur cette photo. - Et regarde ce qu'il disait de toi ici.
04:30 Je suis impressionné parce que c'est un monsieur qui a tout fait dans sa carrière
04:34 et il travaille plus que des mecs qui ont 20 ans et qui ont rien fait.
04:37 C'est fou, il a un niveau d'exigence de dingue.
04:40 Il est ultra ouvert, il se remet en question tout le temps.
04:42 Vraiment, c'est une belle leçon de travailler avec un mec comme ça.
04:45 C'est quoi la chose la plus précieuse que tu as appris en l'observant ?
04:48 L'amour de la discipline, l'amour de l'objet, en fait.
04:52 Tu sais, il y a beaucoup de conséquences à ce qu'on fait quand c'est bien fait.
04:58 De l'argent, de la notoriété, tout ça.
05:00 Et en fait, on court pas après ça. On court après l'objet bien fait.
05:03 Et lui, il a ça. Lui, ce qui l'anime, c'est l'amour de la blague.
05:07 Il aime ça et ça me fait du bien.
05:10 Tu l'avais perdu un moment, l'amour de la blague ?
05:13 D'abord, ça me touche beaucoup parce que j'écoute Roman et on blaguait tout à l'heure.
05:19 Mais il fait partie pour moi, c'est le meilleur.
05:23 Et donc, de pouvoir collaborer avec lui, ça m'inspire énormément.
05:28 Je parlais d'éveil tout à l'heure, ça me bouscule un peu.
05:31 Et je dois dire très sincèrement que les moments où même il jouait avant moi,
05:36 il y avait une forme de pression positive sur son niveau à lui,
05:41 de force de rire, d'exigence, de son rapport au public,
05:45 qui me challengeait, moi.
05:48 Ça devrait être le contraire, une première partie.
05:51 Mais j'aime ça. J'aime...
05:56 C'est le fameux dicton, si t'es la personne la plus intelligente dans la pièce,
06:01 t'es dans la mauvaise pièce.
06:04 Il faut aller ailleurs.
06:06 Voilà, c'est le meilleur. Enfin, c'est un des meilleurs, je crois.
06:11 Non, c'est le meilleur. C'est le numéro un.
06:15 Ton nouveau spectacle s'appelle "Lui-même", t'es actuellement en tournée dans "La France".
06:18 C'est lui qui a trouvé le titre.
06:19 C'est Roman Frécyné qui a trouvé le spectacle. Le titre du spectacle.
06:21 Non, le titre, non pas lui.
06:23 C'est déjà un succès, tourné jusqu'en juin 2025, avec un passage par le Casino de Paris,
06:28 premier 2 et 3 décembre, au Dôme de Paris, le 28 janvier, et jusqu'au 15 février 2025.
06:34 Ce qui est quand même dingue, quand on te voit avec une affiche où il n'y a même plus ta tête.
06:40 On sent qu'il y a une grosse remise en question.
06:43 On sent que la vie t'a mis des claques.
06:45 Et il y a deux types de catégories, deux types de gens quand ils se prennent des claques.
06:49 Soit les gens continuent, soit ils arrêtent.
06:51 La nature humaine, souvent, c'est des gens qui continuent.
06:53 Qu'est-ce qui t'a fait arrêter ? Et quelle claque t'as pris ?
06:56 Je crois que les claques, c'est surtout des messages.
06:59 C'est surtout des signes.
07:01 C'est surtout des portes qui s'ouvrent.
07:04 Alors, je peux le dire maintenant sereinement,
07:06 mais une crise, une claque, une souffrance,
07:11 la manière dont moi, je suis fait et constitué,
07:15 malgré la complexité, la dureté, l'aprêté de certains moments de ma carrière ou de ma vie perso,
07:21 je me suis dit, mais il faut que je traverse ça.
07:25 Alors, je peux le dire maintenant, c'est plus facile,
07:27 mais ça m'a appris énormément, ça m'a appris beaucoup, beaucoup.
07:30 Ça m'a fait...
07:33 Ça paraît très cliché de dire ça,
07:35 mais ça m'a montré qui étaient mes amis dans ce métier.
07:37 C'est très important, tu dois le vivre au quotidien.
07:40 Mais en fait, ce truc-là de "fais attention",
07:44 c'est des paroles de tonton, c'est des paroles de parents
07:46 qui sont presque des clichés sur le show business.
07:48 Mais si tu ne l'as pas vraiment expérimenté toi-même,
07:51 tu ne sais jamais ce que c'est.
07:53 Et moi, je l'ai expérimenté.
07:55 Pendant la crise médiatique, avec le plagiat, tout ça,
08:00 la presse qui s'en est emparée, le milieu des humoristes qui sont...
08:04 Je voyais des gens qui, quand ils me voyaient un genou à terre, qui me lâchaient.
08:10 Et ça m'a pris, je crois, quatre ou cinq ans avant de comprendre
08:13 que les gens qui te lâchent quand tu es un peu plus fragile,
08:17 ils ne le font pas contre toi.
08:19 C'est dur à accepter.
08:21 Ils le font parce qu'ils pensent
08:23 que c'est ce qu'il faut faire au moment où ça arrive.
08:26 Et ils le font pour eux, pas contre toi.
08:28 Ce serait un autre, ils auraient fait la même chose.
08:30 Tu aurais fait un autre truc.
08:31 Il n'y a pas de discernement puisqu'il n'y a pas d'amour.
08:33 Et comme il n'y a pas d'amour, ils pensent qu'à eux,
08:35 c'est que de l'orgueil, c'est que de l'égo.
08:37 Ils n'ont même pas envie de te mettre à terre.
08:39 Ils ne sont pas animés par ça.
08:40 Ils sont animés par comment je peux exploiter
08:43 la tannée qu'il est en train de vivre.
08:45 Comment est-ce que je peux faire de son problème et de sa souffrance
08:48 quelque chose qui va me faire être en lumière un peu plus ?
08:52 D'ailleurs, c'est un leurre.
08:53 - Il y a eu une grosse incompréhension à cette époque
08:55 de l'histoire du plagiat et de copie comique.
08:58 C'est qu'on se dit, comment un mec qui est aussi brillant,
09:00 qui nous a fait rire avec des histoires
09:02 que personne ne peut raconter, avec ces histoires du bled,
09:05 il a besoin d'aller chercher des blagues ailleurs ?
09:07 - Parce que tout ça, c'est de l'orgueil et c'est de l'égo.
09:10 Moi, je n'ai pas la sagesse, il y a 5 ou 7 ans,
09:13 quand c'est arrivé, c'est en 2017,
09:14 je n'ai pas le recul d'aujourd'hui.
09:16 Moi, ce que j'aurais dû dire et ce que je dirais
09:18 si un jour ça m'arrive, c'est de quoi tu parles ?
09:21 Des trois vannes d'humoristes américains ?
09:24 Oui, bien sûr.
09:26 Je vais aller plus loin, j'avais même la...
09:30 On avait une forme de naïveté, même.
09:32 Tu commences le stand-up, tu regardes ça, tu t'en inspires.
09:35 Bon, pour la moitié des humoristes américains,
09:36 c'est des potes à moi et c'est des gens avec qui on a travaillé aussi.
09:39 Donc, ça me faisait rire quand les gens disaient,
09:41 "Ah, il prend tout à Jerry Seinfeld."
09:42 Moi, un jour, j'ai dit à Jerry Seinfeld dans le tournée,
09:44 "Les gens disent que je te prenne des vannes."
09:46 Non, j'étais pris ta vie, je veux ta vie, moi.
09:49 Je veux avoir une famille comme la tienne,
09:51 une hygiène de vie comme la tienne, une carrière comme la tienne.
09:53 Il a rigolé parce que je m'en cache pas.
09:56 Mais la compréhension dont tu parles, je la comprends.
10:01 En fait, il faut comprendre aussi
10:04 pourquoi les gens, à un moment donné, sont un peu étonnés,
10:08 pourquoi ils t'en veulent.
10:09 Et ça, je l'ai compris.
10:10 Mais ça a été vraiment très, très utile.
10:12 Moi, ça m'a donné beaucoup de force.
10:14 Là, on parle du milieu, mais le public ?
10:16 Non, le public, j'ai jamais...
10:18 Alors, dans mon nouveau spectacle, j'en parle, en plus,
10:20 avec beaucoup d'humour, avec beaucoup de...
10:24 Ouais, d'émotion, même.
10:27 Parce que c'est un moment de ma vie où c'est un...
10:30 J'ai un cadeau, en fait.
10:32 C'est la vie qui m'a offert une séquence
10:35 pour comprendre des choses rapidement,
10:40 que j'aurais dû mettre 20 ans à comprendre.
10:42 -Il y a un ami que t'as lâché,
10:44 je pense que ça t'a fait du bien, c'est l'alcool.
10:46 21 août 2021. -Ouais.
10:49 Dans quelques jours, dans quelques semaines,
10:52 ça fera trois ans.
10:53 -Que tu essaies de l'eau.
10:55 -Comment t'as décidé ça et quelles ont été les étapes ?
10:58 -D'abord, c'était pas un ami, c'était un...
11:03 C'est marrant que tu dises ça.
11:04 Je sais pas si c'était un ami.
11:05 Ou alors c'était un ami un peu hypocrite.
11:07 -C'était un ami du showbiz ?
11:08 -Ouais, c'était un ami du showbiz qui te lâche parfois.
11:11 Bon, y a pas que ça, heureusement, y a des vrais amis.
11:13 On en a vu un tout à l'heure à l'écran, y en a d'autres.
11:15 Heureusement.
11:16 Tu sais, c'est très bizarre,
11:21 parce que j'en parle aussi dans le spectacle,
11:23 du moment où j'ai arrêté l'alcool.
11:25 Je crois que c'est simplement une tristesse.
11:28 Alors les gens, ils aiment bien te dire
11:31 "Mais tu buvais pas beaucoup, toi, non..."
11:34 En fait, c'est pour se rassurer,
11:35 parce que ça les met face à leur propre alcoolisme.
11:38 Je crois qu'on banalise aussi l'alcoolisme, un peu.
11:41 Mais j'étais un amoureux du vin.
11:43 Je suis toujours amoureux du vin, mais c'est une relation...
11:46 -Épistolaire.
11:47 -Épistolaire, ouais.
11:48 -Olfactive.
11:49 -Olfactive.
11:50 Mais y avait une tristesse.
11:54 Y avait...
11:55 Tu sais, y a un truc, c'est que j'ai réalisé
11:57 que quand je commençais à essayer de faire...
12:00 de vivre des moments joyeux sans la joie,
12:04 et que l'alcool allait faire le boulot à la place de la joie,
12:07 je me disais "T'as un problème, c'est pas possible."
12:10 Et j'avais l'air triste, et je me sentais triste, en fait.
12:13 Et un jour, j'ai dit "Il faut que j'arrête ça, ça me va pas."
12:16 Je suis pas...
12:17 C'est pas moi, ça m'amène...
12:19 Ça m'amène dans une zone qui est pas moi, quoi.
12:21 Et ça m'empêche d'être moi-même, en fait, de boire.
12:24 -Tu penses que t'avais un devoir social
12:25 de faire rire des gens quand t'arrivais dans une pièce,
12:27 et que l'alcool, ça pouvait t'aider à ça ?
12:30 -Je crois que la timidité, peut-être.
12:32 Plus la timidité.
12:34 Non, parce qu'au contraire, je crois que même sans alcool,
12:38 j'arrivais tout de suite à me protéger,
12:40 à rentrer en contact avec les gens,
12:42 à surmonter ma pudeur,
12:44 ou avec mon rapport aux femmes, peut-être,
12:46 qui a été assez introverti, assez timide, assez...
12:51 Après, c'est...
12:52 De rentrer dans un jeu de séduction et tout,
12:54 ce qui peut être super agréable, enivrant, excitant,
12:57 mais il faut qu'il y ait un premier contact,
12:59 et ce premier contact, je savais pas le faire.
13:00 Donc parfois, l'alcool pouvait m'aider, un peu.
13:02 Mais c'est surtout...
13:08 C'est surtout faire presque semblant, en fait.
13:10 Et c'était pas vrai, en fait, j'étais pas moi.
13:12 -T'as utilisé le mot "protéger"
13:14 quand je t'ai parlé de faire rire les gens.
13:16 -Ah ouais, peut-être, ouais.
13:18 Oui, parce que je crois que, depuis que t'es gamin,
13:22 quand tu utilises l'humour comme langage,
13:24 c'est une manière aussi de pas être atteint,
13:28 par la moquerie, par...
13:30 Je sais pas, par l'humiliation, par la timidité, par...
13:36 Alors que la timidité, c'est quelque chose d'intéressant.
13:40 J'en parle dans le spectacle aussi,
13:42 je dis aux enfants qui sont dans la salle, "Soyez timides."
13:44 Si un jour, vos parents vous disent "Fais pas ton timide",
13:46 ne les écoutez pas. Soyez timides.
13:47 C'est pas grave d'être timide,
13:48 un jour, vous allez révéler des choses, quoi.
13:50 Voilà.
13:53 -L'enfance, ça revient beaucoup, en ce moment, chez toi.
13:56 Et tu en reparles beaucoup.
13:58 Même les premiers pas dans ces rues de Casablanca.
14:01 Est-ce qu'elles te manquent, ces rues ?
14:03 -Non, parce que, tu vois, c'est marrant,
14:07 parce que moi, avec le Maroc,
14:08 j'ai jamais eu un rapport nostalgique.
14:10 Parce que je suis connecté au Maroc,
14:12 je suis marocain, et...
14:14 J'ai pas ce rapport de "Ah là là, à l'époque, comment c'était..."
14:18 Parce que je vois le Maroc évoluer,
14:19 donc je le vois plus vers le futur,
14:21 je le vois plus...
14:22 Bien sûr que mon passé, il m'a construit,
14:25 c'est des souvenirs incroyables,
14:27 les bons comme les mauvais,
14:29 tout cette couleur, ce filtre-là de mon enfance marocaine,
14:34 mais le Maroc, c'est...
14:36 Je sais pas, parfois, on me dit
14:38 "Mais t'as pas la nostalgie."
14:39 Non, je suis connecté, j'y vais souvent.
14:42 Même quand j'y vais pas, c'est là, c'est dans mon coeur,
14:44 c'est dans mes veines, c'est dans mon ADN,
14:47 c'est dans mon humour, c'est dans mes mains.
14:49 Tu vois ?
14:50 C'est dans la nourriture, c'est dans l'esprit,
14:54 c'est dans le langage aussi.
14:56 Donc, ça me manque pas, en fait.
15:00 J'y vais.
15:01 - T'as beaucoup parlé de tes parents.
15:03 - Ouais.
15:04 - Comment est-ce que tu vis le fait
15:06 que toi t'as pris de l'âge et qu'eux en prennent ?
15:08 - Non, moi j'en prends pas.
15:12 Y a qu'eux, quand même.
15:13 C'est intéressant, parce que je pense
15:19 que je reçois plus des messages de mes enfants aussi
15:21 sur le fait que moi, je prends de l'âge.
15:23 Après...
15:24 Mes parents...
15:28 Quand j'ai fait le film avec eux,
15:33 c'est marrant parce que je disais,
15:35 on va faire un film, on va raconter cette histoire,
15:37 on va parler de la conversion, de la foi,
15:39 c'est un sujet sensible, intime, tout ce que tu veux.
15:42 Mais en fait, ce qui reste à la fin,
15:44 c'est que j'ai passé deux mois avec mes parents,
15:48 tous les jours, chez eux,
15:49 à les filmer, à les aimer,
15:51 à être parfois contrarié
15:54 parce qu'ils voulaient pas faire ce que je leur disais de faire.
15:56 Tu sais, c'est bizarre de diriger son père.
15:59 Déjà, le mot, tu sais,
16:01 t'es réalisateur, tu diriges ton père.
16:03 Ma mère, elle était incroyable dans le film.
16:07 Elle était...
16:09 Elle a un naturel qui est incroyable,
16:12 qui est très fort, qui est très puissant.
16:14 Elle a improvisé des répliques.
16:18 D'ailleurs, elle m'a dit un truc tellement touchant.
16:20 Je l'ai raconté à des copines actrices.
16:23 Quand il y a eu les Césars, après,
16:26 elle m'a carrément demandé, mais sans pudeur, sans rien,
16:29 et c'était la chose la plus vraie que j'ai jamais entendue
16:32 de la part d'une comédienne, c'est...
16:34 Pourquoi je suis pas dans le...
16:37 Je lui dis quoi, maman ?
16:39 Eh ben, j'ai bien joué, moi.
16:41 Ben oui, maman, t'as bien joué.
16:42 Eh ben, pourquoi ils m'ont pas mis dans le...
16:44 Au moins, les cinq ?
16:47 Je demande pas le César,
16:48 mais au moins qu'ils reconnaissent que j'étais bien.
16:50 Tout le monde me dit...
16:51 Même dans la rue, les gens me disent "Vous étiez super".
16:53 Je trouvais ça tellement honnête.
16:55 Il y a des milliers d'actrices qui rêveraient de dire ça, quoi.
16:57 Mais je trouvais ça honnête.
16:59 -Qu'est-ce qu'ils t'ont appris à dire qui se dit pas ?
17:01 -Waouh, c'est le contraire.
17:04 Mes parents, ils m'ont appris à...
17:06 Enfin, ils m'ont pas assez appris à dire...
17:08 Waouh, c'est compliqué.
17:10 Qu'est-ce qu'ils m'ont appris à dire qui se dit pas ?
17:12 Qu'est-ce qu'ils m'ont appris à être qui ne se dit pas, plutôt ?
17:14 Parce que...
17:15 Mon père, je pense, m'a transmis
17:18 une forme d'élégance
17:21 dans le rapport aux autres,
17:23 dans ma relation et mon intelligence
17:26 et mon appréhension sociale,
17:27 plutôt élégante, distante,
17:29 parfois trop humble de sa part.
17:31 Trop s'excusant d'être là.
17:33 Et ça, moi, j'ai un peu surmonté ça.
17:35 J'avais pas envie d'être comme ça, moi.
17:36 Il y a un côté comme ça des papas méditerranéens
17:39 qui, à la fois, sont les patrons à la maison,
17:41 genre, mais en même temps,
17:43 ils ont une forme d'humilité,
17:45 ils veulent pas trop faire de bruit autour d'eux.
17:47 Et moi, j'aime ça, et en même temps,
17:49 parfois, je me dis...
17:51 C'est...
17:53 C'est marrant, c'est la phrase d'un rabbin qui m'a dit un jour,
17:55 "C'est bien d'être humble, mais n'oublie pas que tu es grand."
17:58 Et je trouve ça juste, quoi.
18:00 Parce que...
18:02 Voilà, quoi.
18:03 Connaître sa valeur, c'est pas être orgueilleux.
18:05 L'humilité, c'est pas ne pas connaître sa valeur
18:09 ou se sous-estimer.
18:10 Donc...
18:12 Ouais, il m'a...
18:13 Une forme de réserve, une forme de pudeur,
18:15 une forme de délicatesse avec la vie,
18:17 avec les événements, avec les choses,
18:19 qui, moi, m'aide au quotidien,
18:21 que j'apprécie.
18:22 Il m'a transmis ça.
18:23 -Et ta mère ?
18:24 -Rien du tout.
18:26 -Rien du tout.
18:27 -L'esprit.
18:28 L'esprit.
18:31 Mais la vitesse.
18:35 L'esprit, le...
18:36 La rapidité,
18:40 la connexion immédiate sur l'humour, bien sûr.
18:43 Mais l'humour, c'est un langage, c'est l'esprit.
18:45 Moi, si je prends mon téléphone, j'appelle ma mère
18:47 et je commence à lui parler avec un accent,
18:49 elle réfléchit pas.
18:50 Elle embraye avec l'accent.
18:51 Si je lui sors un...
18:53 C'est immédiat, quoi.
18:56 Qu'est-ce qu'elle m'a sorti, récemment ?
18:58 Moi, je sais pas, j'ai appelé ma soeur vite.
19:02 Elle m'a sorti une vanne,
19:03 j'étais chez elle, dans sa cuisine,
19:04 je lui ai parlé d'un truc,
19:05 elle a rebondi dessus, j'ai dit...
19:07 "Oh là là, qu'est-ce que c'est fort !"
19:09 C'est...
19:10 Je sais plus ce que c'était, mais elle va vite.
19:13 Et ça, c'est elle.
19:14 Mon père, ça passe par une analyse,
19:17 et puis c'est surtout que...
19:18 C'est comme s'il était...
19:20 Il a peur de pas avoir la bonne réaction,
19:22 ou alors il sait pas si...
19:23 Non pas qu'il capte pas l'humour,
19:25 il a beaucoup d'humour, mais...
19:27 Voilà, il va pas montrer le...
19:29 Elle, elle y va, quoi.
19:30 Toute mon enfance, avec ma mère,
19:33 on a eu ce rapport de blague.
19:35 Mais pas des blagues pour des gags.
19:37 C'est juste l'esprit, des imitations.
19:39 Des...
19:40 "Regarde, regarde le serveur coréen,
19:42 t'as vu, il a un tic, regarde ma tante."
19:44 Tu trouves pas que ma tante,
19:45 quand elle marche, elle fait ça ?
19:46 Ouais, c'est vrai.
19:47 Depuis que je suis petit, en fait,
19:48 on fait ça, avec ma mère.
19:49 -Moi, ce qui m'hallucine chez toi,
19:51 c'est ta gestuelle.
19:52 Parce qu'on voit que c'est travaillé.
19:54 Est-ce que tu continues à le bosser ?
19:56 -Je le fais instinctivement, je le bosse pas.
19:58 Moi, j'essaie quand même de faire un peu sport,
19:59 parce que, voilà, t'as parlé de l'âge.
20:01 D'arrêter l'alcool, ça aide.
20:04 C'est pas un scoop,
20:05 mais j'encourage tout le monde à boire moins d'alcool.
20:08 Tu sais qu'on me l'a reproché,
20:10 d'avoir dit que j'ai arrêté l'alcool ?
20:12 -Mais non. -Ouais.
20:13 -On t'a dit quoi ?
20:14 -On m'a dit "dis pas ça..."
20:16 -Ça va te couper ta fanbase ?
20:18 -Tu gâches l'ambiance.
20:20 Non, je le travaille pas, tu vois, la gestuelle,
20:25 je le travaille pas, mais ça fait partie de mon langage,
20:27 ça fait partie de ce que je suis.
20:29 -Tu peux nous faire un tuto gestuel ?
20:31 Moi, ça me fascine quand tu...
20:33 Je te jure, ça me fascine. -Sérieux ?
20:35 -Ouais.
20:36 Tous les humoristes à qui on parle de toi,
20:38 le premier truc, c'est "j'aimerais comprendre sa gestuelle".
20:41 -C'est fou, ce que tu dis. -Il t'étudie tous.
20:43 -Moi, je sais pas, c'est...
20:46 C'est...
20:47 C'est instinctif.
20:51 Et c'est toujours imagé, ça veut dire quelque chose.
20:56 Et que ce soit des attitudes, tu vois,
20:58 que ce soit des attitudes...
20:59 Tu vois, y a un truc, pendant des années, que j'ai fait,
21:01 j'ai fait ça, moi. Je sais pas si on voit, quand je suis comme ça.
21:03 Y a un truc.
21:04 Mais c'est très con, tu vois.
21:05 À un moment donné, quand je faisais le blond,
21:07 je sais pas, je faisais une voix...
21:09 Et à un moment donné, il suffit juste que je disais...
21:11 Et en fait, ça ne veut rien dire, de faire ça.
21:14 Mais pour moi, ce mec, il fait...
21:15 Pour moi, c'est lui.
21:16 Et en fait, c'est les gens qui m'ont fait réaliser.
21:18 Parfois, j'étais dans la rue, et les mecs, ils faisaient...
21:20 "Eh, Gaz, tu dis quoi ?"
21:21 Et moi, je disais...
21:22 "Je fais ça, moi ?"
21:23 Et en fait, je m'en rendais pas compte, mais j'avais un truc.
21:26 C'est une connerie, en fait.
21:27 Qu'est-ce que tu sais mimer que toi seul sais faire ?
21:29 Ah non, mais arrête, c'est terrible, ce que tu me dis.
21:31 Euh...
21:33 Ah non, je sais pas, je peux pas.
21:37 C'est pour réfléchir.
21:39 Mais rien qu'en geste, il est fou.
21:41 Non, mais je sais pas, je...
21:43 Je sais pas.
21:44 Tu veux coudre un truc ?
21:46 Le mime, c'est...
21:47 C'est déjoué, le mime.
21:48 Moi, j'aime le mime.
21:50 Ah, t'aimes le mime ?
21:51 Ouais, j'adore le mime.
21:52 Allez, je te fais un petit mime.
21:53 Allez.
21:54 Un mime pour Mouloud.
21:56 Déjà, je marche.
21:58 Très bien.
21:59 Attends, je replace mon micro.
22:04 Bon, déjà, je marche.
22:07 OK.
22:08 T'es prêt ?
22:09 Ouais.
22:10 OK.
22:11 C'est loin, non ?
22:21 Ouais, tu vas où ?
22:24 Il y a une boulangerie.
22:26 Je veux le gâteau, mais elle est fermée.
22:29 Ah non, c'est fou, ça.
22:30 Pourquoi ? Pourquoi ?
22:31 Ah, mais peut-être, peut-être, je peux...
22:36 Je peux passer comme ça et...
22:38 Il m'a fait faire du mime en 2024, les amis.
22:40 Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?
22:42 Mais ça fera plaisir à mon père.
22:44 Exactement.
22:45 Et en 2024, t'es quand même encore un petit peu sur les réseaux sociaux.
22:48 Et on a enquêté sur tes réseaux.
22:49 On a cliqué dessus.
22:50 C'est le clic sûr.
22:51 Regardez le mail.
22:53 On a cliqué sur vous, Gad Elmaleh.
22:55 Je me présente, je m'appelle Gad Elmaleh.
22:57 Et sur vos réseaux, on a pu suivre votre nouvelle vie d'humoriste internationale.
23:00 Gad Elmaleh.
23:01 Gad Emmaleh.
23:02 Gad Emmaleh.
23:03 Ouais, et vous faites vraiment tout pour passer pour un Américain.
23:06 Un humoriste apprécié et reconnu de tous.
23:10 Et surtout par les plus grands.
23:11 Ouais, on parle de couscous, bien évidemment.
23:13 Un humoriste qui détient un record, celui du rire provoqué le plus long.
23:16 Et on a aussi fait un petit tour de la chaîne.
23:20 Le plus provoqué le plus long.
23:22 Record du monde !
23:36 En cliquant sur vous, Gad, on a découvert les vrais stars de vos réseaux.
23:39 Bon, tout d'abord, votre médecin, que l'on soupçonne d'être le sosie officiel de François Hollande.
23:43 Et que vous voyez aussi souvent que votre famille.
23:46 T'es un grand malade.
23:48 Et évidemment, votre mère, qui est très présente.
23:50 Elle a même joué avec vous au cinéma.
23:52 Il a juste fallu lui expliquer le concept de rôle et de personnage.
23:55 Ça te fait quoi de jouer ma mère dans mon film ?
23:57 Je joue pas ta mère.
23:58 Mais oui, tu joues ma mère.
24:00 Je suis ta mère.
24:01 Non, mais j'aurais pu engager une actrice pour jouer ma mère.
24:03 Non, j'aurais pas voulu.
24:04 Scroller sur votre Insta, c'est observer vos multiples talents.
24:07 Bon, ceux de danseur déjà.
24:08 C'est clairement du contemporain.
24:10 Ceux de coach en pensée positive.
24:16 La modestie n'a de valeur que si tu t'estimes.
24:19 Quand j'ai compris que mon métier, c'était plus qu'un métier.
24:22 C'était une mission pour moi.
24:24 Et ceux moins connus de livreurs.
24:26 Et ouais, c'est la crise pour tout le monde.
24:27 De livreurs qui galèrent déjà à passer la porte.
24:29 Si vous commandez chez GAD, prévoyez à l'avance.
24:34 Et pour rire sur scène, ce sera plutôt dans votre dernier show, lui-même.
24:38 T'as lâché les réseaux.
24:40 Pardon ?
24:41 T'as lâché les réseaux.
24:42 Ouais, ça va faire un an que j'ai pas de réseaux.
24:45 En fait, je suis présent sur les réseaux
24:47 parce que j'ai la chance d'avoir une équipe avec moi qui s'en occupe.
24:50 De community manager, de presse, d'attaché de presse.
24:54 J'ai une équipe avec moi.
24:56 Mais j'ai voulu faire une...
24:59 Peut-être que c'est une pause, en fait.
25:00 Peut-être que c'est juste une petite pause.
25:02 J'ai eu trop de choses qui m'aspiraient, qui me tiraient vers le bas.
25:09 J'ai vu trop de commentaires, trop de haine, surtout.
25:13 Trop d'intensité et trop d'extrême.
25:17 Je veux t'épouser, mais je veux te tuer juste après s'il y a un problème.
25:22 Et c'est pas sain.
25:23 Je suis beaucoup mieux sans.
25:26 Et surtout, j'ai des potes qui m'appellent en ce moment.
25:31 Alors, bien sûr que je me tiens au courant,
25:32 que je suis connecté à l'actualité du monde.
25:35 Et Dieu sait si elle me préoccupe.
25:38 Mais je suis moins en alerte.
25:42 Les gens, par exemple, qui ont des...
25:44 Merde, des...
25:46 -Des téléphones ? -Non.
25:48 -Des réseaux ? -Des amis ?
25:50 Non, mais quoi ?
25:51 -Des notifications. -Des notifications.
25:53 Waouh, j'ai oublié.
25:54 Les gens qui ont des notifications en permanence,
25:57 je trouve qu'ils sont formatés à ces notifications,
25:59 et leur cerveau, il marche par notification.
26:02 Ils ont un coup d'adrénaline, de dopamine, sur des breaking news
26:06 qui sont pas des vrais breaking news.
26:07 Et de temps en temps, j'entends des potes qui me disent sur un vocal, sur un truc,
26:11 "Gad, t'as vu ce qu'a dit un tel sur les réseaux ?"
26:14 "Non, j'ai pas vu ce qu'a dit un tel."
26:15 "Et en fait, qu'est-ce qu'a dit un tel sur les réseaux ?"
26:17 "Il a dit que..."
26:18 "Bon, OK."
26:19 "Et donc, si tu me le dis pas, qu'est-ce qui va se passer ?"
26:21 -Ou à l'inverse, "Il a pas dit que..." -Il a pas dit que...
26:23 Ou alors, "Non, mais c'est surtout que le lendemain,
26:25 "si j'ai pas répondu à temps ou quoi, bon, ça passe, tu vois,
26:29 "l'écume, quoi, tu vois, et le truc, il chasse..."
26:32 Ça me fatigue un peu, donc j'ai pas envie de ça.
26:35 Mais je crache pas sur les réseaux sociaux
26:37 parce que ce serait un peu malhonnête,
26:39 parce que je l'ai utilisé, c'est un outil qui est incroyable.
26:42 Et pour nous, c'est super, on peut vendre des billets,
26:44 on peut communiquer avec nos fans, la communauté qui nous suit,
26:49 on peut...
26:50 Moi, j'ai fait beaucoup de rencontres avec des artistes,
26:52 même internationaux, par les réseaux sociaux.
26:54 Bon...
26:57 Mais j'ai pas envie, en ce moment, quoi.
26:59 Je suis bien sans, j'ai pas envie de lire ce qui se dit,
27:02 j'ai pas envie de lire ce qui se dit sur moi.
27:04 Je trouve que ça sert à rien.
27:06 Je trouve que ça sert à rien.
27:08 J'ai pas envie, surtout, de voir de la haine, quoi.
27:11 Y a trop de haine, trop trop de haine.
27:13 - Et tu dis aussi que l'actualité, c'est des choses
27:15 qu'il faut mesurer et peser.
27:17 J'aimerais qu'on parle de l'actualité.
27:18 Le 26 mai, Israël a bombardé un camp de réfugiés Arafat.
27:21 45 morts et plus de 249 blessés.
27:24 Les images étaient terribles.
27:25 La semaine dernière, l'image "All eyes on Arafat",
27:28 qui signifie "Tous les regards sont lancés vers Arafat",
27:30 a généré plus de 47 millions de partages.
27:33 Encore 120 otages sont détenus par le Hamas
27:35 et plus de 36 000 Palestiniens sont morts.
27:37 Quoi, cette actualité-là, comment est-ce qu'elle te touche ?
27:42 - Elle me bouleverse.
27:44 Elle me bouleverse, c'est-à-dire que...
27:47 Alors, j'ai arrêté de voir les réseaux avant, bien sûr, le 7 octobre,
27:51 mais encore plus avec le 7 octobre.
27:53 C'est vrai qu'on a été sommés de réagir,
27:56 on a été sommés de choisir des camps,
27:58 un camp sommé de dire non pas quelque chose,
28:03 mais dire ce que certains voulaient qu'on dise exactement.
28:06 Alors, quand je vois ces images,
28:08 quand j'entends ce que tu me dis, je suis bouleversé,
28:10 je suis...
28:12 C'est d'une tristesse infinie.
28:14 Tu l'as précisé, les otages sont encore...
28:16 On ne sait pas s'il y a des gens...
28:18 Si les otages sont vivants ou pas.
28:21 La réalité, en fait, parce qu'on va s'accrocher aux faits.
28:25 La réalité, c'est quoi ?
28:26 Parce qu'il faut quand même reparler du point de départ de cette tragédie.
28:30 Il faut parler des attaques barbares du 7 octobre.
28:33 Il faut parler de la bestialité de ce geste.
28:36 Moi, je pense que ça a été un tournant, en fait.
28:38 Je pense que, non pas qu'on soit rompus ou habitués,
28:41 qu'on ait vu des choses sur le terrorisme, les attentats,
28:44 mais je crois qu'il y a eu un tournant dans cette barbarie
28:46 et ce jour-là, le monde a vrillé.
28:48 On a changé, on a dit OK, à partir de là, on est ailleurs.
28:51 Et ce qui se passe aussi aujourd'hui,
28:53 et je le disais chez Léa Salamé sur France Inter,
28:55 même si ça m'a valu beaucoup de critiques,
28:57 je le répète ici, mouloute, devant toi,
28:59 depuis quand un homme ou une femme,
29:02 quelle que soit sa religion, juif, musulman, chrétien,
29:05 ne peut pas être totalement dévasté par ce qui s'est passé le 7 octobre
29:09 et pleurer quand il voit ce qui se passe à Rafah.
29:12 Moi, je le dis, je l'assume, je le dis haut et fort.
29:15 Et on peut...
29:17 C'est une question d'humanité, en fait, avant tout.
29:21 J'entendais un pote qui me disait
29:24 "Ouais, mais des deux côtés, israélien et palestinien."
29:28 "Oui, mais les chiffres sont faux."
29:29 J'ai dit "Mais les deux, arrêtez le débat."
29:31 "À partir de combien d'enfants vous pleurez, vous ?"
29:33 C'est quoi cette histoire ? Les chiffres sont faux, combien même...
29:36 Donc voilà, je crois qu'il s'agit d'humanité avant tout.
29:40 Je pleure ces enfants, je l'ai bien sûr.
29:44 Ça me bouleverse, bien sûr.
29:46 - Tu t'es aussi fait beaucoup d'ennemis dans ta communauté,
29:48 parce que t'as dit "En tant que juif, je ne suis pas tributaire
29:52 du gouvernement de Netanyahou."
29:53 - D'abord, mais tu sais, il faut voir ce qui se passe aujourd'hui.
29:58 Aujourd'hui, dans la rue en Israël, il y a des dizaines de milliers,
30:02 des centaines de milliers de gens qui exhortent, qui prient
30:05 pour que la proposition d'accord, en tout cas, soit adoptée.
30:11 Parce que voilà, on veut tous qu'il y ait un chemin vers...
30:15 C'est dur à dire aujourd'hui, vers une possible paix.
30:19 Et la voie la plus difficile, c'est la paix.
30:22 C'est la plus...
30:24 Bizarrement, c'est celle qui nécessite le plus de courage, en fait.
30:27 Parce que quand t'es pour la paix, quand t'envoies un message de paix,
30:30 tu te mets à dos les extrêmes des deux communautés.
30:34 Et c'est terrible.
30:35 Moi, j'ai des amis musulmans et des amis juifs.
30:37 Dès qu'ils envoient un message de paix,
30:38 ils se prennent des messages de haine des deux communautés.
30:41 Et je voudrais citer une personne qui est très inspirante,
30:45 qui s'appelle Anna Assouline, et qui est une femme qui milite
30:49 et qui se bat avec une association qui s'appelle les Guerrières de la Paix.
30:53 Et elle, elle m'inspire.
30:54 Quand je vois ces femmes musulmanes et juives avancer ensemble
30:57 et se dire "on va essayer de faire un chemin vers la paix",
31:00 ça m'inspire énormément.
31:02 Et je crois que c'est ça qu'on doit penser en France.
31:04 On ne peut pas refaire une deuxième guerre en France, c'est pas possible.
31:08 On doit, à un moment donné, essayer en tout cas.
31:12 C'est le discours de Rabine, tu sais,
31:14 avant... quelques minutes avant de mourir.
31:18 Lui, c'est un homme inspirant pour moi.
31:20 Il sera Rabine, il dit juste avant de mourir,
31:25 j'ai pas les mots exacts, mais la paix n'est pas une prière.
31:29 Il y a de la prière dans la paix,
31:32 mais la paix devrait être la plus grande aspiration du peuple juif.
31:36 Il s'est fait tuer malheureusement quelques minutes après.
31:39 Eux, c'est des hommes qui m'ont inspiré et qui m'inspirent.
31:41 Et même si...
31:43 Alors, je replace les choses dans leur contexte.
31:47 On m'a dit "tu condamnes pas".
31:48 Je dis "mais comment ça, je condamne pas ?
31:49 Tu peux même pas me parler de ça, c'est plus que condamner.
31:51 Je suis horrifié par ce qui s'est passé le 7 octobre
31:54 et toute ma vie, je resterai traumatisé par ça.
31:56 Mais je pleure ce qui s'est passé à Rafa et à Gaza.
31:59 Et je le dis haut et fort.
32:01 Et il faudrait qu'on soit ensemble, pour pleurer ensemble nos enfants.
32:04 Et pas créer une deuxième guerre.
32:06 - Est-ce que tu condamnes le gouvernement Netanyahou ?
32:08 - Moi, je veux pas rentrer là-dedans, tu vois.
32:10 Ça n'est pas du tout...
32:12 Si je vivais en Israël, tu sais, c'est très facile,
32:14 dans un studio de télé, à Paris, sur les réseaux sociaux,
32:18 de dire "si je vivais là-bas, je serais dans la rue
32:22 avec tout le monde en train de dire 'arrête'".
32:25 Essayons d'accepter la proposition qui est faite en ce moment.
32:29 Je pense que je ferai ça.
32:32 Maintenant, voilà, ça ne change rien à l'atrocité du 7 octobre
32:39 et surtout aux otages.
32:40 Il faut penser aussi à eux.
32:42 - Quand tu prends des positions comme ça,
32:45 est-ce que ça te donne envie de rester en retrait ?
32:48 - Ouais.
32:49 Surtout qu'il y a une autre chose que les gens ne savent pas,
32:52 c'est qu'on fait chacun, comme on veut, comme on peut,
32:55 à notre niveau, à notre manière, des choses, à titre personnel.
32:59 Qu'elles soient dans l'implication associative,
33:05 qu'elles soient par des gestes, qu'ils soient financiers,
33:09 que ce soit du temps, que ce soit de l'écoute,
33:11 que ce soit de la diffusion de messages.
33:13 On fait des choses, on ne reste pas insensible.
33:15 Mais pour des raisons malheureusement assez tristes,
33:19 les gens pensent que si ça n'est pas sur les réseaux sociaux,
33:22 tu ne l'as pas fait et tu n'existes pas.
33:24 Et les gens pensent parfois, quelle que soit la communauté,
33:28 puisque je parle avec mes amis musulmans aussi
33:30 et mes amis juifs dans le métier,
33:32 s'ils n'ont pas affiché sur les réseaux sociaux la story,
33:36 non pas qu'ils parlent uniquement d'Israël ou de la Palestine,
33:39 mais telle que leur communauté la veut exactement,
33:41 alors ils ne sont pas des bons juifs ou pas des bons musulmans.
33:45 Moi, ça ne me va pas.
33:47 Moi, ce n'est pas comme ça que je vois l'humanité.
33:50 Donc ça ne me convient pas.
33:52 – Il y a des potes qui t'appellent, qui disent "on n'en peut plus",
33:54 vous en parlez ?
33:56 – Moi, je parle beaucoup de ça, je parle beaucoup avec mes amis,
33:59 et puis tu sais, je parle beaucoup avec les humoristes.
34:05 Moi, j'ai deux amis qui sont...
34:07 L'un est israélien, l'autre est palestinien.
34:09 C'est des humoristes.
34:11 C'est des mecs qui sont tristes, qui sont dans la...
34:14 Pour des humoristes, c'est terrible.
34:17 Ils essayent de faire leur métier, ils se confient à moi,
34:23 je suis en contact avec eux en permanence.
34:25 – Comment ils s'appellent, si les gens veulent voir leur travail ?
34:27 – Hadi Khalifa, qui est un mec brillantissime.
34:31 Israel Katorza, qui est le mec le plus populaire d'Israël en humour.
34:36 Et voilà un palestinien, un israélien à qui je parle régulièrement.
34:40 C'est des gens qui m'inspirent, c'est des gens avec qui on parle de paix,
34:43 de possibilités, avec Katorza, on rigole,
34:47 on fait des blagues même impensables, interdites.
34:50 Je l'aime d'amour.
34:51 Et Hadi aussi.
34:53 C'est ça, la réalité, c'est d'être connecté à ceux qui vivent la tragédie.
34:59 Franchement, c'est pas mettre une story, c'est bien, t'as mis une story,
35:04 mais qu'est-ce que t'as fait ? T'as mis une story, et alors ?
35:06 Et qu'est-ce que ça va changer ?
35:07 Et les gens te jugent au fait que t'aies mis une story ou t'as mis…
35:10 Tu sais pas ce qu'il y a dans mon cœur,
35:12 tu sais pas quel est mon rapport à mon identité, à mon passé, à mon futur.
35:17 C'est comme les gens qui vont juger le rapport que quelqu'un a à Dieu.
35:22 D'où tu peux juger le rapport que j'ai à Dieu ?
35:24 D'où je vais juger, moi, le rapport que t'as à la foi,
35:27 le rapport que t'as à ton patriotisme ou pas,
35:30 à ta nationalité, à ton identité, à ta religion ?
35:33 On peut pas. Moi, je peux pas.
35:35 C'est clair.
35:35 Merci à tous !
35:37 [SILENCE]