• il y a 4 mois
Transcription
00:00 Bonjour, nous sommes les éditions du Cherche Midi.
00:05 Je suis accompagnée de Jean Legal, le directeur de la maison,
00:09 et nous sommes ravis de vous présenter notre rentrée littéraire
00:11 qui est composée de quatre titres cette année,
00:14 trois romans français et un étranger.
00:16 Et je vais commencer tout de suite avec Yves Arte.
00:20 Avec Yves Arte, ce sont des retrouvailles,
00:24 puisque nous avons publié son premier roman il y a deux ans déjà,
00:28 "La main sur le coeur", qui a eu un très bel accueil,
00:30 notamment du côté des prix,
00:32 puisqu'il était en sélection pour le prix du Monde,
00:33 et puis il a eu un prix, l'un des prix de l'Académie française.
00:37 Yves a eu une grande carrière derrière lui,
00:39 puisqu'il a été un grand reporter, notamment chez Sud-Ouest,
00:42 donc un grand journaliste,
00:43 et pour son travail, il a d'ailleurs eu le prix Albert Londres.
00:47 Il revient ici avec un texte qui s'appelle "Parmi d'autres solitudes",
00:50 qui sera en librairie le 22 août,
00:53 sur lequel il parle, comme son nom l'indique, de la solitude.
00:56 L'histoire, c'est celle d'un homme, un journaliste.
00:58 C'était pas un roman autobiographique,
00:59 mais vous allez voir, il y a quelques échos avec la vie d'Yves.
01:03 Un homme, un journaliste d'une quarantaine d'années,
01:05 son père vient de mourir.
01:07 Il retourne dans la maison de son père,
01:09 dans laquelle il n'a pas été depuis très longtemps.
01:11 Les relations étaient éteintes entre les deux,
01:14 entre le père et le fils.
01:16 Il retourne, suite à l'enterrement de son père, dans cette maison,
01:20 et en rangeant et en triant les affaires de son père,
01:22 il tombe sur un dossier,
01:24 un dossier d'articles qu'il avait écrits il y a très longtemps,
01:27 d'articles qu'on lui avait commandés,
01:28 et puis le projet avait été avorté
01:30 sur des personnages, des personnes
01:32 qui étaient atteintes, victimes de solitude.
01:35 Il replonge dans ces articles qu'il a écrits il y a très longtemps,
01:38 qu'il avait complètement oubliés,
01:39 ses portraits qu'on lui avait commandés pour un journal
01:42 et puis qu'il avait laissés de côté pour diverses raisons,
01:45 et puis il se replonge dedans,
01:46 et donc au fur et à mesure,
01:47 le roman est construit vraiment comme ça.
01:49 C'est à la fois où on est dans le temps de ce narrateur,
01:51 de ce journaliste qui vit son deuil,
01:53 et qui se replonge, et on ouvre à chaque fois un chapitre,
01:55 comme ça, on alterne,
01:56 sur une des personnes qu'il a rencontrées
01:58 atteintes de solitude.
01:59 Il y a ces personnes qu'on connaît tous,
02:01 qu'on a tous vues dans les cafés,
02:02 un peu les piliers de comptoirs,
02:04 qu'on voit même avec ce visage très marqué,
02:06 et lui, il va s'intéresser à leur vie,
02:08 et donc on va découvrir leur vie, qui sont ces personnes
02:11 derrière juste cette façade qu'on peut avoir,
02:13 et puis on revient à la fois sur la vie du narrateur,
02:15 et c'est vraiment l'occasion pour lui de se questionner,
02:19 de questionner sa solitude, celle de son père,
02:22 et l'amour entre un père et un fils.
02:26 Il y a aussi dans les autres personnages
02:28 une maîtresse d'école qui collectionne les amants,
02:31 mais ne trouve jamais celui avec lequel faire sa vie.
02:35 Voilà, c'est vraiment... Ca nous fait penser beaucoup,
02:37 et d'ailleurs, il le cite, Yves, dans son texte,
02:39 "Aux vies minuscules de Pierre Michon", c'est vraiment ça.
02:41 Et l'écriture d'Yves, c'est comme dans "La main sur le coeur",
02:44 c'est d'une grande sensibilité, mais d'une grande pudeur,
02:46 en quelques mots, c'est vraiment la force d'Yves,
02:48 en quelques mots, il y a beaucoup d'émotions qui se transmettent,
02:51 c'est vraiment un très, très beau texte d'un auteur
02:54 dont le travail est déjà extrêmement accompli.
02:57 Et c'est vraiment aussi comment...
02:59 On parle du père qui doit reconnaître son fils,
03:02 mais ça marche dans les deux sens, cette relation d'un fils,
03:04 et on va le comprendre, ce narrateur qui doit reconnaître son père
03:07 et qui va comprendre qu'il aimait en fait ce père
03:11 dont il s'était séparé.
03:12 Voilà.
03:13 Et c'est dans la collection "Passe-muraille"
03:15 dirigée par Emmanuel Delaconté,
03:16 dans laquelle on avait eu Charlie Rauquin.
03:19 -Merci, Maëva.
03:21 Ouh là, cette fois-ci, je suis peut-être un peu trop fort.
03:22 Alors, le 2e titre dont nous allons vous parler dans cette rentrée,
03:27 c'est un roman de Patrice Jean.
03:29 Dans ce roman, nous faisons la connaissance de Jean Dulac,
03:33 journaliste à Nantes,
03:34 de Dorian, son épouse, et de Simon, son fils de 16 ans.
03:39 Dulac, la quarantaine, est encarté au Parti communiste.
03:43 Première originalité.
03:45 Il est authentiquement passionné de littérature.
03:48 Deuxième originalité.
03:50 Il entretient une relation, disons, étroite avec la vérité,
03:54 ce qui le singularise, là encore.
03:56 Alors, vous me direz, un journaliste
03:58 qui entretient une vocation pour la vérité,
04:01 ça tombe bien, ça devrait servir sa carrière.
04:03 Patatras, en 2024,
04:05 aimer à ce point la vérité
04:06 peut vous poser des difficultés professionnelles croissantes.
04:10 Alors, par exemple, son rédacteur en chef
04:11 lui confie une série de reporterais
04:13 en lui demandant, tiens, tu vas t'intéresser
04:15 à toutes les personnalités qui font la ville de Nantes.
04:17 Donc, vous avez des cuisiniers, vous avez des politiques,
04:20 vous avez des footballeurs à la retraite.
04:22 Et comme notre homme, et comme je le disais,
04:24 est pris d'exactitude,
04:26 eh bien, de temps en temps, il est tenté de dire de l'un
04:29 qu'il est prétentieux, de l'autre qu'il est médiocre.
04:32 Evidemment, ses papiers, quand ils sont présentés
04:34 au rédacteur en chef, sont systématiquement déchirés.
04:36 On lui explique qu'ils sont impubliables
04:38 et notre Dulac, qui n'est pas très courageux,
04:40 reprend sa copie, corrige son jugement
04:43 et se met en ligne droite derrière le consensus.
04:47 Alors, le sort de Dulac n'est guère plus favorable
04:49 dans son foyer,
04:50 dans un foyer où sa femme le juge phallophade, démodé.
04:55 Son fils, quant à lui, est du genre factieux,
04:58 bon, comme beaucoup d'adolescents,
05:00 mais celui-ci est cruel.
05:02 Et il se passe plein de choses autour de Simon,
05:04 cet enfant de 16 ans.
05:05 D'abord, dans le lycée où il l'est,
05:07 c'est-à-dire qu'une des enseignantes
05:10 vient de démissionner après avoir été giflé
05:12 en plein cours par un élève.
05:15 Dulac, naturellement, prend le parti de l'enseignante.
05:18 Curieusement, ça déclenche la colère de son épouse,
05:21 des élèves, des parents d'élèves et même du proviseur.
05:24 Pourquoi ? Parce que cette enseignante
05:27 avait le tort de s'obstiner à propos de Molière.
05:30 Elle exigeait de l'attention, elle exigeait de l'écoute
05:33 et surtout, elle voulait aller au bout de sa mission éducative
05:36 sans faire de compromis.
05:38 2e affaire dans le lycée,
05:42 Simon fait passer sur les réseaux sociaux,
05:46 fait circuler une photographie d'une surveillante
05:50 dans une position très intime, à tout le moins dénudée.
05:53 Je ne vous en dirai pas davantage à propos de cette affaire,
05:57 mais elle va évidemment exciter les partis politiques de tous bords
06:00 parce qu'elle va prendre une ampleur un peu inattendue
06:02 et surtout nationale.
06:04 Affaire dans laquelle Dulac se rend compte
06:06 que son fils de 16 ans est passé maître dans l'univers digital
06:10 et surtout dans la manipulation affective des foules
06:13 qui sont sur un registre essentiellement émotionnel.
06:17 Et ce gamin de 16 ans, eh bien, ma foi,
06:19 il sait mentir à la direction de son lycée
06:21 comme il sait mentir aux autorités judiciaires
06:23 comme il ment depuis le début à ses parents.
06:25 Notre Dulac, vieux modèle humain passablement périmé,
06:29 se trouve finalement petit à petit mis au banc
06:32 de son journal, de sa famille et même de la ville de Nantes.
06:36 Et donc, il trouve refuge dans un petit pavillon excentré
06:41 où débute en réalité le roman dans le roman.
06:44 Pourquoi ? Parce qu'une fois arrivé dans ce pavillon,
06:47 exilé de sa ville et des siens,
06:49 Dulac se trouve face à un fantôme.
06:52 Ce fantôme, c'est un ami, un ami d'enfance,
06:55 mort dans un accident de voiture dans les années 80
06:57 et qui lui revient.
06:59 Pourquoi ce fantôme revient devant Dulac ?
07:02 Qu'est-ce qui aurait échappé à la vigilance
07:05 et à la compréhension des événements de Dulac ?
07:07 Qu'a-t-il à lui dire ?
07:09 Et enfin et surtout, Dulac lui-même n'est-il pas devenu un spectre
07:12 à force d'être damné des siens
07:15 et jugé surabondant dans la société contemporaine ?
07:20 Cette 2e partie, c'est du moins mon point de vue,
07:22 installe le roman dans une autre catégorie.
07:25 Elle l'élève complètement et elle le place, à mon avis,
07:27 à un niveau d'ambition qui était extrêmement rare
07:30 dans le roman français contemporain.
07:32 Alors laissez-moi vous dire quand même un mot sur Patrice Jean.
07:34 Patrice Jean, 52 ans et professeur de français
07:37 au lycée de Saint-Nazaire.
07:39 Et avec des romans aussi formidables
07:41 que "L'homme sur numéraire" en 2017
07:45 chez Ruff Fremantin,
07:47 plus tard, chez Gallimard en 2021 avec "La poursuite de l'idéal",
07:51 il s'est signalé comme un écrivain
07:53 qui se mettait au service de la littérature et de la vérité.
07:57 Et quand je dis la vérité, je dis l'âpre vérité.
08:00 Je veux quand même rassurer tout le monde.
08:01 Patrice Jean, c'est pas le genre d'écrivain
08:03 qui confond le fait d'écrire et le fait d'en venir aux mains.
08:06 Sa langue est formidable, elle est classique,
08:09 elle est belle, elle est tellement agréable à l'oreille.
08:12 C'est, comment vous dire, une sorte de Flaubert enragé.
08:15 Certes, mais lui, ce qu'il signale,
08:19 ce qui le met un peu à part,
08:21 c'est cette façon de prendre des risques
08:23 et notamment le risque de déplaire.
08:25 On a de la chance de pouvoir, nous, éditeurs, vous, libraires,
08:29 de pouvoir de temps en temps proposer des livres
08:31 qui portent ce risque de déplaire.
08:33 En tout cas, moi, je suis très heureux de publier un écrivain
08:35 qui brûle ses vaisseaux chaque fois qu'il écrit un livre.
08:39 -On poursuit cette présentation
08:44 avec le premier roman de Giocanda Belli,
08:48 une autrice nicaragouienne.
08:50 Et on est très contents, c'est très particulier, c'est assez rare.
08:53 Ce premier roman date en fait de 1988.
08:55 On vous invite à une découverte, et peut-être presque à une réparation,
08:58 puisque c'est une autrice qui a connu
08:59 une très grande carrière internationale,
09:01 qui a eu de nombreux prix pour son oeuvre poétique
09:04 et pour son oeuvre romanesque,
09:05 et curieusement, qui n'avait jamais été...
09:07 En tout cas, l'oeuvre romanesque,
09:08 elle n'avait jamais été publiée en France.
09:11 Et je parle de réparation, parce que vous allez voir,
09:13 elle a été saluée par de grands auteurs.
09:16 "La femme habitée", c'est un roman semi-autobiographique
09:18 qui nous est traduit par Anne Proenza Briamant,
09:21 de l'espagnol du Nicaragua,
09:23 qui est inspirée de la vie de Giocanda.
09:25 Donc ça se passe...
09:28 Qui était très engagée dans la révolution sandiniste au Nicaragua.
09:31 Et donc là, ça se passe dans un pays d'Amérique latine
09:34 imaginaire, mais on comprend que tout est vrai.
09:36 On suit le parcours de Lavinia,
09:37 et c'est vraiment elle qui porte le roman,
09:38 cette héroïne assez forte, mais assez naïve,
09:40 quoique, au départ,
09:42 qui vit très bien, en fait, dans ce petit pays d'Amérique latine.
09:45 C'est une dictature, mais quand on est riche,
09:46 quand on est aisé, on peut très bien vivre.
09:48 Elle a fait ses études en Europe, elle revient,
09:51 elle a son premier emploi en tant qu'architecte,
09:53 elle vit seule dans sa maison,
09:55 donc elle a déjà l'impression d'être une femme moderne,
09:57 d'être déjà anticonformiste,
09:59 d'avoir acquéri sa liberté.
10:03 Et puis, dans ce cabinet d'architecte,
10:05 elle va rencontrer Félipé,
10:08 dont elle va tomber amoureuse, il y a une grande histoire d'amour,
10:10 mais aussi qui va lui ouvrir les yeux,
10:12 ouvrir les yeux sur la réalité de son pays
10:14 que sûrement elle n'a pas voulu voir,
10:15 sur les oppressions dont de nombreuses populations
10:17 étaient victimes, et qui va l'embarquer avec lui
10:20 dans la révolution.
10:21 Et à partir de là, je ne vous en dis pas plus,
10:23 mais c'est un roman qui vous prend avec de nombreux rebondissements,
10:25 et c'est vraiment le parcours de cette femme
10:28 en quête de liberté, en quête de justice pour son pays,
10:31 et aussi un roman très féministe, très engagé,
10:33 et ça date de 1980, je vous l'ai dit,
10:35 mais c'est très moderne et très actuel et très contemporain,
10:37 c'est presque inquiétant, mais ça n'a pas pris une ride.
10:41 Et dans ce roman, il y a deux voix qui s'entrelacent,
10:42 celle de Lavinia dont je viens de vous parler
10:44 et celle d'Itzi.
10:45 Itzi, c'est une Indienne
10:48 qui, elle, a dû lutter contre les colons espagnols,
10:51 et ça se croise, vraiment, les deux voix se croisent,
10:54 et ça nous donne un contrepoint sur cette notion
10:56 de qu'est-ce que c'est l'engagement,
10:57 qu'est-ce que c'est le courage, quand est-ce qu'on ne franchit le pas ?
11:01 Je vous disais, on est très contents
11:02 de vous faire découvrir cette autrice,
11:03 c'est presque une réparation, parce qu'elle a été saluée
11:05 par Salman Rushdie, par Harold Pinter,
11:07 pour la grande poésie, c'est une écriture très sensuelle,
11:09 très imagée, très poétique, très riche,
11:12 qui vous embarque complètement,
11:13 donc on est vraiment ravis, à notre tour,
11:15 d'être des passeurs et de vous faire découvrir ce texte,
11:19 donc "Gioconda Belli, la femme habitée".
11:21 -Merci, Maéva.
11:25 On enchaîne avec le dernier titre à vous présenter au Cherche-Midi,
11:30 par "À l'ombre de Winnicott",
11:33 par Christian Niemek et Ludovic Manchette.
11:36 Alors, nous sommes en 1933, dans le Sussex, en Angleterre,
11:41 une Française appelée Viviane Lombard
11:43 approche un château enveloppé par les brumes,
11:48 et ce château du 17e siècle abrite une famille,
11:52 la famille Montgomery, où Viviane Lombard est attendue
11:56 pour prendre le poste de préceptrice.
11:59 Alors, elle va faire la connaissance
12:02 de la haute société britannique,
12:05 le père de famille s'appelle Archibald,
12:07 il est archéologue, il multiplie les expéditions
12:10 aux quatre coins du monde, et en particulier en Mésopotamie,
12:13 elle, Lucie, le veille au bon fonctionnement
12:16 d'un quasi-château avec son équipage nombreux,
12:21 et surtout, cette mère de famille veille,
12:23 avec un amour absolument inconditionnel,
12:26 sur un petit garçon qui s'appelle Georges, 10 ans,
12:29 qui est aveugle depuis un accident.
12:32 Alors, ce manoir, je vous le disais, il conjugue un peu
12:34 la tradition et la modernité, c'est-à-dire que d'un côté,
12:37 vous avez l'électricité et le téléphone,
12:42 mais vous avez par ailleurs tout le service attendu,
12:45 c'est-à-dire le majordome que l'on sonne à toute heure,
12:47 le kiosque à musique, les cuisiniers,
12:49 la grande bibliothèque, etc.
12:51 Pour résumer, nous avons affaire à une famille
12:53 qui est très proche des sociétés scientifiques
12:56 et qui ne croit qu'à la raison.
12:57 C'est un point qui aura son importance ensuite.
13:00 Très vite débutent les leçons entre Viviane
13:03 et son jeune élève, et là, surprise,
13:06 Viviane s'y prend de manière un peu déroutante
13:09 avec cet enfant, c'est-à-dire que son franc-parler
13:13 est peu ordinaire dans la position d'un professeur.
13:15 L'écoute qu'elle accorde à l'enfant,
13:18 le crédit intellectuel qu'elle lui fait,
13:20 tout cela forme un genre d'idéal pédagogique.
13:24 Georges, quant à lui, manifeste de son côté
13:28 un enthousiasme et une compréhension,
13:30 mais qui n'est pas exagéré, qui est tout à fait crédible.
13:32 Simplement, on sent bien que ce gamin est hors norme.
13:36 Il est hélas d'autant plus qu'il est frappé d'un handicap,
13:40 il est aveugle, et on dit des aveugles
13:42 qu'ils ont une sensibilité, une hypersensibilité
13:46 qui leur est commune.
13:47 Or, cet enfant lui dit très vite, lui confie très vite
13:50 qu'il sent des présences dans ce manoir,
13:53 des présences et des événements surnaturels
13:56 qui sont confirmés par le reste du personnel.
13:59 Alors là, peut-être que certains d'entre vous vont se redire,
14:01 vous savez, ils sont fous au Cherche-Midi,
14:03 ils nous font un livre de genre dans une rentrée littéraire,
14:06 pourquoi pas, même exagérément, de la littérature populaire,
14:09 et j'ai envie de vous dire, oui,
14:12 pourquoi pas ?
14:13 Pourquoi pas ?
14:15 "À l'ombre de Winnicott", si vous voulez,
14:16 c'est un texte qui procure
14:19 une immense impression de divertissement.
14:23 Et pourtant, le travail des auteurs consiste à puiser
14:27 dans le meilleur de la littérature anglaise.
14:29 Fut-elle fantastique ?
14:30 Je cite souvent Henry James, "Le tour des croues".
14:35 Par ailleurs, les dialogues sont épatants.
14:38 Ce sont des auteurs très chevronnés
14:39 qui vous donnent des dialogues virtuoses,
14:41 qui font avancer l'intrigue.
14:43 Et c'est là que je dois vous dire 2 ou 3 mots
14:45 sur Christian et Ludovic.
14:46 Ils nous viennent directement du cinéma
14:49 où ils officient comme traducteurs.
14:50 Ce sont des gens qui traduisent, par exemple, du Wes Craven
14:53 comme du Denis Villeneuve.
14:55 Et ces gens-là, à la différence d'autres auteurs du genre,
15:00 ne vont pas assécher le corps de leur texte
15:02 pour se préparer un peu machiavéliquement
15:05 à une adaptation cinématographique.
15:06 Eux, ils font l'inverse.
15:08 C'est-à-dire qu'ils vont chercher dans le cinéma
15:10 la mise en scène, le sens du rythme
15:12 pour enrichir leur roman.
15:14 Et vous voyez, ce bénéfice-là,
15:17 c'est-à-dire récupérer le bien de la littérature,
15:19 c'est récupérer l'art du récit.
15:22 Et franchement, on est servi avec ce texte.
15:27 Je sais également...
15:28 D'ailleurs, un texte, si vous voulez,
15:29 où on ne sait jamais si on est dans la littérature classique
15:31 ou en train de lire le texte qu'aurait écrit Zemeckis
15:33 ou Spielberg.
15:35 Bon, je sais aussi les réserves qu'il peut y avoir,
15:37 notamment dans la critique littéraire
15:38 de notre bon vieux pays.
15:40 2 noms sur une couverture, ça, c'est éminemment suspect.
15:44 Bon, c'est oublier de vous avoir,
15:45 et ça restera absolument confidentiel
15:46 que parfois, l'auteur sur la couverture
15:48 n'est pas celui qui l'a écrit.
15:49 Donc, ils sont forcément 2.
15:51 Mais passons.
15:52 Dans ce cas-ci, c'est oublier qu'il y a un savoir-faire,
15:56 je veux dire, qui est une vieille histoire.
15:57 Alors, passons sur l'inculture éventuelle
16:00 qui les a fait oublier peut-être les Goncourt
16:02 et leur fameux journal, qui est un chef-d'oeuvre.
16:03 Mais plus près de nous et plus près de ce genre,
16:05 il y a Boileau, Narsejac et même un autre manchette,
16:09 Jean-Patrick, qui lui aussi avait écrit à 4 mains
16:12 certains de ses titres.
16:14 Donc, pour ma part, moi, je trouve qu'à chaque fois
16:15 que 2 auteurs se retrouvent pour un livre,
16:19 il se passe une stimulation extrêmement positive
16:21 pour le lecteur, c'est-à-dire que l'imagination
16:24 est débridée, il y a une audace, il y a une invention,
16:27 quelque chose de complètement nouveau, si vous voulez,
16:29 comme si les imaginations s'additionnaient
16:32 sans se nuire jamais.
16:33 En tout cas, voilà, chez Niemek et chez Manchette,
16:36 il y a une osmose, une gémérité,
16:38 une communion des intelligences.
16:40 Et précisons qu'à l'ombre de "Vinicote",
16:42 eh bien, c'est leur 3e roman.
16:44 Le 1er, vous le savez sûrement, avait séduit
16:45 près de 130 000 lecteurs, grand format et poche réunis.
16:50 Et voilà, et à mon humble avis, ce roman
16:54 est le meilleur des 3, tout simplement.
16:56 On en a terminé avec "Le Cherche-Midi".
17:01 (Applaudissements)
17:03 (...)

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