À une semaine du scrutin, les huit principales têtes de liste aux élections européennes répondent ce dimanche 2 juin aux questions de Benjamin Duhamel. Léon Deffontaines était l'invité du Grand Oral.
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00:00 Bonjour Léon Defontaine.
00:02 Bonjour.
00:04 Tête de liste du Parti communiste, dans notre sondage du jour, vous êtes à 3%, un point au-dessus du Parti animaliste,
00:10 sous la barre des 5% qui pourraient donc vous permettre d'avoir des élus au Parlement européen.
00:14 Votre candidature c'est quoi ? C'est du folklore ? C'est une candidature de témoignage ?
00:18 Non, c'est une candidature qui permet de remettre la gauche autour finalement des sujets fondamentaux,
00:24 celle de la défense du travail et des travailleurs.
00:26 D'ailleurs ce que j'observe sur ce même sondage que vous venez de citer, c'est qu'un Français sur quatre qui compte aller voter,
00:31 ne sait pas encore pour qui voter et je compte bien faire la différence cette semaine-là
00:34 et dire que le vote pour la gauche unie pour le monde du travail, de la liste que j'ai l'honneur de mener,
00:38 c'est d'abord un vote de conviction, permettre de refaire de la question sociale, de la défense du pouvoir d'achat,
00:42 la priorité de la gauche, mais c'est aussi un vote efficace, un vote efficace parce que nous permettre de dépasser les 5%,
00:47 c'est permettre d'ajouter 5 élus en plus pour la gauche et 5 élus en moins pour la droite et l'extrême droite.
00:52 Léon Defontaine, je voudrais qu'on parle pour commencer d'immigration.
00:55 Je vais vous lire la phrase suivante.
00:57 "En raison de la présence en France de près de 4,5 millions de travailleurs immigrés et de membres de leur famille,
01:02 la poursuite de l'immigration pose aujourd'hui de graves problèmes.
01:05 Il faut stopper l'immigration officielle et clandestine."
01:09 Est-ce que vous savez qui a dit cette phrase et est-ce que vous la partagez ?
01:12 - Oui, Georges Marchais.
01:14 - 6 janvier 1981. - Georges Marchais dans les années 80.
01:17 - Absolument, 6 janvier 1981, ancien secrétaire général du Parti communiste,
01:20 lointain prédécesseur de votre mentor, l'actuel patron du PC, Fabien Roussel.
01:25 Vous êtes d'accord avec cette phrase de Georges Marchais ?
01:28 - Non, je ne la partage pas, mais ce qu'il dit par contre et le constat qu'il fait,
01:34 je le partage, c'est le fait qu'aujourd'hui, il y a une mise en compte
01:37 sur la présence de travailleurs en situation régulière et c'est en situation irrégulière.
01:41 Et d'ailleurs, c'est pour cela que lors du débat sur la loi immigration,
01:44 en fin d'année dernière, nous avions porté l'ambition de réguler le nombre des travailleurs sans papier
01:49 pour éviter justement qu'on ait une main d'œuvre à bas coût parallèle à la main d'œuvre en situation irrégulière.
01:54 Et pour sortir de cette mise en concurrence, il n'y a qu'un seul moyen,
01:56 c'est la régularisation des travailleurs sans papier.
01:59 C'est l'ambition que nous, nous portons aujourd'hui, que nous portons au Sommet national
02:02 et celle qu'on continue de porter durant cette crise européenne.
02:05 Et d'ailleurs, vous étiez sur le plateau juste avant, Jordan Hordela,
02:08 et j'ai eu un débat avec lui très récemment où il disait qu'il était contre la régularisation
02:12 et qu'il voulait mettre en place moins d'immigration, voire plus d'immigration du tout en France.
02:18 La réalité, c'est qu'il y a ce qu'il dit, il y a ce qu'il fait, il y a ce qu'il faut.
02:21 Et notamment, je pense que le FNAS, le Conseil du Parlement national,
02:26 ils ont une main d'œuvre immédiate, une main d'œuvre étrangère dans son exploitation agricole pour payer au lance-pierre.
02:32 Et donc la réalité, c'est que si l'extrême droite, elle ne veut pas régulariser les travailleurs sans papier,
02:35 c'est parce qu'elle veut une main d'œuvre pas chère pour pouvoir l'exploiter davantage.
02:39 Moi, je dis qu'il faut sortir de cette mise en concurrence déloyale.
02:41 Donc celles et ceux qui produisent des richesses, qui font aujourd'hui l'Autorité sociale, qui cotisent, etc.,
02:47 ils doivent pouvoir bénéficier des mêmes droits que les autres.
02:49 Et donc, bien évidemment, je suis favorable à la régularisation des travailleurs sans papier.
02:53 – Régularisation des travailleurs sans papier, on vous entend Léon Desfontaines,
02:57 mais simplement, ce qui était aussi frappant dans cette phrase de Georges Marchais,
03:00 et d'ailleurs dans l'histoire du Parti communiste, c'est le fait d'assumer,
03:03 de vouloir un minima réguler l'immigration, de dire,
03:06 certains n'ont pas vocation à être sur le territoire.
03:09 Ça, c'est un pan du discours qui est tabou à gauche, ou est-ce que vous pouvez l'assumer ?
03:14 – Moi je l'assume, je ne sais pas s'il est tabou à gauche,
03:17 il faudra que vous questionnez peut-être les autres candidats.
03:19 Moi ce que je dis sur l'immigration, c'est que finalement, aujourd'hui,
03:21 on a deux mensonges qui se confrontent.
03:23 Il y a d'un côté, celles et ceux qui nous disent zéro immigration,
03:26 c'est notamment l'élection de Giorgia Meloni, l'extrême droite en Italie,
03:29 qui a été élue sur un programme en disant, on va mettre en place un blocus maritime,
03:33 plus aucun migrant n'arrivera sur les terres italiennes ou à Lampedusa,
03:37 et résultat des courses, elle en vient à régulariser presque 450 000 étrangers,
03:41 parce qu'en fait, l'immigration c'est un phénomène social.
03:43 Et puis l'autre mensonge, c'est celles et ceux qui nous disent finalement,
03:46 qu'il n'y a no border, qu'il pourrait ne pas y avoir de frontières,
03:50 sauf preuve du contraire, un état ça a toujours eu des frontières,
03:53 pour les personnes certes, mais aussi pour les capitaux et les marchandises,
03:56 et ça par contre, la droite et l'extrême droite ont trop tendance à l'oublier.
03:59 Je suis ici à Marseille, ville ouverte sur la Méditerranée, ville portuaire,
04:02 comment se fait-il aujourd'hui que les marchandises qu'on importe de l'autre bout de la planète,
04:06 des fois de l'autre côté de la Méditerranée,
04:08 seul 1% des conteneurs soient contrôlés,
04:10 et derrière ça vient favoriser les trafics en tout genre.
04:12 Donc nous, on est pour créer un véritable service public des douanes,
04:15 et donc nous ne sommes pas opposés aux frontières,
04:17 nous disons qu'on peut plus accueillir, mais surtout qu'on doit mieux accueillir
04:20 les personnes qui fuient la guerre et celles qui peuvent fuir la misère.
04:23 Mais bien évidemment, ça implique par contre derrière qu'il y ait une régulation.
04:26 Léon Desfontaines, vous refusez ce qu'ont fini par accepter les Etats-Unis, l'Allemagne, la France,
04:30 le fait que des armes européennes, occidentales, puissent être utilisées par les Ukrainiens
04:35 pour atteindre des bases militaires sur le territoire russe.
04:38 Ça veut dire que vous laissez Vladimir Poutine frapper l'Ukraine sans répliquer ?
04:42 Que vous êtes prêt à laisser la ville de Kharkiv tomber ?
04:45 Non, non, j'ai toujours été clair moi depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie,
04:52 en disant que, et je me réfère souvent à une phrase de Nelson Mandela qui disait que
04:56 c'est l'oppresseur qui détermine les armes de l'oppressé.
04:58 Il y a un agresseur, c'est la Russie, il y a un agressé, c'est l'Ukraine,
05:01 et donc c'est à l'Ukraine de nous dire ce dont elle a besoin pour se défendre.
05:04 Et donc moi j'ai toujours été favorable à la livraison d'armes
05:06 pour permettre aux Ukrainiens de se défendre, avec une ligne rouge en revanche,
05:09 c'est celle de ne pas devenir co-belligérants et c'est celle de ne pas permettre justement
05:13 à ce que des civils russes potentiellement puissent être touchés par des missiles
05:16 ou des dommages collatéraux.
05:17 Et donc oui aux livraisons d'armes, par contre une ligne rouge,
05:20 pas d'envoi de troupes et pas d'envoi d'armes qui pourraient toucher le territoire russe,
05:23 qui pourraient avoir des conséquences néfastes, désastreuses, y compris pour les civils russes.
05:27 Oui mais, pardon Léon Desfontaines, mais là ce dont il est question,
05:31 ce n'est pas de tuer des civils russes, c'est d'autoriser les Ukrainiens
05:35 à frapper les bases en Russie, d'où sont tirés des missiles qui pour le coup
05:39 tuent des civils ukrainiens.
05:41 Ça vous dites non non non, on ne les autorise pas,
05:44 alors même que c'est ce que demande l'armée ukrainienne.
05:46 Moi je dis la priorité aujourd'hui, non, enfin j'y suis opposé, je réponds à votre question,
05:53 et je pense que la priorité c'est de permettre aux Ukrainiens
05:55 de mener des contre-offensives sur le territoire, de faire reculer l'armée russe
05:58 sur l'avancée qu'ils ont aujourd'hui en Ukraine, et donc il faut livrer des armes
06:01 pour leur permettre d'affronter la Russie, de les faire reculer.
06:04 Pourquoi ? Pour que l'Ukraine justement soit en position de force,
06:07 pour ensuite permettre de négocier en rapport de force,
06:09 et notamment exiger le retrait des troupes russes des territoires occupés
06:12 depuis l'invasion de l'Ukraine depuis plus de deux ans désormais,
06:15 et donc pour cela il faut leur livrer des armes, mais non pas pour bombarder la Russie,
06:18 pour permettre de faire reculer l'armée russe qui est avancée sur le territoire ukrainien.
06:21 Sur l'écologie Léon Defontaine, vous êtes un ardent défenseur du nucléaire,
06:25 vous considérez que la fin de la vente de voitures thermiques neuves en 2035
06:30 est irréaliste.
06:31 Pour un jeune candidat, je rappelle que vous avez 28 ans,
06:34 pas très loin donc de ce qu'on appelle la génération climat,
06:37 ce n'est pas très audacieux comme programme,
06:39 vous préférez le barbecue comme votre mentor Fabien Roussel à la question de l'écologie ?
06:44 Au contraire, je fais partie de cette génération climat,
06:48 et en effet l'écologie est une des priorités de cette campagne électorale,
06:52 et en effet vous l'avez mis en avant, on porte une voix assez singulière sur le sujet,
06:55 sur la scène politique nationale.
06:57 Nous ce qu'on dit c'est qu'on doit retrouver une écologie populaire
07:00 et une écologie rationnelle,
07:01 celle qui remet le discours scientifique au cœur de son projet.
07:04 Aujourd'hui si on veut atteindre la neutralité carbone en 2050,
07:07 ça veut dire diminuer considérablement nos émissions de gaz à effet de serre
07:10 pour permettre de répondre à l'impératif environnemental,
07:13 on a deux possibilités qui se dressent devant nous.
07:15 La première c'est celle du 100% renouvelable,
07:18 on n'investit que dans les énergies renouvelables et on sort du nucléaire,
07:20 mais ça veut dire qu'on accepte que lorsqu'il n'y a pas suffisamment de vent,
07:23 pas suffisamment de soleil, nos trains ne roulent plus,
07:25 nos services publics ne fonctionnent plus,
07:26 et qu'on n'est pas capable de réouvrir de nouvelles usines.
07:28 Ou alors on soutient, et c'est notre cas, un mix énergétique nucléaire-renouvelable.
07:32 Moi je pense qu'il faut construire de nouveaux réacteurs nucléaires,
07:34 que l'Union Européenne d'ailleurs doit prendre sa part
07:36 dans le financement de nouveaux réacteurs nucléaires.
07:38 Pourquoi ? Parce que je pense que si on veut répondre à l'impératif environnemental,
07:40 il va falloir produire davantage,
07:42 produire notamment des services publics de proximité,
07:45 permettre de développer le fret ferroviaire,
07:47 et notamment pour remplacer des camions par des trains.
07:49 Ça veut dire engager des infrastructures,
07:51 des moyens pour les infrastructures ferroviaires,
07:52 tels que le Lyon-Turin que nous soutenons,
07:54 ou le rattachement des ports et docks français aux corridors ferroviaires
07:57 pour que les portes-conteneurs, on puisse directement les mettre sur des trains
08:00 et pas sur des camions comme c'est le cas actuellement.
08:02 Si on veut réindustrialiser le pays, on aura besoin de produire plus d'énergie.
08:05 Réindustrialiser le pays, ça permet de rapprocher la production de la consommation,
08:08 mais pour ça on aura besoin de produire plus d'énergie.
08:10 Il faut que celle-ci soit décarbonée,
08:11 pour ça que nous soutenons le nucléaire et le renouvelable,
08:14 qui est finalement la seule issue possible
08:16 si on ne veut pas faire peser la responsabilité de la transition environnementale
08:19 sur les travailleurs de ce pays.
08:21 Au lendemain du 9 juin, les grandes manœuvres à gauche vont commencer.
08:24 Quelle leçon est-ce que vous tirez de cette campagne des européennes ?
08:27 Et notamment quant à ceux avec qui vous voyez travailler en vue de 2027.
08:31 Par exemple, si on prend Jean-Luc Mélenchon et Raphaël Glucksmann,
08:35 est-ce que pour vous ça fait partie d'un pôle de gauche en vue de 2027 ?
08:40 J'ai 28 ans et ce que je constate,
08:44 et finalement encore plus dans cette campagne européenne,
08:46 c'est que la gauche depuis 15 ans est captive de deux offres politiques.
08:50 L'une libérale, celle qui a amené François Hollande au pouvoir
08:53 et qui a tourné le dos aux travailleurs
08:55 et qui a continué de mener une politique libérale, une politique de droite.
08:58 Et l'autre outrancière, celle qui est notamment incarnée par Jean-Luc Mélenchon.
09:02 Et je dis que ces deux offres politiques ne permettront pas de prendre le pouvoir,
09:06 en tout cas ne permettront pas d'améliorer le quotidien des travailleurs
09:09 ou d'arriver au pouvoir.
09:11 Et donc moi je souhaite à 28 ans écrire une nouvelle page pour la gauche.
09:13 Une gauche authentique, une gauche populaire
09:15 avec l'ensemble des forces de gauche qui se retrouvent dans le discours politique
09:18 que nous portons à ce moment-là.
09:19 Donc sans Jean-Luc Mélenchon et sans Raphaël Glucksmann.
09:21 La question sociale.
09:22 Tout à fait, mais je pense que des militants,
09:24 moi je tends la main aux militants socialistes, aux militants insoumis,
09:27 aux militants de gauche, qui se retrouvent dans la nécessité
09:29 de se rassembler sur la question sociale.
09:31 Rassemble-nous sur la question sociale.
09:33 Je pense que c'est l'ambition qu'on devrait toutes et tous porter.
09:35 C'est celle que je porte, moi j'ai 28 ans.
09:37 Je ne me résine pas à ce que la gauche perde continuellement les élections.
09:39 Mais pour ça il faut qu'on se rassemble.
09:40 Et donc c'est l'ambition que nous portons dans cette campagne
09:42 et que nous porterons le lendemain de l'élection européenne.
09:44 Léon Desfontaines, question rituelle.
09:46 Une qualité et un défaut pour qualifier la tête de liste écologiste Marie Toussaint
09:50 qui va vous succéder dans un instant ?
09:52 La qualité c'est qu'elle est courageuse et combative.
09:57 Le défaut c'est qu'elle est antinucléaire.
09:59 Bon, ça a le mérite.
10:01 C'est pas extrêmement surprenant.
10:02 Tout à fait, ça fait deux, mais le défaut antinucléaire.
10:03 C'est pas extrêmement surprenant, mais ça a le mérite de la clarté.
10:05 Merci beaucoup Léon Desfontaines en direct de Marseille.