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La bande de "Perrine jusqu'à minuit" évoque les outrances de Donald Trump pendant la campagne présidentielle américaine.

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00:00Rokhaya, Ulysse Gosset d'ailleurs nous a rejoint parce qu'on va parler des Etats-Unis, Ulysse, bonsoir, bonsoir Ulysse,
00:06ça n'existe pas les jours de carence aux Etats-Unis.
00:08Un maximum de 10 jours de vacances par an.
00:10Rokhaya, on va évoquer avec vous deux la campagne américaine, on est à 8 jours, c'est ça, de l'élection présidentielle,
00:19donc on est vraiment là dans les derniers jours décisifs, n'importe quel fait de campagne peut faire basculer les votes
00:25dans un sens ou dans un autre, et la question qu'on se pose, Rokhaya, c'est est-ce que Donald Trump a commis une erreur stratégique ce week-end,
00:33il a donné un meeting au Madison Square Garden de New York, meeting qui a été marqué par de nombreux dérapages,
00:40et notamment celui de l'humoriste Tony Hinchcliffe qui a comparé Porto Rico à une île flottante d'ordures au milieu de l'océan,
00:49le fait est que 1, Porto Rico est un territoire américain, 2, il y a une très forte communauté portoriquaine aux Etats-Unis,
00:56notamment en Pennsylvanie, est-ce que ça a été une erreur stratégique ?
01:00C'est une erreur parmi d'autres, c'est difficile aujourd'hui de mesurer l'impact que ça pourra avoir,
01:05effectivement ça a indigné un certain nombre de personnes, notamment de la communauté latino, qui pour certains soutenaient Donald Trump,
01:12on a même entendu des stars comme Ricky Martin, qui est d'origine portoriquaine, expliquer qu'effectivement c'était absolument,
01:17oui, Ricky Martin a réagi, en disant que c'était absolument scandaleux,
01:21le meeting malgré tout a été égrainé d'un certain nombre de propos absolument odieux,
01:25ce même humoriste a fait une blague en s'adressant à un homme noir dans le public qui était son ami,
01:29et en ramenant un stéréotype qui est très courant aux Etats-Unis, qui est celui du fait que les noirs aimeraient la pastèque,
01:34donc voilà, il a fait des blagues aussi antisémites en associant les juifs et l'argent,
01:37en fait, malgré tout, même si ça peut apparaître aujourd'hui comme un dérapage, ça s'inscrit quand même dans un continuum en termes de récits,
01:45qui est celui qui est raconté par Donald Trump quand il, il y a quelques années, il parlait des pays dont venaient les migrants comme de pays de merde,
01:52je cite ses propos volontairement, il a aussi insulté de manière extrêmement violente Kamala Harris en disant que c'était une vice-présidente de merde,
02:00il n'a pas beaucoup de vocabulaire cet homme, et il a expliqué aussi qu'elle avait un QI très bas et qu'elle était très lente,
02:05ce qui fait aussi écho au stéréotype qu'on associe généralement aux noirs qui seraient moins intelligents que la moyenne.
02:09Donc ce discours-là, il s'inscrit quand même dans une logique idéologique extrêmement construite,
02:13qui fait quand même écho, en tout cas qui a un certain écho dans l'électorat de Donald Trump,
02:18et qui ne choque pas nécessairement le cœur des personnes qui sont habituées non seulement à ces outrances,
02:22mais aussi à des propos qui sont très très violents à l'égard de ce qui peut sembler extérieur aux Etats-Unis.
02:26Il a dit aussi en parlant des immigrés qu'ils apportaient des mauvais gènes aux Etats-Unis,
02:30et là on est vraiment dans un racisme purement biologique, qui effectivement s'inscrit dans la même mouvance que ce qui a été dit sur Porto Rico,
02:38donc c'est une erreur qui peut lui coûter cher auprès de l'électorat latino,
02:41mais qui en même temps peut conforter un électorat qui est habitué à ce genre de propos racistes.
02:45Mais il y a quand même un élément important, Ulysse Gosset,
02:47c'est que les conseillers de Donald Trump sont revenus sur ses propos sur Porto Rico,
02:52ont essayé d'arrondir les angles, ça il me semble que c'est une première depuis le début de la campagne.
02:57Oui, sauf qu'en réalité les conseillers de Trump ont toujours essayé de l'empêcher de faire des mauvaises blagues racistes ou autres,
03:04et qu'ils n'y sont jamais parvenus, parce que Trump est en roue libre,
03:07et qu'il dit ce qu'il veut, quand il veut, et qu'il n'y a pas de limite.
03:11Ça traduit, si vous voulez, ce climat de violence débridé du candidat principal,
03:15pas seulement, aussi du côté démocrate, où pour la première fois,
03:19on a vu la candidate Kamala Harris accuser Trump d'être purement et simplement un fasciste.
03:25Alors c'est vrai que les remarques étaient totalement racistes, et c'est vrai que ça va lui coûter cher.
03:29Est-ce que ça va lui coûter l'élection ?
03:31C'est peu probable, parce que les deux paquebots sont tellement engagés vers la présidentielle qui a lieu dans 8 jours,
03:36que ça m'étonnerait que ça change vraiment les choses.
03:38On attendait une gaffe, une énorme gaffe de Trump.
03:41Bon, elle est venue à travers, si vous voulez, ce meeting qui a été quand même un succès pour lui, il faut le dire.
03:46C'était un défi d'arriver à New York dans cette ville démocrate,
03:49où il a fait fortune, dans des conditions d'ailleurs assez troubles, avec l'aide de la mafia, avec l'aide d'avocats véreux.
03:57Mais il a réussi son pari, et donc c'est plutôt ça qui va l'envoler.
04:00Pourquoi il a choisi d'ailleurs de faire son dernier grand meeting de campagne à New York ?
04:04C'est une provocation de la part de Trump.
04:07C'est pour, en fait, prendre la pleine mesure de sa vengeance à l'égard des démocrates,
04:11en allant au cœur de la ville qui symbolise la démocratie.
04:15C'est beaucoup moins stratégique, parce qu'en termes de stratégie, c'est clairement pas l'État où il a quelque chose à gagner.
04:19Par contre, c'est un peu un caprice.
04:21Il y a une volonté d'afficher aussi sa capacité de revanche.
04:24C'est l'endroit, il disait depuis toujours qu'il voulait être au Madison Square Garden.
04:29Madison Square Garden, c'est quand même l'endroit où, aux États-Unis,
04:33c'est un peu l'endroit mythique de tous les grands événements politiques, culturels.
04:38Et être à la tête du Madison Square Garden, c'est quelque chose qui lui manquerait.
04:43C'est une façon de dire qu'il n'a peur de rien, et que rien ne l'arrêtera jusqu'à la Maison Blanche.
04:47C'est ça le message de Trump.
04:48Et malheureusement, effectivement, ses conseillers ont du mal à le tenir.
04:52Mais pour ses supporters, je ne pense pas que ça va faire changer.
04:56Dans cette dernière ligne droite, la meilleure stratégie est-elle d'être jusqu'au boutiste
04:59et de continuer dans la direction qu'il a toujours prise en étant effectivement dans une forme d'outrance ?
05:04Ou alors au contraire, de ménager les indécis ?
05:07Et je pense, on évoquait le cas de Porto Rico, et notamment cette communauté portoricaine
05:11qui est très présente à 500 000, je crois, à Pennsylvanie.
05:14Et la Pennsylvanie, c'est vraiment l'État-clé le plus convoité, parce qu'il y a 19 grands électeurs.
05:19Je crois qu'il faut aller au-delà de ça, parce que j'ai l'impression, si vous voulez,
05:22et c'est ce qui se dit pas mal aux États-Unis,
05:24c'est qu'avec Donald Trump, les Américains, ils savent où ils vont.
05:28Avec Kamala Harris, ils ne savent pas où ils vont.
05:30Elle n'a aucun projet, aucun plan, aucun programme.
05:34Alors que si vous dépassez les bêtises et les insultes qu'ils profèrent à longueur de meeting,
05:42avec Donald Trump, ils savent économiquement, ils savent où ils vont.
05:48Il n'y a pas d'imprévu avec lui.
05:50Il n'y a pas d'imprévu avec lui, alors qu'avec Kamala Harris, il n'y a rien de précis.
05:56Si je puis me permettre, ça fait 4 ans que Kamala Harris est vice-présidente,
06:00qu'elle est la vice-présidente de Joe Biden.
06:02Alors certes, elle a essayé...
06:04Elle était invisible.
06:05Peu importe.
06:06Volontairement.
06:07Elle était volontairement...
06:08Parce qu'elle ne pouvait pas justement se permettre de faire un bon président.
06:11La question qu'il faut se poser, c'est est-ce qu'elle se positionne en rupture
06:15par rapport à ce qui a été fait pendant le mandat Biden ou pas ?
06:19Et là, j'avoue que c'est un peu ambigu.
06:21J'ai écouté ces différentes interventions.
06:23C'est sa grande faiblesse.
06:24Parce que quand on lui a demandé qu'est-ce qui va vous séparer de Biden,
06:27elle a dit rien.
06:28Non, elle n'a pas répondu.
06:29Elle a été tétanisée par la question.
06:31Elle n'arrive pas à incarner la nouveauté par rapport à Biden.
06:34En fait, elle se bat contre Trump et Trump se bat pour l'Amérique.
06:37Et donc son message est négatif, alors qu'il faudrait qu'elle entraîne les Américains.
06:41Alors attention, parce que demain, Yves, il y a un grand meeting à Washington,
06:45le dernier grand meeting pour Kamala Harris, où elle va justement définir son programme
06:49et sa stratégie pour l'Amérique.
06:50Alors on verra si elle apporte des réponses.
06:53Mais juste, je voulais revenir quand même sur le timing,
06:55parce qu'effectivement, on est vraiment dans les derniers jours
06:57et sur la stratégie de Donald Trump.
06:59Quand on entre vraiment dans le money time comme ça,
07:01est-ce que l'enjeu, l'enjeu, il est d'aller convaincre les indécis
07:04et pas forcément d'aller draguer sa base ?
07:06C'est sans doute la faiblesse de Trump parce qu'il ne peut pas élargir sa base.
07:09Il a un ROC vraiment très puissant.
07:12Il a plus de, je ne sais pas, 45% des électeurs qui lui sont fidèles
07:16et qui vont voter pour lui.
07:17Mais pour gagner, il aurait quand même besoin d'élargir.
07:19Chez les jeunes, chez les noirs, chez les latinos.
07:22Et j'en reviens à ma question, justement, sur ce meeting de ce week-end.
07:25Et avec cette mauvaise blague sur Porto Rico,
07:26il va certainement perdre des centaines de milliers d'euros.
07:28Donc il va aller à payer.
07:29Sauf qu'en fait, effectivement, lui, son enjeu, c'est encore de sur-mobiliser son électorat.
07:34Et là-dessus, il va faire un gros travail sur la mobilisation.
07:37Et de l'autre côté, Kamala Harris, elle a un problème de mobilisation de son électorat
07:40puisque son aile la plus à gauche n'est pas mobilisée du tout.
07:44Et elle a notamment, c'est ce qui s'est passé il y a une quinzaine de jours,
07:48elle s'est aperçue qu'une partie de l'électorat noir,
07:51notamment l'électorat noir masculin, commençait à quitter sa campagne.
07:56Et donc elle a à la fois eu des attaques de la part de certains militants
08:02extrêmement pro-palestiniens qui jugent qu'elle est trop pro-Israël.
08:06Elle a dans son camp une partie des hommes noirs qui jugent qu'elle a une politique
08:12qui serait trop justement axée sur les femmes.
08:15Et donc il y a pas mal de choses qui font qu'elle a une base de son électorat
08:18qui est en train de se dissiper.
08:20Et donc elle aura besoin de remobiliser aussi son électorat.
08:22Elle n'y arrive pas.
08:23En même temps, Trump a aussi perdu pas mal de républicains.
08:25Ce qui peut effectivement semer de la confusion.
08:27Les derniers sondages, on voit que ça remonte.
08:29Je parle des leaders.
08:30Ce qui peut semer de la confusion dans la campagne de Kamala Harris,
08:33c'est qu'elle essaie de chercher les voix les plus à gauche,
08:36notamment auprès de la jeunesse.
08:38Et en même temps, elle circule dans le pays avec des républicains,
08:41notamment avec Liz Cheney.
08:42Ce qui peut effectivement, pour des gens de gauche,
08:45faire office de repoussoir.
08:47C'est vrai que cette tentative d'équilibre ne lui bénéficie pas nécessairement.
08:50Mais il y a quand même énormément de personnes
08:52qui ont travaillé dans une grande proximité avec Donald Trump
08:55qui aujourd'hui ont pris des distances.
08:57Et il y a un certain nombre d'entre eux qui décident de choisir Kamala Harris
09:00alors qu'ils ne portent pas forcément les vacances.

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