Léon Deffontaines, tête de liste du PCF aux élections européennes, invité de Face à l'Europe
Léon Deffontaines est l'invité de la rédaction du groupe Nice-Matin dans l'émission Face à l'Europe consacrée aux élections européennes du 9 juin prochain. Tête de liste du Parti communiste français à ces élections, le jeune homme de 27 ans était le porte-parole de Fabien Roussel lors de la dernière élection présidentielle.
Interrogé par Christian Huault, rédacteur en chef du groupe Nice-Matin et Lionel Paoli, reporter politique, Léon Deffontaines évoquera la vision européenne de son parti, parlera agriculture, immigration, Ukraine.
Léon Deffontaines est l'invité de la rédaction du groupe Nice-Matin dans l'émission Face à l'Europe consacrée aux élections européennes du 9 juin prochain. Tête de liste du Parti communiste français à ces élections, le jeune homme de 27 ans était le porte-parole de Fabien Roussel lors de la dernière élection présidentielle.
Interrogé par Christian Huault, rédacteur en chef du groupe Nice-Matin et Lionel Paoli, reporter politique, Léon Deffontaines évoquera la vision européenne de son parti, parlera agriculture, immigration, Ukraine.
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00:00 [Générique]
00:23 Bonjour à tous et bienvenue dans notre studio vidéo du groupe Nice Matin pour notre émission Face à l'Europe.
00:28 Une émission consacrée, comme son nom l'indique, aux élections européennes du 9 juin prochain.
00:33 Nous y recevons les candidats à ces élections et nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui sur ce plateau Léon Defontaine.
00:39 Bonjour, monsieur Defontaine. Vous êtes le candidat de la liste communiste aux élections européennes.
00:44 Une émission que j'ai le plaisir de présenter aujourd'hui avec Lionel Paoli, reporter politique du groupe Nice Matin. Bonjour, Lionel.
00:49 Bonjour, Christian.
00:51 Avant d'entrer dans le vif du sujet, Léon Defontaine, j'aimerais que l'on évoque l'entrée au Panthéon, hier soir, de Missak et Méliné Manouchian,
00:57 pour le jeune communiste que vous êtes. Que vous inspire cet hommage rendu à ce grand résistant, communiste lui aussi, tout comme vous,
01:04 survivant du génocide arménien, venu en France et qui a payé de sa vie son engagement pour notre pays et sa liberté ?
01:11 C'était un moment très émouvant. La cérémonie était assez exceptionnelle et c'est la reconnaissance de la nation, de la République,
01:19 envers un personnage qui a fait son histoire, qui a permis de libérer la France du joug de l'occupation nazie.
01:26 Et c'est aussi la reconnaissance de l'engagement plein et entier des communistes dans la résistance, parce que c'est le premier résistant communiste,
01:33 enfin les premiers avec sa compagne Méliné Manouchian, ce sont les deux premiers communistes résistants à rentrer au Panthéon.
01:40 Et il vient rejoindre notamment les résistants gaullistes. Et la résistance se construisait autour de deux piliers,
01:46 les gaullistes d'un côté et les communistes de l'autre, qui ont réussi main dans la main, justement, à agir pour la libération de la France.
01:52 Et deuxièmement, c'est aussi quelqu'un qui est né étranger, mais qui est devenu Français par ses actes.
01:58 Et finalement, il vient réaffirmer avec force notre propre définition de ce que c'est que la nation française, ce que c'est qu'être Français.
02:05 Et être Français, ce n'est pas nécessairement obtenu par les liens du sang, ça peut être aussi obtenu par les actes.
02:10 Et en l'occurrence, Missak et Méliné Manouchian ont réussi à démontrer qu'ils étaient plus Français que beaucoup,
02:17 et même qu'aujourd'hui, ils font leur entrée au Panthéon parmi les plus grands hommes de notre République et de notre nation,
02:23 par leur valeur de défense de liberté, de justice, d'égalité, de fraternité, par leur défense des idéaux issus de la Révolution française.
02:30 Ils ont réussi à démontrer ce que c'était qu'être Français.
02:32 Alors Marine Le Pen a assisté à cette cérémonie, avec Jordan Bardella d'ailleurs. Ça a suscité une polémique.
02:37 Selon vous, Marine Le Pen n'avait pas sa place ?
02:40 Non, je ne pense pas qu'elle avait sa place de par son histoire et de par son projet politique.
02:43 Son histoire, c'est celle qui a été du Front National, créée par Jean-Marie Le Pen,
02:48 aux côtés de collaborationnistes et notamment de certains qui étaient membres de la Waffen-SS,
02:53 d'autres qui étaient collaborateurs, qui ont pourchassé Missak et Méliné Manouchian, qui ont pourchassé les résistants.
02:59 Et en l'occurrence, Marine Le Pen aurait pu profiter peut-être de cette pantonisation pour faire son mea culpa,
03:04 pour faire peut-être amende honorable vis-à-vis de son passé.
03:08 Elle ne l'a pas fait. Elle n'a eu aucun mot sur le Front National et sur les ancêtres du Front National.
03:13 Ça, c'est la première chose, c'est son histoire, mais aussi sur le projet politique.
03:16 Parce que la pantonisation de Missak et Méliné Manouchian, c'est un symbole.
03:20 Le symbole, justement, du fait qu'on peut être français au-delà de nos origines, on peut le devenir par nos actes.
03:26 Et lorsque je vois le discours du RN et son projet politique de remise en cause du droit du sol,
03:32 et donc de la remise en place du droit du sang, ça rentre en profonde contradiction
03:36 avec ce qu'était, ce qu'incarne Missak et Méliné Manouchian et cette pantonisation.
03:40 Et dernièrement, depuis 48 heures à peu près, je vois les porte-parole du RN faire le tour des plateaux télévisés
03:48 pour en plus faire preuve d'une certaine forme de révisionnisme vis-à-vis de l'histoire
03:51 et de la remise en cause de l'engagement plein et entier du Parti communiste français dans la résistance.
03:56 Et je pense que faire le procès du Parti communiste au moment où il fait son entrée au Panthéon
04:00 est profondément scandaleux et il font preuve de révisionnisme,
04:03 mais comme on commence à avoir un peu l'habitude sur cette période historique avec ce parti politique.
04:07 Alors vous faites allusion à l'histoire, tous les partis ont un passé, ont un passif,
04:11 le vôtre également a été lié à un régime qui a fait des millions de morts.
04:14 Est-ce que vous vous sentez vous compte...
04:15 Pas le Parti communiste français.
04:16 Non, mais est-ce que vous vous sentez vous comptable de ce passé ?
04:19 Non, mais vous savez, moi je suis né en 1996, je ne suis même pas issu d'une famille communiste.
04:24 Moi l'idéal communiste, ça a été celui de la résistance française justement,
04:28 de ce qui a été porté par Missak et Méliné Manouchian,
04:30 qui main dans la main avec les gaullistes ont réussi à construire en pleine résistance
04:34 le programme des jours heureux dont nous avons célébré les 80 ans d'ailleurs le 15 mars prochain,
04:39 qui ont réussi, alors que l'espoir était en berne,
04:43 à ressusciter justement une lueur d'espoir dans un contexte d'occupation
04:47 et de construire le programme des jours heureux
04:49 qui ont été les bases de notre république sociale à l'issue de cette seconde guerre mondiale.
04:53 Mon héritage de communiste, c'est la sécurité sociale, c'est le statut de la fonction publique,
04:57 c'est la retraite à 62 ans puis à 60 ans, c'est ce combat-là que j'ai toujours mené.
05:01 C'est pas le pacte germano-soviétique par exemple.
05:03 En aucun cas. Et Karl Marx résumait le communisme en un mot,
05:08 il disait que c'était le libre développement des individus.
05:10 Et moi c'est ça mon projet politique, c'est ça ma boussole,
05:13 c'est permettre au-delà de nos conditions sociales, de nos conditions géographiques, de là où on est nés,
05:17 c'est permettre à chacune et chacun de se réaliser pleinement et d'être utile pour la société.
05:22 Et ça on le devient notamment par le travail.
05:24 Et moi je défends avec force justement la nécessité de remettre le travail
05:27 au cœur de notre projet politique, au cœur du projet politique de la gauche.
05:30 C'est d'ailleurs ce que nous faisons très bien avec Fabien Boussole.
05:32 On va parler justement de votre programme, mais avant on va parler de vous un petit peu,
05:35 et de votre candidature, parce qu'en fait le grand public vous connaît pas, ou peut,
05:38 il faut bien l'avouer, mais c'est normal, vous n'avez que 27 ans.
05:41 Vous êtes natif d'Amiens, Amiens, tiens, Emmanuel Macron également,
05:45 il y avait beaucoup d'Amiennois franchement, des grands noms de la politique quand même.
05:48 Engagé très tôt dans le syndicalisme, ancien patron du mouvement des jeunes communistes de France,
05:52 porte-parole de Fabien Roussel pendant la campagne des dernières élections présidentielles.
05:56 Pourquoi c'est vous la tête de liste communiste à cette question d'ailleurs ?
05:59 Votre mentor Fabien Roussel répondait en septembre à la fête de l'humanité.
06:03 Il connaît la France, il est jeune, et puis on a le même pif lui et moi.
06:07 Bon, au-delà du trait d'humour, est-ce que votre jeunesse vous engage de compétences ?
06:11 Et est-ce qu'à 27 ans vous connaissez si bien la France déjà ?
06:16 Je suis arrivé à la politique parce que, non pas de par ma famille, non pas de par mon sang,
06:21 mais par rapport au territoire dans lequel j'ai grandi.
06:24 Je suis originaire de la Somme, d'Amiens, j'ai grandi,
06:28 et à l'âge de 12 ans j'ai appris ce que voulait dire le mot délocalisation, désindustrialisation,
06:32 et les conséquences que ça pouvait avoir sur notre population.
06:35 Je suis arrivé au collège et j'ai appris de la bouche d'un de mes meilleurs amis
06:40 que l'entreprise du coin, Goudieur, allait être délocalisée,
06:45 et que son père allait perdre son emploi.
06:47 Et à ce moment-là j'ai vu les conséquences que pouvaient avoir les politiques libérales
06:51 à l'encontre des travailleurs de ce pays,
06:54 et les conséquences désastreuses que ça pouvait avoir sur une famille.
06:56 Mon histoire c'est aussi celle de mes parents, ma mère psychothérapeute,
07:00 mon père fleuriste, artisan, qui nous mettait dans la Nevada,
07:03 dans les Rouges à 4h du matin à Amiens pour aller à Rungis chercher les fleurs,
07:07 et qui m'ont appris ce que c'était que le respect des travailleurs,
07:10 et ce que c'était que le travail, et faire tourner le pays.
07:12 Ils m'ont appris à ne jamais me résigner, à baisser les bras.
07:15 Et enfin je suis aussi originaire d'une famille d'agriculteurs du nord de la France,
07:19 et je vois aussi les conséquences de la mise en concurrence de nos agriculteurs,
07:23 on en parlera peut-être par la suite parce que c'est un sujet au combien d'actualité,
07:26 mais je l'ai vu très jeune parce que j'allais tous les étés chez mes grands-parents,
07:30 chez mes oncles agriculteurs, et c'est des discussions qu'on avait très régulièrement.
07:34 Moi c'est un territoire qui m'a forgé, qui m'a façonné,
07:37 qui m'a amené à m'engager politiquement,
07:39 à m'engager auprès de Fabien Roussel et au sein du Parti communiste français,
07:44 et c'est pas un hasard que la Somme est un des départements à avoir voté à l'époque
07:47 le plus contre le traité constitutionnel européen,
07:51 c'est le deuxième département derrière le Pas-de-Calais,
07:53 parce que peut-être qu'avant tout le monde on a vu les conséquences désastreuses
07:56 des politiques libérales, de la mise en concurrence des travailleurs,
07:59 de la mise en concurrence de nos agriculteurs,
08:01 des conséquences que ça avait pour nos services publics,
08:03 et moi c'est à cette population-là que je souhaite m'adresser,
08:05 à celles et ceux qui ont à l'époque voté contre le TCE,
08:08 à celles et ceux qui comme moi n'ont jamais eu leur mot à dire
08:11 sur la construction européenne libérale,
08:12 ou même celles et ceux qui ont pu voter à l'époque pour le traité constitutionnel européen,
08:15 mais qui se rendent compte aujourd'hui des conséquences désastreuses
08:18 que peut avoir la mise en concurrence ouverte à l'échelle européenne,
08:21 et donc je souhaite, durant cette campagne européenne,
08:23 que nous puissions reprendre la main sur un certain nombre de nos décisions
08:26 et qu'on puisse changer de cap pour l'Europe.
08:28 Alors M. Dufontaine, il y a énormément de gens qui ne comprennent pas
08:30 pourquoi le Parti communiste français fait cavalier seul.
08:33 C'était vraiment impossible de trouver une entente avec la NUPES ?
08:37 J'évoquerai deux choses.
08:39 Premièrement, le mode de scrutin que sont ces élections européennes.
08:41 C'est une élection...
08:42 Qui vous a empêché d'être présent en 2019.
08:45 Vous n'avez aucun élu à Québec.
08:46 Vous n'avez aucun élu communiste au Parlement européen.
08:48 Mais sur ma liste, j'ai des députés européens sortants
08:50 parce que c'est une liste de rassemblement,
08:51 et notamment Emmanuel Morel qui a été élu sur la liste de la France insoumise,
08:55 président de la gauche républicaine et socialiste,
08:57 qui arrive sur notre liste parce qu'il se retrouve dans le projet politique
08:59 que nous portons.
09:01 Mais tout d'abord, le mode de scrutin.
09:02 C'est une élection à la proportionnelle, à un seul tour.
09:05 Toutes les listes qui dépassent le seuil des 5% ont mécaniquement des élus,
09:08 et les 81 sièges de la France sont répartis à la proportionnelle
09:11 parmi l'ensemble de ces listes.
09:13 Je le dis à l'ensemble de mes partenaires à gauche,
09:15 la gauche gagnera ces élections à la condition et à la seule condition
09:19 qu'elles soient en capacité de faire perdre des sièges à la droite et à l'extrême droite.
09:23 Et le meilleur moyen d'y parvenir, c'est de permettre à ce que l'ensemble
09:26 des listes de gauche, les quatre principales notamment,
09:28 puissent dépasser ce seuil des 5%.
09:30 Ça, c'est la première chose.
09:31 Mais c'est le doute.
09:32 C'est plus facile d'y arriver ensemble qu'individuellement.
09:35 Non, justement, à la proportionnelle, du coup,
09:36 plus on a de listes qui se qualifient, plus il y a de sièges
09:39 qui sont répartis parmi l'ensemble des listes
09:41 parce qu'il y a une prime finalement à l'ensemble des listes
09:43 qui dépassent ces 5%.
09:45 À condition que vous atteigniez les 5%.
09:47 Ça, c'est la première chose.
09:49 Ça, c'est une question stratégique.
09:50 Moi, ça ne m'intéresse peu.
09:51 L'autre sujet, c'est la question de fond, de projet politique.
09:54 Et en l'occurrence, sur les questions européennes, à gauche,
09:56 on a quand même quelques différences.
09:58 Et quand j'entends les discours de Raphaël Glucksmann ou de Marie Toussaint,
10:01 qui nous parlent de sursaut fédéraliste, davantage d'intégration de l'Union européenne,
10:04 même de délargissement de l'Union européenne à l'Est,
10:07 aux pays comme la Moldavie, l'Ukraine, la Géorgie ou les pays des Balkans,
10:10 je me dis heureusement qu'on a une liste à gauche qui va défendre un autre projet européen
10:13 et qui sera en capacité de dire que la construction européenne libérale telle qu'elle est actuellement,
10:17 nous n'en voulons pas, nous n'en voulons plus,
10:19 et c'est le projet que je souhaite porter.
10:21 Est-ce que nous avons des points communs à gauche ?
10:22 Oui, mais nous avons aussi des différences.
10:24 Pardon, M. Defontaine, excusez-moi.
10:25 Avec les écologistes, on comprend assez bien vos différences,
10:27 avec les socialistes également, tout va bien.
10:29 Avec Mélenchon, on a du mal à vraiment voir.
10:31 Qu'est-ce qui vous différencie réellement ?
10:33 Ce qui nous différencie, je vous donne un exemple, le projet environnemental.
10:37 Ce n'est quand même pas un petit sujet, la question environnementale.
10:39 On le voit aujourd'hui en France, l'impact du réchauffement climatique est bien présent.
10:43 Et en l'occurrence, on a un discours complètement différent
10:45 de l'ensemble de nos partenaires de gauche, y compris la France Insoumise, sur ce sujet-là.
10:49 Nous disons que si nous voulons atteindre cette fameuse neutralité carbone en 2050,
10:53 diminuer considérablement nos émissions de gaz à effet de serre,
10:56 alors nous avons besoin d'engager partout sur le continent, y compris en France,
11:00 des grands travaux utiles pour l'environnement.
11:02 Développer massivement le fret ferroviaire, les lignes à grande vitesse.
11:04 Nous soutenons la construction du Lyon-Turin, qui n'est pas si loin d'ici,
11:07 qui permet de diminuer le nombre de camions entre l'Italie et la France,
11:10 et qui pourrait d'ailleurs donner un peu bol d'air frais pour la région Paca,
11:15 et notamment pour ce département Alpes-Maritimes, en diminuant le nombre de camions sur les routes.
11:19 Mais développer aussi les lignes à grande vitesse.
11:21 Développer chez moi, dans les Hauts-de-France, le fret fluvial avec le canal Seine-Nord.
11:24 Donc nous disons qu'il faut planifier ces grands travaux. C'est une chose qui nous différencie.
11:27 Mais l'autre, c'est que nous disons que si nous voulons répondre à l'impératif environnemental aussi,
11:31 nous allons avoir besoin de réindustrialiser massivement le pays,
11:34 rapprocher la production de la consommation.
11:36 Et pour ça, on va avoir besoin d'énergie. Il faut que cette énergie soit décarbonée,
11:39 donc il faut qu'elle soit électriciée. Et il nous faut du coup beaucoup plus d'électricité.
11:44 Et nous disons que dans ce cas, il nous faut un mix énergétique, nucléaire et renouvelable.
11:47 Et demain, en tant que député européen, et l'ensemble de mes collisiers qui seront élus avec moi,
11:51 nous défendrons l'idée que l'énergie nucléaire doit redevenir une énergie verte,
11:56 c'est-à-dire qu'elle puisse avoir des aides européennes afin d'aider les États à investir dans cette énergie
12:02 qui est une énergie d'avenir. Et regardons juste le contre-exemple allemand
12:05 qui démontre les effets dévastateurs de la sortie du nucléaire.
12:09 Et si vous êtes élu, est-ce que ça signifie que vous siégerez dans un groupe différent de la FI ?
12:14 Vous savez, les groupes au Parlement européen sont sur un autre fonctionnement
12:19 que ce que nous connaissons chez nous nationalement. Ils sont en constante recomposition.
12:23 Je verrai bien ce que fait la France insoumise. Moi, ce qui est sûr, c'est que je suis adhérent
12:28 du Parti de la gauche européenne, membre du groupe The Left,
12:31 et c'est le groupe dans lequel je souhaite siéger et je souhaite peser.
12:34 Mais nous sommes en train de voir aussi, parce que nous sommes membres de ce groupe aujourd'hui,
12:37 et discuter avec eux, que notamment sur la question nucléaire, par exemple,
12:40 il va y avoir des points de différence, mais nous avons à cœur de convaincre aussi
12:44 nos partenaires européens de l'initiative de défendre notre projet politique.
12:48 Alors, vous résumez souvent le programme de votre liste en trois mots.
12:51 Pouvoir d'achat, paix, environnement. En tout cas, c'est ce que j'ai lu et entendu.
12:54 Lequel des trois est le plus important à vos yeux ?
12:57 Les trois sont très complémentaires. Mais aujourd'hui, une des priorités,
13:00 c'est bien sûr la question du pouvoir d'achat des Françaises et des Français.
13:03 Et personne ne peut le nier ou le négliger. Et en l'occurrence, il y a des sujets,
13:06 bien évidemment, français, parce que le pouvoir d'achat, finalement, c'est quoi ?
13:09 C'est la confrontation d'un côté entre le coût et d'un autre côté entre les revenus.
13:14 On peut agir sur les deux. Et on peut agir notamment à l'échelle européenne
13:17 sur la question des coûts et notamment de la hausse des factures énergétiques.
13:21 C'est un sujet que je veux prendre à bras le corps.
13:24 La question énergétique, elle est importante parce qu'on voit pour nos ménages
13:28 les factures qui ont encore augmenté de 10%, de 30% depuis,
13:31 même si on remonte depuis le début du conflit avec l'Ukraine.
13:34 Mais ça augmente aussi pour nos collectivités territoriales, nos communes.
13:38 Ça augmente pour nos artisans, nos exploitants agricoles, pour nos chefs d'entreprise.
13:42 Et si nous voulons permettre de baisser les factures des Français,
13:44 alors c'est une question européenne parce qu'il faut sortir du marché européen
13:48 de l'énergie, de l'électricité, qui a pour conséquence d'indexer le prix de l'électricité
13:52 que nous produisons à bas coût en France.
13:54 Grâce à notre parc nucléaire, il indexe sur le prix du gaz allemand,
13:58 qui est 3, 4 à 5 fois plus cher depuis la crise ukrainienne.
14:01 Nous devons sortir de ce marché de l'électricité,
14:04 qui a pour conséquence l'explosion des factures.
14:07 Je souhaite reprendre la main sur notre souveraineté énergétique,
14:10 reprendre la main sur les prix de l'énergie.
14:12 Pour ça, je souhaite d'un côté investir dans le parc nucléaire et renouvelable,
14:16 pour baisser les factures des Français, tout en répondant à l'impération environnementale.
14:20 Et de l'autre, retrouver notre souveraineté, notamment sur la fixation des prix de l'énergie,
14:25 en sortant de ce marché européen de l'électricité, qui nous mène droit à la catastrophe.
14:30 Et finalement, qu'il y ait un nivellement par le bas, de la part notamment des Allemands,
14:33 vu qu'ils sont sortis de leur parc nucléaire, et nous disent "oui mais nous,
14:36 on n'est plus assez concurrentiel parce que l'électricité chez nous,
14:38 elle est exorbitante à cause du prix du gaz".
14:40 C'est votre choix, vous assumez.
14:42 Nous, on a un parc nucléaire qui nous permet de produire une électricité à bas coût,
14:46 et bien on souhaite justement que cette énergie permette d'être aussi concurrentielle pour nos entreprises.
14:50 Vous dénoncez des traités austéritaires européens, vous dénoncez aussi une Europe trop libérale.
14:55 C'est quoi l'Europe rêvée de Léon Desfontaines en fait ?
14:58 C'est une Europe qui respecte la promesse qu'elle avait faite au départ.
15:02 On avait promis paix et prospérité à l'ensemble des Européens.
15:06 Aujourd'hui, nous n'avons ni l'un ni l'autre.
15:08 L'Europe dans laquelle je souhaite grandir,
15:11 l'Europe que je souhaite construire demain au Parlement européen,
15:14 c'est une Europe qui soit capable de parler de paix,
15:17 et qui soit capable d'agir fortement pour le travail,
15:20 et la revalorisation du travail à l'échelle européenne.
15:23 Et donc ça passe par notamment un désalignement de l'Union européenne vis-à-vis des États-Unis,
15:28 pour pouvoir justement retrouver une forme d'indépendance sur les questions en matière de défense.
15:33 Et en l'occurrence, je vais faire une proposition forte,
15:35 c'est notamment un pacte de sécurité collective.
15:38 Je ne crois pas à la remise en cause de notre souveraineté,
15:41 je ne crois pas en une armée européenne qui serait pilotée à l'échelle européenne.
15:44 En revanche, je crois en coopération entre les États membres de l'Union européenne en matière de défense.
15:49 Mais pour ça, il faut se désaligner des États-Unis d'un autre côté,
15:52 et de l'autre côté, être encapacités notamment d'engager des coopérations industrielles,
15:56 notamment sur l'armement, qui permet de produire des armes de défense.
16:00 Et c'est comme ça qu'on arrivera à se désaligner vis-à-vis de la politique nord-américaine,
16:04 qui, je dois le dire, est essentielle dans cette campagne européenne,
16:08 parce qu'on a l'élection américaine qui va suivre de près,
16:11 et je pense que personne, aucun Européen n'est prêt à donner les manettes complets à potentiellement...
16:16 Mais désalignement jusqu'où ? Il faut sortir de l'OTAN ?
16:18 Je pense qu'il faudra sortir de l'OTAN, à terme,
16:20 mais à condition qu'on soit en capacité, nous, d'assurer notre propre défense.
16:24 Mais oui, il faut réunir toutes les conditions pour nous permettre de sortir de l'OTAN.
16:27 Pardon, à terme, c'est-à-dire quand ? Parce que notre propre défense, l'Europe, est totalement incapable,
16:30 et on le sait, aujourd'hui, de le faire.
16:32 À votre avis, il faudrait combien de temps pour qu'elle soit en capacité de se défendre,
16:35 et donc à quel échéance sortir de l'OTAN ?
16:37 Justement, profitons de cette campagne européenne pour poser ce débat d'un traité de sécurité collective,
16:43 comment l'Europe soit en capacité de retrouver sa défense.
16:46 Ça nécessite, premièrement, de relancer une industrie de l'armement,
16:51 en matière plutôt défensive, en tout cas c'est la manière que je le vois,
16:54 mais notamment des coopérations entre les États,
16:56 pour pouvoir justement produire l'armement qui permettra aux Européens d'avoir une capacité,
17:03 notamment de se défendre, premièrement.
17:05 Et deuxièmement, d'engager et de signer ce pacte de sécurité collective
17:09 entre tous les États membres de l'Union Européenne.
17:11 Donc ça prendra quelques années, c'est pour ça que je dis qu'il ne faut pas sortir des deux mains de l'OTAN,
17:15 mais que ça doit être l'objectif, mais qu'en attendant,
17:18 parce qu'en effet, si on sort des deux mains de l'OTAN, on n'a pas la capacité de nous défendre,
17:22 mais moi je souhaite qu'on retrouve notre indépendance, notre souveraineté en matière,
17:25 et donc pour cela, il faut relancer une industrie de l'armement défensif d'un côté,
17:29 et de l'autre, des services publics, un pilotage public, si je peux dire, des besoins.
17:33 Dans votre programme, figurent aussi des mesures ou des suggestions qui sont plus étonnantes,
17:37 par exemple l'abolition de la prostitution en France et en Europe.
17:40 C'est vraiment une priorité et c'est réaliste ?
17:42 Je ne sais pas si c'est une priorité, mais c'est un sujet qu'on souhaite porter et qu'on souhaite défendre,
17:45 et notamment qui est un sujet qui sera porté par ma quatrième de liste, Hélène Bidart,
17:49 qui est adjointe à l'égalité femmes-hommes et à la jeunesse à la ville de Paris.
17:53 L'abolition de la prostitution est la position aujourd'hui que nous avons en France.
17:57 L'idée de l'abolition de la prostitution, ça veut dire que la France met en place les moyens
18:03 pour permettre de financer et d'accompagner les femmes victimes de ces violences sexistes et sexuelles
18:08 que sont la prostitution, et de leur permettre de financer des parcours de sortie.
18:12 Aujourd'hui, je vois qu'il y a des pays comme l'Allemagne ou comme l'Espagne
18:16 qui ont légalisé la prostitution, et les conséquences sont désastreuses.
18:20 On voit se développer une prostitution à bas coût, dans des conditions désastreuses,
18:26 la hausse des violences, et surtout en Espagne, on a, je crois, un homme sur quatre
18:32 qui a dit déjà avoir eu affaire à un acte sexuel tarifé à une prostitution.
18:39 Alors qu'en France, on est à moins de 12%, de 10%.
18:42 Moi, je souhaite que ce chiffre diminue et permette de sortir durablement les femmes
18:46 de cette violence, qui est une violence patriarcale, et je souhaite pouvoir en sortir.
18:50 Et c'est aussi un débat que nous devons mener à l'échelle européenne,
18:53 pour que ça puisse appliquer sur l'ensemble du continent, parce que je pense que c'est un droit humain.
18:57 Ça devrait être les droits de l'homme, et en l'occurrence de la femme,
19:00 qui doivent être défendus à l'échelle européenne.
19:02 Alors, vous avez déjà parlé abondamment d'environnement, et notamment de vos différences avec LFI et Jean-Luc Mélenchon.
19:07 Vous aviez décidé lors d'une rencontre avec Marine Tondelier, la patronne des écologistes,
19:11 toujours à la fête de l'humanité...
19:12 Marie Toussaint, Marie Toussaint, la tête de liste.
19:14 Oui, pardon, d'un pacte de non-agression avec les écologistes.
19:17 Et pourtant, le parti communiste veut défendre, dans cette campagne de nucléaire, vous l'avez dit,
19:22 la ligne de fret Lyon-Turin, que contestent les écologistes.
19:25 Mais dès lors, ça va être très très compliqué de faire copains européens avec eux, quand même.
19:28 Attention, "pacte de non-agression" ne veut pas dire "alliance".
19:30 Le pacte de non-agression, c'est juste dire qu'on soit tous d'accord à gauche,
19:33 pour dire que notre priorité, c'est de faire perdre des sièges à la droite et à l'extrême droite,
19:38 et donc on n'a pas d'adversaire à proprement parler.
19:41 Si on ne se met pas d'accord sur un programme commun, c'est compliqué.
19:44 Ce qu'on a fait dire avec Marie Toussaint, c'est qu'il faut donner à voir aux électrices et aux électeurs
19:48 la singularité et l'originalité de chacune de nos listes.
19:51 Il ne faut pas mentir aux électeurs.
19:53 Et oui, aujourd'hui, si je me présente à l'élection européenne, en tant que tête de liste,
19:56 c'est parce que j'ai une certaine vision, un certain projet pour la construction européenne
19:59 qui est différent de celle de mes partenaires à gauche.
20:01 Mais du coup, chacun, traçons notre sillon, débattons, pourquoi pas, parfois avec passion.
20:06 Et Dieu sait que moi, je rêve de débats avec passionnés, y compris avec mes partenaires à gauche.
20:10 Mais ne nous tapons pas dessus, ça veut dire ne tombons pas dans l'invectif,
20:13 comme ça a été trop souvent le cas ces derniers temps.
20:15 Et je vous passe justement sur la fête de l'humanité, où notamment Jean-Luc Mélenchon
20:19 et d'autres insoumis s'étaient permis d'insulter de manière la plus odieuse possible
20:23 et la plus crasse possible d'autres partenaires à gauche,
20:26 et notamment Fabien Roussel, ce qui est profondément scandaleux.
20:29 C'est de ça dont je voulais parler sur le pacte de non-agression.
20:31 Je disais ne tombons pas dans l'invectif.
20:33 On va reparler d'un sillon, on va passer d'un sillon à l'autre et parler un peu d'agriculture.
20:36 Gabriel Attal a fait ce mercredi de nouvelles annonces pour calmer la colère des agriculteurs.
20:41 Il promet notamment des mesures pour mieux protéger les agriculteurs face à la concurrence déloyale.
20:45 Il annonce une simplification des normes et des procédures.
20:48 Qu'est-ce que ça vous inspire ?
20:49 Je pense que ça reste un écran de fumée.
20:51 L'allègement et la simplification des règles administratives, c'est un sujet, c'est important, il faut le traiter.
20:56 Mais ça reste un écran de fumée parce qu'il ne répond pas aux deux principaux problèmes.
21:00 Les deux principaux problèmes, c'est un, la mise en concurrence de nos agriculteurs
21:04 avec les agriculteurs du monde entier.
21:06 C'est les accords de libre-échange.
21:08 Et d'ailleurs, il n'a eu aucun mot sur les accords de libre-échange, alors même qu'il avait contesté le Mercosur.
21:12 Aujourd'hui, le Mercosur, il est en train d'être signé à l'échelle européenne au Parlement européen.
21:17 Et derrière le Mercosur, il y a un traité de libre-échange qui est en cours de négociation avec la Nouvelle-Zélande,
21:20 avec le Kenya, avec le Chili, avec le Mexique, il y en a déjà un qui a été signé avec le Canada.
21:25 Et tout ça, pourquoi ? Pour importer du bœuf, du poulet, des pommes, du lait.
21:29 Autant de choses qu'on produit sur notre territoire.
21:31 Et je le dis, l'agriculture et les denrées agricoles doivent être considérées comme un bien commun.
21:37 Et en ce sens, ils ne doivent pas faire partie de ces accords de libre-échange.
21:41 Ils doivent être préservés pour nous permettre de retrouver notre souveraineté alimentaire
21:44 et de permettre à nos agriculteurs de vivre dignement de leur travail.
21:48 Et ça, c'est le deuxième sujet.
21:50 Permettre à ce que nos agriculteurs vivent dignement de leur travail.
21:53 Alors, il a parlé d'une nouvelle loi EGalim.
21:55 On peut faire loi EGalim 1, 2, 3, 4.
21:57 Tant qu'on ne permettra pas à la fonction publique d'intervenir en amont,
22:02 notamment dans la fixation de prix planchers,
22:04 alors on n'arrivera pas à permettre à ce que nos agriculteurs et nos éleveurs
22:07 puissent vivre au dignement de leur travail.
22:09 C'est ça que nous proposons.
22:10 C'est dire qu'il ne doit pas, dans les négociations entre les producteurs
22:14 et notamment l'industrie agroalimentaire ou les distributeurs,
22:17 il ne doit pas y avoir des prix qui ne permettent pas
22:20 à ce que nos agriculteurs puissent vivre au dignement de leur travail.
22:22 Je prends un exemple sur la question du lait.
22:24 Par exemple, le litre de lait ne doit pas être vendu en dessous de 45 ou 50 centimes le litre.
22:28 Sinon, nos agriculteurs ne peuvent pas vivre de leur travail.
22:31 Pourtant, aujourd'hui, on le voit, notamment avec le géant Lactalis,
22:34 qui lui arrive d'acheter son litre de lait beaucoup moins fort aux producteurs.
22:40 Après, vous faites allusion au Brésil et à l'Argentine.
22:43 Les agriculteurs, quand on les écoute, parlent plutôt de l'Espagne,
22:45 des traînées espagnoles, de tous ces pays.
22:47 Votre sujet, c'est la concurrence intra-européenne.
22:49 Exactement. Est-ce que, pour vous, il faut réformer la politique agricole commune ?
22:52 Oui, il faut la réformer. Il faut plus de PAC.
22:54 Il faut plus de politique agricole commune.
22:56 C'est-à-dire qu'il faut que les normes environnementales et sociales,
22:59 notamment, soient le plus identiques possibles à l'échelle européenne.
23:02 Il n'y a pas d'outils pour faire ça ?
23:04 Si, c'est la PAC. La politique agricole commune et les aides qui sont données à la PAC.
23:07 La PAC, c'est ça, le principe.
23:09 Qu'est-ce que c'est que le principe de la PAC, finalement ?
23:11 Le principe de la PAC, c'est-à-dire qu'on est dans un marché commun.
23:13 Et oui, il y a une concurrence, une distorsion de concurrence,
23:15 parce que les normes ne sont pas identiques entre les pays.
23:17 Les pays ont trouvé qu'en produisant un poulet qui est deux fois moins cher
23:20 chez nos voisins, dans un marché unique, c'est une concurrence déloyale.
23:24 L'idée, c'était de mettre en place des normes communes à l'échelle européenne.
23:27 Le problème, c'est qu'aujourd'hui, il existe un certain nombre de dérogations,
23:30 premièrement, et que ces règles sont plus ou moins respectées par les États membres.
23:34 Je dis, les États membres qui ne respectent pas les règles qui sont fixées par la PAC
23:37 ne doivent pas avoir d'aide de la PAC.
23:39 Mais moi, je souhaite qu'il y ait davantage de PAC pour que, justement,
23:42 en Espagne, en France, en Italie, mais aussi en Hongrie, en Roumanie, en Pologne,
23:46 on puisse avoir exactement les mêmes normes.
23:49 Mais ce dont nous parlent aussi les agriculteurs depuis quelque temps,
23:51 c'est la question de l'Ukraine, qui est un autre sujet.
23:54 On a, pour aider les Ukrainiens, abaissé les droits de douane.
23:57 Résultat, on est en train d'importer notamment du poulet ukrainien,
24:00 qui est deux fois moins cher à la vente,
24:03 parce que nous sommes dans des conditions sanitaires, sociales et environnementales
24:06 qui sont bien inférieures à celles que nous imposons à nos agriculteurs en Europe.
24:10 Je le dis, c'est un profond scandale.
24:12 Lorsque je vois qu'on a des fermes de 2 à 4 millions de poulets,
24:15 ce qui est inimaginable et inenvisageable en France, et tant mieux,
24:18 qui sont mis en concurrence avec du poulet élevé en plein air par nos agriculteurs et nos éleveurs français,
24:22 je pense que c'est un scandale.
24:24 Et donc moi, je suis pour remettre en cause l'abaissement de ces droits de douane,
24:27 et je suis pour remettre en cause aussi le débat qu'il y a actuellement
24:31 d'intégrer l'Union Ukraine, la Moldavie, la Géorgie, les pays des Balkans,
24:35 dans l'Union Européenne, parce que ça va avoir des effets dévastateurs,
24:38 notamment pour nos agriculteurs.
24:40 - On va parler de l'Ukraine après. Avant de parler de l'Ukraine,
24:41 on va parler un petit peu d'immigration,
24:42 parce que ça sera probablement l'un des grands enjeux de cette campagne.
24:45 Qu'est-ce que vous pensez du projet de loi européen en gestation ?
24:48 On a beaucoup parlé, lors de la loi immigration en France,
24:50 dont d'ailleurs vous pouvez lui dire un mot si vous le souhaitez,
24:52 de cette loi européenne qui n'est pas encore totalement sortie et validée.
24:56 - Tout à fait.
24:57 - Elle est trop dure selon vous ?
24:59 - Il reste encore quelques textes. Je pense qu'elle ne réglera pas le problème.
25:02 En fait, la question "dure, pas dure" etc., c'est pas mon sujet.
25:05 Mon sujet, c'est comment, déjà premièrement, qu'on soit tous d'accord
25:08 de dire qu'il y a un sujet avec l'immigration.
25:10 C'est mon cas, je ne suis pas sûr que ce soit le cas de l'ensemble de mes partenaires,
25:13 mais il y a un sujet avec l'immigration.
25:14 Moi, je viens des Hauts-de-France, quand on voit ce qui se passe à Calais,
25:17 quand on voit ce qui se passe aussi dans nos grandes métropoles,
25:19 notamment en région parisienne, l'installation de camps de fortune,
25:22 on ne peut pas dire qu'il n'y a pas un sujet avec l'immigration.
25:24 Maintenant, la question qui se pose, c'est comment justement on règle ce sujet.
25:28 Et en l'occurrence, il y a deux camps qui s'opposent.
25:30 Il y a ceux qui nous disent "on va faire zéro immigration,
25:33 on va construire des murs".
25:34 C'est Georgia Meloni qui nous disait qu'elle allait mettre un blocus maritime
25:39 pour empêcher les migrants de passer.
25:41 C'est Jordan Bardella qui nous dit qu'on va construire des murs
25:43 de toujours plus en plus grands pour empêcher les migrants de passer.
25:46 Ceux-là, il faut le dire, nous mentent.
25:48 Et d'ailleurs, Georgia Meloni elle-même s'est rendue compte
25:51 de l'impossibilité de la mise en place de son blocus maritime.
25:53 Elle a annoncé des quotas de 400 000 migrants de janvier.
25:56 Et elle a appelé l'Union Européenne en disant "au secours, j'ai besoin que l'Union Européenne
25:59 puisse gérer l'afflux de migrants dans mon pays".
26:04 Et c'est peut-être ça, le sujet.
26:06 C'est la gestion de la politique migratoire.
26:08 Et donc aujourd'hui, il y a deux camps qui s'opposent.
26:10 Ceux qui proposent de ne rien faire, ce qui va développer ou construire des murs,
26:15 mais rien faire sur l'organisation des flux migratoires,
26:18 ce qui va développer massivement l'immigration clandestine et les réseaux clandestins.
26:22 Et il y a ceux qui proposent d'organiser.
26:24 Moi, je fais partie de ceux qui proposent d'organiser.
26:26 Je vais peut-être vous choquer, mais je suis plutôt un partisan de l'ordre.
26:29 Et je veux que les choses soient bien organisées.
26:31 Et donc, la politique migratoire européenne doit se reposer sur trois piliers fondamentaux.
26:35 L'accueil, l'intégration, la coopération.
26:37 L'accueil, ça veut dire mettre en place des centres d'accueil à l'échelle européenne,
26:41 permettant qu'à chaque fois que des personnes étrangères arrivent sur le territoire européen,
26:46 ne soient pas obligées de trouver là où elles trouvent de la place,
26:48 d'installer une tente en attendant d'avoir une situation régulière.
26:52 Et donc, d'avoir des centres d'accueil qui permettent de leur mettre un toit sur leur tête, premièrement.
26:57 Quel que soit le mode d'arrivée de ces personnes.
26:58 Deuxième, dans un premier temps.
26:59 Et après, on regarde justement comment ça se passe.
27:02 Et on traite, voilà, en fonction des règles qu'on a établies sur l'accueil,
27:07 sur aussi la répartition entre les pays européens.
27:09 J'y reviendrai par la suite.
27:11 Deuxième chose, l'intégration.
27:13 Et je crois que c'est un des grands oublis de la politique migratoire française, pour le coup.
27:16 Parce qu'on se contente aujourd'hui de donner ou non un titre de séjour à des personnes dans la politique migratoire.
27:23 Et l'intégration est un sujet qui est occulté.
27:25 Moi, je veux aujourd'hui qu'on mène une politique d'intégration.
27:28 Ce n'est pas que aux immigrés de s'intégrer.
27:30 C'est aussi à la République de mettre tout en place.
27:32 Pour permettre à ce que chacune et chacun puissent s'intégrer pleinement dans notre République.
27:36 Ça veut dire mettre en place des centres de formation.
27:38 Ça veut dire recréer des services publics de proximité pour tous et tous.
27:42 Mais ça veut aussi dire que celles et ceux qui produisent les richesses de ce pays,
27:45 qui cotisent, qui tiennent le pays à bout de bras,
27:47 qui ramassent nos poubelles, qui lavent nos bureaux,
27:50 mais aussi qui font tenir l'hôpital public, ces médecins, etc.,
27:53 puissent être régularisés.
27:54 Qu'il y ait même droit entre tous les travailleurs, qu'on soit en situation sans papier ou non.
28:00 Et donc, il faut régulariser les travailleurs sans papier,
28:02 parce que je crois à l'intégration par le travail.
28:04 Et le troisième pilier, c'est la coopération.
28:06 Coopération intra-européenne déjà.
28:08 C'est-à-dire que l'ensemble des États membres de l'Union européenne
28:10 doivent prendre leur part, et pas uniquement les États du Sud et des frontières de l'Union européenne.
28:14 Et coopération aussi avec l'espace méditerranéen et avec l'Afrique,
28:18 pour permettre à ces espaces de se développer,
28:21 d'engager de nouvelles coopérations qui leur permettent de se développer.
28:23 Pour éviter justement que les personnes émigrent de ces territoires.
28:27 Parce que personne ne part de son pays par gaieté de cœur.
28:30 Et si au Nigeria, on a des personnes qui fuient le Nigeria,
28:33 c'est parce qu'au Nigeria, par personne, on produit 10 fois moins d'électricité qu'en Europe.
28:37 Comment voulez-vous qu'il y ait des services publics qui fonctionnent ?
28:39 Comment voulez-vous qu'il y ait des usines qui fonctionnent ?
28:41 Donc, engageons de nouvelles coopérations, et dont l'est en cette matière-là.
28:45 Et en plus, après, ce sera des échanges donnant-donnant,
28:47 notamment en matière de coopération industrielle, ou en matière aussi de recherche.
28:51 Donc, investissons autour de ces trois piliers.
28:53 C'est comme ça qu'on arrivera à gérer les fléaux de l'Europe en échelle européenne.
28:56 Alors, pardon juste un instant. Trois piliers. Accueil, intégration, coopération.
28:59 Et qu'est-ce qu'on fait des gens qu'on ne souhaite pas accueillir ?
29:01 Donc, il faut qu'on rétablisse les normes.
29:03 La question de quelles règles, aujourd'hui, on met en place, justement,
29:06 pour les personnes qui ont vocation à rester ou pas sur les territoires.
29:09 Et donc, ceux qui ne respectent pas les règles ?
29:11 Eh bien, dans ce cas, il doit y avoir une discussion avec les pays d'origine.
29:14 Pourquoi ? Pourquoi ils sont partis ?
29:16 Mais moi, je souhaite qu'on attaque davantage.
29:18 Mais ça, ça existe, ça se fait depuis des décennies et ça ne fonctionne pas.
29:22 Oui, mais parce que, justement, on se repose uniquement sur donner ou non un titre de séjour, etc.
29:26 Moi, je souhaite qu'on intègre davantage dans la population.
29:29 Je souhaite qu'on accueille davantage.
29:30 Je pense qu'il faut qu'il y ait davantage de régularisation.
29:32 Et que, notamment, le droit d'asile soit davantage étendu d'un côté.
29:36 Mais qu'il y ait aussi la question de ceux qui fuient la misère, aujourd'hui.
29:39 Ça doit être un sujet. Ce qu'on appelle les migrants économiques.
29:42 Mais ils fuient leur pays parce que, justement, la situation est telle dans leur pays
29:46 qu'ils peinent à joindre les deux bouts.
29:48 La situation est telle qu'ils se sont déracinés de leur terre.
29:50 Et bien, peut-être que la question doit se poser, justement, de leur permettre de se développer
29:55 pour éviter que ces populations émigrent.
29:57 Et regarder au cas par cas ces populations, ces advocats.
30:00 Monsieur Defontaine, c'est difficile quand on est communiste de dire qu'il faut effectivement
30:03 faire en sorte d'accueillir les gens de la meilleure façon possible.
30:06 Mais qu'il faut aussi, les personnes qui ne respectent pas les règles qui ont été établies,
30:09 quelles qu'elles soient, pouvoir les reconduire et pouvoir sanctionner ces intrusions irrégulières.
30:15 C'est difficile à dire.
30:16 Non, non, mais je pense que des personnes qui n'ont pas respecté le droit français,
30:20 des criminels par exemple, n'ont pas forcément vocation à rester.
30:23 On parle pas de criminels, on parle pas de personnes.
30:24 Il n'y a pas que des criminels qui ne respectent pas le droit.
30:26 Mais vous me parlez de quelques cas de la politique.
30:28 Je vous parle de personnes qui rentrent de façon irrégulière,
30:31 qui ne sont pas dans un cadre de demandeurs d'asile,
30:33 qui ne rentrent pas dans les règles actuelles ou futures.
30:36 Qu'est-ce qu'on en fait ?
30:37 Justement, moi je veux qu'il y ait davantage de règles qui leur permettent déjà d'avoir une situation régulière.
30:41 Et maintenant, c'est ceux qui n'ont pas vocation à rester, ils ne répondent pas.
30:44 Il faudra donc les reconduire.
30:46 En discutant, et en discutant parce que c'est ça le sujet, surtout avec les pays d'accueil.
30:50 Parce qu'aujourd'hui, la réalité, c'est que de nombreux pays d'accueil n'en veulent pas.
30:53 Et du coup, ne souhaitent pas les accueillir.
30:55 Et d'ailleurs, on a des gens qu'on met dans les CRA, dans les centres de rétention administrative,
30:59 et qui au bout de 6 mois, 1 an, sortent de ces centres de rétention administrative,
31:02 parce que les pays d'accueil ne veulent pas les accueillir.
31:04 Donc, le sujet de la coopération et les 3 piliers sont complémentaires.
31:08 Le sujet de la coopération est essentiel.
31:09 Il faut dire à ces pays que nous, on est prêts à justement leur donner des aides au développement,
31:13 justement pour permettre d'éviter que les populations aient été obligées de se déraciner,
31:17 et soient obligées de démigrer de leur pays.
31:19 Alors, cette thématique de l'immigration favorise la montée des populistes,
31:23 mais on voit bien en France que la liste du RN surfe sur les sondages, en vue de ces européennes.
31:27 Est-ce que vous seriez prêt à débattre avec Jordan Bardella de cette thématique spécifique de l'immigration ?
31:31 Bien sûr. Bien sûr, parce que je fais partie de celles et ceux qui disent qu'il y a un sujet.
31:35 Et je fais partie de celles et ceux d'ailleurs qui disent que le projet du RN, c'est plus de bordel.
31:40 C'est moins d'organisation, et c'est le développement de l'immigration clandestine.
31:43 Et donc, ce qu'il propose, c'est tout le contraire de ce qui serait fait si on appliquait son projet politique.
31:50 Et donc, moi, je n'ai aucun problème à débattre de tous les sujets, y compris l'immigration.
31:54 Alors, on va lancer l'invitation pour que ça se fasse sur ce plateau.
31:56 Plusieurs listes à gauche, vous l'avez dit, vous en avez expliqué les raisons,
31:59 mais enfin, quelque part, vous donnez aussi un boulevard à Bardella et au RN,
32:03 en démultipliant les possibilités de vote.
32:05 Pas nécessairement, parce que justement, en permettant à ce que les quatre listes principales de gauche
32:09 dépassent ceux des 5%, je vous le dis, même si le RN fait le même score qu'aux dernières européennes,
32:13 il perdrait des sièges, parce que c'est la mécanique de la loi la proportionnelle.
32:16 Si vous arrivez à 5%.
32:17 Mais nous y avons.
32:18 Bien. Quelques mots sur l'Ukraine. Vous l'avez dit, l'Ukraine a demandé à intégrer l'OTAN et l'Union européenne.
32:24 Vous vous y opposez, ça peut surprendre. Pourquoi ?
32:26 Tout à fait, parce que la question de l'aide à l'Ukraine vis-à-vis de ce qui se passe
32:30 et la question de l'intégration dans l'Union européenne sont deux sujets très différents.
32:35 Bien sûr qu'il faut aider les Ukrainiens face à l'invasion de leur territoire par Vladimir Poutine,
32:41 par la Russie de Vladimir Poutine, mais je pense d'ailleurs qu'il faut aujourd'hui peut-être se dire
32:45 qu'il faut retrouver une issue pacifique à ce conflit et peut-être porter une voie de paix.
32:48 Et je pense que l'Union européenne, peut-être la France, même fidèle à son histoire,
32:51 pourrait être à l'initiative d'une grande conférence pour la paix, comme elle a su le faire en 1849,
32:56 la première conférence pour la paix à l'échelle internationale avec Victor Hugo en invité d'honneur,
33:01 et qui a su rassembler les grands chefs d'État qui étaient en guerre jusqu'alors
33:04 pour discuter de la manière dont on pouvait cesser les conflits.
33:07 Et ça a en partie fonctionné, il y a eu des guerres après, ça n'a pas évité,
33:10 mais en tout cas ça a permis de signer des traités de paix et je pense que la France devrait en faire de même.
33:15 Bon, ça c'est le sujet.
33:16 La question de l'élargissement de l'Union européenne est un autre sujet.
33:19 Vous ne verrez personne aujourd'hui dire qu'il faut intégrer l'Ukraine dans l'Union européenne
33:25 alors même qu'elle est en conflit avec la Russie, parce que mécaniquement ça veut dire que toute l'Union européenne
33:28 est dans un conflit globalisé avec la Russie.
33:30 Personne n'est assez fou, bien sûr, pour tenir cette position-là.
33:33 Et donc finalement, il y a une certaine forme de cynisme par les partisans de l'élargissement
33:37 parce qu'ils profitent du conflit en Ukraine pour parler d'un autre sujet.
33:41 Et l'autre sujet c'est la question du dumping social et de la mise en concurrence des travailleurs.
33:45 En Ukraine, le salaire minimum est de 130 euros par mois.
33:47 En Moldavie, il est de 50 euros par mois.
33:50 Comment voulez-vous dire à des ouvriers de Goudier chez moi, qui ont vu leur entreprise partir en Slovaquie,
33:54 parce que la manœuvre était moins chère ?
33:56 Aux ouvriers de Weerpool, toujours chez moi, à Amiens,
33:58 qui ont vu leur boîte partir en Roumanie et en Pologne parce que la manœuvre était moins chère,
34:02 qu'il va y avoir des effets bénéfiques à l'élargissement de l'Union européenne
34:05 à des pays où le salaire minimum est de 130 et 50 euros par mois ? Ce n'est pas possible.
34:10 Deuxième sujet, la question de l'agriculture.
34:13 Ils ont aujourd'hui des conditions sanitaires, environnementales et sociales
34:16 qui sont bien en-dessous des règles que nous avons chez nous.
34:19 Et donc il y aurait une mise en concurrence complètement déloyale
34:23 entre les agriculteurs.
34:24 Sauf que s'ils intègrent l'Europe, ils seront soumis aux mêmes règles.
34:25 Non, pas pour l'instant.
34:26 Justement dans les règles qui ont été posées et les conditions,
34:28 parce qu'il y a des conditions qui sont posées à l'intégration de ces pays dans l'Union européenne,
34:32 aucune règle n'a été posée ni sur les conditions sociales, ni sur les questions environnementales.
34:35 Que ce soit pour les ouvriers, que ce soit pour les travailleurs, que ce soit pour les agriculteurs.
34:38 Il y a là le profond scandale.
34:40 Les seules conditions qui ont été posées, c'est des règles et des lois anticorruption,
34:43 heureusement, et des réformes de la justice.
34:46 Je dis bien sûr, peut-être à terme, on verra, l'Ukraine et d'autres pays pourront intégrer l'Union européenne.
34:51 Mais aujourd'hui, on a de telles distorsions, de telles différences que ce ne serait pas souhaitable.
34:57 Et ça viendrait, au contraire, mettre en concurrence les peuples et les travailleurs entre eux à l'échelle européenne.
35:02 Donc, créons pourquoi pas un second cercle qui permette à ces pays de se développer,
35:06 de construire et de se développer.
35:07 Et la question se posera peut-être dans une vingtaine d'années.
35:09 En revanche, je dis une chose, si vous souhaitez, si Emmanuel Macron souhaite élargir l'Union européenne à l'Ukraine
35:15 et à d'autres, on parle notamment de l'Union européenne à 35 dans les dix prochaines années,
35:19 eh bien j'ose espérer qu'il soumettra cet élargissement au référendum.
35:23 Parce que c'est un sujet fondamental pour une partie non négligeable de nos concitoyens,
35:27 pour l'ensemble des travailleurs de ce pays.
35:29 Et il faut aujourd'hui qu'on puisse reprendre la main sur les décisions qui sont prises.
35:32 Sur la politique menée par la France et par l'Europe vis-à-vis de l'Ukraine, l'aide qui est apportée, vous êtes d'accord ?
35:37 Je suis...
35:38 Je n'ai assez, trop.
35:39 Non, enfin, non, non, je ne fais pas partie de ceux qui disent qu'il n'y a pas assez d'aide ou trop d'aide qui ont été données à l'Ukraine.
35:49 Bien sûr qu'il faut aider l'Ukraine à se défendre, c'est ce que nous faisons et nous devons continuer à le faire.
35:55 Nous ne pouvons pas le faire plus.
35:56 Je vous le dis, nous ne pouvons pas le faire plus.
35:58 En revanche, justement, si nous voulons aider le peuple ukrainien, eh bien aujourd'hui, l'Union européenne ne devrait pas se contenter de donner des aides,
36:05 elle devrait aussi mettre tout le monde autour de la table et porter un traité de paix.
36:09 C'est-à-dire mettre autour de la table M. Zelensky, M. Poutine et Kremlinien.
36:13 Ça, vous savez très bien que c'est totalement utopique.
36:15 Pourquoi ?
36:16 Pour l'instant, ils ont essayé de le faire.
36:17 Mais non, ça n'a pas été essayé. On a arrêté d'en parler. On en parlait dans les premières semaines de l'invasion.
36:22 Et aujourd'hui, on a une ligne de front qui s'étend sur 900 km en Ukraine avec des offensives et contre-offensives qui font plusieurs milliers de morts par semaine,
36:30 qui détruisent des écoles, qui détruisent des terres agricoles, qui détruisent des villes et des villages entières, qui déracinent des populations.
36:37 C'est une situation profondément insupportable.
36:39 Et on nous parle d'un conflit qui pourra durer encore deux et trois ans.
36:42 Ben oui, l'urgence, je le dis, c'est que l'Union européenne porte une voie de paix.
36:45 Et ça, ça veut dire mettre autour de la table Zelensky et Poutine.
36:48 Et on le dit, parce que pour l'instant, M. Zelensky refuse, mais on lui dit, nous, on est prêts à continuer à vous aider face à l'invasion.
36:55 Mais on vous le dit aussi, il va falloir à un moment ou à un autre porter une voie de paix.
36:58 Et le conflit ne se résoudra pas par la victoire d'un tel ou d'un tel, mais par notre.
37:01 Quitte à perdre 18 ou 20% de son territoire.
37:03 Mais de toute façon, on y arrivera. Dans trois ans, ce conflit...
37:05 Vous voulez vous enteriner le fait quand même qu'il y ait un tiers du territoire ukrainien qui soit annexé par la Russie ?
37:10 Non. Et je ne mets aucune condition à ce traité de paix.
37:13 Je pense qu'il faut mettre les gens autour de la table et discuter notamment de ces territoires occupés.
37:17 Le préalable, bien sûr, à ce traité de paix, c'est le retrait des troupes russes et cesser le feu.
37:23 Ça, c'est le préalable à un traité de paix. On ne discute pas avec les armes au point.
37:27 Ça, c'est le premier sujet. Mais le deuxième sujet, c'est aussi de se dire qu'on ne va avec aucun préalable sur ce traité de paix.
37:33 On discute avec l'ONU qui est partie prenante, pourquoi pas l'Union européenne qui est partie prenante des discussions,
37:38 et on prend le temps qu'il faut. Mais de toute façon, chaque conflit, chaque guerre, se finit par un traité de paix.
37:44 Mais pourquoi attendre deux ans, trois ans ? Est-ce que dans quatre ans, on ne se dira plus jamais ça ?
37:48 Dans cinq ans, on ne se dira plus jamais ça ? Moi, le plus jamais ça, je le veux dès maintenant.
37:51 Je veux que dès maintenant, on puisse justement mettre tout le monde autour de la table, au détriment des milliers de morts.
37:56 Vous connaissez bien le proverbe "civis pacem, para bellum", si tu veux la paix, prépare la guerre.
38:00 Non, moi, je pense que si on veut la paix, on prépare la paix, et si on veut la guerre, on prépare la guerre.
38:03 Bien. J'ai une question un peu plus personnelle à vous poser, vous avez 27 ans, et on va faire un peu de politique fiction.
38:07 Je sais qu'en général, tout le monde déteste ça, mais tout de même.
38:09 J'adore les fictions.
38:10 Absolument.
38:11 Je ne suis pas sûr que vous allez aimer.
38:12 Si Vladimir Poutine gagne cette guerre, occupe l'Ukraine, et décide d'aller au-delà, jusqu'en Pologne, comme on en parle,
38:19 est-ce que vous seriez prêt à prendre les armes pour défendre l'Union européenne ?
38:23 Vous vous rendez compte ? Je le dis en tant que jeune de 27 ans.
38:26 On a dit que c'était de la politique fiction.
38:27 Oui, oui, mais là, c'est une dystopie.
38:29 J'espère que ça le restera.
38:31 Il faut que ça le reste.
38:33 Mais j'ai 27 ans, et je le vois dans les discussions que j'ai avec mes amis,
38:38 il commence à y avoir une réelle inquiétude de la part de mes proches sur justement un conflit globalisé,
38:44 sur une guerre mondiale, une troisième guerre mondiale.
38:47 Mais je le dis, c'est dès maintenant que ça doit agir.
38:49 Je ne veux pas faire partie d'une future génération sacrifiée.
38:53 Je ne veux pas être la future génération sacrifiée, comme on a vu chez moi dans la Somme pendant la première guerre mondiale.
38:58 Et nous ne serons pas la génération sacrifiée, à la seule condition que nous soyons en capacité,
39:03 justement, non pas de nous mettre en mode économie de guerre, comme le proposent certains, y compris à gauche,
39:08 mais en nous mettant en économie de paix, et justement, en rassemblant tout le monde autour de la table.
39:13 L'Union européenne, en 1849, n'existait pas.
39:16 Mais la France a réussi à réunir l'ensemble des chefs d'État européens en disant,
39:21 "La guerre, ça suffit, on arrête de se faire la guerre entre nous."
39:24 Ça a fonctionné un temps.
39:26 La France, fidèle à son histoire, doit faire exactement ce qu'elle a fait en 1849,
39:30 c'est-à-dire organiser une conférence pour la paix.
39:32 Et j'invite Emmanuel Macron, qui souhaite réunir beaucoup de chefs d'État à l'occasion des 80 ans du débarquement le 6 juin 1944,
39:39 et donc le 6 juin 2024,
39:41 de pouvoir réunir l'ensemble des chefs d'État qui sont aujourd'hui belligérants du conflit entre...
39:46 - Donc, il doit inviter, c'est-à-dire, Poutine.
39:48 - Pour parler de paix. Pas pour honorer le débarquement, pas pour célébrer le débarquement,
39:52 mais bien pour mettre tout le monde autour de la table en disant,
39:54 "Le conflit, ça suffit, aujourd'hui, on va parler du traité de paix, parce que la guerre, ça commence à bien faire,
39:59 et que les nouvelles générations dont je veux partie ne veulent pas être la future génération sacrifiée."
40:03 Et que si on continue, je retiens ce que vous dites, c'est que si on continue dans ce conflit,
40:07 en effet, peut-être qu'à un moment, nous arriverons sur un conflit globalisé.
40:10 - Mais vous pensez un instant, sérieusement, il y a des gens qui nous regardent et qui vous écoutent,
40:13 vous pensez sérieusement que si on dit à Poutine, "Venez autour de la table et négocions tranquillement",
40:16 il va venir et il va négocier ?
40:18 - Mais parce qu'il faudra qu'il négocie à un moment ou à un autre.
40:20 - Oui, mais s'il les négocie en ayant gagné la guerre et en ayant envahi l'Ukraine, on ne négocie pas de la même façon.
40:23 - Mais sauf que... - On ne négocie pas de la même façon en 18 ou en 44, avec un pays qui est vaincu.
40:29 - Chacun a conscience que plus la guerre continue, plus il y a des dizaines, des milliers,
40:35 des dizaines de milliers même de morts et que ce n'est salutaire que pour aucun des peuples.
40:40 Et il n'y a personne qui sortira victorieux de ce conflit.
40:43 Si ce conflit dure pendant 4 ans, pendant 5 ans, pendant 6 ans, avec ces lignes de front,
40:46 personne ne sortira victorieux de ce conflit.
40:48 Et Vladimir Poutine, il faut lui demander, il faut lui poser la question.
40:51 Mais aujourd'hui, qui lui a posé la question de mettre autour de la table et de faire organiser une conférence de paix ?
40:55 Qui a posé la question à monsieur Zelensky ?
40:57 Moi, ce que je veux, c'est qu'Emmanuel Macron ait le courage, justement, de demander à ce que ces deux personnes,
41:03 ces deux chefs d'État puissent se réunir autour de la table, avec l'ONU bien sûr, en garant des institutions derrière,
41:09 qu'ils puissent justement porter ce traité de paix.
41:11 Mais c'est la seule solution viable. Je ne dis pas que ça va être simple, je ne dis pas que ça va être facile.
41:15 Mais c'est la seule solution possible, si nous ne voulons pas justement arriver dans ce climat
41:20 qui serait potentiellement un conflit globalisé.
41:22 - Jean-Denis Poutine, on arrive à la fin de cette émission, mais avant de conclure,
41:24 quelques questions diverses, mais importantes.
41:27 Vous avez rendu visite cet après-midi aux cheminots à Breil-sur-Roya.
41:30 Est-ce que vous approuvez la grève des contrôleurs de la SNCF en période de vacances scolaires ?
41:35 - Moi, j'approuve toutes les grèves des travailleurs qui demandent une revalorisation de leur salaire
41:39 et de leurs conditions de travail.
41:40 - Et peu importe quand ils le font ?
41:41 - On est dans un contexte d'inflation, on est dans un contexte d'augmentation des prix,
41:45 et je dirais que même ces contrôleurs, ces aiguilleurs aussi, qui vont se mettre en grève ce week-end,
41:52 finalement, sont peut-être le fer de lance d'un combat de l'ensemble des travailleurs de ce pays
41:57 qui devraient se battre pour l'augmentation de leur salaire, leur revalorisation salariale.
42:03 Ça, c'est la première des choses.
42:04 Mais le deuxième sujet, c'est aussi la question de la défense du service public.
42:08 Et on a tendance un peu à occulter ce sujet-là, et notamment sur la question de la sécurité dans les trains.
42:12 Ce que demandent aujourd'hui les contrôleurs, c'est qu'il y ait au moins deux contrôleurs par TGV
42:17 pour permettre de garantir une sécurité aux 600 voyageurs qui sont dans les trains,
42:20 et c'est indispensable si nous voulons garantir cet objectif de service public.
42:24 Et finalement, c'est ce que nous disent ces travailleurs.
42:26 Quand ils se mettent en grève, ils se mettent en grève pour la revalorisation, certes, de leur salaire,
42:29 ce qui est salutaire, et ce qui n'est pas une mince affaire quand on voit l'inflation qui est aujourd'hui partie propre.
42:34 – Oui, vous comprenez quand même l'agacement des Français
42:36 parce que vous parlez de salaire sur les contrôleurs,
42:38 quand on a vu quelques tranches salariales, au sujet de vrai.
42:40 – Mais ce qu'ils nous disent…
42:42 – Plus le fait que ça intervient en période de vacances scolaires,
42:44 les Français sont majoritairement contre ce mouvement.
42:46 Vous avez beaucoup de compassion pour les contrôleurs,
42:48 vous n'en avez pas pour les Français qui rânent un peu là-dessus ?
42:50 – Ce qu'ils nous disent, c'est qu'aujourd'hui, une partie non négligeable,
42:54 et même des fois majoritaire de leur salaire, tombe sous forme de prime.
42:57 Ils ne cotisent pas pour les retraites.
42:59 Et aujourd'hui, la majorité des Français savent qu'aujourd'hui, la prime, c'est la déprime.
43:02 Et donc, il faut au contraire transformer ces primes en salaire.
43:05 C'est ce qu'ils demandent.
43:06 Ils n'ont pas forcément une augmentation considérable de leur salaire,
43:09 ils demandent que l'ensemble des primes soient comptabilisées dans la retraite
43:12 et deviennent même une partie prenante de leur salaire.
43:15 Ça me semble être le B.A.B. et ça me semble logique.
43:17 Maintenant, sur la question des vacances, vu qu'on pose la question des vacances.
43:20 Aujourd'hui, le premier qui bloque les vacances des Françaises et des Français,
43:23 c'est le gouvernement qui refuse d'indexer les salaires sur l'inflation.
43:26 Parce qu'on a près d'un Français sur quatre qui n'est pas parti en vacances en 2023,
43:32 faute de moyens.
43:33 Donc, elle est là, la réalité.
43:34 Vous voulez avoir un débat sur les vacances ?
43:36 En effet, je suis prêt à mener le débat.
43:38 Si nous voulons permettre à ce que chaque Française et chaque Français
43:41 puissent partir en vacances,
43:42 alors agissons pour l'augmentation des revenus et notamment l'augmentation des salaires.
43:46 Il y a une autre question qui n'a rien à voir, c'est même deux questions en une, si vous voulez bien.
43:49 Le commandant de la CRS 6 dans les Alpes-Maritimes a remis à Jordan Bardella la médaille de sa compagnie.
43:54 Première question, est-ce que ça vous choque ?
43:55 Et deuxième, immédiate après, si vous visitez la compagnie et qu'on vous remet cette médaille,
43:59 est-ce que vous la refusez ?
44:01 Bien sûr que ça me choque.
44:02 Et je salue le fait que le ministre de l'Intérieur, Gérard Darmanin,
44:05 ait demandé à ce qu'une enquête puisse être menée et ouverte sur ce qui se passait.
44:11 Parce que finalement, c'est une remise en cause de la neutralité du service public
44:14 et du statut des fonctionnaires.
44:16 Et moi, je suis très attaché au statut de fonctionnaire,
44:19 un statut qui, au-delà des couleurs politiques, au-delà des religions ou que sais-je,
44:25 on va agir dans un seul et même objectif, celui de l'intérêt général.
44:28 Et en l'occurrence, il y a une remise en cause de ce statut
44:31 lorsqu'on montre ses connivences avec quelconque force politique,
44:34 a fortiori lorsqu'elles sont à l'extrême droite de l'échec politique.
44:38 Et deuxième question, du coup, pour vous répondre, je la refuserais.
44:41 Merci beaucoup, Léon Defontaine.
44:44 C'est avec ces derniers mots et ce dernier refus qu'on va conclure cette émission.
44:47 Merci à vous tous de nous avoir suivis.
44:49 Merci bien sûr à Sophie Doncet et Philippe Bertigny pour leur réalisation.
44:52 Excellente journée à tous et à bientôt pour un nouveau Face à l'Europe.
44:56 (Générique)
45:12 [SILENCE]