La tête de liste PCF La Gauche Unie aux élections européennes, Léon Deffontaines était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00 Bienvenue et bonjour Léon Desfontaines.
00:02 Bonjour Sonia Marouk.
00:03 Merci de votre présence et votre grande interview ce matin sur CNews et Europe 1.
00:06 Certains de nos téléspectateurs et auditeurs vont certainement vous découvrir.
00:09 À 27 ans, vous êtes la tête de liste communiste aux élections européennes.
00:13 On va bien sûr largement parler de ce scrutin.
00:15 Mais tout d'abord, dans l'actualité, Léon Desfontaines,
00:17 quatre individus ont été mis en examen pour assassinat après la mort du jeune Shams Eddin,
00:22 passé à Tabac à Vérichâtillon.
00:23 Trois d'entre eux ont déjà des antécédents.
00:26 L'une des pistes serait celle d'un différent sentimental,
00:29 des frères qui n'auraient pas supporté que leur sœur échange avec cette adolescente.
00:33 Qu'est-ce qui favorise selon vous cette hyper-violence et une telle agression barbare ?
00:38 Tout d'abord, la justice va bien sûr devoir nous annoncer les grandes lignes
00:41 des raisons pour lesquelles on arrive à un tel massacre.
00:44 Bien sûr, je tiens à porter tout mon soutien, toute ma solidarité à la famille.
00:47 Perdre un frère notamment ou un enfant de 15 ans, c'est horrible.
00:51 Ça meurtrit des familles entières, une ville entière, un département.
00:54 Et plus généralement, l'ensemble de la nation est meurtri
00:56 lorsqu'un jeune de 15 ans est lâchement assassiné.
00:59 Maintenant, sur la montée de la violence, on a eu plusieurs cas
01:02 qui se sont multipliés la semaine dernière.
01:03 On a eu le cas aussi avec la jeune Samara.
01:06 Et plus généralement, ce qu'on observe, c'est qu'aujourd'hui,
01:09 on a une violence qui est présente, notamment auprès des collèges,
01:11 auprès des lycées, qui est de plus en plus jeune.
01:13 L'enjeu, je pense, principal, une fois qu'on a dit ça,
01:15 c'est que la manière dont on peut au mieux éviter ce genre d'actes horribles.
01:20 Et je pense que le rôle de l'école peut être important, est essentiel.
01:24 Et notamment parce que l'école permet de former finalement les citoyens de demain,
01:28 les citoyennes et les citoyens de demain.
01:29 Et pour cela, je pense qu'il faut lui donner suffisamment de moyens aussi
01:32 pour pouvoir exercer au mieux.
01:33 Alors bien évidemment, ça ne suffira pas.
01:35 Il n'y a pas que ça et ça doit jouer dans l'ensemble des sphères de la société.
01:38 Mais bien sûr, l'enjeu de l'école républicaine comme étant un sanctuaire
01:42 qui permet de se libérer des carcans familiaux, des carcans religieux.
01:45 - Vous voulez dire un sanctuaire ou un sanctuaire perdu aujourd'hui,
01:47 compte tenu de tout ce qui se passe ?
01:48 - Un sanctuaire qui est en recul, ce que j'observe,
01:50 qui est en recul à mesure du fait que les politiques libérales,
01:53 notamment, ont eu pour conséquence un recul des services publics,
01:56 une école qui s'est dégratée, une qualité de formation qui s'est dégradée
01:59 malgré le plein investissement du personnel éducatif
02:02 et notamment des enseignants auxquels je salue leur travail.
02:05 Mais aujourd'hui, il faut leur donner les moyens.
02:06 Il faut donner les moyens justement de permettre d'apporter ce sanctuaire,
02:09 comme je le disais, qui est libéré du carcan familial, libéré du carcan religieux,
02:14 qui permet d'enseigner notamment les valeurs de la République française,
02:16 notamment celle de la laïcité pour laquelle je suis particulièrement attaché.
02:20 Et c'est comme cela qu'on fera justement les citoyennes et les citoyens de demain.
02:23 - C'est important parce que ce n'est qu'une question de moyens, Léon Desfontaines.
02:26 Chem Sédine a viré Châtillon, la petite Samara qui a échappé au pire à Montpellier
02:30 face à cette délinquance des mineurs.
02:31 Est-ce que la justice des mineurs est aujourd'hui adaptée aux mineurs tels qu'ils sont ?
02:35 En tout cas, certains d'entre eux aient cette hyper-violence.
02:37 - En l'occurrence, la justice arrive après coup.
02:40 La justice va rendre ses verdicts maintenant et elle va les rendre.
02:44 En revanche, ce que j'observe...
02:45 - En fonction de la sévérité, ça peut soit les bien favoriser, soit au contraire, les inhiber.
02:49 - Mais en tout cas, bien évidemment qu'il n'y a pas qu'une question au niveau de l'école,
02:52 il y a une question dans l'ensemble de la société.
02:54 Et je pense que plus généralement, bien sûr, il y aura toujours des cas aussi horribles.
02:58 Ça arrivera.
02:59 Et l'enjeu, c'est justement de les démultiplier, qu'ils soient le minimum
03:03 et qu'ils se fassent le plus rare possible et tendre vers le fait qu'ils n'existent plus.
03:07 Et pour cela, il faut agir dans toutes les sphères de la société.
03:09 La justice, l'école, la police, bien évidemment.
03:12 - Les parents pensent qu'il peut y avoir une responsabilité parentale pas judiciaire,
03:15 mais qu'il y a quand même une responsabilité au niveau des parents
03:17 quand des mineurs s'en prennent ainsi à un autre mineur ?
03:20 - Mais vous savez, on a une société qui évolue, et notamment aujourd'hui,
03:23 on a une multiplication, par exemple, des familles monoparentales
03:25 avec des mères qui ne sont pas au foyer, justement, qui travaillent.
03:28 - Et qui éduquent souvent très bien leurs enfants.
03:30 - Et qui éduquent souvent très bien leurs enfants, en effet,
03:31 mais qui, de fait, des fois, ne peuvent pas s'occuper de leurs enfants
03:34 et leurs enfants sont livrés à eux-mêmes.
03:37 Et l'enjeu derrière, c'est aussi de réaffirmer avec force des services publics,
03:40 notamment de proximité, pour permettre d'occuper ces jeunes
03:43 et de leur proposer autre chose que le néant qu'il leur est proposé actuellement.
03:46 Et ça, c'est un enjeu très fort et c'est un enjeu actuel, pour le coup.
03:49 - Autre actualité, Léon Desfontaines, dans le domaine de la santé, cette fois-ci.
03:52 Le gouvernement réfléchit à une taxe, c'est-dit "taxe lapin",
03:55 autrement dit une taxe qui consistera à prélever 5 euros
03:58 en cas d'absence à un rendez-vous chez le médecin.
04:00 Alors, Gabriel Attal affirme qu'il s'agit de responsabiliser les patients.
04:03 Vous le savez, il y a de très nombreux, justement, créneaux qui sont pris
04:07 parce qu'ils n'ont pas été libérés à temps. Est-ce que vous souscrivez à cette idée ?
04:10 - Moi, j'aimerais surtout responsabiliser le rôle du gouvernement
04:13 sur le recul de l'accès aux soins dans notre société.
04:16 Et finalement, c'est toujours la même chose, c'est la punition.
04:19 Il y a un problème de chômage, on s'attaque aux chômeurs.
04:21 Il y a un problème d'accès aux soins, on s'attaque aux patients.
04:24 Je pense que l'enjeu principal...
04:25 - On s'attaque aux patients avec la taxe lapin ?
04:27 - Ce que je dis, c'est que bien évidemment,
04:29 lorsque l'on ne peut pas se rendre à un rendez-vous, il faut l'annuler, etc.
04:31 En revanche, ce que je dis, c'est que le problème d'accès aux soins aujourd'hui,
04:34 il n'est pas lié au fait qu'on a des gens qui ne viennent pas à leur rendez-vous
04:37 parce qu'aujourd'hui, on a pas assez suffisamment de médecins,
04:39 notamment de médecins généralistes, mais pas uniquement,
04:41 des spécialistes également, sur l'ensemble du territoire.
04:43 Lorsqu'on doit attendre 6 mois, 1 an, des fois plus encore,
04:46 pour pouvoir avoir accès à des médecins juste généralistes,
04:49 le problème, il n'est pas au fait qu'aujourd'hui,
04:51 il y en a qui n'honorent pas leur rendez-vous.
04:53 Le problème, il est qu'on ne forme plus assez de médecins dans notre pays
04:55 et qu'on ne leur permet pas de s'installer...
04:57 - D'accord, des milliers, voire plus de créneaux qui sont pris,
05:00 est-ce que vous dites oui quand même ?
05:02 Ce n'est pas suffisant, mais une taxe lapin, pourquoi pas ?
05:04 - Non, je ne suis honnêtement pas favorable.
05:06 Je pense qu'il faut en effet les responsabiliser davantage,
05:09 les patients, etc. Mais je pense qu'encore une fois,
05:11 on vient faire un écran de fumée sur un sujet qui est beaucoup plus présent,
05:14 qui est beaucoup plus... Comment dire ?
05:17 Qui est beaucoup plus systémique que ce qui n'y paraît.
05:20 Et le problème, c'est les déserts médicaux,
05:22 c'est le recul de nos hôpitaux publics, et finalement,
05:24 c'est le recul plus généralement des services publics
05:26 dans nos campagnes notamment.
05:28 Moi, je viens d'un département, la Somme,
05:30 où on connaît malheureusement que trop bien la réalité des déserts médicaux.
05:33 Avoir rendez-vous chez un dentiste à Amiens,
05:35 qui est la ville préfecture, il faut attendre un an, deux ans,
05:38 d'avoir un moindre rendez-vous auprès d'un dentiste.
05:41 C'est ça la réalité aujourd'hui. Ce n'est pas le fait
05:43 qu'on ait un nombre croissant de patients
05:45 qui ne nous reparlent au rendez-vous.
05:46 Le problème fondamental, c'est qu'on n'a pas suffisamment
05:48 de spécialistes et de généralistes.
05:50 - Le gouvernement Léon Desfontaines, qui cherche des économies partout,
05:53 et au cœur de la réflexion, évidemment, il y a la nouvelle réforme
05:55 de l'assurance chômage. Alors le gouvernement ne parle pas tant
05:58 de son aspect budgétaire, même s'il s'agit évidemment
06:00 de récupérer des sous, mais aussi de son efficacité.
06:03 Pourquoi vous contestez ça ? Pour ramener au travail,
06:05 pour inciter au travail, pourquoi vous contestez
06:08 le fondement de cette nouvelle réforme de l'assurance chômage ?
06:10 - Déjà, on conteste la logique des économies qui sont annoncées
06:13 avec la fameuse règle des 3% qui sont imposées
06:15 par l'Union européenne de déficit.
06:17 Ces 3% ne viennent de nulle part. Ça a été fait autour d'un tour
06:20 de Bento, à l'époque, de nos dirigeants politiques
06:22 qui ont dit 3%. Ça aurait pu être 2, ça aurait pu être 4,
06:24 ça aurait pu être 5. On ne sait pas d'où viennent ces 3%.
06:26 Il n'y a aucune réalité économique à ces 3%.
06:28 Et nous les contestons. Nous les contestons ensuite
06:31 par rapport aux économies qui sont faites à l'heure actuelle.
06:33 Aux économies, tout d'abord, déjà dans nos services publics.
06:36 - Vous ne contestez pas les déficits qui sont réels, quand même.
06:38 - Ah, ils sont réels. Mais ce qu'on dit aujourd'hui,
06:40 c'est qu'on a besoin de faire davantage d'avance,
06:42 puisque l'État a besoin de pouvoir s'endetter,
06:44 non pas pour filer des aides aux entreprises
06:46 sans aucune condition, mais pour permettre de développer
06:49 notamment des services publics, des aides réelles aux entreprises
06:52 qui soient conditionnées à la création d'emplois,
06:54 à la formation et notamment à la destination d'avantages
06:56 de nos petites et moyennes entreprises qui ont cruellement besoin
06:58 d'aide plus que les entreprises, par exemple, du CAC 40.
07:01 Et sur l'assurance chômage, j'y viens, vu que c'est la question
07:03 que vous m'aviez posée. Sur l'assurance chômage,
07:05 ce qu'on dit, c'est qu'aujourd'hui, on a besoin,
07:07 on manque cruellement de travailleurs qualifiés,
07:10 de travailleurs formés. L'assurance chômage devrait permettre
07:13 d'offrir à l'ensemble des personnes en demande d'emploi
07:15 des formations de qualité, des fois sur le temps un peu long,
07:18 pour leur permettre justement d'occuper ces tâches qualifiées.
07:20 Là, l'enjeu du gouvernement, c'est de continuer
07:23 à essayer de gérer la misère et à contraindre,
07:25 y compris des gens qui sont très diplômés,
07:27 de contraindre d'accepter des emplois qui sont sous-diplômés.
07:29 - Est-ce que vous estimez, Léon Desfontaines,
07:31 que le travail doit mieux payer que l'inactivité, déjà ?
07:34 - Oui, complètement. Mais on fait partie, avec Fabien Roussel,
07:37 vous le savez, de cette fameuse gauche du travail,
07:39 celle qui veut réaffirmer la question sociale
07:41 et remettre la question sociale dans ses priorités.
07:43 - Donc au centre de l'avis des Français.
07:44 - Et notamment la question du travail.
07:45 Ce qu'on dit, c'est qu'aujourd'hui, pour éradiquer le chômage,
07:47 il ne faut pas s'attaquer aux chômeurs, il faut s'attaquer
07:49 aux réelles causes du chômage. La montée du chômage,
07:51 elle est liée, notamment, aujourd'hui, au fait qu'on a
07:53 un gouvernement qui n'agit pas assez en faveur,
07:55 notamment de la réindustrialisation de notre territoire.
07:57 - Pourquoi on n'arrête pas de dire que le chômage diminue ?
07:59 Vous ne reconnaissez pas du tout ça ?
08:01 - J'ai visité deux usines en deux semaines.
08:04 Leur point commun, c'est que ces deux usines,
08:06 elles sont indispensables pour notre souveraineté,
08:08 et pour autant, ces deux usines, elles vont fermer.
08:10 La première, c'était Metex, à Amiens,
08:12 qui produit de la lisine. La lisine, aujourd'hui,
08:14 à Metex, c'est la seule usine européenne
08:16 qui produit de la lisine, qui est indispensable
08:18 pour l'élevage porcin et de volaille.
08:20 Elle est mise en concurrence, aujourd'hui, avec la lisine chinoise
08:22 parce qu'il n'y a aucune protection, 0% de taxes de douane,
08:25 sur la lisine chinoise. On a un gouvernement
08:27 qui reste attentif face à la fermeture de Metex,
08:29 qui est pourtant indispensable. Deuxième boîte,
08:31 c'est la boîte de la Cotel,
08:33 dans le Rhône, qui produit de l'eau de Javel,
08:35 de la fameuse marque Lacroix, notamment,
08:37 qui est la seule usine, aujourd'hui, en France,
08:39 à produire de l'eau de Javel
08:41 de cette marque-là. Elle va fermer,
08:43 pourtant, elle fait des bénéfices. Eh bien, moi, je le dis
08:45 au gouvernement, agissez pour la réindustrialisation,
08:47 à jouer pour la sauvegarde de notre tissu industriel,
08:49 c'est indispensable, parce qu'on a un gouvernement
08:51 qui passe à longueur d'antenne pour dire
08:53 "il faut sauver nos industries, il faut sauver nos usines".
08:55 La réalité, c'est que c'est un gouvernement soit de menteurs,
08:57 soit d'incompétents.
08:59 - Menteurs ou incompétents, pour vous ? - Mais bien sûr !
09:01 - Et vous choisissez ? - Mais sur l'industrie ?
09:03 Un peu des deux, probablement, en fonction des ministres.
09:05 - Et vous, monsieur Léon Defond-Nan, vous dénoncez
09:07 la politique d'austérité du gouvernement,
09:09 mais la réalité, c'est qu'il n'y a jamais eu autant de dépenses publiques
09:11 en France. - Le problème, c'est que c'est mal dépensé.
09:13 Le problème fondamental, c'est que c'est mal dépensé.
09:15 Je vais vous donner rapidement... - Donc il suffit de mieux dépenser
09:17 et de ne pas faire d'économie ? - Je pense qu'on peut faire
09:19 davantage de dépenses, mais il faut aussi mieux dépenser.
09:21 Parce qu'aujourd'hui, on a un gouvernement
09:23 qui a choisi la première option, c'est-à-dire
09:25 donner des aides sans aucune condition.
09:27 C'est-à-dire que, notamment dans les aides qui sont données
09:29 aujourd'hui aux grandes entreprises, il y a une partie
09:31 qui est directement versée dans les poches des dividendes.
09:33 - Je vais pas vous rappeler, ce que vous savez très bien, c'est qu'il y a
09:35 des emplois à la clé, etc. - Je vais y venir.
09:37 Et qu'il ne produit pas, du coup, de richesses sur le territoire.
09:39 Nous, nous préférons la deuxième option,
09:41 un gouvernement qui soit en capacité, en effet, de faire
09:43 des dépenses publiques, mais en faveur réellement
09:45 de la création de richesses, de la création de richesses
09:47 pour produire davantage dans notre territoire,
09:49 produire davantage de services publics,
09:51 notamment de proximité, mais aussi agir
09:53 réellement en faveur de la réindustrialisation
09:55 de nos territoires. Ce n'est pas le cas.
09:57 On a une industrie qui est en recul. On a perdu,
09:59 depuis qu'Emmanuel Macron est arrivé au pouvoir,
10:01 0,2% de production industrielle,
10:03 malgré l'ensemble des aides qui ont été attribuées.
10:05 Nous, ce qu'on dit, c'est qu'il faut aussi mieux dépenser,
10:07 mieux flécher les aides aux entreprises
10:09 pour qu'elles soient réellement créatrices d'emplois
10:11 et qu'elles soient utiles pour les enjeux
10:13 de société, notamment pour l'environnement.
10:15 - Alors, vous dénoncez aussi l'action du gouvernement,
10:17 et plus largement de la France et d'autres pays,
10:19 au sujet des accords de libre-échange.
10:21 Et là, on rentre dans la campagne des Européennes.
10:23 Vous dites non, Léon D. Fontaine
10:25 à de tels accords. Mais alors, quand on voit
10:27 de manière pratique les accords de libre-échange
10:29 signés ces dernières années, ils ont pourtant eu des retombées
10:31 positives sur la balance commerciale européenne,
10:33 particulièrement française. En 2022, par exemple,
10:35 la somme des échanges passés à travers
10:37 les différents accords en vigueur a dépassé
10:39 2 000 milliards d'euros.
10:41 Pour vous, ce n'est pas si important que ça ?
10:43 - Déjà, je tiens à affirmer une chose. Ce n'est pas parce qu'on remet en cause
10:45 des accords de libre-échange qu'on va arrêter tout échange et tout commerce.
10:47 - Vous ne le croyez pas, d'ailleurs.
10:49 - On a des échanges, aujourd'hui, avec les États-Unis, par exemple,
10:51 alors qu'il n'y a pas d'accord de libre-échange. Et d'ailleurs, je crois que c'est le
10:53 troisième pays avec lequel on commerce
10:55 à l'échelle internationale. C'est la première chose.
10:57 Ce que je dis, c'est qu'aujourd'hui, ces accords de libre-échange
10:59 vont à contresens de l'histoire. D'un point de vue environnemental,
11:01 bien évidemment, parce qu'on multiplie
11:03 les émissions de gaz à effet de serre pour transporter et importer
11:05 notamment de Nouvelle-Zélande, qui se situe
11:07 à 18 000 km de nos côtes, des pommes,
11:09 des ovins et du bovin,
11:11 chose qu'on est capable, je pense, de produire
11:13 sur le territoire national. Qu'on vient ensuite les mettre
11:15 en concurrence de manière déloyale parce qu'on importe
11:17 des choses qui sont produites et élevées
11:19 dans des conditions sanitaires et environnementales
11:21 qu'on n'accepte pas sur le territoire européen.
11:23 Donc il faut arrêter avec cette mise en concurrence.
11:25 Ce que j'ai envie de dire sur le fait qu'en effet,
11:27 aujourd'hui, on a des échanges qui sont des fois bénéficiaires
11:29 pour les agriculteurs français.
11:31 Je le reconnais notamment sur la question du CETA.
11:33 Aujourd'hui, en effet, ça a tendance
11:35 à balancer en faveur des Français.
11:37 - Vous ne confondez pas des exportations françaises de vin
11:39 mais aussi de fromage ?
11:41 - Je pense que les Canadiens auront beaucoup plus de mal
11:43 à se passer de notre bon vin et de notre bon fromage
11:45 que nous, de leur bœuf aux hormones ou de leur céréales
11:47 avec un certain nombre de consommateurs.
11:49 - Le bon fromage, j'ai l'impression d'entendre,
11:51 c'est votre mentor Fabien Roussel.
11:53 - Bien sûr, mais ce que je veux dire, c'est que je pense
11:55 que les Canadiens, honnêtement, on peut saluer
11:57 le magnifique travail et produit de nos agriculteurs,
11:59 de nos producteurs qui sont capables de faire du bon vin,
12:01 du bon fromage, des bons fruits, des bons légumes.
12:03 Et ça, c'est la gastronomie française.
12:05 Et aujourd'hui, le meilleur moyen de la défendre,
12:07 c'est de permettre aussi de les protéger,
12:09 de leur permettre de vivre dignement de leur travail,
12:11 d'une part, d'une autre, de sortir de ces mises en concurrence
12:13 déloyales et d'une autre, il faut le dire aussi,
12:15 permettre aux Françaises et aux Français
12:17 de pouvoir avoir accès à ce magnifique travail.
12:19 Il faut augmenter les salaires et les pensions de retraite.
12:21 - Vous ne dites pas stop aux accords de libre-échange,
12:23 vous savez que ce n'est pas possible.
12:25 L'entreprise vous dit d'autres accords.
12:27 - Il y aura du commerce. Ce que je dis, c'est qu'aujourd'hui,
12:29 il faut aussi protéger l'Europe, il faut protéger la France
12:31 et donc il faut mettre en place, notamment, des mesures
12:33 de protection et en l'occurrence, remise en cause
12:35 de l'abaissement des droits de douane
12:37 sur l'ensemble des produits agricoles, parce que
12:39 les produits agricoles servent aujourd'hui
12:41 de monnaie d'échange pour faire d'autres choses.
12:43 Par exemple, l'accord de libre-échange avec le Chili,
12:45 on le fait pour pouvoir importer du lithium.
12:47 On le dit, ok, pas de souci, on vous achète des pommes,
12:49 en contrepartie, de quoi on pourra vous acheter du lithium.
12:51 L'agriculture doit sortir des monnaies d'échange
12:53 parce que c'est un enjeu bien trop important
12:55 pour que ce soit une simple donnée commerciale.
12:57 - Et vous portez ce combat face à vos adversaires.
12:59 J'ai noté que pour vous, votre premier adversaire,
13:01 c'était Jordan Bardella.
13:03 Moi, je pensais que vous étiez plutôt
13:05 en train d'essayer d'émerger à gauche.
13:07 Pourquoi le premier adversaire, c'est l'URN ?
13:09 - Parce qu'aujourd'hui, le Rassemblement National
13:11 est un faussaire de la question sociale.
13:13 Je veux faire de la question sociale ma priorité.
13:15 C'est peut-être d'ailleurs mon originalité
13:17 sur la scène politique à gauche.
13:19 - Mais, Jordan Bardella, ce que faisaient les travailleurs,
13:21 les ouvriers, quand vous les avez perdus au Parti Communiste ?
13:23 - Justement, on est en train de reprendre la main
13:25 sur ces sujets-là. Il y a du chemin,
13:27 mais il y a de la détermination, ne vous inquiétez pas.
13:29 Ce que je dis sur Jordan Bardella, c'est que c'est un faussaire
13:31 de la question sociale parce qu'il se dit
13:33 défenseur des classes populaires, des classes moyennes,
13:35 des travailleurs. Qu'est-ce qu'ils ont fait à l'Assemblée nationale ?
13:37 Qu'ont fait les députés de son parti politique
13:39 à l'Assemblée nationale ? Lorsqu'il s'agissait
13:41 de l'indexation des salaires sur l'inflation,
13:43 les Français sont pour, ils ont voté contre.
13:45 Même le retour de l'ISF, l'écrasante majorité
13:47 des Français sont pour, pour davantage
13:49 de justice fiscale, ils ont voté contre.
13:51 Dernière chose, le parti qui se dit défenseur
13:53 de la ruralité, ils ont voté main dans la main
13:55 avec La République En Marche contre une loi
13:57 qui permettait de lutter contre les déserts médicaux.
13:59 La réalité, c'est que le Rassemblement national
14:01 a le même projet économique qu'Emmanuel Macron.
14:03 Et ça, il faut le faire connaître. Comptez sur moi
14:05 pour le faire connaître durant la campagne européenne.
14:07 - Jordan Bardella et Emmanuel Macron, même combat ?
14:09 - Ils ont le même combat sur le projet économique.
14:11 C'est exactement le même combat. Ils ont d'autres projets
14:13 sur l'immigration. - Des retraites à d'autres sujets ?
14:15 On a vu des différences majeures.
14:17 - Le Rassemblement national est contre
14:19 notre système de retraite.
14:21 Lorsqu'il veut supprimer les cotisations sociales,
14:23 il veut détricoter notre système
14:25 de sécurité sociale. Et la réalité,
14:27 c'est qu'il n'y aura plus de retraite, il n'y aura plus de système
14:29 de retraite, il n'y aura plus de remboursement des médicaments
14:31 avec le projet politique de Jordan Bardella.
14:33 Mais ça, il faut le faire connaître et compter sur moi
14:35 à gauche pour enfin avoir un adversaire
14:37 à sa taille. - Justement, pour conclure,
14:39 Léon Desfontaines, la bataille à gauche
14:41 fait rage. Qu'est-ce qui vous différencie en quelques mots
14:43 des autres candidats pour conclure et pourquoi
14:45 finalement voter pour vous ? S'il y avait un argument
14:47 ce matin ? - Je pense que la gauche
14:49 s'est trop divisée sur les débats de société.
14:51 Moi, je souhaite refaire de la question sociale,
14:53 de la question du travail et de la production ma grande
14:55 priorité. D'ailleurs, je pense que c'est la grande
14:57 question qui nous est posée dans cette campagne européenne.
14:59 Est-ce qu'on veut plus ou moins produire
15:01 sur le territoire national et le territoire européen ?
15:03 Je suis la seule liste de gauche qui propose
15:05 aujourd'hui de réindustrialiser le pays, d'engager
15:07 des grands travaux utiles pour l'environnement,
15:09 pour la société, développer des services publics,
15:11 soutenir le mix énergétique, nucléaire et renouvelable
15:13 indispensable à cette réindustrialisation.
15:15 Aujourd'hui, si vous voulez voter pour la gauche du travail,
15:17 c'est la liste que j'ai l'honneur de mener de la gauche
15:19 unie pour le monde du travail car nous avons réussi
15:21 à construire un beau rassemblement à gauche
15:23 sur ces valeurs-là. - Et vous le défendrez lors
15:25 des différents débats et notamment le 30 mai.
15:27 30 mai, c'est News Europe. Un jour, merci.
15:29 Léon Desfontaines et à très bientôt. - Merci.
15:31 [Musique]
15:34 [SILENCE]