Jérôme Guedj, député PS de l’Essonne, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.
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00:00Bonjour Jérôme Gaëlle, bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:04Vous êtes député socialiste de l'Essonne, porte-parole du parti et secrétaire national à la laïcité.
00:10Tout d'abord, Monsieur Gaëlle, ce sont des photos, des visages qui symbolisent d'abord et avant tout l'amour, l'innocence,
00:16mais aussi l'horreur dont est capable le Hamas.
00:18Les enfants Bibas et leur mère sont dans tous les esprits en Israël et bien au-delà,
00:22alors que le Hamas s'apprête dans quelques instants à rendre leurs dépouilles d'apport à la Croix-Rouge et puis à Israël.
00:28Qu'est-ce que vous ressentez ce matin ?
00:29Evidemment une infinie tristesse, un effroi, parce que ces visages là sont ceux qui incarnent le plus terriblement la barbarie du 7 octobre.
00:39Je suis désespéré, on avait un espoir jusqu'au bout et malheureusement ce ne sera pas le cas.
00:49Et puis il y a de la colère aussi.
00:51Il y a de la colère parce que j'ai le souvenir des gens qui arrachaient les affiches de Kfir,
00:57qui étaient collées dans les rues de Paris, que j'ai collées pour certaines d'entre elles dans les rues de Paris,
01:02parce qu'il y avait l'idée de ne jamais oublier le fait générateur.
01:06Ce qu'il y a de plus terrible dans la période, c'est qu'une info en chassant une autre, une fake news en chassant une autre,
01:11on en arrive à oublier l'origine du mal.
01:14L'origine du mal, c'est l'attaque du 7 octobre, c'est la barbarie qui a fait qu'on a pu prendre en otage un enfant de 9 mois.
01:20C'était l'otage le plus jeune de l'histoire de ces dernières années.
01:26Rien que le mot, l'expression bébé otage, rien ne va.
01:29C'est aberrant.
01:31Mais qui oublie ?
01:32Qui oublie ? Parce qu'il y a eu une réaction qui a suscité la polémique sur RIC, celle de la députée LFI, Arcilia Soudé,
01:37qui a écrit que « Chiri, Ariel et Kfir reposent en paix, loin de la haine et des récupérations politiques.
01:42C'est la même qui s'est sentie harcelée, ce sont ses mots, par la photo du petit Bibas quand elle avait été affichée sur la porte de son bureau.
01:49De quoi sa réaction ? Est-elle le symbole ? »
01:51Écoutez, je n'ai pas envie de commenter ces déclarations.
01:53Et pourtant, c'est une députée de la nation.
01:55Je méprise ce type d'instrumentalisation à l'envers, comme je méprise le message que j'ai vu hier de Rima Hassan,
02:06expliquant comme si elle avait besoin d'une forme de justification de dire que les enfants, Ariel Kfir et leur mère Chiri,
02:15sont morts sous les bombes israéliennes au mois de novembre 2023.
02:18Et alors ?
02:20Ça aussi, c'est pour faire oublier qu'au départ, c'est parce qu'ils ont été arrachés au kibbutz de Niros,
02:27où je m'étais rendu quelques semaines après,
02:29et que tout ça participe de ce mouvement de relativisation, de contextualisation et donc d'édulcoration à la fin.
02:38On sent du dégoût, de la colère et beaucoup d'émotion dans vos propos.
02:41Mais évidemment, parce que l'humanité commune qu'on peut avoir, elle commence d'abord par la compassion, par la tristesse,
02:48et dès le 7 octobre, et c'est ça qui a manqué à ce moment-là.
02:51Après, on peut légitimement aussi être effrayé par les milliers, les dizaines de milliers de morts palestiniens,
02:58y compris aussi des enfants, et je les pleure de la même manière.
03:02Mais il y a eu d'emblée chez certains le choix délibéré de minorer tout cela et de l'inscrire.
03:11C'était la position initiale, notamment de la France Insoumise, de dire tout ça, d'une certaine manière, ils l'ont bien cherché.
03:19Et ce n'est pas la manière d'appréhender ce qui devrait tous nous animer,
03:22à savoir la recherche d'une solution qui va devenir impossible pour les décennies qui viennent politiquement.
03:27Une solution dans cette zone-là, mais aussi en Ukraine, et plus largement, Jérôme Gage, sur le plan international.
03:32L'histoire s'écrit sous nos yeux, les Américains assis à la même table que les Russes pour discuter de l'Ukraine
03:37et de la sécurité européenne sans les Européens totalement effacés.
03:41Pendant ce temps, Emmanuel Macron va revenir tout à l'heure, à 11h,
03:44les différents représentants des partis politiques pour parler sécurité européenne.
03:48Il y aura aussi un débat que vous avez demandé au Parlement, sans vote.
03:51Alors dites-nous, pendant que les Français débattent et parlent, les Américains agissent ?
03:55On est dans un bouleversement, un changement de paradigme total qui nous laisse dans un état de sidération.
04:01Et avec là aussi...
04:03Pourquoi une sidération ? Qu'est-ce qui est étonnant ?
04:05Donald Trump avait dit ce qu'il est en train de faire.
04:07C'est vrai, mais ça faisait partie de l'effroi que nous pouvions avoir.
04:10Et on avait d'une certaine manière l'espérance que c'était des arguments de campagne
04:14et que les choses ne se passeraient pas de manière aussi brutale.
04:17Vous avez vu hier le message de Donald Trump relatif à Vladimir Zelensky...
04:21Il a accusé d'être responsable du déclenchement de la guerre
04:23et l'a traité de dictateur sans élection et autre amabilité dans ce genre.
04:27Mais vous vous rendez compte de l'inversion accusatoire que ça signifie ?
04:29C'est-à-dire que l'agressé, d'une certaine manière, devient l'agresseur,
04:33celui qu'on évince, celui qu'on éloigne de la table de négociation.
04:37Et au-delà de l'aspect formel, le message qui est envoyé,
04:40c'est-à-dire une relégitimation de Vladimir Poutine,
04:43une négociation bilatérale qui s'engage avec lui
04:46et qui admet d'emblée la possibilité d'entériner les bougées de frontières en Ukraine.
04:54Si l'Europe est effacée, la faute à qui ? A l'Europe ou à M. Trump ?
04:58D'abord, c'est le renversement de ce qui fonctionnait en Europe
05:02depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale,
05:05c'est-à-dire une alliance stratégique avec les États-Unis.
05:08Ce à quoi nous ne nous sommes pas préparés,
05:10c'est une responsabilité collective de l'ensemble des Européens,
05:13mais qui ne pouvait pas imaginer la rapidité avec laquelle
05:16un gouvernement isolationniste américain pouvait d'un coup dire
05:21« Maintenant, débrouillez-vous. Vos histoires ne me concernent pas.
05:25La sécurité européenne, celle-là même pour laquelle des GI américains
05:29sont morts sur le sol européen pendant la Seconde Guerre mondiale,
05:33tout ceci, on le balaye du revers de la main.
05:35Et maintenant, on se concentre sur d'autres endroits,
05:37la relation stratégique, le conflit commercial,
05:40mais peut-être un jour aussi militaire avec la Chine.
05:43Et donc, ça renvoie les Européens à leurs responsabilités.
05:46Et c'est là qu'on a une difficulté, parce que le changement de braquet,
05:49la mesure de ce bouleversement n'est pas prise à l'échelle européenne.
05:54Et la France, à l'intérieur de cette Union européenne,
05:59de cette coalition européenne,
06:01elle est tout aussi démunie que l'ensemble des partenaires.
06:03Donc le président de la République, il réunit, il s'agit d'une certaine manière.
06:07C'est de bonne guerre. Moi, je ne lui jette pas la pierre.
06:10Nous devons collectivement, parce que demain,
06:12le défi qui va être posé très concrètement,
06:14on va remettre en question des frontières européennes par la violence.
06:17Vous parlez, vous vous consultez, vous débattez sans vote.
06:19Franchement, c'est abyssal. Qu'est-ce qu'on peut faire ?
06:22Qu'est-ce qu'on peut faire de plus ?
06:23Déjà, associer les parlementaires.
06:25Vous l'avez redit, nous avons demandé, nous, députés socialistes,
06:27qu'à minima, ça aura lieu le 3 mars prochain,
06:29nous soyons saisis de ce débat.
06:31Nous avions demandé aussi, le président le fait tout à l'heure,
06:33que soient informés les présidents des partis
06:36ou des groupes parlementaires sur l'état de la situation,
06:39parce que le débat, il va vite nous revenir.
06:41Si demain, il y a un accord, est-ce qu'on enterrine,
06:44est-ce qu'on accepte, même si formellement,
06:46on n'est pas autour de la table de négociation,
06:47cette remise en question des frontières ?
06:49Parce qu'on va nous dire, oui, mais c'est au nom de la paix.
06:51Mais ça veut donc dire que l'annexion du Donbass,
06:54l'annexion de la Crimée, qui était déjà presque acquise,
06:57par la force, demain, on crée donc un précédent.
07:00J'entends le sujet sur les frontières, mais vous oubliez...
07:02Les frontières des Pays-Bas...
07:03Ce serait la fin de la guerre aussi.
07:04Oui, mais donc ça veut dire qu'on accepte...
07:06Pour les familles, pour les morts, pour le souvenir, pour leur mémoire.
07:09Evidemment que c'est insupportable,
07:11mais le premier des respects, c'est de dire,
07:14c'est de se projeter dans l'avenir.
07:15C'est un petit Munich qui est en train...
07:17Enfin, que dis-je ?
07:18C'est un gros Munich qui est en train de se préparer.
07:21C'est-à-dire quelque chose de comparable
07:22à l'inertie des démocraties européennes.
07:25Quand Hitler, d'annexion en annexion sur le continent européen,
07:30les autres disaient, oui, mais on va sauvegarder la paix.
07:32La comparaison avec Hitler est-elle vraiment bienvenue, monsieur Gage ?
07:35Non, mais j'assume.
07:36C'est une comparaison géopolitique.
07:38On ne garantit jamais la paix en cédant devant ceux qui usent de la violence
07:43pour modifier les frontières territoriales.
07:46Et pendant ce temps, si je puis dire, en France,
07:48on est traversé par d'autres débats.
07:50Dans quelques instants, nous allons parler des retraites.
07:52Mais tout d'abord, une question sur monsieur Richard Ferrand.
07:55Est-ce que vous pensez vraiment, monsieur Gage,
07:58que Richard Ferrand peut dire ce matin merci à Marine Le Pen ?
08:01Incontestablement, incontestablement.
08:03Il y aurait eu un deal ?
08:05Je ne sais pas s'il y a eu un deal.
08:06Mais en tous les cas, les conditions et la lecture, en effet.
08:10On va avoir un président du Conseil constitutionnel,
08:12qui est une institution essentielle pour garantir le fameux état de droit,
08:17qui est l'illustration même de l'existence d'un état de droit,
08:19qui est fragilisé par les conditions.
08:21Vous vous rendez-vous compte ?
08:22On a un président du Conseil constitutionnel.
08:23Il est légitime, selon vous ?
08:25La procédure a été légale.
08:28Tu parles d'une légitimité.
08:30Mais il y a un problème de légitimité politique.
08:32C'était donc déjà un questionnement qu'on posait en amont.
08:34En disant, vous savez, nous on apprécie sur la base de trois critères.
08:38L'indépendance, l'expérience et la compétence.
08:41Et sur ces trois questions, on pouvait légitimement avoir des interrogations.
08:44Mais même aujourd'hui, les conditions de sa nomination
08:47le fragilisent et fragilisent l'institution
08:49au moment où elle va jouer un rôle crucial dans les années à venir.
08:53Et moi, je le dis sans embâche, sans catastrophisme.
08:56Mais demain, si on a une des remises en cause de l'état de droit,
08:59notamment par une modification de la Constitution
09:02sur la base du fameux article 11,
09:05c'est-à-dire d'un référendum pour changer la Constitution
09:07pour permettre de revenir sur un certain nombre de principes fondamentaux de notre République.
09:12Alors, on aura la confrontation entre Marine Le Pen,
09:15elle est élue présidente de la République,
09:17et ce Conseil constitutionnel qui d'emblée aura été fragilisé
09:21avec un président élu à une voix,
09:23et un président élu avec, sinon la complaisance,
09:26du moins la facilitation offerte par le Rassemblement national.
09:29Et les sujets auxquels vous faites référence notamment,
09:31pour les référendums sur l'immigration,
09:33à ce sujet, sans surprise, la motion de censure
09:35défendue hier par le Parti socialiste a fait chute.
09:37Une motion de censure, rappelons-le,
09:39déposée en réaction aux déclarations du Premier ministre
09:41sur le sentiment de submersion migratoire.
09:43Bon, certains se disent, une motion de censure,
09:45surtout pour faire oublier que vous n'avez pas voté la censure sur le budget
09:48et que, de fait, vous n'êtes plus dans l'opposition.
09:50Non, nous sommes clairement dans l'opposition,
09:52nous l'avons toujours dit.
09:53Ce n'est pas parce que nous avons sincèrement joué le jeu
09:56d'une négociation pour atténuer les mauvais effets
09:59du budget initial de Michel Barnier,
10:01et moi j'ai mouillé la chemise dans cette négociation,
10:03et je n'ai pas la négociation honteuse.
10:05Voilà.
10:06Simplement, nous avons toujours dit que nous sommes dans l'opposition.
10:09Et notamment à chaque fois qu'il y aura des transgressions,
10:11que ce soit dans les paroles ou demain dans les actes,
10:14dire à François Bayrou...
10:16Vous avez dit « extrême droitisation du débat »
10:18parce qu'il y a le mot « submersion ».
10:19Vous contestez donc, M. Gayet, les chiffres sur l'immigration ?
10:21Non, moi je ne conteste aucun chiffre.
10:23Je dis juste que ce n'est pas la manière d'appréhender le débat.
10:26Est-ce que vous allez dire, parce que les chiffres sont factuels,
10:28si on dit 300 000 titres de séjour délivrés sur une année,
10:30on y ajoute les demandes d'asile, environ 160 000,
10:33et au total quasiment la ville de Toulouse, pour être factuel.
10:35Comment vous qualifiez « vague », « vaguelette », « submersion » ?
10:38Mais à l'inverse, si le débat...
10:41L'immigration, c'est une politique publique
10:44qui doit être évaluée, adaptée, comme toutes les politiques publiques.
10:48Et si possible, en le dépassionnant.
10:50Est-ce que, dans le débat public, nous sommes à dire
10:52que nous voulons l'immigration zéro dans notre pays ?
10:55Qui le dit ?
10:56Alors, le Rassemblement national entretient cette fiction-là.
10:59Mais donc, concrètement, dans le même temps,
11:00vous avez les chefs d'entreprises, petites et grandes,
11:02qui disent « nous avons des besoins de main-d'œuvre ».
11:04Aujourd'hui, à l'hôpital, si vous n'avez pas les médecins étrangers
11:08qui vous accueillent dans les urgences,
11:10il n'y a plus de fonctionnement du système hospitalier.
11:12M. Gayet, un député socialiste veut que certains patrons,
11:14parce qu'on ne les met pas tous évidemment dans le même sac,
11:16accueillent plus d'immigrés pour que les salaires baissent
11:19et qu'il y a un lumpen proletariat demain.
11:21Mais pourquoi on est...
11:22C'est étonnant de ne pas voter.
11:23Non, on peut faire les deux.
11:25C'est-à-dire accueillir dignement sur des besoins,
11:28notamment de main-d'œuvre,
11:30accueillir aussi dignement sur un certain nombre de principes
11:33qui sont ceux du regroupement familial,
11:35qui sont aussi parties prenantes
11:37de l'identité républicaine de ce pays,
11:39et accueillir évidemment au titre de l'asile.
11:41Mais dans les trois cas.
11:43Moi, je ne suis pas un sans-frontieriste.
11:44Je ne suis pas pour l'ouverture des frontières.
11:46Il y a des règles, il faut les exécuter.
11:48Mais le piège de ce débat-là,
11:50c'est qu'il n'est pas destiné à l'efficacité de la politique d'immigration.
11:52Alors, fiche pour un référendum ?
11:54Donnons la parole aux Français, qu'ils décident.
11:56Je ne suis pas convaincu que d'abord,
11:59avant de faire un référendum,
12:00il faut appliquer les lois sur l'immigration qui existent aujourd'hui
12:04et ne pas être dans la course à l'échalote
12:06et dans la surenchère telle qu'on nous la propose.
12:09Moi, je ne refuse aucun débat.
12:11La question de l'immigration, elle préoccupe nos concitoyens.
12:14Et moi, je n'ai aucune hésitation à avoir cette discussion.
12:17Et c'est moins la question de l'immigration qui préoccupe nos concitoyens
12:20que la manière dont nous sommes capables d'intégrer ces immigrés.
12:23Et là, oui, nous avons, gauche et droite,
12:25collectivement failli ces 30 dernières années.
12:27Et le changement de braquet, l'énergie,
12:29je préférerais qu'on la mette sur les enjeux de l'immigration,
12:32du logement, de l'accès au travail,
12:34de l'école, de l'éducation,
12:36de la maîtrise des valeurs de la République.
12:39Tous ces sujets-là, nous pouvons les avoir dans le débat.
12:41Auriez-vous préféré un référendum, certainement d'ailleurs,
12:43sur les retraites plutôt que sur l'immigration ?
12:45À ce sujet, la Cour des comptes doit rendre, tout à l'heure,
12:47dans quelques instants, le diagnostic demandé par François Bayrou
12:50sur l'état financier de notre système de retraite.
12:53Sur cette base, des discussions vont s'ouvrir et se poursuivre.
12:56Et peut-être, peut-être, certaines modifications.
12:59Est-ce que vous pouvez dire, ce matin,
13:01que vous ne contesterez pas le diagnostic
13:03tel qu'il va être rendu par la Cour des comptes ?
13:05Nous ne l'avons jamais contesté pendant le débat sur les retraites.
13:07Là aussi, j'ai participé activement.
13:09Nous avions une position qui consistait à dire
13:11qu'il y a un déficit du régime de retraite
13:14qui est attendu pour les années à venir,
13:16parce que la démographie est assez tonitruante, évidemment.
13:19Simplement, il est à la fois temporaire,
13:22c'est-à-dire qu'il va jusqu'à 2050 environ,
13:25et il est limité en termes de déficit budgétaire.
13:30Et que la réponse qui était apportée,
13:32qui était de dire qu'on allonge mécaniquement de deux ans
13:34la durée du report de l'âge légal,
13:38sans examiner les alternatives qui étaient possibles.
13:41Moi, je préférais qu'on parle du taux d'emploi des seniors.
13:44Vous savez que si le taux d'emploi des seniors
13:46était comparable à celui de l'Allemagne,
13:48si les entreprises ne mettaient pas dehors,
13:50passaient 55 ans, les seniors,
13:53c'est-à-dire que si elles avaient fait l'effort
13:55d'adapter leur formation, etc.
13:57Sur ce sujet, il y a quasiment un consensus.
13:59Oui, mais sauf qu'il y a un décalage.
14:02Les chiffres, je ne les contesterai jamais.
14:05C'est les réponses qui sont apportées en face.
14:07Et vous voyez, vous parliez de la négociation
14:09qu'on a pu avoir avec François Bayrou.
14:11Ça, c'est un des effets.
14:12Le fait d'avoir négocié avec lui,
14:14c'est d'obtenir, de remettre sur la pile du débat politique
14:16la question de la réforme des retraites.
14:18Et aujourd'hui, les partenaires sociaux,
14:20sur la base de ce diagnostic financier,
14:22doivent nous faire des propositions.
14:24Et à la fin, nous le rappelons à François Bayrou,
14:26qui hier a globalement été assez irrespectueux
14:28face aux socialistes qui s'opposaient à lui
14:32dans une approche très désinvolte,
14:36très méprisante à leur endroit.
14:38Je le dis, au moment de la réforme des retraites,
14:40si le Parlement n'a pas le dernier mot
14:42pour justement tirer les conséquences du conclave,
14:45alors il s'exposera à nouveau à notre opposition.
14:47Il nous reste peu de temps.
14:48Une question d'actualité et une autre question,
14:50rapidement s'il vous plaît,
14:51même si le sujet est très important.
14:53Parce qu'au Sénat, il y a une proposition de loi
14:54pour interdire les signes religieux en compétition sportive.
14:57Une proposition de loi qui donne les moyens
14:59aux autorités de sanctionner les manquements.
15:01Pourquoi, je l'ai vu sur X, vous dénoncez une telle proposition ?
15:04Parce que ce n'est pas la bonne manière d'aborder le sujet.
15:06Vous savez, c'est le 120e anniversaire de la loi de 1905.
15:09C'est un talisman de la République.
15:11La laïcité, puisque M. Bayrou se questionne
15:13sur l'identité nationale du pays.
15:15L'identité nationale, c'est l'identité républicaine.
15:17Et la laïcité, c'est une loi de protection et de concorde.
15:20Aristide Briand, il y a 120 ans,
15:21il a trouvé ce point d'équilibre.
15:23Aujourd'hui, avec cette proposition, on le rompt.
15:26On laisse les fédérations seules face au communautarisme ?
15:30En disant que l'expression de son appartenance religieuse
15:33serait interdite dans l'espace public.
15:35Parce qu'un terrain de sport, c'est dans l'espace public.
15:38Qu'est-ce qu'on fait face au communautarisme dans le sport ?
15:41Cette loi, à l'inverse, si elle était votée,
15:45ce qui ne sera pas le cas,
15:47elle renforcerait le communautarisme.
15:49Moi, je préférerais que M. Bayrou
15:52ou même la majorité sénatoriale
15:54se posent la question de comment on fait en sorte,
15:56par exemple, de sanctionner les atteintes à la laïcité
15:59pour ceux qui obligent quelqu'un à croire
16:01ou qui empêchent quelqu'un de croire.
16:03On a besoin de concorde sur le sujet
16:05et pas d'instrumentalisation et de stigmatisation.
16:07C'est le jeu de l'extrême droite d'un côté,
16:09et je ne suis pas dupe aussi,
16:10c'est le jeu des islamistes
16:12qui se délecteraient d'une législation
16:15qui donnerait l'impression de stigmatiser davantage
16:17les musulmans en France.
16:18Le Conseil d'État a confirmé hier la fermeture
16:21et donc la disparition de la chaîne de C8,
16:23plus concrètement l'exclusion de la chaîne C8 de la TNT,
16:26première chaîne de la TNT.
16:27Vous avez fait partie de la commission d'enquête sur la TNT.
16:30Alors, qu'on regarde ou pas cette chaîne de télévision,
16:32qu'on l'aime ou pas,
16:33est-ce que vous estimez, M. le député,
16:35que la liberté d'expression a gagné
16:37avec une chaîne qui ferme des centaines de salariés
16:39sur le carreau ?
16:40J'ai évidemment des pensées pour les salariés concernés.
16:44Vous parlez de la liberté d'expression
16:46et il y a aussi le respect de la réglementation,
16:49d'uralex et de lex.
16:51Moi, ce que je regrette,
16:53c'est qu'après toutes les alertes qui aient pu être faites
16:56en application à la fois des observations de l'ARCOM,
16:59confirmées par le Conseil d'État,
17:01c'est qu'il n'y ait pas eu un changement de pratique.
17:04Je le regrette.
17:05Nous sommes sur une chaîne et une radio qui respectent,
17:08qui ne sont pas vus remettre en question leurs fréquences,
17:11parce que quand il y a des lois,
17:13et ici comme ailleurs, on est attaché au respect des lois,
17:16et qu'il y a des alertes qui sont faites,
17:19il faut les respecter.
17:20C'est vrai pour tout et personne n'est au-dessus des lois.
17:22Intéressant.
17:23D'uralex, de lex, la liberté d'expression,
17:25j'imagine que vous l'appliquez,
17:27qu'elle ne doit pas être à géométrie variable,
17:30notamment sur certaines chaînes
17:32où il y a un bandeau qui s'affiche
17:34où l'on s'interroge pour savoir si le Hamas
17:36est une organisation toujours dangereuse.
17:38Quelle conception doit-il avoir de la liberté d'expression ?
17:41J'imagine qu'il y aura une sanction de l'ARCOM.
17:43Il n'y en a pas eu pour l'instant.
17:45C'est intéressant ce retard de réaction.
17:47À chaque fois qu'il y a des atteintes
17:50à l'impartialité de l'information
17:52ou sur tout autre sujet,
17:54ce qui est prévu dans les conventions,
17:56il faut qu'il y ait des sanctions.
17:57L'accumulation des sanctions
17:58aboutit au non-renouvellement de la fréquence.
18:00Merci Jérôme Guest.
18:01C'était votre grande interview.
18:02Je vous dis à bientôt.
18:03Au revoir.