• il y a 6 mois
A deux mois des élections européennes Léon Deffontaines tête de liste de Gauche unie, Parti Communiste Français est l'invité de 6h20 de France Inter.

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00:00 Premier invité d'Inter ce matin à votre micro Marion, il est tête de liste de la
00:04 gauche unie pour le monde du travail aux élections européennes.
00:07 Et lui-même militant au PCF, bonjour Léon Desfontaines.
00:09 Vous voulez mener une campagne de proximité, rapprocher l'Europe du quotidien des Français
00:14 avec comme mot d'ordre pouvoir d'achat, paix, environnement.
00:16 Mais sur ce créneau du quotidien, de la proximité, du pouvoir d'achat, il y a notamment le Rassemblement
00:21 National qui est donné en tête par tous les sondages.
00:24 32% selon notre dernier sondage Radio France publié il y a un mois contre aujourd'hui
00:28 3% pour vous sur ce même sondage.
00:31 Qu'est-ce que vous avez raté ?
00:32 Eh bien je pense que l'extrême droite, Jordane Bardella, a été relativement épargnée
00:38 par l'ensemble des autres têtes de liste, par l'ensemble des autres forces politiques.
00:41 Et je pense qu'à un moment ou un autre, il va falloir se retrousser les manches et
00:44 aller le combattre sur son terrain, sur ce terrain-là, sur la question sociale.
00:48 Et je pense que depuis trop longtemps, la gauche est divisée sur des débats de société
00:52 et a occulté la question sociale.
00:53 Moi je veux en refaire une priorité.
00:55 Et en l'occurrence, Jordane Bardella, je le dis, est un faussaire de la question sociale.
00:59 Lorsque il a ses députés à l'Assemblée Nationale, les 88 députés du RN ont voté
01:04 main dans la main avec la majorité présidentielle, contre l'augmentation des salaires, contre
01:08 la réinstauration de l'ISF.
01:09 Même le parti qui se dit le grand défenseur de la ruralité vote contre une loi qui permettait
01:13 de lutter contre les déserts médicaux.
01:15 La réalité c'est qu'il a le même projet économique et social qu'Emmanuel Macron,
01:18 la xénophobie en plus.
01:19 Eh bien nous, nous souhaitons combattre.
01:21 En tout cas, moi je l'ai invité à débattre, pour l'instant il ne m'a pas répondu.
01:23 S'il n'a pas le courage, qu'il envoie ses portes-paroles.
01:25 Vous dites que Jordane Bardella a été épargné par les autres têtes de liste, pas vous ?
01:29 En tout cas, je ne compte pas le faire et je l'invite à débattre.
01:32 Vous n'avez pas été épargné, vous ?
01:33 Non, mais en tout cas, je pense que lui, il est épargné.
01:36 Moi, je ne sais pas, je ne suis pas là pour me victimiser ou quoi.
01:38 En tout cas, je pense que lui est relativement épargné, alors qu'il est assez haut dans
01:41 les sondages.
01:42 Et moi, je veux refaire de la question sociale cette priorité.
01:44 Et on va faire projet contre projet, on verra bien qui défend le mieux les travailleurs.
01:47 Je voulais vous poser cette question parce que la tête de liste écologiste Marie Toussaint
01:49 parle de brutalisation du débat à gauche, vous êtes d'accord ?
01:52 Oui, enfin, ma préoccupation, ce n'est pas tellement comment moi je vis cette campagne,
01:58 mais plutôt comment les Français la vivent.
01:59 Et moi, j'ai l'impression, quand même, depuis quelques semaines, qu'on se fait
02:01 littéralement confisquer cette campagne européenne.
02:03 Tout est bon pour ne surtout pas parler des véritables sujets qui nous sont posés, à
02:08 savoir la question de la hausse des factures d'électricité par exemple, le recul des
02:11 services publics…
02:12 Il en parle, Jordane Bardella ?
02:13 Jordane Bardella en parle ! C'est le seul à en parler.
02:14 C'est invraisemblable.
02:15 C'est un thème de gauche.
02:16 On devrait en parler.
02:17 Moi, je veux en parler.
02:18 Moi, je veux parler du quotidien.
02:19 L'Europe, c'est le quotidien des Français.
02:20 C'est la hausse des factures d'électricité, c'est les classes surchargées, c'est les
02:24 difficultés d'accès à la santé, c'est l'énergie et notamment la question du nucléaire
02:27 qui est indispensable.
02:28 Si on veut éradiquer le chômage, si on veut reconstruire des usines, si on veut soutenir
02:32 nos agriculteurs, nos artisans, eh bien il faut produire de l'électricité.
02:35 Et pour ça, il faut qu'elle soit décarbonée et produite en suffisance.
02:38 Et donc, c'est le mix nucléaire-renouvelable.
02:40 - Est-ce que vous nous dites que vous défendez l'environnement, des projets environnementaux
02:43 et en même temps, vous allez à Fessenheim pour déposer une gerbe devant le portail
02:47 de la centrale qui a été fermée ? Le nucléaire, c'est l'énergie de l'avenir ?
02:50 - C'est l'énergie de l'avenir et c'est l'écologie de l'avenir.
02:52 Je le dis, les militants anti-nucléaire, d'ailleurs, sont les écologistes du passé.
02:55 Parce que si nous avons besoin d'engager des grands travaux utiles pour l'environnement,
03:00 remplacer des camions par des trains en développant le fret ferroviaire, rattacher le corridor
03:03 ferroviaire à nos ports EDOC, si on a besoin d'engager la rénovation thermique des bâtiments,
03:09 il faut créer des services publics de proximité, réindustrialiser le pays pour approcher la
03:12 production et la consommation.
03:13 Alors il faut produire de l'énergie et de l'énergie en suffisance, mais qu'elle
03:17 s'y soit décarbonée.
03:18 Et donc, bien évidemment, on a besoin du nucléaire.
03:20 La fermeture de Fessenheim a été un non-sens environnemental et social.
03:23 - Là, je note que vous êtes d'accord avec Emmanuel Macron.
03:26 Mais qu'est-ce qu'on en fait des déchets du nucléaire ?
03:27 - Eh bien, justement, aujourd'hui, il faut prendre en compte ça.
03:31 Donc, aujourd'hui, il faut bien évidemment les enterrer.
03:33 L'énergie propre n'existe pas, l'énergie parfaite n'existe pas.
03:36 La réalité, c'est que...
03:37 - Mais les renouvelables, quand même ! - Mais les renouvelables ont aussi leurs limites.
03:40 Ils utilisent des matériaux rares et bien évidemment, il faut les développer.
03:43 Et d'ailleurs, on défend la nécessité de les développer également massivement.
03:46 En revanche, quand on voit que l'Allemagne est passée avec un objectif de 100% renouvelable,
03:50 qui a réouvert des mines et des centrales à charbon, qui a un mix électrique 10 fois
03:54 plus carboné que le nôtre, eh bien on se dit que c'est un problème.
03:56 Aujourd'hui, les morts liées au réchauffement climatique sont colossaux, alors qu'il
04:01 n'y a aujourd'hui aucun mort qui est lié au déchet nucléaire.
04:03 - Il y a pourtant beaucoup de morts aussi qui sont liées à la pollution de l'air.
04:05 Selon les dernières estimations, 253 000 décès prématurés dans l'Union Européenne.
04:10 En fait, vous vous défendez le fait de maintenir la vente de voitures thermiques après 2035 ?
04:15 - Mais parce qu'on n'est pas prêts.
04:17 - C'est prévu par le pacte vert européen.
04:19 - Oui, bien sûr, mais on n'est pas prêts.
04:20 Il y a une clause de revoyure d'ailleurs.
04:21 - Est-ce qu'on sera prêts si on n'a pas cette mesure ?
04:22 - Il y a une clause de revoyure.
04:23 Moi, je suis favorable à développer massivement les voitures et la filière électrique.
04:27 La réalité, c'est que nous n'avons pas la capacité industrielle, premièrement, pour
04:30 le faire pour le moment.
04:31 Je pense que nous devons développer une véritable coopération en matière industrielle, pourquoi
04:34 pas à l'échelle européenne, en matière d'automobiles électriques.
04:37 - Mais sans la contrainte, on pourra le faire ?
04:38 - Deuxièmement, je le dis, les écologistes qui défendent la fin des moteurs thermiques,
04:42 qu'est-ce qu'ils attendent pour dire qu'il est temps de rouvrir les mines de lithium
04:46 dans l'Allier ?
04:47 On a du lithium qui est indispensable pour faire des batteries pour nos voitures électriques.
04:50 Ils refusent d'ouvrir ces mines.
04:52 Eh bien, on aura besoin d'extraire le lithium plutôt que de l'importer de l'autre bout
04:55 de la planète, du Chili.
04:57 Et enfin, on a besoin, si demain on se passe de l'essence à du pétrole, de développer
05:00 massivement l'électricité, la production électrique.
05:03 Si on doit remplacer toutes nos voitures thermiques qui fonctionnent à essence avec de l'électricité,
05:07 il faut du nucléaire.
05:08 C'est indispensable.
05:09 Et dernièrement, juste la question du pouvoir d'achat qui n'est quand même pas un petit
05:12 sujet sur la question de la voiture électrique.
05:14 Bien sûr, il faut augmenter les salaires, augmenter les pensions de retraite si on veut
05:17 que 100% des Français achètent des voitures électriques pour se déplacer.
05:20 - En un petit mot, parce qu'on arrive à la fin de cette interview, Léon Desfontaines,
05:22 je le disais dans notre dernière étude Ipsos, vous êtes à 3% d'attention de vote.
05:25 C'est encore possible pour vous d'atteindre les 5% pour avoir des élus au Parlement ?
05:28 - Tout à fait, c'est encore possible.
05:30 Pour l'instant, il y a un désamour des Français pour cette campagne.
05:32 Ça commence à se réveiller.
05:33 Surtout, je le dis, mon objectif c'est que les quatre listes de gauche dépassent les
05:36 5% pour faire élire 5 députés en plus pour la gauche, 5 députés en moins pour la droite
05:41 et l'extrême droite.
05:42 - Le communiste Léon Desfontaines, tête de liste de la gauche, unit pour le monde du
05:44 travail à l'élection européenne du 9 juin prochain.
05:47 Merci beaucoup de nous avoir répondu sur Inter.

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