Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, était l'invité du Face à Face sur BFMTV et RMC.
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00:00 [Générique]
00:07 Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Bruno Retailleau.
00:12 Bonjour Apolline de Malherbe.
00:13 Merci d'être dans ce studio pour répondre à mes questions ce matin.
00:15 Vous êtes le président du groupe LR au Sénat.
00:18 On va revenir d'abord sur ces images saisissantes à l'Assemblée nationale hier.
00:24 On est en pleine séance et un député de la France insoumise, Sébastien Delogu,
00:29 a brandi un drapeau palestinien, immédiatement suspension de séance, confusion, brouhaha.
00:37 Il a fini par être exclu. Comment vous vivez ces moments-là, ces images-là Bruno Retailleau ?
00:45 Mal parce que notre démocratie est en crise et que ça augmente la brutalisation du débat public.
00:52 Définitivement, LFI c'est la honte de la République.
00:56 Ils sont en train, comme je le disais, d'hystériser le débat public.
01:00 Ils déconsidèrent nos institutions.
01:02 Ils défilent d'ailleurs en inversant les valeurs pour dire que la police tue,
01:06 ce qui est faux puisque la police nous protège, notre bouclier.
01:10 Ils défilent avec les islamo-gauchistes le 9 novembre 2019.
01:15 Ils sont en pleine dérive communautarisme parce que derrière ce drapeau c'est quoi ?
01:19 C'est le clientélisme.
01:21 Et derrière ce drapeau c'est la drague de la clientèle musulmane, du vote musulman.
01:26 C'est très très grave pour moi et on abîme, ils abîment la République.
01:31 Pourquoi c'est grave pour vous de s'adresser à une part de la population,
01:38 comme vous dites, s'il s'agit de la population musulmane ?
01:41 En quoi ce serait grave ? Parfois vous vous adressez à la part peut-être des catholiques de France.
01:46 Non, parce que c'est le communautarisme.
01:49 L'islamisme prospère en disant que la seule communauté qui vaille, c'est la communauté religieuse.
01:55 Moi, ma communauté, c'est la communauté nationale,
01:58 celle qui agrège et qui transcende toutes les autres communautés.
02:01 C'est ça le problème.
02:03 Et derrière ces manifestations avec le drapeau palestinien,
02:07 c'est une instrumentalisation aussi de la cause palestinienne,
02:10 pour eux-mêmes, pour leur petit profit électoraliste.
02:13 Et derrière, là encore, c'est finalement l'antisionisme.
02:17 Et l'antisémitisme d'ailleurs.
02:20 Et l'antisémitisme qu'ils nourrissent en quelque sorte ?
02:23 Bien sûr, Yankelevitch avait une très belle phrase.
02:26 Le philosophe.
02:27 Bien sûr, le philosophe. Mais c'est le prétexte.
02:30 L'antisionisme, c'est la vitrine, si j'ose dire, convenable de l'antisémitisme qui se cache derrière.
02:36 Bruno Retailleau, le règlement interdit de brandir un drapeau autre que français,
02:41 en réalité il interdit l'utilisation, notamment pendant les questions gouvernement,
02:45 et c'était le cas hier, de graphiques, de pancartes, de documents, d'objets ou d'instruments divers.
02:50 Tout cela est donc interdit.
02:52 Le drapeau, quel qu'il soit d'ailleurs, rentre dans cette définition.
02:57 Il a donc été sanctionné, sanction maximale, c'est-à-dire 15 jours d'exclusion et 2 mois d'indemnité minorée.
03:04 Ça vous paraît justifié, donc, si je vous entends.
03:06 Je n'ai pas à me prononcer. Je pense qu'une sanction a été justifiée.
03:09 Quelle sanction ? Moi, je suis sénateur.
03:11 Simplement, il y a un règlement à l'Assemblée nationale, c'est l'article 70,
03:15 qui correspond à l'article 93 du règlement du Sénat.
03:19 Ces articles-là, c'est la police, si j'ose dire, c'est le respect de nos assemblées.
03:23 Il ne faut pas transformer l'Assemblée en espace numérique.
03:26 On a cette hystérisation avec les réseaux sociaux de l'espace numérique.
03:30 Il faut préserver la démocratie représentative à travers le Sénat, à travers l'Assemblée nationale,
03:36 dans nos hémicycles où on doit être capable de se parler, de s'opposer,
03:40 mais non pas en échangeant des invectives, des pancartes, avec des pancartes à l'appui,
03:44 mais avec des arguments. C'est ça, la vraie démocratie.
03:47 – Sur le fond, faut-il, oui ou non, reconnaître l'État palestinien ?
03:51 – Aujourd'hui, non. Aujourd'hui, non, je vais vous dire,
03:54 tout simplement parce que ce serait accorder une victoire éblouissante, considérable au Hamas.
04:00 Ça serait consacrer cette victoire-là,
04:02 et ce serait consacrer la paternité islamiste de cet État.
04:06 En revanche, bien sûr, il faudra reconnaître l'État de Palestine.
04:11 Nous sommes pour la solution à deux États,
04:13 parce que ne pas le faire, ce sera là aussi encourager les islamistes.
04:18 – Ça veut dire que si je vous comprends bien,
04:20 vous êtes pour la reconnaissance de la Palestine, mais pas maintenant.
04:22 – Bien sûr, solution à deux États, parce qu'aujourd'hui,
04:25 ce serait une victoire pour les islamistes,
04:27 mais s'il n'y en avait pas demain, d'État palestinien,
04:29 ce serait encourager, ce sera après la paix.
04:32 D'abord la paix, d'abord la paix.
04:34 Et je veux simplement rappeler, y compris à l'extrême-gauche française,
04:37 qui parle beaucoup de cessez-le-feu,
04:39 le Hamas détient les clés du cessez-le-feu,
04:41 qui libère les prisonniers, les otages.
04:43 Vous vous rendez compte, depuis des mois et des points,
04:45 depuis le 7 octobre, ces hommes, ces femmes,
04:48 jeunes ou moins jeunes, qui croupissent dans les geôles du Hamas,
04:52 ils doivent être psychologiquement totalement détruits.
04:55 On peut penser à eux de temps en temps, non ?
04:57 – Bruno Retailleau, Emmanuel Macron s'est dit prêt à cette reconnaissance hier,
05:02 mais à un moment utile, pas dans l'émotion.
05:05 Au fond, vous dites la même chose, vous êtes sur la même ligne qu'Emmanuel Macron là-dessus.
05:08 – Oui, je pense que le moment n'est pas venu pour les raisons que je viens de vous indiquer.
05:11 – Il y a eu de nombreuses manifestations,
05:13 et Lafitte demande d'ailleurs à ce qu'il y en ait encore davantage,
05:16 il faut qu'elles soient autorisées, ces manifestations.
05:19 – Ecoutez, moi je pense que les manifestations doivent être autorisées
05:21 lorsqu'il n'y a pas de problème pour l'ordre public.
05:24 Simplement, et là encore, moi je reconnais à Israël le droit de se défendre.
05:29 C'est Israël qui a été attaqué de façon la plus abominable.
05:32 Ce sont des civils qui ont été massacrés.
05:35 Mais je veux aussi qu'Israël respecte son devoir, le devoir vis-à-vis de la population.
05:39 – Est-ce que vous estimez qu'il faut cesser le feu, qu'il faut qu'Israël cesse ces bombardements ?
05:43 – Bien sûr, mais il faut que les otages soient libérés.
05:46 Comment voulez-vous que la population israélienne,
05:49 qui a été traumatisée par ce pogrom qui est le plus lourd en termes de victimes depuis la Shoah,
05:54 puisse dire "on arrête de se défendre et on oublie les otages".
05:58 Il faut, et la clé c'est le Hamas qui la détient, qui libère les otages.
06:03 – Sur l'Ukraine et la Russie, depuis Berlin, hier soir tard,
06:06 Emmanuel Macron a affirmé qu'il voulait pouvoir permettre aux Ukrainiens
06:11 de "neutraliser les bases en Russie d'où sont tirés les missiles sur l'Ukraine".
06:15 En gros, il répondait à une question, à une demande de Volodymyr Zelensky,
06:20 qui s'est adressée notamment à nous, Français,
06:22 parce qu'on livre des missiles, qui s'appellent les missiles Scalp.
06:25 On les livre, mais on leur dit que pour l'instant,
06:28 ils ne sont autorisés à les utiliser que sur le territoire ukrainien.
06:32 Ce que demande Volodymyr Zelensky, c'est de pouvoir les utiliser
06:34 de l'autre côté de la frontière, c'est-à-dire de pouvoir toucher le sol russe.
06:38 Hier, Emmanuel Macron a donc pour la première fois ouvert la porte à cette possibilité.
06:42 Qu'est-ce que vous en pensez ?
06:44 – Je suis assez réservé, je pense qu'il faut prévenir tout risque d'escalade
06:48 et je pense que la meilleure façon d'aider l'Ukraine aujourd'hui,
06:52 c'est de leur livrer le matériel dont ils ont besoin, et notamment en munitions.
06:56 – Oui, mais si on leur livre le matériel, mais qu'on leur dit "vous l'utilisez de telle ou telle manière" ?
06:59 – Oui, mais les munitions, si, il y a beaucoup de matériel qu'ils devraient utiliser
07:03 et qu'ils n'utilisent pas.
07:05 Ils utilisent des milliers d'obus par jour, et nous, on en livre quelques milliers,
07:09 mais pas suffisamment.
07:10 – Mais Emmanuel Macron est assez précis, il dit qu'il ne souhaite évidemment pas l'escalade,
07:15 mais qu'il veut donner aux Ukrainiens, je cite, "le droit d'atteindre le point"
07:18 d'où sont tirés les missiles russes ?
07:21 Je comprends, mais à partir du moment où vous aurez cette arme
07:24 qui permet d'aller très très loin, en profondeur, dans le territoire russe,
07:28 comment vous pourrez dire, est-ce que vous serez derrière,
07:30 est-ce que le président de la République sera derrière le bouton
07:32 qui aura programmé justement cette attaque et le ciblage ?
07:35 – Vous redoutez que cette précision dans le ciblage de l'origine des missiles russes
07:41 ne soit pas forcément respectée ?
07:43 Ou que s'il y a le moindre dérapage, nous serons tenus pour responsables, nous, occidentaux ?
07:47 – Et je dis en revanche qu'il y a une façon très massive d'aider l'Ukraine
07:51 en livrant le matériel dont ils ont besoin, notamment en termes de munitions,
07:55 en termes de canons, en termes, je veux dire, notamment sur le sol,
07:59 mais aussi de missiles solaires.
08:01 – Bruno Retailleau, c'était bien votre dîner hier soir ?
08:04 – Quel dîner ?
08:05 – Quel dîner ? Vous faites le cachotier ?
08:07 – Avec Gérard Larcher ?
08:08 – Oui, avec Gérard.
08:09 – Avec Éric Ciotti ?
08:10 – Voilà, vous avez dîné, me semble-t-il, avec Gérard Larcher et Éric Ciotti au Sénat,
08:15 donc sur le...
08:17 – Si maintenant, à Pauline de Balherbe, si maintenant vous en êtes jusqu'à,
08:20 comment dirais-je, éspionner mes moindres fesses et gestes, mes dîners...
08:23 – Non mais disons que c'est un dîner politique.
08:24 – Oui.
08:25 – C'est un dîner politique.
08:26 – Bien sûr.
08:27 – Et quand vous vous retrouvez avec Gérard Larcher dans le contexte actuel,
08:29 je précise que ce matin, Gérard Larcher a livré une grande interview à l'agence France Presse,
08:34 qu'il précise qu'il n'est certes candidat à rien,
08:36 mais qu'il faudra bien tirer les leçons politiques de l'élection européenne.
08:40 On entend qu'il ne ferme pas la porte à cette option qui commence à grandir,
08:44 et qu'il puisse devenir Premier ministre, une sorte de Premier ministre d'ouverture,
08:47 voire même peut-être d'une forme de coalition, ou pas ?
08:52 – Je vais vous dire, moi je n'y crois pas.
08:54 – Ah, vous n'y croyez pas ?
08:55 – D'abord, ce n'est pas le récit qu'il m'a fait du déjeuner qu'il a eu avec Emmanuel Macron,
08:59 dont on parle tant, la presse, toute la presse, les médias bruisent de cette rumeur,
09:03 de ce déjeuner du 7 mars, où il y aurait eu quasiment un deal entre M. Macron,
09:07 le président de la République et le président du Sénat.
09:09 Ce n'est pas du tout le récit qu'il m'en a fait.
09:11 Gérard Larcher est un gaulliste, il respecte les institutions,
09:14 et il voit bien, comme beaucoup d'autres, que la Macronie est aux abois,
09:17 et qu'ils auront la gueule de bois, mais au-delà d'eux d'ailleurs, le 10 juin prochain.
09:22 Moi je pense que, parce que j'ai une lecture gaulliste des institutions,
09:26 quand la démocratie elle est bloquée, ce n'est pas les jeux de couloirs,
09:29 les arrangements de couloirs qui permettent de débloquer justement le problème,
09:33 c'est au contraire l'isoloir, c'est-à-dire la dissolution, le ressort au peuple.
09:38 C'est-à-dire que pour vous, il ne faut pas qu'il y ait cette forme de coalition ou de compromission,
09:42 si je vous entends quasiment, il faudrait une dissolution.
09:45 C'est-à-dire, si au fond, vous êtes plutôt d'accord de ce point de vue-là avec le RN,
09:49 qui dit que si on arrive très largement en tête, comme les sondages pour l'instant le laissent entendre,
09:54 il faudra en tirer les conséquences politiques, c'est-à-dire une dissolution.
09:57 Moi je pense que, en aucun cas, une cohabitation futelle douce avec Gérard Larcher et Emmanuel Macron
10:04 résoudrait le problème dans la mesure où, un, M. Macron n'est pas partageur,
10:08 ou deux, en arithmétique, Gérard Larcher entraînerait 30 ou 40 députés LR avec lui,
10:14 mais il y aurait sans doute une perte de 30 députés du côté gauche.
10:19 Mais plus fondamentalement, Apolline de Malherbe, ça sert à quoi la vie politique ?
10:24 Ça sert à exprimer des convictions, à mener des projets.
10:28 Or, notre politique à nous, nos convictions ne sont pas les mêmes qu'Emmanuel Macron.
10:32 En clair, ça sert à rien d'avoir un nouveau Premier ministre s'il n'y a pas une nouvelle politique.
10:36 M. Macron est-il prêt, par exemple, à recourir au référendum pour une politique migratoire ?
10:41 Est-il prêt à une révolution pénale avec des percours de prison dès les premiers délits ?
10:46 Est-il prêt à la sélection à l'université ? Est-il prêt à déburocratiser la France ?
10:51 Depuis 7 ans qu'il est là, il n'a rien fait de tout cela. Pourquoi le ferait-il maintenant ?
10:55 Si je vous entends Bruno Retailleau, vous dites "je n'y crois pas à ce scénario",
10:59 moi j'entends "je ne le souhaite pas ce scénario".
11:02 Je pense que ce scénario est un scénario purement fantaisiste.
11:06 Il n'existe que dans la tête des journalistes, du microcosme politique.
11:11 Je pense que M. Macron, encore une fois, n'est pas partageur.
11:14 Et je pense qu'il va continuer à faire du cabotage.
11:17 Malheureusement, il reste 3 ans et je vois bien au Sénat ou à l'Assemblée nationale...
11:20 Mais vous êtes prêt Bruno Retailleau, s'il y a une dissolution,
11:24 est-ce que LR prend toutes ses responsabilités, repartent aux élections ?
11:28 Bien sûr, quand il y a une dissolution, il y a le recours au peuple.
11:32 Vous pourriez, si jamais Emmanuel Macron, de lui-même, ne tirait pas ses conséquences,
11:36 cette lecture politique que vous faites, et ne faisait pas de lui-même une dissolution,
11:40 vous seriez prêt à soutenir cette motion de censure, cette décision de motion de censure à l'automne,
11:45 avec éventuellement la même conséquence, c'est-à-dire une dissolution ?
11:48 Tout est ouvert. Il y a quelques semaines, vous m'aviez interrogé sur la même question.
11:52 Sauf que depuis, Gérard Lachat, chaque fois qu'on lui pose la question, il nous voit.
11:56 Je suis d'accord, sauf que cette motion de censure, on en parle, et on l'a fait,
12:00 ou on n'en parle pas. Donc je n'en parle plus.
12:04 Vous n'en parlez plus, mais on entend du coup...
12:07 Bien sûr, vous êtes sénateur, je suis bien d'accord, ça se passe à...
12:10 Je peux vous dire que j'étais à l'Assemblée nationale, l'année ne se passerait pas,
12:14 sans que nous déposions une motion de censure, ou que nous la votions.
12:19 L'année ne se terminerait pas, mais quand vous dites l'année, c'est la saison ?
12:23 Oui, il y aurait bien une motion de censure, donc je l'ai bien compris.
12:27 En revanche, il y a une chose que je n'ai pas bien comprise, Bruno Retailleau,
12:31 c'est votre position sur la lutte contre l'homophobie.
12:33 Ça vous saoule ? Ça vous agace ? C'est même le mot que vous avez dit ?
12:36 Non, pas du tout. J'ai simplement dit que c'est une discrimination,
12:40 comme tout est discrimination, il faut en faire une juste cause.
12:44 Maintenant, la question qui m'était posée, elle était très précise.
12:48 Je vais préciser les choses. Et d'ailleurs, vous répondiez à mon collègue, Jean-Jacques Bourdin.
12:52 Il vous interrogeait sur le cas de Mohamed Kamara.
12:55 Mohamed Kamara, c'est ce joueur de l'AS Monaco, qui est d'ailleurs convoqué demain
12:59 devant la commission de discipline de la Ligue de football professionnelle.
13:02 Il a joué avec un gros scotch noir ostensiblement sur son maillot
13:08 pour masquer le logo de lutte contre l'homophobie.
13:12 Et à la question de savoir s'il fallait, oui ou non, le sanctionner...
13:15 Voilà, c'était la sanction.
13:16 Vous avez répondu...
13:18 Je pense qu'il aurait mieux valu.
13:19 Introduire cette cause de l'homophobie à tout bout de champ, ça peut nuire à la cause.
13:22 Ça peut même agacer les Français. Je vais vous citer précisément pour pas qu'il y ait d'erreur.
13:25 Il ne faut pas tout mélanger, car on mélange tout, les Français s'en rendent compte
13:28 et ça peut aboutir au résultat inverse, un agacement profond.
13:30 Vous dites que c'est agaçant.
13:32 Non, ce que j'ai voulu dire, c'est qu'on ne peut pas transformer les joueurs de foot
13:36 en panneau pour différent causes, parce qu'il y a beaucoup de causes.
13:39 Il y a l'homophobie, mais il y a le racisme.
13:44 Il y a aussi l'antisémitisme aujourd'hui.
13:47 Est-ce que vous avez vu les actes qui ont plus que triplé depuis quelques mois
13:51 par rapport aux années précédentes d'antisémitisme ?
13:54 Donc, à partir du moment où on choisit une cause, pourquoi cette cause plutôt que l'autre ?
13:58 Je pense que le sport doit être un moment où on essaie de se rassembler.
14:03 J'ai même fait... On a voté au Sénat.
14:07 Le texte va revenir, parce que le gouvernement n'en a pas voulu,
14:10 pour exclure tous les signes ostentatoires, religieux notamment.
14:14 Vous savez, les hijabeuses, etc.
14:17 Je suis pour sanctuariser des moments où on peut se rassembler.
14:21 Je pense qu'encore une fois, l'homophobie, on doit la combattre.
14:25 C'est une vraie cause.
14:26 Je vous repose la question Bruno Retailleau, parce qu'il est en effet
14:29 demain convoqué devant la commission de discipline.
14:31 Vous estimez... Parce qu'il y a quand même deux choses.
14:34 Il y a le fait de ne pas forcément se battre pour toutes les causes,
14:38 mais il y a le fait de masquer ossensiblement.
14:40 C'est pas rien. Jouer devant tous les jeunes de France,
14:44 dans un championnat français, avec un masque...
14:48 Enfin, masquer ostensiblement...
14:50 Je ne l'avais pas vu.
14:51 Moi je vous le dis, et je vous réponds.
14:53 Je vous réponds sur le fond.
14:55 C'est mon rôle d'homme politique.
14:57 Je vous réponds sur le fond.
14:59 Il y a plein de justes causes.
15:00 Dès lors qu'on en choisit une plutôt que l'autre,
15:02 ou alors chaque match, on choisit une cause.
15:04 Je précise qu'il y a 13% de plus d'agressions homophobes en 2023.
15:09 Mais bien sûr, il faut les combattre.
15:12 De même qu'il doit y avoir des centaines de pourcents de plus...
15:15 Mais dire devant le public, au fond,
15:17 "Moi je décide ostensiblement en montrant avec ce scotch
15:21 que je suis contre cette cause-là",
15:23 ça ne mérite pas de sanction.
15:25 Que ce soit inopportun, mais c'est pas à moi d'en décider, d'une part.
15:28 Et je pense qu'encore une fois, le sport est un moment de rassemblement.
15:33 Et si on décide cela, à ce moment-là, chaque semaine,
15:37 la fédération, les ligues, doivent décider les causes qui seront arborées.
15:41 Est-ce que c'est ce que l'on veut ? Est-ce que c'est souhaitable ?
15:44 Donc pour vous, il ne vaut mieux aucune cause ?
15:47 Je pense qu'il vaut mieux laisser au sport la pratique du sport,
15:51 le sanctuariser.
15:52 En revanche, il faut être intraitable.
15:55 Et quand un joueur ou des supporters
15:57 profèrent des propos homophobes,
16:00 que ce soit dans la tribune, ou racistes, ou sur le terrain,
16:03 alors la sanction est exemplaire.
16:06 Bruno Retailleau, sur la transidentité, au Sénat, chez vous,
16:09 il y a une proposition de loi sur la transition de genre des mineurs.
16:12 Elle est issue de sénateurs LR, d'une sénatrice d'ailleurs en particulier.
16:16 Et il est notamment question des bloqueurs de puberté.
16:19 Les bloqueurs de puberté, ce sont ces médicaments hormonaux
16:22 qui permettent de bloquer le développement de la poitrine,
16:24 ou de la pilosité, ou de la mue de la voix.
16:26 Vous exigez, vous voudriez exiger,
16:29 que l'autorisation d'avoir recours à ces médicaments
16:33 ne soit octroyée qu'après deux ans de suivi médical.
16:38 Il y a un problème qui est le problème de l'urgence chez les jeunes.
16:41 Non, il y a un problème, qui est un problème grave.
16:44 Et vous savez que beaucoup de pays,
16:46 la Finlande, la Norvège, la Suède,
16:49 il y a quelques mois, l'Angleterre, l'Espagne,
16:51 est en train de faire marche arrière aussi,
16:53 parce que ces pays sont allés très très loin
16:56 pour faciliter chez des mineurs, chez des enfants,
16:59 les transitions de genre.
17:00 Très bien. Moi, il ne me revient pas de dire s'il y a dysphorie ou pas.
17:04 Je ne suis pas médecin.
17:05 Dysphorie, c'est le fait de se sentir garçon dans un corps de fille
17:08 ou fille dans un corps de garçon.
17:09 Je vais vous dire ce que nous avons voulu faire.
17:11 Simplement, on sait très bien que dans ces âges,
17:13 notamment de puberté, d'adolescence,
17:15 on peut se sentir mal dans son corps.
17:17 Et nous ne voulons pas que certains poussent des jeunes
17:20 qui se sentiraient mal, qui voudraient peut-être
17:22 à un moment donné transitionner, sans trop savoir pourquoi.
17:25 On ne veut pas de traitements qui soient irréversibles.
17:27 Par exemple, la chirurgie. Par exemple, les traitements hormonales.
17:31 Vous ne voulez pas que ces traitements-là aient lieu quand ils sont mineurs ?
17:34 Exactement.
17:35 Vous ne voulez pas interdire ces possibilités-là ?
17:38 Bien sûr que non.
17:39 Mais simplement...
17:40 Moi, je pense que la dysphorie de genre existe vraiment.
17:42 Il faut la prendre en charge, mais il faut l'encadrer.
17:44 C'est la raison pour laquelle on a prévu des équipes médicales
17:47 pluridisciplinaires dans les CHU,
17:50 pour que les charlatans soient laissés de côté.
17:52 C'est qui les charlatans ?
17:53 Je ne sais pas.
17:54 Les militants, les gens qui poussent des jeunes à transitionner.
17:58 Le problème, c'est que quand on est mal dans son corps,
18:00 pour savoir si c'est une dysphorie de genre, ça n'est pas simple.
18:03 Et ce que je veux dire aussi solennellement, c'est que
18:05 un ressenti, un ressenti intime, ne fait pas un diagnostic.
18:09 Ça peut être, par exemple, une orientation homosexuelle.
18:12 Il faut l'assumer, c'est tout.
18:14 Il n'y a pas besoin de changer son corps si on a cette orientation-là.
18:17 Il faut simplement que le jeune se fasse à cette idée.
18:19 Et ce que nous avons voulu simplement, c'est de dire,
18:21 attention, il y a des pays qui ont été beaucoup plus tôt,
18:24 assez loin, et qui reviennent en arrière.
18:26 Mais le changement de genre et la question de l'orientation sexuelle sont pour vous liées ?
18:28 Non, non. Je veux dire que quand un jeune se sent mal dans son corps,
18:32 et c'est le témoignage d'un médecin dont je vous parle,
18:35 d'une jeune fille, voilà, qui voulait transitionner.
18:40 Et au fil de consultation, il se rend compte que,
18:42 finalement, il y avait une orientation homosexuelle.
18:45 Le médecin lui dit, mais est-ce que tu ne devrais pas plutôt l'assumer,
18:47 plutôt que de vouloir recourir à une chirurgie, à l'hormonothérapie ?
18:51 Ça peut être lourd, et surtout, notamment la chirurgie,
18:55 mais l'hormonothérapie, il peut y avoir des choses qui sont irréversibles.
18:59 Et vous savez, on a eu, par exemple, Jacqueline Osage-Brinaud,
19:02 et le groupe de travail de mon groupe, LR,
19:05 a recueilli des témoignages, c'est terrible,
19:07 de jeunes qui ont été incités à transitionner,
19:10 et ils ont commis un certain nombre d'actes,
19:12 notamment chirurgicaux, hormonaux, qui sont irréversibles.
19:15 Et alors qu'ils voudraient faire machine arrière.
19:17 Donc, beaucoup de respect, beaucoup de respect,
19:19 pour les transgenres, peu importe, ce n'est pas notre souci.
19:22 On veut simplement s'assurer qu'il y a un encadrement médical,
19:26 qu'on ne se précipite pas chez les jeunes,
19:28 pour ne pas créer des conséquences qui seraient irréversibles.
19:31 Mais vous prenez le temps, ce matin, de dire le respect que vous avez pour la transition.
19:36 Mais on est dans une société de fous, on s'invective, etc.
19:40 Il y a un principe de précaution qui doit valoir d'abord pour les êtres humains.
19:44 Et quand on est convaincu, quand les médecins,
19:47 quand une équipe médicale pluridisciplinaire, bienveillante,
19:50 va dire "là on est vraiment dans une dysphorie, là on a les bloqueurs du puberté",
19:55 puis ensuite viendra le moment, après 18 ans...
19:57 Ne pas interdire ces médicaments, mais faire en sorte qu'ils soient mieux encadrés, d'après vous.
20:01 Merci Bruno Rotaillou d'être venu à ce micro.
20:03 Vous êtes le président du groupe LR au Sénat.
20:06 Il est 8h52 sur AMC BFM TV.