SMART IMPACT résume certains des leviers de financement de la transition énergétique et environnementale des entreprises. Marie-Anne Bechereau, adjointe directrice climat de Bpifrance, rappelle l’action de la « Banque du climat » et ses nombreux dispositifs de soutien. À ses côtés, Matthieu Guillermou, codirigeant d’Arexa, explique pourquoi son entreprise, spécialiste de l’optimisation des coûts, a lancé Ecorexa. Cette offre permet aux entreprises de flécher les économies réalisées pour autofinancer une partie de leur transition.
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00:00Retrouvez le débat de Smart Impact avec Veolia.
00:12Le débat de Smart Impact avec pour thème le financement de la transition écologique.
00:17Je vous présente mes invités, Mathieu Guillermoux, bonjour.
00:20Vous êtes le directeur d'AREXA et Marianne Béchereau, bonjour.
00:23Directrice adjointe climat chez BPI France.
00:26Deux mots de présentation.
00:27AREXA d'abord, cabinet spécialisé dans l'optimisation des coûts pour les entreprises, c'est ça ?
00:32Exactement, c'est une solution qu'il y a deux décennies qu'on développe, qui est un peu magique,
00:37qui permet en utilisant la data disponible dans les entreprises
00:41à détecter des pistes d'optimisation, des pistes d'économie.
00:44Donc la data disponible, c'est un grand mot, mais en fait, qu'est-ce que c'est ?
00:47C'est tous les documents qui sont stockés, qui sont conservés, qui sont produits par les entreprises.
00:51Donc ça va être les factures, les contrats, les bulletins de salaire et les relevés de consommation.
00:55Qu'on vient agréger, modéliser et en y mettant à vendre la data science et maintenant de plus en plus de l'IA,
01:01on en tire des pistes d'optimisation avec le benchmark, avec l'expertise et avec nos équipes.
01:05Et alors évidemment, ça doit varier en fonction des entreprises, de leur taille, des secteurs,
01:09mais on peut optimiser jusqu'à quel niveau ?
01:12Jusqu'à combien ?
01:13On a dû vous la poser souvent cette question.
01:15Il y a certains sujets que nous, on ne traite pas, on ne touche pas à l'organisation,
01:17on ne touche pas à l'emploi, on ne touche pas au salaire.
01:19On est vraiment sur des optimisations qui sont indolores en termes d'organisation,
01:22en termes de qualité de service.
01:24Et les ratios, là, on vient de terminer un projet pour un industriel de l'Ouest,
01:27une société de 400 personnes et on fait à peu près 400 000 euros d'économie.
01:30Donc voilà, ça fait un ratio à peu près 1000 euros par salarié.
01:34Marianne Béchereau, la transition écologique et énergétique des entreprises,
01:38j'allais presque dire, c'est devenu la mission principale de BPI ?
01:43BPI France a deux plans stratégiques, mais qui se relient et qui sont frères.
01:47Le plan climat et le plan industrie.
01:49Le plan climat, il est né en 2020.
01:51D'un constat assez fort qu'ont fait nos collègues du Lab de BPI France,
01:55qui font les études auprès des PME.
01:57Ils avaient trois constats sur les dirigeants de PME et la transition écologique.
02:00Premièrement, le manque de formation.
02:03Et plus le dirigeant est informé des enjeux, des défis du siècle qu'on a devant nous,
02:08plus ces plans de transition seront importants.
02:10Donc on a développé une offre de formation gratuite en ligne sur BPI France Université
02:14ou en présentiel avec des séminaires.
02:17Ensuite, le deuxième constat qu'ils avaient, c'est que le dirigeant nous dit
02:20« Très bien, je suis conscient, je veux agir, mais je ne sais pas par où commencer.
02:23Je n'ai pas le temps, je n'ai pas les compétences. »
02:25Donc on a développé toute une offre de diagnostics,
02:27des diagnostics techniques qui sont subventionnés
02:30avec des bureaux d'études et des experts partenaires
02:33qui viennent faire un bilan carbone dans l'entreprise,
02:36un état des lieux des flux pour faire des économies d'énergie, d'eau, etc.
02:40et des missions de conseil en stratégie également.
02:42Et le troisième élément ?
02:44Le troisième élément, c'était bien sûr, et c'est la nature de BPI France,
02:47le financement. Je n'ai pas les moyens.
02:49Donc on a toute une gamme de prêts, des prêts sans garantie, sans sûreté,
02:52des prêts pour renouveler ses actifs, des prêts spécifiques pour l'industrie
02:56qui permettent de financer le plan de transition.
02:58Évidemment, et on rentrera dans le détail de ces différentes offres.
03:03Qui sont vos clients, Mathieu Guillermoux ?
03:06C'est des petites entreprises, des grandes, des moyennes, un peu de tout ?
03:09Voilà, un peu de tout. Il y a des secteurs d'activité qui sont très demandeurs
03:13parce que les marges sont faibles et parce qu'il y a cette culture d'optimisation.
03:16Donc je pense à l'industrie, aux services, l'agroalimentaire.
03:19Et en termes de taille, nous, on va commencer sur la PME,
03:22100, 150 personnes et accompagner des groupes du CAC 40.
03:25Et alors, on va rentrer dans le cœur de ce débat,
03:27financement de la transition écologique.
03:29Vous proposez un nouveau service qui s'appelle EcoREXA.
03:31Tout à fait.
03:32Donc là, on est vraiment au cœur de cette promesse.
03:34C'est-à-dire que les gains que vous faites réaliser,
03:36vous allez aider les entreprises à les flécher, c'est ça ?
03:38Alors, on va inciter les entreprises à les flécher.
03:41On va leur dire, en fait, ces économies-là, elles n'ont pas été budgétées.
03:44Elles tombent un peu du ciel.
03:45Et si, finalement, c'était la cagnotte qui va permettre de lancer,
03:48de faire le nudge, le coup de pouce, votre transition écologique.
03:51Et avec les collègues de la BPI, en plus, il y a plein de subventions possibles.
03:55Donc les 400 000 euros, l'exemple que je prenais,
03:57on peut arriver à les transformer, si on les met sur des sujets de transition écologique,
04:00en 500 000 euros et donc de rendre l'impact encore plus fort.
04:03Ça, c'est la première mission qu'on porte.
04:05Et la deuxième, c'est d'aller voir des entreprises qui veulent faire,
04:08qui ont des projets, mais qui sont limités financièrement.
04:10Et on va leur dire, on va trouver, pour vous, pour financer un projet.
04:13On a l'exemple, par exemple, d'un client qui veut remplacer des fours à gaz par des fours électriques.
04:17S'il attend la fin de vie et le renouvellement naturel, ce sera 2035.
04:21Nous, on va l'aider à faire en sorte que ce soit 2025.
04:23Alors cette idée d'aller chercher les clients, presque d'évangéliser, je mets des guillemets,
04:28sur cette transition écologique, c'est un peu la logique de BPI France.
04:33J'ai lu que vous mobilisez 35 milliards d'euros d'ici 2028.
04:37Alors, double question.
04:39Combien d'entreprises potentiellement concernées ?
04:43Et puis là aussi, est-ce que vous faites du porte-à-porte ?
04:45Est-ce que vous allez les chercher pour leur dire, on est là pour vous aider ?
04:47C'est tout à fait ça. C'est exactement la bonne expression.
04:50On fait un porte-à-porte de masse.
04:51On a déjà commencé. Depuis 2020, c'est déjà 20 milliards.
04:54Maintenant, on va faire encore 35 milliards.
04:57Et ce porte-à-porte de masse vise à toucher 20 000 entreprises en France.
05:01Qui ne connaissent pas. C'est un manque d'information.
05:03Le manque d'information, vous nous disiez ça au début.
05:05On a identifié des leviers d'accélération vers la transition environnementale.
05:10Il y a d'abord le manque d'information,
05:12donc aussi sur l'existence de ces aides, de ces subventions ?
05:15Tout à fait. C'est des entreprises qui ne sont pas forcément
05:17clients de BPI France pour bénéficier de tous ces accompagnements.
05:19Il n'y a pas besoin d'avoir contracté un prêt à la BPI.
05:22On peut toucher beaucoup d'entreprises par le biais de ces premiers diagnostics,
05:26de ces premières subventions.
05:28Mais on discute également avec tous nos clients
05:30qui ne sont pas nécessairement venus nous voir pour la transition écologique.
05:33Si vous venez nous voir pour un prêt à l'innovation,
05:35pour un prêt pour l'export, votre chargée d'affaires BPI France
05:38discutera de vos enjeux de transition avec vous, systématiquement.
05:41Vous diriez que vous êtes complémentaire avec l'offre que fait Rexa ?
05:45Oui, complètement. On en discutait juste avant.
05:48Les budgets publics ont vocation également à devoir un petit peu décroître.
05:52Et on va avoir besoin que le privé prenne le relais
05:55de la première partie que le public a pu permettre de lancer.
05:59A pu initier, oui.
06:00Exactement. Le fait que les entreprises puissent dégager des marges
06:04pour financer leur plan de transition,
06:06qu'elles ont pu définir avec un diag BPI France par exemple,
06:08c'est tout à fait vertueux.
06:10Prenons l'exemple d'une PME.
06:12Est-ce que vous avez souvent le discours,
06:15mais la transition écologique, je ne sais pas par quel biais la prendre.
06:18Et puis surtout, je n'ai pas les ressources internes,
06:21je n'ai pas les moyens. Vous voyez ce que je veux dire ?
06:23Ça arrive systématiquement, tôt ou tard.
06:25Plus l'entreprise est petite, plus on a ce discours-là ?
06:27Forcément, parce que c'est beaucoup les dirigeants,
06:30la culture et l'engagement qui drivent ça.
06:32Mais la question de la finance, elle arrive forcément à un moment.
06:36Elle peut arriver un peu plus tard,
06:37mais il y a forcément un moment où on est limité.
06:39Dans certains cas, ça arrive très tôt.
06:41Ça peut même être une excuse pour ne pas démarrer,
06:43en se disant que je n'ai pas les sous,
06:45ou mes clients ne me laissent pas suffisamment de marge pour se transformer.
06:47C'est quelque chose qui arrive systématiquement.
06:50Je crois que là où il y a un changement de prise de conscience,
06:53c'est sur les autres bénéfices de la transition écologique.
06:55Alors oui, il y a un aspect sociétal.
06:57On ne va pas revenir dessus.
06:58C'est évident et c'est indispensable.
06:59Mais les entreprises se rendent compte,
07:01et il y avait une étude du BCG là-dessus,
07:02que quand on investit dans la décarbonation,
07:05on est quelque part plus vertueux, plus performant,
07:08et au final, plus rentable.
07:10Parce qu'en fait, ça amène une culture.
07:11Quand on investit dans la RSE,
07:13en termes de sens pour nos salariés,
07:15en termes de marque employeur,
07:16quand on recrute, ça amène aussi finalement des bénéfices
07:18et ça rend les choses un petit peu plus simples.
07:20Et ce virage-là, on sent que les entreprises sont en train de le prendre.
07:23Mais en fait, l'aspect marque employeur,
07:25je pense que c'est peut-être ce qui est apparu prioritairement
07:29quand il y a eu ces choix,
07:31l'amorce du mouvement de transition,
07:33puis de transformation environnementale,
07:35avec parfois des exemples de greenwashing,
07:36on n'y reviendra pas.
07:37Mais le fait d'un seul coup,
07:39de rajouter la brique financement,
07:41on passe à l'échelle d'une certaine façon,
07:43ça change la donne ?
07:44En fait, c'est le carburant.
07:45On parle de transition énergétique.
07:47Mais c'est ça, c'est ce qui permet de démarrer.
07:49Et nous, le but,
07:50on n'a pas des milliards d'euros à accompagner,
07:52mais c'est de donner finalement le coup de pouce
07:54qui va permettre de faire les premières actions
07:56et de lancer la mécanique.
07:58Est-ce qu'il faut une mise de base ?
07:59Vous voyez ce que je veux dire ?
08:00Parce que je suis en train d'imaginer la complémentarité.
08:02Vous disiez tout à l'heure,
08:03on dégage 400 000 euros dans une entreprise de 400 personnes.
08:09Est-ce qu'il faut une mise de base pour venir voir la BPI ?
08:11C'est-à-dire, j'ai déjà, je ne sais pas,
08:13100 000, 200 000, 400 000,
08:14ou pour des plus grosses entreprises, 2 millions,
08:16donc vous pouvez m'aider.
08:17Non, il ne faut pas de mise de base.
08:18Il ne faut pas de mise de base d'abord
08:19parce que les formations, par exemple, sont gratuites.
08:21Parce que la communauté du coq vert, par exemple,
08:24qui est une communauté de PME en transition engagée,
08:26elle est complètement gratuite.
08:28Il y a beaucoup d'aides, en fait,
08:29qui permettent déjà d'amorcer
08:31avec peut-être un reste à charge de 2 000, 3 000, 4 000, 5 000 euros
08:35que nos collègues pourront nous aider à dégager
08:37de manière indolore, par exemple.
08:39Alors, on ne va pas lister toutes les...
08:41Il y a pré-industrie verte, pré-nouvelle industrie, garantie verte,
08:43vous l'avez un peu évoqué tout à l'heure.
08:45Je reste sur l'exemple PME.
08:46Est-ce que ce sont des offres qui valent
08:49pour tout type d'entreprise, toute taille d'entreprise,
08:51ou alors il y a des offres spécifiques fléchées vers les PME ?
08:54La plupart de nos offres chez BPI France sont pour les PME.
08:58Même le prêt industrie verte est éligible pour des PME industriels.
09:03La garantie verte, c'est clairement pour inciter les banques
09:06à financer les projets de transition des PME.
09:08Donc, clairement, notre coeur de cible chez BPI France, c'est les PME.
09:11Et même de plus en plus, les TPE,
09:13avec une offre de prêt en ligne,
09:15avec une souscription 100 % digitale,
09:18le prêt Action Climat, pour ne pas le citer,
09:21qui fait la promesse de pouvoir financer votre projet de transition
09:25jusqu'à 75 000 euros avec un décaissement en cinq jours.
09:28Oui, donc c'est vraiment là aussi de la rapidité, de l'efficacité.
09:34Si vous devez identifier l'un et l'autre des freins,
09:37quels sont-ils et comment lutter contre ces freins ?
09:40Je commence avec vous.
09:41Alors, nous, il y a un frein évident,
09:43c'est la sensibilisation ou l'insensibilisation.
09:46C'est-à-dire que vraiment, c'est l'élément transformant.
09:49On a fait en 2023, nous, le parcours
09:51de la Convention des entreprises pour le climat.
09:53Ça a été un révélateur pour nous et pour les autres entreprises.
09:55C'est-à-dire qu'à un moment, on s'est vraiment posé la question
09:57de quel était notre sens ?
09:58Qu'est-ce qu'on apportait à la société ?
10:00Et finalement, notre boîte, elle sert à quoi ?
10:02C'est presque ça, la question.
10:03Et je pense que ça, c'est vraiment le premier frein.
10:05Vous créez Correxa après cette démarche ?
10:07Exactement. Pendant, après.
10:08On a reçu plein d'entreprises qui ont participé
10:11à la Convention des entreprises pour le climat.
10:13C'est vraiment étonnant de voir, parfois,
10:15le changement d'état d'esprit, voire le modèle économique.
10:18Exactement. Nous, on en est là.
10:19L'été dernier, on commence à dessiner.
10:22Et là, les premiers clients en début 2024.
10:26Et je pense que c'est ça le premier
10:28et j'ai envie de dire presque le seul frein.
10:30Après, quand cette bascule-là a été faite,
10:32les financements, ils existent, on les trouve.
10:34On sait où aller toquer, la porte de la banque, la BPI.
10:37Nous, on est là pour ça aussi.
10:39Donc, le premier frein pour moi, c'est la sensibilité.
10:40Et pour vous, Marianne Béchereau,
10:41c'est quoi le frein principal aujourd'hui ?
10:43J'irais presque. Juste après,
10:44après la sensibilisation du dirigeant,
10:46il y a aussi l'embarquement des équipes.
10:48Et dans la communauté du Coq-Vert,
10:49on en discute beaucoup entre dirigeants
10:51qui sont convaincus et qui ont parfois du mal
10:53à aller embarquer leurs équipes,
10:54même avec des comités RSE, des projets.
10:57Ça, c'est étonnant. Je suis assez surpris.
10:59C'est très intéressant.
11:00Parce qu'on pourrait, au contraire, se dire
11:02que c'est un moyen de recruter,
11:05de fidéliser ses salariés, etc.
11:10C'est un marque-employeur, on y revient.
11:12Et vous dites que ce n'est pas si facile
11:13d'embarquer les salariés.
11:14Ce n'est pas toujours facile.
11:15Vous l'avez dit tout à l'heure,
11:16il y a eu beaucoup de greenwashing.
11:18Je discutais avec un dirigeant qui me disait
11:20sa solitude à mener de front le projet
11:22de transition de son entreprise
11:24parce qu'il entendait parfois dans les couloirs
11:26« de toute façon, c'est que pour vendre plus », etc.
11:29Parfois, réussir à emmener ses équipes avec soi
11:32et également à former ses équipes sur ses enjeux,
11:34sur pourquoi on fait tout ça, c'est important.
11:36C'est pour ça que c'est, d'une part,
11:37la formation des équipes.
11:38Quand dans nos missions,
11:39on a assez de jours pour le faire,
11:41on a toute une partie formation du codire,
11:43voire de l'ensemble de l'entreprise
11:45pour être sûr qu'on est tous dans le même bateau,
11:48dans la même direction.
11:49Merci beaucoup.
11:50Merci à tous les deux et à bientôt sur Bsmart.
11:53On passe à notre rubrique Start-up
11:55avec des pièces auto-reconditionnées.