• il y a 7 mois
Avec Manuel Bompard, député des Bouches-du-Rhône et coordinateur de La France Insoumise

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##L_INVITE_POLITIQUE-2024-05-28##

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News
Transcription
00:00Sud Radio, l'invité politique, Jean-Jacques Bourdin.
00:07Il est 8h35, bonjour à toutes et à tous.
00:10Vous voulez savoir, alors parlons vrai ce matin avec Manuel Bompard,
00:13qui est député LFI des Bouches-du-Rhône et coordinateur de la France Insoumise.
00:18Manuel Bompard, bonjour.
00:19Bonjour.
00:20Merci d'être avec nous.
00:21Je vais commencer, nous allons parler évidemment du Proche-Orient, de l'Ukraine,
00:25nous allons parler d'Europe, nous allons parler de la réforme de l'assurance-chômage,
00:29mais je voudrais commencer avec ces 20 milliards d'euros d'économie
00:32nécessaires pour boucler le budget 2024.
00:3520 milliards d'euros d'économie annoncés par le gouvernement,
00:39pas de loi de finances rectificatives, vous allez déposer une motion de censure ?
00:44En tout cas, c'est ce qu'il y a à peu près moins d'un mois,
00:48nous avions dit au gouvernement que nous lui fissions un ultimatum, en quelque sorte,
00:53et qu'il avait un mois pour déposer un projet de loi de finances rectificatif,
00:57juste pour que les gens, après je vais répondre à votre question,
00:59mais pour que les gens qui nous écoutent le comprennent,
01:01c'est quand même normal qu'à partir du moment où par rapport au budget
01:04qui a été décidé à la fin de l'année dernière,
01:06il va y avoir des modifications substantielles,
01:08c'est quand même normal que ça se fasse par une discussion à l'Assemblée Nationale.
01:11Or le gouvernement refuse de déposer ce qu'on appelle un projet de loi de finances rectificatifs
01:15qui permet effectivement d'en discuter.
01:17Donc nous lui avons fixé un ultimatum il y a moins d'un mois maintenant,
01:21et cet ultimatum arrive à échéance en milieu de semaine,
01:24et oui si en milieu de semaine le gouvernement n'a toujours pas déposé
01:27de projet de loi de finances rectificatives,
01:29nous déposerons une motion de censure, je vous le confirme.
01:31– Mais nous sommes en milieu de semaine là, nous sommes mardi.
01:33– Nous sommes mardi, je crois.
01:35– Mais vous allez la déposer, parce que le gouvernement ne va pas bouger, il l'a dit.
01:38– A priori le gouvernement ne va pas bouger,
01:41donc oui je vous le confirme, si le gouvernement ne bouge pas,
01:44je lui laisse encore un ou deux jours pour respecter le délai que nous avons fixé,
01:47mais oui je vous le confirme, nous déposerons une motion de censure d'ici la fin de semaine.
01:51– Donc d'ici la fin de semaine, dépôt d'une motion de censure,
01:54ce qu'a fait d'ailleurs le Rassemblement National.
01:56– A ma connaissance le Rassemblement National n'a pas encore déposé de motion de censure.
01:59– Oui il n'a pas déposé, mais ils vont déposer aussi d'après ce que je crois savoir.
02:03– Vous voteriez d'ailleurs une motion de censure de l'IRN ?
02:06– Non, si nous déposons notre propre motion de censure, nous proposons de voter celle-là.
02:10– Bien, avec un examen avant les européennes.
02:13– Oui bien sûr, puisque la règle constitutionnelle c'est qu'à partir du moment
02:16où vous déposez une motion de censure, elle doit être examinée dans les 48 heures.
02:20– Donc oui bien sûr.
02:21– Puisque je parlais du RN, le vent mauvais de l'extrême droite souffle en Europe.
02:26Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Emmanuel Macron, vous êtes d'accord ?
02:30– Le vent mauvais de l'extrême droite souffle en Europe ?
02:33– Sur le constat, sur l'analyse, oui, après sur les responsabilités
02:36que porte lui-même Emmanuel Macron dans la progression de l'extrême droite,
02:39là je pense que j'aurais un désaccord majeur avec lui.
02:41Mais oui bien sûr on voit partout en Europe des idées, des propositions politiques
02:46qui se basent sur le rejet de l'autre, la xénophobie, le racisme qui progresse.
02:52Oui c'est un fait malheureusement et je le regrette et personnellement je le combat.
02:57Et c'est pourquoi, puisque nous sommes dans la campagne des élections européennes,
03:00c'est pourquoi moi j'appelle tous les gens qui nous écoutent
03:03à refuser cette progression de l'extrême droite et à voter pour la liste de Manon Aubry
03:08parce que je crois que c'est la seule qui peut proposer un autre chemin face...
03:12On le voit bien, le macronisme est en train de dégringoler
03:16et malheureusement fait dégringoler notre pays.
03:18Face à cette situation, il faut une alternative
03:21et cette alternative ça ne peut pas être l'extrême droite.
03:23Et donc ce que nous proposons avec Manon Aubry dans cette campagne des élections européennes,
03:27c'est de montrer qu'il existe un autre chemin pour notre pays
03:30et ce chemin c'est celui de l'union populaire.
03:32– Manuel Bompard, parlons du Proche-Orient,
03:34est-ce qu'Israël est une monstruosité sans nom ?
03:37– Vous avez vu les images ?
03:39Vous avez vu ces images terribles de ce bombardement
03:42contre un camp de réfugiés avec des corps calcinés.
03:47– Un camp de déplacés, ce n'est pas un camp de réfugiés.
03:51– Vous êtes d'accord que les personnes qui étaient sur place
03:54sont des populations civiles qui sont bombardées dans une situation qui est dramatique.
04:00Moi je ne sais pas, je crois comme plein de gens
04:03qu'on a eu du mal à dormir en voyant ces images.
04:05Donc oui, quand Israël fait ça, c'est une monstruosité sans nom, bien évidemment.
04:09Maintenant, si derrière votre question il y a le fait de savoir
04:13si nous sommes opposés à l'existence de l'État d'Israël,
04:15nous avons déjà répondu dix mille fois à cette question et nous avons rappelé…
04:18– Non, je vous dis ça parce que vous pensez comme moi à ce qu'a dit Rima Hassan,
04:22c'est sans doute le sens de votre question.
04:24– Israël ne survivra pas dans sa forme actuelle.
04:26– Dans sa forme actuelle ?
04:27– C'est ce qu'elle a dit.
04:28– Dans sa forme actuelle mais j'entends ce qu'elle dit.
04:29– Ça veut dire quoi ?
04:30– Je pense que ça veut dire que si le projet israélien
04:34s'appuie sur une volonté de nettoyage ethnique
04:38de la population palestinienne, de la bande de Gaza,
04:41oui je pense qu'on va avoir un problème qui est un problème majeur
04:44et je pense que c'est ça qu'il faut refuser.
04:46C'est pourquoi notre responsabilité c'est d'arrêter le criminel de guerre,
04:50M. Netanyahou, qui dirige aujourd'hui le gouvernement israélien,
04:54pour faire en sorte qu'on trouve un chemin qui soit un chemin de paix.
04:57Et pour ça il faut qu'il y ait un cessez-le-feu le plus rapidement possible.
05:00Et là franchement, la France ne peut pas continuer à faire la sourde oreille,
05:05voire parfois à couvrir les exactions de l'armée israélienne.
05:08– Emmanuel Macron a condamné et demandé un cessez-le-feu.
05:10– Mais justement, précisément, vous voyez bien Emmanuel Macron,
05:12ça fait depuis des mois et des mois qu'il dit je demande un cessez-le-feu,
05:16qu'il dit l'armée israélienne doit agir dans le respect du droit international.
05:20Mais ce n'est pas le cas.
05:21Aujourd'hui l'armée israélienne ne respecte pas le droit international.
05:24Et qu'est-ce que fait Emmanuel Macron ?
05:25Pas seulement pour demander par un tweet que les exactions de l'armée israélienne s'arrêtent,
05:29mais pour contraindre le gouvernement israélien à cesser le feu.
05:33Il a des leviers d'action pour contraindre le gouvernement israélien à le faire.
05:37L'Union Européenne est aujourd'hui le premier partenaire commercial de l'État d'Israël.
05:41Qu'est-ce qu'attend le Président de la République pour proposer au niveau européen
05:45la suspension de l'accord d'association entre l'Union Européenne et Israël ?
05:48Qu'est-ce qu'il attend pour décréter un embargo sur les livraisons d'armes ?
05:51Qu'est-ce qu'il attend pour infliger des sanctions économiques à l'égard du gouvernement israélien ?
05:56Qu'est-ce qu'il attend pour utiliser les leviers d'action,
05:58par exemple la reconnaissance de l'État de Palestine ?
06:00Ça c'est des choses qu'on peut faire.
06:01Et si le gouvernement français ne le fait pas,
06:03je dis que c'est aussi un enjeu des élections européennes le 9 juin.
06:06Parce que vous allez envoyer des députés européens qui vont pouvoir agir sur ce sujet.
06:09Il est complice de Netanyahou ?
06:11Est-ce qu'Emmanuel Macron est complice de Netanyahou ?
06:14En n'agissant pas, en n'utilisant pas les leviers d'action dont je suis en train de vous parler,
06:18le Président de la République laisse faire M. Netanyahou.
06:22Et en continuant à livrer des armes, oui, la France a une complicité.
06:25Il est coupable ?
06:26Oui, bien sûr.
06:27Il est coupable ?
06:28Oui, bien sûr, il est coupable.
06:30Écoutez, quand on n'utilise pas les leviers d'action à notre disposition
06:33pour faire en sorte que le génocide, et je pèse mes mots en cours,
06:37aujourd'hui à Gaza s'arrête, oui, il y a une forme de culpabilité.
06:40Manuel Bompard, le Hamas tire sur Israël des missiles.
06:45Des missiles qui peuvent tuer aussi des civils, évidemment.
06:49Des missiles tirés d'une zone où vivent des déplacés, des femmes, des enfants, des vieillards.
06:54Israël réplique aveuglément les coupables.
06:58Ne sont-ils pas les deux belligérants aujourd'hui ?
07:01Mais aujourd'hui, quand des enfants dans un camp de déplacés, je reprends les termes,
07:07reçoivent une bombe, je suis désolé, le seul coupable c'est celui qui a envoyé la bombe.
07:11Parce que sinon, au bout d'un moment, c'est une manière d'exonérer l'armée israélienne de ses responsabilités.
07:15Maintenant, si vous voulez me poser la question de savoir, qu'est-ce qu'il faut faire demain ?
07:20Parce que c'est ça la question qui doit être posée.
07:22Qu'est-ce qu'il faut faire demain ? Il faut obtenir un cessez-le-feu,
07:25il faut négocier, avoir un accord négocié qui doit inclure bien évidemment
07:28la libération des otages détenus par le Hamas,
07:30la libération de prisonniers politiques palestiniens,
07:33et l'ouverture d'une perspective politique.
07:35Et cette perspective politique, elle doit aller dans le respect du droit international,
07:39c'est-à-dire l'application pleine et entière des résolutions de l'Organisation des Nations Unies.
07:43Voilà comment on arrêtera une situation qui est une situation dramatique tout simplement.
07:46Mais non, je ne dirais pas aujourd'hui que face aux massacres qui sont en cours,
07:49c'est le Hamas qui en porte la responsabilité.
07:51Je suis désolé, mais c'est l'armée israélienne.
07:53Elle est partagée ou pas ?
07:54Dans quoi ?
07:55Cette responsabilité.
07:56Mais pas quand des bombes tombent sur des enfants.
07:58Non, c'est ceux qui envoient les bombes qui sont responsables,
08:00quand les bombes tombent sur les enfants.
08:01Et quand des missiles partent en direction d'Israël, ils risquent de tuer ?
08:04Ils sont responsables.
08:07Le Hamas a la responsabilité de l'envoi de ces missiles, bien évidemment.
08:10Et moi, je ne suis pas d'accord pour que la solution ça soit un embrasement
08:14et une violence qui répond à une violence.
08:16Je ne suis pas d'accord avec ça.
08:17Dans une guerre, et c'est là où vous demandez effectivement à cesser le feu, à juste raison,
08:20mais dans une guerre, des civils meurent.
08:23C'est Jean-Luc Mélenchon qui le rappelait justement il y a quelques années
08:27lorsque les Russes bombardaient Daesh.
08:30Oui, dans une guerre, des civils meurent, Manuel Bombard.
08:33D'accord, monsieur Bourdin.
08:34Sauf que la réalité aujourd'hui, c'est que non, je ne crois pas à la théorie de l'erreur accidentelle.
08:41Je pense que ce que fait l'armée israélienne...
08:44C'est sciemment fait pour tuer des civils.
08:47Je pense qu'il y a une partie du gouvernement israélien d'extrême droite
08:50qui a un projet très clair...
08:51Pour exterminer la population palestinienne.
08:53Oui, qui a un projet de nettoyage ethnique.
08:54D'ailleurs, tout ça est documenté avec des gens qui essayent de vider
08:57la bande de Gaza de la population palestinienne.
09:00Et avec, dans un certain nombre de déclarations de hauts dirigeants politiques israéliens,
09:06une volonté génocidaire qui, de mon point de vue, est avérée.
09:09Et d'ailleurs, je ne suis pas le seul à le penser.
09:11Il y a un certain nombre de rapporteurs des Nations Unies
09:14qui ont produit un rapport qui s'appelle « Anatomie d'un génocide »
09:17et qui prend un certain nombre de déclarations des hautes autorités israéliennes
09:20qui attestent de cet état de fait.
09:22Donc maintenant, puisque justement nous ne voulons pas qu'il y ait encore plus de civils qui meurent,
09:26il faut que ça s'arrête.
09:28Et pour qu'il faut que ça s'arrête,
09:30il faut que la France utilise les leviers à sa disposition pour que ça s'arrête.
09:34Ça me paraît assez simple de dire ça.
09:37Et la France ne peut pas continuer, comme le fait le président de la République, Emmanuel Macron,
09:41à déplorer par des tweets, des gesticulations,
09:44qui ne changent rien à la réalité de la situation.
09:46– Bien, Manuel Bompard, des bombes, des bombardements tuent des civils à Gaza,
09:52des bombardements tuent des civils à Kharkiv.
09:56La Russie tire délibérément sur un supermarché à Kharkiv,
10:0016 morts, c'était le week-end dernier, samedi,
10:03de nombreux blessés, des disparus,
10:05les Russes ont encore bombardé un centre commercial à Kiev.
10:10Même chose, même mot, c'est génocidaire, c'est la volonté...
10:16– Mais génocidaire, à ma connaissance,
10:18je n'ai pas vu de travaux d'experts internationaux qui utilisent cette caractérisation.
10:22– Je ne vais même pas rentrer là-dedans,
10:24mais bien évidemment qu'il faut que la guerre s'arrête,
10:28et il faut que la Russie arrête son agression contre la population ukrainienne.
10:34Et si je parle aussi fort sur la situation qui se passe à Gaza,
10:38c'est parce que je ne comprends pas pourquoi il y aurait une forme de double standard,
10:41parce que quand la Russie a violé le droit international
10:44en attaquant la population civile ukrainienne,
10:46par exemple, on a décidé de sanctions économiques contre le gouvernement russe,
10:49et on a bien fait de le faire.
10:51Je ne comprends pas pourquoi on ne fait pas la même chose pour le gouvernement israélien.
10:54– Mais le 7 octobre, le Hamas a tué, a massacré le 7 octobre.
10:58– Et donc ça justifie en réponse, M. Bourdin,
11:01vous entendez bien que ça ne peut pas justifier en réponse,
11:03qu'un crime ne peut pas justifier un autre crime,
11:06donc le sujet n'est pas celui-là, ça n'exonère pas.
11:08– Alors je reviens à l'Ukraine.
11:10– Je faisais juste pour vous montrer pourquoi il est incompréhensible et intolérable
11:13qu'il y ait une forme de double standard.
11:15Mais oui, en tout cas, c'est comme ça que c'est perçu par plein de gens,
11:17et ce n'est pas possible.
11:18Vous m'interrogez sur la situation en Ukraine,
11:20elle est bien évidemment insupportable.
11:22– Alors faut-il, puisque je vous pose une question sur l'Ukraine,
11:24faut-il autoriser les Ukrainiens à utiliser des armes occidentales
11:28pour frapper des cibles, je dis bien militaires, en Russie ?
11:31– Mais non, parce que ça va produire de l'engrenage militaire
11:34avec une puissance qui est une puissance nucléaire,
11:36et donc encore plus de souffrance.
11:38– Donc les Ukrainiens ont l'interdiction de se défendre ?
11:41– Non, je ne dis pas ça, je dis que les armes que nous nous livrons
11:44pour aider les Ukrainiens à se défendre…
11:46– Doivent servir à quoi ?
11:47– Elles doivent servir aux Ukrainiens à se défendre.
11:49– Ah oui ?
11:50– Eh oui, et donc pas à viser des cibles qui sont sur le territoire russe.
11:53– Donc aller détruire des cibles militaires d'où partent les bombes
11:56qui vont tuer des Ukrainiens, c'est interdit ?
11:59– Ça doit permettre de frapper les positions russes
12:02sur le territoire ukrainien, c'est la définition de se défendre,
12:05et ça c'est la doctrine, y compris celle du président.
12:07– Mais les bombes qui partent de la Russie et qui tuent des civils ukrainiens,
12:11qu'est-ce qu'on en fait ?
12:13– On les empêche d'arriver, donc on livre des armes…
12:15– Mais on ne les empêche pas d'être tirées.
12:17– On les empêche d'arriver, donc on livre des armes qui sont des armes de défense.
12:20Maintenant, M. Bourdin, on ne va pas rentrer…
12:22– Non mais je pose la question parce que la question est posée.
12:25– Mais je crois que je réponds de manière très claire.
12:27– Vous dites non.
12:28– Mon inquiétude, ma crainte, ma préoccupation, c'est de faire en sorte
12:31que ce qu'on fait pour aider la population ukrainienne à se défendre
12:34ne soit pas, ne produise pas un engrenage vers une situation militaire
12:38qui s'aggrave encore plus.
12:39Pourquoi ? Pas pour me faire plaisir à moi,
12:41mais parce que ça va produire encore plus de souffrance.
12:43– Mais si ces obus ou ces missiles ne sont pas tirés d'un pays de l'OTAN,
12:49s'ils sont tirés par les Ukrainiens, vous dites non quand même ?
12:53– Mais non, mais je ne dis pas, je ne sais pas, moi, aux Ukrainiens
12:55de dire ce qu'ils doivent faire ou ce qu'ils ne doivent pas faire,
12:57je parle de ce que nous…
12:58– Mais qu'ils ont à disposition des armes occidentales
13:00qui peuvent frapper l'armée russe.
13:02– Mais pour l'instant, il me semble que la doctrine qui a été la nôtre,
13:05ça a été de dire que ce qu'on livrait…
13:07– Est-ce qu'il faut changer ou pas ?
13:08– Je ne suis pas favorable à changer, je suis favorable, M. Bourdin,
13:11entendez-le, à refuser l'engrenage militaire et à ouvrir une solution
13:14qui soit une solution diplomatique.
13:16Et là, je voudrais quand même dire, parce que ça fait depuis deux ans
13:19que je dis ça, et ça fait depuis deux ans qu'on me dit,
13:21Manuel Bompard, la France insoumise, vous êtes naïf, c'est pas possible, etc.
13:24Qu'est-ce qu'on a appris il y a quelques semaines ?
13:26C'est qu'il fallait se tenir en Suisse, au mois de juin, un sommet sur la paix,
13:30à l'initiative de la Chine et de l'Allemagne,
13:34que la France est complètement écartée.
13:36– Et de Zelensky, qui a invité les Russes, et conduit les Russes.
13:40– Exactement, pour l'instant, ce qu'ont dit les Russes,
13:43pour l'instant Vladimir Poutine a dit qu'il ne viendrait pas,
13:46pour l'instant, Vladimir Poutine…
13:48– Est-ce que vous savez pourquoi il a dit cela ?
13:50– Vous le savez ou pas ? – Non, dites-moi.
13:52– Vous ne le savez pas. – Non, dites-moi, on va voir après,
13:54en fonction de ce que vous me dites, je vous répondrai.
13:56– Parce que les Russes ont dit, nous viendrons à Userne
13:58si nous avons la certitude que nous pourrons conserver
14:01les 20% du territoire ukrainien que nous avons conquis.
14:04– Et qu'est-ce qu'ont dit les Russes ?
14:06– Et vous êtes d'accord ou pas avec ça ?
14:08– Je ne suis pas d'accord, voilà ce que je réponds,
14:10je réponds que la solution pour la paix, d'abord je réponds que ce sommet…
14:14– Il faut répondre à monsieur Poutine.
14:15– Attendez, je vais y répondre, mais d'abord je réponds que ce sommet
14:18pour la paix est quelque chose de positif et qu'il faut l'encourager.
14:21– Mais tout le monde le dit, c'est Zelensky qui le demande.
14:24– Attendez, attendez, et ce qui me fait mal au cœur monsieur Bourdin,
14:27c'est que la France soit en dehors de cette initiative.
14:29– Mais la France y va.
14:31– Oui d'accord, elle y va parce qu'elle a été invitée,
14:33mais ce n'est pas la France qui a la manœuvre sur ce sujet.
14:35Non, c'est la Suisse, la Chine et l'Allemagne,
14:38c'est la Suisse, la Chine et l'Allemagne qui a invité monsieur Zelensky,
14:41qui a dit qu'il allait venir et qu'il trouvait ça positif,
14:43et qui ont invité le pouvoir russe.
14:45– Les Brites sont invités, l'Union Européenne est invitée.
14:48– Donc c'est bien la preuve que c'est possible.
14:50– Les seuls qui ont dit non, ce sont les Russes.
14:52– Mais j'en suis d'accord, et c'est inacceptable,
14:53et il faut trouver les conditions pour les mettre autour de la table,
14:55qu'est-ce que vous êtes en train d'essayer de me faire dire ?
14:57– Parce que les conditions sont posées par les Russes.
15:00– Mais je ne fais rien croire.
15:01– Qui est la seule force politique qui, dans son meeting,
15:03a donné la parole à des opposants russes à Vladimir Poutine ?
15:06Qui, monsieur Bourdin ?
15:08C'est la France insoumise, samedi, à Paris.
15:10Qui a intervenu sur la scène ?
15:12Ce sont des opposants russes à Vladimir Poutine,
15:14donc n'essayez pas de faire croire par vos questions
15:15que j'aurais quelques formes de complicité.
15:17– Je ne fais rien croire, je ne fais rien croire.
15:19Je vous dis la réalité des choses.
15:21– La réalité des choses, c'est que nous n'avons aucune complicité
15:23avec Vladimir Poutine.
15:24Attendez, vous m'avez posé une question, je vais y répondre.
15:27La question c'est, quelles sont les conditions nécessaires
15:29pour un accord de paix ?
15:30Je dis que ça doit être le cessez-le-feu.
15:32Je dis, comme monsieur Zelensky, puisque vous avez cité monsieur Zelensky,
15:36qu'en ce qui concerne les territoires qui sont aujourd'hui
15:38les territoires qui ont été envahis par la Russie,
15:40il a dit qu'il n'était pas opposé à ce qu'il y ait une discussion
15:44à partir du moment où ça aboutissait sur un référendum
15:46des populations concernées.
15:47Monsieur Zelensky l'a dit.
15:49Alors vous allez décider à la place de monsieur Zelensky
15:51quelles sont les éventuelles conditions d'un accord de paix ?
15:53Pas moi.
15:54Moi, je dis que la France doit accompagner
15:56toutes les initiatives de médiation qui permettent
15:58de mettre tout le monde autour de la table
15:59pour que ce conflit s'arrête le plus rapidement possible
16:01et qu'il y ait moins de morts, moins de civils qui meurent,
16:03moins de souffrances.
16:04Voilà, ça, ça doit être la position de la France.
16:06Vous dites, je vais terminer avec l'Ukraine,
16:08vous dites pas d'Ukraine dans l'Union Européenne.
16:10Vous le dites, vous le répétez, j'ai entendu Manon Roux hier soir.
16:13Je dis pas d'élargissement.
16:15C'est pas que sur l'Ukraine.
16:16Pas d'élargissement de l'Union Européenne
16:18tant qu'il n'y a pas d'approfondissement.
16:20C'est une position qui ne s'applique pas spécifiquement
16:22vis-à-vis de l'Ukraine, ça s'applique vis-à-vis de tout le monde
16:24qui dit, non mais attendez, c'est une cohérence dans ma position.
16:26Entendez-là, ça s'applique à l'Ukraine,
16:28je n'ai pas de problème sur ce sujet.
16:30Je vous dis que l'Union Européenne
16:33ne doit pas s'élargir davantage
16:35tant que nous n'aurons pas créé les conditions
16:37d'une harmonisation sociale, fiscale
16:39parce que sinon, on crée des conditions d'un dumping.
16:41Les Ukrainiens sont trop pauvres pour entrer dans l'Union Européenne
16:43qui est un monde de riches.
16:45Je ne suis pas en train de dire ça.
16:47Je suis en train de dire que si vous ne créez pas...
16:50Je suis en train de vous dire
16:53que pour participer d'un même espace économique
16:55avec un marché commun,
16:57avec un marché unique,
16:59il doit y avoir des harmonisations sociales
17:01et fiscales qui sont obligatoires.
17:03Parce que sinon, M. Bourdin,
17:05vous allez faire en sorte de favoriser des délocalisations
17:07parce que vous allez avoir des entreprises
17:09en France qui vont vous dire
17:11mais non, les salariés français, ils coûtent trop cher
17:13par rapport aux salariés de tel ou tel pays
17:15donc on va aller mettre nos usines là-bas.
17:17M. Bourdin, je ne dis pas que les Ukrainiens sont trop pauvres.
17:19Je vous pose la question de savoir
17:21si vous voulez que demain, il n'y ait plus une seule usine en France
17:23parce que les salariés français coûtent trop cher
17:25dans l'espace économique européen.
17:27Je dis que tant qu'il n'y aura pas des conditions
17:29d'une harmonisation sociale et fiscale
17:31en Europe, il ne faut pas continuer
17:33à élargir l'Union Européenne.
17:35Je lisais la dernière enquête de Fondapol
17:37réalisée dans les 27 pays
17:39de l'Union Européenne.
17:41Que demandent les Européens ?
17:43Une Europe plus protectrice,
17:45sur plusieurs terrains.
17:47La défense, l'économie,
17:49l'immigration.
17:51Ça vous surprend ou pas ?
17:53Est-ce qu'on a besoin de plus d'Europe ?
17:55Oui, mais ça dépend
17:57pour faire quoi ?
17:59C'est clair.
18:01Est-ce que l'Union Européenne,
18:03ça protège
18:05aujourd'hui les populations européennes ?
18:07Est-ce que vous demandez une Europe de la défense ?
18:09Je ne suis pas d'accord avec le projet d'Europe de la défense
18:11tel qu'il est pensé aujourd'hui.
18:13Laissez-moi répondre à votre question,
18:15parce que sinon, l'Europe de la défense
18:17telle qu'elle est pensée aujourd'hui
18:19dans l'Union Européenne, elle est arrimée à l'OTAN.
18:21Je ne suis pas d'accord avec ça.
18:23Donc une Europe de la défense indépendante de l'OTAN.
18:25Je suis d'accord avec des coopérations militaires en Europe,
18:27mais je ne suis pas d'accord avec le projet d'Europe de la défense
18:29qui est arrimé à l'OTAN. Je réponds donc à votre question.
18:31Le marché unique européen,
18:33oui, non.
18:35Mais je suis favorable à ce qu'il y ait des formes de protection,
18:37vous avez utilisé ce terme, de protection économique
18:39aux frontières de l'Union Européenne.
18:41Et l'Union Européenne sort de cette naïveté
18:43qui consiste à vouloir en permanence
18:45avoir comme seul projet
18:47qu'est la fin des barrières douanières,
18:49la multiplication des échanges commerciaux,
18:51la multiplication des accords de libre-échange
18:53où on fait venir des produits de l'autre bout du monde
18:55sans aucune condition sanitaire,
18:57sans aucune condition écologique, sans aucune condition sociale.
18:59Donc oui, de ce point de vue-là, je suis d'accord
19:01avec ce que dit cette enquête, c'est-à-dire
19:03qu'il faut davantage de protection économique
19:05et qu'on doit arrêter d'être
19:07l'idiot du village mondial
19:09qui consiste à être les seuls qui considèrent
19:11qu'on ne doit pas se protéger d'un point de vue économique.
19:13Pourquoi ? Parce qu'on doit protéger
19:15nos conditions sociales, nos salaires,
19:17nos conditions écologiques, nos conditions sanitaires.
19:19On parlait d'agriculture au début de l'année, par exemple.
19:21Nos conditions franco-françaises,
19:23nos conditions françaises, notre mode de vie
19:25à la française, c'est ça.
19:27Je parle de conditions économiques, là, M. Bourdin.
19:29Je suis en train de vous dire que
19:31je suis européenne là où c'est possible
19:33et française quand c'est nécessaire.
19:35Là, je vous dis une chose précise,
19:37par exemple, comment vous pouvez
19:39accepter qu'on continue
19:41à multiplier des accords de libre-échange
19:43qui vont faire venir en France des produits agricoles
19:45qui sont produits à l'autre bout du monde,
19:47qui utilisent des pesticides qui sont interdits en France
19:49et en Europe, qui utilisent des techniques
19:51par exemple d'OGM qui sont interdites en France
19:53ou en Europe. C'est inacceptable. Et ensuite, vous avez
19:55forcément des agriculteurs en France
19:57qui disent « Mais comment vous vous faites ?
19:59Vous nous demandez de respecter un certain nombre
20:01de conditions. » Et je suis favorable qu'il y ait un certain nombre
20:03de conditions parce que je pense que l'enjeu écologique
20:05est déterminant. Mais en même temps, vous nous livrez
20:07à une concurrence qui est une concurrence déloyale.
20:09Comment vous voulez qu'on s'en sorte ? On est en train de voter.
20:11Cet après-midi, on va voter à l'Assemblée nationale. Je voterai
20:13contre un projet de loi d'orientation agricole.
20:15Il n'y a rien sur la concurrence déloyale.
20:17Il n'y a rien sur ce qui va permettre de garantir
20:19les revenus de nos agriculteurs. Donc oui, bien sûr,
20:21l'Union Européenne, de ce point de vue-là, elle doit sortir
20:23de sa naïveté et elle doit protéger
20:25nos savoir-faire, nos industries, nos travailleurs,
20:27nos
20:29législations sanitaires, nos législations
20:31écologiques et environnementales.
20:33J'ai deux questions encore.
20:35D'abord une question qui est
20:37en rapport, finalement, indirect
20:39avec la guerre au Proche-Orient,
20:41avec
20:43l'islamophobie. Le gouvernement
20:45a-t-il eu raison de lancer une mission
20:47confiée à un ambassadeur et à un
20:49préfet ? Mission sur l'antrisme
20:51des frères musulmans en France.
20:53Je ne suis pas au courant de cette mission. Je ne sais pas.
20:55Vous m'apprenez quelque chose.
20:57Après moi, j'ai pas de
20:59problème sur le fait qu'on enquête de quoi que ce soit.
21:01Je voudrais juste qu'on essaye d'essayer d'arrêter de faire croire
21:03si vous voulez, dans ce pays.
21:05Je pense en fait que ça serait bien que dans cette campagne
21:07des élections européennes, comme dans l'actualité de
21:09manière générale, que les musulmans de ce
21:11pays arrêtent de servir de chair à canon électoral.
21:13Voilà. Ça serait bien. Parce que si vous
21:15voulez, dans ce pays, il y a...
21:17Il s'agit de mesurer l'antrisme des frères musulmans.
21:19Il ne s'agit pas de nourrir l'islamophobie.
21:21Je sais bien comment c'est utilisé après dans le débat public.
21:23Voilà ce que j'ai à dire. 99,99999%
21:27des Français de confession musulmane dans ce
21:29pays ont envie tout simplement qu'on les laisse
21:31tranquilles, en fait. Et qu'on leur foute la paix.
21:33Et qu'on arrête de les cibler, les pointer du doigt en permanence
21:35à chaque occasion
21:37dans le débat public. Donc voilà ce que j'ai
21:39à dire. Maintenant, s'ils veulent faire des enquêtes
21:41sur telle ou telle chose, pourquoi pas ? Si c'est
21:43intéressant, ça ne me dérange pas. Mais... Stop.
21:45Ça suffit.
21:46La réforme de l'assurance-chômage,
21:48en quelques mots, malheureusement,
21:50inacceptable,
21:52démagogique, injuste,
21:54cruelle. Il s'agit, encore une fois,
21:56de faire croire qu'une réforme de
21:58l'assurance-chômage aura un quelconque impact
22:00sur les reprises d'emplois, alors que
22:02aucun économiste ne vous dit qu'il y a
22:04un lien entre les conditions d'indemnisation au chômage
22:06et la reprise d'emplois. Monsieur Bourdin,
22:08il y a 350 000 emplois non pourvus.
22:10Il y a plus de 5 millions de personnes qui sont en recherche
22:12d'emplois dans notre pays. Donc, il faut arrêter de raconter
22:14n'importe quoi. La vérité, c'est que
22:16cette réforme de l'assurance-chômage, qui va se traduire
22:18par une baisse de l'indemnisation,
22:20il y a 40% des gens qui sont au chômage
22:22aujourd'hui qui vivent sous le seuil de pauvreté, qui vont être
22:24dans une situation encore plus difficile. La vérité,
22:28c'est que le gouvernement cherche à faire
22:30des économies et veut aller puiser dans les caisses
22:32de l'assurance-chômage qui sont aujourd'hui
22:34excédentaires. Alors, ils essayent de faire croire qu'il y a
22:36une autre motivation. Mais la motivation, elle est budgétaire.
22:38Et puisque il y a des élections européennes
22:40le 9 juin, jeudi, ces élections,
22:42elles vont aussi servir de référendum.
22:44Référendum contre le projet d'assurance-chômage,
22:46référendum pour le cessez-le-feu
22:48à Gaza. C'est une élection nationale ?
22:50De facto !
22:52On a commencé
22:54à dire ça, nous les ont soumis au mois de mars, on nous a
22:56tapé sur les doigts. Aujourd'hui, j'observe...
22:58Tout le monde le dit,
23:00écoutez, Mme Ayé
23:02a mis à la fin de sa liste M. Édouard Philippe,
23:04M. Bayrou, Mme Borne.
23:06C'est quoi si ce n'est pas une élection nationale ?
23:08Donc oui, bien sûr, il y a des enjeux...
23:10Il y a des enjeux européens,
23:12je crois que je me suis prononcé sur le sujet,
23:14et il y a des enjeux nationaux dans cette campagne
23:16des élections européennes. Et donc, je dis aux gens qui nous
23:18écoutent, mobilisez-vous, envoyez des
23:20messages, utilisez votre bulletin de vote,
23:22c'est à ça que ça sert pour dire ce que vous avez à dire.
23:24Pour rejeter la politique du gouvernement,
23:26pour combattre l'extrême-droite, pour obtenir
23:28la paix et le cessez-le-feu à Gaza,
23:30pour obtenir la fin des politiques
23:32d'austérité, pour dire votre opposition
23:34à la réforme de l'assurance-chômage. Il y a plein
23:36de raisons d'aller voter pour Manon Aubry le 9 juin prochain.
23:38– Merci Emmanuel Bonpart d'être venu
23:40nous voir ce matin sur l'antenne de
23:42Sud Radio 0826 300 300.
23:44Vous réagissez tout à l'heure entre 9h et
23:4610h et nous parlerons de la fin de vie, je ne vous ai pas
23:48interrogé parce que j'attends la fin des travaux
23:50à l'Assemblée Nationale.
23:52– Je sais que vous êtes favorable au texte.
23:54– C'est important de dire que c'est une liberté
23:56et pas une obligation bien évidemment.
23:58– C'est une liberté que vous voterez le projet de loi.
24:00– Oui, si il ne bouge pas trop, on va voir.
24:02Je suis favorable mais je veux dire aux gens,
24:04on n'a au contraire personne, on ouvre une liberté
24:06pour ceux qui souhaitent en disposer.
24:08– Bien et nous en parlerons, nous en parlerons
24:10débat tout à l'heure entre 9h et 10h.
24:12Sud Radio 08h59.

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