Réforme de l'audiovisuel public : "Nous regardons toujours de près les mouvements sociaux", indique la rapporteure du texte

  • il y a 4 mois
À la veille d'un préavis de grève, Fabienne Colboc, députée d'Indre-et-Loire, rapporteure du projet de loi, estime que la fusion de l'audiovisuel public est justifiée car "l'espace médiatique est déstabilisé par les plateformes, par les réseaux sociaux, par internet".

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00:00 Et votre invitée média, Céline Baydarcourt, est une députée de la majorité présidentielle,
00:04 co-rapporteur de la réforme de l'audiovisuel public qui sera examinée normalement à partir
00:08 de demain à l'Assemblée nationale.
00:10 Bonjour Fabienne Colboc.
00:11 Bonjour.
00:12 C'est donc vous qui défendrez ce texte dans l'hémicycle, aux côtés de votre collègue
00:14 Les Républicains Jean-Jacques Gauthier.
00:16 Il y a quand même de fortes chances que ce soit un petit peu repoussé parce que l'agenda
00:19 parlementaire est très serré.
00:20 Mais bon, peu importe.
00:21 L'objectif de cette réforme, c'est de créer une holding de l'audiovisuel public dans
00:25 un premier temps avec Radio France, France Télévisions et l'INHA, l'Institut national
00:30 de l'audiovisuel.
00:31 Puis de faire fusionner ces entreprises au 1er janvier 2026.
00:33 Dans les trois maisons, les syndicats sont opposés à cette réforme.
00:37 Ils ont déposé un préavis de grève pour demain et après-demain.
00:40 Donc je préviens déjà nos auditeurs que les programmes de France AVO seront perturbés.
00:43 Allez-vous regarder de près l'ampleur du mouvement et éventuellement revoir certaines
00:47 propositions ?
00:48 Tout d'abord, merci de m'inviter et de pouvoir parler de cette proposition de loi
00:53 d'holding et fusion.
00:55 Alors oui, bien sûr, nous regardons toujours de près les mouvements sociaux et je pense
00:59 que c'est important et c'est notre rôle en tant que parlementaire.
01:01 Et si on a besoin de rassurer sur des sujets spécifiques, de rencontres, voilà.
01:08 Après cette émission, je rencontre certains syndicats de l'INHA, enfin voilà, qui ont
01:12 souhaité me rencontrer avec l'administrateur Alexis Isard, député Renaissance aussi.
01:17 Enfin voilà, moi la porte est ouverte pour vraiment rassurer.
01:21 Il y a des choses à négocier ou pas ?
01:22 Je pense que ce qui peut être rassurant, c'est notamment sur la radio avec la spécificité
01:28 audio et audio numérique où là, il a peur de se faire manger par la télévision.
01:33 Vous savez très bien que c'est toujours comme ça que ça se passe lors d'une fusion,
01:36 c'est le gros qui mange le petit.
01:37 Non, mais alors le gros, c'est Radio France, et gros aussi, gros par sa qualité, gros
01:41 par ses contenus, gros par ses talents.
01:43 Donc je pense que quand on a un succès tel que Radio France, on est en capacité, en
01:47 force justement de négocier, plutôt que quand on est faible.
01:50 Donc ça dépend de ce qu'on parle, moi je parle de qualité, et Radio France est
01:54 une belle maison avec une belle qualité et une force de négociation.
01:59 Quelles garanties, pouvez-vous, très concrètes, pouvez-vous apporter au syndicat et aux salariés
02:03 de Radio France pour dire que la radio, cette spécificité-là, va être conservée ?
02:07 Alors parce que déjà on a besoin de cette radio-là, de l'audio, parce que c'est
02:11 quelque chose qui plaît au public et on le voit, donc il n'y a pas de raison de
02:14 supprimer la radio alors que c'est un média qui plaît.
02:19 Et deuxièmement, on peut effectivement le voir dans le cahier de missions et des charges
02:24 qui sont signées au moment de la convention France Média, ça peut être aussi au moment
02:29 des conventions pluriannuelles qui vont remplacer les coms.
02:34 Voilà, il y a plein d'endroits où on peut rassurer pour la radio.
02:39 Il y aura forcément de la casse sociale, parce qu'il y aura des doublons ?
02:41 Alors, je pense que le sujet de la casse sociale, elle n'est pas là.
02:46 Là, ça va coûter, effectivement, une fusion.
02:49 Donc on est prêt à mettre de l'argent pour justement avoir un audiovisuel public fort.
02:54 Pourquoi on le veut ? Parce qu'aujourd'hui, l'espace médiatique est quand même déstabilisé
02:58 par les plateformes, par les réseaux sociaux, par Internet.
03:01 Et à un moment donné, il faut pouvoir anticiper cela.
03:04 Donc on n'est pas à penser qu'il faut de la casse, on n'est pas à penser qu'il
03:08 faut réduire, on est à penser qu'il faut au contraire être fort et être puissant
03:12 face à cet espace médiatique.
03:13 Ce que vous nous dites, c'est que ce n'est pas une réforme pour faire des économies.
03:15 Ce n'est pas une réforme pour faire des économies, c'est une réforme pour être
03:19 puissant, pour que l'audiovisuel public soit puissant, garder les identités.
03:23 En tout cas, vous ne voyez pas, il n'y a pas d'économie dans la réforme.
03:28 Il n'y a plutôt que…
03:29 Quand il y a une fusion, on imagine évidemment que les postes administratifs notamment, ils
03:33 ne vont pas être là en doublons.
03:34 Non, mais en tout cas, il y a déjà des accords sociaux qui vont être plutôt valorisés,
03:38 puisque c'est plutôt tiré vers le haut, souvent, les fusions.
03:42 Les salaires vont être tirés vers le haut ?
03:43 Bien sûr, dans les accords sociaux, c'est toujours comme ça, on tire plutôt vers le
03:48 haut que vers le bas et heureusement.
03:49 Comment concrètement voyez-vous les choses ? Quelle synergie voulez-vous ? Ça va être
03:53 des programmes communs entre France Télévisions et Radio France, des rédactions communes ?
03:57 Ce que vous faites ici à France Info est un bel exemple.
04:00 D'ailleurs, c'est plutôt une plateforme numérique d'actualité qui fonctionne très
04:03 bien et qui plaît, qui a trouvé son public.
04:06 Après, c'est de travailler.
04:09 Nous, on n'est pas à rentrer dans la loi le détail spécifique de comment ça va s'organiser.
04:13 C'est vous, les professionnels.
04:15 Il y aura un PDG de la Holding qui va préparer cette fusion.
04:18 Nous, ce que l'on veut, c'est que les talents et cet audiovisuel public qui a un aura important,
04:25 aussi bien de la télévision que la radio et la plateforme numérique aussi, et France
04:30 Info et même les applications comme ici et de la proximité, puissent rayonner de manière
04:35 plus forte et ne pas se laisser déstabiliser par un monde médiatique qui est transformé
04:39 et qui change.
04:40 Vous dites qu'on ne rentre pas dans le détail de la fusion, mais ça a une importance, parce
04:43 que c'est la question de vie de plusieurs salariés, de plusieurs milliers de salariés
04:47 du service public.
04:48 Quand il s'agit de fusion, avec la création d'une Holding, avec un patron qui décidera
04:55 de tout l'audiovisuel public, il y a une question d'indépendance aussi qui est posée.
05:02 Sur l'indépendance, comment vous rassurez les salariés de l'audiovisuel ?
05:05 Sur l'indépendance, déjà, c'est sur le choix de la personne qui sera choisie pour
05:10 être PDG de France Média.
05:11 Il y a quand même l'ARCOM qui est là pour garantir l'indépendance, le pluralisme,
05:17 l'expression des différentes opinions, expressions.
05:23 On a quand même des garanties pour que cette indépendance de l'audiovisuel public, de
05:29 par son financement aussi, peut-être qu'on n'en a pas parlé, mais c'est sur deux jambes
05:32 aussi.
05:33 Ce n'est pas dans le texte que je porte la proposition de l'OMM, mais je fais partie
05:36 de la commission spéciale qui va être mise en place pour garantir ce financement.
05:41 C'est un problème que ce ne soit pas dans la même loi ?
05:45 Oui, parce qu'en fait, c'est un projet de loi, on transforme la LOLF avec le prélèvement
05:50 sur recettes.
05:51 Donc on ne peut pas faire un texte sur une visée politique et un texte financier en
05:56 même temps.
05:57 C'est quasiment dans le même texte, mais c'est quasiment en même temps.
06:00 Et ça a été voulu, le texte est déposé, la commission s'est mise en place.
06:03 Et quand un bataillon qui sera rapporteur, Constance Le Grip, normalement qui sera président,
06:08 ça doit être voté lors de la commission spéciale, mais en tout cas, voilà ce qui
06:11 est présagé.
06:12 Il y a le cas France Médiamonde, qui est un sujet vraiment de tension au sein des députés.
06:18 France Médiamonde, c'est France 24 et RFI notamment.
06:21 Elle a été exclue du projet de fusion, mais elle pourrait être réintégrée.
06:26 En tout cas, c'est ce que vous, à titre personnel d'ailleurs, Fabienne Colboc, vous
06:29 souhaitez.
06:30 Mais si vous n'incluez pas France Médiamonde, vous risquez de ne pas avoir de majorité
06:32 à l'Assemblée, puisque LR veut qu'elle soit dedans.
06:36 Êtes-vous prêts à lâcher là-dessus ?
06:37 Ecoutez, tout ça, ça fait partie… Moi, je vais essayer de convaincre encore en séance.
06:41 Jean-Jacques Gauthier aussi, le co-rapporteur.
06:43 C'est une volonté très forte du président Lafond, et notamment qui est cette PPL et
06:47 qui vient du Sénat.
06:49 Depuis dix ans, quand on parle de fusion, de holding, il y a toujours eu France Médiamonde
06:53 dedans, inclus dans ces entités.
06:56 Aujourd'hui, pourquoi les retirer ? Je peux comprendre, parce que c'est une spécificité
07:00 de l'audiovisuel extérieur, mais je pense que c'est affaiblir France Médiamonde,
07:04 alors qu'on en a besoin, notamment aujourd'hui avec besoin d'informations fiables, et notamment
07:09 de l'international.
07:10 Quand votre collègue, Quentin Bataillon, que vous avez cité, dit sur notre antenne
07:13 qu'il serait souhaitable que la chaîne France Info remplace France 24.
07:16 Bon, il arrêtait trop d'aller le lendemain.
07:17 C'est une bourde ou il était en mission commandée pour tâter le terrain ?
07:20 Non, je pense qu'il est apparu trop vite, mais on n'est pas télécommandé.
07:24 Juste une question rapide sur le budget, parce que vous l'avez évoqué.
07:27 La majorité veut un prélèvement sur les recettes de l'État, qui serait voté chaque
07:30 année.
07:31 Donc, un budget alloué à l'audiovisuel public.
07:33 Ça veut dire que ça se fera au bon vouloir de la majorité en place ?
07:37 Non, parce que c'est quand même sécurisé, le prélèvement sur recettes, au même titre
07:42 que les collectivités territoriales et l'Union Européenne.
07:45 Et par exemple, de ce que l'on m'a dit et à vérifier, mais j'en ai parlé avec les
07:50 commissaires de la finance, mais par exemple, quand il y a un projet de loi rectificative,
07:53 on ne peut pas toucher sur le prélèvement sur recettes.
07:56 Donc, c'est quelque chose qui est bien préservé quand même.
07:58 Donc, on ne peut pas changer en cours.
07:59 C'est ce qu'on verra ultérieurement.
08:00 Merci beaucoup d'être venu, Fabienne Colbeck.
08:01 Merci beaucoup.
08:02 Merci à tous les rapporteurs de la réforme de l'audiovisuel public et dont l'examen
08:06 en séance publique doit commencer demain matin.

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