Patrick Martin, président du Medef, est l'invité du Grand Entretien de France Inter. Il revient sur la situation en Nouvelle Calédonie mais aussi sur cette lettre qu'il a écrite au Premier Ministre et dans laquelle il assure que la France se porte mieux sur le front du chômage, notamment.
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00:00 - Nathalie Helghoz, nous recevons ce matin le président du MEDEF dans le grand entretien du 7-10.
00:06 Questions et réactions au 01-45-24-7000 et sur l'application de France Inter.
00:12 Patrick Martin, bonjour. - Bonjour.
00:14 - Et bienvenue à ce micro. Beaucoup de sujets à aborder avec vous ce matin.
00:19 Réforme de l'assurance chômage, situation économique du pays, européenne,
00:23 et cette lettre que vous envoyez aujourd'hui au Premier ministre Gabriel Attal.
00:28 Mais quelques mots d'abord sur la situation en Nouvelle-Calédonie.
00:31 Les nuits d'émeute ont causé, d'après la Chambre de commerce et d'industrie de Nouméa,
00:36 pour près d'un milliard d'euros de dégâts. On a appris ce chiffre ce matin.
00:42 On parle de 200 entreprises brûlées ou détruites.
00:45 La présidente du MEDEF de l'archipel, Mimsi Dali, évoque des perspectives très sombres
00:50 pour l'économie et l'emploi. Quelles sont les dernières informations dont vous disposez ce matin ?
00:56 Quelle remontée du terrain Patrick Martin ?
00:59 - Je voudrais commencer par vous dire que Mimsi Dali, la présidente du MEDEF Nouvelle-Calédonie,
01:03 est emblématique de ce que sont les entrepreneurs néo-calédoniens.
01:07 Je m'explique. C'est une jeune femme bardée de diplôme qui a une carrière remarquable
01:11 dans une grande multinationale. Par attachement à son territoire,
01:14 elle est repartie en Nouvelle-Calédonie pour s'occuper de ses affaires.
01:17 Et donc elle incarne ce que sont les entrepreneurs néo-calédoniens,
01:20 qui sont en grande souffrance. Il faut d'abord penser aux morts, bien sûr,
01:23 mais également aux dégâts économiques. Donc nous on est très en soutien.
01:26 Il faut que l'Etat rétablisse l'ordre public, c'est parti pour.
01:30 Et ensuite il va falloir qu'on soutienne ces entreprises.
01:32 Parce que si la Nouvelle-Calédonie s'effondre également sur le plan économique,
01:36 avec des destructions d'entreprises, des destructions d'emplois, des pertes de pouvoir d'achat,
01:40 évidemment ça n'aidera pas à la solution. Je suis en soutien, le MEDEF est en soutien
01:44 des entrepreneurs néo-calédoniens.
01:46 - Est-ce que vous demandez un soutien économique d'urgence de la part de l'Etat ?
01:49 Et si oui, sous quelle forme ?
01:51 - D'abord il va falloir qu'on remette en place, et exister dans d'autres circonstances,
01:54 des dispositifs de chômage partiel. Il va falloir que les dispositifs comparables
02:02 à ceux de catastrophe naturelle soient activés. Les assureurs font leur travail,
02:06 d'ores et déjà ils sont sur les dossiers. Il va falloir accélérer les procédures,
02:10 parce qu'on est dans une situation effectivement critique,
02:13 mais y compris sur le plan sanitaire, y compris sur le plan de l'alimentation.
02:17 - Vous craignez que les investissements manquent à l'avenir, qu'il y ait un effet repoussoir
02:21 pour les investisseurs, pour les entrepreneurs, qu'il y ait un retour vers l'hexagone ?
02:25 - Alors c'est possible, singulièrement s'agissant du nickel.
02:29 On sait tous que la Nouvelle-Calédonie c'est une grande richesse pour la France,
02:33 détient 20 à 30% des réserves mondiales de nickel, qu'à ce jour ces réserves
02:38 ne sont pas exploitées dans les meilleures conditions, et il faut être très attentif
02:41 à ce qu'en termes d'autonomie stratégique, de souveraineté, mais également de prospérité
02:45 du territoire, on ne se désintéresse pas du nickel, mais d'une manière générale
02:49 de l'activité économique en Nouvelle-Calédonie.
02:52 - Encore un mot dans l'hexagone cette fois, journée noire dans les transports en Ile-de-France
02:57 avec cette grève à la veille d'une journée de négociation sur les primes Jeux Olympiques.
03:02 Est-ce que vous déplorez ce mouvement, ou vous paraît-il légitime quand on sait
03:07 l'importance qu'auront les transports pendant les JO ?
03:10 - Tout d'abord je voudrais redire que les entrepreneurs français sont très en soutien
03:13 des JO, il faut en faire une belle aventure pour la France, pour son rayonnement.
03:18 Ensuite, on n'observe pas dans le privé les mêmes comportements, je veux dire par là
03:22 que déclencher une grève alors même que les négociations ne sont pas engagées, c'est
03:25 assez surprenant pour ne pas dire plus. Alors qu'il est nécessité parce qu'il y aura
03:30 plus de travail, parce qu'il y aura des horaires décalés en fonction des épreuves
03:35 olympiques, qu'il y ait des négociations ou pourquoi pas, mais une négociation ça
03:39 commence par une discussion.
03:41 - Oui, et venons-en maintenant à la lettre que vous envoyez aujourd'hui comme président
03:46 du MEDEF à Matignon au Premier Ministre Gabriel Attal. Quel est le sens de votre démarche
03:50 dans laquelle vous reconnaissez, pour commencer, que la France incontestablement, je lis cette
03:55 lettre, se porte mieux, par exemple sur le front du chômage ou de l'apprentissage, on
03:59 est en pleine lune de miel, MEDEF gouvernement, vous êtes pro-Attal ?
04:04 - Alors d'abord j'ai décidé d'envoyer cette lettre parce que j'étais en fin de
04:07 semaine dernière à Rome dans le cadre du B7. Qu'est-ce que le B7 ? C'est la réunion
04:11 des 7 plus grands patronats mondiaux, dont le patronat français bien sûr, en préparation
04:15 du G7 qui se tiendra lui-même à Rome fin juin, enfin en Italie. Et ce que j'ai constaté
04:21 à cette occasion c'est que les autres pays sont d'abord conscients, comme nous le sommes,
04:24 des grands enjeux environnementaux, sociologiques, démographiques, digitaux, mais prennent
04:31 les choses en main d'une manière très déterminée, en bonne intelligence entre les pouvoirs
04:35 publics et les entreprises. C'est le cas en France, il faut que ça le soit plus. Donc
04:39 dans cette lettre je prends acte que beaucoup de choses positives ont été faites, qui
04:42 se traduisent dans les chiffres, notamment de création d'emplois, d'adaptation...
04:45 - Vous écrivez que le gouvernement a fait ce que vous demandiez en fait ?
04:47 - Alors il l'a fait, il l'a fait jusqu'à une période récente, on craint un petit
04:51 flottement à l'heure actuelle, et c'est précisément l'esprit de cette lettre que
04:54 de dire que le MEDEF, que les 200 000 entreprises adhérentes du MEDEF, de toute taille dans
04:58 tous les secteurs, sont demandeuses, mais surtout seront en appui de nouvelles réformes
05:02 sur 3 thèmes en particulier.
05:04 - Le redressement est engagé mais loin d'être abouti, écrivez-vous, mais les Français
05:09 ont une durée de travail trop faible, par exemple par rapport à l'Allemagne, il ne
05:13 faut pas toucher au crédit d'impôt recherche... Je résume la lettre, hein, vous fixez un
05:17 objectif d'un million d'emplois de chercheurs, scientifiques et ingénieurs, vous voulez
05:21 réduire dette et déficit, décarboner deux fois plus vite tout en continuant à baisser
05:26 les impôts, comment tout ça est compatible ?
05:29 - D'abord ça traduit une vision optimiste et positive de la France, au même moment
05:33 où tout le monde se convainc qu'elle est en pleine décadence, donc les voies de passage
05:37 existent. Le taux d'emploi c'est la mer de toutes les batailles et effectivement nous
05:40 sommes alignés avec le gouvernement de ce point de vue, si nous rejoignons le taux
05:44 d'emploi, c'est-à-dire le nombre de personnes qui travaillent par rapport à la population
05:47 en âge actif, si nous rejoignons le taux d'emploi de l'Allemagne, nous générons
05:50 100 milliards d'euros de recettes fiscales et sociales supplémentaires. Autant vous
05:54 dire qu'il y a beaucoup de débats qui nous valent de nous entre-déchirer, qui disparaîtraient
05:57 à séance tenante. Donc nous sommes en soutien d'une nouvelle réforme de l'assurance-chômage,
06:01 si déjà elle peut reprendre ce sur quoi nous nous étions accordés en novembre dernier
06:06 avec les syndicats, dont une baisse de cotisation patronale, ça sera pas mal, il faut avancer
06:11 sur ce terrain-là. Il faut qu'on aille beaucoup plus loin dans l'orientation et
06:14 la formation des jeunes, le MEDEF y est prêt, il a déjà fait des propositions et ainsi
06:18 de suite. Il faut évidemment retravailler le sujet des seniors, là aussi nous avions
06:21 fait des propositions, malheureusement la négociation du printemps dernier n'a pas
06:25 abouti. Voilà, il y a du concret dans ces propositions.
06:28 Restons sur le point dur, l'assurance-chômage, on sait que Gabriel Attal devrait l'annoncer
06:33 au courant de la semaine prochaine. En attendant, nos confrères des Echos nous indiquent que
06:38 l'exécutif envisage de porter le seuil de travail minimum à 8 mois dans les 20 derniers
06:43 mois, 8 dans les 20 derniers mois, pour avoir droit à l'indemnisation au chômage. Est-ce
06:47 que cette mesure, vous la soutenez ?
06:49 Alors si le gouvernement reprend la main, il reprend la main. Je veux dire par là que
06:52 c'est lui qui décidera. Moi je revois la ministre du Travail, Catherine Vautrin,
06:57 le 28, je l'ai vu d'ores et déjà, mais je ne sais pas vous dire à cet instant si
07:02 c'est cette mesure plutôt qu'une autre qui sera retenue par le gouvernement.
07:05 Cette hypothèse-là, celle que nos confrères des Echos décrivent noir sur blanc, on le
07:10 redit, 8 sur 20 mois au lieu de 6 sur 24.
07:13 C'est une option envisageable et elle générerait des économies significatives. Il faudra
07:17 simplement être attentif à ce que les jeunes qui par définition n'ont pas la même
07:22 antériorité, n'ont pas le même accès à l'emploi, ne soient pas pénalisés par une
07:26 telle mesure.
07:27 Vous avez dit économie significative, c'est une réforme pour le plein emploi ou pour
07:31 renflouer les caisses de l'Etat ?
07:32 Je pense que c'est avant tout une réforme pour le plein emploi et ce n'est pas par
07:35 hasard que dans cette fameuse lettre, enfin je dis fameuse c'est un peu présomptueux,
07:38 je dis que la réforme de l'assurance chômage sera une des composantes de l'accès au
07:44 plein emploi.
07:45 Patrick Martin, faut-il selon vous garder le caractère contracyclique de la précédente
07:52 réforme de l'assurance chômage, à savoir réduire la durée d'indemnisation quand
07:57 le chômage baisse, l'allonger dans le cas contraire ?
07:59 Ecoutez, dans l'esprit, ça nous paraît être une bonne mesure, elle est logique d'une
08:02 certaine manière et je reviens sur l'accord que nous avions signé à l'automne dernier
08:07 avec les syndicats, ils ne remettaient pas en cause cette contracyclicité.
08:10 Vous êtes très allant ce matin Patrick Martin, pourtant quand on se replonge un peu dans
08:15 les archives, le calendrier de cette réforme, vous ne le trouvez pas un peu précipité ?
08:18 Le 11 avril, vous déclariez "je ne sais pas si cette réforme a un degré d'urgence".
08:23 Vous dites toujours là, vous dites "vite, vite, vite, faisons-la maintenant".
08:26 Non, mais je le redis, ce qui conduira au plein emploi, c'est l'activité économique,
08:30 c'est une composante de l'atteinte du plein emploi, cette nouvelle réforme.
08:34 On n'a pas encore totalement mesuré les effets des deux précédentes réformes et
08:39 puis surtout, ce que je voulais dire par là, c'est qu'il fallait laisser le dialogue
08:42 social prospérer.
08:43 On va arriver à une situation, on y est d'ores et déjà à vrai dire, où il y aura une
08:48 fiction de gestion paritaire de l'assurance chômage, alors que les syndicats, les salariés
08:53 ne cotisent plus, alors que les entreprises, elles, cotisent et en face, un Etat qui finance
08:58 pour un tiers l'assurance chômage et qui aurait tous les pouvoirs.
09:01 Je pense que notre pays a besoin de stabilité, il a besoin de dialogue.
09:05 L'entreprise privée reste un lieu assez pacifié, c'est ce que je voulais dire par là.
09:11 Il ne faut pas que l'Etat s'approprie toutes les sphères, parce qu'il n'est pas omniscient
09:15 et je pense que les partenaires sociaux sont déterminants dans la réussite du pays.
09:20 Alors justement, tous les syndicats ou presque ont rendez-vous à l'Assemblée nationale
09:24 pour défendre une proposition de loi du groupe Liott pour empêcher le gouvernement de réformer
09:29 par décret les règles de l'assurance chômage.
09:33 Trouvez-vous normal que l'Etat agisse par décret sur un sujet qui relève précisément
09:38 du dialogue social ?
09:39 Non mais il y a une logique en ce sens que, je le répète, on n'a pas abouti sur la négociation
09:43 senior qui d'une certaine manière emportait l'homologation de la convention assurance
09:47 chômage de novembre dernier.
09:49 Donc de ce point de vue, du point de vue juridique, ça n'est pas aberrant.
09:53 Mais je reviens à ce que je viens de dire, à ce moment-là, il faut que l'Etat aille
09:56 jusqu'au bout de son raisonnement, c'est-à-dire que le financement de l'assurance chômage
10:00 ne soit plus haut de tiers supporté par les entreprises.
10:03 Je veux dire par là que quand on paye, on doit avoir vos chapitres, si ça n'est pas le cas,
10:06 on ne paye plus.
10:07 En même temps, si le gouvernement reprend la main, est-ce que ce n'est pas un peu de
10:10 votre responsabilité puisque les négociations, on le rappelle, entre partenaires sociaux
10:13 ont échoué sur les volets vie au travail et emploi des seniors ?
10:18 La CFDT vous accuse de vous être moqué, je cite Marie-Lise Léon, des salariés en
10:23 voulant diminuer leurs droits.
10:25 La responsabilité du MEDEF dans la fin de ce paritarisme ?
10:28 Non mais par définition, quand il y a un échec, les responsabilités sont partagées.
10:32 Moi je ne me livrerai pas à ce petit duel, j'ai du respect pour Marie-Lise Léon, je
10:36 ne comprends pas que la CFDT réagisse ainsi, mais c'est vrai qu'à la fin de cette négociation,
10:41 et j'y ai participé dans la dernière ligne droite, il y a eu des points de désaccord.
10:45 Cette négociation a échoppé parce que les syndicats, finalement c'était leur droit,
10:51 demandaient qu'on aménage les régimes de pré-retraite progressive, mais tout ça générait
10:56 un coût de plusieurs centaines de millions d'euros et ça remettait en cause la réforme
11:01 des retraites.
11:02 Donc ça dépassait en définitive le champ de la négociation telle qu'il avait été
11:06 définie, et puis nous on est quand même soucieux de l'équilibre financier des différents
11:09 régimes.
11:10 Mais vous n'avez pas facilité les choses ?
11:13 Mais moi je l'avais dit, d'ailleurs j'étais convaincu qu'on aboutira à un accord.
11:17 Et il y a eu de part et d'autre, disons les choses, un raidissement à la dernière minute
11:21 qui a conduit à cet échec, qui est assez grave en définitive.
11:24 Est-ce que cette réforme Patrick Martin de l'assurance chômage vise à montrer d'ici
11:28 au 31 mai à l'agence Standard & Poor's dont la notation est la plus influente dans
11:34 le monde, que la France tient encore ses comptes ?
11:36 Ecoutez, je pense que Standard & Poor's ne découvrira pas la situation de la France
11:41 d'ici fin mai.
11:42 Ils la connaissent parfaitement.
11:44 Moi je reste constant dans mes convictions.
11:46 Les agences de notation, comme à vrai dire toutes les personnes de bon sens, prennent
11:49 en compte quoi ? Le potentiel de croissance, de dynamique économique, de création d'emplois
11:53 d'un pays.
11:54 C'est la raison pour laquelle aussi j'ai écrit au Premier ministre en lui disant
11:57 "ne mettons pas le pied sur le frein, accélérons".
12:00 Question sur une galère maintenant qui concerne beaucoup de nos auditeurs et de leurs ados
12:04 en fin de seconde ce matin.
12:05 Oui, on l'entendait dans le journal de 7h30.
12:07 Le gouvernement a instauré un stage de deux semaines d'observation obligatoire en entreprise.
12:11 Ça concerne 560 000 élèves.
12:14 Mais sur la plateforme d'offres de stage "Un jeune, une solution", le compte n'y est pas.
12:18 Seulement 24 000 offres de stage sont proposées.
12:22 Est-ce que vous appelez ce matin les entreprises à faire un effort ?
12:26 Est-ce que le gouvernement était trop ambitieux ?
12:28 Non, ça renvoie complètement à la lettre que j'ai adressée au Premier ministre sur
12:31 le plein emploi mais également sur l'orientation vers les métiers scientifiques et techniques.
12:35 Dès l'origine, j'ai soutenu, le MEDEF a soutenu cette initiative.
12:40 Je rappelle que pour la première fois, le ministre de l'Éducation nationale de l'époque,
12:44 M. Gabriel Attal, était venu au MEDEF pour présenter cette réforme et nous y avons adhéré.
12:48 Après, c'est vrai que les délais sont assez courts et qu'à ce stade, on n'a pas encore
12:53 la volumétrie d'offres de stage.
12:55 Mais d'ores et déjà, le MEDEF a fait des campagnes de sensibilisation auprès de ses
12:59 200 000 adhérents, a même fait des campagnes de presse sur le thème "le stage c'est aussi
13:03 notre affaire".
13:04 Donc on va y arriver.
13:05 Mais c'est vrai qu'accueillir ex abrupto, pour les latinistes très nombreux parmi eux,
13:10 550 000 élèves de seconde, ça ne se fait pas d'un claquement de doigts.
13:15 On va y arriver, il faut se donner un petit peu de temps.
13:17 Laurent, sur l'application France Inter, vous pose la question suivante.
13:22 Le patronat a appuyé la réforme des retraites, que comptez-vous faire au MEDEF pour inciter
13:28 à l'emploi des seniors ? Qui est très peu développé en France, c'est l'une des exceptions françaises.
13:37 Alors moi je suis très optimiste quant à l'augmentation du taux d'emploi des seniors.
13:40 D'abord parce qu'on a vérifié sur la tranche 55-60 ans que dorénavant on était même
13:44 légèrement au-dessus de la moyenne européenne.
13:46 Il y a un effet mécanique lié au report de l'âge légal de retraite.
13:49 Donc les mêmes causes produisant les mêmes effets, on aura une augmentation mécanique
13:53 sur les 60-65 ans.
13:55 Ensuite les entreprises ont besoin des seniors.
13:57 On a une démographie qui fait que de toute façon, même les entreprises qui jusque-là
14:01 n'ont pas forcément eu des comportements très vertueux à cet égard, se devront de les avoir.
14:06 Et enfin, dans le cadre de cette négociation senior qui a donc acheté il y a quelques semaines,
14:12 nous avions fait des propositions très intéressantes, en particulier le contrat à durée indéterminée
14:18 de fin de carrière qui permettait d'éclairer l'entreprise sur l'âge de départ en retraite du candidat.
14:24 On va passer au Standard Inter.
14:26 Jean-Jacques nous appelle de Toulouse.
14:27 Bonjour, bienvenue.
14:29 Oui, bonjour.
14:30 On vous écoute.
14:31 Attendez, je crois qu'il faut que j'enlève le haut-parleur.
14:37 Vous m'entendez correctement ?
14:38 On vous entend parfaitement bien Jean-Jacques.
14:40 Vous pouvez y aller.
14:42 Oui, je voulais juste poser une question qui dépasse un peu tout le bienfait que fait le MEDEF.
14:49 Je voudrais savoir vraiment à quoi servent les milliardaires, en dehors des millionnaires
14:54 qui je pense sont déjà assez satisfaisants, dans la mesure où une fois qu'ils ont acquis
15:00 tout ce qu'ils avaient acquis, il ferait mieux de répartir à un banque l'argent qu'ils ont,
15:07 parce que de toute façon ils laissent leurs banques comme nous tous.
15:10 Ils ont leur matelas pour prévoir autre chose.
15:14 Et plutôt que de ne pas répartir l'argent dans leurs entreprises au fur et à mesure,
15:22 en définitive ça ne sert à rien à part développer leur égo et puis leur puissance.
15:29 Bien compris, bien compris Jean-Jacques.
15:31 Merci pour cette question.
15:32 À quoi servent les milliardaires ?
15:33 Les millionnaires sont déjà largement assez heureux.
15:37 Patrick Martin vous répond.
15:38 Alors, quel est le patrimoine des milliardaires ?
15:42 C'est essentiellement des actifs professionnels,
15:44 c'est des actions de sociétés qu'ils ont développées, qui investissent, qui embauchent,
15:48 qui payent des impôts.
15:50 Il faut se sortir de l'esprit, c'est pas votre propos Jean-Jacques,
15:53 que cet argent dort sur des comptes bancaires à ne rien faire.
15:57 Cet argent est investi au bénéfice de l'économie.
16:01 Donc à partir de là, je pense que ces gens-là qui ont la chance d'être milliardaires,
16:06 à redire qu'ils se sont donné les moyens, qui ont les capacités d'être devenus milliardaires,
16:11 ont un rôle économique et social qu'il ne faut quand même pas négliger.
16:15 Venons-en aux élections européennes Patrick Martin.
16:17 Mi-avril, vous avez reçu au Medef les sept principales têtes de liste.
16:21 Valérie Ayé, Manon Aubry, Marie Toussaint, Raphaël Glucksmann, Jordane Bardella et Marion Maréchal.
16:25 Vous avez donc invité les deux candidats d'extrême droite à votre grand oral.
16:30 Un choix que la CFDT n'assume pas jeudi,
16:33 puisque le premier des syndicats auditionnera les candidats mais sans Jordane Bardella ni Marion Maréchal.
16:38 Est-ce que vous comprenez ce choix ou vous assumez de dire qu'il faut parler à tout le monde ?
16:42 A nouveau, je ne vais pas commenter les positions de la CFDT.
16:45 Nous avons pris le parti d'inviter tout le monde, y compris l'extrême gauche.
16:49 Donc je ne vous surprendrai pas en disant que nous ne partageons pas du tout les vues,
16:53 en tout cas économiques et sociales.
16:55 Je crois que c'était important pour nos adhérents d'avoir une vision globale des différentes propositions.
17:00 Je ne vous cache pas qu'on a été éclairé de ce point de vue.
17:03 Jordane Bardella est donnée dans l'essentiel d'intention de vote à au moins 30%.
17:08 C'est un vote RN qui progresse, on l'a vu dans notre sondage Ipsos, le Parisien Radio France,
17:13 chez les retraités, ce qui est nouveau, mais aussi chez les cadres, ce qu'il est également.
17:17 Et jusqu'à 15% de patrons de TPE, très petites entreprises, qui déclarent vouloir voter RN le 9 juin.
17:24 C'est un sondage IFOP fiducial.
17:26 Cadres, patrons, retraités, comment vous expliquez cette dynamique inédite ?
17:30 Je reprends votre propre chiffre.
17:32 15% des dirigeants de petites entreprises.
17:34 20% pour Valérie Ayé.
17:36 Je me permets d'ajouter que plus la taille de l'entreprise augmente,
17:40 moins le soutien au Rassemblement National est fort.
17:42 Donc c'est sensiblement moins...
17:44 C'est scientifique ce que vous dites ? Vous l'avez constaté ? Vous l'avez mesuré ?
17:47 On a fait un sondage interne qui corrobore complètement celui qui a été communiqué par fiducial il y a quelques jours.
17:52 Alors pourquoi ?
17:53 Pourquoi ? Parce que le programme économique et social du Rassemblement National est pour le moins flou.
18:00 Donc moi j'ai tendance, nous avons tendance à considérer qu'il est le même que pour les élections présidentielles.
18:06 Quel est-il ? C'est un programme anti-européen, alors que nous sommes convaincus que nous avons plus que jamais besoin de l'Europe,
18:11 d'une Europe rationalisée, plus ambitieuse, plus pragmatique, mais quand même de plus d'Europe.
18:15 Et qu'enfin il se traduirait par une augmentation massive des prélèvements obligatoires,
18:19 quoi que puisse en dire le Rassemblement National.
18:22 Et à vrai dire, lorsque M.Bardella s'est exprimé effectivement devant nous mi-avril, il n'a pas dissipé les malentendus.
18:30 Donc allez au bout de votre logique, vous dites quoi pour le 9 juin ?
18:33 Ah ben moi je vais pas donner de conseils.
18:35 Votez tout sauf le RSA.
18:37 Mais si, ce que vous disiez, ça revient à la question.
18:38 Oui c'est ça, Jérôme vous le demande sur l'application d'Inter, lancez-vous un appel à voter non à l'extrême droite le 9 juin comme le Medef allemand l'a fait.
18:46 L'AFD n'est pas le Rassemblement National, petite parenthèse.
18:50 Ce sont leurs alliés au Parlement européen.
18:51 Oui, c'est vrai, vous avez raison de le souligner.
18:54 Nous ce qui nous importe c'est de savoir si on vote pour les gens qui ont le programme le plus crédible, le plus pertinent, le plus ambitieux sur le plan économique et social.
19:02 D'évidence, ce ne sont ni les programmes de l'extrême gauche, ni les programmes de l'extrême droite.
19:07 Mais vous le connaissez le programme du RN ? Il n'existe pas puisqu'il n'a pas été publié.
19:10 C'est ce que j'ai dit tout à l'heure, il cultive une large ambiguïté.
19:13 La publication de ce programme a été annoncée à de nombreuses reprises, elle n'a toujours pas eu lieu.
19:18 Je reprends ce que je vous disais tout à l'heure, on a donc tout lieu de penser que c'est le même programme que celui de Mme Le Pen pour les élections présidentielles, auxquelles nous étions opposés.
19:26 Parce qu'anti-européen, parce qu'anti-économique.
19:29 Alexandre, sur l'appli d'Inter, vous parlez de réforme de l'assurance chômage.
19:33 Alors même que nombre de secteurs peinent à trouver des salariés, une partie du problème du chômage serait-elle due à des emplois pas assez payés ?
19:44 Alors, je pense que la cause principale et ça figure dans les propositions que j'ai faites au Premier ministre, c'est la formation et l'orientation.
19:51 C'est vrai qu'on a cette espèce de paradoxe choquant entre des difficultés de recrutement et un taux de chômage qui dans certaines catégories en tout cas reste très élevé.
20:00 Après il y a le sujet des rémunérations.
20:02 C'est l'occasion pour moi de signaler que les entreprises privées ont fait face à leurs responsabilités et c'est encore plus vrai en 2024,
20:10 puisqu'il y aura en moyenne des entreprises, selon leurs capacités mais quand même, des gains de pouvoir d'achat.
20:16 Donc, si ça rejoint notre auditeur, selon le sondage dont on te parlait tout à l'heure, Ipsos, le pouvoir d'achat est toujours en tête.
20:23 Des motivations des personnes interrogées à 53% pour ces élections européennes du 9 juin.
20:28 Quand on voit que le pouvoir d'achat reste une telle préoccupation, est-ce que vous ne dites pas qu'il faudrait augmenter les salaires ? Et si oui, comment ?
20:34 Et c'est la raison pour laquelle nous avons augmenté les salaires.
20:36 Il y aura un gain de pouvoir d'achat. Si la trajectoire de baisse de l'inflation se confirme, c'est mon pronostic,
20:41 il y aura un gain de pouvoir d'achat de l'ordre de 1 à 1,5% en 2024 en moyenne des entreprises du secteur privé.
20:47 Par ailleurs, nous avons signé avec les organisations syndicales un accord sur le partage de la valeur en 2023,
20:55 qui devrait être mis en oeuvre. Il y a des décrets d'application qui ne sont toujours pas pris.
20:59 Si on a signé avec les syndicats, c'est bien que sur l'intéressement, la participation, les primes, mais également les salaires de base,
21:06 il y a le constat qu'il y a du gras à moudre.
21:09 Merci Patrick Martin d'avoir été au micro d'Inter ce matin et d'avoir dialogué avec nos auditeurs. Merci encore.