Iran : les hypothèses après la disparition du président Raïssi

  • il y a 4 mois
Retour sur l'annonce de la mort du président iranien, Ebrahim Raïssi avec Adel Bakawan, franco-irakien, chercheur à l'Ifri et directeur du Centre français de recherche sur l'Irak.
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##C_EST_A_LA_UNE-2024-05-20##

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00:00Sud Radio, il est à 8h10, c'est à la une en Iran, donc le vice-président vient de le confirmer, la mort du président Raisi
00:08dans le crash de son hélicoptère. L'appareil avait été localisé un peu plus tôt dans la nuit après d'intenses recherches menées dans le nord-ouest du pays.
00:17Adel Bakawan, bonjour.
00:19Bonjour.
00:20Et merci, merci beaucoup d'être avec nous ce matin sur Sud Radio. Vous êtes franco-irakien, chercheur à l'IFRI, directeur du Centre français de recherche sur l'Irak.
00:28Je le disais, donc la mort du président iranien qui a été confirmée il y a peu de temps. Quelles sont les dernières informations dont vous disposez à l'heure actuelle ?
00:37Écoutez, malheureusement, les informations sont rares par rapport à la disparition de cette grande personnalité clé du régime.
00:45Je dis grande personnalité clé parce qu'il n'est pas que le président de la République, il est parmi les acteurs les plus proches du guide suprême de la révolution islamique
00:57Ayatollah Khamenei. Il est celui qui n'a jamais déçu le guide. Il est celui qui a fait le lien à la fois entre l'État et le gouvernement.
01:08Parce qu'on sait très bien qu'en Iran, on n'a pas que l'État, mais aussi on a le gouvernement. On n'a pas que le gouvernement, mais on a aussi l'État.
01:16C'est une distinction très importante. Mais lui, il a parfaitement réussi à faire la coordination entre les deux, entre l'armée iranienne, mais aussi les gardiens de la révolution.
01:26Malheureusement, à ce stade-là, nous n'avons que des informations très, très, très rares.
01:33C'est-à-dire que c'est verrouillé pour le moment. On en saura plus certainement dans les prochaines heures.
01:39Vous avez parlé un petit peu du profil de qui était ce président de la République islamique d'Iran. C'était un personnage finalement assez radical, très conservateur.
01:50Exactement. C'est une personnalité radicale, ultra conservateur. Parmi les clés les plus importantes du régime, il est au centre de pouvoir depuis 1988 jusqu'à aujourd'hui, jusqu'à sa disparition.
02:11Et donc, oui, c'est la disparition, c'est le départ, c'est la fin d'une personnalité très importante qui était prévue pour succéder au guide suprême au cœur de son message.
02:24C'est-à-dire son importance. C'est quelqu'un qui a été très présent, premier acteur dans la répression des manifestations depuis 2021.
02:33C'est quelqu'un qui avait des propos aussi, et pas seulement des actes, on va dire, très durs vis-à-vis d'Israël. C'était l'un des grands ennemis finalement d'Israël.
02:43Oui, absolument. C'est ce qui nous place, puisque nous n'avons pas des informations fiables, crédibles, même de la part du régime, ce qui nous place à faire des hypothèses.
02:54La première hypothèse, bien évidemment, qui nous passe par notre grille de lecture, c'est une attaque israélienne. Il faut dire que c'était trois hélicoptères, n'est-ce pas ?
03:06Deux, dans le premier, il y avait le président Raïssi, le ministre des Affaires étrangères et quelques personnalités qui accompagnaient Raïssi.
03:16Le voisin, mais deux hélicoptères qui devaient protéger l'hélicoptère du président. Les deux sont arrivés à leur destination, mais pas celui du président.
03:26Et donc, est-ce que c'était une attaque israélienne ou pas ? L'hypothèse est là parce que le contexte est là. Comme vous l'avez dit, le contexte entre Israël et Iran est très, très conflictuel et très complexe.
03:39La deuxième hypothèse, il ne faut absolument pas l'exclure, c'est la gestion de la conflictualité au sens des acteurs du régime. On sait très bien...
03:49En interne, donc, oui.
03:51Oui, en interne, il est très proche du guide, mais aussi il est contesté. Il n'y a pas un consensus, il a des adversaires de haut niveau.
04:00Et la troisième hypothèse avancée par le régime, pour le moment, c'est les conditions climatologiques.
04:07Exactement, nous devons nous projeter dans tous les scénarios possibles, surtout le troisième scénario, c'est-à-dire une conflictualité en interne.
04:20Effectivement, donc ces trois hypothèses. Je retiens notamment, l'enquête ne fait que débuter. Pour l'instant, ce ne sont que des hypothèses.
04:28Dans le cadre de l'hypothèse d'une attaque israélienne, ça veut dire qu'Israël aurait les moyens, finalement, de s'en prendre un hélicoptère comme ça, finalement, dans l'espace aérien iranien ?
04:37Écoutez, nous sommes à la frontière entre Azerbaïdjan et Iran, n'est-ce pas ?
04:43Et on sait très bien, et vous le savez aussi, que la plus grande base du service de renseignement israélien se trouve en Azerbaïdjan et non pas ailleurs.
04:53Et donc, oui, Israël a tous les moyens pour couvrir non seulement cette zone, mais aussi la totalité de l'Iran. Mais cette zone, oui, Israël a les moyens.
05:06Quelle est la suite ? Une fois qu'on a appris la mort du président iranien, qu'est-ce qui se passe ?
05:1350 jours. Selon la constitution iranienne, le premier vice-président, parce qu'il y en a plusieurs, le premier vice-président qui fait partie du bureau du guide suprême,
05:26il vient directement du bureau du guide, le premier vice-président, il va prendre en charge les affaires courantes jusqu'à 50 jours.
05:35Et au bout de 50 jours, bien évidemment avec l'accord et la bénédiction du guide suprême, parce que tout se passe par son filtre.
05:42C'est lui qui décide de tout.
05:44Exactement, ils vont organiser les élections pour élire le nouveau président. Et pour moi, à ce jour-là, le candidat le plus crédible pour récupérer le portefeuille du président de la République,
05:58c'est le président de l'Assemblée nationale iranienne.
06:01Qui est plus radical ou pas ?
06:03Écoutez, c'est un général de formation, un docteur en géopolitique qui occupe un poste très très important, ultra conservateur, oui, très très conservateur.
06:20Seulement, il n'est pas religieux, il ne fait pas partie du corps religieux de la République islamique d'où l'Iran.
06:28Et donc ça, c'est un élément à prendre en compte dans la perspective d'un décès du guide suprême pour le remplacer.
06:36Et bien on va suivre ça en tout cas. Voilà, je le rappelle, la confirmation de la mort du président Raisi, le président iranien, dans le crash de son hélicoptère.
06:46Un grand merci d'avoir été avec nous Adel Bakaoui, chercheur à l'IFRA et directeur du Centre français de recherche sur l'Irak.
06:52Merci d'avoir été avec nous ce matin sur Sud Radio.

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