Regardez Lenglet-Co avec François Lenglet du 15 mai 2024
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00:00 *RTL Matin*
00:02 *Musique*
00:04 Bonjour François Langlais. Bonjour Yves.
00:06 La Cour des comptes fait une proposition révolutionnaire pour que les médecins soient moins surchargés et donc plus accessibles pour les patients.
00:12 C'est vrai. Suggestion un peu saugrenue,
00:14 permettre aux salariés de se mettre eux-mêmes en arrêt de maladie pour les courtes durées plutôt que de passer par un médecin.
00:20 Et Frédéric Valdou, notre ministre délégué à la santé, semble d'accord.
00:24 Il a déclaré hier sur TF1, je cite, on va regarder ça de près, car c'est une mesure qui permettrait de libérer du temps médical.
00:33 Alors vous avez utilisé, pardonnez-moi le terme de saugrenue, expliquez-vous.
00:37 Oui, trois fois saugrenue. D'abord parce que la Cour des comptes elle-même ne cesse de demander qu'on limite la croissance des arrêts maladie.
00:43 En gros c'est plus 4% par an depuis 2010, ça représentait l'année dernière 13,5 milliards d'indemnités journalières annuelles.
00:53 Limiter la croissance des arrêts en les facilitant, pardon, mais j'ai du mal à suivre.
00:58 Ensuite parce que depuis le 1er janvier, les arrêts de maladie obtenus par cabine de téléconsultation sont limités à 3 jours, justement pour éviter les abus.
01:06 On impose un examen physique pour toute durée supérieure.
01:10 Donc si je comprends bien, on limiterait davantage les arrêts prescrits par des médecins à distance,
01:15 davantage que ceux qui seraient autoprescrits par le patient. Là, aberrant.
01:20 Troisième motif d'étonnement.
01:22 Sur le fond, qu'on s'attaque au problème de la pénurie de soins en sortant les médecins de la boucle,
01:27 pourquoi pas alors permettre aux patients de s'auto-prescrire un scanner ou une boîte d'antibiotiques.
01:33 Là on va vite désencombrer les salles d'attente des cabinets médicaux,
01:36 mais peut-être le déficit de la sécu va-t-il en subir les conséquences ? Et il n'est pas sûr qu'on soit mieux soigné comme ça.
01:43 La Cour des comptes explique que certains pays voisins ont mis en place un système de ce genre et qu'il n'y a pas d'abus.
01:48 C'est vrai, la Suède, la Norvège, le Royaume-Uni. Mais pardon de vous dire une évidence,
01:53 dans les deux premiers pays, Suède et Norvège, le rapport de l'individu à la collectivité,
01:59 ce n'est pas du tout le même qu'en France. On y est beaucoup plus scrupuleux que chez nous.
02:03 C'est la culture luthérienne de l'Europe du Nord et non pas latine.
02:07 Plus individualiste pour dire les choses gentiment, plus fraudeur pour dire les choses sans fard.
02:13 Autre élément important, au Royaume-Uni, l'indemnité maladie versée par la sécu,
02:18 elle est de 100 euros maximum par semaine. Ça fait 400 euros par mois.
02:23 Bon, à ce prix-là, on peut prendre le risque de fraude. Ce n'est pas le cas chez nous.
02:27 Donc en gros, il ne faut pas mettre en place ce système ?
02:29 Écoutez, s'il était assorti d'un vrai jour de carence, non remboursé, pourquoi pas ?
02:34 Sinon, ça risque fort de constituer une nouvelle étape de la déresponsabilisation des patients que nous sommes,
02:40 qui n'avons plus guéridé du prix réel de la santé.
02:43 Merci beaucoup François Langlais.