GPA ; inflation/facture d'électricité ; fraternité

  • il y a 4 mois
Avec Olivia Maurel, née par GPA, militante pour son abolition à travers le monde ; Romain le Goaster, directeur général de "Bois et Bûches" à Lizio (Morbihan) ; Michel de Rosen, chef d'entreprise, essayiste, auteur de "Fraternité !" publié aux éditions Odile Jacob.

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00:00:00 Aper, la marque de vêtements qui respecte votre identité, en vente exclusive sur aper-mod.com, présente...
00:00:08 Sud Radio, Bercov dans tous ses états.
00:00:13 Nous sommes en guerre.
00:00:15 Arrête de dire que la GPS est la marchandisation du corps de la femme, c'est quoi ça ?
00:00:21 Mais non, tu peux pas dire que j'achète un enfant !
00:00:23 Je suis en guerre, marre de ces taxes qui pèsent jamais, marre du prix de l'électricité, marre qu'on nous laisse crever.
00:00:32 Nous sommes en guerre.
00:00:34 Nous sommes en guerre, oui, à bas bruit, à haut bruit, en guerre violente, guerre ouverte, guerre feutrée, à tous les étages.
00:00:42 Et aujourd'hui on va parler de quoi ? On va parler de cette guerre, de cette guerre qui s'appelle la gestation pour autrui.
00:00:51 Alors comme ça, ça fait très altruiste, on gère pour autrui, ça fait presque à bébière.
00:00:56 C'est beaucoup plus compliqué que ça, la GPA, on va en parler avec Olivia Morel.
00:01:01 Et puis nous allons parler de... parce qu'on l'a entendu, Olivia Morel sur les réseaux sociaux,
00:01:06 elle a beaucoup de choses à dire, et nous allons l'écouter.
00:01:11 Et puis, cet entrepreneur, cet entrepreneur, qu'on a aussi entendu sur les réseaux sociaux,
00:01:18 il a beaucoup de choses sur les réseaux sociaux, vous savez, beaucoup d'informations.
00:01:21 Et lui, c'est très simple, c'est Romain Lugwaster, qui s'occupe de bois et bûches,
00:01:26 et qui va crever, qui va crever, son entreprise va crever, pas lui bien sûr,
00:01:31 parce que c'est très simple, sa facture électricité est passée de 4000 à 15 000 euros.
00:01:36 Voilà, à part ça, la France, c'est la Startup Nation, oui, et puis quelquefois c'est la Letdown Station,
00:01:41 donc c'est quand même un peu embêtant.
00:01:43 Et puis vous allez avoir aussi un spectacle, on est le 1er mai, on appelle,
00:01:48 un spectacle, si vous passez par Paris, si vous êtes parisiens, il faut aller le voir,
00:01:52 c'est un hommage à Nadia Boulanger, Nadia Boulanger qu'on ne connaît pas aujourd'hui,
00:01:57 qui est... qui est vraiment décédée depuis longtemps,
00:01:59 qui a été celle qui a donné à la musique Michel Legrand, Quincy Jones, Vladimir Kosma,
00:02:06 Lalo Chiffrin et tellement de gens dans le monde entier,
00:02:09 et il y a un très beau spectacle qui lui est consacré dans un théâtre parisien.
00:02:14 Et enfin, nous allons recevoir Michel de Rosenne, qui est chef d'entreprise,
00:02:17 et qui va parler de quelque chose dont on parle très peu, fraternité, oui, liberté,
00:02:22 on en parle beaucoup, on parle beaucoup des droits, moins des devoirs,
00:02:25 on parle de égalité, et comment, qu'est-ce que ça veut dire,
00:02:28 mais on ne parle pas beaucoup de fraternité.
00:02:30 Est-ce que c'est encore un mot ou un veu pieux ?
00:02:33 A tout de suite !
00:02:36 Sud Radio. Parlons vrai.
00:02:38 Sud Radio. Parlons vrai.
00:02:40 Aper, la marque de vêtements qui respecte votre identité,
00:02:43 en vente exclusive sur aper-mod.com, présente...
00:02:48 Ici Sud Radio.
00:02:51 Les Français parlent au français.
00:02:56 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:02:59 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:03:02 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:03:05 Père porteur, c'est un métier.
00:03:09 Mère porteuse, c'est un métier.
00:03:12 C'est une vocation.
00:03:14 C'est un business.
00:03:16 C'est quoi, la GPA ?
00:03:18 On en parle tout de suite.
00:03:20 Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:03:23 Le fait du jour.
00:03:25 La chanson d'Alain Souchon.
00:03:28 Mais "Allô maman bobo" ça peut avoir plusieurs significations, effectivement.
00:03:33 Et quand j'ai entendu et que j'ai vu Olivia Morel sur les réseaux sociaux,
00:03:38 je me suis dit qu'il fallait la faire vraiment venir,
00:03:41 parce que elle fait partie de ces milliers d'enfants nés par GPA.
00:03:47 GPA, gestation pour autrui.
00:03:49 Je rappelle juste la définition classique.
00:03:52 On l'appelle la maternité de substitution,
00:03:55 substitution, plus communément mère porteuse,
00:03:58 est une pratique par laquelle une femme porte et accouche d'un enfant
00:04:01 pour le compte d'une autre personne ou d'un couple
00:04:04 qui deviendront les parents légaux de l'enfant après sa naissance.
00:04:07 Ça, c'est la définition.
00:04:10 Et puis on parle de tout, on parle des chiffres d'affaires,
00:04:13 de GPA traditionnel ou GPA gestationnel,
00:04:16 mais avant d'entrer dans tout cela,
00:04:18 moi ce qui m'a toujours frappé,
00:04:20 et je crois que vous le partagez,
00:04:22 c'est qu'on ne parle pas de la psychologie, de l'émotion de ces enfants nés par la GPA,
00:04:28 et aujourd'hui ça fait une génération, moins,
00:04:31 et qu'est-ce qui se passe ?
00:04:33 Ouvier Amorel, vous en avez parlé,
00:04:35 est-ce que je voudrais savoir aujourd'hui,
00:04:37 qu'est-ce qui vous a amené à dire "il faut que je parle de cela" ?
00:04:40 C'est vrai qu'aujourd'hui j'ai décidé d'en parler,
00:04:43 déjà parce que je l'ai fait pour passer un message à mes parents à la base,
00:04:48 c'était plutôt pour moi, pour une thérapie personnelle,
00:04:51 que j'ai commencé à prendre la parole,
00:04:53 parler à mes parents, parce que je n'étais pas capable de les confronter,
00:04:57 de leur parler directement ?
00:04:58 Directement, c'était impossible pour moi,
00:05:00 j'avais trop peur de leur réaction,
00:05:02 j'étais tétanisée, vraiment.
00:05:04 Donc j'ai ouvert TikTok un jour, et j'ai décidé de parler de ça,
00:05:07 et puis très vite, s'en est venue une lutte,
00:05:09 une lutte pour abolir cette pratique,
00:05:11 qui pour moi est inadmissible.
00:05:13 D'abord, pardon, vous avez su comment,
00:05:16 vous avez su comment et quand
00:05:18 que vous étiez née par gestation pour autrui ?
00:05:20 Je le dis très souvent, j'ai toujours eu ce sentiment à l'intérieur de moi,
00:05:23 dans mon cœur, dans mon instinct,
00:05:25 mais très tôt,
00:05:27 mes premiers souvenirs c'est 6-7 ans,
00:05:29 donc avant ça je n'ai vraiment pas de souvenirs à titre personnel,
00:05:33 mais très tôt, c'est viscéral,
00:05:36 c'est à l'intérieur, je vois qu'il y a une différence avec ma mère,
00:05:38 je vois que quelque chose se passe,
00:05:40 et que ça ne colle pas, il n'y a rien qui colle,
00:05:42 il y a un décalage entre mes parents et moi,
00:05:44 il y a des attentes aussi,
00:05:46 vis-à-vis de moi, je vois qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
00:05:50 Donc je passe une adolescence très catastrophique,
00:05:52 un carnage,
00:05:54 avec vos parents,
00:05:56 avec mes parents, j'ai passé une crise identitaire énorme,
00:05:59 déjà l'adolescence c'est compliqué chez des enfants lambda,
00:06:02 mais alors chez moi c'était démultiplié,
00:06:04 parce que justement, je ne savais pas qui j'étais,
00:06:06 j'étais en construction de moi-même,
00:06:08 et je ne pouvais pas me construire, parce que je ne savais pas d'où je venais,
00:06:10 sans avoir une preuve tangible,
00:06:13 évidemment, mais c'était à l'intérieur de moi.
00:06:15 - Et comment vous l'avez su ?
00:06:17 - C'est à 17 ans, j'ai ouvert Google,
00:06:19 je dis souvent, j'ouvre Google, je tape Louisville Kentucky,
00:06:21 parce qu'il n'y avait aucune raison que mes parents,
00:06:23 enfin, ma mère a couché aux Etats-Unis,
00:06:25 elle était française, mon père est suisse,
00:06:27 tout ça n'avait aucun sens, donc je commence à faire des recherches sur Internet,
00:06:29 - C'est-à-dire que vous êtes née au Kentucky ?
00:06:31 - Exactement, je suis née à Louisville Kentucky,
00:06:33 en 91,
00:06:35 et c'est là où je fais mes découvertes,
00:06:37 j'ouvre Google, je vois qu'il y a
00:06:39 écrit des agences de gestation pour autrui,
00:06:41 qui se pratiquent dans certains endroits là,
00:06:43 et c'est là où vraiment,
00:06:45 j'ai eu les réponses à mes questions,
00:06:47 j'étais née de ça, et à partir de ce moment-là,
00:06:49 je le raconte à tout le monde,
00:06:51 je le raconte à tout le monde, mes médecins, mes amis.
00:06:53 - Mais attendez, vous l'avez dit d'abord à vos parents ?
00:06:55 - Non, je ne l'ai jamais dit à mes parents, jamais,
00:06:57 parce que j'avais vraiment trop peur de les perdre.
00:06:59 - Vous ne l'avez jamais affronté, vos parents l'avaient dit,
00:07:01 pourquoi tu ne le dis pas, pourquoi, etc. ?
00:07:03 - Je ne pouvais pas les affronter, c'était impossible.
00:07:05 - Pourquoi ? - Parce que j'ai un conflit de loyauté qui est énorme,
00:07:07 on a un prix sur nos têtes, on est acheté, on est voulu,
00:07:09 on est déséré, on a l'impression d'être ingrat,
00:07:11 on a l'impression qu'on va leur faire du mal,
00:07:13 j'avais pas envie de les mettre à mal,
00:07:15 j'avais pas envie de les pointer du doigt,
00:07:17 j'avais peur,
00:07:19 j'avais peur d'un deuxième abandon,
00:07:21 j'avais déjà été abandonnée une première fois,
00:07:23 donc imaginer les perdre une deuxième fois,
00:07:25 pour moi c'était impensable,
00:07:27 et surtout à ce moment-là, j'étais jeune,
00:07:29 j'avais 17 ans. - Vous le racontez à tout le monde,
00:07:31 donc ils ont dû le savoir ?
00:07:33 - Non, ils ne l'ont pas su, pas du tout, moi je cachais très bien la chose.
00:07:35 - Ils sont plus là, pardon vos parents ?
00:07:37 - Si, ils sont encore là, ils sont encore vivants, mais ils sont plus là dans ma vie.
00:07:39 - Ah d'accord, vous êtes séparés.
00:07:41 - On s'est séparés parce que
00:07:43 quand ils ont pris connaissance de ma lutte,
00:07:45 ils pensaient, je pense, que je luttais contre eux,
00:07:47 que j'avais une vendetta envers eux,
00:07:49 que je me vengeais.
00:07:51 - Ah oui, ils ont pris ça comme un acte d'hostilité envers vous.
00:07:53 - Exactement, alors que pas du tout, absolument pas,
00:07:55 je l'ai su depuis tellement longtemps
00:07:57 que j'aurais pu,
00:07:59 j'aurais pu les confronter,
00:08:01 j'aurais pu les engueuler,
00:08:03 j'aurais pu me prendre la tête avec eux,
00:08:05 mais je n'ai jamais, j'aurais jamais fait du mal,
00:08:07 et je n'en veux pas du mal,
00:08:09 pas du tout, moi je lutte vraiment
00:08:11 contre un marché, contre des entreprises,
00:08:13 pas contre des gens,
00:08:15 ça n'a aucun sens.
00:08:17 - Mais en même temps, Olivia, je vous pose cette question,
00:08:19 heureusement qu'ils étaient là,
00:08:21 non ? Ou pas ?
00:08:23 - Par rapport à ma naissance ?
00:08:25 - Oui, par rapport à ma naissance.
00:08:27 - On me le dit très souvent,
00:08:29 "Olivia, t'imagines, tu ne serais pas là,
00:08:31 qu'est-ce que tu serais venu ?"
00:08:33 Je ne serais pas là, tout simplement, à vous parler, c'est tout,
00:08:35 je serais peut-être dans un autre corps, dans une autre personne,
00:08:37 je ne sais pas, c'est une question qui est absolument ridicule.
00:08:39 A chaque fois, on me dit,
00:08:41 "Olivia, tu luttes contre la GPA."
00:08:43 - Non, en quel sens ?
00:08:45 C'est-à-dire que le problème, c'est que,
00:08:47 ok, vous n'êtes pas responsable,
00:08:49 c'est pas vous qui avez choisi la GPA,
00:08:51 d'être en GPA, c'est le moins qu'on puisse dire.
00:08:53 Donc à partir de ce moment-là,
00:08:55 est-ce que vous avez recherché,
00:08:57 vous allez savoir qui étaient vos parents biologiques,
00:08:59 enfin, vos parents biologiques,
00:09:01 qui a...
00:09:03 - Oui, la mère porteuse qui m'a porté,
00:09:05 est-ce que j'ai recherché mes origines,
00:09:07 mes racines, mes...
00:09:09 Alors, non.
00:09:11 Je n'ai pas, parce que je ne connaissais pas...
00:09:13 - Le processus.
00:09:15 - Non, mais je ne savais pas que les tests ADN existaient,
00:09:17 très honnêtement, je n'en avais aucune idée.
00:09:19 - Non, ce qui est étonnant, c'est vrai,
00:09:21 mais c'est intéressant, et encore une fois,
00:09:23 ce n'est pas du tout une contestation.
00:09:25 Ce qui est intéressant, c'est que vous n'avez pas voulu la confrontation.
00:09:27 - Non, jamais.
00:09:29 Mais ça, c'est le problème avec la quasi...
00:09:31 Je ne parle pas au nom des enfants nés de mère porteuse,
00:09:33 mais je me suis constitué
00:09:35 un petit groupe d'enfants nés par GPA,
00:09:37 et tous ces enfants ne parleront jamais,
00:09:39 parce que justement, il y a ce conflit de loyauté,
00:09:41 parce qu'ils ont peur de leurs parents.
00:09:43 C'est normal.
00:09:45 Ils ont peur.
00:09:47 On a peur, toute notre vie,
00:09:49 on nous a bourré le crâne que c'était beau,
00:09:51 que c'était magnifique, et surtout eux,
00:09:53 parce que moi, encore, on m'a menti,
00:09:55 mais ces enfants-là, oui,
00:09:57 ils ont été...
00:09:59 - Ah oui, leurs parents l'ont dit, oui.
00:10:01 - La GPA, c'est magnifique, t'es en vie grâce à ça,
00:10:03 grâce à moi, grâce à ce processus,
00:10:05 et ces enfants-là ne parleront jamais.
00:10:07 - Et alors, Olivia, pourquoi pour vous,
00:10:09 c'est profondément nocif
00:10:11 et, je dirais, immoral ?
00:10:13 - C'est immoral d'un point de vue de la femme,
00:10:15 parce que c'est la marchandisation
00:10:17 de la femme. On utilise une femme
00:10:19 comme incubateur, comme...
00:10:21 On loue son utérus, on l'exploite
00:10:23 pour sa capacité reproductive.
00:10:25 Il n'y a rien de plus abject, aujourd'hui,
00:10:27 que ça. On parle de
00:10:29 principe de l'indisponibilité du corps humain,
00:10:31 on marche dessus, on parle de dignité
00:10:33 humaine, on traite la femme en tant que chose.
00:10:35 C'est horrible, sur plein de
00:10:37 points. Après, sur le point de l'enfant,
00:10:39 c'est terrible aussi, parce que dans tous les cas de GPA,
00:10:41 alors vous pouvez me mettre éthique, altruiste
00:10:43 devant, vous pouvez l'appeler comme vous voulez,
00:10:45 c'est toujours un enfant qui est arraché
00:10:47 à sa mère à la naissance. Toujours.
00:10:49 À chaque fois. Même si la mère n'est
00:10:51 pas biologiquement liée à l'enfant,
00:10:53 c'est toujours
00:10:55 sa mère. C'est la mère
00:10:57 et celle qui accouche.
00:10:59 C'est celle qui porte.
00:11:01 C'est elle la mère.
00:11:03 C'est elle, l'enfant va se nouer pendant
00:11:05 9 mois avec elle. C'est elle
00:11:07 qui va le faire grandir.
00:11:09 Il va y avoir un échange. Et on sait la palette des émotions
00:11:11 et de tout ce qui se passe dans le ventre d'une mère.
00:11:13 On ne fait pas tout un... On nous parle
00:11:15 du quatrième trimestre
00:11:17 de grossesse, parce que justement, il faut un lien
00:11:19 entre l'intérieur du ventre de la mère
00:11:21 et l'extérieur du monde extérieur.
00:11:23 Donc, ça compte. Il faut ce lien.
00:11:25 Moi je dis toujours, on n'enlève pas des...
00:11:27 Il y a une loi sur
00:11:29 les chiots.
00:11:31 Les chiots naissent et il faut
00:11:33 absolument qu'ils restent avec leur mère pendant 8 semaines.
00:11:35 On a foutu une loi, ça doit être comme ça. C'est très bien
00:11:37 d'ailleurs, parfait. Par contre chez une femme, non.
00:11:39 On peut l'arracher à sa mère à la naissance
00:11:41 et puis on dit que tout va bien se passer
00:11:43 parce que les parents ont de l'argent et que...
00:11:45 Et quand vous dites "les parents ont de l'argent", il faut savoir
00:11:47 parce que c'est un business, c'est un business
00:11:49 mondial. Je rappelle simplement
00:11:51 qu'en Ukraine, où il y a énormément
00:11:53 énormément de mères porteuses
00:11:55 parce que c'est toujours un problème économique,
00:11:57 c'est un problème de misère, etc.
00:11:59 C'est à partir de 50 000 dollars pour l'Ukraine, pour avoir un bébé,
00:12:01 entre 110 000 et 170 000 dollars
00:12:03 aux Etats-Unis. Et il faut savoir
00:12:05 que le nombre annuel de naissances par GPA
00:12:07 est estimé à 2 000 à 2 500
00:12:09 en Ukraine, selon le gouvernement ukrainien.
00:12:11 Avant 2022, évidemment, avant la guerre.
00:12:13 8 000 aux Etats-Unis,
00:12:15 dont la moitié pour des couples étrangers,
00:12:17 selon Centers of Disease Control.
00:12:19 Le marché aujourd'hui est de
00:12:21 15 milliards de dollars,
00:12:23 le marché mondial. Et il serait
00:12:25 selon des consulting,
00:12:27 des entreprises consulting, d'ici à
00:12:29 2033, de 100 milliards
00:12:31 de dollars. - Exactement.
00:12:33 On a fait des études de marché sur la
00:12:35 vente d'enfants et sur la
00:12:37 location d'utérus. On a basé un marché
00:12:39 mondial sur ça.
00:12:41 C'est complètement... - Intéressant. Vous vous rappelez...
00:12:43 - C'est un délire. - Vous avez vu la phrase
00:12:45 de Pierre Berger,
00:12:47 le manager d'Yves Saint Laurent, qui disait
00:12:49 "Les ouvriers donnent bien leurs bras
00:12:51 pour la force du travail, pourquoi les mères ne donnent pas
00:12:53 leur ventre pour accoucher ?"
00:12:55 Vous en pensez quoi ? - Je trouve ça marrant, parce que
00:12:57 les ouvriers qui donnent leurs bras, en tout cas,
00:12:59 ils ont une pause. Ils ont un contrat de travail
00:13:01 sur lequel, bon, ils ont un temps,
00:13:03 ils ont un RTT, ils ont des
00:13:05 congés payés. Mais la mère porteuse,
00:13:07 elle n'en a pas. Elle doit
00:13:09 pendant plus de 9 mois, parce qu'il y a
00:13:11 le processus de la five. Il y a aussi, après,
00:13:13 quand elle doit donner son lait maternel,
00:13:15 généralement, il y a une clause qui est prévue
00:13:17 pour le lait maternel qui doit être fourni après. Donc,
00:13:19 elle est sous contrat pendant un an et demi.
00:13:21 - Et elle peut continuer,
00:13:23 refaire... - Elle peut continuer, refaire,
00:13:25 et il n'y a pas de temps...
00:13:27 Voilà, elle n'a pas de repos. C'est H24.
00:13:29 C'est non-stop. Donc, on ne peut pas me comparer ça
00:13:31 avec un ouvrier et une mère
00:13:33 qui louent son corps.
00:13:35 C'est pas la même chose. On ne parle pas du tout de la même chose.
00:13:37 Et un ouvrier, de ce que je sache,
00:13:39 ne va pas vendre sa chair.
00:13:41 Il ne va pas vendre son enfant.
00:13:43 Donc, c'est... On oublie très
00:13:45 souvent que dans la GPA, il y a
00:13:47 donc la mère porteuse, mais il y a aussi ce petit
00:13:49 enfant à naître, qui lui aussi
00:13:51 fait l'objet de ce contrat.
00:13:53 Il est marchandisé. Donc,
00:13:55 on se trouve que ce n'est pas du tout la même chose.
00:13:57 C'est ce qui revient le plus souvent,
00:13:59 très honnêtement. Mais bon,
00:14:01 c'est incomparable. - Oui, c'est ce qui revient.
00:14:03 Non, mais, je vous disais ça
00:14:05 parce qu'un certain nombre de gens disent ça, et effectivement,
00:14:07 on peut juger ça extrêmement
00:14:09 obscène aussi. Enfin, ce genre de
00:14:11 phrases, de comparaison, évidemment,
00:14:13 de toute façon. Maintenant,
00:14:15 c'est illégal, comme vous le savez. En tout cas,
00:14:17 en France, c'est totalement interdit.
00:14:19 Mais il y a des gens qui contournent, on le sait,
00:14:21 parce qu'ils passent à la télévision, à la radio,
00:14:23 expliquer que voilà, ils sont contents,
00:14:25 ils ont fait un enfant par GPA, etc.
00:14:27 Et quand on leur dit "oui, mais la mère",
00:14:29 ben non, il n'y a pas de mère.
00:14:31 Alors, certains vous disent "voilà, nous avons donné notre
00:14:33 semence".
00:14:35 Est-ce que les gens que vous avez rencontrés,
00:14:37 les enfants par GPA,
00:14:39 ils ont tous vraiment un problème
00:14:41 où très honnêtement, certains sont totalement
00:14:43 indifférents en disant "bon ben, c'est comme ça".
00:14:45 - Non, c'est très compliqué. Alors, c'est
00:14:47 toutes des filles. J'ai pas encore trouvé de garçons,
00:14:49 mais c'est toutes des filles et toutes ont des problèmes.
00:14:51 Des problèmes psychologiques extrêmement graves.
00:14:53 Moi, j'ai eu la chance, en tout cas,
00:14:55 d'avoir une sécurité.
00:14:57 J'avais mon mari, j'avais ma belle-mère,
00:14:59 j'avais des médecins autour de moi,
00:15:01 j'ai été très accompagnée ces dix dernières années
00:15:03 pour pouvoir enfin prendre la parole.
00:15:05 Ça m'a quand même pris un certain moment
00:15:07 de me dire "ok,
00:15:09 allez, viens, il faut que tu commences
00:15:11 à défendre ta cause et il faut que tu sortes ce que tu as à dire".
00:15:13 Mais ces enfants-là
00:15:15 à qui je parle, c'est une catastrophe.
00:15:17 C'est une catastrophe, soit c'est du syndrome
00:15:19 post-traumatique dont elles souffrent,
00:15:21 tentative de suicide, drogue, alcool.
00:15:23 Il y en a une, elle a été horrible
00:15:25 à l'aînée d'un papa solo.
00:15:27 Parce que c'est évidemment, la GPA,
00:15:29 c'est la seule manière dont un papa seul peut avoir
00:15:31 un enfant, c'est assez incroyable.
00:15:33 - Vous dites que la proportion, soit de gays, soit d'hétérosexuels,
00:15:35 est à peu près la même.
00:15:37 - On est à 70% de couples hétérosexuels,
00:15:39 30% de couples homosexuels.
00:15:41 Donc c'est pas une question d'homophobie, encore une fois.
00:15:43 Moi je suis contre la GPA pour les homos,
00:15:45 pour les hétéros, pour les solos.
00:15:47 En tout cas pour cette jeune fille dont je vous parle,
00:15:49 qui est née par GPA de papa solo.
00:15:51 Elle a 22 ans aujourd'hui
00:15:53 et elle a été abusée toute sa vie par son père.
00:15:55 Donc elle ne parlera probablement jamais
00:15:57 comme beaucoup de victimes de traumatismes.
00:15:59 - On va continuer à parler de cela avec Olivia Morel
00:16:01 pendant un moment encore,
00:16:03 après cette petite pause.
00:16:05 A tout de suite.
00:16:07 - Et avec vous, si vous voulez témoigner 0826 300 300,
00:16:09 réagir ou poser toutes vos questions,
00:16:11 on est là pour prendre vos appels.
00:16:13 0826 300 300, à tout de suite sur Sud Radio.
00:16:15 - Sud Radio Bercoff dans tous ses états,
00:16:19 midi 14h.
00:16:21 André Bercoff.
00:16:23 - Ici Sud Radio.
00:16:27 Les Français parlent au français.
00:16:29 Les carottes sont cuites.
00:16:33 Les carottes sont cuites.
00:16:35 - Sud Radio Bercoff dans tous ses états.
00:16:37 - Alors il faut savoir, et je rappelle aux auditeurs
00:16:41 Sud Radio, résistants Sud Radio,
00:16:43 que la gestation pour autrui
00:16:45 est interdite en France.
00:16:47 Elle est intérieure à France et d'ailleurs dans plusieurs autres pays.
00:16:49 La législation française sur ce sujet
00:16:51 est très stricte et est régie par plusieurs lois
00:16:53 qui visent à protéger l'intérêt et les droits
00:16:55 des personnes impliquées, notamment la mère porteuse
00:16:57 et l'enfant à naître,
00:16:59 vous en parliez à Olivia Morel.
00:17:01 Effectivement, indisponibilité
00:17:03 du corps humain et des tas des personnes
00:17:05 qui sont des fondements du droit civil français,
00:17:07 le recours à une mère porteuse,
00:17:09 le corps humain
00:17:11 ne peut faire l'objet d'un contrat commercial,
00:17:13 les tas des personnes comme l'affiliation
00:17:15 ne peut être manipulée par des accords privés,
00:17:17 la GPA est vue
00:17:19 comme une forme de marchandisation du corps
00:17:21 de la femme et de l'enfant à naître.
00:17:23 Sauf que, sauf que, sauf que,
00:17:25 Olivia Morel, on l'entend, je ne dis pas tous les jours,
00:17:27 mais enfin,
00:17:29 des couples, qu'ils soient hétérosexuels
00:17:31 ou homosexuels, ou des gens qui ont dit "voilà,
00:17:33 on a eu recours à la GPA,
00:17:35 on est très heureux, on a un enfant,
00:17:37 on est fier et...
00:17:39 ça passe crème ! " - Et ça passe crème,
00:17:41 on utilise, c'est vrai que les médias aujourd'hui
00:17:43 sont un petit peu complices dans tout ça, parce que
00:17:45 ils font, en tout cas dans le lobby,
00:17:47 dans les médias
00:17:49 mainstream aujourd'hui, on ne voit que des belles histoires,
00:17:51 on voit ces enfants qui sont mis sur un plateau,
00:17:53 ils ont 8 ans, ils ont 12 ans,
00:17:55 ils ont 15 ans, mais enfin,
00:17:57 8 ans, 12 ans, 15 ans, on est incapable d'aller à la rencontre
00:17:59 de ses parents, c'est très compliqué
00:18:01 de se dire "non, non,
00:18:03 je suis malheureux
00:18:05 de la manière dont je suis née",
00:18:07 donc oui, on instrumentalise ces enfants,
00:18:09 les médias sont vraiment,
00:18:11 je pense qu'il y a une pression sur les médias
00:18:13 par le lobby pro-GPA qui est énorme,
00:18:15 et voilà, ils se font un peu le...
00:18:17 ils font de la publicité de la gestation
00:18:19 pour autrui, c'est terrible, mais c'est la réalité,
00:18:21 c'est la réalité, mais je voulais dire
00:18:23 quelque chose, je ne nie pas qu'il y a de belles histoires,
00:18:25 je ne dis pas que toutes les histoires
00:18:27 vont être catastrophiques, pas du tout !
00:18:29 - Il peut y avoir des enfants en NBA par GBA,
00:18:31 et ça se passe très bien !
00:18:33 - Par exemple, je vais prendre le cas de Christophe Beaugrand,
00:18:35 je suis sûre que son enfant est très heureux,
00:18:37 je ne vais pas le pointer du doigt,
00:18:39 j'y crois,
00:18:41 et je veux y croire, heureusement qu'il y a de belles histoires,
00:18:43 heureusement, je vais dire,
00:18:45 mais c'est pas ce qui rend la pratique
00:18:47 plus éthique !
00:18:49 - Vous, en fait, c'est la pratique que vous...
00:18:51 - Mais bien sûr, c'est la pratique, moi je compare toujours
00:18:53 au temps des esclaves,
00:18:55 il y avait des esclaves bien nourris, bien logés,
00:18:57 ils étaient heureux, ça se passait bien,
00:18:59 voilà, c'était...
00:19:01 on faisait la promotion
00:19:03 pour l'esclavagisme, mais ça a été
00:19:05 aboli, parce qu'on ne peut pas, d'un point de vue éthique,
00:19:07 moral, c'est pas possible,
00:19:09 et la GPA c'est exactement pareil, il y a de belles histoires,
00:19:11 j'en suis certaine, à 100%,
00:19:13 mais c'est pas possible
00:19:15 de marchandiser le corps d'une femme
00:19:17 et de vendre, d'acheter un enfant, c'est impossible.
00:19:19 Impossible aujourd'hui, c'est inaudible
00:19:21 en 2024 en tout cas. - Et que ceux qui disent
00:19:23 effectivement "oui mais vous comprenez, on les fait vivre,
00:19:25 ces femmes, c'est bien, sinon elles seraient dans la misère"...
00:19:27 - Il y avait Gisèle Alamy qui disait
00:19:29 "si vous donnez de l'argent à toutes ces femmes pauvres
00:19:31 pour vivre dignement et élever leurs
00:19:33 enfants dignement, et vous leur
00:19:35 donnez les moyens de le faire,
00:19:37 mais il n'y aura plus de location
00:19:39 de ventre comme elle le disait". - Et puis on peut rappeler
00:19:41 peut-être aussi, encore une fois,
00:19:43 que chacun fait ce qu'il veut et on n'a pas de leçons à donner,
00:19:45 il y a quelque chose qui s'appelle l'adoption.
00:19:47 Il y a des millions d'enfants
00:19:49 de par le monde qui sont abandonnés,
00:19:51 qui sont abandonnés dans des conditions
00:19:53 incroyables, atroces,
00:19:55 dramatiques, et je ne comprends pas
00:19:57 pourquoi, et je comprends très bien que le désir
00:19:59 d'enfant soit là, et il est plus que
00:20:01 respectable et légitime, mais pourquoi
00:20:03 on n'adopte pas ? Pourquoi ces personnes
00:20:05 n'adoptent pas ? - Alors parce qu'ils veulent des enfants
00:20:07 de leur gêne. - Oui enfin...
00:20:09 - Alors on dit très souvent "oui, l'adoption
00:20:11 c'est difficile, c'est un parcours du combat".
00:20:13 Oui, mais c'est normal parce qu'on protège les enfants.
00:20:15 On protège les enfants pour les mettre dans des familles
00:20:17 parce qu'ils ont subi un drame.
00:20:19 - Oui, pour que ça soit sa propre semence.
00:20:21 - On essaie de réparer une situation
00:20:23 qui a été déjà compliquée. Donc on
00:20:25 essaie de faire au mieux pour rendre ces
00:20:27 enfants heureux. Sauf que, dans la
00:20:29 gestation pour autrui, on va créer
00:20:31 un abandon. On va...
00:20:33 C'est le Dr René Frimane qui dit ça.
00:20:35 C'est un abandon sur ordonnance.
00:20:37 C'est un abandon programmé. Et je souhaiterais
00:20:39 dire que dans les gestations pour autrui,
00:20:41 les commanditaires, ceux qui vont acheter les enfants,
00:20:43 les parents d'intention, peu importe comment
00:20:45 vous les appelez, il n'y a aucun contrôle sur eux.
00:20:47 Aucun, zéro. Il n'y a pas
00:20:49 de background check, il n'y a pas de...
00:20:51 - Ce qui peut arriver après... - Mais rien !
00:20:53 Donc c'est une façon de contourner
00:20:55 l'adoption. On utilise la gestation pour autrui
00:20:57 quand on a les moyens. Voilà, c'est tout.
00:20:59 Mais ça, malheureusement, on a vu
00:21:01 plein de cas terribles de
00:21:03 couples qui ont abusé d'enfants...
00:21:05 - Oui, on ne veut pas dire que c'est la majorité...
00:21:07 - Ce n'est pas la majorité. - C'est l'exception.
00:21:09 - Peut-être. - Mais en tout cas,
00:21:11 le problème, effectivement, c'est
00:21:13 la marchandisation absolue du corps.
00:21:15 - C'est la marchandisation, exactement. Et le fait aussi que les enfants
00:21:17 ne sont pas protégés. Voilà, c'est tout.
00:21:19 - Merci Olivia Morel. - Merci à vous.
00:21:21 - Sud Radio André Bercoff.
00:21:23 - Ça balance pas mal !
00:21:25 - Bercoff dans tous ses états,
00:21:27 ça balance pas mal sur Sud Radio.
00:21:29 - Pas la peine de chercher ailleurs.
00:21:31 Je suis énervé, on nous laisse crever.
00:21:33 Ça nous met hors de moi.
00:21:35 Débrouiller l'électricité, non.
00:21:37 Ça devient infernal. C'est pas normal.
00:21:39 On nous trompe pour des blaireaux.
00:21:41 On s'achemine vers la ruisse.
00:21:43 Ça devient un drame. On paye de factures.
00:21:45 Mais on se retrouve dans la famille.
00:21:47 On va laisser les riches prospérer.
00:21:49 Les pauvres à chou.
00:21:51 Je suis un grigel.
00:21:53 - Un rap qu'on a fait à Sud Radio.
00:21:55 Avec Thibaut Sadler.
00:21:57 Bonjour Romain Logaster.
00:21:59 - Bonjour André Bercoff.
00:22:01 - Evidemment,
00:22:03 comme tout le monde, enfin comme tous ceux
00:22:05 qui sont sur les réseaux sociaux, je vous ai écoutés.
00:22:07 J'ai écouté ce que vous avez dit.
00:22:09 Et quand vous dites,
00:22:11 effectivement,
00:22:13 je résume.
00:22:15 Quand vous avez dit,
00:22:17 il y a 4 ans,
00:22:19 j'avais pour rêve de reprendre cette petite entreprise bretonne
00:22:21 qui me permet d'aller les enjeux
00:22:23 industriels, écologiques et sociaux dans notre belle région.
00:22:25 Vous occupez des bûches,
00:22:27 des bûches densifiées.
00:22:29 Une petite PME industrielle bretonne, bois et bûches
00:22:31 qui produit des bûches densifiées
00:22:33 dans le Morbihan, en Bretagne.
00:22:35 Très bien. Et alors, aujourd'hui,
00:22:37 même chez nous, chez Valérie Xpert
00:22:39 et Gilles Ganzman,
00:22:41 on parlait de la France Startup Nation.
00:22:43 C'est bien, la France Startup Nation.
00:22:45 Mais quand on voit, pour vous, et justement raconté,
00:22:47 qu'est-ce qui se passe
00:22:49 et pourquoi vous avez poussé
00:22:51 ce cri d'alarme, ce cri au secours
00:22:53 sur les réseaux sociaux,
00:22:55 et vous étiez au bord des larmes,
00:22:57 et on peut se comprendre,
00:22:59 parce que vous n'y arrivez plus.
00:23:01 Vous ne pouvez plus continuer.
00:23:03 C'est moi, je veux bien continuer,
00:23:05 mais encore faudrait-il que je puisse en avoir les moyens.
00:23:07 C'est-à-dire que, moi,
00:23:09 je suis une petite PME industrielle
00:23:11 qui produit, comme vous le disiez à l'instant,
00:23:13 des bûches densifiées.
00:23:15 Mais pour faire tourner une usine,
00:23:17 quel que soit finalement le produit
00:23:19 qui sort de ses chaînes,
00:23:21 il faut de l'énergie.
00:23:23 Et l'énergie a subi, l'année dernière,
00:23:25 une véritable explosion
00:23:27 sans fondement,
00:23:29 puisque
00:23:31 la preuve, c'est qu'on a eu...
00:23:33 Moi, j'ai une facture qui a été multipliée par 2,
00:23:35 puis par 10,
00:23:37 et puis qui est revenue, multipliée par 4.
00:23:39 On finit par être content de n'avoir une facture
00:23:41 que multipliée par 4.
00:23:43 Mais on ne peut pas... Alors déjà, si vous voulez,
00:23:45 dans l'industrie, on ne peut pas vivre avec une incertitude permanente.
00:23:47 - Bien sûr.
00:23:49 - Donc, moi, je... - Quels étaient les chiffres,
00:23:51 pardon, Romain Legaster, pour ces factures électricitées ?
00:23:53 Vous êtes passé de 4 000 à 15 000
00:23:55 à un moment donné, c'est ça ?
00:23:57 - Non, non, non. Je suis passé de 4 000 à 8 000,
00:23:59 de 8 000 à 40 000, et de 40 000
00:24:01 à 15 000. - En combien de temps, ça ?
00:24:03 - Si vous voulez. En un an,
00:24:05 en un an à peu près. - En un an ?
00:24:07 - J'ai eu les 3 premiers mois de 2023
00:24:09 où la facture était de 40 000,
00:24:11 donc elle est passée de 4 000
00:24:13 à 40 000, donc x10.
00:24:15 Je te rappelle, moi, je suis
00:24:17 EDF Canal Historique. Je n'ai pas joué
00:24:19 les spéculateurs, etc. - Oui, c'est ça.
00:24:21 - Non, non, non.
00:24:23 - Ah, vous êtes EDF, absolument.
00:24:25 - EDF Canal Historique, comme j'aime le rappeler.
00:24:27 Donc,
00:24:29 j'allais dire le client lambda.
00:24:31 - D'accord. - Le client classique d'EDF.
00:24:33 Je te rappelle également, parce que
00:24:35 parfois, on me dit ça, on me dit "mais c'est bizarre de
00:24:37 produire de la bûche densifiée qui est un produit écolo
00:24:39 en utilisant de l'énergie".
00:24:41 Je te rappelle que même une éolienne consomme de l'énergie.
00:24:43 - Ah, exactement. - Et que moi,
00:24:45 quand je consomme
00:24:47 10 en énergie, je le rends
00:24:49 100 en énergie, puisque le pouvoir
00:24:51 calorifique de mes bûches, c'est 100 fois,
00:24:53 c'est 10 fois
00:24:55 le rapport d'énergie que je consomme pour
00:24:57 les produire. Donc, mon équation
00:24:59 est absolument parfaite. Il n'y a pas
00:25:01 d'incongruité
00:25:03 à produire de la bûche densifiée avec des machines qui
00:25:05 ne consomment pas d'électricité.
00:25:07 - Je suis absolument
00:25:09 halluciné de
00:25:11 cette variation du prix de l'énergie,
00:25:13 de prix d'électricité pour vous, de vos factures
00:25:15 en l'aînant. C'est de la folie
00:25:17 furieuse, quand même, à un moment donné.
00:25:19 - C'est de la pure folie.
00:25:21 Et puis, en plus, on dit dans les affaires, quand c'est pas
00:25:23 clair, c'est qu'il y a un loup. Et le problème avec EDF,
00:25:25 c'est qu'en fait, rien n'est clair.
00:25:27 Là, vous voyez, j'ai changé...
00:25:29 On a changé précipitamment
00:25:31 le contrat, parce que sinon, c'était là, par contre,
00:25:33 l'exécution, puisque je ne pouvais pas
00:25:35 continuer à payer mes factures 40 000 euros par mois,
00:25:37 quand même, alors qu'elles étaient, quelques mois plus tôt,
00:25:39 à 4 000.
00:25:41 Je change de contrat.
00:25:43 Et je change de contrat pour voir
00:25:45 mon nouveau contrat passer.
00:25:47 Au lieu de payer 4 000 euros par mois,
00:25:49 je paye 15 000 euros par mois. Sauf qu'il y a
00:25:51 tout l'arriéré qui est à payer.
00:25:53 Et c'est une ardoise qui chiffre
00:25:55 à 130 000 euros. Et là, EDF,
00:25:57 je leur dis, écoutez, bon, allez,
00:25:59 je prends ma paume,
00:26:01 et je demande un échéancier.
00:26:03 Et là, DRX me dit, d'accord,
00:26:05 mais vous réglez ça avant
00:26:07 la fin de l'année.
00:26:09 Si je vous demandais de payer votre maison
00:26:11 par un emprunt, je vais payer votre maison en deux ans.
00:26:13 - Avec tous les arriérés, avant la fin de l'année.
00:26:15 - Exactement.
00:26:17 Même avant fin octobre, pour être très précis.
00:26:19 - Et quand vous dites, ça me fait faire
00:26:21 la clé sous la porte, ça me met mettre la clé
00:26:23 sous la porte, je dois fermer mon usine,
00:26:25 ils disent, ah oui, mais ce n'est pas notre problème, quoi.
00:26:27 - Ah oui, alors là, par contre,
00:26:29 ça ne les intéresse plus. Et alors, ce que je trouve
00:26:31 vraiment épouvantable, et c'est pour ça aussi que j'ai
00:26:33 lancé mon cri d'alarme,
00:26:35 qui, je pense, j'espère,
00:26:37 va en tout cas me permettre d'avoir un petit répit,
00:26:39 mais c'est qu'en plus, vous recevez,
00:26:41 donc moi, j'essaye de négocier
00:26:43 depuis un an avec EDF
00:26:45 pour avoir un échelonnement plus long,
00:26:47 je leur dois. - Oui, bien sûr, je me le savais.
00:26:49 - Et ils nous disent. - Ils me disent, moi,
00:26:51 ils me disent, non, il faut que ce soit réglé à fin octobre,
00:26:53 date anniversaire de votre contrat,
00:26:55 et puis sinon, on coupe.
00:26:57 Et puis du coup, quand on n'est pas tombé d'accord
00:26:59 fin mars, début avril,
00:27:01 j'ai reçu un SMS
00:27:03 en disant, là, au fait, pour info,
00:27:05 on vient couper l'usine,
00:27:07 on coupe l'électricité
00:27:09 dans 10 jours.
00:27:11 - Là, vous venez de recevoir ce SMS, là ?
00:27:13 - Ah ben, je l'ai reçu il y a 15 jours.
00:27:15 - D'accord. - Je l'ai reçu il y a 15 jours, voilà.
00:27:17 Pour info, on vient couper le fruit de votre travail,
00:27:19 les 10 salaires,
00:27:21 voilà, tous les collaborateurs.
00:27:23 - Vous avez 10 employés, là, 10 salaires ?
00:27:25 - Oui, j'ai 10 employés.
00:27:27 Et deux alternants,
00:27:29 qui sont aussi, d'ailleurs, des salariés,
00:27:31 et deux alternants.
00:27:33 - Et dites-moi, est-ce que vous êtes allé, je vous pose la question,
00:27:35 vous êtes allé voir autour de vous, que ce soit la municipalité,
00:27:37 ou le conseil départemental,
00:27:39 ou les autorités, etc.
00:27:41 Comment ils réagissent ?
00:27:43 - J'ai secoué le cocotier partout.
00:27:45 Déjà, il faut savoir une première chose,
00:27:47 c'est que mon cas n'est pas du tout isolé.
00:27:49 Actuellement, on n'en parle pas beaucoup,
00:27:51 mais c'est d'aller au tribunal de commerce
00:27:53 le plus proche de chez vous, et vous apercevrez que c'est une boucherie.
00:27:55 Puisqu'en fait, là, actuellement,
00:27:57 on paye
00:27:59 les problèmes d'énergie, effectivement,
00:28:01 mais je rappelle également que c'est aussi le moment
00:28:03 où on nous demande de rembourser nos PGE,
00:28:05 nos prêts garantis par l'État, donc c'est de vrais
00:28:07 tirs croisés actuellement pour les trésoreries des entreprises,
00:28:09 et donc on arrive à des équations
00:28:11 qui sont insolubles, en fait.
00:28:13 - On sait que les faillites s'accumulent, on sait que les faillites se multiplient,
00:28:15 mais alors justement, quand vous avez secoué
00:28:17 le popotier, le cocotier, pardon,
00:28:19 vous avez eu des réponses ?
00:28:21 Vous avez eu des gens
00:28:23 qui ont réagi,
00:28:25 enfin, qui vous ont dit "oui, on va vous aider",
00:28:27 ou "on va essayer de faire quelque chose" ?
00:28:29 - Alors,
00:28:31 déjà, j'ai eu beaucoup de témoignages sympathiques,
00:28:33 mais objectivement, même
00:28:35 le cabinet
00:28:37 de la ministre, Olivier Grégoire,
00:28:39 qui franchement s'est mobilisé, je ne peux pas dire le contraire,
00:28:41 et quand même le cabinet de la ministre
00:28:43 me dit "ben on ne peut pas faire grand-chose",
00:28:45 je me demande qui est souverain
00:28:47 dans ce beau pays, désormais, puisque
00:28:49 quand on m'explique "ben oui, comme ça,
00:28:51 on n'y peut rien, c'est l'Europe",
00:28:53 ça va être intéressant d'ailleurs. - "On n'y peut rien, c'est l'Europe"
00:28:55 c'est devenu le mantra absolu.
00:28:57 "On n'y peut rien, c'est l'Europe", absolument.
00:28:59 - Exactement. Ça va être intéressant le 9 juin prochain
00:29:01 d'ailleurs, parce qu'on sera peut-être
00:29:03 amené à se rappeler de ces phrases
00:29:05 qu'on a reçues régulièrement
00:29:07 dans les oreilles "c'est pas de notre faute, c'est l'Europe",
00:29:09 "c'est pas de notre faute, c'est l'Europe". Bon, je rappelle
00:29:11 qu'il y a quand même d'autres pays qui ont fait d'autres choix,
00:29:13 comme l'Italie et l'Espagne en particulier. - Absolument.
00:29:15 - Voilà, il ne semblait pas que l'Espagne
00:29:17 ait été sorti de l'Europe.
00:29:19 - Oui, ait été bootée hors de l'Europe et ait été obligée de sortir.
00:29:21 Juste, alors vous lancez une cagnotte,
00:29:23 je dis Romain Le Gouinster, parce que
00:29:25 je pense que beaucoup, beaucoup d'éditeurs
00:29:27 soit qui sont, dans votre cas, pour certains,
00:29:29 et leur entourage,
00:29:31 et soit que... Alors, comment
00:29:33 peut-on joindre, et pour
00:29:35 ceux qui sont intéressés,
00:29:37 participer ou faire des dons, etc.
00:29:39 parce qu'effectivement, vous êtes
00:29:41 face au mur.
00:29:43 - Ah oui, je suis face au mur.
00:29:45 Écoutez, déjà, un grand merci à tous ceux
00:29:47 qui se sont manifestés, qui ont participé à cette
00:29:49 cagnotte, qui continuent à participer à cette
00:29:51 cagnotte, donc qui vous pouvez retrouver
00:29:53 sur l'Itch.
00:29:55 Donc j'ai
00:29:57 des témoignages bouleversants.
00:29:59 Pour moi, mon métier
00:30:01 c'est pas d'ouvrir des cagnottes sur l'Itch.
00:30:03 Mon métier, c'est de produire des bûches encyphiées.
00:30:05 D'ailleurs, j'invite également
00:30:07 à ceux qui nous écoutent,
00:30:09 à venir sur mon site internet
00:30:11 voir les produits qu'on propose. - C'est quoi votre site ?
00:30:13 Donnez le nom de votre site.
00:30:15 - C'est omabuche.fr
00:30:17 O-H-M-A-B-U-C-H-E
00:30:19 omabuche.fr
00:30:21 - Omabuche.fr, très bien.
00:30:23 D'accord, c'est transmis, en tout cas,
00:30:25 c'est noté, omabuche.fr
00:30:27 C'est pas Oléphie, c'est
00:30:29 Omabuche. D'ailleurs, pourrais-tu faire une chanson
00:30:31 là-dessus ? - Ah, j'ai pas le temps.
00:30:33 Bûche, Omabuche.
00:30:35 - Bûche, Omabuche, absolument.
00:30:37 Bûche, Omabuche. Mais, dites-moi,
00:30:39 non, mais c'est vrai que
00:30:41 on aurait envie, qu'on dit, de rire
00:30:43 si on n'était pas obligé d'en pleurer,
00:30:45 comme vous dites, et vous n'êtes pas le seul,
00:30:47 et il y a des milliers et des milliers
00:30:49 d'entrepreneurs,
00:30:51 de petites entreprises qui sont dans votre
00:30:53 cas, et
00:30:55 franchement, et on dit
00:30:57 "Oui, mais c'est pas nous, c'est l'Europe, on peut rien faire,
00:30:59 c'est l'Europe." C'est extraordinaire, moi. Je reviens
00:31:01 à ce que vous venez de dire, quoi. Cette espèce
00:31:03 d'aveu d'impuissance, on se cache derrière l'Europe,
00:31:05 alors, on fait des élections, pourquoi ?
00:31:07 C'est vraiment une question qu'on peut se poser.
00:31:09 - Oui, et puis c'est aussi,
00:31:11 on paie cette politique du "en même temps",
00:31:13 c'est-à-dire qu'on veut en même temps réindustrialiser
00:31:15 la France, et en même temps,
00:31:17 on fait exploser les prix de l'énergie.
00:31:19 À un moment, il faut faire un choix, en fait. C'est pas possible
00:31:21 de dire
00:31:23 le tout et son contraire. C'est pas possible.
00:31:25 Moi, quand je
00:31:27 produis une bûche d'encifié, je fais pas
00:31:29 autre chose, je mets toute mon énergie,
00:31:31 qui est concentrée, toutes les équipes sont concentrées
00:31:33 pour faire ça, et on fait pas autre chose.
00:31:35 - Et vous voulez dire que, quand vous faites
00:31:37 une bûche d'encifié, vous ne faites
00:31:39 pas un tuyau d'arrosage ?
00:31:41 - Voilà, c'est ça. C'est un autre métier.
00:31:43 - C'est vrai, mais en politique,
00:31:45 ça se passe plutôt comme ça.
00:31:47 Hélas, hélas, en ce moment.
00:31:49 Merci Romain Legoister, et écoutez, voilà,
00:31:51 au mal d'ici, et je vous souhaite
00:31:53 tout le courage qu'il faut.
00:31:55 Et vous viendrez nous dire que vous avez été sauvés.
00:31:57 - Promis !
00:31:59 - Merci beaucoup d'avoir été avec nous, Romain Legoister.
00:32:01 Je rappelle que vous êtes directeur général
00:32:03 de Bois et Bûches à Lisio, dans le Mont-Ribillon,
00:32:05 en Bretagne. On va marquer une courte pause
00:32:07 sur Sud Radio, et après on va parler un peu de culture.
00:32:09 Après cette petite pause, à tout de suite sur Sud Radio.
00:32:11 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
00:32:13 appelez maintenant pour réagir 0826 300 300.
00:32:15 - Ici Sud Radio.
00:32:17 Les Français parlent au français.
00:32:19 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:32:21 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:32:23 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:32:25 - Et puisque c'est le 1er mai,
00:32:27 fête du travail,
00:32:29 eh bien, on va parler
00:32:31 de la blanquette de veau.
00:32:33 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:32:35 - Et puisque c'est le 1er mai,
00:32:37 fête du travail,
00:32:39 eh bien, on va parler musique.
00:32:41 On va parler musique,
00:32:43 à propos d'un spectacle que j'ai vu,
00:32:45 et je vous le dis, si vous êtes à Paris,
00:32:47 ou si vous êtes parisiens, si vous venez à Paris,
00:32:49 entre le... là,
00:32:51 en mai, des dimanches,
00:32:53 jusqu'au 6 juillet,
00:32:55 on va donner toutes les dates,
00:32:57 et vous allez voir un spectacle formidable,
00:32:59 sur quelqu'un,
00:33:01 qui n'est peut-être pas connu de tout le monde,
00:33:03 mais qui a joué un rôle extraordinaire
00:33:05 dans...
00:33:07 dans la vie de la musique.
00:33:09 Et vous allez rencontrer un certain nombre de compositeurs,
00:33:11 vous allez écouter ces musiques,
00:33:13 et vous les connaissez toutes.
00:33:15 (musique)
00:33:17 (musique)
00:33:19 *musique*
00:33:22 *chante*
00:33:30 *musique*
00:33:41 *musique*
00:33:52 Et bien ce n'était jamais une mission impossible pour Nadia Boulanger.
00:33:55 Nadia Boulanger, qui est née en 1887, qui est morte en 1979.
00:34:02 Et bien elle a été vraiment le professeur, le mentor, la communicante d'énergie pour des compositeurs.
00:34:11 Je vais vous donner quelques noms qui ont tous, tous, tous dit "on doit tout à Nadia Boulanger".
00:34:17 Aaron Copland, Philippe Glass, Lalo Chiffrine, Quincy Jones, Michel Legrand, Vladimir Kosma, Astor Piazzolla,
00:34:24 George Gershwin et tous les autres, et tous les autres.
00:34:27 C'est formidable. Et alors ce qui se passe c'est que je suis allé voir ce spectacle qui m'a vraiment bouleversé,
00:34:32 qui raconte justement un dialogue entre effectivement un journaliste et Nadia Boulanger,
00:34:41 jouée magnifiquement par Véronique, mais on va en parler avec elle,
00:34:45 et qui est absolument passionnant, vraiment passionnant.
00:34:50 Comment vous racontez que donc Véronique Soufflé mise en scène Michel Dodane,
00:34:56 et avec Philippe Tarabé qui fait effectivement l'intervieweur.
00:35:00 Et c'est passionnant parce que c'est une leçon à la fois de musique, mais c'est surtout une leçon d'humanité.
00:35:07 C'est vraiment comment cette femme parle de la musique, parle de chacun,
00:35:15 et parle de ce formidable respect de la personnalité de chacun qu'elle est tous devenu, en tout cas.
00:35:20 Elle avait des élèves dans le monde entier, c'est bien ça Véronique Soufflé.
00:35:23 Absolument, ils sont venus du monde entier, ça a commencé par les américains,
00:35:27 qui sont venus, Aaron Copland qui est arrivé au conservatoire de Fontainebleau en 1921,
00:35:32 ça a été son premier élève, et de là a découlé quand Aaron Copland est rentré aux Etats-Unis,
00:35:37 qu'il est devenu, qu'il a été, tous les élèves musiciens américains ont voulu venir rencontrer Nadia Boulanger,
00:35:43 ils ont traversé l'Atlantique, et ils sont venus étudier avec Nadia,
00:35:46 ensuite il y a eu ceux qui sont arrivés du Japon, de Roumanie, de Bulgarie, d'Argentine, du monde entier.
00:35:52 - C'est fou, c'est fou. - Vraiment, absolument.
00:35:54 - Et c'était dans les années, donc elle a commencé vraiment dans les années...
00:35:57 - Elle a commencé en 1921, elle a commencé à enseigner très très jeune, elle avait 16 ans en 1904,
00:36:02 chez elle, et puis à Garjanville, elle recevait aussi dans sa maison de campagne des élèves,
00:36:06 et puis les choses se sont accélérées quand le conservatoire de Fontainebleau s'est ouvert en 1921,
00:36:12 et c'est un conservatoire qui s'est ouvert pour les jeunes musiciens américains,
00:36:17 il s'agissait d'offrir à ces jeunes musiciens de meilleure...
00:36:20 - Il existe encore ce conservatoire de Fontainebleau !
00:36:22 - Il existe encore, il est ouvert tous les étés, absolument, et il reçoit des élèves américains.
00:36:26 - Et alors justement, dans cette pièce, ce qui est extrêmement touchant, d'abord il y a des extraits,
00:36:31 vous faites même chanter les spectateurs à un moment donné, Véronique Soufflet,
00:36:34 et ce qui est très intéressant c'est comment elle parle de l'enseignement, de la musique,
00:36:40 et de son amour pour la musique, et vraiment ça parle à tout le monde,
00:36:44 vous pouvez ne rien connaître à la musique classique, ou à quoi que ce soit,
00:36:48 vous allez voir ça, c'est une leçon d'humanité, vraiment extrêmement touchante, extrêmement bouleversante,
00:36:54 et qu'est-ce qui fait que cette femme avait ce "drive" comme on dit en américain, cet enthousiasme, cette énergie ?
00:37:02 - C'est un mystère, c'est une alchimiste Nadia Boulanger,
00:37:05 c'est une personne qui a su allier à la fois la sévérité, la rigueur, et puis l'amour, la passion,
00:37:12 qui a su, pour injonction première, d'obliger ses élèves à être eux-mêmes,
00:37:18 surtout ne pas copier, ne pas vouloir ressembler à qui on n'est pas.
00:37:21 - Oui, à ce que m'ont raconté Astor Piazzolla par exemple, le fameux compositeur argentin.
00:37:26 - Absolument, parce qu'il l'avait traversé l'Atlantique pour venir étudier avec Nadia Boulanger,
00:37:31 il maîtrisait l'écriture magnifiquement, il rêvait d'être Bartók, Stravinsky,
00:37:35 mais Nadia Boulanger n'arrivait pas à comprendre où était le vrai Piazzolla quand elle l'écoutait,
00:37:41 alors elle lui a demandé de jouer les œuvres qu'il jouait en Argentine avant de venir étudier à Paris avec elle,
00:37:46 et ça a été une révélation, parce qu'en venant à Paris, il avait totalement occulté le tango !
00:37:51 Alors il lui a dit "mais vous écrivez des tangos magnifiques, il faut oublier l'écriture scolastique,
00:37:57 continuez dans cette voie !"
00:37:59 Et c'est grâce à Nadia Boulanger que Astor Piazzolla est revenu au tango et a changé aussi en Argentine.
00:38:07 Et je rappelle, Quincy Jones, qui ne connaît pas Quincy Jones, le grand producteur de Michael Jackson,
00:38:11 le grand compositeur, qui est venu exprès et qui a quitté l'orchestre de Duke Ellington où il était trompettiste
00:38:17 pour venir étudier chez Nadia Boulanger pendant 4 ans à Paris.
00:38:20 Absolument, absolument. Il avait entendu la lochifrine, il s'est dit "c'est pas possible,
00:38:25 il faut que je rencontre cette femme", comme beaucoup d'élèves étrangers qui ont traversé...
00:38:31 Elle était comment comme caractère ? Vous l'interprétez magnifiquement, Véronique Soufflé, c'est vrai,
00:38:37 vous l'interprétez très bien. Elle était plutôt dure, elle était plutôt...
00:38:40 Elle était... Alors c'est Markovitch qui dit qu'elle était à la fois la douceur et la sévérité incarnées,
00:38:45 c'est-à-dire qu'elle était capable d'une immense humanité, d'un amour absolu pour ses élèves
00:38:52 et en même temps d'une rigueur draconienne à l'égard de la technique.
00:38:59 Une fois qu'on maîtrisait la technique, après il fallait être soi-même et prendre la liberté de s'envoler,
00:39:05 mais il fallait d'abord connaître cette technique, c'était le prix de la liberté.
00:39:08 Et puis l'admiration qu'elle a pour les compositeurs, pour les grands.
00:39:11 Ah oui, Stravinsky, et puis pour les auteurs, pour Paul Valéry, comme dit Michel Legrand,
00:39:18 avec Nadia Boulanger on n'étudiait pas que la musique, on étudiait la poésie, la littérature,
00:39:23 on étudiait l'amitié, on étudiait la vie quoi. Avec elle, la vie s'élargissait.
00:39:29 Et c'est ça, Nadia Boulanger elle fait lever le pain, elle fait élargir les choses, elle fait en sorte que...
00:39:36 - Pas par hasard qu'elle s'appelle Boulanger. - Exactement, exactement.
00:39:40 Et c'était ça, les capacités, elle est hors du commun cette femme, hors du commun.
00:39:46 Et aujourd'hui sa parole est d'une modernité incroyable.
00:39:50 Oui c'est vrai, c'est vrai, quand on écoute ça aujourd'hui en 2024, tout paraît extrêmement,
00:39:55 en tout cas logique ce qu'elle dit sur la passion, sur l'amour et sur la rigueur,
00:39:59 parce qu'on ne peut rien faire sans le travail.
00:40:01 Rien, et sur le désir, le désir.
00:40:04 S'il n'y a pas de désir, il n'y a rien, si mon désir n'est pas assez fort, ce n'est pas la peine.
00:40:08 C'est vrai que c'est une leçon de vie, une leçon d'humanité, une leçon de...
00:40:12 Et je peux vous dire, on le sent comme ça, alors je vais vous dire, si vous venez à Paris, si vous êtes parisiens,
00:40:17 déjà le dimanche 5 mai à 18h au Théâtre Essayon, c'est tout près de Beaubourg, c'est rue Pierre Aulard, le Théâtre Essayon.
00:40:24 Donc le 5 mai à 18h, et ensuite du 10 mai au 6 juillet, tous les vendredis et samedis, du 10 mai au 6 juillet à 21h.
00:40:33 Voilà, vous avez vraiment ce portrait, au coin de la rue la boulangerie, au coin de la rue l'aventure, au coin de la rue l'humanité.
00:40:41 Vraiment, allez voir Véronique Soufflé, allez voir ce spectacle qui dure une heure et quart, une heure vingt,
00:40:47 et vous y... vraiment, comment je dirais, ouvrez la porte du théâtre et ce spectacle vous ouvrira.
00:40:55 Parce que voilà, vous passez une heure et quart de pur bonheur, et aujourd'hui, par ces temps un peu durs, ça fait du bien.
00:41:02 - Merci. - Merci beaucoup Véronique Soufflé d'avoir été avec nous.
00:41:06 On marque une courte pause, on revient tout de suite après les informations de 13h pour le Face à Face.
00:41:10 A tout de suite sur Sud Radio.
00:41:12 Sud Radio Bercov dans tous ses états, midi 14h. André Bercov.
00:41:17 Avec Aper, la marque de vêtements qui respecte votre identité, en vente exclusive sur aper-mod.com.
00:41:25 Ici Sud Radio. Les Français parlent au français. Les carottes sont cuites. Les carottes sont cuites.
00:41:39 Sud Radio Bercov dans tous ses états.
00:41:44 Eh bien Radio France, Radio France, on va en parler. Licenciement d'un journaliste, ça arrive, et pourquoi pas,
00:41:50 si le journaliste a fait, comme dans n'importe quel métier, une faute professionnelle ou une faute grave,
00:41:55 eh bien il est licencié, c'est normal. Mais là, là, on peut se poser quelques questions, et on va les poser.
00:42:03 Sud Radio Bercov dans tous ses états, les perles du jour.
00:42:08 Et je lui ai dit, toi tu me fous les glandes, pis t'as rien à foutre dans mon monde.
00:42:13 Arrache-toi de là, t'es pas de ma bande. Casse-toi, tu pues, et marche à l'ombre.
00:42:19 Bon, je ne pense pas que ce soit en ces termes que la direction de Radio France a formulé son souhait de se séparer
00:42:27 de Jean-François Aquilli, journaliste politique, non.
00:42:30 Mais enfin, quand même, voilà, lundi dernier, le groupe de Radio, Radio France, a pris la décision de licencier
00:42:40 le journaliste politique de France Info et présentateur de l'émission Les Informés, Jean-François Aquilli,
00:42:45 pour faute grave. Licenciement, donc, pour faute grave, qui a été confirmé un peu partout, donc voilà.
00:42:52 Je rappelle qu'il y a un mois et demi, le journaliste Aquilli avait été déjà suspendu à titre conservatoire
00:42:58 après des révélations du journal Le Monde, affirmant qu'il avait collaboré à l'écriture de l'autobiographie
00:43:04 du président du Rassemblement National, Jordan Bardella, tête de liste, effectivement, du RN pour les Européennes.
00:43:10 Voilà, donc, on lui dit conflit d'intérêts. Selon la direction, le journaliste aurait collaboré sur une période de 9 mois
00:43:19 au projet de Jordan Bardella, évoquant même un travail sur le fond avec des épreuves corrigées.
00:43:24 Alors, Jean-François Aquilli a réagi à l'époque, donc quand ça s'est passé, le 15 mars dernier,
00:43:33 avec cette mise au point, il dit "Je n'ai offrit aucune règle professionnelle ou déontologique,
00:43:39 j'ai échangé avec Jordan Bardella comme je le fais avec tous les responsables politiques depuis 25 ans,
00:43:44 nous avons parlé à sa demande de ce que pourrait être son expression pour un livre d'entretien,
00:43:49 j'ai refusé le projet, depuis quand les journalistes politiques ne peuvent-ils plus échanger avec l'ensemble des responsables politiques ?
00:43:56 Je suis abasourdi par la brutalité de la mesure injustifiée prise à la direction de France Info à mon encontre,
00:44:02 qui nuit gravement à ma réputation." Sauf que, sauf que, ce n'est plus cela, là, c'est vraiment "on le licencie pour faute grave".
00:44:10 Alors, que dit la direction, effectivement, de Radio France ? Ils disent ceci, ils disent "voilà,
00:44:17 c'est une série de conflits d'intérêts et, effectivement, et puis il aurait, Jordan Bardella, fait du média training depuis 10 ans
00:44:27 avec des politiques pour une société de conseil en communication, il y a un conflit d'intérêts, etc."
00:44:36 Bien, on peut comprendre, on peut comprendre, mais on se pose quand même des questions, parce que nous tous,
00:44:42 enfin, on est dans les médias, en tout cas moi, personnellement, depuis des dizaines d'années,
00:44:47 je n'ai jamais fait de média training de ma vie, effectivement, et je n'ai pas fait le livre d'un politique.
00:44:53 Mais je n'ai pas écrit, j'ai contribué à écrire, j'ai écrit 46 bouquins, mais ce n'est pas ça le problème, ce n'est pas moi le problème.
00:45:01 Le problème est de savoir si, effectivement, à partir du moment où on prend, on fait le livre d'un politique.
00:45:10 Vous savez, moi je connais, je ne peux pas citer, on n'est pas là pour citer des noms, etc., ce n'est pas une question de dénonciation ou pas,
00:45:15 mais il n'y a pas, il n'y a pas un seul politique, je dirais, allez, j'exagère un peu, en tout cas la majorité, la grosse majorité des politiques
00:45:24 qui n'ont pas écrit leur livre sans l'aide d'un journaliste.
00:45:27 Ça, je peux vous le dire, d'ailleurs, quelques ans, le site cite les journalistes qui ont participé,
00:45:32 mais en tout cas, énormément de politiques, vraiment énormément, qu'ils soient députés, qu'ils soient sénateurs, qu'ils soient ministres,
00:45:40 ou même président de la République, eh bien, ils ont travaillé, ils ont fait, ce ne sont pas des écrivains, on peut le comprendre,
00:45:47 donc ils ont fait appel à des plumes, ça se passait comment ? Eh bien, ils faisaient des questions-réponses,
00:45:52 et après, effectivement, c'était écrit à la première personne, et quelquefois un petit entretien.
00:45:57 Alors, qu'il y ait eu des... pour parler de Jordan Bardella, mais est-ce qu'on peut se poser la question ?
00:46:03 Est-ce que c'est parce que c'est Jordan Bardella ? Parce que, encore une fois, le nombre de journalistes qui ont travaillé avec
00:46:11 un aussi grand nombre aussi de politiques, est quelque chose qui est une vérité de la palice, que tout le monde sait,
00:46:17 qui est une pratique qui se passe depuis des décennies, et est-ce qu'il faut licencier quelqu'un pour faute grave là-dessus ?
00:46:24 Alors, on peut se poser la question en tout cas, mais ça me paraît quand même assez limite, très franchement.
00:46:32 Encore une fois, si un journaliste donne de fausses informations, si un journaliste donne des résultats d'enquête alors qu'il n'a pas fait l'enquête,
00:46:40 si un journaliste vraiment devient propagandiste, parce que malheureusement, il y en a, ce n'est pas la majorité de l'espèce,
00:46:50 parce que les journalistes qui travaillent bien, qui font très bien leur métier, il y en a énormément, il y en a hier, il y en a beaucoup aujourd'hui,
00:46:57 il y en aura encore demain, mais là, c'est vrai que cette histoire de Radio France, Service Public, qui licencie pour faute grave,
00:47:05 alors écoutez, on aimerait en savoir plus, mais personnellement, c'est toujours quand même une histoire très forte,
00:47:14 au moment où la liberté d'expression connaît les obstacles qu'elle connaît, au moment où la liberté d'expression est combattue sur plusieurs fronts,
00:47:25 en France et ailleurs, au moment où on dit que non, non, non, ce n'est pas important, ce qui est important c'est la sécurité, ce n'est pas la liberté,
00:47:32 mais il n'y a pas de vraie sécurité sans liberté, ne l'oubliez pas, et n'oubliez surtout pas que la liberté ne s'use que si l'on ne s'en sert pas.
00:47:41 Et ce que reproche aussi Radio France, c'est de ne pas avoir ce que Jean-François, qui n'a pas alerté sa direction,
00:47:48 et que c'est dans la charte de France Télévisions et de Radio France, et puis aussi il annonce saisir les prud'hommes.
00:47:53 Sud Radio Bercoff, dans tous ses états, le face à face.
00:47:59 Et dans ce face à face, aujourd'hui André Bercoff, vous recevez l'essayiste Michel Derozen, qui vient nous voir pour son livre Fraternité,
00:48:05 écrit aux éditions Odile Jacob. Bonjour Michel Derozen.
00:48:08 Bonjour. Alors Michel Derozen, je trouve que vous avez un esprit à la fois de sacrifice et de courage qui mérite l'admiration.
00:48:16 Parce que parler aujourd'hui de fraternité dans le paysage mondial et national qui nous occupe, me paraît une entreprise intéressante, audacieuse,
00:48:26 et presque, j'allais dire, mais pour vous provoquer un peu, qui me paraît relever du veupieux.
00:48:31 En même temps, votre livre est très intéressant, parce que vous avez fait une histoire de la fraternité,
00:48:35 parce que vous parlez effectivement de ce que peut vouloir dire la fraternité dans le monde qui nous occupe,
00:48:41 dans le monde un peu opaque, un peu glauque, un peu, un peu, évidemment, contrasté et conflictuel.
00:48:48 Mais, justement, vous avez le mérite de rappeler qu'il y a une fraternité à la base et pas partout en France.
00:48:55 Et si on veut voir la fraternité quand même, il n'y a qu'à voir ce qui se passe dans les hôpitaux,
00:49:00 où on dédie des difficultés structurelles qu'on leur a imposées, le personnel, les infirmiers,
00:49:05 je ne prends que ce cas, est extraordinaire, et tous ceux qui sont allés à l'hôpital pour une raison ou pour une autre,
00:49:10 même pour des amis, la fraternité existe, on l'a tous rencontré, mais faut-il pour cela...
00:49:18 Vous croyez que c'est quand même quelque chose qui peut nous sauver, parce que vous êtes très optimiste, Michel de Rosenne,
00:49:22 vous dites "oui, il ne faut pas oublier la fraternité ou la mort".
00:49:27 - Alors d'abord, André Bercoff, merci de me recevoir, c'est un honneur pour moi de venir parler ici à l'antenne de Sud Radio.
00:49:35 Et évidemment, parler de fraternité... Vous savez pourquoi j'ai écrit ce livre sur la fraternité ?
00:49:43 La principale raison est que j'ai écrit avant un livre sur l'égalité, et j'ai constaté qu'en France,
00:49:49 on parle beaucoup d'égalité et on s'intéresse très peu à la fraternité.
00:49:53 Alors Victor Hugo a expliqué cela. Il a dit, mieux que je ne vais le dire maintenant,
00:49:59 que la liberté et l'égalité sont vues par les Français comme des droits, et la fraternité est vue comme un devoir.
00:50:06 Et les Français préfèrent leur droit aux devoirs.
00:50:10 Il m'a semblé donc, j'ai découvert en travaillant sur l'égalité, que la fraternité était un peu le parent pauvre,
00:50:16 et qu'elle méritait un coup de zoom, un coup de projecteur.
00:50:21 Et cette enquête, j'ai rencontré des centaines de personnes, j'ai lu beaucoup de livres,
00:50:26 m'a permis de constater que la fraternité dans le monde, pas seulement en France, est en crise,
00:50:34 parce qu'elle est assiégée par un certain nombre de forces qui sont simultanées.
00:50:39 Je ne vais pas toutes les citer ici, il y en a sept dans le livre, mais je voudrais en citer deux.
00:50:45 Allez-y.
00:50:46 La première, c'est l'exode rural.
00:50:49 Sud Radio est écouté à la fois dans des villes et dans des villages.
00:50:54 Dans un village, tout le monde se connaît.
00:50:56 On s'entraide, il y a de temps en temps des bisbis, mais tout le monde se connaît.
00:51:00 Dans une ville, c'est la solitude.
00:51:03 On ne se connaît pas.
00:51:04 Et donc le passage de la vie dans les villages à la vie dans les villes,
00:51:09 est un facteur d'affaiblissement de la fraternité.
00:51:13 Je prends un deuxième exemple.
00:51:17 Deuxième force qui affaiblit aujourd'hui la fraternité,
00:51:21 la montée du narcissisme.
00:51:25 - Et moi, et moi, et moi, c'est ça ?
00:51:26 - Moi, moi, moi, le narcisse, n'est-ce pas, regardait son reflet dans l'eau,
00:51:32 il ne savait pas qu'il se regardait lui-même.
00:51:35 Il voyait un reflet, il se disait "mais comme il est beau !"
00:51:39 et il passait beaucoup de son temps, presque jusqu'à la mort, à se regarder ainsi.
00:51:44 De nos jours, il y a beaucoup de "moi, moi, moi".
00:51:48 Vous allez dans le métro, et vous voyez des gens avec des casques,
00:51:54 qui écoutent quelque chose, ou qui sont dans leur portable,
00:51:57 et qui ne font pas attention à la vieille dame qui titube un peu,
00:52:02 et qui aurait bien besoin que quelqu'un lui sèche son siège.
00:52:06 Je prends cet exemple-là.
00:52:08 Je prends un deuxième exemple, c'est les gens portent des sacs à dos.
00:52:13 Les sacs à dos, c'est formidable.
00:52:14 Mais quelques fois aussi, les gens ont des sacs à dos,
00:52:16 et ils vous donnent un coup de sac à dos sans même s'en rendre compte,
00:52:20 sans s'excuser.
00:52:21 Il y a donc beaucoup de "moi, moi, moi", il n'y a pas assez d'attention à l'autre.
00:52:25 Et puis la troisième force, parmi les sept que je cite,
00:52:28 c'est la montée des réseaux sociaux.
00:52:30 Les réseaux sociaux, quand ils sont apparus au début de ce siècle,
00:52:33 nous avons été nombreux à croire qu'ils allaient construire une société
00:52:37 plus fraternelle, plus humaine, plus unie.
00:52:41 Je crois que malheureusement, les réseaux sociaux ont fabriqué
00:52:45 une société plutôt moins fraternelle, et je dirais plus clannique.
00:52:50 Est-ce que vous savez qu'il y a 2000 ans,
00:52:53 les plus beaux, les plus grands discours de Cicéron
00:52:56 étaient sur la fraternité, qu'il voyait comme un danger ?
00:53:00 Car il disait, c'est dans le livre, que la fraternité,
00:53:04 c'est des gens qui se mettaient en groupe,
00:53:06 et qui menaçaient l'unité de la ville de Rome,
00:53:09 et de l'Empire romain.
00:53:11 Et donc, la fraternité, en réalité, elle a deux visages.
00:53:15 Elle a un visage, la famille Corleone dans la mafia,
00:53:19 elle vivait une forme de fraternité.
00:53:21 - C'est fraternel, oui.
00:53:22 - Il y a donc des fraternités qui sont nocives,
00:53:26 qui sont toxiques, et il y en a d'autres qui sont magnifiques.
00:53:28 - Il faut être effectivement extrêmement nuancé là-dessus,
00:53:31 vous avez raison de l'être.
00:53:33 On va continuer à en parler, y compris des réseaux sociaux
00:53:35 et tout le reste, après cette petite pause.
00:53:37 A tout de suite.
00:53:38 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
00:53:41 appelez maintenant pour réagir 0826 300 300.
00:53:45 - Ici Sud Radio,
00:53:49 les Français parlent au français.
00:53:53 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:53:57 Je n'aime pas la blanquette de veau.
00:53:59 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états.
00:54:02 - Très très très belle chanson, évidemment,
00:54:04 chanson culte de Pierre Bachelet.
00:54:06 Vous nous avez demandé même de la passer,
00:54:09 Michel Dorezen, pourquoi ?
00:54:11 - Alors, j'ai en effet demandé que vous passiez cette chanson,
00:54:15 parce que je trouve que c'est une des plus belles chansons
00:54:19 sur la fraternité.
00:54:21 Les mineurs de fond,
00:54:23 c'est le titre de la chanson,
00:54:26 ils avaient une vie dangereuse,
00:54:28 ils avaient une vie difficile,
00:54:30 ils avaient une vie épuisante,
00:54:32 quand ils partaient à la retraite,
00:54:34 ils étaient souvent cassés,
00:54:36 mais il y avait entre eux, une entraide,
00:54:38 une fraternité, un respect mutuel,
00:54:40 qui force l'admiration.
00:54:42 Et si vous le permettez André Bercov,
00:54:46 je crois que c'est un des éléments
00:54:48 de la crise de la fraternité.
00:54:50 Il y avait avant,
00:54:52 en France et ailleurs,
00:54:54 de grandes organisations,
00:54:56 l'église catholique,
00:54:58 le parti communiste,
00:55:00 les charbonnages,
00:55:02 dont les salariés et les familles
00:55:04 vivaient ensemble,
00:55:06 dans une réelle fraternité.
00:55:08 Quand j'étais enfant,
00:55:10 j'étais dans des colonies de vacances catholiques,
00:55:12 et j'étais aussi dans une colonie de vacances communiste,
00:55:16 en Russie, près d'Odessa.
00:55:18 Dans les colonies de vacances de ces grandes organisations,
00:55:20 la fraternité ruisselait.
00:55:22 On était ensemble,
00:55:24 on se faisait des amitiés pour la vie.
00:55:26 La chute de ces grandes organisations,
00:55:28 leur déclin,
00:55:30 est aussi un des aspects
00:55:32 de la crise de la fraternité.
00:55:34 - Vous voulez dire qu'il y avait ce qu'on appelle,
00:55:36 que ce soit idéologiquement ou spirituellement,
00:55:38 des colonnes vertébrales ?
00:55:40 - Des colonnes vertébrales et des communautés.
00:55:42 - Et des communautés, d'accord.
00:55:44 Mais alors justement,
00:55:46 comme...
00:55:48 et pendant tout le temps que je lisais votre livre,
00:55:50 qui encore une fois est très intéressant,
00:55:52 parce que vous parlez de beaucoup de choses,
00:55:54 et je le recommande ce livre,
00:55:56 mais je me disais au fond,
00:55:58 est-ce que la fraternité
00:56:00 n'est-elle pas,
00:56:02 hélas, hélas, parce que
00:56:04 qui ne veut pas être fraternel, et on la sent effectivement,
00:56:06 n'est-elle pas un enfer
00:56:08 pavé de bonnes intentions ?
00:56:10 Les bonnes intentions de la fraternité
00:56:12 ne peut être que quelque chose de très recommandable,
00:56:14 et vous le faites, et vous le démontrez,
00:56:16 mais en même temps,
00:56:18 regardez, il y a les communautés,
00:56:20 mais comment empêcher que les communautés
00:56:22 se transforment en communautarisme,
00:56:24 ou en communautés fermées,
00:56:26 vous savez, c'est les identités ouvertes,
00:56:28 merveilleux, les identités fermées,
00:56:30 les identités meurtrières,
00:56:32 comme parlait l'écrivain Amine Malouf.
00:56:34 Et aussi, juste,
00:56:36 je vous pose une question,
00:56:38 mais ce livre, vous parlez des réseaux sociaux.
00:56:40 Même chose pour les réseaux sociaux,
00:56:42 bien sûr qu'il y a des facteurs
00:56:44 de clanification, de clan,
00:56:46 de division, etc.,
00:56:48 mais très sincèrement,
00:56:50 il y a deux choses dans les réseaux sociaux
00:56:52 qui sont capitaux, et je parle dans le bon sens du terme,
00:56:54 primo, il y a des gens qui pensent
00:56:56 un peu différemment, et qui ont l'impression qu'ils sont
00:56:58 seuls, et il faut bien dire
00:57:00 que la plupart de la
00:57:02 doxa de l'information penche vers
00:57:04 une vérité révélée, le camp du bien,
00:57:06 et que, effectivement, les réseaux sociaux
00:57:08 vous donnent cette diversité.
00:57:10 Je peux vous dire, je donne mon exemple,
00:57:12 mais je ne suis pas le seul, le nombre
00:57:14 d'informations que je trouve,
00:57:16 et de chroniques, et d'études,
00:57:18 qui m'ont été, par quelques clics,
00:57:20 guidés vers les réseaux sociaux,
00:57:22 et dans les réseaux sociaux,
00:57:24 il n'y a pas que TikTok, et le petit acte
00:57:26 bref de 10 secondes,
00:57:28 il y a Thinkerview et tous les autres,
00:57:30 où vous avez des conférences de deux heures,
00:57:32 d'une heure, qui vous ensèlent,
00:57:34 qui vous apprennent beaucoup de choses, et puis des vérités
00:57:36 que ne vous donnent pas, hélas,
00:57:38 hélas, la plupart
00:57:40 des transmetteurs d'informations.
00:57:42 Donc, ce que je veux dire simplement,
00:57:44 Michel de Rosenne, et j'aimerais avoir votre réaction là-dessus,
00:57:46 c'est qu'au fond,
00:57:48 vous abordez un sujet qui est
00:57:50 la langue de Zob, c'est-à-dire qu'il y a le meilleur du pire
00:57:52 et le pire du meilleur. Comment
00:57:54 trier le bon grain du livret ?
00:57:56 Il est là, le problème. - Alors,
00:57:58 il y a beaucoup de... - Oui. - Il y a beaucoup
00:58:00 de sujets dans ce que vous venez de dire, André Bercoff.
00:58:02 D'abord,
00:58:04 vous avez parlé des communautés.
00:58:06 Je développe
00:58:08 dans le livre, vous l'avez lu,
00:58:10 la thèse selon laquelle
00:58:12 les communautés sont des lieux
00:58:14 de fraternité. - Tout à fait.
00:58:16 - Je prends l'exemple de ma famille,
00:58:18 mes grands-parents sont des
00:58:20 russes dits blancs, qui ont
00:58:22 quitté la Russie à cause de la révolution.
00:58:24 Ils se sont retrouvés en France, ils n'avaient
00:58:26 pas un sou, et
00:58:28 ils ont créé, ils étaient à Agnières,
00:58:30 une communauté de russes,
00:58:32 ils ont construit une église
00:58:34 dans une maison d'habitation, une église
00:58:36 orthodoxe, et puis ils ont bossé.
00:58:38 Mon grand-père portait des
00:58:40 meubles sur son dos,
00:58:42 il était brocanteur,
00:58:44 le frère de ma mère est entré à Polytechnique,
00:58:46 pour tout le quartier, ça a été un événement
00:58:48 considérable. Donc,
00:58:50 les communautés sont des lieux
00:58:52 de fraternité, et sont des
00:58:54 lieux, quand les communautés fonctionnent
00:58:56 bien, d'entrée, d'intégration
00:58:58 dans la République.
00:59:00 Donc la communauté c'est bien, le communautarisme
00:59:02 ça n'est pas bien.
00:59:04 Je dis ça seulement parce que
00:59:06 souvent les gens qui condamnent le communautarisme
00:59:08 ne se rendent pas compte qu'il y a des
00:59:10 communautés qui sont des lieux de
00:59:12 fraternité et de civisme.
00:59:14 - Pardon, juste un mot,
00:59:16 est-ce que dans le
00:59:18 communautarisme, et je parle
00:59:20 quel qu'il soit, de quelque religion,
00:59:22 idéologique qu'ils soient,
00:59:24 que ce soit les communistes, ils se sentent aussi
00:59:26 frères, la fraternité existe.
00:59:28 Après on peut ne pas aimer
00:59:30 ce qu'ils pensent, leur idéologie,
00:59:32 ou leur croyance, mais la fraternité existe
00:59:34 aussi, non Michel? - Vous avez
00:59:36 tout à fait raison, et la fraternité,
00:59:38 ça n'est pas toujours bien.
00:59:40 La fraternité,
00:59:42 il y a des définitions dans les dictionnaires
00:59:44 qui sont assez austères, moi je propose une définition
00:59:46 assez simple qui est "relation
00:59:48 bienveillante à l'autre".
00:59:50 Il peut y avoir des relations
00:59:52 bienveillantes entre les salauds,
00:59:54 entre des criminels,
00:59:56 entre des membres de la mafia,
00:59:58 et puis il peut y avoir aussi, il y a des
01:00:00 fraternités qui sont donc tournées vers elles-mêmes,
01:00:02 et puis il y a des fraternités
01:00:04 qui sont tournées vers les autres. Les petits frères
01:00:06 des pauvres, c'est une fraternité généreuse.
01:00:08 Les frères musulmans,
01:00:10 qui ont le mot de,
01:00:12 ils ont le nom de fraternité dans
01:00:14 "frères musulmans", et bien je peux vous dire,
01:00:16 ils ne s'intéressent pas du tout à la
01:00:18 fraternité, ce qu'ils veulent, c'est
01:00:20 que l'islam gouverne le monde. Ils ne
01:00:22 sont pas fraternels, ni entre eux,
01:00:24 ni encore moins avec les autres.
01:00:26 - Et vous parlez, oui, allez-y.
01:00:28 - Ce que j'essaye de dire, c'est que
01:00:30 il y a des fraternités nobles et respectables,
01:00:32 et il y a des fraternités qui ne sont
01:00:34 ni nobles, ni respectables.
01:00:36 - Par exemple, pour vous, et vous en parlez dans votre livre,
01:00:38 les Restos du Coeur sont un exemple de
01:00:40 fraternité respectable.
01:00:42 - Les Restos du Coeur, la Baie-Bière,
01:00:44 la Croix-Rouge, Emmaüs,
01:00:46 il y a, alors,
01:00:48 je vais vous dire quelque chose de positif, et quelque chose
01:00:50 de moins positif. Le positif, c'est
01:00:52 qu'on trouve en France d'admirables
01:00:54 exemples de petites
01:00:56 communautés, quelquefois d'une, trois, cinq
01:00:58 personnes, ou beaucoup plus grandes,
01:01:00 comme les institutions que nous venons de citer,
01:01:02 qui sont des lieux de fraternité,
01:01:04 de générosité, et qui font
01:01:06 du bien autour d'eux. Ça, c'est la bonne nouvelle.
01:01:08 Ça prouve que les Français
01:01:10 sont capables de fraternité.
01:01:12 La mauvaise nouvelle, c'est que
01:01:14 quand on fait des comparaisons internationales,
01:01:16 on constate que les Français
01:01:18 donnent à peu près
01:01:20 moins que la moitié que ce que donnent
01:01:22 les Allemands ou les Britanniques.
01:01:24 - En dons, en droits.
01:01:26 - Quand on regarde les dons. Alors,
01:01:28 je pense qu'il y a des causes à cela.
01:01:30 L'une des causes,
01:01:32 c'est que nous sommes un pays
01:01:34 vertical. Depuis
01:01:36 Saint-Louis, on attend que le roi
01:01:38 décide tout,
01:01:40 règle tout, et même nous guérisse
01:01:42 des maladies qui nous assaillent.
01:01:44 Je raconte dans le
01:01:46 livre un cas, j'étais chef d'entreprise
01:01:48 d'une entreprise franco-américaine,
01:01:50 et quand on faisait aux Etats-Unis
01:01:52 deux fois par an une grande
01:01:54 fête pour la collectivité
01:01:56 locale, la commune qui nous
01:01:58 accueillait, on ramassait de l'argent.
01:02:00 Il y avait un siège
01:02:02 de 2000 personnes.
01:02:04 Les Américains donnaient,
01:02:06 et la centaine de Français qui étaient
01:02:08 au siège ne donnaient pas.
01:02:10 Parce qu'ils disaient "Mais pourquoi je donnerais ?
01:02:12 C'est l'Etat ! Je paie des impôts,
01:02:14 c'est à l'Etat de donner."
01:02:16 - Je paie des impôts, ça va déjà,
01:02:18 ça me... - Voilà.
01:02:20 Donc, je pense que l'Etat,
01:02:22 malheureusement là-dessus,
01:02:24 est un problème, parce qu'il conduit
01:02:26 trop de Français à considérer que
01:02:28 quand j'ai un problème,
01:02:30 ça n'est pas moi de m'en occuper,
01:02:32 ni avec mon voisin de droite, ni avec mon voisin de gauche,
01:02:34 c'est à l'Etat de s'en occuper.
01:02:36 - On va en parler de cela, effectivement.
01:02:38 - Je n'ai pas encore répondu à votre question sur les réseaux sociaux.
01:02:40 - Voilà, on va revenir là-dessus
01:02:42 juste après une petite pause
01:02:44 qui va nous permettre, non pas de souffler,
01:02:46 mais d'approfondir encore.
01:02:48 Sud Radio.
01:02:50 - Parlons vrai. - Parlons vrai.
01:02:52 - Sud Radio. - Parlons vrai.
01:02:54 - Ici Sud Radio.
01:02:58 - Les Français parlent au français.
01:03:02 - Les carottes sont cuites.
01:03:04 - Les carottes sont cuites.
01:03:06 - Sud Radio Bercov,
01:03:08 dans tous ses états.
01:03:10 - Fraternité,
01:03:12 Fraternité, c'est le titre du livre de
01:03:14 Michel de Rosenne aux éditions Odile Jacob.
01:03:16 Un livre,
01:03:18 effectivement, qui parle, c'est vrai,
01:03:20 comme Michel de Rosenne,
01:03:22 comme vous l'avez dit,
01:03:24 on parle beaucoup de liberté
01:03:26 d'égalité et la fraternité
01:03:28 un peu fait
01:03:30 figure de parents pauvres, ce qui n'est pas
01:03:32 du tout. Et on avait,
01:03:34 effectivement, je vous avais lancé sur les réseaux sociaux,
01:03:36 donc j'aimerais qu'on en reparle.
01:03:38 Alors, vous disiez,
01:03:40 vous, les réseaux sociaux, oui, il y a
01:03:42 effectivement, vous n'avez pas tort,
01:03:44 mais il y a aussi l'autre côté.
01:03:46 - Je développe, en effet, dans le livre
01:03:48 la thèse selon laquelle les réseaux sociaux,
01:03:50 j'appelle ça le blitzkrieg
01:03:52 des réseaux sociaux, pour ceux qui ne connaissent pas
01:03:54 le terme, c'est un mot allemand
01:03:56 qui signifie "guerre et clair".
01:03:58 - La guerre et clair. - La guerre et clair.
01:04:00 Donc je dis qu'en peu d'années, les réseaux sociaux
01:04:02 sont passés de l'inexistence
01:04:04 à une omniprésence,
01:04:06 et qu'en effet,
01:04:08 les réseaux sociaux, dont on
01:04:10 attendait qu'ils fabriquent un monde plus fraternel,
01:04:12 ont fabriqué un monde
01:04:14 plutôt moins fraternel.
01:04:16 Pourquoi ? Parce que
01:04:18 les réseaux sociaux ont tendance
01:04:20 à pousser les gens à se retrouver
01:04:22 entre eux, à se retrouver
01:04:24 avec ceux qui sont d'accord avec eux,
01:04:26 et à s'éloigner,
01:04:28 ou à ignorer, ou à combattre,
01:04:30 voire, hélas, à insulter
01:04:32 ceux qui ne pensent pas comme eux.
01:04:34 Maintenant, André Bercoff,
01:04:36 vous avez, si je puis me permettre,
01:04:38 mon avis, entièrement raison,
01:04:40 les réseaux sociaux sont aussi
01:04:42 un formidable instrument
01:04:44 d'études, d'analyses,
01:04:46 de réflexions. Pour écrire
01:04:48 ce livre sur la fraternité,
01:04:50 j'ai beaucoup utilisé les réseaux sociaux,
01:04:52 j'ai trouvé ainsi
01:04:54 des livres, des écrits,
01:04:56 des sources bibliographiques
01:04:58 que j'aurais eu beaucoup plus de mal
01:05:00 à trouver si je n'avais pas pu
01:05:02 utiliser les réseaux sociaux.
01:05:04 Mon souci, en réalité,
01:05:06 André Bercoff, est le suivant,
01:05:08 c'est que
01:05:10 les jeunes sont
01:05:12 lancés, pour beaucoup d'entre eux,
01:05:14 dans la nature,
01:05:16 dans le monde des réseaux sociaux,
01:05:18 sans guide.
01:05:20 Et,
01:05:22 de manière générale, pour les réseaux sociaux
01:05:24 comme pour la fraternité,
01:05:26 je pense qu'il ne faut surtout pas
01:05:28 que l'État fasse quelque chose.
01:05:30 Les deux mondes qui doivent
01:05:32 intervenir et aider les jeunes
01:05:34 à être à l'aise
01:05:36 dans ce monde du XXIème siècle,
01:05:38 c'est d'une part les familles
01:05:40 et c'est d'autre part les enseignants.
01:05:42 Les familles
01:05:44 ont un rôle à jouer
01:05:46 pour expliquer à leurs enfants,
01:05:48 jour après jour, semaine après semaine,
01:05:50 pas leur expliquer seulement
01:05:52 avec des mots, mais leur expliquer
01:05:54 avec de l'exemplarité,
01:05:56 en leur donnant des modèles,
01:05:58 pour leur dire, c'est quoi les valeurs
01:06:00 importantes de la République.
01:06:02 Il ne suffit pas d'écrire sur les bâtiments publics
01:06:04 "liberté, égalité, fraternité",
01:06:06 il faut aussi que les jeunes comprennent
01:06:08 qu'est-ce que ça veut dire.
01:06:10 - Comment ça s'incarne ?
01:06:12 - Et du coup, quelles sont les lignes rouges
01:06:14 qu'il ne faut pas franchir ?
01:06:16 Et je pense que là, il y a un rôle des parents
01:06:18 qui est souvent oublié,
01:06:20 et il y a deuxièmement
01:06:22 ceux d'autant que la plupart des familles
01:06:24 marchent bien.
01:06:26 Il y a des institutions qui se cassent la figure
01:06:28 en France et ailleurs, mais les familles
01:06:30 en général, et l'amour familial,
01:06:32 l'amour qui unit les familles,
01:06:34 c'est dans la plupart des familles encore une
01:06:36 réalité et c'est même un
01:06:38 trésor.
01:06:40 Donc, le deuxième monde
01:06:42 qui doit intervenir, c'est les enseignants.
01:06:44 On a tous été à l'école,
01:06:48 et certains d'entre nous sont aussi
01:06:50 enseignants. Le pouvoir des
01:06:52 enseignants, l'influence des enseignants
01:06:54 sur leurs élèves est colossale.
01:06:56 On n'a pas besoin que le ministre
01:06:58 ou la ministre donnent des instructions.
01:07:00 Un professeur de musique,
01:07:02 ou un professeur d'histoire-géographie,
01:07:04 ou un professeur de lettres ou de sciences,
01:07:06 peut très bien décider que dans quelques jours
01:07:08 il prend le lundi,
01:07:10 une heure, et dit aux élèves
01:07:12 "je vais vous parler de fraternité, je vais vous
01:07:14 expliquer ce que ça veut dire". Moi, quand
01:07:16 j'étais au lycée, j'étais
01:07:18 heureux d'être au lycée, mais jamais un professeur
01:07:20 ne m'a parlé des valeurs de la République
01:07:22 et jamais un professeur ne m'a parlé
01:07:24 de fraternité. Donc,
01:07:26 ma prière, mon cri,
01:07:28 avec ce livre,
01:07:30 c'est que la fraternité,
01:07:32 pour qu'elle existe, il faut en parler.
01:07:34 Et il faut expliquer ce que c'est.
01:07:36 - Alors, là-dessus,
01:07:38 nous sommes
01:07:40 tout à fait d'accord. Le problème,
01:07:42 c'est que, évidemment, c'est toujours pareil,
01:07:44 on regarde la face claire
01:07:46 et la face obscure, le côté
01:07:48 obscur de la force et la face
01:07:50 claire de la force. Vous savez
01:07:52 très bien aujourd'hui qu'il y a une partie,
01:07:54 et je suis tout à cœur avec vous, de la France,
01:07:56 heureusement une grosse partie, et j'espère la majorité,
01:07:58 où les familles sont
01:08:00 heureuses, et en tout cas fonctionnent
01:08:02 en solidarité et en
01:08:04 fraternité, et vous avez
01:08:06 toute une partie, la France, qui n'est pas négligeable,
01:08:08 vous avez soit des familles monoparentales,
01:08:10 soit des familles divorcées,
01:08:12 soit, enfin, tout ce qu'il y a.
01:08:14 Et donc, effectivement, la vertu pédagogique
01:08:16 n'est plus là.
01:08:18 - Mais reste pour cela les enseignants.
01:08:20 - Alors, voilà, on va parler des enseignants,
01:08:22 mais quand le pédagogisme est arrivé
01:08:24 chez nous, et quand on a mis l'enfant
01:08:26 roi au centre du savoir,
01:08:28 il n'était plus question de transmettre du savoir,
01:08:30 je ne m'émets pas de la fraternité.
01:08:32 Vous et moi, nous avons appris
01:08:34 l'histoire de France, nous avons appris
01:08:36 les auteurs, nous avons appris ceci,
01:08:38 nous avons appris une espèce de
01:08:40 langage civilisationnel, qu'il y avait du bon,
01:08:42 qu'il y avait du mauvais, etc.
01:08:44 Mais il y avait cela. Aujourd'hui,
01:08:46 même les enseignants,
01:08:48 vous le disent en tout cas beaucoup d'enseignants, alors je ne dis pas
01:08:50 qu'on ne fait plus rien à l'école, loin de là,
01:08:52 mais ce pédagogisme
01:08:54 à sens unique, a fait
01:08:56 qu'effectivement,
01:08:58 sur le plan que vous invoquez
01:09:00 de la fraternité et des vertus fondamentales,
01:09:02 on ne peut pas dire
01:09:04 qu'elles sont cultivées avec beaucoup de
01:09:06 bonheur et beaucoup de, je dirais,
01:09:08 de zèle, parce que
01:09:10 le programme des anciens élèves, ce que l'on leur donne
01:09:12 à faire, ce n'est plus, hélas, du tout
01:09:14 cela. Et surtout, alors j'y arrive,
01:09:16 et vous avez raison, quand vous dites
01:09:18 "oui mais les jeunes, voilà, il y a la télévision,
01:09:20 la radio, etc." Moi,
01:09:22 très sincèrement, et le vrai problème, parce que
01:09:24 sur le fond, on est d'accord,
01:09:26 comment voulez-vous
01:09:28 quand une partie du
01:09:30 spectacle n'est plus de
01:09:32 donner de la morale, mais uniquement
01:09:34 de savoir ce qui va satisfaire
01:09:36 tel ou tel consommateur,
01:09:38 quand le problème, c'est le consumérisme
01:09:40 à tout prix, et
01:09:42 je dis bien à tout prix, dans tous les sens du terme,
01:09:44 comment voulez-vous avoir de la fraternité
01:09:46 à partir du moment où,
01:09:48 effectivement, ce ne sont pas seulement les réseaux sociaux
01:09:50 qui le font, par ailleurs,
01:09:52 mais même les spectacles,
01:09:54 les télévisions, regardez juste un mot,
01:09:56 Michel Derozaine, regardez le wokisme, quand vous avez
01:09:58 des grandes sociétés
01:10:00 de cinéma et de spectacles
01:10:02 qui, aujourd'hui,
01:10:04 satisfont aux besoins du genre,
01:10:06 et qui font, même dans les programmes,
01:10:08 regardez ce qui se passe dans l'éducation sexuelle
01:10:10 à l'école, et je ne suis pas du tout
01:10:12 pudibon ou bigot là-dessus,
01:10:14 enfin, il y a quand même des choses sur le genre,
01:10:16 etc., et c'est ça,
01:10:18 c'est que ceux que vous invoquez
01:10:20 et que vous appelez de vos voeux
01:10:22 pour tenir le gouvernail,
01:10:24 mais ils ont changé de gouvernail, en tout cas certains.
01:10:26 C'est ça le problème.
01:10:28 - Si vous permettez, je voudrais prendre le sujet
01:10:30 sous un angle un peu différent. - Allez-y.
01:10:32 - Après que mon livre soit sorti,
01:10:34 j'ai reçu des témoignages.
01:10:36 L'autre jour, un chauffeur
01:10:38 de taxi, congolais,
01:10:40 il connaissait mon nom
01:10:42 parce que j'avais fait la réservation,
01:10:44 il m'a dit "Je vous ai vu à la télévision
01:10:46 l'autre jour, bravo !
01:10:48 Vous dites ce qu'il faut dire, la fraternité
01:10:50 c'est important, il faut en parler, etc."
01:10:52 Deuxième témoignage,
01:10:54 un ministre qui fut un ministre
01:10:56 important, de l'époque
01:10:58 de Mitterrand puis de Lionel Jospin,
01:11:00 je vais taire son nom, je trouve que c'est un ami,
01:11:02 il a lu le livre
01:11:04 et il m'a dit "Tu sais, c'est bien
01:11:06 ce que tu écris, mais c'est fichu."
01:11:08 Lui, c'est l'école des gens sceptiques
01:11:10 et plutôt pessimistes.
01:11:12 Et puis je vous donne un troisième témoignage.
01:11:14 - Et lui il dit "c'est fichu",
01:11:16 il dit "oui, c'est plus possible".
01:11:18 - Il dit "Dans l'ère du temps,
01:11:20 la société est devenue tellement
01:11:22 narcissique, tellement matérialiste
01:11:24 que c'est très difficile de faire revivre la fraternité."
01:11:26 Je vous donne maintenant
01:11:28 un troisième et dernier témoignage.
01:11:30 Un de mes très vieux amis
01:11:32 est général en retraite,
01:11:34 il habite à Collioure.
01:11:36 Donc il écoute régulièrement
01:11:38 Sud Radio. Alors il a lu mon livre
01:11:40 et il m'a dit "Tu sais, depuis que ton livre
01:11:42 est sorti, j'ai l'impression que les gens sont
01:11:44 plus fraternels."
01:11:46 - C'est gentil ça, ça tabousse.
01:11:48 - Qu'est-ce que ça veut dire ? Bien entendu, c'est pas mon livre
01:11:50 qui a rendu la société française plus fraternelle.
01:11:52 Mais j'observe
01:11:54 chez la plupart de ceux qui l'ont lu
01:11:56 et qui m'en ont parlé, que ça les a fait réfléchir
01:11:58 et ça leur a permis
01:12:00 de découvrir ou de redécouvrir
01:12:02 la puissance extraordinaire,
01:12:04 le trésor que représente
01:12:06 la fraternité.
01:12:08 La fraternité, on peut la donner
01:12:10 et on peut la recevoir, et sous mille formes.
01:12:12 - Tout à fait. Mais alors Michel de Rosen,
01:12:14 vous avez le mérite d'avoir remis la fraternité,
01:12:16 en tout cas l'église de la fraternité,
01:12:18 au milieu du village, comme on dit.
01:12:20 Mais, est-ce qu'il peut avoir,
01:12:22 et ce que vous me dites,
01:12:24 m'incite à vous poser
01:12:26 cette question, est-ce qu'on peut avoir
01:12:28 de fraternité sans idéal ?
01:12:30 Là le problème, que l'idéal
01:12:32 soit religieux ou laïque
01:12:34 ou éthique, etc.
01:12:36 Qu'est-ce qui provoque
01:12:38 et qui fait la fraternité ? Évidemment, on dit
01:12:40 "tous les hommes sont frères", ça c'est le côté
01:12:42 "bon c'est très bien, tous les hommes sont frères"
01:12:44 et rappelez-vous, si tous les gars du monde
01:12:46 se donnaient la main, ça c'est la version
01:12:48 "mais très bien, encore une fois,
01:12:50 je ne ricane pas du tout là-dessus".
01:12:52 Mais en fait, les choses étant
01:12:54 ce qu'elles sont, comme disait un certain général,
01:12:56 est-ce que la fraternité
01:12:58 ne s'enracine pas,
01:13:00 que ce soit hier, aujourd'hui et demain,
01:13:02 dans les retrouvailles
01:13:04 avec des idéaux ? Et ce sont ces
01:13:06 idéaux qui aujourd'hui,
01:13:08 on dirait qu'ils jouent un peu les "ils sont partis
01:13:10 sans laisser d'adresse", ou en tout cas
01:13:12 pour la plupart. - Alors,
01:13:14 si vous permettez, je vais vous donner mon avis là-dessus,
01:13:16 - Oui.
01:13:18 - Nous sommes un peuple littéraire.
01:13:20 On aime les grandes querelles,
01:13:22 on aime les
01:13:24 grandes envolées, et on attend
01:13:26 d'un chef de l'État qu'il soit brillant,
01:13:28 qu'il écrive des livres...
01:13:30 - Qu'il fasse le job quand même, hein ?
01:13:32 - On attend aussi... - Qu'il fasse un peu de job, quand même, hein ?
01:13:34 Michel de Rosen, on attend ça
01:13:36 d'abord, on est d'accord.
01:13:38 - Vous et moi certainement, mais je dis,
01:13:40 je constate que dans l'histoire
01:13:42 de France au XXème siècle,
01:13:44 on a souvent attendu du
01:13:46 chef de l'État qu'il soit non seulement
01:13:48 un chef, comme le disait Sodre de Gaulle,
01:13:50 et qu'il y ait un État,
01:13:52 mais on a aussi attendu du chef de l'État
01:13:54 qu'il soit littéraire.
01:13:56 Ce que j'essaie de vous dire,
01:13:58 c'est que ce qui compte
01:14:00 dans la fraternité, c'est moins
01:14:02 l'idée que la réalité.
01:14:04 Il faudrait éviter que la fraternité
01:14:06 devienne un magnifique thème de débat,
01:14:08 même radiophonique,
01:14:10 le plus important, c'est qu'elle soit vécue.
01:14:12 Nous sommes ici à Sud Radio.
01:14:14 À Sud Radio, il y a un sport
01:14:16 qui est particulièrement respecté,
01:14:18 c'est le rugby. Regardez la fraternité
01:14:20 qui unit une équipe de rugby.
01:14:22 Et ils ne se disent pas "nous sommes fraternels".
01:14:24 Ils la vivent, cette fraternité.
01:14:26 Et évidemment, le rôle de l'entraîneur
01:14:28 et du capitaine sont clés,
01:14:30 car ils doivent veiller à ce que les
01:14:32 énergies formidables de ces joueurs
01:14:34 soient collectives, soient solidaires,
01:14:36 et pas l'un contre l'autre.
01:14:38 Je voudrais éviter de contribuer
01:14:40 à un débat de plus,
01:14:42 je voudrais plutôt contribuer
01:14:44 à ce qu'un nombre croissant de Français
01:14:46 se disent "tiens, viens à moi la fraternité,
01:14:48 moi, qu'est-ce que je peux faire
01:14:50 pour être plus fraternel ?
01:14:52 Qu'est-ce que je peux faire avec mon voisin de gauche,
01:14:54 ou avec mon voisin de droite,
01:14:56 ou avec mes enfants, ou avec quelqu'un
01:14:58 qui habite dans l'immeuble à côté
01:15:00 et qui a l'air d'être vraiment seul ? ". Je vous donne un chiffre.
01:15:02 En France,
01:15:04 en 2024,
01:15:06 il y a 6 millions de Français qui voient
01:15:08 3 personnes par an, qui vivent
01:15:10 donc une intense et âpre... - 3 personnes par an.
01:15:12 - 3 personnes par an, qui vivent
01:15:14 une intense et âpre solitude.
01:15:16 Eh bien, chacun d'entre nous
01:15:18 passe quelquefois
01:15:20 à côté de ces Français solitaires,
01:15:22 souvent d'ailleurs des personnes âgées,
01:15:24 certains en ville, d'autres à la campagne
01:15:26 aussi. Eh bien, rompre la solitude
01:15:28 de ces Français-là,
01:15:30 c'est un beau geste de fraternité.
01:15:32 - Et alors justement, puisque
01:15:34 vous dites, il ne faut pas que ça soit
01:15:36 seulement matière et débat, ce en quoi
01:15:38 je suis d'accord, mais
01:15:40 vous savez, on le voit
01:15:42 un peu partout,
01:15:44 est-ce que quand même ça...
01:15:46 Comment ça peut devenir
01:15:48 justement... Je reviens à Victor Hugo.
01:15:50 Ce que vous dites,
01:15:52 vous dites un peu ça comme un devoir,
01:15:54 et c'est un devoir,
01:15:56 effectivement, ce que disait
01:15:58 le grand poète,
01:16:00 le grand écrivain. Mais comment
01:16:02 effectivement incarner cela,
01:16:04 comment faire passer cela ?
01:16:06 Regardez les SDF qu'on voit dans une ville
01:16:08 comme Paris et ailleurs, enfin bon...
01:16:10 Est-ce que ce n'est pas
01:16:12 un mot aussi qui est
01:16:14 très important, qui a dit... Alors lui,
01:16:16 je ne dis pas disparu du vocabulaire,
01:16:18 mais ça fait vraiment très ringard de dire
01:16:20 la charité, le caritatif.
01:16:22 Est-ce que dans
01:16:24 fraternité, je crois qu'il faudrait
01:16:26 aussi, pour vraiment inciter
01:16:28 cela... Moi je reviens, vous savez, c'est pas un débat
01:16:30 d'idées, l'idéal. C'est que
01:16:32 beaucoup de gens se disent "écoutez, moi je fais
01:16:34 ce que je peux, vous en avez parlé,
01:16:36 moi je paye mes impôts,
01:16:38 les français que vous avez vus aux Etats-Unis,
01:16:40 écoutez, moi je suis à l'état
01:16:42 de faire ça, ce que vous avez dit."
01:16:44 Et je vous assure, et vous le savez très bien,
01:16:46 beaucoup de gens se disent "oui,
01:16:48 oui, moi j'aimerais bien, alors je donne une pièce,
01:16:50 etc." Mais au fond,
01:16:52 cet idéal de fraternité
01:16:54 est ce qu'on retrouve dans les
01:16:56 associations, dans les clubs sportifs,
01:16:58 dans la framazonnerie,
01:17:00 ou dans d'autres...
01:17:02 Et il n'y a pas de jugement de valeur là-dessus.
01:17:04 Est-ce que ce n'est pas quelque chose
01:17:06 qui, si on veut quitter
01:17:08 le conflit d'intérêts,
01:17:10 vraiment, ne doit pas être associé
01:17:12 à la charité,
01:17:14 au sens le plus noble du terme ?
01:17:16 - Alors, le terme "charité"
01:17:18 en France a une connotation ambivalente.
01:17:20 Pour beaucoup de gens,
01:17:22 ça évoque une générosité bienvenue,
01:17:24 mais pour d'autres personnes,
01:17:26 ça évoque le riche
01:17:28 qui se donne bonne conscience
01:17:30 en donnant une pièce ou un billet
01:17:32 à un pauvre, et qui ensuite,
01:17:34 une fois qu'il a fait sa bonne action
01:17:36 du dimanche, repart dans une vie
01:17:38 égoïste et indifférente
01:17:40 aux autres.
01:17:42 Personnellement,
01:17:44 dans une partie de ma vie professionnelle,
01:17:46 j'ai servi l'État, et puis ensuite,
01:17:48 je suis devenu dirigeant d'entreprise.
01:17:50 Je trouve
01:17:52 que si on laisse tous les
01:17:54 actes de générosité à l'État,
01:17:56 ça donne une société
01:17:58 triste, froide,
01:18:00 mécanique, bureaucratique,
01:18:02 et que quand chacun d'entre nous
01:18:04 s'implique dans une association,
01:18:06 soit qu'on crée soi-même,
01:18:08 soit qui a été créée par d'autres et qu'on rejoint,
01:18:10 vous avez cité les restaurants du cœur,
01:18:12 le jour, je voyais
01:18:14 l'admirable directeur général de la Croix-Rouge française,
01:18:16 il me dit "il a 79 000 bénévoles
01:18:18 qui aident la Croix-Rouge française,
01:18:20 certains,
01:18:22 quelques heures par semaine, d'autres,
01:18:24 beaucoup plus. Donc, quand vous rejoignez
01:18:26 ainsi une initiative,
01:18:28 vous ne le faites pas en obéissant,
01:18:30 mais vous le faites en y mettant
01:18:32 votre cœur, votre sensibilité,
01:18:34 votre humanité.
01:18:36 Et bien, non seulement vous faites du bien
01:18:38 à ceux que vous aidez,
01:18:40 mais vous vous faites du bien à vous-même aussi.
01:18:42 Et donc, le terme
01:18:44 charité, je répète, a une connotation
01:18:46 un peu arrogante,
01:18:48 un peu
01:18:50 dépassée. - Paternaliste.
01:18:52 - Paternaliste, et donc je n'utilise
01:18:54 pas ce terme-là, alors que le terme
01:18:56 de fraternité est un terme dans lequel,
01:18:58 à mon avis, tous les Français
01:19:00 peuvent se retrouver
01:19:02 et si possible, se reconnaître.
01:19:04 - Et alors justement,
01:19:06 dans le livre, c'est intéressant
01:19:08 parce que je voudrais aborder cela, et vous avez
01:19:10 un chapitre passionnant, même plusieurs,
01:19:12 sur l'histoire de la fraternité.
01:19:14 Je voudrais que vous m'en parliez un peu.
01:19:16 Comment c'est né, d'ailleurs,
01:19:18 comment c'est né dans le fameux slogan
01:19:20 qui orne les frontons
01:19:22 de tous les édifices publics
01:19:24 de la République ? - Alors, si vous permettez,
01:19:26 trois ou quatre
01:19:28 grandes étapes. Si on remonte
01:19:30 très loin dans le passé,
01:19:32 j'ai retrouvé, c'est au Louvre,
01:19:34 une pièce
01:19:36 dans laquelle, pour la première fois,
01:19:38 le mot "fraternité" était utilisé
01:19:40 il y a 4400 ans.
01:19:42 D'accord ? Donc la fraternité,
01:19:44 le mot "fraternité" est apparu
01:19:46 en Mésopotamie. - En quelle langue à l'époque ?
01:19:48 - Pardonnez-moi, la langue qu'on
01:19:50 parlait en Mésopotamie il y a 4000 ans.
01:19:52 - Mais ça a été traduit
01:19:54 par les scientifiques en fraternité.
01:19:56 - Et ça a été traduit comme "fraternité".
01:19:58 - D'accord. - Passons 2000 années,
01:20:00 et on arrive à
01:20:02 Jésus-Christ et au christianisme.
01:20:04 Les...
01:20:06 Quand Jésus... - Il n'y a pas
01:20:08 de fraternité dans l'Ancien Testament,
01:20:10 de conception, c'est intéressant.
01:20:12 - Non. - C'est avec les évangiles,
01:20:14 avec Jésus-Christ. - C'est avec les évangiles.
01:20:16 Une fois que Jésus
01:20:18 a passé les années qu'il a passées
01:20:20 sur Terre, ses disciples
01:20:22 se sont demandés, ils ont fait une sorte
01:20:24 d'exercice de marketing
01:20:26 en se disant "qu'est-ce qu'on pourrait travailler comme valeur
01:20:28 qui nous permette de nous distinguer
01:20:30 des autres et de rassembler des fidèles ?"
01:20:32 Et ils ont choisi
01:20:34 la fraternité
01:20:36 qui à l'époque était, je l'évoquais tout à l'heure,
01:20:38 critiquée par Cicéron
01:20:40 à Rome, parce qu'elle
01:20:42 était trop clannique, mais ils ont pensé
01:20:44 que cette valeur allait permettre de rassembler
01:20:46 tout le monde, les riches comme les pauvres,
01:20:48 et les gens des différents peuples
01:20:50 qui faisaient le pourtour de la Méditerranée.
01:20:52 - Tout à fait. - Et du coup, c'est le thème
01:20:54 "frères en Christ".
01:20:56 C'était une valeur de rassemblement.
01:20:58 Puis, les siècles ont
01:21:00 passé et la fraternité a été
01:21:02 oubliée, et, souvenons-nous,
01:21:04 l'Église, les Églises
01:21:06 chrétiennes, ce sont au
01:21:08 11e, 12e, 13e, 14e,
01:21:10 15e, 16e siècle, pas mal
01:21:12 perdues dans des querelles de pouvoir, d'argent,
01:21:14 etc. - Les guerres de religion.
01:21:16 - Les guerres de religion. - Tout ça, oui.
01:21:18 - Et alors, l'Église
01:21:20 catholique a ensuite
01:21:22 découvert ou redécouvert la question
01:21:24 sociale avec la fraternité
01:21:26 qui s'attache à elle au
01:21:28 19e siècle. Mais si on
01:21:30 vient maintenant à la France, avant
01:21:32 la Révolution, quand vous regardez
01:21:34 le dictionnaire dit de D'Alembert,
01:21:36 ou de Diderot... - Oui, l'encyclopédie.
01:21:38 - La fameuse encyclopédie.
01:21:40 - La fameuse encyclopédie. - Il y a
01:21:42 quelques lignes sur la fraternité,
01:21:44 et quelques pages sur la fraternité d'armes.
01:21:46 Donc, jusqu'à la Révolution,
01:21:48 la fraternité, c'était celle qui
01:21:50 unissait les combattants.
01:21:52 - Les frères d'armes. - Puis arrive la Révolution,
01:21:54 - On va en parler,
01:21:56 on va en parler de la Révolution parce que ça a été
01:21:58 fondamental, justement,
01:22:00 après cette dernière petite
01:22:02 pause. - Et puis pour agir, 0826
01:22:04 - 300, 301, tout de suite sur
01:22:06 Sud Radio.
01:22:08 - Sud Radio Bercov, dans tous ses états,
01:22:10 appelez maintenant pour réagir
01:22:12 0826 300 300
01:22:14 - Ici,
01:22:16 Sud Radio,
01:22:18 les Français
01:22:20 parlent au français.
01:22:22 Je n'aime pas
01:22:24 la blanquette de veau.
01:22:26 Je n'aime pas la blanquette
01:22:28 de veau. - Sud Radio Bercov,
01:22:30 dans tous ses états. - Toujours
01:22:32 avec Michel de Rosen qui vient nous voir
01:22:34 pour son livre "Fraternité"
01:22:36 aux éditions Odile Jacob et nous avons René
01:22:38 qui veut réagir au 0826 300 300
01:22:40 - Bonjour René. - Bonjour René. - Bonjour.
01:22:42 Alors, j'ai une question. Avant, permettez-moi
01:22:44 de dire, pour illustrer ce que disait monsieur
01:22:46 sur les camps catholiques et les camps communistes,
01:22:48 - Oui. - Les camps de vacances, évidemment.
01:22:50 J'ai vu récemment
01:22:52 sur Youtube le témoignage d'un légionnaire
01:22:54 qui s'appelait Tibor, enfin ancien légionnaire,
01:22:56 - Oui. - qui disait "partout
01:22:58 où je vais dans le monde, il y a des légionnaires,
01:23:00 que ce soit en Afrique du Sud, en Suède,
01:23:02 etc. Et nous sommes
01:23:04 immédiatement, même si on ne s'est pas connus,
01:23:06 nous sommes immédiatement plus que des copains,
01:23:08 nous sommes des frères. - Oui, fraternité. - Alors maintenant, je voudrais
01:23:10 revenir sur "Liberté, Égalité, Fraternité".
01:23:12 Il me semblait que
01:23:14 la fraternité supposait
01:23:16 fraternité entre Français, entre
01:23:18 citoyens, ce qui était une
01:23:20 notion nouvelle dans le monde,
01:23:22 mis à part en Suisse quand même. Bon.
01:23:24 Et je ne sais pas si vous voyez
01:23:26 qui est monsieur Heroux. Monsieur Heroux,
01:23:28 ça fait 4 ou 5 fois qu'il passe en procès
01:23:30 parce qu'il aide des clandestins à traverser
01:23:32 les Alpes. - Oui, oui, oui.
01:23:34 C'est lui qui est où ? - Il est à quitter.
01:23:36 Il est à quitter parce qu'on dit
01:23:38 "Liberté, Égalité, Fraternité",
01:23:40 donc la fraternité est un droit, on ne peut pas le condamner,
01:23:42 ce que je trouve scandaleux, parce que
01:23:44 il est peut-être fraternel avec les envahisseurs,
01:23:46 mais pas avec ses compatriotes.
01:23:48 Parce que quand on est généreux
01:23:50 avec les étrangers,
01:23:52 c'est jamais pour les mettre dans le
01:23:54 16e arrondissement de Paris,
01:23:56 mon village ainsi que les deux villages voisins,
01:23:58 des deux côtés et la petite ville pas loin,
01:24:00 sont maintenant envahis par des Afghans,
01:24:02 par des Noirs musulmans,
01:24:04 la plupart ne parlent pas français,
01:24:06 ils sont en groupe et ils ont l'air
01:24:08 dangereux à leur manière, notamment,
01:24:10 de regarder les femmes.
01:24:12 Et voilà, ils ne font rien,
01:24:14 mais enfin, ils les encerclent, voilà, regarde.
01:24:16 - Et vous dites que donc le concept
01:24:18 de fraternité, là, est utilisé
01:24:20 d'une manière qui ne vous plaît pas ?
01:24:22 - Oui, j'aimerais savoir en tout cas
01:24:24 ce que monsieur pense sur
01:24:26 l'origine de liberté, égalité, fraternité,
01:24:28 est-ce que c'est une fraternité universelle ?
01:24:30 Je ne crois pas, c'est une fraternité entre
01:24:32 Français ou au moins entre citoyens.
01:24:34 Je veux rappeler quelque chose, avant la République,
01:24:36 Mélenchon une fois avait dit "la France
01:24:38 est née avec la République en 1789".
01:24:40 Comme quoi il y avait deux erreurs, puisque même
01:24:42 sous la monarchie, la France était la France, c'était pas la Suède.
01:24:44 - Non, non, bien sûr, on ne va pas rentrer là-dedans.
01:24:46 - C'est la monarchie constitutionnelle.
01:24:48 - Non, René, je voudrais que...
01:24:50 - Dans la monarchie constitutionnelle,
01:24:52 il y a l'hymne, c'était "Veillons au salut
01:24:54 de l'Empire". - Oui, René, on va arrêter
01:24:56 là parce qu'on arrive en fin d'émission
01:24:58 et je voudrais justement que
01:25:00 Michel de Rosenne vous réponde
01:25:02 sur ce que vous avez dit, fraternité,
01:25:04 c'est quoi et à quel niveau,
01:25:06 évidemment, question des circonstances.
01:25:08 - Alors, bonjour, bonjour monsieur, merci
01:25:10 de votre intervention.
01:25:12 Vous avez évoqué deux points,
01:25:14 le sujet des légionnaires,
01:25:16 c'est vrai, j'ai comme d'autres fait mon service
01:25:18 militaire, j'ai gardé des habits
01:25:20 dans l'armée, et au sein de l'armée,
01:25:22 quand on risque
01:25:24 sa vie avec ses collègues,
01:25:26 on est extraordinairement dépendant
01:25:28 des autres, et la fraternité
01:25:30 est une valeur claire,
01:25:32 forte, et
01:25:34 j'ai envie de dire, vitale,
01:25:36 au sens propre du terme, pour des militaires
01:25:38 qui combattent ensemble et risquent
01:25:40 leur peau ensemble, et les légionnaires
01:25:42 notamment. - Bien sûr.
01:25:44 - Sur votre deuxième observation,
01:25:46 permettez-moi
01:25:48 de faire une remarque juste, historique,
01:25:50 pour nos grands
01:25:52 ancêtres, qui soient
01:25:54 au moment de la Révolution,
01:25:56 soit au moment de la Deuxième République,
01:25:58 soit au moment de la Troisième République,
01:26:00 soit quand la France a été libérée
01:26:02 en 44-45,
01:26:04 soit quand le général de Gaulle
01:26:06 a créé la Cinquième République,
01:26:08 l'idée de la fraternité n'était
01:26:10 pas limitée aux relations entre français.
01:26:12 Il y a eu en France
01:26:14 depuis des siècles l'idée, certains trouvent
01:26:16 que c'est même arrogant, moi je trouve
01:26:18 que c'est beau, il y a eu l'idée que la France
01:26:20 ne peut pas regarder
01:26:22 que les français,
01:26:24 et que la France a une sorte de devoir
01:26:26 de solidarité aussi, au-delà de ses frontières.
01:26:28 - Alors que nous sommes dans
01:26:30 des circonstances très différentes aujourd'hui.
01:26:32 Mais ça nous amènerait très loin,
01:26:34 en tout cas, c'est un livre à lire,
01:26:36 Michel de Rosenne,
01:26:38 "Fraternité", aux éditions Odile Jacob,
01:26:40 et la fraternité,
01:26:42 voilà, chacun doit la pratiquer
01:26:44 comme il le sent, mais doit la pratiquer.
01:26:46 - Merci Michel de Rosenne d'avoir été avec nous.
01:26:48 Aujourd'hui, merci André Bercoff
01:26:50 d'avoir animé l'émission, on se retrouve demain
01:26:52 entre midi et 14h, et tout de suite,
01:26:54 c'est Brigitte Lahaye sur Sud Radio, à demain.
01:26:56 - Sud Radio Bercoff,
01:26:58 dans tous ses états,
01:27:00 midi 14h. André Bercoff.
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