« Très vite après sa naissance, j’ai été dans un état d’alerte tel que je ne m’autorisais pas à dormir ». Isaure Armanet est maman de trois enfants. Dans son livre « Interdit de pleurer », elle nous raconte son expérience de la dépression post-partum et son chemin pour en sortir. ✨
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00:00 L'étiquette que je voyais sur mon front c'est "je suis nulle, je suis la pire mère de l'année, du monde".
00:06 Salut loups, je suis Isa Rahmanet et aujourd'hui je viens parler dépression du postpartum.
00:11 Quand j'étais enceinte de ma fille, j'ai pas du tout envisagé les choses sous un jour négatif.
00:16 J'avais tout un passif d'imaginaire de la maternité qui était très positif,
00:21 peut-être presque un peu trop idéalisé.
00:24 Très vite après sa naissance, 24 heures après, j'ai ressenti beaucoup d'inquiétude, beaucoup d'angoisse.
00:30 J'ai été dans un état d'alerte, je pense, d'inquiétude tel que du coup je pense que je ne m'autorisais pas à dormir.
00:36 J'avais besoin de vérifier si ma fille respirait, si elle était en bonne santé,
00:40 si elle était bien positionnée sur le dos, sur le côté.
00:43 J'avais besoin de maîtriser tout ce que je faisais avec mon nouveau-né.
00:46 La phrase qui résonnait dans ma tête c'était "tu es nulle et tu n'y arriveras jamais".
00:51 C'était aussi parce que je n'arrivais pas à laiter, que toutes les cases que je devais cocher pour être la mère que je voulais être,
00:57 j'arrivais à en cocher quasiment aucune.
01:00 Une nuit où j'étais encore dans une phase d'insomnie avec un pic d'angoisse où je me disais que je n'y arriverais jamais,
01:07 j'ai eu une image mentale très nette comme une photographie où je me suis vu mettre la tête de ma fille sous l'oreiller.
01:14 Ça m'a terrorisée et je me suis dit directement que j'étais folle, folle alliée,
01:19 que j'allais faire du mal à mon enfant et qu'il fallait que je parte.
01:22 Le compagnon de ma mère qui est médecin, qui m'a pris sérieusement entre quatre yeux
01:27 et qui m'a dit de manière très sérieuse "tu ne vas pas bien, tu fais une dépression,
01:33 donc il faut vraiment que tu fasses quelque chose et que tu ailles te faire aider".
01:36 Et à partir de ce moment-là, on m'a posé un diagnostic, on m'a parlé de dépression postpartum,
01:40 on m'a expliqué cette pensée, on m'a dit que c'était une phobie d'impulsion,
01:43 que c'était un des symptômes de la dépression postpartum.
01:46 Ça m'a vraiment rassurée de savoir que j'avais quelque chose qui était un trouble qui existait,
01:52 que je n'étais pas juste folle alliée.
01:54 J'ai été transférée dans un service psychiatrique d'hospitalisation
01:57 où la mère et l'enfant sont réunis.
02:00 Je suis restée à peu près hospitalisée deux mois dans cette unité mère-bébé.
02:03 Et là, je pense que le mot d'ordre de l'équipe, c'était de me redonner confiance.
02:07 Un peu comme une école, une école des mamans.
02:09 Je sais que j'ai une fragilité, que j'ai une vulnérabilité,
02:12 que les nourrissons, c'est quelque chose qui me déstabilise.
02:15 Je me suis quand même dit, j'aurai plus jamais d'enfant.
02:18 Je ne peux pas revivre ça.
02:19 Et donc, je me suis dit, il faut trouver un moyen vraiment ultra-solide.
02:24 Et pour ça, je vais me faire ligaturer les trompes.
02:27 Comme ça, je suis sûre et certaine de ne plus jamais avoir d'enfant.
02:31 Et puis, en fait, le temps a fait son œuvre.
02:33 J'ai rencontré une psychologue avec qui on a beaucoup parlé de la fragilité.
02:37 Et j'ai compris qu'en fait, je pouvais essayer de verrouiller la porte à la vulnérabilité,
02:41 mais elle viendrait par la fenêtre, elle viendrait par la cheminée.
02:43 La vulnérabilité, ça fait partie de qui je suis et je l'accepte vraiment hyper sereinement aujourd'hui.
02:48 Et puis étonnamment, au bout de deux ans à peu près,
02:51 on a ressenti l'envie d'avoir un autre enfant avec mon mari.
02:54 On a mis en place un maillage ultra-solide, aide thérapeutique, médicaments.
02:58 Donc, j'ai pris des antidépresseurs dès le début de ma grossesse.
03:01 Et en fait, j'ai bien fait de ne pas me faire ligaturer les trompes
03:04 parce que tout s'est bien passé, je n'ai pas été hospitalisée
03:07 et je suis rentrée à la maison après les trois jours à la maternité.
03:11 Voilà, victoire quoi !
03:13 [Musique]