Avec « Dépression post-partum. La face cachée de la maternité » (éd. Larousse), les autrices Chloé Bedouet et Élise Marcende signent un guide indispensable pour informer et libérer la parole autour de ce trouble dépressif qui touche 20 à 30 % des jeunes mères.
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00:00 La dépression postpartum officiellement touche 15 à 20% de femmes,
00:03 sauf qu'on sait actuellement qu'il y a aussi toutes les femmes qui ne vont pas en parler,
00:06 donc qui ne seront pas diagnostiquées.
00:09 Les chiffres sont bien plus élevés.
00:10 Je suis Élise Marsande, je suis la présidente de l'association Maman Bluse.
00:16 Je suis maman de deux enfants.
00:17 Pour mon aîné, j'ai traversé une dépression périnatale
00:20 puisque j'ai sombré pendant et après la grossesse.
00:23 Je m'appelle Chloé Bedouet, je suis maman d'une petite fille qui va avoir 5 ans.
00:26 Suite à la naissance de ma fille en 2018, j'ai fait une dépression postpartum
00:30 qui a duré bien trop longtemps, puisqu'elle a duré deux ans.
00:33 On tient à toutes les deux des comptes Instagram
00:35 qui nous ont amenés à nous rencontrer et à échanger.
00:37 Suite à de nombreuses péripéties,
00:40 Larousse nous a contactées pour écrire un livre sur la dépression postpartum.
00:43 Le Baby Blues, c'est un état que les femmes vont rencontrer,
00:50 entre 50 à 80% des femmes vont le connaître.
00:53 C'est un état qui est assez, on va dire, normal.
00:57 On se retrouve mère et donc il y a toute une phase d'adaptation.
01:01 C'est quelque chose qui dure 15 jours grand maximum.
01:03 Et c'est ce qui va faire la différence avec la dépression postpartum,
01:06 c'est justement sa durée et la persistance de ce qu'on ressent, des symptômes.
01:10 L'intensité, on dit que c'est vraiment une question de temporalité et d'intensité.
01:14 Il peut y avoir une tristesse aussi dans le Baby Blues.
01:16 On n'est pas du tout sur le même degré de tristesse.
01:19 Dans la dépression postpartum, on est réellement sur une souffrance.
01:22 C'est quelque chose qui est là et qui vient de là.
01:24 Et on a souvent du mal à identifier pourquoi, justement, elle est là.
01:29 Ça reste extrêmement tabou parce que les femmes sont censées être heureuses à ce moment-là.
01:35 Quand elles portent la vie et quand elles donnent naissance,
01:38 on attend d'elles qu'il y ait de la joie, du bonheur,
01:41 qu'elles n'expriment que des choses positives.
01:43 On a fait un gros travail de vulgarisation dans ce livre aussi
01:45 pour donner accès à tout le monde à des informations
01:48 qui peuvent être parfois aussi difficiles à lire
01:50 pour que chacun puisse prendre conscience qu'au final,
01:53 il y a beaucoup de femmes qui peuvent être touchées.
01:54 Ça peut être notre sœur, notre voisine, notre cousine,
01:57 qu'on ne voit pas forcément, mais que par des petites choses,
01:59 par des petits détails, on peut des fois avoir un peu la puce à l'oreille
02:02 et se dire, peut-être que finalement...
02:05 Ou en tout cas, peut-être penser en amont à peut-être se dire,
02:08 je vais lui demander comment elle va, je vais essayer de proposer quelque chose.
02:12 Ce travail d'information, il est primordial.
02:15 C'est vraiment un des leviers.
02:17 C'est une base de prévention.
02:18 C'est une base de prévention, oui.
02:20 [Musique]
02:23 Je crois que la phrase qui m'agace le plus concernant la dépression postpartum,
02:26 c'est "Vous pouvez être heureuse".
02:28 Je trouve que cette phrase, elle vient justement appuyer
02:30 l'injonction au bonheur face à la maternité
02:34 et du coup vient nier le fait qu'il puisse y avoir une autre réalité.
02:37 Moi, celle qui m'énerve le plus de phrases,
02:41 enfin, ou qui est plutôt une petite expression
02:43 qui balance tout, qui met tout de côté, comme ça on ne peut rien dire,
02:46 c'est "Ça va passer".
02:47 Parce que "Ça va passer", ça signifie qu'il n'y a pas de place à ce que l'on ressent
02:50 et donc qu'on ne peut pas nécessairement en parler.
02:52 Si je pouvais m'adresser à la personne que j'étais à l'époque
02:55 où j'ai commencé à penser à cette maternité,
02:57 ça aurait été de d'écouter ce que me disaient mon corps et mon esprit.
03:02 Je cochais plein de symptômes déjà pendant la grossesse.
03:04 Mais comme je ne savais pas ce que c'était, c'était difficile de mettre des mots dessus.
03:07 Et je pense que de m'autoriser à dire, peut-être à l'époque, que j'allais mal
03:13 et pas seulement me focaliser sur le physique,
03:17 ça m'aurait peut-être aidé à être prise en charge bien
03:20 plutôt que de finir en psychiatrie.
03:22 Je pense que j'aurais aimé peut-être savoir que j'allais traverser
03:25 la pire et la meilleure chose de toute ma vie.
03:27 La foi, en fait.
03:28 Parce que même si ça a été extrêmement douloureux, horrible,
03:33 je n'ai pas d'autres adjectifs.
03:35 J'ai beaucoup grandi grâce à tout ça.
03:39 Ça m'a permis de faire du tri, ça m'a permis d'être plus moi-même que jamais.
03:45 Et ça, je trouve que c'est assez précieux,
03:48 même si ça s'est fait difficilement dans la douleur.
03:50 Donc j'aurais aimé aussi d'ailleurs savoir que ça pouvait exister,
03:53 qu'on pouvait en fait souffrir dans la maternité.
03:55 Et puis je rajouterais une dernière chose qui est importante à mon sens,
03:58 c'est pas définitif.
04:01 Rien en fait ne peut...
04:03 Rien n'est ancré, rien n'est cassé.
04:05 Parce que souvent les femmes disent "j'ai cassé mon bébé".
04:07 C'est très fort quand elles disent ça.
04:10 Peut-être que sur le moment, oui, il y a des problématiques.
04:11 Parfois on observe des troubles de l'alimentation,
04:15 on peut observer aussi de l'eczéma,
04:17 enfin voilà, il peut y avoir des manifestations physiques,
04:19 un petit peu une somatisation, des troubles de sa maman.
04:22 Mais c'est pas des choses qui sont brisées à tout jamais,
04:26 qui sont irréparables.
04:27 La prise en soins conjointes des deux est primordiale,
04:30 c'est justement pour faire en sorte que tout aille mieux pour les deux.
04:36 [Musique]