• il y a 7 mois
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Valérie Auslender, médecin généraliste et auteur de l'ouvrage «Omerta à l’hôpital» chez Michalon, répond aux questions de Dimitri Pavlenko. Ensemble, ils s'intéressent à la vague Me Too qui est en train de déferler sur l'hôpital.
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Transcription
00:00 Il est 7h11 sur Europe 1, Dimitri Pavlenko, vous recevez ce matin le docteur Valéry Oslender.
00:05 Bonjour Valéry Oslender.
00:07 Bonjour.
00:08 Bienvenue sur Europe 1, pas un jour depuis maintenant, trois semaines sans qu'un soignant, une infirmière, un grand médecin
00:14 devraient l'avoir subi du harcèlement, des attouchements, des remarques graveleuses
00:17 durant ses études ou sur son lieu de travail. La vague #MeToo est en train de déferler sur l'hôpital.
00:23 Alors avant de vous écouter docteur Oslender, un témoignage pour commencer.
00:27 C'est celui de Marine L'Orphelin, Marine L'Orphelin Miss France 2013, alors elle est médecin.
00:31 Elle a pris la semaine dernière sur Instagram, vous allez l'entendre, c'est tout à fait la situation
00:36 que l'on est en train de vivre à l'hôpital. On écoute Marine L'Orphelin.
00:40 Je me rappelle d'un stage particulièrement éprouvant, c'était un stage de chirurgie dans lequel j'étais une des seules femmes, j'étais très jeune,
00:47 j'avais déjà été élue Miss France et j'ai eu le droit à des dizaines et dizaines de blagues
00:53 de cul graveleuses, des questions sur mon intimité, des mains baladeuses et des comportements vraiment
00:59 inappropriés. Aujourd'hui je regrette un peu de n'avoir rien dit, de n'avoir pas su quoi faire, mais j'étais jeune et c'est vrai qu'on disait qu'il fallait
01:06 accepter ces comportements habituels, normaux, attribués à des anciens médecins de l'ancienne génération
01:12 et surtout il faut pas faire de vague à l'hôpital si tu veux qu'on valide ton stage.
01:16 Voilà l'ex Miss France, le docteur Marine L'Orphelin sur les violences sexuelles et sexistes qu'elle a donc subie
01:22 lors de sa formation. Elle dit beaucoup de choses,
01:25 Marine L'Orphelin, Valérie Oslender. C'est un témoignage, et c'est pas le plus difficile à entendre, parmi des centaines qui tombent ces derniers jours sur les réseaux sociaux.
01:33 Oui, alors moi je suis pas étonnée de son témoignage et aussi comme elle était étudiante en médecine et ça m'est arrivé aussi
01:40 d'entendre quasiment à chaque stage des faits de sexisme, des
01:47 blagues grivoises, donc je suis absolument pas étonnée de ce qu'elle raconte et c'est vrai que c'est en effet quelque chose qui existe depuis des
01:53 décennies, un sexisme qui est omniprésent.
01:55 On en parle depuis peu parce qu'il y a une médiatisation du sujet mais ça fait des décennies que ça existe. Moi j'en parlais dans mon
02:00 livre en 2017 déjà. - C'est ce que j'allais dire Valérie Oslender, vous avez été parmi les premiers et les premières dès
02:06 2017 à briser l'OMERTA sur ce climat de maltraitance
02:09 verbale, physique, psychologique, sexuelle à l'hôpital et ça n'avait pas percé le mur du son médiatique. Pourquoi d'après vous ?
02:17 - C'est vrai que moi ça m'a toujours scandalisé. Depuis le début de mes études j'avais toujours remarqué ce type de violence et je ne
02:23 comprenais pas ce que les violences
02:25 pouvaient faire à l'hôpital. Alors pourquoi ça n'a pas
02:28 percé plus que ça ? Je pense que
02:31 malheureusement il a fallu attendre qu'on médiatise le sujet avec l'affaire récente
02:38 pour justement justifier
02:43 de la médiatisation de ce sujet. Mais après je pense que c'est important d'en parler, il faut quand même se rendre compte que ça concerne
02:51 toute l'échelle de la hiérarchie, c'est pas seulement les étudiants, c'est aussi tout type de professionnels de santé.
02:57 Tant qu'on banalisera ces violences et qu'on ne luttera pas contre l'impunité,
03:02 il y aura toujours ce type de violence à l'hôpital. - Alors l'affaire récente, je vais rappeler, c'est la révélation par Paris Match
03:09 du nom de celui que l'infectiologue Karine Lacombe
03:14 hésitait à prononcer, à désigner comme son harceleur, à savoir l'urgentiste Patrick Pelou, la journaliste Anne Jouan.
03:20 Alors une de ses révélations était venue nous en parler sur Europe 1.
03:23 Il fallait des grands noms finalement pour que la parole se libère Valérie Oslander ?
03:28 - Je pense, parce que suite à la sortie de mon livre, il y a eu quand même des actions du gouvernement, notamment contre une lutte
03:35 contre le harcèlement moral et aussi
03:37 le sexisme à l'hôpital, mais finalement aucune action n'a vraiment été menée. Il y avait eu déjà un dispositif de lutte qui avait été proposé
03:45 par le docteur Donatha Marat,
03:49 mais c'est vrai que finalement
03:51 en pratique pas grand chose avait été mis en place, notamment des points d'écoute
03:55 dans les hôpitaux, dans les facultés, dans les écoles, la mise en place de médiateurs dans les services,
04:00 lutter contre l'impunité,
04:03 condamner les agresseurs, tout ça avait été proposé et finalement ça n'avait pas été appliqué. - Quand on dit violence sexuelle et sexiste à l'hôpital,
04:09 est-ce qu'on parle que des femmes Valérie Oslander ? Et on est dans quelle proportion, qu'on se fasse une idée de l'ampleur du phénomène ?
04:16 - Il y a une enquête qui est sortie de l'intersyndicat national des internes qui date aussi de 2017.
04:21 C'était la première enquête sur le sexisme et harcèlement sexuel dans les études médicales.
04:26 Cette enquête avait été réalisée auprès de 3000 étudiants en médecine. Ça avait permis de montrer qu'il y avait donc
04:32 de confirmer qu'il y avait ce sexisme omniprésent, que 90% des internes étaient témoins de blagues sexistes
04:38 et que 60% des femmes étaient victimes de sexisme ordinaire
04:42 versus 8% des hommes. Donc on était à 60% versus 8% des hommes et
04:48 50% des agresseurs étaient des médecins ou des supérieurs des hiérarchiques dont 10% des chefs de service.
04:53 - Comment on explique en fait l'ampleur de ce phénomène à l'hôpital, de ce harcèlement, je vais pas dire
05:01 émotionalisé mais enfin culturel, comment ça se fait que finalement ça perdure depuis tant d'années d'après vous
05:07 Valérie Rossel. Peut-être à la lumière aussi de votre expérience personnelle de ces situations extrêmement désagréables.
05:13 - Il y a cet esprit carabin au sein de l'hôpital où on utilise ces blagues
05:18 sexistes et finalement ça a été
05:21 utilisé comme excuse pour justifier des actes de violence sexiste et sexuelle. C'est finalement une porte d'entrée
05:28 vers ce type d'agression, le fait qu'il y ait cet esprit carabin au sein de l'hôpital.
05:33 - Marine Lorphelin parlait de peur des représailles, elle disait "j'avais peur pour mon stage, pour mon diplôme"
05:38 - Oui, justement j'allais vous dire il y a le poids de la hiérarchie aussi avec un abus de pouvoir permanent
05:45 des personnes qui sont tout en haut de l'échelle de la hiérarchie et les étudiants comme Marine Lorphelin ou comme d'autres étudiants que ce
05:52 soient des étudiants en médecine mais pas que, aussi infirmiers, sages-femmes,
05:55 aide-soignants, en fait c'est des personnes qui ont le poids de la validation du stage donc
06:01 des personnes qui vont se retrouver seules et victimes de chantage sexuel notamment s'ils ne se soumettent pas à ces propositions
06:09 on pourra pas leur valider le stage. Et moi j'ai eu dans mon livre des témoignages
06:15 d'internes par exemple en médecine, dont une interne qui si elle ne se soumettait pas aux actes
06:23 sexuels demandés par son chef de service
06:25 il n'allait pas lui valider
06:28 sa thèse de doctorat en médecine.
06:30 - Et ça fait quel médecin ça quelques années plus tard ?
06:33 Docteur Oslender, même pour vous, est-ce que ça a eu des conséquences sur votre carrière ?
06:38 - Complètement, complètement. Je pense que
06:41 En tout cas je me serais posé la question de travailler à l'hôpital ou pas
06:46 clairement quand j'ai fini mes études je me suis dit je ne travaillerai jamais à l'hôpital
06:52 je pense que ça a un impact énorme et que ce soit
06:55 les témoignages que j'ai recueillis ou d'autres témoignages que j'ai pu entendre après ou des enquêtes chiffrées même qui ont été faits par les associations
07:02 des étudiants qui ont montré un lien direct entre
07:05 ces violences subies et le fait de vouloir travailler ou non à l'hôpital ou pour des personnes qui travaillent à l'hôpital d'être complètement
07:12 dégoûté de l'hôpital et sans compter les conséquences sur la santé de ces victimes, la santé
07:17 psychologique évidemment mais aussi physique et
07:21 aussi sur leur vie personnelle et professionnelle et il ne faut pas oublier que quand je parle de l'impact sur la vie professionnelle
07:26 c'est que les victimes collatérales de ce type de violences ce sont les patients parce que les victimes
07:31 de violences sexistes et sexuelles quand ils sont professionnels de santé il va y avoir un état de stress post-traumatique
07:37 une anxiété parfois même des dépressions et la réalisation parfois de mauvaises pratiques ça peut engendrer
07:42 la réalisation d'erreurs de posologie par exemple dans des gestes médicaux
07:48 développer une certaine agressivité envers les patients une perte de sens
07:51 et donc faut vraiment pas oublier que les victimes collatérales ce sont les patients.
07:54 Merci de votre
07:57 intervention ce matin sur l'antenne d'Europe 1 docteur Valérie Oslander merci d'avoir été avec nous bonne journée à vous.

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