• il y a 8 mois
Avec Camille Le Pomellec, journaliste - réalisatrice et le supplément média avec Manon Bachelot, journaliste - réalisatrice

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##SUD_RADIO_MEDIA-2024-04-24##

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Transcription
00:00 Le 10h30 Sud Radio Média, Valérie Expert, Gilles Gansman.
00:05 Bonjour à toutes et à tous, c'est bonjour Gilles Gansman.
00:08 Bonjour Valérie Expert.
00:11 Aujourd'hui on est dans le journalisme pur et dur sur l'enquête avec un complément d'enquête demain.
00:18 C'est pas très sympa pour Jordan Deluxe qu'on est plein de journalistes.
00:22 Non mais c'est une heuse, là on est sur de l'enquête.
00:24 Qui profite les milliards de l'apprentissage, c'est un document assez incroyable.
00:30 Et puis une nouvelle formule sur Arte.
00:34 C'est une émission qui s'appelle Source en fait.
00:36 Absolument.
00:37 Et là ils ont été sur TikTok.
00:40 TikTok et le business des passeurs de migrants, c'est réalisé par Manon Bachelot
00:44 et c'est tout à fait saisissant là aussi une enquête sur la manière dont TikTok
00:49 en toute impunité permet à des passeurs de recruter des migrants qui veulent traverser la Manche.
00:55 On y reviendra tout à l'heure.
00:57 La forme est formidable.
00:58 La forme est très très réussie.
00:59 On commence tout de suite avec le zapping.
01:01 Vidégré évidemment, ce début de zapping c'est le procès qui a lieu en ce moment.
01:10 On appelle des attentats de Nice.
01:13 Ah non, ah bah non, il y a plus important que les attentats de Nice.
01:16 J'ai un correspondant, les caravanes quittent le camp de Piscarroze.
01:20 Valérie, tout de suite on retrouve notre correspondant de BFM.
01:23 C'est quand même beaucoup plus important.
01:25 Plusieurs dizaines de caravanes viennent de quitter cette aire d'accueil des gens du voyage
01:29 qui se situe à quelques dizaines de mètres de l'endroit où l'on se trouve avec Valentin Rivolier.
01:33 C'est vrai que depuis dix minutes, les choses se précipitent.
01:38 Quasiment l'ensemble de ces gens du voyage quittent cette aire d'accueil.
01:42 Alors difficile de dire si ce départ, il était prévu de longue date
01:46 ou s'il est en lien avec le drame et l'hospitalisation de Kenji Girac.
01:53 Mais ce que l'on peut vous dire, c'est qu'une dame de cette communauté
01:57 vient nous annoncer qu'ils allaient rejoindre Bordeaux sans plus donner de précisions.
02:03 Merci donc de nous avoir donné aucune précision.
02:06 C'est très gentil d'avoir fait un duplex pour nous donner aucune précision.
02:10 Sur ces caravanes qui viennent de partir.
02:13 Non mais, entre nous Valérie.
02:15 Moi j'ai allumé la télévision hier après-midi, j'ai vu un journaliste tout seul au milieu d'un champ vide
02:21 qui a dit "les caravanes sont partis".
02:23 C'est du grand portage.
02:26 C'est le nouveau journalisme.
02:27 On va continuer à faire comme tout le monde, Valérie dans ce zapping.
02:30 On va oublier l'actualité, on va continuer avec l'affaire
02:34 évidemment concernant notre ami chanteur.
02:38 Alors hier, dans "Touche pas à mon poste",
02:41 il recevait un nombre de "gypsy kings" qui soutenaient la thèse de l'accident.
02:47 Mais il y avait Michel Marie.
02:48 Alors lui, il était assez cash, il n'était pas d'accord.
02:51 On ne peut pas cacher quelque chose si on fait du mal.
02:56 Monsieur, comment vous m'expliquez que le coup de feu soit à 2h40
03:02 et qu'on prévienne les secours à 5h30 ?
03:04 C'est quoi votre explication ?
03:06 Qui dit 2h40 ?
03:09 C'est le parquet, c'est le procureur de la République.
03:11 Il a accepté.
03:12 Peut-être que c'est pour le parquet, je n'en sais rien.
03:14 C'est possible, tout est possible.
03:15 Par qui ? 3h après, vous croyez que quelqu'un va porter la SAMU pour...
03:21 3h après ? Je trouve que ce n'est pas possible.
03:24 C'est comme ça que ça s'est passé.
03:25 Ah ouais, par nid.
03:26 Et l'arme a disparu.
03:28 Si le tir se passe à l'intérieur de la caravane,
03:31 le corps est à l'extérieur de la caravane quand les secours arrivent,
03:34 qu'est-ce qu'ils ont fabriqué ?
03:36 Qu'est-ce qu'ils ont fabriqué ?
03:38 On a Camille Le Pommelec qui est un grand reporter,
03:43 vous êtes un complément d'enquête.
03:45 Est-ce que vous pensez qu'on en fait trop dans les médias
03:47 et que lorsqu'on ouvre le journal avec ce fait,
03:50 enfin pas le journal de France 2,
03:51 mais lorsque les journaux sont ouverts sur ce fait divers,
03:54 vous en pensez quoi ?
03:55 Je ne sais pas.
03:56 Franchement, je ne saurais pas quoi vous dire
03:58 si on en parle trop ou on n'en parle pas assez.
04:01 Pour tout vous dire, en fait, je suis un peu en retard.
04:04 J'ai posé mon bélim devant la tour.
04:07 Et après, on parlera du complément d'enquête.
04:10 Je pense que vous serez plus volubiles.
04:12 Valérie, on a la date ?
04:15 Le 23 juin ou la semaine suivante ou la semaine d'après.
04:19 Vous savez de quoi je parle ?
04:20 Le bain dans la Seine.
04:22 Le bain dans la Seine d'Andy Dalgo.
04:25 On la verra peut-être faire des longueurs.
04:27 Mais aussi notre ministre des Sports,
04:29 Madame Odéa Castera.
04:31 Toutes les deux, elles étaient très heureuses à l'idée
04:33 de se dire "oui, on va se baigner".
04:35 C'est un des rendez-vous du siècle,
04:37 cette baignabilité de la Seine et de la Marne.
04:40 La Seine n'est plus baignable depuis 1923.
04:42 La Marne ne l'est plus depuis 1970.
04:46 Et demain, elles vont le redevenir.
04:49 Il y aura le grand plongeon dans la Seine
04:51 qui sera autour du 23 juin ou la semaine suivante
04:56 et qui nous permettra de venir goûter l'eau de la Seine.
05:01 Beaucoup de volontaires se sont déjà manifestés
05:06 pour venir plonger avec moi.
05:09 Et oui.
05:10 Vous allez aller plonger avec elle ?
05:13 Je ne pense pas, non.
05:14 Elle a dit qu'elle serait un peu fraîche mais propre.
05:16 Voilà.
05:17 Vous savez en partie pourquoi elle est sale ?
05:19 J'ai un ami qui travaille au fleuve de France
05:22 qui m'expliquait que tous les bateaux
05:24 qui stationnent et qui vont être enlevés
05:26 pour les Jeux Olympiques,
05:27 en fait, n'ont pas le tout à l'égout.
05:29 Ah bon ?
05:30 Lorsqu'ils vont aux toilettes ou autre,
05:32 ça va directement dans la Seine.
05:34 Et c'est une grande partie de la pollution
05:37 qui vient du fait que tous les bateaux
05:39 et tout ce qui stationne n'a pas de tout à l'égout.
05:41 Ah oui ?
05:42 C'est à faute de votre copine, Christine, bravo.
05:44 C'était le grand retour de Secret Story à 23h30.
05:48 Vous avez regardé ?
05:49 Pas du tout.
05:50 C'était jusqu'à 2h du matin.
05:51 Vous auriez pu 2h15.
05:52 Ça a plutôt moyennement marché, mais ça va.
05:55 Je pense que le replay va équilibrer.
05:57 Ils ont fait pas mal d'audience sur les jeunes
06:00 et les ménagères.
06:01 Ils ont fait à peu près 800 000 téléspectateurs.
06:03 Les jeunes, qu'est-ce qu'ils font à 23h30 devant la télé ?
06:05 Vous aussi, vous devez faire un couvre-feu télé.
06:07 Alors, c'était plutôt Tic-Toc Story.
06:11 Il n'y a que des gens de chez Tic-Toc
06:13 qui se connaissent.
06:14 C'était un peu bizarre.
06:15 Mais aussi, on a découvert une nouvelle voix,
06:17 qui était une voix féminine.
06:19 Mais quelques heures avant, dans "Touche pas à mon poste",
06:21 Benjamin Castadi et Guillaume Genton
06:24 avaient des informations de pourquoi ils ont changé la voix.
06:27 J'ai une question sur la voix,
06:29 parce que Benjamin a l'air d'avoir des infos.
06:30 Pourquoi TF1 a fait toute la com' avec la voix ?
06:33 Ils ont fait des annonces dans le métro, dans le truc.
06:35 Je vais vous dire la vérité.
06:36 Je pense qu'ils ont dû commencer à faire
06:37 les bandes promotionnelles,
06:38 les appels à casting avec la voix,
06:40 sans négocier le contrat.
06:41 Et qu'après, ils ont dû parler d'oseille.
06:42 Et que là, ils se sont déjà dû coincer.
06:43 C'est pas TF1, c'est la boîte de prod.
06:46 C'est TF1 qui fait le programme.
06:48 Quand TF1 dit "Quoi qu'il arrive, je veux la voix",
06:50 normalement, le producteur ferme sa gueule.
06:52 Mais n'importe quoi.
06:53 Si à un moment, le mec a un budget,
06:55 donc forcément, il a dû vendre ça, je sais pas combien.
06:57 Il y aura des pigeons pour nous expliquer.
06:59 Connaissant la marge,
07:01 il pouvait diminuer un petit peu la marge.
07:03 Vous avez vu cette fine analyse
07:05 de Guillaume Genton et de Benjamin Castaldi.
07:07 Qui avaient fait un tweet très long,
07:09 pour expliquer que c'était en gros
07:11 rendre hommage à la voix.
07:13 Et puis que c'était dommage la fin de cette voix.
07:15 Et que finalement,
07:17 il n'aurait pas eu assez d'argent.
07:19 Patatras.
07:20 Hier, ils ont expliqué que la voix restait.
07:22 Et que c'était en fait
07:24 un des secrets
07:26 qui était le départ de la voix.
07:28 Et que la voix reste.
07:30 Ils sont passionnés, Gilles.
07:32 Mais non, parce qu'ils sont tombés dans le panneau.
07:34 Ils ont fait une heure de débat hier,
07:36 alors qu'ils n'avaient pas d'info.
07:38 Ils sont tombés dans le panneau.
07:40 C'est une information que je vous donne.
07:42 Là, je vais encore plus vous passionner, Valérie.
07:44 Lundi, je vous ai fait la version cartoon
07:46 des chansons "À la gloire" de Kim Jong-un.
07:48 Hier, c'était la version salsa
07:50 pour soutenir Trump.
07:52 Alors ça, c'est des chansons officielles
07:54 du parti de Kim Jong-un
07:56 et du parti de Donald Trump
07:58 qui passe à la télévision.
08:00 Mais je vous ai aussi aujourd'hui
08:02 préparé un autre
08:04 de ces soutiens sur les réseaux sociaux.
08:06 Ce sont les Blacks qui se mobilisent
08:08 pour Donald Trump sur les réseaux.
08:10 Là, on n'est pas dans la salsa, on est dans le rap.
08:12 Black for Donald Trump.
08:14 Black Magga
08:16 Black Magga
08:18 Black Magga
08:20 Donald Trump, yeah that's my president
08:22 Donald Trump, the first black president
08:24 Ever seen a black patriot?
08:26 Yeah we exist
08:28 The Democrats use my color just to stay rich
08:30 Indict my president, you might as well indict me too
08:32 Call me your Uncle Trump, I'm really what Obama do
08:34 Y'a plein de chansons comme ça, c'est assez génial.
08:36 C'est assez étonnant.
08:38 Et là, c'était les Blacks.
08:40 Demain, je vous ferai un passage
08:42 Je vous montrerai notre nouvel habillage.
08:44 Ah bon, très bien, je suis ravie de l'apprendre.
08:46 On se retrouve dans un instant
08:48 avec Camille Le Pommelec
08:50 pour un complément d'enquête
08:52 demain soir à 23h sur France 2
08:54 à qui profitent les milliards
08:56 de l'apprentissage.
08:58 Une grande, grande enquête
09:00 qui révèle la gabe J
09:02 et les arnaques
09:04 dont certains font preuve.
09:06 Quand on voit que notre ministre de l'économie
09:08 veut faire des économies.
09:10 A tout de suite.
09:12 (Musique)
09:14 Le 10h midi, Sud Radio Média
09:16 Valérie Expert
09:18 Gilles Anzmann
09:20 Diomédia, l'invité du jour.
09:22 L'invité du jour, c'est Camille Le Pommelec
09:24 Bonjour, vous êtes journaliste
09:26 vous êtes journaliste
09:28 réalisateur à
09:30 complément d'enquête pour l'émission complément d'enquête
09:32 demain, jeudi 25 avril à 23h
09:34 à qui profitent les milliards
09:36 de l'apprentissage.
09:38 On est resté scotché par votre enquête
09:40 parce que on découvre
09:42 les dessous de ce
09:44 qu'est l'apprentissage
09:46 les dessous de ce que ça coûte à l'Etat
09:48 et la façon dont les entreprises
09:50 entre autres en profitent.
09:52 C'est une enquête que vous avez réalisée
09:54 on va les citer avec Clément Fabre, Bruno Maruani
09:56 et Jeanne Bureau
09:58 pour la société de production Icari.
10:00 Quand vous démarrez une enquête comme celle-là
10:02 vous savez
10:04 à quoi vous allez
10:06 on ne sait jamais
10:08 à quoi on va s'attendre mais vous avez
10:10 trouvé que cette enquête était particulièrement
10:12 pleine de rebondissements
10:14 et de découvertes ?
10:16 Oui, ça fait presque 20 ans
10:18 que je fais ce métier et souvent de l'investigation
10:20 et là il a fallu
10:22 plusieurs semaines voire plusieurs mois déjà de compréhension
10:24 de tous les différents cycles de ce magma
10:26 parce que à la fois on parle de formation professionnelle
10:28 c'est le ministère du travail
10:30 et puis c'est aussi de l'éducation
10:32 j'ai des enfants qui sont au collège
10:34 donc ça m'intéressait aussi
10:36 de savoir où ils vont
10:38 un peu les boîtes à formation
10:40 et il a vraiment fallu
10:42 plusieurs semaines, plusieurs mois pour rentrer dans
10:44 tous les rapports qui ont pu être écrits sur le sujet
10:46 qu'on prend, les budgets etc...
10:48 C'est d'une grande complexité, déjà rappelez ce que recouvre
10:50 l'apprentissage, de quoi on parle quand on parle
10:52 d'apprentissage, ça s'adresse à qui
10:54 et comment ça fonctionne ?
10:56 L'apprentissage on a tous je crois un peu
10:58 l'image d'Epinal, des métiers manuels
11:00 c'est-à-dire quelqu'un qui est un peu décrocheur scolaire
11:02 on va dire à 14, 15 ans
11:04 l'école c'est pas fait pour lui et là on lui dit
11:06 "bah écoute, tu vas apprendre avec un tuteur
11:08 en plus tu vas être payé un peu moins
11:10 qu'un salarié normal
11:12 mais voilà, tu vas apprendre en travaillant"
11:14 ça c'est le principe et c'est vrai que ça marche bien
11:16 tout le monde est d'accord là-dessus, il y a un consensus politique
11:18 depuis des années et c'est vrai que depuis des années
11:20 ça décolle pas alors qu'en Allemagne
11:22 il y en avait deux fois plus, donc Macron quand il arrive
11:24 en 2018 il dit "bah voilà, moi je vais révolutionner
11:26 l'apprentissage
11:28 on va vraiment faire exploser le choc"
11:30 et aujourd'hui ça s'appelle l'alternance
11:32 mais c'est à peu près la même chose
11:34 c'est-à-dire là c'est plus les étudiants du supérieur
11:36 et c'est voilà, on travaille
11:38 et on étudie en même temps
11:40 souvent c'est deux jours par semaine
11:42 ça peut être une semaine par mois.
11:44 - Alors qui en profite de l'apprentissage ?
11:46 Financièrement c'est ce qu'on découvre dans le reportage
11:48 c'est que c'est
11:50 assez incroyable ce que ça coûte
11:52 à l'État et ce que ça rapporte
11:54 finalement à un certain
11:56 nombre de personnes que vous avez bien identifiées
11:58 dans le reportage.
12:00 - Absolument, 22 milliards ça paraît
12:02 déjà on a du mal à savoir ce que ça veut dire
12:04 22 milliards je trouve mais en fait ce qu'il faut
12:06 comparer, c'est un économiste qui m'a aidé là-dessus
12:08 Bruno Coquet qui est interrogé dans le
12:10 reportage, donc la Cour des comptes
12:12 elle parle de 17 milliards, lui dit 22 milliards
12:14 parce que en plus des subventions aux employeurs
12:16 en plus des formations
12:18 payées, il faut
12:20 il y a toutes les exonérations de charges
12:22 il y a tous les impôts sur le revenu qui payent pas
12:24 il y a toutes les aides des régions, donc bref
12:26 on fait 22 milliards et 22 milliards
12:28 c'est plus que l'État, ce que nous on donne
12:30 par exemple à l'enseignement supérieur
12:32 c'est plus que ce qu'on donne aux facs
12:34 à l'université, c'est 17 milliards
12:36 donc lui il dit, bah imaginons
12:38 ce qu'on ferait si on doublait ce budget
12:40 voilà, ça donne un peu
12:42 une idée des montants
12:44 - C'est-à-dire le budget des universités est moindre
12:46 que le budget de l'apprentissage
12:48 c'est totalement fou et ce qui est
12:50 totalement fou dans votre reportage
12:52 on a eu la chance de voir en avant
12:54 que vous expliquez bien que en fait
12:56 nous contribuables, on va à la fois
12:58 payer des gens pour qu'ils aillent en apprentissage
13:00 en moyenne c'est entre 11 000
13:02 et 14 000 par candidat
13:04 quand on est dans des écoles supérieures
13:06 et que ensuite quand ils vont être embauchés
13:08 il va y avoir une réduction pour l'employeur
13:10 et qu'il va pas payer d'impôts
13:12 et autres
13:14 et donc il va y avoir un salarié
13:16 au lieu de payer 2500 euros
13:18 il va payer 1100 ou quelque chose
13:20 c'est à peu près ce que vous dites dans le sujet
13:22 et ça aussi c'est le contribuable qui paye
13:24 ça veut dire qu'à chaque fois nous on passe à la caisse
13:26 - Oui c'est ça, plusieurs fois
13:28 et c'est vrai que c'est assez fou
13:30 en fait c'est aussi
13:32 il y a une première chose c'est ces formations qui sont payées
13:34 donc là sans plafond
13:36 avant il y avait un plafond
13:38 et puis il y a la deuxième chose c'est effectivement de donner aux entreprises
13:40 avant c'était
13:42 8000 euros pour un majeur
13:44 5000 euros pour un mineur et maintenant depuis janvier
13:46 2023 c'est 6000 euros
13:48 voilà c'est 6000 euros la première année pour chaque
13:50 jeune employé en apprentissage
13:52 donc c'est beaucoup d'argent
13:54 - Et pour se rendre compte Valérie je vous propose d'écouter la bande annonce
13:56 Pour la première fois la France compte
13:58 plus d'un million d'alternants
14:00 des étudiants qui apprennent leur métier en travaillant
14:02 alors que le déficit se creuse
14:04 complément d'enquête sur la réforme de l'apprentissage
14:06 qui coûte plus de 20 milliards
14:08 d'euros d'argent public par an
14:10 - Transparence de la CAV ou Cronière ?
14:12 - La question c'est pas de savoir
14:14 si l'apprentissage c'est bien ou c'est mal
14:16 la vraie question c'est à qui profite cet argent
14:18 - Cette exception française
14:20 est-elle LA solution pour intégrer les jeunes
14:22 et lutter contre le chômage ?
14:24 - C'est mieux de prendre deux alternants
14:26 faire CDI
14:28 - Formation en TOC, boulot bidon
14:30 ce dispositif très généreux
14:32 est-il dévoyé ?
14:34 - Complément d'enquête présenté par Tristan Wallex
14:36 c'est demain soir juste après
14:38 envoyé spécial sur France 2
14:40 et sur la plateforme France.tv
14:42 - Alors vous êtes infiltré dans une école
14:44 une école supérieure
14:46 et là vous apercevez
14:48 que non seulement... - Qu'est-ce qu'il y a derrière ?
14:50 Qu'est-ce qu'il y a derrière ?
14:52 Est-ce que ça profite vraiment aux jeunes ?
14:54 On peut pas lui reprocher de vouloir développer
14:56 l'apprentissage, sauf que c'est pas suivi
14:58 derrière encore une fois, c'est de la com
15:00 - Voilà c'est les deux écueils
15:02 - Et à chaque fois qu'il y a des choses comme celle-là
15:04 on pense à la taxe carbone, on pense à un certain nombre
15:06 on voit ce qui se passe en ce moment avec le photovoltaïque
15:08 aussi, avec les panneaux
15:10 il y a toujours des gens qui s'engouffrent
15:12 dans ces aides qui sont proposées
15:14 pour détourner l'argent et visiblement
15:16 il n'y a pas assez de contrôle - Voilà, il n'y a pas assez de contrôle
15:18 à la fois pédagogique
15:20 sur la qualité des formations
15:22 et à la fois effectivement
15:24 sur la réalité
15:26 de ces formations - Oui, moi je veux juste
15:28 revenir sur une chose
15:30 pourquoi vous avez dit un peu plus blanc ?
15:32 - Non, cheveux blancs
15:34 - Ah cheveux blancs - Moi j'ai des cheveux blancs
15:36 - Ah des cheveux blancs - Donc pour m'infiltrer
15:38 dans une école en 10 ans avant 21 ans
15:40 c'est plus compliqué - Oui, parce que votre...
15:42 - Effectivement, moi aussi j'ai tilté
15:44 et j'ai compris que vous disiez "et les cheveux"
15:46 - Ah oui, oulala
15:48 - Ça aussi ça peut tirer vite
15:50 à notre épreuve - Oui, l'apthus là
15:52 - Moi aussi j'ai entendu, ça m'a aussi interpellé
15:54 et j'ai compris que
15:56 c'est un peu cheveux blancs
15:58 - Qu'on le dise et qu'on le désamorce
16:00 - Voilà, ça évite une polémique
16:02 - Les étudiants
16:04 eux, certains
16:06 sentirent quand même, c'est profitable
16:08 on peut voir le bon côté des choses
16:10 - Bien sûr, non mais l'apprentissage
16:12 c'est bien, de manière générale
16:14 c'est très très bien
16:16 les études économiques le disent, c'est un
16:18 accélérateur de carrière - Ça marche en amas
16:20 - Oui mais alors c'est surtout
16:22 la différence, je veux dire, le delta
16:24 important, c'est surtout pour les enfants qui
16:26 pour les jeunes, avant le bac
16:28 et sur les métiers manuels, c'est là où on voit
16:30 qu'il y a un vrai changement de carrière, c'est là où on voit que
16:32 "c'est remis dans le droit chemin"
16:34 c'est un peu l'image des médias
16:36 - Dans les MBA et le marketing, ça sert pas
16:38 grand chose
16:40 - Ça va permettre d'avoir
16:42 un CDI plus vite et un meilleur salaire
16:44 - Mais disons pas, vous montez des tableaux
16:46 où finalement, ça se concrétise
16:48 pas vraiment les CDI, on voit
16:50 que les tableaux sont modifiés
16:52 par l'école pour toujours avoir
16:54 une nouvelle subvention - Ça arrive
16:56 et c'est pas très
16:58 contrôlé, et ça arrive notamment sur les formations
17:00 un peu de niche, là c'est on va dire
17:02 le management du sport, c'est quelque chose qui est très à la mode
17:04 donc effectivement ça va attirer pas mal
17:06 de jeunes qui aiment bien
17:08 le foot, le sport et tout type de sport, qui vont se dire
17:10 "bah tiens, c'est ma passion, pourquoi pas en faire
17:12 mon métier, école de commerce, ça rassure
17:14 les parents, ça rassure tout le monde"
17:16 sauf que de trouver des postes de cadre
17:18 dans des métiers, dans des clubs un peu
17:20 prestigieux, il n'y en a pas pour tout le monde
17:22 forcément, donc eux, ils vont mettre en avant
17:24 une espèce de statistique en disant
17:26 notamment pour les parents
17:28 90% ont un
17:30 boulot, certes ils ont un boulot
17:32 mais quel boulot ? Et quand on regarde dans le détail
17:34 ce qu'ils sont obligés de déclarer à l'État
17:36 et c'est ça qui justifie tout cet argent
17:38 public, c'est la qualité
17:40 de ces jobs
17:42 donc c'est-à-dire, là on est quand même sur du bac +5
17:44 donc on est censé être des métiers
17:46 de cadre, peut-être pas tout de suite
17:48 mais dans les 2-3 ans
17:50 dans ce secteur-là, bah là il y en a
17:52 1 sur 2 là pour le plus de chance. - Et alors après
17:54 vous vous attaquez en 3ème
17:56 partie, alors ça aussi c'est formidable
17:58 c'est Carrefour, Carrefour
18:00 c'est une fameuse école Carrefour, mais sans
18:02 locaux, sans professeurs
18:04 et en fait l'école
18:06 c'est dans le Carrefour
18:08 mais c'est vrai en plus
18:10 c'est dans le Carrefour et en fait
18:12 ils mettent plus des chips dans les rayons
18:14 que Potassé
18:16 et là aussi
18:18 Alexandre Bompard a mis en place
18:20 un système dans lequel il touche
18:22 de l'apprentissage
18:24 et les apprentis
18:26 - En tant qu'employeur
18:28 - Et les apprentis, là aussi, il y a de l'argent public
18:30 qui part parce qu'il y a des réductions
18:32 d'impôts et qu'ils sont, en fait ils font
18:34 un travail, ça empêche des gens
18:36 de travailler. - Bah c'est ce que disait
18:38 le syndicat, donc là le Carrefour
18:40 a un double casquette, c'est-à-dire en tant qu'employeur
18:42 il va toucher 6 000 euros par jeune, en tant que formateur
18:44 il va toucher 5 400 euros. - 6 000 euros
18:46 alors qu'ils sont payés au SMIC
18:48 c'est le SMIC. - Bah en sous
18:50 parce qu'ils ont des salaires moindres, en tant que
18:52 c'est des grilles moindres, donc ils seront par exemple
18:54 à moins de 20 ans, ils seront à 950 euros
18:56 par mois, les jeunes.
18:58 - Ça c'est nous qui payons. - Ouais.
19:00 - Mais... - Il y en a certains, bon ils arrivent à 5h du matin
19:02 il n'y a pas de transport en commun s'ils n'ont pas de bagnole
19:04 à gérer, c'est compliqué. - Mais comment
19:06 on justifie
19:08 cet argent, en fait ?
19:10 Est-ce qu'on a
19:12 besoin de subventionner à ce point-là ?
19:14 - Bah il y a pas mal de gens qui disent que non, en tout cas
19:16 sur les aides aux
19:18 employeurs, les aides pour les grandes
19:20 entreprises, il y en a beaucoup, y compris Muriel
19:22 Pénicaud, ancienne ministre du Travail,
19:24 qui participe. - Non mais il y a
19:26 au Château, à l'Elysée
19:28 aujourd'hui, il y a un espèce
19:30 de... de redissement
19:32 il y a quelque chose de cet ordre
19:34 de ne pas
19:36 donner ce signal aux entreprises
19:38 de baisser les aides
19:40 parce qu'il faut atteindre ce million-là.
19:42 Voilà, c'est une des réformes
19:44 qu'a marché, donc il ne faut pas...
19:46 - On ne peut pas dire "on doit trouver 3 milliards
19:48 et à côté dépenser 20 milliards
19:50 de notre poche
19:52 sur du fond en pro.
19:54 Sur quelque chose qui n'existe pas.
19:56 On est d'accord que les formations
19:58 chez Carrefour n'existent pas.
20:00 En fait, ils utilisent ça pour avoir
20:02 des employés à bas coût.
20:04 - Bon, ça c'est... moi je vais pas
20:06 commenter, je suis journaliste.
20:08 - C'est ce que vous avez constaté.
20:10 - Les syndicats disent
20:12 depuis, il y a un plan...
20:14 Bon, Carrefour perd de l'argent
20:16 ces hypermarchés, donc il y a une réalité
20:18 économique, il va dire...
20:20 il va comparer
20:22 par rapport aux champs, par rapport aux concurrents,
20:24 l'idôle, etc., il va dire "voilà, moi
20:26 quand je regarde mes hypermarchés,
20:28 les salariés
20:30 me coûtent plus cher qu'avant.
20:32 Que ailleurs." Et les syndicats
20:34 disent "oui, effectivement, avant il y avait le quart d'heure
20:36 social chez Carrefour, on se glorifiait du fait
20:38 que chez nous on était un peu mieux payés,
20:40 c'était sur 13 mois, etc."
20:42 Donc, il y a tout un plan de réduction
20:44 des coûts, assez dur.
20:46 - Mais il y a 200 millions.
20:48 - Pour atteindre la concurrence, qui entre guillemets
20:50 permet aussi de dégager du cash
20:52 pour acheter des actions, donc ça c'est un truc
20:54 que les...
20:56 et donner un bon salaire à M. Bompard.
20:58 Donc voilà, ça c'est des trucs...
21:00 ça c'est les syndicats, mais eux ils disent en tout cas
21:02 il y a les emplois qui baissent,
21:04 des départs en retraite, et ils sont remplacés par ces jeunes
21:06 qui sont mal payés, précaires
21:08 et qui derrière, alors que c'est la promesse,
21:10 ne sont pas embauchés en CDI.
21:12 8%, c'est quand même très peu.
21:14 - Ce matin. - 8% !
21:16 - 8% ! - À la limite on peut dire
21:18 - Les jeunes ils apprennent à bosser, ils sont en rayonnage
21:20 - Mais après il faut que ça débouche sur quelque chose.
21:22 C'est ça la question.
21:24 Ce matin dans les échos, une tribune
21:26 "Apprentissage, ne transformons pas une voie royale
21:28 en voie de garage" puisqu'ils ont été annoncés
21:30 enfin en tout cas dans les projets, une coupe
21:32 budgétaire de 200 millions
21:34 supplémentaires
21:36 une coupe de 200 millions
21:38 sur ces contrats d'apprentissage.
21:40 Donc il y a quand même une prise de conscience
21:42 au sein du gouvernement.
21:44 - Il y a même un groupe de députés de la majorité
21:46 qui en septembre dernier, en lien
21:48 avec Bruno Le Maire, ont tenté de réduire
21:50 ces aides aux employeurs, notamment
21:52 pour les grandes entreprises, pour justement
21:54 les formations les plus hautes
21:56 et l'Elysée a dit non.
21:58 - Oui, oui.
22:00 C'est effectivement... Et sur le plateau
22:02 il y aura qui avec Tristan Ouellek dans les fauteuils rouges ?
22:04 - Alors je ne sais pas
22:06 si je peux vous l'annoncer, est-ce que j'ai le droit ?
22:08 - Oui, oui, si monsieur, je vais le dire.
22:10 - D'accord.
22:12 - Parce que vous nous l'avez dit avant.
22:14 - Je vais le dire, non ?
22:16 - C'est l'ancienne ministre du Travail, Muriel Pénicaud.
22:18 - Qui est quand même
22:20 accusée de collusion dans votre reportage.
22:22 Donc c'est intéressant de voir ce qu'elle va dire.
22:24 - Le mot est un peu fort, mais on va dire
22:26 qu'elle est embauchée au Conseil d'administration
22:28 de Galiléo, qui est un des grands groupes
22:30 de formation.
22:32 - En tout cas c'est vraiment
22:34 passionnant, c'est intéressant.
22:36 - Et notre argent.
22:38 - Oui, oui, bien sûr, comment, effectivement,
22:40 pourquoi 20 milliards d'euros
22:42 pour l'apprentissage, comment c'est utilisé,
22:44 comment certains en profitent.
22:46 Il y a des étudiants qui sont
22:48 interrogés, vous avez des formateurs,
22:50 vous avez énormément
22:52 de témoignages, c'est vraiment
22:54 un document important,
22:56 comme à chaque fois, j'ai envie de dire,
22:58 complément d'enquête, Camille Lepomélec.
23:00 Merci d'avoir été avec nous. - Merci, jeudi,
23:02 c'est demain à 23h. - Oui, c'est demain à 23h,
23:04 complément d'enquête et puis le replay, évidemment.
23:06 Tout de suite, on va parler de toute autre
23:08 chose, mais néanmoins c'est de
23:10 l'enquête avec TikTok
23:12 qui laisse
23:14 finalement des recruteurs.
23:16 - Des plateformes de migrants. - Oui, c'est ça, les recruteurs
23:18 pour les migrants, pour pouvoir
23:20 traverser, bon, ma phrase, elle est alambiquée, mais en gros
23:22 TikTok laisse des recruteurs
23:24 passer des annonces
23:27 pour offrir leurs services
23:30 aux migrants qui veulent traverser la roche. - C'est la première fois de votre carrière.
23:32 - Je suis arrivée. Allez, à tout de suite.
23:34 (Musique)
23:36 - Le 10h30, Sud Radio Média
23:38 Valérie Expert,
23:40 Gilles Gansman,
23:42 Sud Radio,
23:44 le supplément média. - Le supplément média
23:46 aujourd'hui avec
23:48 Manon Bachelot. Bonjour, merci d'être avec nous.
23:50 Vous êtes journaliste et on a
23:52 adoré votre reportage.
23:54 Enfin, adoré, le mot est peut-être pas très bien choisi,
23:56 mais en tout cas, on a été là aussi scotché.
23:58 On voit qu'il y a des journalistes qui font
24:00 des enquêtes,
24:02 on l'a vu avec Complément d'Enquête,
24:04 et donc, c'est une émission source
24:06 sur Arte qui existe.
24:08 - J'ai du mal, je suis encore bu.
24:10 - Oui, j'ai un peu de mal. Je veux boire du source.
24:12 - Je suis encore bu, Sweden.
24:14 - Non, je n'ai pas bu, je bois du thé.
24:16 TikTok est le business des passeurs
24:18 de migrants, donc vous avez réalisé
24:20 ce document dans le cadre de cette émission
24:22 source qui est tout à fait novatrice
24:24 dans sa présentation. Ça dure un quart
24:26 d'heure, c'est accessible sur la plateforme
24:28 d'Arte, sur YouTube,
24:30 on est avec vous dans cette enquête,
24:32 on vous suit de clic en clic
24:34 sur cette enquête
24:36 en particulier extrêmement forte
24:38 qui raconte comment TikTok
24:40 laisse des passeurs
24:42 recruter, faire du recrutement
24:44 pour des migrants qui veulent traverser
24:46 la Manche. - Absolument,
24:48 l'idée de cette émission, c'était d'emmener
24:50 les citoyens avec nous,
24:52 c'est-à-dire qu'on raconte notre méthode d'enquête
24:54 du point A au point
24:56 B, au point C, au point Z, etc.
24:58 L'idée de base
25:00 de création de l'émission,
25:02 c'était de combattre la défiance
25:04 envers les journalistes et de montrer que
25:06 on peut faire du journalisme
25:08 en racontant nos sources, en racontant
25:10 nos moyens de vérifier l'information
25:12 et que ça peut être aussi un peu
25:14 excitant. En fait, on raconte
25:16 l'histoire un peu comme un jeu de piste
25:18 à travers des outils
25:20 numériques
25:22 finalement qu'on trouve
25:24 sur Internet et qui sont accessibles à tous,
25:26 ce sont des outils publics maintenant.
25:28 Et là, ce qui est intéressant en plus
25:30 dans cette enquête sur TikTok et les passeurs,
25:32 c'est que j'ai travaillé uniquement en source ouverte.
25:34 C'est-à-dire que toutes mes informations sont
25:36 en ligne sur Internet. Après,
25:38 encore, faut-il savoir où trouver, comment chercher,
25:40 etc., comment vérifier l'information.
25:42 On fait un travail vraiment de journaliste.
25:44 Mais effectivement, toutes les informations
25:46 sont accessibles. - Elles sont accessibles.
25:48 Ça part d'un passeur
25:50 sur TikTok qui propose ses services
25:52 pour faire des traversées.
25:54 Donc, vous cliquez
25:56 et vous le contactez
25:58 pour traverser
26:00 la Manche. - Absolument. Et là, je me
26:02 rends compte qu'il va me proposer une traversée
26:04 quasiment trois jours après
26:06 l'avoir contactée. Donc, ça confirme
26:08 le fait qu'il est vraiment un passeur et pas un menteur
26:10 qui s'afficherait comme un passeur, même si
26:12 je ne vois pas bien l'intérêt de mentir sur ce genre de sujet.
26:14 Et ensuite, il m'explique
26:16 l'organisation de la traversée, que
26:18 quelqu'un m'attend dans un camp de la jungle
26:20 à côté de Dunkerque, qu'il faut construire...
26:22 - Vous repérez aussi
26:24 sur la photo de son
26:26 profil TikTok un bâtiment
26:28 que vous identifiez
26:30 en ayant fait des recherches comme étant
26:32 un bâtiment à Dunkerque. Donc, vous comprenez que c'est
26:34 par là que ça va se passer. - Absolument.
26:36 Parce qu'en fait, la première fois que j'arrive sur son profil,
26:38 c'est un profil anonyme
26:40 avec des propositions de
26:42 passage. Et il
26:44 s'affiche comme passeur, mais à aucun moment, on peut
26:46 deviner son identité, si ce n'est qu'on reconnaît
26:48 son visage sur plusieurs photos.
26:50 - Notez qu'il n'est pas le seul. C'est-à-dire que
26:52 lorsque vous allez sur TikTok,
26:54 vous avez un nombre de propositions
26:56 et de profils qui vous proposent
26:58 de traverser la Manche. Il y en a
27:00 une quinzaine ou une vingtaine.
27:02 Et c'est là aussi où c'est intéressant en début.
27:04 C'est-à-dire que vous montrez que TikTok
27:06 est une plateforme pour
27:08 laquelle tout le monde peut se connecter quand vous êtes
27:10 migrant pour traverser.
27:12 - En fait, c'est devenu une plateforme publicitaire
27:14 pour les passeurs, pour faire de la
27:16 promotion de traversée. Alors,
27:18 il y a beaucoup de propositions.
27:20 Donc, c'est à qui va avoir
27:22 la proposition la plus allégeante, traversée
27:24 en seulement trois heures, alors qu'on sait pertinemment que
27:26 ça prend au moins huit heures.
27:28 Proposition pour les familles, les enfants, alors que
27:30 c'est traversée extrêmement périlleuse.
27:32 À aucun moment, on s'est signalé, évidemment,
27:34 sur ce genre de proposition. - On rappelle qu'il y a eu
27:36 cinq morts, dont une petite fille
27:38 la nuit précédente.
27:40 Donc, c'est très dangereux. On leur dit,
27:42 on vous dit, c'est pas dangereux, d'ailleurs.
27:44 Il vous dit ça, le passeur.
27:46 C'est ça qui est incroyable. - Oui, parce que je lui dis
27:48 que j'ai peur et que je ne viendrai pas.
27:50 De toute façon, je ne comptais pas traverser.
27:52 Mais il me dit là, il n'y a
27:54 pas de danger. - Et il ne vous demande pas de payer avant ?
27:56 Ça, c'est un point qui n'est pas
27:58 explicité, vraiment ? - Non, parce que
28:00 il demande de payer une fois qu'on est sur place.
28:02 - D'accord. - Et c'est en liquide, j'imagine.
28:04 - J'imagine, mais je ne suis pas allée jusque-là
28:06 dans l'enquête. J'imagine que c'est en cas de suffisamment.
28:08 - Vous êtes restée, pardon, sur un ananas.
28:10 Vous vous rendez compte aussi que le prix n'est pas le même
28:12 selon qu'on est afghan ou albanais. - Ah oui, là-dessus,
28:14 c'est incroyable. - Absolument, parce que je me suis
28:16 fait passer pour un migrant albanais.
28:18 Là, je me suis rendue compte qu'on me proposait
28:20 des tarifs beaucoup plus chers
28:22 que quand on se fait passer
28:24 pour un migrant afghan. - Pour un migrant afghan,
28:26 c'est aux alentours de 2 000, entre 1 800 et
28:28 2 500 euros. - C'est ça, exactement.
28:30 - Pour le passage. Après, vous enquêtez, vous cliquez,
28:32 on clique avec vous sur le profil de ce passeur.
28:34 Donc, il a un profil Facebook.
28:36 Vous voyez qu'il a
28:38 pas mal d'argent, qu'il vit bien,
28:40 qu'il est... - Quelle notoriété !
28:42 - Et qu'il est kurde, c'est ça ?
28:44 - Il est kurde irakien.
28:46 - Oui, c'est ça. Voilà, tout vous ramène
28:48 à son village. - Exactement. Parce qu'en fait,
28:50 je me suis aperçue que dans plusieurs de ses vidéos,
28:52 il parlait d'une ville qui s'appelle Kalahr,
28:54 qui est située au Kurdistan irakien,
28:56 à la frontière avec l'Iran.
28:58 Et donc, en retrouvant sa photo,
29:00 j'ai pu retrouver son
29:02 profil Facebook. Et donc là, effectivement,
29:04 il se lâchait beaucoup plus entre guillemets
29:06 puisqu'il avait laissé son profil
29:08 ouvert, ce qui est un peu étonnant.
29:10 Mais là, on voit qu'effectivement, il a des belles voitures,
29:12 qu'il est investi dans un club local, qu'il a
29:14 financé les équipements sportifs de l'équipe.
29:16 - Oui. Il y a un auditeur
29:18 qui demande "C'est pas illégal de promouvoir
29:20 une chose
29:22 illégale ou un crime
29:24 en cours ?" Enfin, je sais pas s'il s'adresse à vous
29:26 ou à TikTok. C'est-à-dire que la question, moi,
29:28 j'ai envie de me poser, "Que fait TikTok ?" Vous avez essayé
29:30 des conseils. - Oui, et après, moi, je peux relayer l'auditeur
29:32 où je trouve qu'il a raison.
29:34 Et c'est le côté poil à gratter
29:36 de ma question. C'est le petit
29:38 manuel de comment
29:40 traverser la manche si vous êtes migrant, quand même.
29:42 - Bah, en fait... - Ce que vous avez
29:44 fait, indirectement. - Oui, non, parce qu'en fait,
29:46 on donne à aucun moment les
29:48 mots-clés exacts qu'il faut taper dans les barres de recherche
29:50 pour essayer de pouvoir passer.
29:52 Après, tous les migrants connaissent
29:54 les mots-clés qu'il faut taper
29:56 pour trouver. En fait, c'est très facile
29:58 de trouver les numéros de téléphone.
30:00 Les passeurs eux-mêmes mettent leurs numéros de téléphone sur
30:02 TikTok pour qu'on puisse les contacter pour pouvoir
30:04 passer. - Mais ça veut dire que la police aussi ?
30:06 - Mais TikTok est contre.
30:08 Dans leur propre règle
30:10 communautaire, il est interdit
30:12 de faire la promotion du trafic d'êtres humains.
30:14 - Oui, absolument. - C'est en ça
30:16 qu'on les a questionnés, parce qu'effectivement, on s'est aperçus
30:18 qu'il y avait des centaines de comptes. Là, on s'attache à un compte
30:20 en particulier, parce que lui-même, lui-même,
30:22 qu'il est passeur, et donc on s'attachait à une histoire et un portrait.
30:24 Mais il y a des dizaines et des centaines
30:26 de comptes comme ça, qui sont tous les jours,
30:28 tous les jours, tous les jours, mis à jour.
30:30 Alors, TikTok fait un travail de modération,
30:32 mais qui n'est pas suffisant,
30:34 puisque on s'aperçoit que les comptes
30:36 sont supprimés dans la journée, et puis en fait,
30:38 ils sont de nouveau mis en ligne. - Bien sûr. - Nous, on s'est aperçus
30:40 qu'il y avait des comptes qui étaient en ligne depuis au moins un an.
30:42 Donc ça pose vraiment des questions
30:44 sur la responsabilité de la plateforme. - Bien sûr.
30:46 Et là, on vous répond...
30:48 - On vous répond qu'il faut un travail
30:50 de nettoyage et de modération. - Oui, mais en fait, non.
30:52 La réalité, c'est que non.
30:54 Vous le contactez ensuite, ce passeur
30:56 en tant que journaliste, et là, patatras,
30:58 il vous bloque.
31:00 - C'est ça. Là, patatras,
31:02 il nie tout à coup qu'il n'est plus
31:04 du tout passeur. Alors, quelques messages plus hauts,
31:06 il me proposait de passer,
31:08 de traverser la Manche.
31:10 - Mais pourquoi la police ne fait pas la même chose ?
31:12 - Mais j'imagine
31:14 qu'ils font la même chose.
31:16 On a essayé de les contacter, mais on a eu des réponses
31:18 assez lacunaires
31:20 à notre demande d'interview.
31:22 Je pense aussi
31:24 que c'est peut-être compliqué de travailler
31:26 avec les plateformes, parce que, en fait,
31:28 les passeurs se cachent derrière
31:30 des pseudos, derrière
31:32 des faux profils.
31:34 C'est très compliqué de remonter à l'identité
31:36 du passeur. Ils sont obligés de faire des réquisitions
31:38 judiciaires. Souvent, les passeurs, les têtes de réseau
31:40 sont très, très loin. Là, en l'occurrence,
31:42 on suppose qu'il est au cœur
31:44 d'histoires irakiennes.
31:46 Il faut des demandes de coopération judiciaire
31:48 avec ces pays. C'est extrêmement compliqué.
31:50 Et puis, les réseaux sociaux
31:52 favorisent, en fait,
31:54 quelque part, l'anonymat
31:56 des têtes de réseau. - Alors, vous expliquez.
31:58 C'est très bien expliqué et très bien
32:00 mis en image.
32:02 Le passeur va donc
32:04 faire un bateau, et ce bateau
32:06 va lui rapporter, quoi qu'il arrive,
32:08 plus de 100 000 euros. C'est-à-dire,
32:10 chaque traversée rapporte à un passeur
32:12 100 000 euros, que vous arriviez
32:14 ou pas. Il n'y a pas
32:16 de service à pré-vente, où vous le rappelez
32:18 en disant "j'ai coulé"
32:20 ou "j'ai été ramené
32:22 par la police française sur les côtes".
32:24 - C'est un trafic extrêmement
32:26 lucratif. L'Ultime, qui est
32:28 l'office en charge de la lutte contre le trafic
32:30 des migrants, estime ce trafic
32:32 à environ 150 millions d'euros.
32:34 - 150 millions d'euros ?
32:36 - Si on fait le calcul, c'est-à-dire que si on prend
32:38 en moyenne 50 migrants par bateau
32:40 et qu'ils payent
32:42 environ 2 000 euros, on arrive très vite,
32:44 effectivement, à des chiffres absolument
32:46 faramineux. - Faramineux, 100 000, oui, c'est ça.
32:48 - Quand ils sont ramenés,
32:50 c'est ce qu'on voit à la fin de votre sujet,
32:52 qu'est-ce qui se passe pour eux ?
32:54 - Souvent, ils retentent.
32:56 Ils sont sauvés.
32:58 Et alors, là, c'est la grande
33:00 question, est-ce qu'ils ont une riste tourne ?
33:02 Parce qu'ils n'ont pas réussi à traverser la première fois.
33:04 Je ne sais pas exactement comment ça se passe,
33:06 mais j'imagine que oui,
33:08 il faut repayer d'une certaine manière.
33:10 - Mais on voit qu'il y a beaucoup d'interceptions aussi.
33:12 Vraiment, la forme est
33:14 assez extraordinaire,
33:16 innovante, vraiment innovante.
33:18 Et ça passe, ça dure
33:20 15 minutes, et ça passe
33:22 en un clic, j'ai envie de dire, parce qu'on vous suit
33:24 dans cette enquête, vous cliquez à chaque fois.
33:26 On va pas, effectivement, on a raconté une grande partie
33:28 du reportage, mais voyez-vous. - Ça vous donne confiance dans le
33:30 journalisme, en fait. Parce que je trouve
33:32 que c'est un vrai travail de journaliste.
33:34 Et en fait, ça redonne aussi
33:36 confiance qu'on peut innover en télé.
33:38 Moi, j'ai appelé
33:40 très vite Valérie, en lui disant
33:42 "je trouve ça", mais on était d'accord,
33:44 très innovateur, et c'est bien
33:46 que Arte fasse ce
33:48 genre d'enquête, ce genre de choses. On a été
33:50 vraiment enthousiastes. - Avec l'agence Capa, puisque vous êtes
33:52 journaliste, c'est l'agence Capa
33:54 qui produit
33:56 ce reportage.
33:58 Donc pour l'instant, ce n'est qu'une fois par mois, c'est ça ?
34:00 - C'est une mensuelle. - Absolument. - On est passé en mensuelle
34:02 à partir du mois dernier.
34:04 - Vous connaissez le prochain thème ?
34:06 - Je ne peux pas encore vous dévoiler le prochain thème.
34:08 - D'accord. - On reviendrait en parler.
34:10 - Absolument, avec plaisir. - Mais pour vous, c'est
34:12 aussi une autre manière de travailler en tant que journaliste,
34:14 non ? Vous êtes devant votre écran.
34:16 Vous n'allez pas sur le terrain, en fait. - En fait, c'est
34:18 une manière différente de
34:20 raconter l'histoire,
34:22 mais c'est exactement la même manière de travailler,
34:24 c'est la même manière
34:26 de faire l'investigation traditionnelle, entre guillemets,
34:28 on vérifie nos sources, on appelle des experts, on appelle
34:30 des associations, on fait des interviews.
34:32 C'est exactement la même manière.
34:34 C'est plutôt la manière de raconter qui va
34:36 changer, c'est-à-dire qu'on va essayer d'embarquer le
34:38 téléspectateur avec nous
34:40 à travers les clics, les outils,
34:42 en lui expliquant comment est-ce qu'on a essayé de
34:44 vérifier l'information et comment on a abouti à
34:46 tel et tel résultat de notre enquête.
34:48 Et...
34:50 Toutes nos enquêtes sont disponibles sur le
34:52 site d'Arte, il y a l'enquête de mes
34:54 collègues sur Instagram et
34:56 les pédos criminels qui est sur Internet.
34:58 Tout est sur Youtube et
35:00 sur arte.fr.
35:02 - Il y a une grande enquête sur les pédos criminels
35:04 et sur le trafic dans le même format.
35:06 - Oui, justement, comment aujourd'hui, parce qu'on est
35:08 vraiment sur ces réseaux qui sont aujourd'hui
35:10 pratiquement impunis
35:12 et qui permettent un nombre
35:14 de trafic absolument
35:16 incroyable. - La
35:18 régulation est difficile, la modération est difficile,
35:20 ça va très vite, là on s'aperçoit que
35:22 moi pour la question des passeurs, les passeurs
35:24 sont extrêmement adaptables.
35:26 Ils s'adaptent très vite aux plateformes,
35:28 ils comprennent très vite les règles et ils ont donc
35:30 compris très vite que par exemple,
35:32 j'imagine que les modérateurs doivent taper des mots
35:34 clés en français ou en anglais, donc là
35:36 typiquement ils vont taper des mots en kurde, en pachto,
35:38 dans les langues de migration.
35:40 Et donc c'est plus difficile, j'imagine,
35:42 pour des modérateurs qui parlent pas kurde,
35:44 typiquement, de modérer ce genre de contenu.
35:46 - Bien sûr, et je sais pas si vous
35:48 êtes posé la question, parce qu'à partir
35:50 de 100 000 ou 200 000 abonnés,
35:52 on est rémunéré par la plateforme, donc
35:54 est-ce que grâce à leur post,
35:56 est-ce qu'ils touchent de l'argent de TikTok ?
35:58 - Alors je ne pense pas, parce que sur les
36:00 comptes que j'ai pu trouver, examiner,
36:02 ils atteignaient pas ce genre d'audience.
36:04 - D'accord. - Donc,
36:06 pour l'instant, je ne pense pas. - Allez, c'est
36:08 passionnant, vraiment, TikTok
36:10 et le business des passeurs de migrants,
36:12 c'est sur Arte,
36:14 sur la plateforme d'Arte, également sur
36:16 Youtube, à partir de ce soir, c'est ça ?
36:18 - À partir du 8h sur Youtube. - Voilà, mais
36:20 vraiment, regardez, parce que c'est
36:22 extrêmement
36:24 original, percutant,
36:26 et bravo pour cette enquête,
36:28 pardon, Manon Bachelot. Merci à vous,
36:30 on se retrouve dans un instant pour commenter l'actualité,
36:32 on pourra parler, il y a un auditeur qui posait la question
36:34 sur le projet de loi, enfin la loi
36:36 qui a été adoptée en Angleterre
36:38 pour exfiltrer les migrants
36:40 illégaux vers le Rwanda,
36:42 ça va poser aussi un certain nombre de
36:44 questions. A tout de suite.
36:46 Suivre sur Sud Radio. Mettez-vous d'accord. Valérie Expert.

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