Olivia Grégoire, ministre déléguée chargée des Entreprises, du Tourisme et de la Consommation, présente l'Origine-score ou "Origine info". Démarche volontaire de la part des entreprises, il "pourrait ressembler au Nutriscore et permettrait, d'un coup d'œil, de savoir quelle est la provenance des ingrédients du produit."
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00:00 Alors, un peu comme le Nutri-Score, on va partir de là.
00:02 C'est une démarche volontaire, déjà.
00:04 On démarre depuis maintenant un mois.
00:07 J'ai convié l'ensemble des distributeurs, l'ensemble des industriels,
00:10 début avril, à Bercy pour discuter avec eux,
00:13 avec les associations de consommateurs,
00:14 de quelque chose qui pourrait ressembler au Nutri-Score
00:17 et qui permettrait d'un coup d'œil aux consommateurs de savoir
00:21 quelle est la provenance des ingrédients majoritaires
00:25 du produit transformé qu'ils achètent.
00:26 Mais vous avez des couleurs ?
00:28 Exactement comme le Nutri-Score ?
00:29 Non, on n'en est pas là.
00:31 J'aimerais comprendre ça veut dire quoi ?
00:32 Ça veut dire que si c'est français, c'est vert,
00:34 et si ça vient de Chine, c'est rouge ?
00:36 Déjà, ça ne s'appelle pas l'origine score.
00:41 D'accord, ça s'appelle comment ?
00:42 Origine info.
00:43 Pourquoi ?
00:44 Parce qu'on n'est pas dans une dynamique de scoring.
00:47 Le Nutri-Score, tu as des bienfaits nutritionnels
00:49 ou tu n'as pas de bienfaits nutritionnels.
00:50 C'est bon pour la santé ou ce n'est pas très bon pour la santé.
00:53 L'origine, ce n'est pas la même chose.
00:55 Ce n'est pas parce que le poulet vient d'ailleurs qu'il est moins bon ?
00:57 Ce n'est pas parce que le poulet est français qu'il est forcément meilleur.
01:01 L'autre chose, c'est qu'on a aussi des groupes qui sont des très grands groupes,
01:04 je pense aux grands distributeurs, qui exportent aussi.
01:07 Qu'on mette l'origine France…
01:08 Mais quelle est la différence entre l'origine score et le Made in France ?
01:12 Il va être plus précis.
01:13 Le Made in France promeut ce qu'il y a de français dans la conception du produit.
01:17 Ce que j'appelle de mes voeux, c'est que par exemple,
01:19 sur une mayonnaise, il y a de l'huile, des œufs, de la moutarde.
01:25 On a aujourd'hui des distributeurs qui vous mettent des gros drapeaux français
01:28 sur le fait que les œufs soient français.
01:32 Les œufs ne sont pas majoritaires dans le produit mayonnaise.
01:34 Donc la question du consommateur légitime, c'est d'où vient l'huile ?
01:37 D'où vient la moutarde ?
01:38 Aujourd'hui, les distributeurs ou les industriels ne le mettent pas
01:42 et ont plutôt tendance à pousser ce qui est français.
01:45 Moi, ce que je dis, c'est qu'on ne peut pas pousser quand c'est français
01:47 et ne pas dire d'où vient le reste.
01:49 J'appelle donc, par exemple, sur le produit mayonnaise,
01:51 à garder si les œufs sont français,
01:52 mais à indiquer d'où vient l'huile, d'où vient la moutarde,
01:55 pour avoir une information plus complète.
01:57 Je ne veux pas que l'affichage français soit un prétexte.
02:00 Et aujourd'hui, on a quand même des marques qui, pour certaines,
02:03 mettent très en avant, par exemple, "fabriquer en France"
02:07 ou "assembler en France".
02:08 C'est bien, c'est très bien.
02:09 - On sent en général quand même que c'est louche.
02:10 Quand tu dis "assembler en France"...
02:12 - Moi, mon combat, c'est que je suis des producteurs agricoles.
02:13 Ce que je veux savoir, et ça me semble être important, c'est d'où vient.
02:16 Et ça fait partie des sujets qu'on discute.
02:18 Ça paraît simple, vous savez, Apolline de Malherbe,
02:19 mais dès que vous touchez à quelque chose
02:20 qui concerne plus de 60 millions de consommateurs,
02:23 il faut faire attention à ce qu'on fait.
02:24 Un exemple concret, le chocolat, c'est un ingrédient.
02:27 La matière première agricole qui fait le chocolat, c'est le cacao.
02:30 Est-ce qu'on doit savoir d'où vient le chocolat ?
02:31 Ou est-ce qu'il a été transformé ?
02:33 Est-ce qu'on a vocation à savoir d'où vient le cacao ?
02:35 Moi, ce qui m'intéresse vis-à-vis de nos agriculteurs, c'est plutôt le cacao.
02:38 C'est plutôt la matière première agricole qui m'intéresse.
02:41 Dans la farine, il y a du blé.
02:42 Moi, je veux savoir d'où vient le blé, par exemple.
02:44 C'est ça qu'on est en train de discuter avec les distributeurs.
02:46 Combien d'ingrédients il faut indiquer ?
02:48 Il ne faut pas perdre le consommateur non plus.
02:50 C'est un des arguments...
02:51 - Quand vous avez 10 ingrédients qui sont nécessaires à la fabrication...
02:56 - On ne peut pas tout noter.
02:57 Donc, l'idée, c'est de mettre les 2-3 principaux
03:00 et peut-être de permettre aux consommateurs, qu'ils le veulent,
03:02 par un QR code, comme certains le font déjà,
03:04 d'avoir plus d'informations s'ils le souhaitent.
03:06 On est en pleine discussion.
03:07 - Quelles sont les marques qui s'engagent à faire cette Originscore ?
03:11 - Alors, au moment où je vous parle, et c'est une bonne nouvelle,
03:14 on a plus d'une quarantaine de marques très connues du quotidien des Français,
03:18 industrielles, qui s'engagent derrière nous.
03:20 Je peux vous dire que Fleury-Michon, Bonduelle, Dossi, Yoplait, par exemple,
03:29 ont contacté le cabinet, ont contacté Bercy pour dire
03:32 "Nous, on veut en être, on est prêts à expérimenter dès cet été,
03:36 de façon volontaire".
03:37 Je veux aussi dire que tous les distributeurs,
03:40 tous les distributeurs sont parties prenantes de la démarche.
03:42 Certains l'avaient enclenché d'ailleurs en 2018-2019,
03:45 notamment Intermarché et Leclerc.
03:46 Il faut dire les choses, je n'ai rien inventé.
03:48 Le Covid avait cassé la dynamique.
03:50 Le Collectif, en vérité, porte ce combat depuis des années.
03:54 Tous les distributeurs sont autour de la table pour être parties prenantes.