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L'ancien secrétaire d'Etat Philippe de Villiers était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00Bonjour Philippe Devilliers.
00:02Bonjour Sonia.
00:03Et bienvenue à la grande interview sur CNews et Europe 1.
00:06Vous êtes le créateur du célèbre, puis du fou, vous êtes écrivain,
00:10à succès, auteur, Philippe Devilliers, d'une trentaine d'ouvrages,
00:13dont le dernier en date s'intitule Mémoricide, publié chez Fayard.
00:17Et tout d'abord, qu'est-ce qu'un mémoricide ?
00:20C'est un néologisme.
00:24Un mémoricide, le mémoricide est à...
00:28une nation,
00:31ce que le génocide est à un peuple.
00:37Le mémoricide, c'est l'ablation de la mémoire commune,
00:42quand un peuple, le nôtre,
00:46tente de vivre avec une mémoire atrophiée,
00:48avec laquelle on laisse en friche la mémoire vivante du dépôt millénaire.
01:00Quand un peuple tente de vivre avec une mémoire pénitentielle,
01:05quand on pratique l'amnésie des grandeurs et l'hypermnésie des lâchetés,
01:12quand un peuple vit avec, pire encore, une mémoire invertie.
01:18C'est-à-dire à l'envers de ce qu'ont vécu nos pères, nos mères,
01:22de ce qu'étaient nos repères, nos idéaux, nos filiations, etc.
01:26En fait, une civilisation,
01:28c'est un état social dans lequel celui qui arrive au monde
01:32t'aperçoit très vite que ce qu'il peut t'apporter
01:36est infiniment moins important, moins subtil que ce qu'il reçoit,
01:42ce qu'il va recevoir.
01:44Or, là, nous avons basculé dans un état social inverse,
01:50c'est-à-dire dans un état post-historique,
01:55un monde de l'insignifiance
01:58où le temps long est effacé par le caprice fugitif de l'illimitation marchande.
02:06Quand on tente, comme à la cérémonie des Jeux,
02:10de greffer sur l'ancienne mémoire,
02:14une nouvelle mémoire,
02:16c'est cette transmémoire qui explique ce qu'on peut ressentir,
02:21c'est-à-dire la grande dépossession d'un peuple,
02:23l'expatriation mémorielle de la France.
02:27Expatriation mémorielle de la France,
02:29vos mots sont forts.
02:30Philippe de Villiers, allons plus loin pour vous expliquer.
02:32Vous identifiez dans votre livre trois mémoricides,
02:35dont un contemporain, actuel, que nous vivons en ce moment.
02:38Comment vous résumez, vous appréhendez ces trois mémoricides ?
02:44Historiquement, le premier mémoricide, c'est Robespierre,
02:48c'est le mémoricide de la matrice millénaire constitutive de la France,
02:54en fait la chrétienté.
02:56Robespierre qui dit
02:58« Quand j'ai vu à quel point l'espèce humaine était dégradée,
03:02je me suis convaincu moi-même de la nécessité
03:06d'un recommencement absolu de l'humanité. »
03:10Donc on efface tout, on recommence, la tabula rasa.
03:13En fait, par sa dépuration cathartique de l'homme,
03:18la révolution française s'apparente à une annonciation
03:22de nature eschatologique.
03:26C'est la fin du sacré ancien, c'est la fin du père,
03:29c'est la fin du temps long.
03:31D'une certaine manière, la fin du lien entre le pouvoir et la famille.
03:35Et on tente de vivre comme ça.
03:38Sauf qu'au bout de 70 ans, les historiens républicains,
03:42à la suite de la défaite de Celan,
03:44tirent la sonnette d'alarme, c'est la prostration,
03:47il n'y a plus de fédérateur.
03:49Et donc il faut chercher un syncrème de substitution,
03:52et c'est ainsi que naît le roman national.
03:56C'est la réponse au premier mémoricide.
03:58Le roman national va durer,
04:00sur un 14, en 40,
04:02et en mai 68,
04:04il reçoit un cocktail molotov à la Sorbonne,
04:07Cohn-Bendit,
04:08« Cour camarade, le vieux monde est derrière toi. »
04:11Le vieux monde, c'est le roman national.
04:13On ne s'intéresse plus au récit national,
04:17pas plus à l'histoire qu'à son légendaire.
04:21Et puis Jusquart arrive,
04:23et il explique,
04:25il faut sortir la France de l'histoire pour l'abriter du malheur.
04:29– Puissance moyenne, la France.
04:31– Et puis arrive la globalisation libérale,
04:34et là, derrière Fukuyama, le grand historien,
04:39on entend dire, l'histoire a fini.
04:42Il n'y a plus besoin de l'histoire,
04:44puisque l'économique va dominer le politique,
04:47et on va vers la paix perpétuelle par le doux commerce.
04:55Donc ça, c'est le deuxième mémoricide,
04:57et là, on est en train de vivre le troisième.
05:00– Lequel ?
05:01– On n'est qu'au tout début, avec le wokisme.
05:04C'est-à-dire, en fait,
05:06il y a eu l'ablation de la matrice,
05:11ensuite de l'imaginaire collectif,
05:14et maintenant, du passé lui-même.
05:16C'est-à-dire la criminalisation du passé.
05:19C'est l'idée que l'Occident est coupable,
05:22la France est coupable, le français est coupable.
05:25Il est coupable de quoi ?
05:26De l'esclavagisme, du colonialisme,
05:28donc il faut le décoloniser pour le recoloniser.
05:32Et là, c'est le trou noir,
05:33et on arrive à la cérémonie des jeux,
05:35où une multissénie nous fut administrée
05:39comme une allégorie de nos abaissements.
05:42– Ces trois mémoricides, Philippe Devilliers,
05:44vous font dire dans ce livre que la France,
05:47que le pronostic vital de notre pays est engagé.
05:50Mais qu'est-ce qui vous fait dire que la situation est si grave ?
05:52Pourquoi dites-vous qu'il est minuit moins une ?
05:55– Parce que le pronostic vital de la France est engagé,
05:59je le maintiens pour deux raisons.
06:02D'abord parce que la survie biologique du peuple français
06:05n'est plus assurée.
06:06Quand un peuple sous-traite la fabrication des enfants
06:09aux populations immigrées,
06:11qui n'a plus la volonté de se reproduire
06:14et de reprogrammer la vie,
06:18il se prépare à sortir de l'histoire.
06:23Et puis la survie culturelle,
06:25la survie culturelle d'un peuple,
06:27parce qu'il n'y a plus de transmission.
06:29C'est le problème de l'école.
06:31Il n'y a plus de transmission à l'école.
06:34Vous savez, les gens qui disent qu'il faut réformer l'école,
06:37maintenant, il y a une phrase de Peggy qui dit
06:41la crise de l'école c'est une crise de vie.
06:44Et donc vous ne pouvez pas avoir d'un côté
06:47une école qui redonne les repères
06:49et d'autre côté une société qui les abandonne.
06:52L'école c'est le miroir caléctoscopique de la société.
06:56Et donc une société violente produit une école violente,
07:00une société déculturée produit une école déculturée,
07:03une société décoloniale produit une école décoloniale.
07:06Et donc qu'est-ce qu'on a au bout ?
07:08Des petits limis qui acceptent la censure,
07:11avec des demi-profs qui sont eux-mêmes des limis,
07:14ou alors des zombies, c'est-à-dire des plantes d'élbitude
07:17qui promènent leurs étourdissements dans l'air du temps.
07:20L'école est la nation.
07:22Il n'y a pas de souveraineté européenne,
07:24il ne peut y avoir que de souveraineté nationale,
07:27et donc populaire, dites-vous Philippe de Villiers,
07:29c'est ce que vous martelez depuis toujours.
07:31Le souverainisme, c'est d'ailleurs votre cheval de bataille
07:34depuis une quarantaine d'années, voire plus.
07:37En fait, quand nous avons mené le combat
07:40pour l'Europe des nations,
07:4392, 94, 95, 2005, etc.,
07:49avec quelques amis,
07:51dont l'inventeur du mot Paul Maricouteau,
07:54un français ponctuel et vaillant,
07:58on s'est dit que le problème,
08:01c'est qu'on nous appelle les eurosceptiques,
08:04et ça, ça ne marchera pas.
08:06Il faut qu'on trouve un nom.
08:08Et là-dessus, Mitterrand barre la route
08:12avec son intelligence de funambule de la sémantique,
08:15et il déclare que le nationalisme, c'est la guerre,
08:18donc on ne peut pas utiliser ce mot.
08:20Alors, petite parenthèse, le nationalisme est un impérialisme,
08:23ce que la propriété est au vol.
08:25D'ailleurs, vous avez le droit d'être nationaliste ukrainien,
08:28mais vous n'avez pas le droit d'être nationaliste israélien
08:31ou nationaliste français aujourd'hui.
08:33Bon, ainsi vont les mots.
08:36Ensuite, il y a le patriotisme,
08:38et là, il barre la route, Mitterrand encore,
08:40en disant que la France est notre patrie,
08:43l'Europe est notre avenir.
08:45Donc ça veut dire que si tu es patriote, tu es ringard.
08:48Et tout à coup, avec Paul-Marie Couton,
08:50on se dit, qu'est-ce qu'on pourrait mettre comme mot ?
08:52Et il me dit, il y a un mot québécois qui correspond bien à ce qu'on est.
08:55Et Séguin passe quoi ?
08:57Et les autres disent, non, non, c'est trop québécois,
09:00ça fait petit, etc.
09:02Et le 27 septembre 2004,
09:05pour la première fois, sous la coupole,
09:07dans un discours à l'adresse de l'Institut,
09:11j'utilise le mot « pourquoi je suis souverainiste ».
09:14– C'est la première fois à ce moment-là ?
09:16– C'est la première fois.
09:18Et je définis le souverainisme en disant,
09:21c'est le primat du pouvoir légitime sur les pouvoirs de fait.
09:25En fait, le souverainisme, c'est quoi ?
09:27C'est la souveraineté intérieure contre les hégémonies et les féodalités,
09:34et la souveraineté extérieure contre les empires.
09:37– Philippe de Villiers, on poursuit notre interview.
09:40– Petite parenthèse, aujourd'hui,
09:42alors le mot a été mis au piqué pendant très longtemps,
09:44et tout le monde l'utilise.
09:46– Regardez, ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire.
09:50Mais Macron lui-même, à la Sorbonne, il dit « souveraineté européenne ».
09:55Donc en fait, il pique le mot pour ne pas mettre la chose.
09:59Mais n'empêche que c'est aujourd'hui,
10:02la fortune sémantique du souverainisme,
10:08elle est devant nous.
10:09Tout le monde est ou sera souverainiste.
10:12– On poursuit notre entretien sur CNews et Europe 1.
10:14On tire le fil de ce livre mémorécite.
10:17De manière plus générale, vous dites que vous avez écrit ce livre
10:20comme un viatique de survie, Philippe de Villiers.
10:23Alors tout n'est pas sombre, tout n'est pas fini,
10:25puisque vous identifiez les ferments aussi d'un sursaut
10:28à travers une partie de la jeunesse.
10:30Quelle jeunesse ? Comment vous pouvez la décrire aujourd'hui ?
10:33– À la jeunesse, moi je le dis ceci,
10:35par-delà la mémoire pénitentielle qui nous aligne en randonnion
10:39comme des bourgeois de Calais qui rendent les clés à l'occupant,
10:44tête tonsurée, robe de burre, par-delà la mémoire invertie
10:49qui déchire notre passé comme un enfant déchire une rose,
10:52il y a une mémoire salvatrice, la mémoire qui sauve.
10:56Parce que dans l'histoire de France, il y a ce phénomène unique,
11:00c'est qu'un mot revient tout le temps, tout est perdu,
11:04et un autre mot vient le flanquer, le démentir, tout est sauf.
11:09Et ces deux mots, en fait, rarement accolés, marchent ensemble,
11:13ce sont deux millénaires de sémantiques du relèvement.
11:17Et moi je dis à la jeunesse française, soyez des consciences dressées.
11:24C'est-à-dire, pratiquez la phrase de Richelieu,
11:27il faut gagner la rive comme les rameurs en lui tournant le dos,
11:31et surtout, votre mission, si vous voulez que la France survive,
11:36sera d'imposer à nouveau à la France les retrouvailles
11:43avec le droit à la continuité historique.
11:46C'est un droit qui est l'acquis le plus précieux des vieux peuples.
11:53On nous en a privé, c'est le droit d'aller chercher
11:59dans les siècles passés les mélodies manquantes.
12:02Et vous estimez que les peuples d'instinct ont compris ce mémoricide,
12:06ses conséquences, et qu'ils vont à la recherche de ces mélodies manquantes,
12:09contrairement aux gouvernants.
12:11Emmanuel Macron, de votre point de vue, Philippe de Villiers,
12:13est-il responsable, coupable ?
12:15A-t-il accéléré ce mémoricide contemporain, en tous les cas ?
12:21Il a lézardé les murs porteurs.
12:26La souveraineté, avec son fantasme de la souveraineté européenne,
12:30donc le transfert de la souveraineté à d'autres.
12:33L'identité, avec son progressisme élitaire et mortifère.
12:40En fait, il s'amuse, il triture la société.
12:46Il triture la vie, la mort, la transmission, la filiation.
12:50Il est Faustien-Promethéen, il veut dérober la vie,
12:55il veut dérober le feu.
12:57Il y a un phénomène d'oubrisse.
12:59Mais surtout, en réfléchissant, tout en vous parlant,
13:05je me dis qu'il y a plus grave que ça,
13:08c'est qu'il laissera derrière lui trois Frances.
13:11La France de la créolisation, pour parler comme Mélenchon.
13:15C'est une France qui veut changer de France.
13:18C'est en fait une France qui veut faire vivre ensemble
13:22la femme grillagée et l'homme enceint,
13:27c'est-à-dire l'islamisme ancestral et le woukisme radical.
13:36À côté de ça, vous avez une autre France,
13:39la France de la Macronie, la France de l'ubérisation.
13:44Elle est pensée comme un business model,
13:46comme une application mobile, comme une plateforme mondialisée.
13:51C'est une France qui préfère Manhattan à Okamadour.
13:55Et en fait, la troisième France à laquelle j'appartiens,
13:59c'est la France de la tradition, la France des rescapés.
14:03C'est une France qui considère que la France,
14:08c'est beaucoup plus que la France de l'instant.
14:11Le problème, c'est qu'entre ces trois Frances,
14:14est-ce qu'il y a encore un imaginaire commun ?
14:18Est-ce qu'il y a encore une mystique commune ?
14:24Est-ce qu'il y a encore un esprit de sacrifice mutuel ?
14:29Hélas, je ne le crois pas.
14:30C'est plus qu'un bilan, c'est une lourde responsabilité
14:33pour vous que celle d'Emmanuel Macron.
14:35Vous avez parlé d'Islamistan et de Woukistan-Philippe de Villiers,
14:38mais est-ce que les deux peuvent cohabiter ?
14:40On a tendance à dire non.
14:41Est-ce que pour vous, il y a une menace plus importante,
14:44plus solide, prééminente ?
14:47Oui.
14:48Le Woukistan, c'est une idéologie,
14:51alors que l'Islamistan, c'est une civilisation,
14:58avec l'ouma, le djihad, la charia.
15:02Et je vous réponds, aujourd'hui, ils sont alliés.
15:08C'est-à-dire qu'ils partagent le travail,
15:12dans une harmonie parfaite.
15:14Le Woukistan décivilise et l'Islamistan recivilise.
15:19Le Woukistan déculture et l'Islamistan reculture.
15:24Le Woukistan décolonise et l'Islamistan recolonise.
15:30Mais ça ne durera pas.
15:33Souvenons-nous de l'Iran.
15:35Moi, je me souviens très bien,
15:37quand il y avait à Neuf le château,
15:40les mollahs qui accueillaient les communistes français, etc.
15:45Et puis les communistes, quand les mollahs sont arrivés au pouvoir en Iran,
15:48ils ont été liquidés.
15:49Ce sera pareil pour le Woukistan.
15:51Il y a une deuxième raison pour laquelle ils ne gagneront pas le Woukistan.
15:54C'est que, en fait, c'est l'hédonisme de la stérilité excentrique,
15:59si vous voulez ce que je veux dire.
16:00Donc, ils ne vont pas se reproduire.
16:05En fait, l'Islamistan a trois armes.
16:08La première arme, c'est le nombre.
16:11Le peuple français, selon Pierre Vermeuren, qui est un homme sérieux,
16:15sera minoritaire.
16:17Le peuple historique français sera minoritaire en 1270.
16:21Donc, le nombre.
16:22Ensuite, les soutiens.
16:23Ils ont la cinquième colonne, inutile de la décrire,
16:26qui croit trouver dans les banlieues un lumpenproletariat de substitution.
16:31Et enfin, ils ont l'état de droit,
16:33puisque l'ermine et la toge apportent leur aide,
16:38sans avoir compris le mot « droit écolaire ».
16:41Les révolutions commencent toujours par les juristes.
16:44Elles se terminent toujours sans eux.
16:46– Vous faites de la métapolitique depuis déjà plusieurs années.
16:50Philippe Devilliers, vous avez été,
16:51et nos auditeurs et téléspectateurs le savent,
16:53à de nombreux postes de responsabilité.
16:55Vous avez connu tous les grands fauves de la politique.
16:57Giscard, Mitterrand, Séguin, Pasqua, la liste est longue.
17:01D'ailleurs, vous avez des anecdotes savoureuses,
17:03en mémoricide avec tous.
17:04Et aujourd'hui, si vous deviez décrire d'un mot les politiques actuelles.
17:08D'ailleurs, je sais que dans vos précédents orages,
17:10j'avais parlé de poulet de batterie, c'est bien ça ?
17:13– Oui.
17:14– Est-ce que ça mérite explication ?
17:16– Les poulets de grain, les poulets de batterie.
17:18– J'imagine que vous êtes, vous, élevé en plein champ,
17:21contrairement aux poulets de batterie.
17:22– Oui, oui, absolument.
17:24Les poulets de grand champ.
17:25Et vous savez, quand j'arrivais à l'Assemblée,
17:32et que je passais entre les travées pour aller rejoindre mon siège,
17:39je serrais la main à des gens, Giscard, Degnaud, Perfit, etc.
17:44L'Assemblée était l'annexe de l'Académie française.
17:48Et aujourd'hui, quand on regardait les filles,
17:52l'Assemblée est l'annexe de la fabrique des crétins numériques.
17:58Vous aviez des grands faux, effectivement, qui avaient le goût des arabesques
18:04et des tournures charpentées par la grande histoire.
18:13Donc, il y avait de l'humour, il y avait de l'esprit,
18:16ça volait haut sous la verrière.
18:18Aujourd'hui, il y a, pour beaucoup d'entre eux, des psittacidés,
18:25qui font du psittacisme,
18:27dont l'appareil phonateur débite les éléments de langage de la technocratie de marché.
18:37– Il y a très peu de survivants de cette classe politique décimée.
18:41Philippe de Villiers, on arrive à la fin de cet entretien.
18:43J'ai encore une question, mais elle est importante.
18:45Votre livre se classe aujourd'hui numéro 1 des ventes.
18:49Est-ce que ça nourrit chez vous la tentation du retour en politique ?
18:53La question se pose.
18:55Ça vous fait sourire, je le dis à nos auditeurs.
18:59Et ça appelle une réponse.
19:01– Vous savez, quand on a une circonscription lectorale florissante,
19:06je comprends que les journalistes se disent
19:10qu'il y a peut-être un point de proximité.
19:16C'est Peggy qui disait, il y a la circonscription lectorale
19:20et la circonscription électorale.
19:23Mais il n'y a rien d'automatique et il n'y a rien de fatal.
19:28Et moi, j'arrive à un âge, Sonia,
19:31où j'essaye au fil des jours d'épurer mon cœur
19:38de toutes les vanités mondaines.
19:42Et c'est pour ça que j'ai écrit ce livre.
19:46Et c'est ça que je veux vous dire.
19:50Je ne sais pas si parfois, la nuit, vous êtes réveillé par Soraya.
19:56– Ça arrive.
19:58– Eh bien moi, ce qui m'a fait écrire, c'est que j'étais réveillé
20:02par un cauchemar qui était toujours le même.
20:05Je ne supportais plus.
20:08J'entendais dans le lointain d'une somnolence troublée
20:16le cri d'un peuple à l'agonie.
20:22J'avais des soeurs froides.
20:26Que vont devenir les petits Français dans 20 ans, dans 30 ans ?
20:30Seront-ils des étrangers dans leur pays ?
20:34Dans un pays nominal qui n'aura plus de France
20:38que le nom sur une terre exotique ?
20:42Et donc, c'est pour eux que j'ai voulu écrire.
20:47C'est pour leur dire, à cette jeunesse errante,
20:53c'est pour leur dire ceci.
20:56Une nation, ce n'est pas seulement une mémoire commune
21:00qu'on est en train de perdre.
21:02Ce n'est pas seulement un art de vivre qu'on a déjà perdu.
21:06Ce n'est pas seulement une langue qu'on est en train d'abattardir.
21:09C'est plus que ça, une nation.
21:11C'est une tonalité de l'âme.
21:13Alors, à la jeunesse française, je dis ceci pour celle qui est encore debout.
21:20Revendiquez la France.
21:24Demandez qu'on vous la raconte.
21:28N'acceptez jamais qu'on la défigure, qu'on la mutile.
21:35Et allez la chercher là où elle existe encore.
21:39C'est pour ça que j'ai écrit ce livre.
21:41Et je vais vous dire, le souhait qu'on peut formuler pour les jeunes Français,
21:45c'est qu'ils tombent amoureux de la France.
21:48Parce qu'une nation, c'est un lien amoureux.
21:50Et que le besoin, aujourd'hui, ultime et intime, c'est de refaire un peuple amoureux.
21:55Et donc, moi, je suis tombé amoureux de la France.
22:00Je mourrai dans ses bras.
22:02– Merci Philippe de Villiers.
22:03Et ce lien amoureux, vous le tissez depuis de nombreuses années
22:06à travers des livres à succès.
22:07Et celui-ci, mémo-récit publié chez Fayard avec votre éditrice historique Lisboël.
22:12C'était votre grande interview.
22:13Bonne journée et à bientôt.
22:14Philippe de Villiers sur CNews Europe.
22:16– Sous-titrage Société Radio-Canada

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