• il y a 10 mois
L'eurodéputé et vice-président LR François-Xavier Bellamy, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe 1.

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Transcription
00:00 Bienvenue et bonjour François-Xavier Bellamy.
00:03 Bonjour Sonia.
00:04 Vous êtes donc tête de liste LR aux Européennes, député européen et vice-président exécutif du parti LR.
00:10 François-Xavier Bellamy, tout faire pour éviter le siège de la capitale.
00:14 C'est en substance le message et l'objectif de l'exécutif, avec une mobilisation de 15 000 policiers et gendarmes,
00:20 des hélicoptères, des blindés, de la gendarmerie prépositionnée pour protéger Rungis.
00:26 Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, a changé de ton.
00:28 Est-ce qu'il faut en arriver là selon vous ?
00:31 Est-ce qu'il fallait que les agriculteurs en arrivent là pour se faire entendre ?
00:34 C'est ça la question terrible.
00:35 Sur votre plateau, à votre micro, ici même d'ailleurs il y a un mois,
00:39 alors que personne ne parlait encore de la détresse du monde agricole,
00:42 nous en avions parlé ensemble et j'avais eu l'occasion de dire à quel point la situation était terrible pour le monde agricole aujourd'hui.
00:49 Il aurait fallu que le gouvernement, qui avait tous les moyens d'entendre cette détresse,
00:53 que le gouvernement auquel les agriculteurs criaient leur colère depuis des mois maintenant,
00:58 il aurait fallu que ce gouvernement entende ce qui était en train de se passer.
01:01 Aujourd'hui, effectivement, les agriculteurs sont en train de chercher les moyens de dire que ça ne peut plus continuer.
01:08 Et tous ces moyens sont légitimes pour vous, François-Xavier Bellamy ?
01:12 Là, nous apprenons qu'il y a des adhérents de la coordination rurale qui sont autour du marché de Rungis.
01:17 On va voir quelles sont les actions qui vont être déployées.
01:20 Est-ce que s'il y a un durcissement, voire entre guillemets une escalade,
01:24 eh bien tout cela sera légitime pour faire entendre la colère ?
01:27 La première chose à faire, c'est d'apporter des réponses aux agriculteurs.
01:31 C'est l'urgence pour le gouvernement aujourd'hui.
01:33 Ça a été le cas, en partie en tous les cas, insuffisamment.
01:36 On est devant des réunions organisées en préfecture pour regarder comment on peut mieux organiser les choses,
01:40 honnêtement, très loin de la réalité des enjeux.
01:43 La vraie question, c'est est-ce que le gouvernement,
01:46 est-ce que sa majorité à Paris, mais aussi à Bruxelles, à Strasbourg,
01:50 sont prêts à changer complètement de cap pour faire en sorte de redonner à nos agriculteurs
01:55 la visibilité, la lisibilité, la clarté pour leur redonner la confiance dont ils ont besoin
02:00 pour pouvoir travailler, pour sortir de cette logique de surveillance, de suspicion,
02:04 de contrôle, de contrainte qui est en train d'asphyxier notre agriculture
02:08 comme elle a asphyxié notre industrie par le passé ?
02:11 On est dans la même situation.
02:13 On a aujourd'hui les réponses à ces questions.
02:16 La réponse est non.
02:18 Vous vous dites que si on ne sort pas, en tout cas, on ne bouscule pas le cadre européen, rien ne change.
02:23 Mais j'allais dire, dans le cadre strictement franco-français,
02:27 les premières mesures de Gabriel Attal ne sont pas suffisantes.
02:30 Est-ce que c'est de la communication ?
02:32 Non, il y a des points qui étaient très importants.
02:34 Il fallait absolument apporter ces réponses rapidement.
02:36 Je pense notamment à l'augmentation de la taxe sur le gazole non routier.
02:39 C'était évidemment indispensable de sortir de l'aberration
02:43 qui consistait à refiscaliser le gazole non routier,
02:46 qui est l'outil de travail des agriculteurs.
02:48 Ils n'ont pas d'autre option que d'utiliser ce carburant
02:51 pour pouvoir simplement travailler, pour pouvoir nous nourrir.
02:53 Donc en fait, remettre de la fiscalité sur le GNR à un niveau normal,
02:57 c'était seulement organiser une nouvelle punition contre les agriculteurs.
03:01 Et au fond, c'était entretenir ce malaise français
03:03 qui veut que tous ceux qui travaillent, tous ceux qui produisent, sont punis pour cela.
03:08 Organiser et punition, ça voudrait dire, François-Xavier Bellamy,
03:12 que c'était peut-être inconscient, mais qu'on a planifié en réalité ce malaise,
03:17 cette grogne, on ne l'a pas vu venir et on l'a même nourri quelque part.
03:20 L'augmentation du gazole non routier, tout le monde pouvait bien voir à quoi ça correspondait.
03:25 Encore une fois, je le redis, ce n'est pas par plaisir
03:28 que les agriculteurs mettent du gazole dans leur tracteur.
03:31 Ils n'ont pas d'alternative.
03:32 Autant la fiscalité peut avoir un sens pour orienter les comportements
03:35 quand il y a des alternatives, autant là, ce n'est pas le cas.
03:37 Ils sont où les tracteurs électriques pour aller labourer les champs ?
03:40 Ça n'existe pas.
03:41 Donc, il fallait quand même regarder la réalité en face.
03:43 Et oui, je le redis, aujourd'hui, on nous explique que l'État va faire des économies
03:47 en augmentant les impôts, mais ce n'est pas ça, faire des économies.
03:50 On a un ministre de l'Économie qui nous dit que remettre de la fiscalité partout,
03:55 c'est baisser les dépenses de l'État.
03:57 Mais non, la vraie question, c'est comment l'État baisse la dépense publique,
04:00 comment l'État fait en sorte, enfin, de s'attaquer à ce sujet majeur,
04:03 des réformes qui lui permettront demain de dépenser moins pour travailler mieux.
04:07 Et augmenter les impôts pour tous les Français,
04:10 ce n'est pas exactement ce que j'appellerais des mesures d'économie.
04:13 La crise actuelle, je vous cite, est la conséquence directe de la politique
04:16 menée par la Commission européenne qui, en prenant la décroissance
04:20 et en multipliant les normes qui pèsent sur les exploitations,
04:22 a asphyxié le monde agricole.
04:24 C'est ce que vous avez écrit, François-Xavier Bellamy, dans une tribune au Figaro.
04:28 Clairement, est-ce que pour vous, la Commission européenne,
04:30 Madame van der Leyen et le commissaire Pascal Canfin,
04:33 sont responsables de tout et de ce qui est en cours en ce moment ?
04:37 La Commission européenne est responsable de la situation actuelle
04:41 parce qu'elle a mis en œuvre depuis quelques années maintenant,
04:44 avec beaucoup de détermination, une politique qui visait,
04:47 au nom de l'environnement, à une forme de décroissance de la production agricole.
04:51 Et Pascal Canfin n'est pas commissaire,
04:53 mais il est président de la Commission de l'environnement au Parlement européen
04:56 et il est, comme élu, parlementaire macroniste.
05:01 L'un de ceux qui a porté, avec le plus de détermination, cette stratégie.
05:05 On pense à la stratégie dite "farm to fork", de la ferme à la fourchette,
05:10 sur laquelle, pour notre part, nous avons alerté depuis 2020.
05:13 Ça fait 4 ans, Sonia Mabrouk, ça fait 4 ans qu'avec Anne Sander,
05:16 ma collègue qui est en commission de l'agriculture,
05:18 nous tirons la sonnette d'alarme, avec les agriculteurs,
05:20 pour dire que nous n'avons tout simplement pas le droit
05:23 de faire baisser la production agricole dans nos pays.
05:26 On a expliqué aux agriculteurs qu'il fallait plus de jachères,
05:29 on a expliqué aux agriculteurs qu'il fallait,
05:31 c'était un texte qui s'appelait "Restauration de la nature",
05:33 qu'il fallait 10% de gel de la surface agricole utile en Europe.
05:37 Et tout ça avait pour conséquence,
05:39 avec une stratégie complètement folle sur les produits phytosanitaires,
05:42 avec des règles de plus en plus contraignantes,
05:44 une complexité permanente, tout ça avait pour conséquence affiché,
05:47 c'était les experts de la commission eux-mêmes qui annonçaient ce résultat,
05:51 que la production agricole en Europe allait baisser de 13 à 15%,
05:55 que les prix pour les consommateurs allaient augmenter,
05:57 que les revenus des agriculteurs allaient diminuer.
06:00 - Messieurs les députés européens, ça veut dire qu'il y a un double discours ?
06:02 À Paris on dit qu'on place l'agriculture au-dessus de tout,
06:05 et à Bruxelles on laisse faire M. Pascal Canfin et Mme van der Leyen ?
06:09 Est-ce que ça veut dire qu'il y a deux façons de parler ?
06:12 - Mais c'est pas seulement un double discours, c'est un double jeu.
06:15 En fait, la Macronie a fait le contraire à Strasbourg
06:18 de ce qu'elle raconte aujourd'hui à Paris.
06:20 Et on le voit sur tous les sujets.
06:22 Et moi je suis, pardonnez-moi de le dire, mais je suis révolté.
06:25 Parce que depuis deux ans maintenant, avec notre groupe, le PPE,
06:29 avec la droite européenne, avec Les Républicains,
06:31 nous demandons un moratoire sur les questions environnementales.
06:34 En disant, il y a beaucoup de sujets sur lesquels on a réglementé,
06:37 sur lesquels on a créé de la norme et on a créé de la contrainte.
06:39 Et maintenant il faut s'arrêter, regarder comment ça fonctionne,
06:42 essayer pour commencer d'écouter ce qu'ils font sur le terrain.
06:45 - Qu'est-ce qu'on vous a répondu ?
06:46 - On nous a répondu, M. Canfin en particulier,
06:48 qu'on était climato-sceptique, qu'on était hostile à la cause de l'écologie,
06:52 qu'on incarnait un trumpisme européen.
06:55 C'était ce à quoi on avait droit de la part de M. Canfin, nous et les agriculteurs.
06:59 Parce qu'on parlait d'une même voix avec les agriculteurs.
07:01 - C'est intéressant, François-Isabelle, vous parlez de ce groupe PPE,
07:05 précisons-le à nos auditeurs et à nos téléspectateurs.
07:08 Les députés européens et LR font partie de ce groupe PPE.
07:12 Mais est-ce que vous-même, plus largement, ce groupe,
07:14 n'a-t-il pas un double discours ?
07:16 Non pas vous, personnellement, mais moi j'ai lu par exemple
07:18 que sur l'accord de commerce avec la Nouvelle-Zélande,
07:21 certains de votre parti n'ont pas voté contre.
07:24 Ils se sont abstenus. Est-ce qu'il n'y a pas là aussi un double discours ?
07:27 Et est-ce que vous prenez, vous, l'engagement, M. le député européen,
07:30 soit de sortir de ce groupe, soit qu'il n'y ait plus aussi un double discours ?
07:34 - Au sein du PPE, nous avons des désaccords, c'est clair.
07:36 Mais comme toutes les familles politiques européennes, l'Europe, c'est ça.
07:40 C'est des alliés qui ne sont pas d'accord sur tout.
07:42 - C'est des compromis aussi, alors ?
07:43 - Et qui doivent mener des bras de fer.
07:44 Et nous, on a bataillé au sein du PPE, justement, sur ces sujets,
07:48 sur la Nouvelle-Zélande, sur les accords de libre-échange en général.
07:51 Malheureusement, c'est un problème européen.
07:53 C'est-à-dire qu'il y a beaucoup de pays européens qui sont favorables au libre-échange.
07:56 Et en Europe, vous avez des écologistes, des socialistes et des gens du PPE
08:01 qui votent systématiquement pour des accords de libre-échange
08:04 parce que leurs pays sont structurellement exportateurs et ils ont beaucoup à y gagner.
08:07 Et là, permettez-moi de vous le dire, Sonia Mabrouk,
08:09 moi je suis évidemment hostile aux accords de libre-échange.
08:11 Je l'ai montré par mes votes.
08:13 - Vous avez voté contre, je l'ai vérifié.
08:15 - Toujours tenus la même ligne.
08:17 - Certains se sont abstenus.
08:18 - Toujours tenus la même ligne, mais le fond du problème,
08:21 c'est d'abord que la France est en train de détruire la compétitivité
08:24 de ceux qui travaillent sur son sol.
08:26 Le problème des agriculteurs...
08:27 - Ça veut dire que la concurrence déloyale est organisée, planifiée ?
08:30 - Bien sûr, quand vous expliquez aux agriculteurs français
08:32 que vous allez leur imposer des règles que ne subissent pas même leurs voisins en Europe,
08:36 quand, par exemple, ça fait deux ans qu'on alerte sur le sujet,
08:39 vous dites à ceux qui produisent de la betterave en France,
08:41 qu'ils ne vont pas pouvoir utiliser des néonicotinoïdes,
08:43 même enrobés, pour protéger les abeilles,
08:45 alors que la betterave ne fait pas de fleurs et que les abeilles ne la butinent pas,
08:48 mais que simultanément, du coup, en Belgique, en Allemagne,
08:51 vous pouvez utiliser le même produit sur la betterave,
08:54 mais en fait vous n'êtes pas du tout en train de sauver la betterave,
08:56 vous êtes juste en train de détruire votre économie.
08:58 - Mais alors qu'est-ce qu'on fait ?
08:59 - Pardonnez-moi de le dire, c'est très important.
09:00 Les agriculteurs français, et moi je suis de la droite française,
09:02 les agriculteurs français, ils n'ont pas peur de la concurrence,
09:05 ils n'ont pas peur de la compétition,
09:07 ils produisent l'agriculture la plus excellente au monde,
09:09 la meilleure agriculture du monde.
09:11 Simplement, on ne peut pas leur imposer de faire face à la concurrence
09:14 quand simultanément on leur rend la vie impossible.
09:16 - Alors puisque vous êtes en responsabilité, qu'est-ce que vous faites ?
09:18 Est-ce qu'on abaisse les normes des autres pays en Europe
09:21 afin que ce soit les mêmes règles tous ?
09:22 Abaisser les mêmes normes, c'est quand même aussi faire en sorte que
09:25 les règles soient moins strictes, mais pour tout le monde.
09:29 - Il faut deux règles très simples.
09:31 La première, c'est que quand on vote une norme sur le marché européen,
09:34 c'est un même marché, pas de frontières, pas de barrières,
09:36 pas de droits de douane.
09:37 Quand on fait une règle sur le marché européen,
09:39 c'est la même règle pour tout le monde.
09:41 Il n'y a aucune raison que ce qui est bon pour un Belge
09:43 soit mauvais pour un Français,
09:44 que ce qui est sain pour un Allemand soit malsain pour un Français.
09:47 Donc il faut qu'on se mette d'accord sur les mêmes règles
09:49 et après qu'on arrête d'en rajouter tout le temps à Paris.
09:51 Parce que quand j'entends Gabriel Attal,
09:53 là aussi je m'étrangle quand j'entends Gabriel Attal
09:56 qui vient devant les agriculteurs en disant
09:57 "ça suffit maintenant les surtranspositions".
10:00 Mais qui fait des surtranspositions depuis 7 ans ?
10:02 Les gouvernements d'Emmanuel Macron
10:04 qui n'ont pas arrêté de rajouter plus de contraintes
10:07 sur les agriculteurs français.
10:08 Je prenais l'exemple de la betterave et des néonicotinoïdes,
10:10 on pourrait parler du glyphosate, rappelez-vous.
10:12 C'est Emmanuel Macron qui en 2017 disait
10:14 "on sera les premiers à sortir du glyphosate".
10:16 Et tant pis si personne ne le fait.
10:17 En Europe, on sera les premiers à le faire malgré tout.
10:20 Mais quand vous faites ce genre de choix,
10:22 en fait vous êtes juste en train de tirer des balles dans le pied
10:24 de vos propres agriculteurs.
10:25 Un autre choix, François-Xavier Bellamy.
10:26 Et la deuxième règle, très simple,
10:27 c'est qu'on n'a pas le droit d'importer sur le marché européen
10:30 ce qu'on s'interdit de produire sur le sol européen.
10:32 J'entends. Donc pour vous, ce sont les mêmes règles pour tous.
10:34 Je vous prends un exemple précis,
10:36 et on en parle beaucoup, sur le poulet ukrainien
10:38 et d'autres produits d'ailleurs estampillés de Kiev.
10:41 On sait depuis la guerre que les quotas qui étaient imposés
10:44 aux poulets ukrainiens et d'autres ont été levés.
10:46 C'est une forme aussi de soutien aux Ukrainiens.
10:49 Qu'est-ce qu'il faudrait faire là ?
10:50 Est-ce qu'il faudrait rétablir justement les droits de douane
10:52 et arrêter cette exception ukrainienne ?
10:54 Oui, bien sûr.
10:55 Au risque de moins soutenir
10:58 ou de donner l'impression en Europe de moins soutenir l'Ukraine.
11:02 Il y a quand même cette question-là.
11:04 Je crois que le combat des Ukrainiens, il est fondamental.
11:06 Ils sont attaqués aujourd'hui par la Russie
11:09 et ils ont droit évidemment à notre soutien face à cette agression.
11:12 Mais ce soutien ne doit pas passer par le fait
11:14 de détruire nos propres producteurs en France.
11:16 Ça va d'ailleurs contre la sécurité alimentaire
11:19 qui est aussi un impératif géopolitique.
11:21 Et je le dis à tous les Français qui nous écoutent,
11:24 le sort du monde agricole ne concerne pas le monde agricole.
11:27 Il concerne tous les Français.
11:29 La situation que vivent aujourd'hui les agriculteurs,
11:31 elle devrait être une angoisse pour tous les citoyens que nous sommes.
11:35 Parce que si demain nous n'avons plus d'agriculture,
11:37 comme nous avons perdu notre industrie,
11:39 comme nous avons perdu notre capacité de produire notre propre énergie,
11:41 si demain nous n'avons plus d'agriculture,
11:43 eh bien nous perdrons notre souveraineté,
11:45 la maîtrise de notre destin.
11:47 Je le disais ici à ce micro il y a un mois,
11:49 c'est d'une tout aussi grande actualité aujourd'hui.
11:51 Sur la question de l'Ukraine,
11:53 évidemment qu'il faut soutenir les Ukrainiens.
11:55 Encore une fois, en important un poulet dont on sait très bien,
11:57 malheureusement, qu'il bénéficie surtout à quelques grands acteurs économiques.
12:01 Pourquoi le gouvernement et l'exécutif n'en parlent pas ?
12:03 Est-ce qu'il y a une question idéologique par rapport à l'Ukraine ?
12:05 Encore une fois, nous nous en parlons.
12:07 Nous avons écrit un courrier, le président de notre groupe,
12:09 Manfred Zebber, avec les parlementaires qui sont en première ligne sur ce sujet,
12:11 ont écrit à la Commission européenne pour lui dire
12:13 "ça ne peut plus continuer comme ça".
12:15 Donc on tire la salle de salade.
12:17 Mais François-Alexandre Bellamy, jeudi, jeudi,
12:19 Emmanuel Macron va assister au Conseil européen extraordinaire à Bruxelles.
12:21 Est-ce qu'il peut, à vous entendre,
12:23 oser renverser la table, si je peux dire, européenne,
12:25 et oser se fâcher avec l'Europe ?
12:27 Il le faut, et la question c'est...
12:29 Et le fera-t-il, selon vous ?
12:31 Je n'en sais rien, je ne suis pas le président de la République,
12:33 et comme vous l'aurez constaté, je ne suis pas dans sa majorité.
12:35 La question qui se pose maintenant, c'est,
12:37 on a eu des mots, encore des mots, toujours des mots,
12:39 les mêmes mots, très bien, parfait, magnifique,
12:41 au cours des derniers jours, des grandes déclarations d'amour
12:43 à l'égard du monde agricole. La question c'est maintenant les actes.
12:45 Il y a quand même de bonnes nouvelles.
12:47 Les décisions, les faits.
12:49 Est-ce que, par exemple, on peut se féliciter
12:51 de la balance agricole française ?
12:53 La balance agricole française,
12:55 elle est devenue déficitaire en France
12:57 depuis 2019. C'est la première fois
12:59 dans notre histoire que nous
13:01 importons plus que nous n'exportons.
13:03 Alors pourquoi est-ce qu'on ne le voit pas ?
13:05 Je n'ai pas les mêmes chiffres.
13:07 Pourquoi est-ce que vous n'avez pas les mêmes chiffres ?
13:09 Je crois qu'elle est excédentaire à plus de 0,8 milliard.
13:11 Elle est excédentaire à cause de quoi ? Vous savez pourquoi ?
13:13 À moins que vous ne regardiez que les échanges commerciaux avec l'UE.
13:15 Non, non, non, pas du tout. Parce que dans la balance agricole
13:17 que vous lisez aujourd'hui, il y a les vins et les spiritueux.
13:19 Et bien sûr, le cognac,
13:21 le champagne, ça s'exporte magnifiquement.
13:23 Aujourd'hui, le cognac à lui tout seul, c'est
13:25 évidemment un élément fondamental
13:27 d'apport à la balance commerciale française.
13:29 Tous les Français savent bien que même
13:31 si on est très fiers de notre production de vins et spiritueux,
13:33 ce n'est pas ça qui nourrit quelqu'un.
13:35 Et donc, si vous regardez maintenant la balance
13:37 agroalimentaire, la balance alimentaire
13:39 française, elle, elle est déficitaire.
13:41 Alors je sais bien que certains voudront
13:43 se voler la face en disant "Regardez, non, non, on est toujours
13:45 un exportateur", mais ça n'est pas vrai.
13:47 On importe depuis 2019 plus de notre
13:49 alimentation qu'on en exporte.
13:51 Et ça, c'est d'une très grande
13:53 gravité, et en particulier la France.
13:55 Mais quand même, Sonia Mabrouk, regardons la France.
13:57 La France, c'est quand même un pays
13:59 fabuleux pour l'agriculture, grâce
14:01 à ses terroirs, grâce à son climat, grâce
14:03 à sa terre, grâce aussi, évidemment,
14:05 à l'excellence, je le redis, de nos agriculteurs.
14:07 On a l'agriculture sans doute la plus admirée
14:09 du monde, et pourtant, on est devenu
14:11 dépendant. Est-ce qu'on va laisser
14:13 faire ça longtemps ? Et est-ce qu'on va,
14:15 ce faisant, perdre la maîtrise de notre destin ?
14:17 Est-ce qu'il faut qu'on attende d'avoir faim dans ce pays
14:19 pour se rendre compte qu'il faut protéger les agriculteurs ?
14:21 - Attendez, cette phrase est importante.
14:23 "Attendre", besoin d'avoir faim,
14:25 c'est-à-dire qu'on en est là, aujourd'hui ?
14:27 Notre souveraineté alimentaire serait
14:29 en danger bientôt ? - On n'en est pas encore là,
14:31 mais ça peut se produire, bien sûr. Regardez ce qui s'est
14:33 passé au moment du Covid. Qui aurait pensé,
14:35 il y a cinq ans, Sonia Mabrouk, qui aurait pensé
14:37 qu'un jour, en France, les infirmières
14:39 se feraient des blouses avec des sacs poubelles
14:41 pour aller à l'hôpital ? Qui aurait pensé
14:43 qu'on n'aurait pas de masque à donner à nos soignants ?
14:45 Qui pouvait penser qu'on allait se retrouver
14:47 dans une telle situation de dépendance ?
14:49 Eh bien, moi, je dis que demain, oui, on peut se retrouver
14:51 si une nouvelle crise survient, qui sera peut-être
14:53 pas sanitaire. La prochaine crise, elle peut être
14:55 alimentaire, elle peut être une crise géopolitique
14:57 qui détruira les circuits d'alimentation
14:59 dans le monde. Et là, pour le coup, j'aimerais
15:01 bien voir ce que répondront le même monsieur
15:03 Canfin, les mêmes députés macronistes qui ont créé
15:05 toujours plus de contraintes pour nos agriculteurs, et qui
15:07 simultanément, eux, ont voté
15:09 pour le traité de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande.
15:11 Ils ont voté pour faire venir de l'autre bout du monde
15:13 des tonnes de litres de lait en poudre qui vont traverser
15:15 les océans pour arriver jusqu'à nous. Mais le jour
15:17 où on n'aura plus d'éleveurs laitiers, c'est pas le
15:19 lait de Nouvelle-Zélande qui viendra de l'autre bout du monde quand
15:21 on traversera une crise mondiale. Et donc, la question,
15:23 c'est est-ce qu'on a besoin de toucher du doigt
15:25 cette dépendance pour se réveiller ? C'est maintenant
15:27 que ça se passe. Nous, ça fait 4 ans qu'on crie ça.
15:29 Et donc, je suis heureux que la mobilisation des agriculteurs
15:31 permette de faire entendre ce cri. - Heureux dites-vous.
15:33 - Parce que je veux le redire. - Heureux. Quelles que soient les formes de mobilisation
15:35 alors qu'on a rappelé le dispositif.
15:37 - En tous les cas, aujourd'hui, on en parle. - Bien. - Aujourd'hui, on en parle
15:39 et c'est déjà fondamental. Et la dernière chose,
15:41 c'est que c'est pas seulement les agriculteurs, c'est aussi
15:43 les pêcheurs. Aujourd'hui, on importe
15:45 84% des produits de la mer
15:47 qu'on consomme. Et simultanément, pour des raisons
15:49 environnementales, on vient de fermer tout le Golfe
15:51 de Gascogne à la pêche pour un mois.
15:53 C'est les dizaines de millions de droits perdus. - Décision du Conseil d'État, c'est autre chose que l'Europe.
15:55 - Décision du Conseil d'État, demandée
15:57 par des associations environnementales. Le tout
15:59 pour importer ensuite une pêche qui vient d'Asie,
16:01 une pêche qui vient d'ailleurs, qui ne respecte
16:03 aucune de nos règles environnementales. On marche sur la tête
16:05 en effet et j'espère que nos décideurs
16:07 finiront par prendre les mesures qui s'imposent
16:09 face à une telle aberration. - Merci
16:11 François-Xavier Bellamy. - Merci à vous. - C'était votre grande
16:13 interview ce matin et à bientôt. - Merci beaucoup.
16:15 (Générique)
16:19 [SILENCE]

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