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Le Premier ministre, François Bayrou, était l’invité de #LaGrandeInterview de Sonia Mabrouk et Laurence Ferrari dans #LaMatinale sur CNEWS, en partenariat avec Europe1.

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00:00Bonjour à vous, bonjour chère Laurence, bonjour Sonia et bienvenue à tous à la
00:04grande interview sur CNews Europe, en format inédit spécial ce matin alors
00:08que nous vivons un moment singulier sur la scène internationale compte tenu bien
00:12sûr de ce qui est en jeu en Ukraine et plus largement en Europe et tout cela
00:16avec un nouvel ordre mondial incarné par Donald Trump. Il y a beaucoup
00:20d'inquiétudes, il y a beaucoup d'anchoises et d'interrogations, de
00:24nombreuses interrogations. Pour y répondre ce matin un invité exceptionnel
00:28bonjour François Bayrou, bonjour Monsieur le Premier Ministre. Bonjour Monsieur le Premier
00:31Ministre, merci d'avoir choisi nos antennes CNews et Europe 1 pour vous
00:34exprimer. Monsieur Bayrou, les français sont inquiets, les mots menaces et
00:38guerres ont été employés par le Président de la République, s'ils sont
00:41d'accord pour réarmer notre pays qui a trop longtemps négligé sa défense
00:44nationale et bien ils se demandent aussi qui va payer la note. On va y venir dans
00:48cette émission, on aura le temps de nous exprimer mais d'abord une question
00:51François Bayrou, l'Ukraine n'a jamais semblé aussi proche de la paix, le
00:55Président Zelensky l'aveut, le Président Trump l'aveut et pourtant
00:58l'Union Européenne et tout particulièrement la France semblent
01:01vouloir partir en guerre et en guerre contre la Russie. Comment expliquez-vous
01:05ce paradoxe ? Oui c'est une c'est une présentation que je crois un peu
01:11forcée, un peu excessive. En quoi ? C'est très, je vais vous expliquer, c'est très
01:17simple, nous avons connu depuis trois ans
01:21quelque chose qui était totalement exclu de la pensée de tous les pays
01:29européens et de tous les pays du monde qui était de voir un pays parmi les
01:35plus puissants de la planète, le plus vaste, le plus doté de toutes les
01:41richesses du sous-sol avec une armée qui est une des deux ou trois armées les
01:47plus puissantes du monde, se jeter sur son pays voisin pour l'annexer, pour en
01:56prendre le contrôle, pour en chasser les dirigeants, bref pour le le happer et le
02:02prendre. Or ce pays, la Russie, est membre du Conseil de Sécurité des Nations
02:07Unies, c'est-à-dire qu'il est parmi les cinq pays qui sont le garant de la
02:17loi internationale. Ils sont, au nom de toutes les nations de la planète, ils
02:23sont ceux qui devaient, s'étaient engagés à garantir qu'on respecterait la loi des
02:31nations. Et voilà que ce pays fait ce que d'autres pays dans les années 40, dans la
02:37fin des années 30, ont fait sur leurs voisins et c'est une chose dont nous
02:43savions depuis le premier jour que ça changerait la manière dont les nations
02:48vont vivre ensemble. Et aujourd'hui monsieur le Premier ministre ? Il y a, et partie de là,
02:53c'est l'épicentre d'un tremblement de terre qui s'est répandu partout sur la
02:57planète et qui est au fond de dire le monde dans lequel nous avons vécu depuis
03:04la guerre, le monde de la force de la loi, est passé dans un autre monde qui est la
03:15loi du plus fort. Désormais, si vous avez les moyens, si vous avez l'armée, si vous
03:20avez l'aviation, si vous avez toutes les menaces que la guerre moderne a réunies,
03:26alors vous pouvez conquérir le voisin. Si on ne voit pas à quel point ceci est un
03:32déstabilisateur de toute la vie de la planète, on ne voit rien. Et donc quand vous dites
03:38ils veulent la paix, il y a l'Europe qui ? On n'a jamais été aussi proche de la paix.
03:46Oui, on est aussi proche de ce que cherchent un certain nombre des acteurs, c'est la capitulation.
03:54C'est que l'on consacre, sans rien dire, les bras croisés, l'idée que oui, l'annexion
04:03a réussi, la conquête a réussi, l'Ukraine sera à genoux et Zelensky sera à genoux,
04:08ce qu'on a vu dans le bureau ovale de la Maison Blanche et qui est absolument sans
04:13précédent.
04:14François Bayon, pardonnez-moi, faut-il mieux une paix imparfaite qu'une guerre interminable
04:18?
04:19Cette présentation-là, on l'a connue dans les années 30, c'est une présentation qui
04:25nous a menés au pire. Ce n'est pas comme ça qu'il faut voir les choses.
04:29Comment présentez-vous la situation ? Il est vrai, comme l'a dit Laurence, le mot
04:32paix revient dans la bouche des Américains alors que le mot guerre revient dans la bouche
04:38d'Emmanuel Macron.
04:39En aucune manière. Cette présentation-là qui tendrait, qui chercherait à faire croire
04:47que Poutine est un gentil garçon qui voudrait la paix, que ce qu'il a fait, après tout,
04:54c'était presque normal. C'est ça qu'on entend à longueur de temps dans la bouche
04:58de certains.
04:59Qui le dit ?
05:00Vous, par exemple.
05:01Pardonnez-moi, c'est une question. Je pense que beaucoup de Français, de ceux qui nous
05:06regardent, nous écoutent.
05:07Vous êtes trop avertis pour ne pas savoir que dans les questions, il y a des réponses
05:13et donc on va essayer de dire les choses comme elles sont parce que ce que je viens
05:19de présenter n'est qu'un aspect de la situation.
05:21Il y a eu le déclenchement d'un tremblement de terre, un épicentre, mais le tremblement
05:27de terre ne s'est pas arrêté là parce qu'il se trouve que l'élection du président
05:33des Etats-Unis, M. Trump, a ajouté quelque chose qui alors était non seulement inattendu
05:40mais inimaginable.
05:41Inattendu ? M. Trump n'a cessé de prévenir les Européens, M. Bayrou. Les Européens
05:46sont sidérés de ce qu'ils ont vu arriver ?
05:47Sonia, nous n'avons pas de débat ensemble. Je ne cherche pas à débattre. Je cherche
05:54à dire les choses comme elles doivent être dites et précisément sur cette antenne.
06:01Qu'est-ce que fait Donald Trump ? Il fait le renversement des alliances. Nous avions,
06:08depuis la guerre, payé au prix du sang. Nous avions payé au prix du sang de nous,
06:15les Français, des Européens, des Allemands qui ont été entraînés dans ce drame et
06:20y ont perdu des millions dès l'heure. Aussi, ils ont perdu une certaine idée de l'humanité
06:30et du sang des Américains qui sont venus nous aider pour sauver ce qui pouvait l'être
06:37de la loi internationale. Nous avons vécu, depuis la guerre, dans ce climat qui était
06:41« nous avons en Europe et dans l'OTAN l'alliance des libertés ». Et voilà que M. Trump renverse
06:48ça et il ne le renverse pas à moitié. Je rappelle, il est membre du Conseil national
06:54des Nations unies et les Nations unies sont sur son sol. Que fait Donald Trump ? Il pousse
07:01la logique jusqu'au bout, c'est-à-dire qu'il dit « au fond, c'est Poutine qui
07:06a raison et je vais lui abandonner l'Ukraine, je vais me payer en captant les minerais,
07:17les terres rares qui sont chez lui, et deuxièmement, alors on ne va pas s'arrêter là, je vais
07:25prendre le canal de Panama, je vais prendre le Groenland, je rappelle, le Groenland c'est
07:33une terre membre de l'Union européenne par le Danemark. Contre ses alliés donc,
07:40je rappelle, le Danemark est membre de l'OTAN, je ne sais pas si vous voyez le bouleversement
07:45de tout ça. Et il va plus loin et il dit « je vais prendre Gaza, je vais faire de
07:55Gaza une rivière ». Quand on met les deux images l'une face à l'autre, on voit des
08:03choses qui sont extraordinaires. Et il ne s'arrête pas là.
08:06Est-il un allié ?
08:07Et il ne s'arrête pas là.
08:09Mais est-il un allié ?
08:10Attendez, laissez-moi poursuivre mon raisonnement jusqu'au bout, c'est une situation historique
08:14suffisamment lourde. Il ne s'arrête pas là, il déclare à l'Europe une guerre
08:20commerciale. Notre pays vit en grande partie de ses exportations. Et à l'inverse, les
08:28Etats-Unis exportent chez nous. La balance commerciale entre les Etats-Unis et la France
08:33est à peu près équilibrée. Et l'Europe non, en raison de l'Allemagne, mais entre
08:39les Etats-Unis et la France c'est à peu près équilibré. Il déclare la guerre commerciale
08:43qui va avoir, en termes de crise économique, des conséquences impressionnantes et très
08:51dangereuses pour nous.
08:52Joe Biden l'avait fait aussi.
08:53Il dit « je vais mettre 25% de droits de douane sur les produits européens ». Vous
09:00vous rendez compte ? Alors vous dites « est-ce un allié ? » Un allié qui décide de passer
09:06dans le camp de vos adversaires. Un allié qui décide de passer dans le camp de ceux
09:12qui bouleversent et remettent en cause l'ordre international. Un allié qui vous déclare
09:18une guerre commerciale et qui prétend annexer des territoires qui appartiennent à des pays
09:22libres, sans parler du Canada, a-t-il dit, comme ça, ça pourrait devenir un Etat américain.
09:27Donc ça s'appelle un ennemi, François Bayrou.
09:29Non, ça s'appelle une destruction de l'ordre international. Ça s'appelle la remise en
09:37cause de tout ce à quoi nous croyons. Et cette remise en cause, elle laisse les Européens
09:44stupéfaits parce que la quasi-totalité des pays…
09:49Comment expliquer cette sidération, Monsieur le Premier ministre ? Pardonnez-moi, tout
09:51le monde a vu les déclarations de Donald Trump depuis des mois. Il a été élu pour
09:55ce qu'il a dit. Ça peut paraître étonnant en France, peut-être. Mais pourquoi cette
10:00sidération, alors qu'il a parlé de cette guerre commerciale, alors que nous savions
10:03qu'il y aurait un renversement des alliances, ne pousse-t-il pas finalement au réveil et
10:08au sursaut ?
10:09Alors, ce sont deux questions différentes. Est-ce qu'il faut être ému, choqué, scandalisé,
10:17révolté par ces attitudes ? Ma réponse est évidemment oui. Mais deuxième question,
10:23est-ce que ça appelle au réveil de l'Europe ? Évidemment oui. Alors, ce n'est pas une
10:28surprise pour les Français, spécialement pour ceux qui vous parlent et dans le grand
10:36mouvement que, depuis très longtemps, nous avons défendu dans la politique française.
10:42Ce n'est pas une surprise pour vous, donc, François Macron ?
10:45Donc, ça n'est pas une surprise pour moi, sur ce point que l'Europe doit se défendre
10:51elle-même.
10:52Parlons-en.
10:53C'est le seul point sur lequel je suis d'accord avec Trump. Un point. Les présidents successifs
11:02des Etats-Unis, depuis longtemps, ont raison de dire « vous n'êtes pas pauvre, vous
11:06êtes parmi les ensembles les plus riches de la planète ». Si on prend le produit intérieur,
11:13la richesse des nations, l'Union européenne, c'est dix fois plus riche que la Russie.
11:20Parce que la Russie, grâce ou à cause de son système, elle a mis à mal toutes les
11:27structures qui font qu'une société marche bien.
11:29Enfin, l'économie russe n'est pas à terre.
11:31Je n'ai pas dit qu'elle était à terre. Vous ne m'avez pas écouté. Je vous donne
11:34les chiffres, comme ça, ça va être clair. Le produit intérieur russe, c'est quelque
11:40chose comme 2 000 milliards, c'est-à-dire comme l'Espagne à peu près, un peu plus,
11:45un peu moins, et moins que la France. Face à l'Union européenne, le produit intérieur
11:51de l'Union européenne, face à ces 2 000 milliards, c'est 17 000 milliards.
11:55Et si on ajoute la Grande-Bretagne, ça fait 22 000 ou 21 000 milliards, et donc on est
12:05un ensemble dont la capacité est dix fois supérieure à celle de la Russie.
12:11Mais la différence, c'est que nous ne dirigeons pas cette capacité vers la guerre.
12:15Et pas vers notre défense non plus.
12:18C'est ce que je dis. Alors que Trump consacre, écoutez bien, 40 % du budget de son pays
12:26à la guerre.
12:27Et il demande aux pays de l'OTAN d'aller jusqu'à 5 % du PIB pour notre...
12:31Non, je parlais de la Russie.
12:33Vous parlez de la Russie, 40 %.
12:34Si j'ai fait l'absurde, excusez-moi.
12:36C'est Poutine qui consacre 40 % du PIB à la défense.
12:39Poutine, le dirigeant russe, consacre 40 % de son budget national à la défense, à
12:48l'armée et à la guerre.
12:49Et Donald Trump nous demande d'augmenter jusqu'à 5 % du PIB.
12:52Ça n'est pas le point sur lequel je lui donnerais tort.
12:55Les Européens se sont endormis pour sa Bayreau.
12:57Je lui donne tort de renverser les lois qui faisaient que nous vivions en paix.
13:04Je lui donne tort de faire de ses alliés des adversaires et des ennemis.
13:09Et je lui donne tort de rendre le monde plus insécurisé qu'il ne l'était, plus dangereux
13:17qu'il ne l'était.
13:18Et un jour ou l'autre, tout cela se verra de manière éclatante.
13:23Mais nous sommes devant une question, nous les Européens.
13:25Qu'est-ce que nous faisons ?
13:26Qu'est-ce que nous faisons ?
13:27Est-ce que nous, nous ne sommes pas, François Bayreau, nous sommes sur ces musées européens
13:31en train de nous réveiller après nous être endormis pendant de longues années ?
13:35Nous n'avons pas consacré l'objet nécessaire à l'OTAN.
13:38Les Etats-Unis payent 70 % du budget de l'OTAN.
13:41Il est temps de financer notre défense et d'augmenter notre effort d'armement français.
13:48À quoi vous préparez les Français aujourd'hui ?
13:50À un effort national, une économie de guerre ?
13:54Cette évidence-là, qu'il faut que l'Union européenne et la France, au sein de l'Union
14:01européenne, la France qui est la seule à avoir fait des efforts d'indépendance, d'autonomie,
14:07pendant des décennies jusqu'à ce jour, nous avons été le seul pays à porter cette idée
14:14étrange aux yeux des autres, qu'on avait besoin de construire une capacité, enfin
14:20une possibilité de se défendre sans les Etats-Unis, pas contre les Etats-Unis, sans
14:27les Etats-Unis.
14:28Ça date du général de Gaulle.
14:30Ça date du général de Gaulle et il avait raison.
14:33J'ai lu l'autre jour à la tribune de l'Assemblée une déclaration qui était la sienne en 1962
14:40et il dit mais il faut faire attention parce que personne ne sait ce qui peut arriver aux
14:45Etats-Unis.
14:46Et il décrit les fragilités de la société américaine en montrant à quel point ça
14:52peut nous entraîner dans des choses inimaginables et impossibles, que de temps perdu malgré
15:00la France, parce que s'il y a une chose certaine, c'est que tous les gouvernements successifs
15:06du pays ont construit, bâti l'idée que dans l'Alliance, alors la France pouvait et
15:15devait être indépendante.
15:16Et c'est la raison pour laquelle nous avons une armée qui est la seule indépendante dans
15:22les armées européennes, qui a toutes les facultés d'intervention dans tous les domaines
15:28jusqu'au domaine suprême de la dissuasion nucléaire et nous sommes les seuls à être
15:35libres de déclencher ou pas ces défenses et ces attaques.
15:41Mais on ne peut pas partager la dissuasion nucléaire.
15:43En revanche, celui qui doit prendre la décision en s'agissant du nucléaire et de l'arme
15:52nucléaire, c'est le Président de la République française.
15:55Il est élu pour ça, mais ça ne veut pas dire, et le Général de Gaulle l'a dit dix
16:00fois, que les intérêts vitaux du pays, au nom desquels on peut prendre une décision
16:06aussi lourde de conséquences, les intérêts vitaux du pays, ce n'est pas que les intérêts
16:12de l'Hexagone.
16:13C'est toute l'Union Européenne ?
16:15Non, ça dépend de l'appréciation du Président de la République française de l'époque,
16:20du moment.
16:21Les intérêts vitaux, est-ce que vous croyez qu'une attaque contre l'Allemagne n'est
16:25pas une partie des intérêts vitaux de la France ?
16:28Est-ce que vous pensez qu'une attaque contre la Belgique n'est pas une partie des intérêts
16:33vitaux de la France ?
16:34Et en fait, sur l'ensemble de l'Union Européenne sont engagés des intérêts vitaux de la
16:41France.
16:42Mais, c'est important, il n'y a pas d'automaticité, il y a l'appréciation par le Président
16:51de la République française du moment où ces choses se produiraient, il y a l'appréciation
16:55de savoir si nous sommes menacés dans ce qui est vital pour nous.
17:02Donc, pas d'automaticité, pas de mutualisation ?
17:05Mutualiser, c'est considérer qu'on a des intérêts vitaux en commun, mais vous voyez
17:10bien que le patron, ça reste le Président de la République française du moment où
17:15ces choses se produisent.
17:16Parlez-moi sur les armées françaises, c'est tout à fait normal, il faut rendre hommage
17:20à nos armées, malgré tout, et on le déplore pendant des années, elles ont été ces armées,
17:25et notamment les budgets, des variables d'ajustement, M. le Premier ministre, d'ailleurs, je suppose
17:29que ça vous a heurté à ces moments-là, et d'ailleurs, un ancien chef d'état-major,
17:34Pierre Devilliers, a été contraint à la démission pour cette raison, il ne voulait
17:37pas dire à ses gars, les armées sont à l'os.
17:40Nous avons perdu beaucoup de temps.
17:42Ce qui a été vérifié depuis 2017, l'incident dont vous parlez, c'est 2017, c'est que nous
17:48avons, écoutez bien, multiplié le budget de la Défense par deux, vous en connaissez
17:54des pays qui ont fait ça ?
17:55La Russie.
17:56Oui, alors eux, c'est plus que par deux, et ce que vous venez de dire, il faut s'arrêter
18:03un quart de seconde.
18:04Allez-y.
18:05Ce déploiement de la puissance militaire de la Russie, ça ne s'arrêtera pas là,
18:17les usines sont lancées, les chaînes de production sont lancées, et est-ce que vous
18:22connaissez dans l'histoire un pays qui s'est doté de moyens de cette nature et qui a renoncé
18:29à s'en servir ?
18:30D'accord, donc menace directe à nos frontières, vous reprenez et vous êtes sur la même ligne
18:33que le président de la République.
18:34C'est une menace directe contre la liberté de l'Union Européenne, ce qui se joue en
18:40Ukraine.
18:41Ce qui se joue en Ukraine, ce n'est pas seulement le territoire malheureux de l'Ukraine, ce
18:47qui se joue en Ukraine, c'est la loi qui fait que les nations peuvent vivre libres
18:54en Europe.
18:55C'est ça la question.
18:56Et l'histoire et nos concitoyens seraient en droit de nous faire des procès sur le
19:07thème impardonnable de « vous n'avez rien fait quand tout s'est présenté ».
19:12Est-ce que vous allez les associer dans quelques instants avec Laurence sur CNews Europe 1,
19:15nous allons parler de décisions historiques, peut-être qu'ils vont engager un effort
19:18sans précédent.
19:19Est-ce que ce n'est pas le moment de consulter les Français, c'est vraiment le droit des
19:24peuples de disposer d'eux-mêmes ?
19:26Oui, surtout ce que vous suggérez, c'est le droit des peuples à ne pas disposer d'eux-mêmes
19:33ou à ne plus disposer d'eux-mêmes, à renoncer à leur liberté.
19:37C'est ça qu'on est en train d'entendre cheminer souterrainement, en disant tout ça,
19:43ça ne vaut pas la peine.
19:44Non, consulter les Français, pour voir quelles orientations nous prenons, c'est l'inverse.
19:47Oui, mais on ne peut pas consulter les Français en l'air, on ne consulte les Français, c'est
19:51la Constitution, que sur un texte et sur des textes qui sont dans des domaines extrêmement
19:57précis, domaines économiques et sociaux et domaines des institutions.
20:01Mais est-ce que c'est l'affaire de tous les Français ? Oui.
20:05Bien sûr.
20:06François Bayrou.
20:07Et ce qui est à craindre ou ce que nous avons vécu depuis des années, c'est qu'on a jeté
20:13un voile pudique, sauf les huit dernières années, parce que là, l'effort a été considérable
20:18et on l'a reprocé.
20:19On a jeté un voile pudique sur les très grands enjeux, ces enjeux-là, c'est le moment
20:24de les reposer.
20:25Parlons des Français, François Bayrou, nous sommes sur CNews et sur Europe 1.
20:29L'expression économie de guerre est désormais sur toutes les lèvres.
20:32Vous avez dit que vous ne vouliez pas sacrifier notre modèle social, vous avez dit qu'il
20:36n'y aura pas d'augmentation d'impôts, on sanctuarise notre modèle social et pourtant
20:40il va devoir faire face à des dépenses extraordinaires.
20:44Où est-ce que vous allez trouver cet argent ? Est-ce que ce sont les Français qui vont
20:47payer ?
20:48Permettez-moi de remettre la hiérarchie des choses.
20:52Nous avons devant nous cette question considérable, cet enjeu considérable, est-ce que nous devons
21:01être un pays en mesure de se défendre avec l'ensemble de l'Union européenne ou pas ?
21:07Il y a des gens qui disent non.
21:10Mais la responsabilité du gouvernement, et a été exprimée par le président de la
21:17République avant-hier, il y a trois jours, la responsabilité du gouvernement est de
21:23répondre non, nous ne pouvons pas laisser désarmer le pays, c'est vital, et cependant
21:28le gouvernement a une deuxième responsabilité, c'est de se poser la question des difficultés
21:33et des problèmes qui font que la France est en situation de faiblesse alors qu'elle
21:37devrait être en situation de force.
21:39On n'oublie pas ses enjeux donc, François Maré.
21:41Et donc, on ne peut pas, au nom de l'enjeu de défense, oublier la totalité des autres
21:47enjeux.
21:48La France ne se défendra vraiment que si elle a un appareil de défense et si elle est forte,
21:57et cette force du pays, dans tous les domaines où elle doit s'appliquer, je vais en citer
22:02quelques-uns devant vous, nous ne pouvons pas la laisser de côté.
22:06Par exemple ?
22:07C'est très simple, l'éducation, nous ne pouvons pas la laisser de côté.
22:10Les retraites ?
22:11Je viens, je vais expliquer ça.
22:15Allez-y.
22:16On ne peut pas être un peuple fort si les générations nouvelles ne sont pas formées
22:22comme elles devraient l'être.
22:23Est-ce qu'elles le sont ? La réponse est non.
22:26Est-ce que le niveau en lecture, en écriture, en mathématiques dans l'école et le système
22:40de formation français, est-ce que ce niveau est suffisant ? Non.
22:43Est-ce qu'on peut laisser cette question de côté ? Non.
22:48Et les questions que je vais citer maintenant, eh bien, nous avons le devoir de les traiter
22:55en même temps que nous devons réarmer la capacité de défense du pays.
23:01Vous dites à raison qu'un pays miné de l'intérieur ne peut pas se défendre par rapport à l'extérieur.
23:06Vous parlez de l'école, où il y a parfois des professeurs qui sont souvent visés et
23:11ciblés.
23:12On peut parler aussi, malheureusement, d'un certain quartier perdu de la République.
23:16On peut parler de la menace islamiste.
23:18Que répondez-vous à ceux qui, dans l'opposition, vous disent, eh bien, vous montez la surenchère
23:24sur cette guerre pour ne pas traiter les besoins des Français ? Vous l'entendez, cette attaque ?
23:31Sonia Mabrouk, vous avez entendu ce que j'ai répondu.
23:33Et je le répète devant vous, c'est une priorité absolue de s'occuper de la défense
23:42du pays et de l'Union européenne.
23:44Et cependant, nous ne pouvons pas laisser de côté tous les autres problèmes qui se
23:50posent.
23:51Je continue mon énumération.
23:53Nous avons cette difficulté avec l'école, qui est une difficulté qui traîne depuis
23:58des années.
23:59J'ai quitté le ministère de l'Education il y a 25 ans, 30 ans, et le niveau des élèves
24:08était un an supérieur au niveau des élèves aujourd'hui.
24:11Ce n'était pas de ma responsabilité.
24:14Vous voyez la pente qui a été suivie.
24:16Je ne laisserai pas l'école sans réponse et Elisabeth Borne, qui a cette responsabilité,
24:24ne la laissera pas non plus.
24:25Notre modèle social.
24:26Deuxièmement, on ne peut pas laisser les finances publiques dans l'état de délabrement,
24:34dans l'état de déséquilibre dans lequel elles sont.
24:37C'est un sujet que vous portez depuis longtemps.
24:39Que je porte depuis des décennies et que personne n'écoutait.
24:45Cependant, aujourd'hui, déficit des dettes exige un rééquilibrage, en tout cas un plan
24:54de rééquilibrage.
24:55Comment en économie de guerre ?
24:56Parce que c'est précisément là qu'il va falloir être avisé dans les réponses.
25:05Oui, original, avisé.
25:06Vous voulez dire ne pas convoquer l'impôt ?
25:08Je pense que le recours à l'impôt, on peut trouver des adaptations, mais le recours
25:15à l'impôt, il est au bout de sa logique.
25:17Reprenons cette idée que j'ai défendue déjà à votre micro.
25:22Si vraiment c'était l'impôt qui faisait la prospérité des nations et le bonheur
25:27des peuples, alors la France serait de très loin le pays le plus heureux du monde.
25:32Donc on taille dans les dépenses sociales, François Bayrou ? Qu'est-ce qu'on fait
25:34pour financer cet effort de rééquilibre ?
25:35Laissez-moi dire ce que je pense.
25:37Troisièmement, il y a tout ce qui relève, vous avez parlé des retraites et les partenaires
25:45sociaux ont accepté de se mettre autour de la table pour réfléchir à une meilleure
25:50organisation sans dégrader la question de l'équilibre financier des retraites.
25:55Là encore, j'étais le seul à dire qu'il y avait un problème d'équilibre financier
26:00des retraites, de déséquilibre financier des retraites, avec à la fois des déficits
26:07et un recours à l'argent public pour équilibrer les finances.
26:14Il y a un problème de l'action publique, de l'état, des collectivités locales, parce
26:22qu'en dépit de l'argent considérable ou des dépenses considérables, on voit bien
26:27que la réponse que les Français reçoivent n'est pas la bonne.
26:30On a un problème d'aménagement du territoire.
26:34On n'a que des problèmes.
26:35Vous nous posez le diagnostic, où sont les solutions ?
26:37On a un problème d'aménagement du territoire, parce qu'il y a des zones qui se sentent
26:48abandonnées et qui en effet le sont.
26:51On a un problème de désindustrialisation et on a laissé sur 30 ans s'établir une
26:59situation qui n'est pas une situation qui permet de préparer l'avenir du pays.
27:03Et à votre tableau, vous réagitez à la submersion migratoire que vous avez vous-même
27:08dénoncée ?
27:09On y vient parce que j'imaginais bien que vous alliez m'interroger sur ce sujet.
27:13Puisque vous en avez parlé.
27:16La situation du pays ne permet pas ni le désintérêt, ni la désinvolture.
27:24A qui le dites-vous, M. Le Préunit ?
27:25Je le dis au gouvernement, je le dis moi-même, je le dis aux parlementaires, je le dis à
27:29l'opinion publique française.
27:30Et comme vous avez eu la gentillesse de le noter, ce n'est pas d'aujourd'hui que je
27:34le dis.
27:35J'ai toujours essayé de porter cette prise de conscience, qui n'a pas eu lieu et qui
27:42doit maintenant avoir lieu.
27:44Vous posez une deuxième question.
27:45Est-ce qu'on a les moyens de faire ça ?
27:47En moyens supplémentaires, non.
27:51Alors comment on fait ?
27:52Ça n'est pas en dépenses supplémentaires qu'on va pouvoir trouver la réponse à ces
27:58questions-là.
27:59On va piocher dans l'épargne des Français ?
28:00Tout le monde le sait.
28:01Non.
28:02La question est une question de réorganisation de notre action, de réorganisation de l'action
28:08publique, de réorganisation en matière de santé.
28:12Vous voyez bien la difficulté qui fait qu'un très grand nombre de Français n'ont plus
28:18accès.
28:19De réorganisation dans la simplification.
28:22J'ai cité à la tribune de l'Assemblée l'autre jour, il y a une très grande organisation
28:28d'études internationales qui a calculé ce que, dans chaque pays, faisait perdre la
28:35trop grande complexité des paperasses, de la bureaucratie, des normes et des règles.
28:45Ne nous engagez pas sur ce sujet, parce que des machins inutiles, il y en a beaucoup en
28:47France.
28:48Et la liste peut être exhaustive.
28:49Vous êtes en train de toucher du doigt, voyez que cette émission est utile, vous êtes
28:55en train de toucher du doigt ce que je veux illustrer.
28:58Cette très grande organisation internationale a calculé ce que tout cela faisait perdre
29:07à la capacité de production du pays.
29:10Et ils ont trouvé des chiffres stupéfiants.
29:12En Allemagne, ça fait perdre un peu plus de 0,5%.
29:19En France, ça fait perdre 4%.
29:22Donc vous serez l'homme du dégraissage de ce mammouth-là ?
29:25Ce n'est pas un mammouth, c'est la somme de nos paresses.
29:29C'est la somme du laissé-aller et des logiques internes.
29:38La logique interne de ce genre de système, c'est la bureaucratisation continue.
29:44C'est que le président de la République fait très souvent, en tout cas dans les conversations
29:52que nous avons eues au travers du temps, il a très souvent été frappé par ceci.
29:59Quand il y a un drame, l'état est formidable.
30:03Si vous avez un cyclone, un tremblement de terre, l'incendie de Notre-Dame, une grande
30:10catastrophe, alors tout l'état se met en route pour être présent, efficace, attentif,
30:20empathique, partager les émotions et apporter des réponses immédiates.
30:25Et dans le reste du temps, l'action publique en général, parce qu'il n'y a pas que
30:33l'état national, il y a l'action locale aussi, cet état-là devient un frein, un enlisement.
30:40Les Français reconnaissent bien cet enlisement.
30:43Ce qu'on a laissé faire, parce que j'étais hier, je présidais le comité interministériel
30:51sur le handicap et j'ai reçu des témoignages que j'ai lus et ont été exprimés par
30:58les associations de handicapés, des témoignages désolants sur ce point-là.
31:03Quand vous avez un enfant en situation de handicap grave, le nombre de dossiers qu'il
31:11faut remplir, vous parlez comme c'est utile et intéressant d'obliger les parents à remplir
31:21des papiers interminables, simplement pour avoir droit à l'aide que le handicap de
31:27leur enfant leur ouvre.
31:28La bureaucratie, la technocratie, mais les chiffres sont têtus, M. le Premier ministre,
31:32permettez-moi plus de les citer.
31:33En 1960, notre défense faisait 5% du PIB et la dépense sociale, c'était 15%.
31:40Alors comment aujourd'hui on retrouve ce niveau de 5% avec une dépense sociale qui
31:45pèse deux fois plus ? C'est la quadrature du cercle, vous devez être très bon en arithmétique.
31:49C'est la quadrature du cercle et je vais vous dire quelque chose qui pour moi est évident.
31:56Si ça avait été fait par d'autres, je ne serais pas là.
31:58Vous savez bien que c'est au terme d'un long processus de difficultés et de chutes
32:06successives qu'on se retrouve là, mais je n'abdiquerai en rien notre responsabilité.
32:13C'est notre responsabilité de traiter ces questions-là aujourd'hui et ce matin, vendredi,
32:23vont m'être rendues les contributions que j'ai demandées à toutes les administrations
32:28centrales du pays.
32:30J'ai réuni tous les ministres et toutes leurs administrations avec une question simple,
32:36c'est de me dire ce que vous produisez, à quoi votre administration sert, quel est
32:43le service qu'elle rend aux Français et vous allez me l'expliquer en termes simples.
32:47Ça va prendre du temps tout ça ? Non, non, c'est ce matin, c'est fait.
32:51Il y a 15 jours que j'ai lancé ce mouvement-là, pour moi il est très important parce que sur
32:57chacune des missions, on va évaluer et je vais partager avec les Français la liste
33:05de ces missions et de ces difficultés et on va aller plus loin, vous parliez de ce
33:10grand problème de la simplification, je vais mettre les usagers en situation de décideur.
33:16Au lieu de laisser les usagers demander et l'administration d'accepter ou de refuser
33:24la plupart du temps les demandes qu'elles sont faites, on va inverser le processus.
33:27Ça ne veut pas dire qu'on va faire n'importe quoi, mais ça veut dire qu'au lieu d'avoir
33:34les citoyens en situation de sujet, d'obéir à un souverain, l'Etat qui décide et multiplie
33:43l'Etat, l'Union Européenne, qui décide et multiplie les obstacles et les exigences,
33:50on va faire le contraire.
33:51Une forme de décentralisation populaire.
33:53Les usagers vont être en droit de dire mais votre ligne 401 là, ça sert à quoi ? Je
34:01vais un tout petit peu plus loin et j'ai fini.
34:03Ça sert à quoi ? L'administration contrôle la totalité des déclarations des usagers.
34:10Ça prouve qu'ils ont tous les renseignements.
34:13Alors pourquoi on n'inverse pas le mouvement ? Au lieu de dire les usagers vont avoir à
34:20remplir, les usagers, les entreprises, les PME, les artisans vont avoir à remplir toutes
34:25ces paperasses dont ils ne se sortent pas et ils s'arrachent les cheveux parce que tout
34:29le monde n'a pas une direction administrative pour faire les choses à sa place, encore
34:35qu'on a pu grâce aux maisons France Service aider une partie des citoyens.
34:39Au lieu de mettre toute cette charge sur les épaules des usagers, on va inverser le mouvement.
34:49Pourquoi est-ce que ce n'est pas l'administration qui remplit les papiers et les usagers qui
34:53contrôlent ? Et cette idée-là, j'ai presque fini parce que tout ça est une chaîne.
34:59J'ai défendu pendant des années, dans des campagnes présidentielles qui ont eu plus
35:07ou moins de succès, parfois plus, parfois moins, j'ai défendu l'idée de la retenue
35:12à la source pour l'impôt sur le revenu.
35:14On me disait, ça n'est pas possible, c'est impossible, vous êtes un rêveur.
35:21Il y a même des gens très bien qui défendaient l'idée que ça n'était pas constitutionnel.
35:27Heureusement, le président de la République est arrivé, le gouvernement l'a fait,
35:35Darmanin était à ce moment-là ministre du budget, on l'a fait et il n'y a pas eu
35:42une ride à la surface du lac.
35:44François Bayrou, on est sur CNews et sur Europe 1.
35:46Permettez-moi de revenir à des questions extrêmement concrètes parce qu'elles intéressent
35:49nos auditeurs et téléspectateurs sur CNews et sur Europe 1.
35:52Comment allons-nous financer cet effort de réarmement ?
35:55Les ministres de l'économie comme celui des armées, M. Lombard et Lecornu, ont tous
35:59les deux évoqué une mobilisation volontaire de l'épargne des Français, une forme de
36:03placement patriotique.
36:05Qu'est-ce que ça veut dire exactement ?
36:06Ça fait partie des solutions, mais je ne suis pas venu pour vous dire que les solutions
36:10sont arrêtées.
36:11Je pense que le travail que nous avons à conduire va prendre des semaines, peut-être
36:19jusqu'à deux mois, pour redessiner la manière dont notre pays va mobiliser ses
36:28moyens au service de ces deux objectifs que j'ai définis devant vous, c'est-à-dire
36:33la défense d'un côté et, deuxièmement, la refondation de notre manière de vivre
36:40ensemble.
36:41Est-ce qu'on fait appel aux Français, M. le Premier ministre ? Un emprunt national ?
36:43C'est une possibilité.
36:45Faudrait-il, si on s'y décidait, et je vous dis que pour moi, sur ce point, la décision
36:54n'est pas du tout prise, vous connaissez mieux que personne la faiblesse de ce monde
37:01politico-médiatique.
37:02C'est vous les politiques.
37:05Oui.
37:06Et réciproquement, symétriquement, vous, vous êtes l'autre côté.
37:10C'est qu'on veut avoir les réponses avant d'avoir posé les questions.
37:14Vous êtes tellement pris, nous sommes tellement pris dans l'enchaînement des urgences,
37:23des prises d'antennes et des réseaux sociaux.
37:27Et donc, je dis, ce type de décision n'est pas prise.
37:31Nous allons les définir ensemble.
37:33Et il faut avoir du calme dans cette période.
37:35Le calme des élections.
37:36Parce que les Français ont besoin plus juvénile que vous ne croyez.
37:41Et donc, les Français ont besoin d'être assurés qu'il y a du sang-froid chez ceux
37:48à qui ils ont confié la responsabilité.
37:51Besoin d'être assurés, M. le Premier ministre.
37:53Pardonnez-moi, dans un monde de menaces, nous avons parlé de la menace russe.
37:56Il y a une autre menace sur notre propre sol, qui est la menace islamiste, terroriste islamiste.
38:01Dans la foulée de l'attaque islamiste de Mulhouse, vous avez annoncé, aux côtés
38:05du ministre de l'Intérieur, donner six semaines à l'Algérie pour reprendre leurs ressortissants
38:10les plus problématiques.
38:11Sinon, il y aura un réexamen des accords de 68.
38:14De son côté, Emmanuel Macron, depuis le Portugal, a nettement tempéré votre ultimatum.
38:19Certains disent que c'est un désaveu.
38:21Comment, M. le Premier ministre, et là, peut-être la question est davantage adressée au président
38:25de la République, mais vous allez y répondre, on peut se montrer comme Churchill face à
38:29Poutine et comme Chamberlain face à Théboune ?
38:32Oui, je ne partage pas ce genre de formule un peu désobligeante.
38:37Ce n'est pas du tout ça, la question.
38:39Le président de la République est dans son rôle parce que, constitutionnellement, le
38:43défenseur des traités, c'est lui.
38:45La responsabilité de défendre les traités, c'est la sienne.
38:48Qu'est-ce que nous disons, qu'est-ce que je dis comme responsable du gouvernement ?
38:53Je dis quelque chose d'assez simple.
38:55Nous avons, avec l'Algérie, des accords super privilégiés.
38:59Des accords qui dépendent de vous, M. le Premier ministre.
39:02Il n'y a pas d'autres qui ont été faits en 68, et en 68, je vous jure que j'avais d'autres.
39:07Il n'y a pas d'autres pays qui ont ces faveurs-là, et en particulier du Maghreb, je vous confie.
39:12Il n'y a pas d'autres pays dans le monde qui ont avec la France des accords aussi privilégiés
39:20que ceux que nous avons avec l'Algérie.
39:24L'histoire l'explique.
39:26Le drame que nous avons vécu ensemble, quelle que soit la situation de ceux qui le vivaient,
39:34il y a eu des blessures très importantes des deux côtés,
39:38et il y a beaucoup de nos compatriotes pour qui ceci est encore brûlant.
39:44N'est-il pas temps de tourner la page des deux côtés ?
39:46Oui, mais quand vous avez des blessures profondes, seul le temps peut vous permettre de tourner la page.
39:54Et il ne faut pas mépriser ou sous-estimer les blessures qui ont été le résultat de ce drame.
40:04Il ne faut pas ne plus les utiliser, peut-être, dans l'autre sens ?
40:07Oui, je partage exactement votre sentiment.
40:10Donc nous avons des accords super privilégiés.
40:14Des accords super privilégiés, ça signifie qu'on doit avoir du respect mutuel.
40:19Faut-il les revoir, les réviser, François Macron ?
40:21Et le respect mutuel, ça commence par le respect des accords.
40:26Avec compréhension, avec tact, avec une manière de parler.
40:31Pourquoi ? Parce qu'on a beaucoup de...
40:32Que de précautions. Monsieur le Premier ministre a pourtant d'humiliation de la France.
40:35Excusez-moi, excusez-moi.
40:38Je ne sous-estime pas ce que vivent intimement, dans notre peuple, des femmes, des hommes, des jeunes,
40:51qui sont liés par leur histoire à ce drame, quels que soient leurs liens.
40:57Je ne sous-estime rien de tout ça.
40:59Donc vous dites que de précautions.
41:02Oui, je pense à Boalem Sansal, en particulier.
41:05Oui, je pense à ce grand écrivain qui a 80 ans, qui est malade,
41:08qui est retenu dans les geôles algériennes, et c'est insupportable.
41:12Que faites-vous pour le faire libérer ?
41:14Je dis, nous avons des accords super privilégiés.
41:17Des accords super privilégiés, ça impose un vrai respect.
41:22Réciproque, dans les deux sens.
41:25Ça commence par le respect des accords.
41:27Mais il y a d'autres questions.
41:30Le gouvernement algérien a développé, contre la langue française,
41:36contre la culture française, des politiques extraordinairement agressives.
41:42Notamment dans les écoles privées algériennes.
41:45Est-ce que c'est normal pour des pays qui ont ensemble des accords super privilégiés ?
41:51Et ce n'est pas moi qui vais oublier que les gouvernants ont naturellement
41:57le souci du respect qu'on leur doit, de la manière dont on doit s'adresser à eux.
42:03Ce n'est pas du bras de fer que nous devons chercher.
42:06Mais nous devons chercher à préciser la portée des accords que nous avons
42:12et ce que ces accords signifient en termes de respect réciproque.
42:17C'est ça, ce que j'ai défendu, et c'est ce que je crois absolument nécessaire.
42:23Et je suis sûr, le président de la République, j'ai lu une déclaration de lui il y a trois jours,
42:27qui disait à peu près la même chose.
42:29À peu près, oui.
42:30Oui.
42:31Non mais j'entends ce que vous dites, à peu près, donc pas exactement.
42:34Bah oui, il est président de la République, je ne le suis pas.
42:37Lui c'est lui, moi c'est moi.
42:38Non, mais plus largement.
42:43Un certain nombre de gens aimeraient qu'il y ait une querelle, une guerre.
42:52C'est impossible, je ne laisserai pas faire ça.
42:55Parce que la situation du pays est trop grave pour qu'on se laisse aller
43:00à des attitudes nuisibles pour le pays.
43:07La situation exige que tous les responsables soient profondément solidaires entre eux.
43:13J'ai dit, il y a eu des temps de dépendance du gouvernement à l'égard du président de la République,
43:19souvent, il y a eu des temps d'affrontement, de cohabitation.
43:24Nous ne sommes ni en dépendance ni en cohabitation, nous sommes en co-responsabilité.
43:29C'est-à-dire que chacun dans son rôle, et les rôles ne sont pas les mêmes,
43:35le président de la République est élu au suffrage universel par tous les Français.
43:39Ce n'est pas le cas du chef du gouvernement.
43:42Mais nous avons chacun notre responsabilité.
43:45Je remplirai cette responsabilité.
43:47Merci beaucoup François Bayrou d'être venu ce jour.
43:51C'est l'habitude de travailler le soir qui me fait parler ainsi.
43:54C'est un plaisir de vous accueillir le matin.
43:56Merci à vous Sonia Mabrouk, merci Monsieur le Premier ministre.
44:00Pascal Praud, pour l'heure des pros, bonne journée à vous.

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