Le 15 octobre dernier, une jeune femme est morte d'une méningite aiguë. Malgré de nombreux appels au Samu, ses symptômes n'ont pas été pris au sérieux par l'opérateur. Une plainte a été déposée et une enquête ouverte. Une affaire qui n'est pas sans rappeler celle de Naomi Musenga, morte le 29 décembre 2017 après que son appel au Samu soit ignoré par une opératrice du service de secours
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00:00Elle m'appelle du coup vers 14h et en fait, je pense qu'elle était déjà en train d'avoir assez peur et elle me décrit qu'elle a vomi toute la nuit
00:07et qu'elle a vraiment des grosses courbatures au corps qu'elle n'a jamais eues.
00:11Et en fait, elle me demande de lui ramener des fruits pour qu'elle puisse un petit peu se nourrir parce qu'il n'y a rien qui passe
00:16et de lui prendre un médicament contre les courbatures.
00:19Vous, vous allez l'avoir ?
00:21Oui, de là le temps de partir de la maison, d'aller à la pharmacie et à une épicerie.
00:26J'arrive chez elle vers 15h11 et quand je vois son état à 15h15, je décide d'appeler une première fois le SAMU.
00:35Qu'est-ce que vous dites au SAMU et qu'est-ce que vous dit le SAMU ?
00:38Alors du coup, j'explique moi calmement au SAMU son état, qu'elle ne peut plus bouger, qu'elle a vomi toute la nuit et qu'elle est asthmatique et qu'elle a du mal à respirer.
00:50De là, à un moment donné, il me demande de passer le téléphone à mon amie vu qu'elle pouvait quand même parler, mais elle était en grande souffrance.
00:56Donc elle explique aussi ses symptômes et elle leur dit qu'elle a besoin de morphine parce qu'elle souffre vraiment énormément.
01:03Et de là, le médecin lui répond, calmez-vous madame, calmez-vous, ça va aller, mais d'un ton très méprisant.
01:12Donc assez rapidement, je reprends le téléphone parce que pour moi, elle est dans un état qui fait qu'elle ne peut pas réellement expliquer sa souffrance.
01:20Donc je demande s'il peut y avoir quelqu'un qui peut venir la chercher parce qu'ils me disent d'aller chez SOS médecin, mais en fait, elle ne pouvait plus bouger.
01:27Elle n'arrivait plus à marcher parce qu'elle commençait déjà à ne plus sentir ses pieds, ses membres inférieurs.
01:32Donc il essaye de trouver un médecin ou une ambulance, etc. Et il n'y a personne. Donc il me donne une adresse et il me dit d'aller là-bas malgré lui avoir dit que je n'étais pas véhiculée.
01:42Et que du coup, je ne pouvais pas la déplacer seule et qu'elle ne pouvait plus sortir du lit.
01:47– Ça, c'était le premier appel. Juste après, l'état de votre amie va empirer ?
01:52– Oui. Entre-temps, elle va empirer et puis elle va me donner des informations supplémentaires.
01:57Elle m'avoue qu'avant que j'arrive, elle s'est évanouie. Donc de là, j'appelle un autre ami à côté qui n'est pas véhiculé pour qu'il vienne m'aider dans cette situation
02:07parce qu'on ne sait pas forcément ce qui se passe et comment réagir. Et puis dans nos têtes, on ne s'est jamais dit qu'elle allait décéder.
02:15Pour nous, c'était incohérent que ça se passe. Donc quand il arrive, son état s'est dégradé.
02:20En fait, elle commence à nous dire qu'elle ne sent plus du tout ses membres inférieurs et que sa main est extrêmement dure et qu'elle ne peut plus plier la main.
02:26Donc j'appelle les pompiers, cette fois en me disant que le SAMU n'a pas pu se déplacer. Je vais voir avec les pompiers qui, du coup, me disent qu'ils ne peuvent rien faire
02:33et qu'ils me retransmettent directement au SAMU. Donc de là, je réexplique toute la situation. Je dis qu'il y a des symptômes en plus qui sont arrivés.
02:42Ils me posent des questions pour savoir si elle a dans ses seines du sang. Donc mon ami me répond que oui. Il nous demande quelle couleur c'est.
02:50Elle me dit que c'était vraiment du sang rouge rouge. De là, il me demande encore une fois de passer le téléphone à mon ami.
02:56Et en fait, elle lui dit qu'elle ne sent plus du tout sa main, qu'elle ne peut plus bouger ses jambes, qu'elle a le corps qui la brûle.
03:05Elle nous a aussi dit ça, qu'elle a le corps qui est en train de la brûler de l'intérieur. Et le SAMU lui dit, passez votre main sous l'eau chaude, prenez une douche et ça va aller.
03:14Donc de là, on n'a pas forcément plus d'informations. Il y a aussi le premier médecin qui nous a dit qu'elle devait boire de l'eau avec du sucre.
03:21Bien évidemment, on a tout écouté. On a fait tout ce qu'il nous disait. Ensuite, cet appel se termine. Donc on décide de la mettre dans la douche.
03:29À ce moment-là, elle n'a pas de tâches. On va faire chauffer de l'eau pour pouvoir lui verser de l'eau assez chaude. Et de là, quand on revient, les tâches sont apparues.
03:39Là, les tâches sont apparues, mais d'un coup. Quand on l'a déplacée, elle n'en avait pas. En tout cas, on ne les a pas du tout relevées.
03:46Et vu les tâches qu'il y avait, je pense qu'on les aurait vues. Et à partir de là, je rappelle mon ami en lui disant, écoute, il faut vraiment que tu viennes en urgence.
03:54Là, il faut qu'on l'amène à l'hôpital. Il n'y a pas de SAMU, il n'y a plus de médecin. Là, on va se débrouiller seul parce qu'on ne nous aide pas.
04:00Mais du coup, il faut y aller quand même assez rapidement parce que la situation est inquiétante. Et du coup, à ce moment-là, il arrive le plus rapidement possible parce qu'il était au travail.
04:09Et du coup, il la transporte du mieux qu'il peut parce qu'elle ne peut vraiment plus bouger. En fait, elle lâche les pieds. Tout le corps qui est rigide, qui est très dur.
04:18Et on la transporte du coup dans la voiture. Et en fait, deux minutes avant qu'on arrive à l'hôpital, elle décède dans la voiture.
04:26– Elle est décédée dans la voiture avant d'arriver à l'hôpital ? – Avant d'arriver à l'hôpital. À deux minutes près.
04:33Et elle nous a décrit, en fait, comment elle partait dans la voiture. Donc c'était assez… Pour nous, à aucun moment, on ne s'est dit ça.
04:39Donc ça a été assez paniquant. Mon ami roulait très vite parce que l'urgence commençait à être vitale. Un autre ami essayait de lui faire un massage cardiaque.
04:48Moi, je vous avoue, à ce moment-là, je suis partie en crise de panique. Donc je ne pourrais pas forcément plus vous détailler ce qui s'est passé.
04:55C'était tellement dur de voir ça que j'ai juste été en crise. Donc dans la voiture, j'ai rappelé le chamu, qui m'ont répondu quand je suis sortie de la voiture
05:05pour courir vers l'hôpital pour aller prévenir de notre arrivée. Et je sais que là, à ce moment-là, je n'ai pas forcément été douce avec le chamu.
05:12J'étais très en colère. Mais je ne sais plus vraiment ce que je leur ai dit parce que j'étais en état de crise, en fait.
05:17Ce qu'on peut évidemment comprendre. Vous parliez tout à l'heure du ton qu'employaient les personnes que vous avez eues au téléphone quand vous avez appelé le 15 et le 18.
05:28Vous avez le sentiment que jamais on ne vous a... Je ne sais pas comment dire ça, mais on vous a pris au sérieux ?
05:34Oui. En fait, j'avais l'impression de les déranger, que vraiment c'était très méprisant leur manière...
05:42En tout cas, on ressentit que j'avais... C'était méprisant et qu'on ne croyait pas comme si ce qu'on disait, en fait, ce n'était pas grave.
05:49Et même nous, on a voulu faire confiance à ce qu'ils nous disaient parce que l'objectif, c'est quand même le personnel médical.
05:54Ils peuvent savoir ce qui se passe. Nous, en soi, on n'en sait rien. Donc on a voulu les croire et les écouter et prendre tous les conseils qu'ils nous donnaient.
06:01Mais c'est vrai que ce sont des conseils assez bêtes et très... On les dérange. Il y avait vraiment ce sentiment de dérangement.
06:09Vous leur avez dit ça ?
06:11Non. Moi, mon objectif, c'était de rester le plus calme possible et d'expliquer la situation étape après étape pour que ce soit entendu.
06:18Vu qu'elle n'était pas en capacité d'être calme, ce qui est normal, moi, mon objectif était de rester calme et de ne pas forcément aller en plus dans ce jugement
06:26puisque l'objectif, c'était qu'elle soit prise en charge. Et rentrer en guéguerre n'était pas non plus intelligent sur le moment pour moi.
06:32Oui, bien sûr. La question est terrible, mais est-ce que vous avez le sentiment que si la prise en charge s'était faite plus tôt, votre amie aurait pu être sauvée ?
06:40Oui, elle aurait pu être sauvée. Si à 15h15, elle avait été prise en charge, elle aurait pu être sauvée.