• il y a 7 mois
Comment une campagne de désinformation financée par l'industrie pétrolière a noyauté la mobilisation pour lutter contre le changement climatique. Menée principalement aux États-Unis, une enquête danoise implacable.

En 1988, l'universitaire et chercheur James E. Hansen alerte le Sénat américain : pour lui, il est indéniable qu’il existe un lien entre l’effet de serre et le changement climatique. Convaincus, les responsables politiques sont déterminés à agir pour réduire les émissions de CO2. Trois décennies plus tard, ce combat a peu avancé. Que s’est-il passé ? Financés par des compagnies pétrolières comme Exxon Mobil, via des think tanks américains, des pseudo-experts, cornaqués par une poignée de scientifiques aux motivations suspectes, ont méthodiquement semé le doute sur ce qui faisait l’objet d’un consensus scientifique. Un travail de sape servi sur un plateau (télévisé) face à des journalistes complaisants ou mal informés. Invités à débattre, des pros de la communication aux formules chocs pulvérisent les arguments de chercheurs décontenancés face à une avalanche de contre-vérités.

Sabotage

Cette enquête danoise, qui emprunte les codes des séries criminelles, remonte le fil de cette escroquerie intellectuelle en interrogeant, notamment, ces lobbyistes américains – dont certains ont effectué par le passé la même besogne d'"enfumage" pour les géants du tabac. Défilent à l'écran Jerry Taylor, qui a cessé d'opérer pour l'industrie, et en dévoile les pratiques, l'ex-VRP Marc Morano, à l'impressionnant débit de mitraillette (fort utile pour coller au court format cathodique), ou le retors Myron Ebell, qui fut le conseiller climat de Donald Trump. Professeure à Harvard, Naomi Oreskes raconte, elle, comment, en 2004, un article démontrant le consensus scientifique autour de l'influence des activités humaines sur le réchauffement climatique lui a valu pressions, mails haineux et menaces du lobby climatosceptique. Le documentaire démonte les liens opaques entre les groupes pétroliers et les think tanks, et souligne les conflits d'intérêts qui minent les grandes universités américaines, financées en partie par des fonds privés venant de ces mêmes compagnies. Aujourd'hui, celles-ci prétendent soutenir le combat environnemental. Mais l'extraction d'énergies fossiles représente toujours en moyenne 95 % de leurs investissements… L'histoire, solidement argumentée, d'une occasion manquée, ou plutôt sabotée.

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Personnes

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