Des humains vivaient-ils sur l’entièreté du territoire de l’Afrique australe au Paléolithique ? Dans le cadre du projet "Human Origins", un archéologue et un spéléologue mènent l’enquête au coeur des entrailles de la Terre.
Il y a trois millions d’années, les premiers hommes posaient le pied sur le continent africain. Aujourd’hui, deux bassins abritant des vestiges des australopithèques ont été découverts : en Éthiopie, le long de la vallée du Grand Rift – avec le squelette de la célèbre Lucy –, et la grotte de Sterkfontein, au nord-ouest de Johannesburg, en Afrique du Sud – avec, notamment, Little Foot, le fossile le plus ancien et le plus complet jamais observé. Longtemps, la communauté scientifique a pensé que ces anciens hominidés résidaient dans un berceau unique au périmètre restreint. : une thèse désormais réfutée. Pour le projet Human Origin, une équipe internationale de chercheurs se met alors en quête des premiers fossiles d’australopithèques en Afrique australe (hors Afrique du Sud).
Quête fondamentale
Où, précisément, les premiers hommes sont-ils apparus ? C’est la question à laquelle l’archéologue Laurent Bruxelles, de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), et le spéléonaute Frédéric Swierczynski s'emploient à répondre. Grâce aux compétences hors normes de ce dernier, capable de plonger à plus de 250 mètres de profondeur, les deux scientifiques sondent, de la Namibie au Botswana en passant par le Malawi, les gouffres les plus dangereux du monde à la recherche de brèches, ces "amas de matières minérales qui agissent comme un ciment naturel et protègent les fossiles de l'érosion", précise Laurent Bruxelles. Suivis par la caméra d’Anthony Binst, les chercheurs explorent ainsi les entrailles de la Terre pour percer les secrets qu’elles recèlent. Au fil de leur expédition spectaculaire, une quête fondamentale pour notre connaissance des origines du genre humain.
Il y a trois millions d’années, les premiers hommes posaient le pied sur le continent africain. Aujourd’hui, deux bassins abritant des vestiges des australopithèques ont été découverts : en Éthiopie, le long de la vallée du Grand Rift – avec le squelette de la célèbre Lucy –, et la grotte de Sterkfontein, au nord-ouest de Johannesburg, en Afrique du Sud – avec, notamment, Little Foot, le fossile le plus ancien et le plus complet jamais observé. Longtemps, la communauté scientifique a pensé que ces anciens hominidés résidaient dans un berceau unique au périmètre restreint. : une thèse désormais réfutée. Pour le projet Human Origin, une équipe internationale de chercheurs se met alors en quête des premiers fossiles d’australopithèques en Afrique australe (hors Afrique du Sud).
Quête fondamentale
Où, précisément, les premiers hommes sont-ils apparus ? C’est la question à laquelle l’archéologue Laurent Bruxelles, de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), et le spéléonaute Frédéric Swierczynski s'emploient à répondre. Grâce aux compétences hors normes de ce dernier, capable de plonger à plus de 250 mètres de profondeur, les deux scientifiques sondent, de la Namibie au Botswana en passant par le Malawi, les gouffres les plus dangereux du monde à la recherche de brèches, ces "amas de matières minérales qui agissent comme un ciment naturel et protègent les fossiles de l'érosion", précise Laurent Bruxelles. Suivis par la caméra d’Anthony Binst, les chercheurs explorent ainsi les entrailles de la Terre pour percer les secrets qu’elles recèlent. Au fil de leur expédition spectaculaire, une quête fondamentale pour notre connaissance des origines du genre humain.
Category
✨
PersonnesTranscription
00:00 Le genre humain est apparu en Afrique il y a plus de 2 millions d'années.
00:07 Depuis des décennies, les scientifiques cherchent et étudient les vestiges des premiers hommes
00:22 afin de reconstituer l'histoire de notre évolution.
00:27 Mais une grande question demeure.
00:31 Où nos ancêtres ont-ils précisément émergé sur cet immense continent ?
00:37 Aujourd'hui, l'idée d'un berceau unique dans un périmètre restreint s'éloigne.
00:43 C'est dorénavant, à l'échelle de toute l'Afrique, qu'il faut chercher nos origines,
00:49 en suivant les traces laissées par les anciens.
00:53 Les Australopithèques.
00:57 Un seul morceau d'Australopithèque, une dent, un fémur, une mandibule, peu importe,
01:02 que ce soit au Botswana, en Namibie, au Malawi,
01:05 et on peut prouver que les Australopithèques sont bien placés par ici.
01:09 Une équipe de chercheurs de haut niveau, composée notamment d'archéologues et de paléontologues,
01:14 et menée par le chercheur Laurent Bruxelles, s'est donnée pour objectif de trouver
01:18 ces fossiles anciens, y compris dans des pays où on n'en a encore jamais retrouvé.
01:23 C'est le projet Human Origins.
01:26 Année après année, ces spécialistes passent au peigne fin des régions entières,
01:31 au fil d'expéditions exceptionnelles et parfois périlleuses, au sud et à l'est de l'Afrique.
01:38 Pour sa nouvelle exploration, Laurent en a fait un premier tour.
01:43 Il a fait une première visite à l'île de l'Astralopithèque,
01:48 à l'est de l'Afrique.
01:51 Pour sa nouvelle exploration, Laurent embarque avec lui un spéléologue exceptionnel,
01:57 Frédéric Zierzynski, un homme poisson capable de plonger à plus de 250 mètres
02:03 dans les gouffres les plus dangereux du monde.
02:07 Un atout majeur pour l'équipe, qui voyage après voyage,
02:11 sur le continent africain.
02:14 Avant d'entamer leur mission en Namibie, Laurent Bruxelles conduit Frédéric Zierzynski en Afrique du Sud.
02:34 Avec la vallée du Grand Rift bien plus au nord, c'est ici, non loin de Johannesbourg,
02:40 qu'a été découverte une grande partie des fossiles d'Astralopithèque connus à ce jour.
02:45 "Là on est dans la pelle période où il y a de l'eau, il pleut en ce moment."
02:48 Cela fait une vingtaine d'années que Laurent Bruxelles sillonne et analyse ces paysages.
02:53 "C'est très vert, c'est beau là, tous ces bosquets. En plus, chacun de ces bosquets cache une grotte."
03:06 "Un tiers de tous les fossiles d'hominines, justement de nos ancêtres, sont concentrés ici dans cette petite surface."
03:12 "Et en plus, ça couvre une période clé entre -4 et -1 millions d'années, justement la période où nous en apparaît."
03:18 "Tu me parles d'hominines, des blocs, parce que je ne suis pas spécialiste."
03:21 "Hominines, c'est vrai que c'est un terme, en fait ça regroupe l'homme et ses ancêtres directs."
03:27 "Donc on va avoir les Astralopithèques, on en a beaucoup ici, qui vont ensuite donner naissance aux Paranthropes,
03:32 qui étaient des hominines massifs mais qui ont disparu, et de l'autre côté qui vont donner naissance au genre homo, notre genre."
03:39 "Donc ça veut dire qu'on a là sous les yeux, non seulement tous les sites qui permettent de documenter l'apparition de notre genre,
03:46 mais aussi les paysages qui vont avec."
03:48 "Nous, aux géomorphologues, on sait lire les paysages, et donc on va partir dans d'autres contextes, mais avec ces repères clés."
03:56 "Donc tu utilises les protocoles expérimentés ici pour les autres pays."
04:00 "Voilà, on les a définis ici, et maintenant ça nous sert de cible ailleurs."
04:04 Sa méthode, repérer des paysages identiques à celui-ci, à l'évolution très lente, typique des hauts plateaux du continent africain,
04:13 est ponctuée de mini-collines et de dépressions fermées, spécifiques des régions calcaires.
04:19 C'est ce type de paysages qui abritent généralement des grottes.
04:23 Et ce sont ces grottes que Laurent cherche à découvrir depuis des années, et dans plusieurs pays,
04:28 car elles sont susceptibles de conserver des traces humaines très anciennes.
04:32 "C'est un vrai labyrinthe, ça part dans tous les sens, tous les 15 mètres, t'as des galeries qui se croisent."
04:38 "Moi je trouve qu'il y a du caractère dans cette grotte, complètement."
04:42 "Par contre c'est vide."
04:44 "Bah oui c'est vide. Là en fait si c'est encore dans cet état-là, c'est parce que ça n'a pas de connexion avec la surface, tu vois, y'a pas d'entrée."
04:50 "Le jour où la voûte s'effondre, et bien t'as des cailloux, t'as de la terre, et évidemment des animaux qui vont tomber dedans,
04:56 et qui vont remplir entièrement la grotte, comme un sablier."
04:59 "C'est le principe des sites autour de nous."
05:01 "De tous les sites autour de nous, donc ça c'est un piège à fossiles, c'est le site fossilifère du futur."
05:07 "C'est un vide qui attend d'être connecté à la surface pour absorber tout ce qui tombera dans la grotte."
05:12 "Ça sera pour nos restes maintenant."
05:14 "Oui, c'est à nous de devenir fossiles."
05:16 Un peu plus loin, une formation caractéristique révèle ce processus de piégeage au fil des années.
05:25 "Ah ben voilà, tu vois, on voit parfaitement ici la forme, on a cette accumulation de cailloux, de terre, d'ossements qui sont tombés depuis la surface,
05:34 qui se sont accumulés pierre par pierre, et qui ont formé ce tas.
05:38 Et on voit très très bien la forme ici en talus, on dirait qu'on est à la base d'un sablier,
05:42 où pareil, où chaque grain de sable s'est récumulé l'un après l'autre jusqu'à former cette forme à Hong Kong."
05:47 "Donc on est sur ce qui est tombé depuis la surface."
05:50 "Depuis la surface, donc ça, ça montre qu'on a une connexion avec la surface."
05:53 "Regarde, si je mets ma lumière, hop, là-haut, tu vois qu'il y a un orifice là-bas derrière, et bien ça c'est l'ancienne entrée."
06:00 "D'accord."
06:01 Les grottes, lorsqu'elles sont ouvertes sur l'extérieur, constituent de véritables pièges.
06:09 Des animaux, des cailloux, des débris végétaux et même des hommes tombent accidentellement dedans au fil du temps.
06:17 L'eau qui ruisselle transporte un minéral, la calcite.
06:21 La calcite permet non seulement de former l'estalactite, mais aussi de forger un véritable ciment protecteur.
06:28 Ainsi, les ossements piégés par le gouffre sont progressivement ensevelis et scellés dans cette gangue qu'on appelle la brèche.
06:37 Un terme trompeur, qui ne définit pas une ouverture, mais bien la roche qui se forme au fil des millions d'années par l'accumulation de ce ciment naturel.
06:47 "C'est un peu comme un ciment, mais c'est un ciment qui est un peu plus puissant, un peu plus puissant que le ciment naturel."
06:53 "C'est un peu comme un ciment, mais c'est un ciment qui est un peu plus puissant, un peu plus puissant que le ciment naturel."
06:59 "C'est un peu comme un ciment, mais c'est un ciment qui est un peu plus puissant, un peu plus puissant que le ciment naturel."
07:04 "C'est un peu comme un ciment, mais c'est un ciment qui est un peu plus puissant, un peu plus puissant que le ciment naturel."
07:09 "C'est un peu comme un ciment, mais c'est un ciment qui est un peu plus puissant, un peu plus puissant que le ciment naturel."
07:12 "C'est un lieu presque sacré, en tout cas historiquement, au point de vue scientifique, c'est un lieu majeur."
07:17 "C'est sa dernière demeure."
07:19 "Plus exactement, son avant-dernière demeure, puisque depuis il a été extrait, il est à l'université de Johannesburg."
07:24 "Mais tu vas voir le lieu où il a passé 3,7 millions d'années."
07:35 C'est ici qu'en 1994, un squelette entier d'Australopithèque, baptisé Little Foot, a été retrouvé.
07:44 C'est Laurent qui, en 2015, a permis de dater précisément ce fossile qu'on croyait plus récent.
07:50 Dominic Stratford, le directeur des fouilles du site de Sterkfontein, les attend dans ce lieu devenu mythique.
07:57 "Bonjour Dominic."
07:59 "Comment vas-tu ?"
08:00 "Je vais très bien, ça fait plaisir de te voir."
08:02 "Ça fait longtemps, ça fait longtemps."
08:03 "Oui, ça fait longtemps."
08:04 "Fred."
08:05 "Bonjour Frédéric, ravi de vous rencontrer."
08:06 "Expert en plongée spéléo."
08:08 "Fantastique, bienvenue dans la grotte de Sterkfontein."
08:11 "Bienvenue à Silver Grotto, bienvenue à Laurent."
08:14 "Je suis très content d'être là."
08:16 "Nous voici dans la partie orientale de Silver Grotto, l'un des gisements les plus profonds de Sterkfontein."
08:24 "Où nous avons trouvé Little Foot."
08:28 "Little Foot est l'Australopithèque le plus complet jamais découvert."
08:32 "Et le plus ancien d'Afrique australe, âgé de 3,67 millions d'années."
08:37 "C'est grâce au travail de Laurent et à celui des équipes que l'on a pu repousser son âge jusqu'à 3,67 millions d'années."
08:45 "Nous nous trouvons ici sous l'entrée."
08:50 "Il s'agit d'une ouverture très haute dans le plafond, à environ 30 mètres de l'endroit où nous nous trouvons."
08:58 "Little Foot est tombée sur ce cône de débris."
09:03 "Elle est ensuite morte, ou s'est brisée suffisamment d'os pour mourir rapidement."
09:09 "Puis elle a été enterrée progressivement par de plus en plus de saleté, de morceaux d'os et d'autres roches."
09:16 "Pendant des millions d'années, jusqu'à ce qu'elle soit découverte par le Professeur Clark en 1997."
09:24 C'est le dynamitage du sous-sol par des mineurs qui a permis d'accéder à cette couche de brèche où un squelette entier d'Australopithèque a été découvert.
09:33 "C'est complètement ce que tu me disais, c'est en fait ce cône, c'est ce sablier."
09:38 "C'est ça, t'es sous une entrée, donc on est encore sous un sablier, si ce n'est qu'ici, il n'a pas arrêté de croître comme celui qu'on a vu avant, parce que l'entrée est restée ouverte."
09:45 "Et la grotte s'est entièrement bouchée petit à petit, donc on est dans le sablier là."
09:49 "Et donc là on a plusieurs dizaines de mètres d'épaisseur de brèche avec des fossiles à l'intérieur."
09:54 "Mais tu peux imaginer aussi que c'est le Graal, jamais personne n'aurait pensé qu'on puisse un jour trouver un Australopithèque en connexion."
10:02 "C'est-à-dire que les os encore associés, ils complaient à 95%, puisqu'en général il se passe tellement de choses qu'on perd la moitié des os, voire plus."
10:10 "Et là il était là, il gisait, et il a attendu pendant 3,7 millions d'années."
10:13 "Va falloir être bon pour trouver quelque chose à la hauteur du Little Foot."
10:17 "C'est certes, mais bon on aime bien les défis assez hauts, on a du temps, on a des compétences."
10:21 "Il y a des territoires immenses."
10:23 "Il y a des territoires immenses, et moi je suis sûr que ça y est, et puis tout d'un coup on n'est pas obligé de trouver tout de suite un Australopithèque complet."
10:28 "Une seule dent, un seul os, et ça répond à la question des berceaux d'humanité, et de l'hypothèse, de l'idée que ça se passe à l'échelle de la fréquentière."
10:36 Little Foot reste un cas exceptionnel.
10:42 Laurent n'imagine pas retrouver de squelettes aussi bien préservées, mais il espère découvrir des ossements d'Australopithèques dans un autre pays,
10:50 quelque part entre le sud du continent et la vallée du Grand Rift.
10:55 Cet immense territoire, qu'on appelle l'Afrique australe, comprend notamment le Malawi, le Mozambique, le Botswana et la Namibie.
11:09 Maintenant que Frédéric est initié, c'est justement dans ce dernier pays que l'expédition va démarrer.
11:15 A 1200 kilomètres au nord de Sterkfontein, la Namibie couvre un immense territoire, très peu peuplé.
11:22 Là-bas, les paysages ont évolué lentement, et leur géologie, comparable à celle de l'Afrique du Sud, abrite de nombreuses grottes.
11:31 Laurent et son équipe y ont déjà repéré quelques cavités susceptibles d'abriter de la brèche,
11:37 qui pourrait avoir préservé des fossiles très anciens pendant des millions d'années.
11:42 Ils doivent évaluer ces sites et ne fouiller que les plus prometteurs.
11:46 Cette quête s'apparente à chercher une aiguille dans une meule de foin.
11:50 "Là c'est pas mal, t'as ton descendeur qui est prêt ?"
11:52 "Ouais, regarde, je peux l'ouvrir."
11:54 "D'accord, ça roule. Alors remonte un peu. L'idée c'est que tu vas positionner ton descendeur."
11:58 Entre Namibie et Botswana, ils retrouvent deux chercheurs, membres de l'équipe d'exploration de Laurent depuis de nombreuses années.
12:06 "Oh bah ils arrivent."
12:08 "Impeccable."
12:09 "Voilà, tu les fais ça."
12:10 "Salut ! Ouais très bien."
12:12 "On se met sur les cornes ?"
12:13 "Ouais ouais, on se révisait deux trois trucs."
12:15 "Ça c'est bien. Et vous, l'Afrique du Sud, ça a été ?"
12:17 "C'était, ouais, vraiment, on a vu de belles choses. Le cadre est posé."
12:21 "Donc je vous présente Frédéric Zarzinski, plongeur spéléologue."
12:25 "Une des rares personnes au monde qui est capable de plonger plusieurs centaines de mètres sous l'eau et sous terre."
12:30 "Donc il va nous permettre de voir des choses que personne d'autre peut voir."
12:33 "Ouais, super."
12:35 "Grégory Dandurand, spéléologue, kerstologue. Donc lui, tout ce que tu vas voir, il va t'aider à le comprendre et à l'interpréter que ce soit sur l'eau ou sous l'eau."
12:43 "On pourra échanger des infos."
12:45 "Et, parfaitement complémentaire, Jean-Baptiste Freuvel qui lui est paléontologue, qui sait donc déterminer n'importe quel animal à partir de n'importe quel bout d'os."
12:53 "Donc ça veut dire que là, il y a une équipe qui est capable de déchiffrer quand même pas mal de choses."
12:57 "Donc l'idéal, c'est que Fred, toi, tu pourrais aller avec Grég."
13:01 "Comme ça, tu plonges, vous pouvez interpréter ce que vous allez voir en forme entre la surface et sous terre."
13:05 "Ok."
13:06 "Donc dans ce cas, ce serait irascible."
13:08 "D'accord, on fait irascible."
13:09 "Ouais, et nous, on part à Waksou, et ce soir, on se retrouve et on rediscute de tout ça, comme ça, on baise d'ici tous les quatre de l'ensemble des informations."
13:16 "D'accord."
13:17 "Ok."
13:18 "Moi, j'ai pas mal de matériel à préparer."
13:19 "Allez, c'est parti."
13:20 "A ce soir."
13:21 "A ce soir."
13:22 "Bon courage."
13:23 La grotte d'Arasib, que Frédéric et Grégory s'apprêtent à examiner, a été identifiée lors d'une précédente campagne par l'équipe de Laurent.
13:38 Les géologues et autres paléontologues n'avaient pas pu en évaluer le potentiel, parce qu'elle se trouve en grande partie inondée.
13:48 Les compétences de Frédéric sont particulièrement utiles pour permettre aux chercheurs de progresser dans leur connaissance de cette cavité.
13:55 "Là, on va balancer 70 kW à peu près."
13:59 "D'accord."
14:00 "Donc c'est bien sécurisé, vu que la limite, c'est à peu près 100 kW par charge. On est juste comme il faut, là."
14:05 "On va le faire en combien de fois, là, du coup ?"
14:07 "Je pense qu'en trois fois, c'est bon."
14:08 "D'accord."
14:09 "Hop !"
14:10 "Et là, d'épauler jusqu'au sol, il y a 120 mètres."
14:13 "Là, y a rien qui s'accroche, on est bien ?"
14:16 "On est bon."
14:17 "Parfait."
14:18 "Ok."
14:21 "Allez, c'est parti, il descend, là."
14:31 "Attention, là, tu touches des branches."
14:35 "Ah, c'est bon, ça passe."
14:37 "Comment t'expliquer que les bouteilles à 300 bars, là, s'il y a le robinet qui touche, on risque de la voir remonter. Tu te pousses si tu vois remonter la bouteille."
14:45 "Ouais."
14:47 "C'est la partie délicate de la plongée sous terre, quoi."
14:50 "Je te suis."
15:11 "Alors, nous, on est sur la corde, mais t'as vu, y a une vieille échelle, là."
15:13 "Tout est forgé."
15:14 "Ouais, ouais."
15:15 "J'sais pas si de nos jours, je me ferais moins la montée, la descente, là-dessus, quoi."
15:18 "Ouais, c'était quoi, c'était les Allemands qui avaient installé ça, là ?"
15:20 "Ouais, y a une vieille pompe en haut, là."
15:22 "Pour aller chercher la flotte en bas."
15:23 "Ils ont tout transporté à dos d'homme, parce qu'ici, ils utilisent pas trop les chevaux, tu vois."
15:27 Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle, la Namibie était une colonie allemande.
15:33 Certaines infrastructures, comme ici, datent de cette époque.
15:37 Les Allemands avaient notamment installé cette échelle pour descendre puiser de l'eau potable dans cette immense cavité, en grande partie immergée.
15:45 "Faut que tu fasses un peu gaffe, là, parce que là, y a le P70."
15:47 "Oui, ouah ! Superbe."
15:50 "Là, on est plein pot jusqu'au lac, là."
15:52 "Ouais."
15:53 "Et du coup, là, ça te fait quoi d'aller plonger dans cette eau, là ?"
15:58 "C'est complètement fou, quoi, c'est vraiment un vieux rêve, là."
16:00 "C'est incroyable, hein. Pénétrer sous terre pour ensuite aller plonger."
16:05 "Ouais, puis c'est dire que t'as plus de sous que de sud, là."
16:08 "Oui, oui, oui."
16:09 "En fait, la hauteur en mer, elle est vraiment infime par rapport à la hauteur dans l'eau, quoi."
16:13 "Ah ouais."
16:14 "C'est complètement fou, hein."
16:16 "Bon, on y va, là, quoi."
16:17 "Allez, vas-y."
16:18 "Celui qui te regarde descendre te salue."
16:32 "Regarde-moi, Michel, t'es incroyable."
16:35 "OK !"
16:43 "Allez, je te rejoins."
16:48 "Voilà."
16:51 "Oh là là, c'est mieux."
16:53 "Oh là, quand je regarde en bas, là, tu es tout petit."
16:59 "C'est une ambiance de bout du monde."
17:02 "Ça ressemble un peu à ce que t'imagines quand tu lis tes premiers bouquins gamins de Jules Verne, quoi."
17:07 "Ouais, c'est exactement ça."
17:09 "Hop."
17:11 "Bon, là, on arrive dans le monde d'Aumène."
17:18 "Hop là."
17:20 "Alors, ça, c'est phénoménal, hein."
17:24 "Est-ce que t'as déjà vu dans ta vie une eau au cinclé ?"
17:26 "Non, non, ça n'existe pas, en fait."
17:28 "C'est incroyable."
17:29 "Le phare, il se perd, c'est incroyable."
17:31 "C'est complètement fou, les parois, elles sont vertigineuses, c'est vertical."
17:35 "Donc l'idée pour nous, tu fais, c'est de voir non seulement les formes,
17:42 et aussi si tu vois de la brèche."
17:44 "Parce qu'on est archéo, on est spéléo, on est archéologue,
17:47 on est scientifique, on est biologique, on est technologue,
17:50 mais tu vois de la brèche, parce qu'on est archéo, on est spéléo, on est géologue."
17:54 "Donc nous, on connaît les grottes."
17:56 "Mais la question pour nous, c'est de savoir si notre modèle y tient."
17:59 "C'est-à-dire, est-ce que ces grottes, elles ont fonctionné comme des pièges,
18:02 des pièges à Australopithèque, notamment,
18:04 et c'est-à-dire, est-ce que c'est venu capturé, collecté depuis la surface,
18:09 toute la faune, l'environnement..."
18:10 "Il faut vraiment que je fouille sur l'ensemble des parois,
18:12 avant d'aller vraiment sur les fonds."
18:14 "Et toi, il faut vraiment que tu ramènes le plus d'images possibles
18:17 de ces parois, des morphologies, des formes que tu peux observer sous l'eau,
18:21 et c'est là où tu es vraiment essentiel pour nous."
18:24 "Allez, c'est parti."
18:29 "Tu peux lâcher."
18:45 "Tchou, tchou, tchou, tchou."
18:51 Pour Frédéric, la plongée démarre enfin.
19:03 Il lui faut documenter le site au maximum.
19:12 Filmer les différentes formations de la surface,
19:15 au plus grande profondeur,
19:17 grâce à une petite caméra fixée sur son casque.
19:21 Le but ?
19:37 Révéler aux scientifiques
19:39 tous les indices possibles sur la formation et l'évolution de cette grotte.
19:44 Pendant ce temps, Grégory, lui, en profite pour dessiner la cavité hors d'eau.
20:01 Ainsi, grâce aux deux expertises,
20:05 les scientifiques auront une vision globale du gouffre
20:08 et pourront savoir si la grotte s'est formée par le dessus,
20:11 via le ruissellement des eaux de pluie,
20:14 ou par le dessous, grâce à une remontée d'eau chaude.
20:20 Des indices pour savoir si elle a pu agir ou non,
20:27 comme un piège à fossiles, au cours des derniers millions d'années.
20:37 Frédéric va descendre jusqu'au fond du lac,
20:40 à plus de 120 mètres de profondeur,
20:43 et passer plus de trois heures sous l'eau.
20:46 - Vous, aujourd'hui, alors, qu'est-ce que vous avez fait ?
20:59 - Donc, nous, on est allé faire Waxu, Waxu Norse,
21:01 qui est cette aveine qui s'ouvre dans les sables du Calari.
21:04 Alors, le problème, c'est que d'abord, la cavité est super instable.
21:07 T'as des blocs qui dévalent, t'as du sable,
21:10 les parois, tout est pourri, tout est très, très altéré.
21:13 Donc, en bas, on n'a même pas pu trouver un endroit pour amarrer la corde,
21:16 tellement c'était... - Ah oui, donc vous n'êtes pas allé jusqu'en bas.
21:18 - On n'est pas allé jusqu'en bas. Mais de toute façon,
21:20 dès les deux premiers puits, on a compris que l'ouverture
21:22 de cette cavité vers la surface est récente. - D'accord.
21:25 - Il n'y avait zéro élément de brèche à aucun endroit.
21:28 Et donc, du coup, on s'est dit, bon, c'est pas la peine de pousser plus loin
21:31 si en haut, on n'a pas ces vieux vestiges ou quelques...
21:34 Voilà, on a laissé tomber.
21:35 Nous, je pense que c'était un peu plus grand.
21:37 - Là, t'as des volumes, c'est énorme. - Ah oui, oui, oui.
21:39 - Il y a un puits qui fait 50 m.
21:41 - Et rien de visible en termes de vieux sédiments, de brèches ?
21:44 - Sur la surface, sur la partie... - Exondée ?
21:47 - Exondée, rien. Moi, j'ai rien repéré.
21:50 - Bon, qu'est-ce qu'on fait ? On passe à la surface de ce lac ?
21:53 - Montre-nous là où on n'ira jamais.
21:55 - Bon, là, on est déjà sous le niveau d'eau, là.
21:58 - Et là, tu vas déjà à une dizaine de mètres, là ?
22:01 Oh, les stalactites sous l'eau.
22:03 - T'as vu ?
22:05 - Mais jusqu'au... Oh, la stalagmite !
22:07 - Oh !
22:09 - Ça, tu peux retrouver ça jusqu'à -30 m.
22:12 - Ah oui, attends, stop, stop.
22:14 Donc là, oui, on a plusieurs générations de pousses et de repousses de la concrétion.
22:17 - Bon, alors là, on n'est plus loin, on est à -100 m.
22:20 Donc là, t'as vu, c'est le noir absolu.
22:23 Là, par contre, dans ces zones-là, t'as plus de concrétion.
22:25 - C'est ton sol qui plonge, là, ta paroi ?
22:27 - C'est juste la paroi qui continue.
22:29 - D'accord.
22:31 - Grâce aux images de Frédéric, qui permettent de découvrir en détail
22:34 la géologie de la partie noyée de la cavité,
22:37 Laurent et ses collègues comprennent que cette grotte s'est formée par le dessous,
22:41 par l'effet des remontées d'eau chaude souterraine.
22:44 Comme le niveau du lac a beaucoup varié au cours du temps,
22:47 stalactites et stalagmites se sont formés pendant les périodes de sécheresse,
22:51 y compris sous le niveau actuel du lac.
22:54 Ensuite, cette grotte fascinante s'est connectée à la surface grâce à l'érosion.
22:59 - C'est complètement fou, quoi.
23:01 - Oh ! - Oh, tiens !
23:03 - C'est pour toi, J.B., ça.
23:05 - C'est quoi, ça ? - Ah, vous, vous avez de l'eau.
23:07 - Oui, voilà. - Tu me l'avais cachée, ça ?
23:09 - Ben oui. Là, pour le coup, moi, personnellement, ça m'intéresse.
23:12 - Bon, c'est pas un australopithèque, hein. Je te rassure.
23:14 - Mais c'est un primate.
23:16 - A priori, oui. A priori, ce sont essentiellement des babouins.
23:19 Les babouins, ils vont nicher dans des arbres qui sont vers l'entrée du puits.
23:22 Les vieux individus vont mourir. Ils vont chuter et partir au fond.
23:25 Ça, c'est peut-être une mandubule. Je sais pas si c'est une mandubule ou du végétal.
23:28 C'est une drôle de forme. Là, t'as un tibia. Là, t'as un bassin.
23:31 - Mais ils ont un aspect quand même super bien préservé, très frais.
23:35 - Ils ont un aspect frais, oui.
23:37 - Tu penses quoi en termes d'âge ?
23:39 - Oh, j'ai le jour. À mon avis, c'est tout à fait récent.
23:41 Enfin, tu peux très bien imaginer... Allez, peut-être, ça pourrait avoir 50 ans.
23:45 - En fait, déjà, t'as en partie réalisé le rêve qu'on avait.
23:49 C'était d'aller chercher dans ces endroits sous l'eau des eaux.
23:53 En fait, on voit bien l'intérêt de cette approche,
23:55 puisque c'est la première fois que ces ossements sont signalés dans cette cavité.
23:59 À Waksu, on n'avait rien, mais on a vu un piège actif qui peut piéger à l'avenir.
24:04 Là, on est déjà en cours de piégeage.
24:06 Donc, finalement, on est toujours dans cette dynamique de sites paléontologiques en devenir.
24:10 Une vraie promesse.
24:12 - Dans la grotte inondée, les eaux de Primat confirment que cette cavité a agi comme un piège.
24:18 Mais contrairement à Sterkfontein, en Afrique du Sud, elle est beaucoup trop récente
24:23 et n'a donc pas pu piéger des fossiles très anciens de l'époque des Australopithèques.
24:28 Les chercheurs du projet Human Origins sont régulièrement confrontés à ce type de difficultés.
24:41 Ils identifient des régions à fort potentiel, explorent de nouvelles grottes,
24:46 mais après étude, il s'avère que toutes les conditions ne sont pas réunies.
24:51 Ils doivent dès lors chercher d'autres sites, plus favorables.
24:55 La suite de la mission se déroule dans le pays voisin, au Botswana.
25:01 Des précédents voyages ont permis d'identifier plusieurs cavités dont l'ouverture est bien plus ancienne.
25:08 Des fouilles ont même commencé dans certaines d'entre elles.
25:14 Pour s'y rendre, il faut d'abord franchir le fameux delta de Loka Vango et ses territoires réchamphônes.
25:20 Cette zone unique, le second plus grand delta intérieur du monde,
25:29 est le point de rencontre de plus de 480 espèces d'oiseaux, 130 de mammifères ou encore 70 de poissons.
25:37 Musique
25:41 - Tu vois, ça souffle. On entend encore des hippos.
25:51 Faudra faire attention de ne pas rester trop, trop près des berges parce que quand même, c'est relativement agressif.
25:57 - Il vaut mieux aussi de respecter les distances.
25:59 - C'est le mammifère qui fait le plus de morts en Afrique.
26:02 - C'est à la fois aussi parce que l'eau, c'est le point d'eau, donc l'homme vient aussi sur le point d'eau.
26:07 Et donc, c'est un endroit où on rencontre l'hippopotame.
26:10 Musique
26:15 Musique
26:18 - C'est pleine vie de partout.
26:43 - Il faut imaginer que d'ailleurs, c'est le cas depuis très longtemps.
26:45 Ces centres-là attiraient toute la faune.
26:48 Donc on peut imaginer qu'autour, ici, on avait aussi une grande population d'oiseaux anciens,
26:52 comme ceux que l'on cherche dans les grottes actuellement.
26:54 - Ici, c'était tellement lavé par le fleuve,
26:56 qu'on était obligé d'aller chercher des indices beaucoup plus loin, sur les hauteurs.
27:00 - C'est pas le meilleur milieu de préservation.
27:02 Les ossements vont être emportés, alors que dans les grottes, on est sûr qu'ils sont bien enregistrés.
27:05 Musique
27:09 - Oh, regarde ! Un éléphant.
27:11 Musique
27:14 - Il y a un croco, juste sous les pigeons, là-bas.
27:17 Musique
27:30 - C'est cette île. C'est là que nous allons marcher.
27:33 Musique
27:35 - On a la chance, hein ?
27:37 Là, comme ça.
27:39 Hippos, crocos, éléphants.
27:42 - Bon, on va pouvoir s'installer.
27:44 - Non, non, on s'installe pas.
27:45 Maintenant, on va avoir des beaux cailloux, on monte sur les collines de Guyabat,
27:48 et on va faire des grottes.
27:49 - C'est bien rester proche de l'eau, là, tu vois.
27:51 - Ça y est, il faut que je sorte de l'eau, maintenant.
27:53 Musique
28:05 Quelques dizaines de kilomètres plus loin,
28:07 les deux explorateurs arrivent sur les premiers affleurements rocheux boutsouanais.
28:12 Laurent et son équipe avaient repéré ces collines par images satellite,
28:16 quelques mois plus tôt.
28:18 - Donc là, c'est vraiment ce qu'on est venu chercher.
28:20 Ce sont des calcaires et des dolomies.
28:22 Ces deux roches, ce sont des roches qui sont solubles dans l'eau.
28:25 C'est donc là où les grottes peuvent se former.
28:27 Et donc, on vient chercher cette île aux décalcaires,
28:30 dans laquelle l'ancienne grotte existe.
28:32 Donc, elles peuvent recéder, les fossiles, etc.
28:35 On continue ?
28:37 Et là, il faudra faire gaffe, parce que c'est super coupant.
28:39 C'est très fragile, donc souvent, les roches, elles s'éboulent.
28:42 Et quand on sera là-haut, on sera sur de vraies lames de rasoir.
28:45 Musique
28:47 - Ça se filose totalement.
28:48 - Ça, c'est ce qu'on appelle un lapias.
28:50 Ce sont des formes de dissolution de la surface du calcaire.
28:54 Mais là, il y a tellement d'agressivité de l'eau
28:56 que c'est arrivé à dissoudre la roche jusqu'à en faire une lame,
28:59 et une succession de lames.
29:01 - Il n'y a rien de rond, là.
29:02 - Non, il n'y a rien de rond, parce qu'on est vraiment
29:04 en contact direct avec la pluie qui le dissout.
29:06 C'est comme si tu avais eu de l'acide qui avait coulé dessus.
29:08 Et tu vois, ça fait cette espèce de lame.
29:11 On a de belles roches qui chantent.
29:15 - Bon. Allez.
29:17 Musique
29:20 Bon, on va y laisser le semelle.
29:22 - Une paire de chaussures par mission.
29:24 Musique
29:26 Il faut ouvrir l'oeil.
29:28 Ça, c'est un figuier, oui.
29:29 C'est un figuier, et ça pousse les pieds dans les grottes.
29:32 Donc, on sait à chaque fois qu'il y a cet arbre-là,
29:34 c'est que quelque part dessous, les racines,
29:36 elles plongent dans les grottes très, très loin sous terre.
29:38 - C'est un bon indice, tu vois.
29:41 - Ouais, mais tu vois, regarde.
29:43 - On n'est plus dans les lames comme on en a autour.
29:45 - Mais c'est complètement différent.
29:46 - C'est complètement différent.
29:47 - Regarde ce que c'est, ça.
29:48 - C'est... - Ah, ouais.
29:50 - Tu vois ?
29:51 - Ce sont des cailloux qui sont tombés dans des grottes
29:53 qui ont été cimentés par de la calcite,
29:55 c'est-à-dire l'eau qui tombait des stalactites,
29:57 et qui ont, du coup, été emprisonnés tels quels.
29:59 Et ça, tu vois, ces tout petits points blancs, là,
30:01 c'est des eaux qui nous confondent de rongeurs.
30:03 - T'es en train de me dire qu'on va trouver des eaux de rongeurs
30:06 sur le haut d'une colline.
30:08 On n'est pas dans une grotte, là.
30:09 - Eh oui, c'est ça qui est difficile à imaginer,
30:11 et pourtant, c'est vraiment le cas.
30:12 On est dans une grotte, mais il n'y a plus de plafond.
30:14 C'est une grotte où on peut attraper des coups de soleil.
30:16 - Ouais. - C'est ça, exactement.
30:18 Et donc, on est vraiment dans des dépôts de grottes très, très anciens,
30:21 puisque depuis l'érosion, elle a eu le temps d'évacuer la grotte,
30:24 tout le dessus, une partie des sédiments,
30:26 et on a finalement ce que la grotte avait à l'intérieur.
30:28 Et c'est exactement ce qu'on cherche.
30:30 - Allez, on continue ? - On continue.
30:32 Tu sais ce qu'on pourrait faire, en fait, c'est...
30:34 Maintenant, on descend directement.
30:35 On va retrouver l'équipe qui est là-bas, en bas.
30:37 - D'accord.
30:38 - Hé ! Hello !
30:46 - Ça va ? - Bonjour.
30:48 - Ça fait plaisir de te voir. - Mais oui.
30:50 Un groupe de chercheurs fouille depuis plusieurs jours le sol d'une ancienne grotte,
30:54 dont le plafond s'est complètement dissous par effet de l'érosion.
30:57 Un travail long, qui permet de mettre au jour de premiers ossements.
31:04 Ces fouilles en extérieur,
31:12 menées en collaboration avec une équipe de chercheurs botswanais,
31:15 dureront un mois,
31:17 et se répéteront chaque année pendant au moins cinq ans.
31:20 Convaincus de l'intérêt de la zone,
31:26 Laurent poursuit ses recherches dans les environs.
31:29 Il vise, cette fois, une cavité connue des Bushmen,
31:32 que les scientifiques n'ont encore jamais visitée.
31:35 Elle pourrait reborger de trésors.
31:38 Les locaux l'appellent d'ailleurs "Bones Cave", la grotte aux os.
31:43 - Il y a déjà de la brèche là.
31:45 Donc c'est la bonne route.
31:47 Mais la question reste entière.
31:49 Peut-elle abriter des fossiles d'Australopithèque ?
31:52 - Je pense que c'est l'escarpement qui est là-haut.
31:54 - Ouais d'accord, c'est peut-être l'entrée de la grotte là-haut.
31:57 - Ah bah ça y est, l'entrée de Bones Cave.
32:04 - Oh oui.
32:06 - Waouh !
32:07 - Il y a un bout de nounours là.
32:09 Très beau d'ailleurs.
32:10 - Ça c'est de l'oryx.
32:12 - T'as vu les blocs de brèche avec le matos à te faire en ?
32:14 - Ouais, il y a de la macrophone dès l'entrée quoi.
32:16 - Oui, et puis de la belle.
32:17 - Ouais de la belle non.
32:18 - Et ce qui est bien c'est que, d'après ce que je vois,
32:20 on sera suffisamment prêts pour voir les os.
32:22 - C'est notre chance, c'est notre chance.
32:24 - Bon, c'est très poussiéreux.
32:29 Donc là il faut les masques.
32:31 Ça va rajouter à l'atmosphère oppressante.
32:34 - Laurent, ne te laisses pas le col partir.
32:36 Tu peux porter le cul à toi.
32:40 - Fais attention, il y a un puits derrière toi.
32:48 Frédéric, grand spéléologue,
32:50 vient épauler Laurent dans la mise en sécurité de la cavité.
32:53 - C'est bon Laurent ?
32:55 Il leur permet de se rendre dans certaines zones isolées
32:58 et très difficiles d'accès.
33:00 - Je remonte le temps dans la cavité.
33:02 Je remonte le temps dans la brèche là.
33:04 Plus je descends et plus je remonte le temps.
33:06 - C'est là les os qui sortent là.
33:11 - C'est magnifique.
33:23 - Vous avez le coup de descente, il y a une bonne volume.
33:25 - Incroyable.
33:27 - Quel contraste avec l'entrée.
33:29 - Ah ouais, la petite étroiture de l'entrée
33:31 et le volume de cette salle, c'est incomparable.
33:33 - Comme quoi, on ne peut jamais préjuger
33:35 de ce qu'il va y avoir en fonction de l'entrée,
33:37 de l'allure qu'avait le puits, un peu glauque.
33:39 Et là, c'est le spectacle.
33:41 - Donc on a de la brèche partout autour là.
33:47 Ce qu'on peut faire,
33:50 on se dispatche
33:52 et chacun regarde un afflément de brèche.
33:54 Parce qu'apparemment la salle était remplie entièrement.
33:56 Et on essaie de faire un petit inventaire des os qu'on trouve.
34:00 - Très bien. - OK ?
34:02 - Allez, c'est parti.
34:04 - J'ai un peu de singe à priori là.
34:17 Peut-être un babouin ou plus petit.
34:19 - Ah, et là aussi, il y a quelque chose.
34:21 On est sur une partie proximale du Mérus.
34:23 - Bingo !
34:25 Et c'est un petit prédateur à priori.
34:28 Une idée ?
34:30 - Ah oui, pour le coup, il n'y a pas de soucis.
34:32 C'est un carnivore.
34:34 A priori, quand tu vois comme ça, c'est un félin.
34:36 Il y a pas mal d'éléments qui pèdent en faveur.
34:38 Et dans ces félins, pour l'instant,
34:40 on est sur des félins de petite taille, caracal ou cervelle.
34:42 On ne désespère pas de trouver du plus gros.
34:44 - Et pour toi, la présence de ce prédateur,
34:46 ça serait un indice sur une future présence
34:48 d'australopithèques dans ces fouilles ?
34:50 - Les prédateurs, ils sont fondamentaux.
34:52 C'est des mangeurs de viande.
34:54 Et leur régime alimentaire a diversifié.
34:56 Ils vont manger des antilopes,
34:58 mais de temps en temps, ils vont manger des primates.
35:00 Et dans ces primates, il peut y avoir l'homme.
35:02 Lui, il ne va pas le faire, c'est un carnivore qui est trop petit.
35:04 Mais si on trouve un carnivore plus gros,
35:06 type les hoppards ou hyènes,
35:08 qui sont très abandonnés dans ces sites anciens,
35:10 tu peux envisager de retrouver des restes d'hominidins anciens
35:12 pour 2 raisons.
35:14 Nos hominidins anciens sont des proies,
35:16 mais c'est aussi des compétiteurs de ces carnivores.
35:18 Parce que comme les carnivores, ils vont manger de la viande,
35:20 donc toutes ces espèces vont se retrouver à un moment donné
35:22 sur, par exemple, des carcasses, des léphins, des peaux.
35:24 Et des grands prédateurs vont parfois tuer et consommer des ostras lopithèques
35:30 ou des espèces du genre homo et les ramener dans leur tanière.
35:32 Si d'autres ossements, provenant de plus gros prédateurs,
35:36 sont aussi découverts,
35:38 alors il existe une forte probabilité
35:40 que des fossiles de spécimens du genre homo ou de l'un de ses ancêtres
35:44 soient également présents dans la cavité.
35:48 Tiens Fred, tu peux me tenir la mire s'il te plaît ?
35:50 Une grotte propice que l'équipe de Laurent doit vite inventorier.
35:52 Car la cavité est menacée par un phénomène naturel récemment découvert
35:58 et les fossiles qu'elle renferme pourraient disparaître à tout jamais.
36:20 Henri Dandurand est l'un des premiers chercheurs
36:22 à avoir documenté scientifiquement ce phénomène
36:24 qui ronge les cavités et détruit les fossiles présents à l'intérieur.
36:28 Il veut aujourd'hui l'expliquer à Frédéric.
36:32 Et pour cela, le conduit dans une grotte voisine, fortement attaquée.
36:36 Regarde ces volumes.
36:38 C'est impressionnant.
36:40 Quand on a vu ces coupoles et ces terrains, on s'est dit
36:44 que ce n'étaient pas des volumes qu'on observe généralement, il y a quelque chose.
36:46 Et quand on a continué dans la grotte,
36:48 on a compris que tout ça, c'était en fait ce qu'on appelle la biocorrosion.
36:52 Et on commence à comprendre le phénomène.
36:54 Donc là, on sort complètement de l'érosion de l'eau et autres,
36:58 on va passer sur autre chose.
37:00 Tu dis biocorrosion, il y a de l'animal sous tout ça.
37:02 Il y a de la vie. Il y a beaucoup de vie.
37:04 On va voir ? Allez, on descend.
37:06 Là, c'est bon ?
37:14 Oui, c'est bon. On va suivre le talus.
37:16 Alors, il faut faire un petit peu attention où on met les pieds, les mains,
37:18 parce qu'en parlant de vie...
37:20 Oui, il y a de la vie.
37:22 Il y a de la vie, il y a des serpents, il y a des porcs-épics,
37:24 il y a des petits scorpions.
37:26 Et même, ça sent, c'est habité, ça.
37:28 Oui, oui.
37:30 Tu sens déjà l'odeur un peu ? Ça pique un peu les yeux, là.
37:38 Oui, et puis je m'enfonce, là.
37:40 Là, on s'enfonce.
37:42 Ce n'est plus du tout le même terrain.
37:44 Un peu de poussière, mais pas que.
37:46 Regarde. Ah, une chauve-souris.
37:48 Et ces chauves-souris,
37:54 c'est elles qui vont être responsables
37:56 de la biocorrosion.
37:58 C'est fou.
38:00 Oh là là, regarde.
38:02 Elle est complètement bouffée, celle-là.
38:06 Elle a perdu tout son volume.
38:08 Mais c'est complètement rongé
38:10 depuis le bas, là.
38:12 Tu vois ce que c'est, ça ?
38:14 Là, le parti gluant.
38:16 C'est des bactéries.
38:18 Ça vit.
38:20 Des bactéries qui bouffent la concrétion.
38:22 Jusqu'au trognon.
38:24 C'est celle qu'on connaît d'habitude
38:26 qui aurait fait ce diamètre-là,
38:28 qui est rendue là.
38:30 Avec ces petites bactéries.
38:32 Produites par le guano au sol.
38:34 Le guano, c'est un amas
38:36 d'éjections de chauves-souris.
38:38 Impressionnant, hein ?
38:40 C'est hyper acide.
38:42 Donc la chaleur, tout ça,
38:44 il va fermenter petit à petit.
38:46 En fermentant, il va dégager des acides.
38:48 Et ces acides vont, avec la chaleur,
38:50 circuler dans la grotte
38:52 et redissoudre les parois.
38:54 T'imagines que ta grotte,
38:56 tu as peut-être le creusement initial par l'eau,
38:58 mais tu vas doubler son volume
39:00 par l'attaque de cette biocorrosion.
39:02 On ne retrouvera jamais un os, là.
39:04 On va trouver un os, maintenant.
39:06 C'est impossible.
39:08 ...
39:10 ...
39:12 -La colonie de chauves-souris
39:14 est aujourd'hui estimée
39:16 à plus de 400 000 individus,
39:18 tous concentrés dans un espace restreint.
39:20 -On va être obligés de mettre un masque.
39:22 Ça devient irrespirable.
39:24 ...
39:26 Là, on est dans ce qu'on appelle
39:28 la "main chamber", c'est-à-dire la chambre principale.
39:30 Un énorme tas de guano.
39:32 Je sais pas combien ça fait.
39:34 5, 10 m d'épaisseur. On peut en avoir plus.
39:36 Et t'as bien compris le lien, là,
39:38 entre les formes qu'on a vues, toute la corrosion,
39:40 et puis ces chauves-souris.
39:42 -Les grandes colonies de chauves-souris
39:44 et leur déjection constituent donc
39:46 un obstacle supplémentaire
39:48 dans la quête des scientifiques.
39:50 -On est arrivé à la fin, ou... ?
39:52 -Non, on va poursuivre, et puis on va aller voir
39:54 un endroit qui est... J'ai jamais vu ça.
39:56 C'est la nursery.
39:58 C'est vraiment
40:00 le point le plus chaud de la cavité, là.
40:02 On passe de 29 à 32 degrés, à peu près.
40:04 -La zone est la plus extrême, quoi.
40:06 -Là, c'est extrême. C'est l'enfer. L'enfer sous terre.
40:08 Toi qui es habitué à plonger,
40:12 si t'y vas, tu vas plonger dans le CO2, quoi.
40:14 Oh, la vache !
40:16 Allez, c'est parti.
40:18 Musique de tension
40:20 ...
40:22 ...
40:24 ...
40:26 ...
40:28 -Oh, la vache !
40:30 ...
40:32 ...
40:34 ...
40:36 -Ça pique, hein ?
40:38 On suffoque un peu.
40:40 -Ouais.
40:42 -Allez, je rentre.
40:44 Ouf !
40:46 ...
40:48 -Allez.
40:50 -Ah !
40:52 Oh, la vache !
40:54 Il y a une odeur.
40:56 Oh !
40:58 Oh, ça déboîte, hein !
41:00 -Ha ! Ha !
41:02 Ha ! Oh, la vache !
41:04 -En fait, c'est
41:06 les oiseaux d'Hitchcock, mais version
41:08 chauve-souris, quoi. Non, mais c'est dantesque !
41:10 -C'est ça. -La pression !
41:12 -On est à 5-6 % de CO2.
41:14 -Plus cette odeur d'ammoniaque, là.
41:16 -En fait, on a tenu
41:18 maximum 30 secondes.
41:20 C'est une de tes plus courtes plongées, non ?
41:22 -Ha ! Ha ! Ha !
41:24 -Ça déboîte.
41:26 -S'il est difficile pour l'équipe de Laurent
41:28 de débusquer des fossiles d'Australopithèque,
41:30 c'est que leur démarche rigoureuse
41:32 est sans cesse confrontée
41:34 à la réalité de terrain.
41:36 Mais maintenant qu'un gisement a été
41:38 découvert, les équipes françaises
41:40 et botswanaises vont s'y consacrer
41:42 durant des années, car
41:44 ils en sont convaincus. Le Botswana
41:46 est un des territoires les plus encourageants.
41:48 (musique)
41:50 Avant de se séparer, Laurent embarque
42:02 Frédéric vers une dernière destination,
42:04 le Malawi,
42:06 et plus particulièrement dans la vallée
42:08 du Grand Rift,
42:10 une route de transhumance parcourue
42:12 il y a des millions d'années
42:14 par les ancêtres de l'homme
42:16 et des représentants du genre homo.
42:18 (musique)
42:20 -Waouh !
42:34 -C'est impressionnant !
42:36 -C'est un point de vue.
42:38 -Regarde ça.
42:40 -La Grande Bleue.
42:42 -On voit même pas l'autre bord.
42:44 -J'ai l'impression d'être face à un océan.
42:46 -Et de l'autre côté, si on pouvait voir,
42:48 on verrait le Mozambique, là-bas.
42:50 On verrait la Tanzanie,
42:52 au nord et à l'est,
42:54 et tout ce côté-là, c'est le Malawi.
42:56 Donc on est dans ce qu'on appelle
42:58 la vallée du Grand Rift.
43:00 Cet escarpement s'étire sur 3000 km.
43:02 Ce qui est intéressant, c'est que ce paysage
43:04 a plusieurs millions d'années,
43:06 même s'il évolue très vite.
43:08 Si on avait été là, il y a 3 millions d'années,
43:10 on aurait peut-être vu passer nos ancêtres,
43:12 les Paranthropes ou peut-être les Ominines,
43:14 qui transitaient au fond du rift.
43:16 -On soit vers le nord, on soit vers le sud.
43:18 -Donc ce couloir, cette possibilité
43:20 qu'ils soient passés là,
43:22 des traces peut-être déjà existantes...
43:24 -On va découvrir ensemble.
43:26 Musique douce
43:28 ...
43:30 ...
43:32 ...
43:34 ...
43:36 ...
43:38 ...
43:40 ...
43:42 ...
43:44 -Je te propose d'emprunter
43:46 ce pont traditionnel en bambou
43:48 qui permet aux communautés locales
43:50 d'exploiter des champs de parthédote de la vallée.
43:52 -OK.
43:54 Là, il y a un beau trou.
43:56 -Fais attention, il n'y a pas beaucoup de bambou
43:58 pour poser les pieds.
44:00 -Hello. -Hello.
44:02 -I'm fine. -Thank you.
44:04 -Par contre, la couleur,
44:06 c'est chargé en sédiments, non ?
44:08 -Oui, c'est chargé en sédiments.
44:10 L'eau va remplir le lac,
44:12 et les sédiments, on peut s'accumuler au fond du lac.
44:14 C'est tout ce qui arrive du bassin versant.
44:16 Hello, hello.
44:18 -Hello. -Sorry. -Thank you.
44:20 ...
44:22 ...
44:24 ...
44:26 -On va aller voir Haute-Marre
44:28 avec ses collègues dans un des découverts de fossiles.
44:30 -Nous devons être très prudents
44:32 lorsque nous allons creuser.
44:34 -Haute-Marre Koulmer est chef
44:36 de la topologie du musée d'histoire naturelle de Francfort.
44:38 -Ca fait 30 ans,
44:40 et ils ont découvert des fossiles.
44:42 -C'est un très grand importe.
44:44 -Salut, les gars. -Bonjour.
44:46 -Comment allez-vous ? -C'est un plaisir de vous voir.
44:48 -C'est Frédéric, un plongeur spéléo.
44:50 -Bienvenue à Malema.
44:52 Malema est l'un des rares sites
44:54 de Chibondobède.
44:56 Il y a une grande densité de fossiles
44:58 dans cette région, pour une raison particulière.
45:00 La formation d'un lac
45:02 a produit un drôle de phénomène.
45:04 Des eaux et des matériaux
45:06 ont été piégés, puis fossilisés
45:08 dans le dépôt.
45:10 Par la suite, dans cette partie du rift,
45:12 on a eu beaucoup d'activités tectoniques,
45:14 ce qui a fortement contribué
45:16 à soulever ces anciens dépôts lacustres.
45:18 C'est la raison pour laquelle,
45:20 ici, à Flandre-Collines,
45:22 on peut trouver des fossiles.
45:24 -Oui, ça devrait être enfoui.
45:26 -Oui, il devrait être beaucoup plus profond.
45:28 Et l'érosion nous aide,
45:30 nous, les paléontologues et les paléoanthropologues,
45:32 à trouver des choses.
45:34 Cela signifie que l'érosion creuse pour nous.
45:36 En tant que paléontologues,
45:38 vous devez toujours être
45:40 au bon endroit et au bon moment.
45:42 -Plusieurs découvertes
45:44 exceptionnelles ont été réalisées
45:46 dans ce secteur.
45:48 En 1996,
45:50 un maxillaire appartenant
45:52 à un parentrop, cousin disparu
45:54 de l'Australopithèque, a été mis au jour
45:56 ici même.
45:58 Non loin de là, 6 ans plus tôt,
46:00 une mandibule qui semblait être
46:02 reliée aux premiers représentants du genre homo
46:04 a elle aussi été retrouvée.
46:06 Mais un réexamen récent
46:08 de ce fossile a livré
46:10 des secrets encore plus étonnants.
46:12 -Je vais vous montrer
46:14 la mandibule.
46:16 C'est un fossile un peu spécial.
46:18 C'est un moulage, bien sûr.
46:24 Je n'ai pas apporté l'original.
46:26 Elle a été trouvée au début des années 90
46:28 par Tyson.
46:30 -Je regardais lentement,
46:32 lentement,
46:34 et j'ai trouvé ça.
46:36 -Vous étiez tous ensemble en train de prospecter.
46:38 -Oui.
46:40 Oui, j'ai trouvé ça.
46:42 Je m'appelle mon patron.
46:44 Venez voir ça.
46:46 -Ah, ça devait être un grand jour.
46:48 -Oui. -Comme le jour de Noël.
46:50 -Nous étions très heureux.
46:52 C'est une grande chance d'avoir ces hominines.
46:56 -Ils représentent entre 0,1 et 1 %
46:58 de l'ensemble des fossiles.
47:00 C'est très difficile
47:04 à trouver.
47:06 Cet individu a 2,4 millions d'années.
47:08 Nous le savons parce que nous avons trouvé
47:10 des fossiles de porc à côté.
47:12 Ils sont importants parce que leur race
47:14 a évolué très rapidement,
47:16 changeant la morphologie de son crâne
47:18 et de ses dents au cours de l'évolution.
47:20 Grâce à eux, nous pouvons donc très bien
47:22 déterminer l'âge.
47:24 -La date de l'origine de l'origine
47:26 de l'orifice est donc de la biochronologie,
47:28 pas de la datation absolue.
47:30 -On parle de datation relative.
47:32 Il s'agit de plus ou moins
47:34 100 000 ou 150 000 ans.
47:36 Mais dans ce type d'âge,
47:38 2,5 millions d'années, c'est très bien.
47:40 -T'as un indice concret.
47:42 -On peut raconter beaucoup de choses
47:44 à partir des dents.
47:46 On peut définir les genres
47:48 à partir des formes,
47:50 notamment les petites pointes
47:52 qui sont les plus importantes.
47:54 -On peut aussi définir
47:56 les types d'orifice.
47:58 -On peut définir les types d'orifice
48:00 à partir des formes.
48:02 -On peut définir les types d'orifice
48:04 à partir des formes.
48:06 -On peut définir les types d'orifice
48:08 à partir des formes.
48:10 -On peut définir les types d'orifice
48:12 à partir des formes.
48:14 -On peut définir les types d'orifice
48:16 à partir des formes.
48:18 -On peut définir les types d'orifice
48:20 à partir des formes.
48:22 -On peut définir les types d'orifice
48:24 à partir des formes.
48:26 -On peut définir les types d'orifice
48:28 à partir des formes.
48:30 -On peut définir les types d'orifice
48:32 à partir des formes.
48:34 -On peut définir les types d'orifice
48:36 à partir des formes.
48:38 -On peut définir les types d'orifice
48:40 à partir des formes.
48:42 -On peut définir les types d'orifice
48:44 à partir des formes.
48:46 -On peut définir les types d'orifice
48:48 à partir des formes.
48:50 -C'est pas très profond.
48:52 -Toi, tu es le dentiste de la mission.
48:54 -Oui. L'idée, c'est d'aller voir
48:56 l'intérieur de la dent sous l'émail
48:58 en utilisant des approches un peu nouvelles.
49:00 On peut le faire avec des rayons X,
49:02 mais sur les fossiles anciens,
49:04 c'est très dense, très minéralisé.
49:06 On a du mal à traverser les rayons X.
49:08 On utilise une nouvelle approche
49:10 qu'on appelle la micro-tomographie neutronique.
49:12 Un terme un peu barbare,
49:14 mais c'est très simple.
49:16 On a un scanner d'un hôpital.
49:18 Le même principe, c'est-à-dire qu'on a
49:20 une source de radiation et on fait tourner l'objet.
49:22 Sauf qu'au lieu d'avoir une source de rayon X,
49:24 on a un réacteur nucléaire à la place.
49:26 Il faut un outil un peu plus grand,
49:28 mais c'est le même principe.
49:30 -C'est beaucoup d'énergie pour remonter dans le temps.
49:32 -C'est ça. Sur ce spécimen,
49:34 c'est intéressant que c'était un des premiers
49:36 attribués au genre humain,
49:38 qui est aux alentours de 2 millions d'années.
49:40 L'intérieur des dents et la morphologie de la mandibule
49:42 nous montrent qu'on n'est plus sur de l'ostralopithèque.
49:44 Donc, un proche parent des humains.
49:46 -Donc, ça veut dire que sur ce fossile-là,
49:48 qui était considéré comme homo,
49:50 on passe à de l'ostralopithèque.
49:52 On est exactement dans la période
49:54 de l'apparition du genre homo.
49:56 -Oui, tout à fait. Dans cette période de transition,
49:58 on a du mal à les distinguer.
50:00 Mais avec ces approches qui permettent
50:02 de voir l'intérieur de la dent, on y arrive bien.
50:04 Ces fossiles d'Afrique de l'Est ou du Sud
50:06 sont éloignés de plusieurs milliers de kilomètres
50:08 et on n'a pas ce trait d'union.
50:10 Le Malawi, c'est ce qui fait le lien entre les deux.
50:12 -C'est un très bon jalon, en tout cas.
50:14 -Grâce à la nouvelle étude de Clément,
50:18 un fossile qu'on croyait appartenir
50:20 à notre genre vient donc d'être attribué
50:22 au genre ostralopithèque,
50:24 qui vivait à la même époque
50:26 que les premiers homos.
50:28 Une découverte inédite au Malawi,
50:30 pays situé au sud du rift,
50:32 en direction des grottes
50:34 que Laurent et son équipe fouillent
50:36 en Afrique australe.
50:38 Cette révélation conforte aujourd'hui
50:40 l'hypothèse d'une circulation
50:42 des australopithèques sur plus de 4000 kilomètres
50:44 tout le long du rift,
50:46 voire au-delà,
50:48 en direction du Mozambique,
50:50 du Botswana ou de la Namibie.
50:52 Pour Laurent et son équipe,
50:56 il est aujourd'hui plus probable que jamais
50:58 que l'origine de l'humanité
51:00 se dessine à l'échelle de tout un continent
51:02 et non d'une zone restreinte.
51:08 Les Human Origins,
51:10 qui visent à mieux comprendre
51:12 les origines de l'humanité,
51:14 vont se poursuivre sans relâche
51:16 pendant des années,
51:18 avec l'aide de nombreux experts.
51:20 Les efforts conjugués
51:22 des chercheurs occidentaux et africains
51:24 permettront un jour
51:26 de dresser une nouvelle carte géographique
51:28 des origines de l'homme.
51:30 Plus précise, plus vaste
51:32 et plus rigoureuse,
51:34 et qui réserve encore
51:36 l'un des plus grands défis scientifiques
51:38 depuis l'avènement de la théorie
51:40 de l'évolution de Darwin.
51:42 Les preuves commencent à s'accumuler.
51:44 La suite de l'histoire
51:46 est encore à écrire.
51:48 ...
52:06 ...
52:34 ...
52:50 ...
52:52 ...