• il y a 7 mois
L’habit ne fait pas le moine, c’est bien connu. Enfin, c’est assez vrai aujourd’hui, mais autrefois c’était peut-être un peu moins le cas. En effet, pendant longtemps le code vestimentaire sert précisément à déterminer le statut social de chacun. Et puis, il y a aussi le côté pratique, utilitaire du costume, notamment professionnel. Au XVème siècle apparaît au sein des Cours européennes un phénomène qu’on appelle aujourd’hui : la mode. Sous l'influence de la France, la société va se détourner du costume pratique, pour s'intéresser aux innovations techniques et stylistiques proposées par les artisans. Ces performances artistiques permettent aux courtisans de se démarquer, d'imposer leur propre style – mais toujours dans le cadre d’un certain statut social, attention. Drôles, parfois addictives, voire controversées, les modes ne laissent jamais indifférent. Je vous propose aujourd'hui d'en découvrir les plus extravagantes de l’Histoire.

Écriture : Benjamin Brillaud et Mam'zelle Rêve

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Montage : Dead Will / Wilfried Kaiser https://www.youtube.com/c/DEADWILL
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Transcription
00:00 Mes chers camarades, bien le bonjour ! L'habit ne fait pas toujours le moine, c'est bien
00:03 connu.
00:04 Enfin c'est assez vrai aujourd'hui, mais autrefois c'est peut-être un peu moins
00:07 le cas.
00:08 En effet, pendant longtemps, le code vestimentaire sert précisément à déterminer le statut
00:12 social de chacun.
00:13 Pensez par exemple à la toge romaine, qui avec un liseré rouge permet automatiquement
00:18 de savoir qu'on a affaire à un sénateur.
00:20 Et puis il y a aussi le côté pratique, utilitaire du costume, notamment professionnel.
00:26 Le forgeron par exemple va porter un tablier de forgeron.
00:30 Est-ce qu'on peut dire que l'habit fait le forgeron ? Pas vraiment non plus.
00:34 En effet, au XVe siècle apparaît au sein des courries européennes un phénomène qu'on
00:38 appelle aujourd'hui la mode.
00:39 Sous l'influence de la France, la société va se détourner du costume pratique pour
00:43 s'intéresser aux innovations techniques et stylistiques proposées par les artisans.
00:47 Ces performances artistiques permettent aux courtisans de se démarquer, d'imposer leur
00:51 propre style, mais toujours dans le cadre d'un certain statut social.
00:55 Et cette mode a une curieuse évolution dans le temps.
00:58 C'est même une de ses principales caractéristiques.
01:00 C'est impossible de prédire la rapidité, la fréquence ou l'importance que peuvent
01:05 prendre certains éléments dans l'histoire du costume.
01:08 La preuve, il existe désormais tant de modes différentes qu'il serait extrêmement
01:14 compliqué de les énumérer.
01:15 Il n'y a qu'une chose qui est sûre et certaine, c'est que tout est question de
01:19 goût.
01:20 D'un point de vue drôle, voire controversé, les modes ne laissent jamais indifférentes.
01:25 Je vous propose donc aujourd'hui de découvrir les plus extravagantes de l'histoire.
01:29 Le costume sert à modeler l'apparence du corps.
01:39 En l'étudiant, on peut donc découvrir l'évolution des canons de beauté physique
01:42 dans les sociétés.
01:43 La mode, en plus du tissu, de la matière, de la couleur, c'est aussi une succession
01:48 de silhouettes diverses, curieuses, voire carrément déconcertantes.
01:52 La silhouette masculine va se stabiliser très vite autour d'un modèle viril et fort,
01:57 un vêtement qui protège le corps et n'est mis en valeur que par quelques accessoires
02:02 ou éléments d'embellissement.
02:03 Mais pour la femme, c'est une toute autre histoire.
02:06 Éternelle fille, épouse ou mère, la silhouette féminine, un objet de parure, va connaître
02:12 de nombreux changements à travers les époques.
02:14 Au milieu du XVIe siècle, l'Espagne accède au rang de superpuissance mondiale.
02:18 Et ça, à cause de plusieurs facteurs, notamment l'expulsion des morts d'Andalousie, l'unification
02:24 de l'Espagne, la défaite de François Ier à Pavie et la politique d'expansion
02:29 de Charles Quint, qui s'est efforcée de tisser un réseau de voyages et d'ambassades
02:33 à travers toute l'Europe.
02:34 Le costume espagnol à coupe rigide s'impose donc dans toutes les cours suite au mariage
02:39 de Philippe II avec Marie Tudor en 1554.
02:42 Le vertu-gadin, sous-vêtement espagnol par excellence, est une sorte de jupe de dessous
02:48 soutenue par des arceaux de métal, d'osier ou de bois qui donnent un aspect de plateau
02:53 à la robe.
02:54 Son nom ne dérive pas, comme on pourrait le croire, de vertu-gardien, mais du mot "verdugo",
02:59 qui signifie en espagnol "bois vert", un matériau servant alors à la réalisation
03:04 des armatures de cet élément de costume.
03:05 La reine Elisabeth Ière d'Angleterre adorait le style codifié espagnol, et plus particulièrement
03:11 les robes à vertu-gadin qui lui permettaient de construire son autorité à travers cette
03:15 apparence très rigide.
03:16 Cette parure se diffuse alors dans le reste de l'Europe, et dans les années 1580, le
03:21 vertu-gadin en tambour apparaît en France.
03:24 Exclusivement porté à la cour, ses plateaux des robes atteignent des proportions démesurées,
03:30 atteignant parfois jusqu'à la circonférence d'une roue de carrosse et rendant bien compliqués
03:34 les mouvements en plus de balayer tout sur leur passage.
03:37 Cette mode, bien que fort suivie, consterne au plus haut point.
03:41 Montaigne écrira d'ailleurs "Pourquoi donc les femmes couvrent-elles de tant d'empêchements
03:46 les uns sur les autres les parties où se loge principalement notre admiration ? Et
03:50 à quoi servent donc ces gros bastions de quoi les femmes viennent orner leurs flancs,
03:55 calurer notre appétit et nous attirer à elles tout en nous éloignant ?"
03:58 Le vertu-gadin passa de mode du début du XVIIe siècle avant d'être définitivement
04:03 condamné par une loi somptuaire en 1623.
04:06 La silhouette féminine n'est cependant pas au bout de ses surprises, loin de là.
04:10 200 ans plus tard, vers 1718-1720, les cerceaux reviennent en force.
04:14 C'est l'époque des robes à panier où les jupes s'étalent en largeur.
04:19 En effet, les industries et manufactures textiles françaises de l'époque bénéficient d'un
04:24 fort soutien royal sous forme de monopoles, privilèges ou subventions.
04:28 Les innovations qui en découlent sont stimulées, privilégiant une production de qualité qui,
04:33 parfois, peut être plus faible que la demande.
04:36 Inspirées du hoop péticote anglais et des criards de portée sous les robes de théâtre,
04:41 ces paniers permettent de donner du volume aux jupes sans passer par la superposition
04:44 de jupons.
04:45 Ils resteront très à la mode jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, au point de devenir
04:49 même obligatoire sous les robes dans le cérémonial de la cour.
04:52 Or, à cette époque, Versailles dicte la mode.
04:56 Couturières et marchands de toute l'Europe se spécialisent dans la confection de robes
05:01 ultra chargées avec des paniers qui peuvent peser plus de 5 kilos.
05:05 Et vers 1750, les paniers prennent une telle ampleur que certains mesurent jusqu'à 3
05:10 mètres d'envirgure.
05:11 C'est tout sauf pratique.
05:13 La mode prend de telles proportions qu'on doit élargir le mobilier et même les encadrements
05:18 de porte pour permettre à deux femmes de passer de front.
05:21 Dans une cour où le ridicule tue encore plus facilement que la variole, les jeunes
05:25 filles sont obligées de suivre des cours de maintien pour apprendre à se déplacer
05:28 de façon latérale avec distinction et de ne pas trébucher lors de leurs présentations
05:33 à la cour.
05:34 L'encyclopédie de Diderot est d'ailleurs très critique pour définir cette mode.
05:37 Cette mode grotesque qui donne à la figure d'une femme l'air de deux éventails opposés
05:41 a duré longtemps et n'est pas encore passée.
05:43 Elle tombe.
05:44 On va aujourd'hui en ville et au spectacle sans panier et on n'en porte plus sur la
05:49 scène.
05:50 On en revient à la simplicité et à l'élégance.
05:52 On laisse un vêtement incommode à porter et dispendieux par la quantité énorme d'étoffes
05:56 qu'il emploie.
05:57 En effet, les robes à panier passent de mode progressivement dans les années 1770, pour
06:02 ne plus être portées qu'à des occasions bien particulières.
06:05 Elles finissent par disparaître totalement avec la révolution de 1789 qui les associe
06:10 à une extravagance, un véritable symbole de la monarchie décadente.
06:14 Pendant les années 1840, le style romantique redonne de l'ampleur aux jupes des femmes,
06:18 cette fois-ci toute classe sociale confondue.
06:20 L'émergence du capitalisme moderne transforme les codes de conduite en société, séparant
06:25 encore plus les hommes et les femmes en deux sphères distinctes.
06:29 La femme respectable est alors confinée aux limites étroites de son foyer, où sa tâche
06:33 principale est de veiller à l'entretien de la maison.
06:36 L'exagération des formes féminines est une caractéristique de l'époque victorienne,
06:40 entre 1837 et 1901.
06:43 Dans son ouvrage Théorie de la classe de loisirs de 1899, l'économiste Tochtayn Veblen voit
06:50 dans la magnificence des tenues un symbole de la vidoisiveté imposée à la femme, devenue
06:54 une incarnation de la surconsommation et un signe vivant de la richesse de son époux.
06:59 En gros, la femme est un bel objet.
07:01 Et ne sortez pas cette phrase de son contexte !
07:04 Dans les années 1850, l'ampleur des jupes nécessite à nouveau de juxtaposer plusieurs
07:08 couches de jupons.
07:09 Pour lutter contre l'inconfort et la lourdeur de cette toilette, les fabricants imaginent
07:14 un jupon cerclé de métal, la crinoline.
07:17 Cette invention, brevetée par l'américain Thompson, rencontre un tel succès qu'elle
07:22 devient le premier phénomène de mode démocratique.
07:24 Vu son engouement, la crinoline va même fournir du travail à profusion aux ouvriers de l'industrie
07:30 sidérurgique, puisque par exemple, on produisait en Angleterre, aux industries Sheffield, plus
07:35 de 500 000 cerceaux par semaine.
07:37 Mais, devenant à son tour de plus en plus imposante, la crinoline est un sujet facile
07:42 pour les caricaturistes, sans compter qu'elle comporte bon nombre d'inconvénients.
07:46 Elle restreint particulièrement les mouvements et provoque même des accidents domestiques.
07:51 Car son tissu est hautement inflammable.
07:54 Son ampleur suffit à renverser d'un mouvement, parfois une tasse de thé, et parfois un passant.
08:00 La cage relève la robe, qui en usine se prend souvent dans les machines.
08:04 Ou pire, à une époque de grande pudeur, elle dévoile les jambes.
08:08 Les femmes doivent alors porter, en plus, des pantalons de lingerie.
08:13 Une vraie galère.
08:14 Pas étonnant que la crinoline finisse par se démoder autour des années 1870.
08:18 Elle est remplacée par la tournure et le corset droit.
08:22 Pile ce qu'il faut pour mettre en avant une autre partie de l'anatomie féminine,
08:26 les fesses.
08:27 Ornement secondaire et non indispensable du costume, l'accessoire est pourtant assez
08:36 important.
08:37 En effet, il peut modifier la gestuelle, le maintien.
08:40 L'accessoire se modifie et se multiplie à l'infini dans l'histoire de la mode,
08:44 et connaît donc aussi ses extravagances.
08:46 C'est parti pour une petite galerie assez drôlatique.
08:50 Vers le milieu du XVe siècle, la bourgeoisie médiévale bouscule la vieille société
08:53 féodale.
08:54 La ville, centre commercial névralgique, réunit marchands, drapiers, couturières,
09:00 cordonniers et autres artisans.
09:01 La mode devient accessible à différentes classes sociales.
09:04 L'habit masculin se raccourcit, met en valeur les jambes et les souliers.
09:08 On succombe à la mode des chaussures à la poulaine.
09:10 Influencées par la mode orientale, elles se composent d'un bout pointu garni de crins
09:15 de cheval.
09:16 Avec des pointes pouvant atteindre 50 cm, les extrémités pouvaient se relever et s'attacher
09:21 au mollet au moyen de chaînettes agrémentées de clochettes, pour les plus fashionistas.
09:26 Très à la mode à la cour des ducs de Bourgogne, qui tente de rivaliser et de dépasser le
09:30 faste de la cour de France, ces poulaines sont évidemment très contraignantes pour
09:34 la marche et consomment beaucoup de tissus dans leur confection.
09:37 Plusieurs lois sanctuaires tentent de réguler leur port et de contrôler la longueur des
09:41 pointes.
09:42 Certaines églises les surnomment les « griffes de Satan » parce qu'elles manifestent
09:45 un orgueil démesuré et empêchent leurs détenteurs de s'agenouiller correctement
09:49 lors de la messe.
09:50 Certains les tiennent même responsables de la grande peste noire de 1347.
09:55 Le coup de grâce est donné par le pape Urbain V qui les bannit définitivement en menaçant
10:01 les coquets d'excommunication.
10:03 Mais le XVIe siècle voit apparaître un autre accessoire masculin aux dimensions démesurées.
10:07 On va parler quelques instants de la braguette.
10:10 Au début, il s'agit d'un simple petit triangle d'étoffe servant à combler le
10:13 trou entre les chausses et le pourpoint.
10:15 Mais de fil en aiguille, la braguette prend de l'importance et devient un véritable
10:20 accessoire de mode.
10:21 Popularisée par Henry VIII d'Angleterre, elle est rembourrée de crains, sorne de pierres
10:26 précieuses et va jusqu'à être transformée en poche où l'on glisse sa monnaie, ses
10:31 lettres, voire son casse-croûte.
10:33 Sans mauvais jeu de mots hein… quoique c'est vraiment à celui qui aura la plus grosse.
10:38 La virilité s'expose autant, voire même plus que le décolleté des femmes.
10:42 Cette mode disparaîtra avec la montée du puritanisme et des mouvements dévots, qui
10:46 la transforment en simple fente, boutonnée ou lacée.
10:48 Les extravagances ne vont cependant pas s'arrêter en si bon chemin, car aussitôt la braguette
10:53 assagie, c'est au tour de la fraise de s'imposer.
10:56 Encore un truc plutôt sobre qu'à mal tourner.
10:59 Initialement, ce simple volant de tissu servait à protéger les vêtements des tâches.
11:03 Mais la collerette dépasse vite son simple emploi pratique pour devenir un élément
11:08 de parure inconfortable et difficile à entretenir.
11:11 Créée à partir de plusieurs rangs de draps ou de dentelles, les fraises étaient mises
11:15 en forme grâce à une tonne d'amidon, dont la production était très importante en
11:19 France et dans les Pays-Bas espagnols.
11:21 La fraise en roue de charrette apparaît dans les années 1550-1560.
11:26 Comme son nom l'indique, ses dimensions sont excessives, 6 à 8 centimètres de haut
11:32 sur 30 à 40 de large.
11:34 La personne qui la porte ne voit ni ses mains ni ses pieds.
11:38 Henri III raffole de ses fraises XXL, au point que ses détracteurs n'hésiteront pas
11:42 à prononcer la phrase "à la fraise, on reconnaît le veau".
11:46 La fraise est finalement condamnée en même temps que le vertu gadin en 1623, par un nouveau
11:51 monarque au style plutôt modeste, Louis XIII.
11:54 Mais même lui va, à sa façon, participer à une nouvelle mode, celle de la perruque.
12:00 Louis XIII, puis son fils le futur roi Louis XIV, institue ce fameux postiche, évidemment
12:05 connu depuis l'Antiquité.
12:06 Mais c'est vraiment sous leur règne que son usage se généralise, parce que les deux
12:11 souverains l'utilisent pour cacher une calvitie naissante.
12:13 La perruque du XVIIe siècle, qui n'est portée que par les hommes, se fait vite remarquer
12:17 par sa taille assez impressionnante, faisant penser à une crinière de lion.
12:21 Au XVIIIe siècle, la mode se propage aux femmes.
12:24 Et nous voilà arrivé au moment où les liens étroits entre la cour et la ville font naître
12:29 notre fameuse mode contemporaine.
12:31 Paris devient alors la capitale de la mode.
12:34 Les perruques, jusqu'alors essentiellement portées par les courtisans, se retrouvent
12:38 à avoir une place de choix dans les boutiques de la capitale.
12:41 L'engouement est tel que l'on voit apparaître la profession de maître coiffeur dans les
12:45 années 1760, ce qui crée des conflits avec la corporation des barbiers, autrefois seule
12:50 reconnue dans l'art de la coupe des cheveux.
12:53 En 1777, ils gagnent une longue lutte judiciaire.
12:56 Une ordonnance oblige les coiffeurs à se faire agréer par la corporation des barbiers
13:02 avant de pouvoir exercer.
13:03 La perruque devient bientôt aussi importante que le vêtement.
13:06 Elle se compose de plusieurs étages de faux cheveux, de crins et de rembourrage posé sur
13:11 des armatures métalliques.
13:12 Mise en forme avec de la pommade ou de la cire coiffante, elle est saupoudrée de farine
13:16 de blé pour la rendre moins collante.
13:18 Une pratique vivement critiquée car elle gaspille la denrée alimentaire de base de
13:22 l'époque.
13:23 En Angleterre, les mauvaises récoltes et les pénuries alimentaires débouchent d'ailleurs
13:27 sur une taxe, qui a pour but de réduire la consommation de poudre à perruques.
13:31 Malgré tout, certains monuments capillaires sont si hallucinants qu'ils forcent parfois
13:35 leurs porteurs à dormir assis, à la plus grande joie des caricaturistes.
13:39 L'engouement est tel que les prix flambent, au point que pour certains voleurs, finie
13:45 les vols de bijoux dans les diligence.
13:47 Ils se contentent maintenant de dérober les perruques directement sur le crâne de leurs
13:51 propriétaires.
13:52 La revente de leurs larcins leur assure un généreux profit.
13:55 Mais avec la révolution, la perruque subit le même sort que la robe à panier.
13:59 Elle est associée aux anciennes classes dirigeantes, qui sont désormais traquées, et donc elle
14:04 est bien vite abandonnée.
14:05 Je crois qu'on est tous prêts à perdre nos cheveux si c'est pour sauver sa tête.
14:08 Il n'y a pas que le vêtement ou l'accessoire, il y a aussi le look.
14:17 Mais si, vous savez, ce petit mouvement qui apparaît, ça a une façon de porter la mode,
14:23 une conception particulière du vêtement.
14:25 Il y a une différence entre la casquette et comment on la porte.
14:29 On peut la porter à l'endroit, à l'envers, de travers, perchée sur la tête.
14:33 On pourrait parler d'esthétique et même d'esthétique de la mode.
14:36 C'est le mouvement de la mode, la recherche d'un style de vie qui est parfois assez
14:41 original.
14:42 Au 18ème siècle, le grand tour est devenu une étape quasi obligatoire pour tout jeune
14:47 aristocrate européen bien anti.
14:49 Il s'agit d'un voyage quasi initiatique où le jeune homme est amené à parfaire
14:53 son éducation en visitant plusieurs villes européennes, avec un passage obligé en Italie
14:58 pour clôturer les leçons de philosophie antique et de latin reçues les années précédentes.
15:02 En plus des souvenirs historiques, certains jeunes hommes reviennent chargés de manières
15:06 empruntées essentiellement aux Italiens, ce qui leur vaudra le surnom de "macaroni".
15:10 A une époque qui respire le classicisme anglais, ce mouvement de jeunes provoque la consternation.
15:15 En effet, le macaroni est manieré à l'excès.
15:18 Il parle avec une voix au perché, porte des vêtements très ajustés ainsi qu'un minuscule
15:24 tricorne posé sur une perruque immense.
15:26 En Angleterre puis en France, le mot "macaroni" finit même par désigner quelque chose qui
15:31 est à la mode étrangère, mais dans l'excès.
15:34 C'est très "macaroni" ce que vous portez là !
15:36 "Macaroni" finit même par devenir une insulte pour tout ce qui est non patriote,
15:42 même les traîtres.
15:43 Et pourtant, le mouvement est remis au goût du jour lors du Directoire en 1795-1799.
15:49 A l'époque, les "incroyables et merveilleuses", de jeunes royalistes dirigés par le comte
15:54 de Barras, miment les manières des aristocrates de l'Ancien Régime tout en portant des
15:58 tenues extravagantes.
15:59 Robes transparentes, culottes extrêmement moulantes, accessoires à la macaroni, rien
16:05 n'est trop démesuré.
16:06 Fiers de leur côté provoque, certains et certaines se coupent les cheveux très courts,
16:11 à la guillotine, et portent des cravates qui masquent le cou et la bouche, en souvenir
16:16 des victimes condamnées pendant la terreur.
16:17 Le mouvement de mode porte donc un message politique qui servira de base à la création
16:22 du dandisme par exemple.
16:24 Cette contestation par le style se retrouve également dans des mouvements plus modernes
16:28 comme le glam rock des années 1970, et qui va servir de base à la révolution punk.
16:34 Au départ créé pour contester le style hippie, le mouvement punk apparaît à Londres
16:38 en 1976 grâce aux influences musicales venues des USA dans le milieu proto-punk.
16:43 Le concept ? Des musiques simples, violentes et agressives, jointes à une approche étonnante
16:49 du vêtement et de l'apparence.
16:50 L'individu se construit lui-même, allant même jusqu'à choisir son prénom.
16:54 Beaucoup plus virulent que ses ancêtres macaroni ou dandies, le punk a quand même un but identique
16:59 - choquer, interpeller, en se posant en porte à faux des valeurs sociales traditionnelles.
17:04 Cette révolution va avoir une importance capitale dans la construction des styles que
17:08 nous connaissons encore aujourd'hui, puisqu'elle va donner naissance à certaines modes alternatives
17:13 comme le retour du look rétro-rockabilly, le style gothique ou le new lolita japonais.
17:18 La haute couture et les créateurs utilisent aussi ce modèle de déconstruction de la
17:23 pensée pour nous proposer des défilés où la créativité fusionne avec l'extravagance.
17:27 Et voilà, en ayant abordé tous ces styles, il y a une conclusion qui vient tout naturellement,
17:32 c'est que la beauté est une notion qui a sa part de subjectivité.
17:35 Ce qui semble grandiose à un moment peut paraître grotesque à peine 10 ans plus tard.
17:39 Et tout ça arrive d'ailleurs parfois plusieurs fois dans la vie d'une même personne.
17:44 Par exemple, vous avez peut-être déjà eu un ou plusieurs looks successifs que vous
17:48 porteriez vraiment jamais aujourd'hui.
17:50 Dites-le moi en commentaire.
17:51 Mais perso, j'avais tout le temps des grosses bottes avec des pantalons en cuir et des grands
17:57 manteaux qui allaient jusqu'aux pieds.
17:58 Voilà, c'était comme ça.
17:59 En général, toutes ces extravagances restent justement de bons indicateurs d'un état
18:04 d'esprit, du regard qu'on porte sur la hiérarchie, le pouvoir, la philosophie, la
18:09 morale, la religion, le corps et la sexualité.
18:12 Étudier la mode, c'est faire de la sociologie, c'est comprendre à quel point elle est
18:16 importante dans la construction identitaire d'une personne.
18:19 Merci à tous d'avoir suivi cet épisode, merci à Mamsel Rev de l'avoir composé
18:23 pour la chaîne.
18:24 On a pu traverser le temps avec elle et découvrir mille choses assez surprenantes.
18:29 Alors bien sûr, n'hésitez pas, comme d'habitude, lâchez un pouce bleu, partagez, abonnez-vous
18:33 à la chaîne pour encore plus de contenu et à très bientôt sur Nota Bene !
18:38 Salut !
18:38 *Musique du générique de fin*
18:57 *Musique du générique de fin*
18:59 Merci d'avoir regardé cette vidéo !

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