Neuf mois après, des "ossements" du petit Emile retrouvés, mais sa mort reste inexpliquée

  • il y a 5 mois

Pascal Praud revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, le décès du petit Émile appris hier après qu'une randonneuse ait trouvé des "ossements" lui appartenant.

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Transcript
00:00 - Il est 11h06, Europe 1.
00:03 Il est 11h06, donc comment est mort le petit Émile ?
00:07 Mais c'est vrai que je le disais tout à l'heure, la mort d'un enfant est toujours un scandale et elle exigerait sans doute le silence.
00:13 Et hélas, le petit Émile est mort et son visage est à la une de toute la presse.
00:18 Le petit Émile aujourd'hui comme le petit Grégory hier,
00:21 et ses enfants qui pour l'éternité ne seront plus qu'une photo,
00:25 une photo et un adjectif devant leur prénom, le petit, le petit Grégory, le petit Émile.
00:30 Les journalistes à condition qu'ils ne deviennent pas des détectives privés font leur métier,
00:34 ils témoignent et c'est ce que nous faisons.
00:36 La mort du petit Émile a bouleversé les Français, elle recouvre un mystère,
00:40 l'intérêt du public pour le fait divers, pour le drame, pour la mort,
00:43 existe évidemment depuis toujours.
00:45 Mais ce matin, bien sûr, on pensera à la famille d'Émile,
00:49 puisqu'au chagrin et à la douleur de perdre un enfant,
00:52 à la colère de lire, de voir son existence affichée à tous les vents.
00:57 Et cette question-là, chaque journaliste j'imagine se la pose.
01:01 Alors nous allons être avec, dans quelques instants, avec Marc Rolland notamment,
01:07 mais je voudrais qu'on écoute Alain Bauer qui est le criminologue que vous connaissez.
01:10 Il était l'invité de Sonia Mabrouk ce matin à 8h10 sur Europe 1 et sur CNews.
01:15 Il est important que nous ayons un petit moment de recueillement.
01:17 Émile Soleil n'est pas juste un crâne, un squelette, un cadavre ou une affaire criminelle.
01:22 C'est aussi une victime dont on ne connaît pas encore la situation,
01:27 le pourquoi, le comment, le lieu, on va y revenir.
01:30 Mais je crois qu'il est important pour ceux qui croient comme ceux qui ne croient pas
01:34 que nous ayons cette pensée pour la victime, pour ceux qui croient.
01:37 Nous allons écouter à présent le colonel Marie-Laure Pesan,
01:41 elle est porte-parole de la gendarmerie, elle était hier soir sur CNews.
01:44 C'est une zone qui avait déjà été fouillée.
01:46 A l'époque, on avait engagé de nombreux moyens.
01:49 On avait des gendarmes mobiles, des gendarmes départementaux locaux,
01:52 on avait des équipes synophiles, on avait des hélicoptères
01:55 qui ont fait cette fouille avec des caméras, des caméras thermiques.
01:59 La complexité du terrain fait que ce n'est pas impossible.
02:05 Il y a une infime chance qu'on soit passé à côté,
02:08 mais c'est une possibilité qu'il ne faut pas écarter.
02:12 Après, on explore aussi l'autre possibilité
02:15 qui est qu'on puisse avoir déposé ces ossements par la suite,
02:19 après ces recherches.
02:20 Je vous propose également d'écouter François Daoust,
02:23 c'est l'ancien directeur de l'Institut de recherche criminelle
02:25 de la gendarmerie nationale.
02:26 Il était interrogé pour Europe 1 par Laurent Tessier.
02:29 Que va-t-il se passer maintenant ?
02:31 Les médecins légistes et les anthropologues vont travailler sur le crâne
02:36 pour voir s'il y a eu des fractures.
02:39 L'origine de ces fractures, est-ce que ça peut être consécutif à une chute
02:44 ou au contraire, est-ce que ça peut être un coup de portée ?
02:47 Ça, c'est la première chose.
02:49 La seconde, c'est dans la voûte crânienne,
02:54 est-ce qu'il y a eu un hématome soudural
02:57 qui peut renseigner sur un choc qu'il y a eu,
03:00 sans forcément faire d'ailleurs de fracture du crâne.
03:04 Et bien sûr, chaque fois que d'autres ossements pourront être retrouvés,
03:09 les restes de l'enfant, ils vont être analysés au même prisme,
03:13 c'est-à-dire, est-ce que c'est un enfant qui ne porte aucune trace
03:18 d'agression ou de chute, un enfant qui s'est arrêté de marcher
03:24 parce qu'il était fatigué, puis il avait soif,
03:27 et qui en fait est mort d'épuisement et déshydraté.
03:29 Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur, hier sur LCI.
03:34 Beaucoup de tristesse, beaucoup de tristesse, bien sûr,
03:36 pour ce petit garçon, ce petit ange, en tant que père de famille,
03:39 j'ai des enfants qui ont à peu près le même âge,
03:41 on est vraiment tous, je crois, profondément touchés.
03:43 À chaque fois qu'il y a un drame qui touche un enfant,
03:45 et je voudrais vous dire, bien sûr, puisque c'est au procureur de la République
03:48 de faire des commentaires sur l'enquête judiciaire,
03:50 qu'on va continuer à mettre à l'exposition de la justice beaucoup de monde,
03:53 et grâce aux traces scientifiques, désormais,
03:56 je suis sûr qu'on trouvera, j'en suis quasi certain,
03:59 ce qui s'est passé, et j'espère qu'on trouvera le ou les coupables.
04:02 Et puis, le maire du Vernet, sur CNN News,
04:05 alors que dans quelques instants nous serons en direct avec Annabelle,
04:08 qui habite précisément le Vernet, François Balik, écoutons-le.
04:12 Vous êtes maire d'une commune, il y a quelqu'un qui disparaît,
04:16 un enfant de 12 ans et demi,
04:18 donc maintenant on sait qu'il est décédé,
04:20 donc je pense à lui, à sa mémoire,
04:23 et je pense également très fort à ses parents,
04:26 parce que perdre un petit enfant, c'est difficile.
04:32 Et pour le maire d'une commune, c'est une des choses les plus difficiles qui soient.
04:37 - Il est 11h11, je salue notre ami Fabrice Laffitte,
04:41 qui nous a envoyé un petit message,
04:43 bonne émission et joyeuse Pâques,
04:45 et je lui redis effectivement de bien profiter de cette journée de vacances,
04:50 comme je salue tous ceux qui sont aujourd'hui peut-être sur la route,
04:54 qui n'ont pas l'habitude de nous écouter,
04:57 et peut-être découvrent-ils également notre émission,
05:00 peut-être sont-ils sur la route, parce que les retours de Pâques...
05:03 - Peut-être en fin d'après-midi ou de matinée ?
05:06 - Oui mais là on est plutôt en fin de matinée, là, manifestement.
05:10 - Ça va Gérardine ? - Ça va, Gérardine.
05:12 Parce que là il est 11h12, Gérardine.
05:14 - Ah oui, il n'est pas dit à se laisser avoir,
05:16 on a changé d'heure, c'est pour ça.
05:18 - C'est pas 10h, c'est qu'une heure. - Ça m'a un peu perturbée.
05:20 - C'est pas 10h, on n'a pas avancé de 10h.
05:23 Elle a avancé de 10h, on pense à Gérardine qu'il est 19h.
05:27 Mais en fin d'après-midi, je salue tous ceux qui nous écoutent, non ?
05:30 - Non.
05:31 - Et c'est vrai que moi j'ai un souvenir d'être revenu,
05:34 je ne sais pas s'il y a déjà des gens qui sont sur la route,
05:37 de l'Ouest, j'étais revenu de Laboul,
05:39 je crois que j'étais parti à 10h ou 11h du matin, c'était il y a deux ans,
05:42 j'étais avec ma fille dans la même voiture,
05:45 et on était arrivés à 18h ou 19h à Paris.
05:47 Le retour, ce jour de Pâques,
05:50 j'ai l'impression que c'est la pire des journées de l'année pour revenir dans Paris.
05:56 J'ai eu ce sentiment en tout cas.
05:57 Donc je salue tous ceux qui sont sur la route,
06:00 qu'ils prennent leur courage en patience.
06:04 - Leur mal en patience. - Leur mal en patience.
06:07 Merci Monsieur Tessier d'écouter notre émission,
06:10 et donc un animateur qui ne connaît pas toujours ses mots,
06:12 mais qui est secondé quand même par quelqu'un de sérieux,
06:15 en l'occurrence Monsieur Tessier.
06:16 Donc on les salue, soyez prudents les enfants,
06:19 vous mangez du chocolat et vous n'embêtez pas vos parents derrière,
06:22 vous ne dites rien, les parents coulent,
06:25 et nous on revient dans une seconde.
06:27 Et pour réagir avec Pascal Pro sur Europe 1,
06:29 de 11h à 13h, vous réagissez au 01 80 20 39 21.
06:33 Pascal Pro et vous.
06:36 De 11h à 13h sur Europe 1, et avec Annabelle,
06:38 qui nous a joint en ligne, qui est habitante du Vernet, Pascal.
06:42 Bonjour Annabelle, et merci d'être avec nous.
06:45 Bonjour.
06:46 Merci d'être avec nous.
06:47 Vous habitez le village du Vernet.
06:50 Oui, c'est ça.
06:51 Donc forcément, ce sujet et cette mort,
06:56 plus peut-être que d'autres Français, vous touchent.
07:01 Ah évidemment oui, on est en plein cœur de cette histoire, donc forcément.
07:07 Quel est votre sentiment ?
07:10 Mon sentiment, à t'heure ci, c'est plus évidemment de la tristesse,
07:14 et quelque part du soulagement si j'ose dire,
07:18 parce qu'on attend le dénouement, on attend les réponses,
07:22 donc on sait que cette découverte, c'est un premier pas vers la vérité.
07:29 Évidemment, ce village, j'imagine, dans lequel vous êtes,
07:34 les uns et les autres échangent sur ce sujet.
07:38 Ah non mais dans le village, si vous vous rendez sur place,
07:42 vous verrez qu'en fait personne ne sort.
07:44 Quand on sort, il y a des gendarmes partout,
07:48 on doit passer les barrages, montrer notre carte d'identité,
07:52 il y a les journalistes partout, donc il n'y a pas grand monde qui sort.
07:55 On n'est que 100 dans le village.
07:57 Aujourd'hui, mais depuis 6 mois, j'imagine que les discussions dans ce village...
08:03 Ça tourne autour de ça, on est tous dans l'attente des réponses,
08:09 mais sans plus, après la vie continue malgré tout pour nous tous.
08:14 On est tous suspendus aux lèvres du procureur, des enquêteurs,
08:18 mais je pense qu'on en parle comme toute la France,
08:21 parce que toute la France a été touchée par cette histoire,
08:23 que ce soit au Vernet ou que ça se passe n'importe où en France,
08:26 comme la petite Lina d'ailleurs, qui est à l'opposé de nous,
08:29 on y pense autant je pense.
08:31 Ça reste un enfant, ça reste une personne innocente.
08:35 - Donc vous êtes dans le village du Vernet,
08:38 et le petit Emile était dans le hameau du Haut-Vernet.
08:44 - C'est ça.
08:45 - Et entre le village du Vernet et le hameau du Haut-Vernet,
08:49 il y a combien de kilomètres ?
08:52 - Il y a 2-3 kilomètres.
08:55 - Et dans le village du Vernet, il y a combien de personnes ?
08:58 - On est une centaine à l'année, puis 300 l'été.
09:02 - Et dans le hameau du Haut-Vernet, il y a combien de personnes ?
09:06 - Je pense qu'il doit y avoir une trentaine,
09:09 je ne connais pas les chiffres exactement,
09:10 mais je pense que c'est une trentaine de personnes.
09:13 - Est-ce que vous diriez que tout le monde se connaît ?
09:15 Est-ce que vous connaissez tout le monde à Vernet ?
09:17 - Non, je ne connais pas tout le monde.
09:19 Moi je ne connais pas tout le monde, ça fait que 6 ans que je suis au village.
09:22 J'ai une affaire au village, donc je me contente d'aller travailler.
09:31 Évidemment, on connaît pas mal de personnes, mais pas tout le monde.
09:33 Il y a beaucoup de personnes qui ne viennent que l'été ou pendant les vacances,
09:36 donc quand on les croise, on ne sait pas qui c'est, comme partout.
09:40 - Vous habitez le Vernet, mais en ce moment, vous avez dit "je vais travailler",
09:43 vous êtes où en ce moment, Annabelle ?
09:46 - Nous on est à un parc de loisirs, une ferme pédagogique dans le village.
09:49 - Dans le village du Vernet ?
09:52 - Hum hum, c'est ça.
09:54 - Donc c'est ouvert aux visiteurs ?
09:57 - Ah ben non, on a tout fermé ce week-end, on ne se sentait pas de...
10:00 Normalement oui, c'est ouvert aux visiteurs à l'année.
10:04 - Et ça c'est quelque chose, c'est vous qui avez mis en place cette activité ?
10:09 - Oui, oui.
10:10 - Et ça marche bien ? Il y a beaucoup de visiteurs, il y a beaucoup de monde ?
10:13 - Ben oui, énormément, énormément.
10:15 En juillet-août, oui, il y a plusieurs centaines de personnes par jour en juillet-août.
10:20 - On entend d'ailleurs derrière vous, manifestement, des animaux, je ne sais pas si c'est...
10:26 - Oui.
10:27 - Est-ce que vous avez le sentiment que des gens peuvent venir vous voir aujourd'hui pour de mauvaises raisons ?
10:33 - Non, alors ça c'est tout le contraire en fait.
10:35 L'année dernière, au moment de l'affaire, on a beaucoup souffert de ça,
10:40 parce que justement les gens n'osaient pas venir dans le village de peur de passer pour des voyeurs.
10:46 Donc du coup, ils s'abstenaient, ils venaient pas, et ça a été un peu un drame pour nous,
10:52 mais après, voilà, on comprend.
10:54 - Et vous le connaissiez ce petit Émile ?
10:56 - Pas du tout, du tout, non.
10:58 Je ne peux vraiment pas vous parler de la famille ou du petit Émile, je ne le connais pas.
11:02 - Bon, d'abord je voulais vous remercier.
11:04 Moi je suis ennuyé quand je parle de cette affaire dramatique,
11:11 parce qu'effectivement, il n'y a pas beaucoup de nouvelles informations.
11:15 Et je n'ai pas envie de parler de cette affaire,
11:20 alors que précisément l'enquête est en cours, et qu'il faut sans doute attendre.
11:26 En même temps, votre témoignage est intéressant,
11:28 parce que votre témoignage c'est quelqu'un qui vit sur place, et qui témoigne de la réalité.
11:33 Et donc je vous remercie grandement, Annabelle.
11:35 - Avec plaisir.
11:36 - Et je vois que même le lundi de Pâques, alors vous m'avez dit que c'était fermé,
11:39 mais vous êtes quand même allé travailler, parce que les bêtes, elles ne savent pas qu'on est lundi de Pâques.
11:42 - Ah ben, exactement, on a une centaine d'animaux, c'est 375 jours par an,
11:46 et voilà, malheureusement aujourd'hui c'est sans visiteurs,
11:48 alors que les enfants n'attendaient que ça, venir chercher leurs oeufs, mais voilà, le contexte...
11:53 - Mais il y a une centaine d'animaux ?
11:56 - Ouais, une centaine d'animaux en tout.
11:59 - Alors il y a des chèvres manifestement ?
12:01 - Des moutons, des chèvres, des cochons, des vaches, des poneys, des ânes, des oies, des oiseaux, des lapins,
12:05 tout ce que vous pouvez trouver dans une ferme, et qui fait le bonheur des enfants.
12:08 - Et les enfants, effectivement, viennent voir, et quelqu'un leur explique comment ils mangent, comment ils vivent ?
12:14 - Exactement, alors nous on est à la moitié entre une ferme pédagogique au niveau des animaux, et parcs de loisirs,
12:19 donc tous nos animaux sont en liberté au milieu des visiteurs quand ils viennent,
12:23 et on organise plein d'activités ludiques et pédagogiques au milieu de ces animaux-là,
12:28 il y en a pour tout le monde, effectivement, les gens viennent de loin,
12:31 et c'est un franc succès, donc c'est aussi notre fierté.
12:35 - Bon bah écoutez, merci vraiment beaucoup, merci beaucoup Annabelle,
12:40 et on va être avec Marc Rolland, qui est le capitaine de gendarmerie,
12:43 qui est le porte-parole de l'Association Professionnelle Nationale de Militaires, Gendarmes et Citoyens,
12:47 qui est avec nous, bonjour M. Rolland.
12:49 - Bonjour M. Proud, je vous écoute.
12:52 - Et bah, merci d'être avec nous, et peut-être pouvez-vous nous donner
12:56 quelques informations sur l'enquête telle qu'elle va se dérouler dans le Hauvernais,
13:02 avec évidemment la réserve que vous devez observer sur un sujet comme celui-là ?
13:10 - L'indispensable réserve liée au secret de l'enquête,
13:14 qui est rappelé à l'article 11 du Code de Procureur pénal,
13:18 qui interdit tous les acteurs régaliens de communiquer sur une enquête en cours,
13:23 pour garantir le succès de l'enquête, la manifestation de la vérité,
13:27 et également le cas échéant, les droits de la défense.
13:30 - J'ai quand même l'impression M. Rolland, que soit la police,
13:35 mais je pourrais dire la même chose avec la justice,
13:38 qu'aujourd'hui les règles sont plus strictes qu'elles ne l'étaient il y a 40 ans.
13:43 Je me souviens au moment de l'affaire Grégory, où des policiers pouvaient parler,
13:46 où des juges pouvaient faire des conférences de presse,
13:49 je me souviens également de l'affaire de Bruet en Artois,
13:52 où le juge Pascal faisait des conférences de presse.
13:54 J'ai l'impression qu'aujourd'hui, il y a une confidentialité
13:59 qui est davantage respectée à la fois de la police,
14:02 en tout cas plus encadrée, on va dire, plus encadrée qu'elle ne l'était.
14:06 C'est vrai ou pas ?
14:07 - Vous avez tout à fait raison, elle est encadrée, elle est normée,
14:10 elle est imposée, elle est même sanctionnée dès lors qu'un magistrat, un enquêteur,
14:15 aurait l'imprudence de communiquer sur une enquête dont il aurait connaissance entière ou parcellaire des éléments.
14:22 En tout cas, pour accompagner effectivement ce besoin légitime qui est le vote d'informer le public,
14:28 récemment, les magistrats, le procureur, dès lors que l'intérêt public est avéré,
14:34 peut communiquer pour rassurer la population pour des raisons d'ordre public.
14:39 - Et c'est vrai, peut-être qu'il y a quelques années, il y avait des informations qui étaient diffusées,
14:45 les journalistes avaient leurs sources, et peut-être les gens dans votre métier,
14:49 sont-ils plus prudents qu'ils ne l'étaient il y a quelques années ?
14:53 - On se rend compte aussi que le malfaiteur, le criminel,
14:57 se nourrissait aussi beaucoup des informations qu'il pouvait recueillir
15:00 au travers des reportages radiophoniques, télévisuels, des conférences de presse,
15:06 et mettre en place une stratégie de défense ou d'esquivement.
15:09 Maintenant, pour les garanties de l'enquête, pour le droit légitime à réparation,
15:15 et pour pouvoir traduire le cas échéant, les auteurs de "Ouage aux directions dépressives",
15:19 on fait cela avec le plus de transparence possible,
15:22 et surtout, le plus de loyauté possible par rapport à la procédure.
15:26 - Merci M. Roland, vous allez rester avec nous, on va marquer une pause.
15:28 Je rappelle que vous êtes capitaine de gendarmerie et porte-parole
15:31 de l'Association Professionnelle Nationale de Militaires, Gendarmes et Citoyens.
15:34 Bien sûr, vous n'êtes pas impliqué directement dans cette enquête,
15:37 mais c'était intéressant d'entendre votre point de vue,
15:41 et comment les sources policières sur un sujet comme celui-là s'expriment.
15:45 Il est 11h26, nous marquons une pause.
15:47 - Et pour réagir avec Pascal Praud, sur Europe 1, 0180 20 39 21,
15:52 le numéro est non surtaxé, 11h13h. Vous écoutez Pascal Praud et vous, sur Europe 1, à tout de suite.
16:01 - Et nous sommes avec Frédéric Michel, qui est correspondant d'Europe 1,
16:04 qui est sur place dans le Vernet.
16:07 Ah, il n'est pas encore connecté, Frédéric Michel.
16:10 Donc on est toujours avec M. Roland, on peut être peut-être avec Elisabeth.
16:14 - Elisabeth, exactement.
16:15 - Bonjour Elisabeth, qui est en Moselle et qui voulait peut-être réagir
16:18 sur cette information, évidemment dramatique,
16:20 et ce décès du petit Émile qu'on a appris hier.
16:23 - Bonjour Pascal.
16:24 - Elisabeth, votre sentiment ?
16:26 - Bonjour Pascal.
16:27 Moi je pense tout de suite aux parents, à la famille, pour qui, bon, ça doit être dur,
16:32 mais c'est aussi pour eux, je pense, un soulagement d'avoir, on va dire,
16:37 en partie retrouvé Émile, de savoir ce qu'il en est.
16:41 Mais enfin, je me dis, et puis je me dis heureusement aussi que cette famille-là
16:45 est croyante, comme ça elle a de quoi la soutenir,
16:48 parce que ce n'est pas donné à tout le monde d'avoir quelque chose à quoi se raccrocher.
16:52 - Mais je vais vous poser une question qui est délicate.
16:55 - Oui, d'accord.
16:56 - Les audiences des chaînes info sont tombées,
16:59 et c'est vrai qu'hier, pour ne pas la nommer,
17:03 les chaînes info BFM, mais aussi CNews, ont consacré beaucoup de temps à cela.
17:08 Et puis c'est vrai que l'audience a été au rendez-vous.
17:11 C'est toute la difficulté pour les journalistes que nous sommes.
17:14 Je disais, il n'y a pas de nouvelles informations,
17:17 mais c'est une information qui intéresse le public.
17:21 Et en même temps, le public, et c'est là qu'il peut être de temps en temps paradoxal,
17:26 il peut reprocher de parler de cette information, tout en la regardant.
17:31 Et je voulais savoir si vous apparteniez à ce type de spectateur, téléspectateur,
17:38 qui regarde, et je ne veux pas dire que vous avez honte de regarder, bien sûr,
17:44 mais il y a quelque chose qui attire, qui est aimante, parfois,
17:48 et en même temps, il n'y a rien de nouveau, mais on regarde quand même,
17:51 comme si c'était hypnotique de regarder cette information, d'écouter cette information.
17:56 Je me mets quand même une certaine limite, parce que ça arrive à un moment où c'est bon,
18:00 il n'y a rien de plus, si ce n'est pour dire qu'il y a un brin d'herbe qui a bougé, etc.
18:03 Non, moi j'aime bien avoir quand même des informations,
18:06 mais quand je vois qu'au fur et à mesure de la journée, on ne sait rien de plus,
18:10 je fais autre chose, et moi je trouve que ça m'intéresse, ces histoires-là,
18:15 toutes ce qui est affaires criminelles, disparu, etc., j'aime bien,
18:18 je ne veux pas non plus après tomber dans le voyeurisme,
18:21 attendre désespérément d'avoir quelque chose pour en rien savoir en plus.
18:25 - Mais convenons, alors je ne sais pas quel âge vous avez...
18:28 - 52, 54 pardon !
18:30 - 54 ans, donc vous avez connu l'affaire Grégory.
18:33 - Exact.
18:34 - Évidemment, les grandes affaires criminelles, les grands faits divers,
18:39 ça a toujours beaucoup intéressé le public.
18:42 Alors dans le temps, il y avait François,
18:45 François vendait jusqu'à 2 millions par jour d'exemplaires,
18:51 il y avait plusieurs éditions par jour.
18:54 Et il n'y avait pas les chaînes info, il n'y avait pas encore la télévision,
18:59 il y avait un peu la radio, je parle dans les années 50,
19:03 la télévision elle est peu présente.
19:05 Il y a une grande affaire française, que l'affaire domine ici,
19:08 qui va passionner la France, et bien sûr,
19:12 les journalistes de François étaient présents,
19:14 ils sont restés des mois, c'était dans le sud de la France,
19:18 l'affaire domine ici, ils sont restés des mois.
19:20 Philippe Labraud raconte ça très bien d'ailleurs dans un livre qui s'appelle "Un début à Paris",
19:24 il était jeune journaliste et il avait couvert ces affaires-là.
19:28 Donc, le fait divers, et notamment le fait divers dramatique,
19:34 et le fait divers dramatique où il y a un mystère,
19:36 parce que c'est ça aussi la clé,
19:38 s'il y a un mystère, ça aimante, que ce soit le lecteur hier, le téléspectateur aujourd'hui.
19:44 - Mais pour la salle Grégory, ce qui était bien, c'est que
19:47 il n'y avait pas encore les chaînes d'information,
19:49 donc on écoutait les journaux, la télévision,
19:54 on se renseignait dans notre presse régionale,
19:56 comme moi j'habite en région Lorraine,
19:58 donc on se renseignait, etc.
20:00 Mais voilà, ça n'allait pas plus, alors que maintenant,
20:02 c'est vrai que par moments, ça a de la saturation,
20:04 comme je vois hier, c'est ça toute la journée,
20:06 même si j'aime bien toutes les affaires criminelles,
20:09 je trouve qu'à un moment, ça arrive à saturation.
20:11 - J'entends ce que vous dites, mais en même temps,
20:13 les journalistes se conduisent...
20:15 - Il y a que des gens qui sont intéressés.
20:17 - Les journalistes se conduisent beaucoup mieux aujourd'hui
20:20 qu'ils ne se conduisaient il y a 40 ans.
20:22 Parce que ce qui s'est passé dans l'affaire Grégory,
20:24 avec des gens Est, qui prenaient Fete et Gosse parfois
20:26 pour un camp ou pour un autre,
20:28 avec des photographes qui se sont conduits
20:31 au moment de l'enterrement n'importe comment...
20:33 - Oui, ils ont pu monter.
20:35 - Aujourd'hui, aucune rédaction ne tolérerait
20:39 ce qui se passait il y a 40 ans.
20:41 La profession est beaucoup plus morale
20:43 qu'elle ne l'était il y a 40 ans.
20:45 - Oui, mais du coup, ils n'ont plus rien à se mettre sous la dent.
20:47 Du coup, ils passent la journée à nous rabattre
20:49 les mêmes informations.
20:51 - Écoutez, je ne m'exclus pas de ceux dont vous parlez,
20:55 puisque c'est ce que nous sommes en train de faire actuellement.
20:59 Mais en mettant, je l'espère, un peu de distance sur ces faits,
21:02 en analysant aussi ce phénomène médiatique.
21:05 Merci beaucoup Elisabeth,
21:07 je ne sais pas quel va être votre programme aujourd'hui,
21:09 vous ne travaillez pas ?
21:11 - Non, aujourd'hui on termine les fêtes de Pâques
21:13 avec un petit repas familial et puis voilà,
21:15 ce sera très bien.
21:17 - Bon, et hier vous avez eu des...
21:19 Non, il n'y a pas de cadeaux d'ailleurs pour Pâques,
21:21 il y a simplement du chocolat.
21:23 - Non, non, non, c'est juste le chocolat, c'est tout.
21:25 - Et vous avez encore des petits-enfants,
21:27 des jeunes-enfants ?
21:29 - Non, j'ai des adultes,
21:31 des jeunes adultes,
21:33 mais c'est toujours plaisant de les voir manger le chocolat.
21:35 - Quel âge ont ces jeunes adultes ?
21:37 - 29, 27 et 19 ans.
21:39 - Ah oui, donc il y en a déjà qui,
21:41 peut-être, ont quitté la maison ?
21:43 - Voilà, il y en a deux, il ne reste plus qu'un.
21:45 - Ils peuvent manger du chocolat quand même !
21:47 - Oui, mais...
21:49 - Il y a un sous-texte dans ce que vous dites !
21:51 - La maman qui est Elisabeth a dit "des jeunes adultes",
21:53 29 ans,
21:55 déjà bien en ce moment quand même.
21:57 - C'est un peu des bonbons quand même !
21:59 - Et donc, vous vous occupez de chercher
22:01 quelqu'un qui nous écouterait pour la première fois,
22:03 et la dernière fois !
22:05 Je le rappelle,
22:07 c'est le "Croncette",
22:09 quelqu'un qui n'aime pas du tout notre émission,
22:11 non seulement il ne la connaissait pas,
22:13 mais il a pas envie de la réécouter !
22:15 Nous sommes avec
22:17 Frédéric Michel, qui est le correspondant d'Europe 1
22:19 et qui est sur place.
22:21 Frédéric, bonjour !
22:23 - Bonjour ! - Et merci d'être avec nous,
22:25 vous êtes donc dans
22:27 ce hameau du Haut-Vernay,
22:29 je le dis depuis
22:31 le début de l'émission, je veux marquer
22:33 une grande prudence, parce qu'il n'y a pas
22:35 d'informations nouvelles, et c'est cela
22:37 peut-être qu'il faut dire en priorité, Frédéric ?
22:40 - Oui, soyons prudents, c'est une enquête,
22:42 et il ne faut surtout pas
22:44 en rajouter, vous avez
22:46 totalement raison. Alors je ne me trouve pas
22:48 au Haut-Vernay, puisque le Haut-Vernay est totalement
22:50 bouclé, une cinquantaine de gendarmes,
22:52 un escadron assure la sécurité
22:54 et la discrétion, l'idée
22:56 c'est que personne ne puisse
22:58 monter dans ce hameau du Haut-Vernay,
23:00 notamment à l'endroit
23:02 où les restes humains
23:04 du petit Émile ont été retrouvés,
23:06 c'est-à-dire un crâne
23:08 et des dents,
23:10 donc nous sommes en contrebas au niveau du
23:12 village du Vernay,
23:14 tous les journalistes, vous imaginez bien,
23:16 plusieurs dizaines de journalistes.
23:18 - Et aujourd'hui,
23:20 il y aura donc de nouvelles recherches
23:22 qui sont organisées
23:24 par la gendarmerie ?
23:26 - Actuellement, les recherches sont en cours,
23:28 avec des équipes cynophiles, notamment
23:30 du Centre National d'Investigation de Gramma,
23:32 ce sont des chiens experts dans la
23:34 recherche de restes humains.
23:36 Il y a aussi l'IRCGN, l'Institut de Recherche
23:38 Criminelle de la Gendarmerie Nationale,
23:40 qui s'est transporté sur les lieux
23:42 avec notamment des anthropologues.
23:44 Pourquoi ce transport ?
23:46 Parce que ça va permettre d'aller
23:48 très vite lorsqu'on
23:50 va peut-être relever
23:52 d'autres indices, retrouver
23:54 peut-être d'autres parties du
23:56 corps du petit Émile,
23:58 ces anthropologues pourront dire très rapidement
24:00 qu'il s'agit d'ossements
24:02 appartenant à des animaux, ou plutôt
24:04 des ossements humains.
24:06 Ça évitera le transfert vers Pontoise, même si
24:08 ce week-end samedi, lorsqu'on découvre
24:10 lorsqu'on découvre
24:12 malheureusement le crâne
24:14 d'Émile, on ne le sait pas encore,
24:16 ce crâne va être transporté
24:18 immédiatement à Pontoise,
24:20 deux hélicoptères vont se relayer,
24:22 un qui va atterrir à Lyon, l'autre repartira
24:24 de Lyon pour arriver à Pontoise,
24:26 et dans la nuit, les experts
24:28 de l'IRCGN, c'est l'un
24:30 des meilleurs institutions au monde,
24:32 les experts valident, parce qu'ils
24:34 ont l'ADN du petit Émile,
24:36 vous le savez, dans toute affaire criminelle,
24:38 on relève dès le début
24:40 des cheveux,
24:42 sur des vêtements, sur une brosse à dents,
24:44 on essaye de relever l'ADN pour pouvoir le comparer
24:46 lorsque l'on trouve
24:48 quelque chose, c'est ce qui s'est passé,
24:50 très vite ça a matché dans le jargon professionnel,
24:52 on a su que c'était
24:54 le petit Émile, et maintenant,
24:56 on va analyser
24:58 ses restes pour
25:00 qu'il puisse parler, et puis surtout
25:02 il faut trouver le reste du corps, parce que
25:04 excusez-moi du terme, c'est un peu comme un puzzle,
25:06 il faut avoir tous
25:08 les éléments pour justement
25:10 être sûr pour lever des doutes.
25:12 - Merci Frédéric Michel,
25:14 il est 11h43, on va marquer une pause
25:16 et changer de sujet
25:18 en ce lundi de Pâques,
25:20 et toutes nos pensées
25:22 bien sûr vont pour les parents
25:24 du petit Émile qui ont perdu
25:26 tout espoir que leur fils fût vivant,
25:28 chacun sait d'ailleurs qu'ils sont de fervents
25:30 catholiques, et c'est à eux vraiment
25:32 que nous pensons ce matin, à ce deuil impossible,
25:34 et à ce lundi bien sûr,
25:36 qui marque le premier jour du reste de leur vie.

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