Regardez Le Journal Inattendu du 30 mars 2024 avec Nathalie Renoux.
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00:13 Le journal inattendu de Bernard Minier
00:16 Avec Nathalie Renou sur RTL
00:18 Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce journal inattendu qui devrait vous faire peur, qui devrait vous tenir en haleine, vous donner envie de résoudre des énigmes
00:27 puisqu'on va parler polare aujourd'hui avec mon invité, un maître en la matière dont le dernier roman "Les effacés" sortira le 4 avril.
00:35 Bonjour Bernard Minier.
00:36 Bonjour.
00:37 C'est votre 12ème roman, vous n'avez jamais connu de panne d'inspiration ?
00:41 Ne me portez pas la poisse, jusqu'à présent non.
00:45 J'avoue que le syndrome de la pince blanche je ne connais pas trop mais en même temps je travaille beaucoup en amont, avant même de me mettre à écrire, je sais à peu près où je vais.
00:53 L'inspiration vous la trouvez aussi sûrement dans l'actualité. Justement l'actualité, je vous invite à la commenter avec moi tout de suite. Les informations.
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01:04 Et dans l'actualité aujourd'hui, un week-end de Pâques sous la menace d'attentat, le niveau d'alerte est relevé à son maximum, le ministre de l'intérieur a demandé la surveillance des lieux de culte, mais est-ce vraiment le cas ? Nous sommes allés vérifier.
01:16 Le changement de règles d'importation des cigarettes fini, la limitation à une cartouche par personne, reportage à la frontière avec le Luxembourg.
01:25 18 ans de réclusion pour le violeur de Tinder, les victimes, 15 femmes agressées, ont accueilli ce verdict par des applaudissements, vous entendrez l'une d'entre elles.
01:35 Le sport, du football, du rugby et le retour de Romain Ntamak 6 mois après sa blessure au genou. Et puis des français phénoménaux aux Etats-Unis, le nageur Léon Marchand et le basketeur Victor Uemba Niyama.
01:48 Et puis la météo, bonjour Valérie Quintin.
01:51 Bonjour.
01:52 Alors c'est un week-end de Pâques pas vraiment réjouissant que vous nous annoncez.
01:56 Alors c'est vrai qu'on va avoir beaucoup de pluie, on en a déjà beaucoup ce matin en Rhône-Alpes, ça remonte jusqu'aux portes de la Lorraine et ça va vraiment s'acharner sur la région Rhône-Alpes une grande partie de la journée avec évidemment de la neige en montagne à 2000 mètres seulement entre les Alpes du Nord et du Sud d'ailleurs.
02:10 Ailleurs on peut espérer un petit sursaut ensoleillé, je ne dis pas qu'il fera grand beau mais en tout cas on aura des éclaircies toujours entrecoupées de quelques averses avec des températures qui restent un peu juste.
02:19 13 degrés à Valenciennes, 14 à Rennes et Paris, 17 à Lyon et Toulouse, 18 pour Strasbourg, 19 degrés à Marseille et quand même 22 degrés à Perpignan.
02:26 Merci beaucoup Valérie Quintin.
02:28 Week-end de 13 à Arroser, on vient de l'entendre, il y a déjà des inondations en Dordogne, en Indre-et-Loire et puis en Rhône-Alpes.
02:37 6000 foyers étaient encore privés d'électricité ce matin après des vents forts qui ont provoqué des dégâts sur le réseau. La liaison ferroviaire Grenoble-Chambery a été interrompue à cause de chutes d'arbres.
02:49 La circulation est en train de reprendre progressivement.
02:53 Un week-end de Pâques également sous haute surveillance alors que la menace terroriste est passée au niveau maximum.
02:59 Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a demandé au préfet que des forces de l'ordre soient déployées devant toutes les églises catholiques mais aussi tous les temples protestants en ce week-end de célébration de la résurrection du Christ.
03:13 Bonjour Gauthier Delon-Bugar.
03:15 Bonjour.
03:16 Alors vous vous êtes rendu devant plusieurs lieux de culte parisiens ce matin. Vous êtes d'ailleurs actuellement devant l'église Saint-Sulpice et vous n'avez pas vu la moindre présence policière.
03:26 Absolument. Cinq églises parisiennes et je n'ai vu aucun policier. Les édifices religieux sont pourtant ouverts au public.
03:32 Quelques fidèles viennent prier comme ici à l'église Saint-Sulpice. L'éventuelle présence des policiers autour des bâtiments religieux ne plaît pas à tous les paroissiens.
03:40 Pas de policiers devant Saint-Sulpice ?
03:41 Pas de policiers devant Saint-Sulpice c'est une bonne chose. Mais il y en aura sans doute ce soir.
03:45 S'ils sont discrets ça va mais la présence des forces de l'ordre elle correspond finalement assez mal avec les intentions et le climat de paix qui sont justement dictées par le christianisme dans ces moments de Pâques et de fêtes.
03:58 D'avoir des policiers autour des églises ça renforce un peu la psychose ?
04:01 Ça renforce la psychose carrément. Policier ou pas parce que ça ne change pas grand chose. C'est de la communication.
04:06 J'ai ensuite rencontré Jacques responsable d'une paroisse en Ile-de-France. Il décrit un climat de tension et les inquiétudes de certains fidèles.
04:12 Hier un monsieur m'a interpellé en me disant que j'ai aperçu quelqu'un venir auprès de la porte, qui a fait des photos.
04:19 Donc cette personne a eu peur, elle est venue me voir. Donc ça montre bien qu'il y a une inquiétude sérieuse chez certaines personnes.
04:25 Mais les gens quand ils voient une présence ils sont tranquilles.
04:28 La présence de l'uniforme rassure ?
04:29 C'est la présence de l'uniforme qui rassure.
04:31 La consigne du ministre de l'Intérieur c'est une présence policière en particulier lors des offices là où l'affluence est la plus importante.
04:37 Les patrouilles sont donc attendues surtout ce soir pour la vigile pascale à 21h.
04:41 Merci Gauthier Delon-Bugar.
04:43 Bernard Minier en tant qu'auteur de Polar, un climat de tension comme celui-ci et de menaces terroristes, est-ce que vous y êtes très attentif ?
04:51 Alors tout ce qui est danger pour la société, tout ce qui représente un danger pour la société effectivement m'intéresse.
04:57 C'est même ma préoccupation principale. Moi je parle de toutes ces dérives.
05:02 Mais le terrorisme, moi ce qui m'interpelle là-dedans c'est que, évidemment, les terroristes ont un seul but, c'est de nous terroriser comme leur nom l'indique.
05:10 Et de créer une espèce de paranoïa, de climat de paranoïa et de panique.
05:16 Mais en réalité, si on regarde bien, ils ont très peu de chances d'y parvenir parce qu'on a infiniment moins de chances de mourir dans un acte terroriste.
05:24 Et malheureusement il y a des gens qui meurent des actes terroristes mais on a infiniment moins que dans un accident de la route.
05:28 Ça ne nous empêche pas de prendre la voiture tous les matins.
05:30 Donc si on raisonnait vraiment jusqu'au bout...
05:33 On ne devrait pas céder au moins à la terreur.
05:35 On ne devrait pas céder à la panique, non.
05:36 Alors en ce week-end de Pâques, la santé du Pape inquiète.
05:40 François, 87 ans, a annulé à la dernière minute sa participation au chemin de croix hier soir.
05:45 Une mesure de prudence a indiqué le Vatican pour le préserver pour la veillée pascale aujourd'hui et la messe de demain.
05:52 Le Pape cumule les problèmes de santé et ne se déplace plus qu'en fauteuil roulant.
05:57 Une mesure qui devrait satisfaire les fumeurs.
06:01 Le gouvernement a dû revoir les règles d'importation de cigarettes.
06:04 Jusqu'à présent, c'était limité à une cartouche par personne lorsque vous franchissiez la frontière.
06:10 Mais pour se mettre en conformité avec le droit européen, la France a décidé de ne plus fixer aucun seuil.
06:16 Ce sera désormais au douanier de faire le distinguo entre ce qui relève de la consommation personnelle ou du trafic illicite.
06:24 Bonjour Samuel Goldschmidt.
06:26 Bonjour.
06:27 Vous êtes au Luxembourg. Les acheteurs que vous avez rencontrés ce matin ne sont parfois même pas au courant de la mesure.
06:34 Oui, sur cette aire de Berchem, la plus grande station service au monde.
06:39 Les frontaliers viennent souvent de très loin pour faire le plein de carburant et de cigarettes sans avoir saisi encore ce changement.
06:45 Vous êtes au courant de la législation qui a changé ?
06:47 Non.
06:48 Alors là, vous avez acheté quoi par exemple ?
06:49 J'ai acheté une boîte de tabac pas le mal et ça me fera le mois.
06:52 J'habite à 100 km, voilà, c'est tout.
06:54 C'est pour ça que je ne suis pas concerné, que la loi peut changer, ça ne me changera rien.
06:59 Au moins là, je suis content.
07:00 On peut acheter des cigarettes en Allemagne ou au Luxembourg, n'importe où.
07:02 On les ramène en France, de France on les emmène en Allemagne.
07:05 On est dans Schengen, c'est tout.
07:07 On ne trafique pas, on consomme.
07:09 Nous sommes des consommateurs, c'est tout.
07:11 Alors pour un client réglo, il y a des milliers de Lorrains, d'Allemands ou de Belges qui sont moins regardants.
07:15 Pensez donc, il y a des écrans ici au-dessus des caisses qui donnent en temps réel les différences de prix entre le Luxembourg et la France.
07:21 Sur une cartouche de cigarettes, on peut économiser, tenez-vous bien, jusqu'à 70 euros.
07:26 Jusqu'à 110 euros sur un seau de tabac à rouler, c'est de l'économie, ce n'est pas la différence de prix.
07:31 Et désormais, plus de limites, au moins jusqu'à ce que le gouvernement trouve ce nouvel arrêté pour permettre aux douaniers de verbaliser les acheteurs.
07:37 Mais sur des critères qui apparaissent nettement plus flous que les quantités maximales qui étaient fixées jusque-là.
07:42 Merci Samuel Gotschmidt pour RTL.
07:44 On rappelle quand même que acheter pour revendre, ça c'est illégal.
07:48 Dans un instant, le verdict dans le procès du violeur de Tinder et le témoignage puissant d'une de ses victimes.
07:54 A tout de suite.
07:55 Il est surnommé le violeur de Tinder.
08:09 Salim Berada a été jugé pour avoir violé et agressé sexuellement 15 femmes rencontrées sur Internet.
08:15 Ce photographe les attirait en leur proposant des séances photo.
08:19 Verdict de la Cour d'Assise de Paris, 18 ans de réclusion.
08:23 Un verdict qui a été accueilli par des applaudissements et des merci de la part des victimes.
08:28 Au fil des 15 jours d'audience, ces femmes qui ne se connaissaient pas au départ se sont rapprochées.
08:33 Je vous propose d'écouter le témoignage de l'une d'entre elles recueillie par Plana Radenovic.
08:38 Pendant toutes ces années, on pensait être seul.
08:40 On a passé des années seules.
08:42 Et d'un coup, on rencontre des sœurs qui, non seulement ont vécu la même chose, mais au même endroit, avec la même personne.
08:48 C'est indescriptible. C'est des sœurs de douleur.
08:50 C'est un long combat. C'est un combat de 8 ans, depuis que j'ai porté plainte.
08:54 Aujourd'hui, d'être enfin cru, enfin entendu, c'est quelque chose.
08:59 J'y croyais à moitié, en fait.
09:01 Ce qui est malheureux, c'est qu'il faut être 20 femmes, raconter exactement la même chose contre un seul homme.
09:06 Maintenant, on espère que ça va ouvrir la porte à de nouvelles choses.
09:10 Comment la police traite les plaintes, les procédures qui ne sont pas toujours adaptées.
09:14 Tout ça, il faut que ça bouge. C'est bien.
09:16 Là, c'est vraiment symbolique. 18 ans pour des faits de viol, c'est rarissime.
09:20 Les viols en assises, c'est rarissime.
09:22 Donc, c'est vous dire s'il a poussé le bouchon très loin, malheureusement.
09:27 Paroles recueillies par notre spécialiste police-justice Plana Radenovic pour RTL.
09:32 Bernard Minier, dans votre nouveau roman "Les effacés",
09:36 il y a justement un sériole-violeur meurtrier également.
09:41 Est-ce qu'une affaire comme celle du violeur de Tinder, là encore, ça vous éclaire ?
09:46 Ça vous donne une sorte d'inspiration pour des romans à venir ?
09:51 Bien sûr, et puis surtout, ça confirme ce que je sais déjà.
09:54 Parce que comme je suis en contact avec pas mal de gens dans la police, dans la justice,
09:59 moi je pense à une criminologue espagnole que je connais, qui s'appelle Paz Velasco de la Fuente,
10:05 qui a dit que chaque fois qu'une femme se connecte sur Internet, elle devient une cible potentielle.
10:09 Et là, on en a l'illustration. En fait, on ne se rend pas compte, nous autres utilisateurs,
10:13 que chaque fois qu'on navigue sur Internet, et qu'on échange, on interagit sur Internet,
10:18 on court certains dangers. Et ça, on n'en est pas toujours complètement conscients.
10:22 Vous pensez que les prédateurs sont encore plus nombreux sur les réseaux, sur ces sites de rencontres,
10:27 que c'est encore plus facile pour eux de trouver des proies ?
10:30 Oui, et pour une raison bien simple, c'est qu'il n'y a pas la nécessité de la proximité physique
10:34 entre l'agresseur et la victime. Donc à partir de là, l'agresseur est planqué derrière son ordinateur,
10:40 c'est beaucoup plus facile de manipuler, c'est beaucoup plus facile de s'approcher.
10:43 En plus, il y a une certaine impunité, il faut bien reconnaître que grâce à l'anonymat d'Internet,
10:49 attraper tout le monde, ce n'est pas possible. Les mailles du filet sont larges.
10:53 Et donc, c'est incitatif pour plein de gens qui peut-être ne passeraient pas à l'acte
10:58 s'il y avait cette nécessité de proximité physique, mais qui le font à travers les réseaux sociaux.
11:02 Alors lui aussi, il était derrière son écran. Après, les multiples messages de menaces reçus
11:08 par 150 lycées dans 20 académies ces derniers jours.
11:11 Un mineur de 17 ans va être présenté à un juge aujourd'hui.
11:14 Il a été interpellé à Malakoff. Un autre lycéen de 16 ans est aussi en garde à vue à Bordeaux.
11:20 Une rave partie sauvage sur le site de l'aéroport de Quimper en Bretagne,
11:24 un site dont l'activité commerciale est interrompue.
11:27 Plus de 6000 personnes se sont rassemblées malgré un arrêté d'interdiction de la préfecture du Finistère.
11:33 Un anniversaire tout rond, aujourd'hui il est 10 ans d'Anne Hidalgo à Paris.
11:38 Elle s'est installée à la mairie le 30 mars 2014.
11:41 10 années marquées notamment par la lutte contre la voiture,
11:45 mais aussi par la préparation des Jeux Olympiques.
11:48 Bonjour Margot Munoz.
11:50 Bonjour.
11:51 Aujourd'hui c'est une mère plutôt isolée, souvent décriée,
11:54 qui n'a pas encore dit si elle était candidate à un troisième mandat.
11:57 En tout cas, les Parisiens eux ont eu le temps de se faire un avis et il est souvent très tranché.
12:04 Oui, certains lèvent les yeux au ciel quand on leur parle d'Anne Hidalgo.
12:08 Aubin habite Paris depuis 10 ans et il a vu son quartier se transformer depuis son élection.
12:13 Oui, il y a un vrai sujet, ça c'est vrai, c'est l'insécurité.
12:15 Clairement, moi on le ressent énormément.
12:17 Moi j'habite dans le 10e arrondissement et en l'occurrence c'est une catastrophe.
12:20 Il y a beaucoup de drogue, en l'occurrence du crack.
12:24 C'est très sale aussi, on ne va pas se mentir.
12:27 Je ne sais pas si c'est les gens qui sont devenus de plus en plus sales
12:29 ou s'il y a de moins en moins de moyens qui sont mis,
12:31 mais en tout cas ce qu'on voit en réalité c'est ça.
12:34 Certains critiquent aussi les travaux interminables dans le centre de la capitale
12:38 pour créer des zones piétonnes ou cyclables,
12:40 des mesures qui sont bien sûr approuvées par les cyclistes.
12:43 Danielle a passé un taux de feu rouge sur son vélo,
12:46 elle a commencé à en faire pendant le Covid.
12:48 Globalement, moi je suis satisfaite
12:50 parce que le marais là où j'habite c'est piétonnisé,
12:53 enfin plus ou moins, et il y a plein de pistes cyclables dans tout Paris.
12:56 Et moi j'utilise le vélo pour aller en cours, donc je trouve ça très pratique.
12:59 La politique d'Anne Hidalgo en disant, c'est 500 km de pistes cyclables en plus.
13:04 Merci Margot Munoz.
13:06 Allez, on passe au sport.
13:08 La 27e journée de Ligue 1 a commencé par un derby,
13:11 remporté par Lille face à Lens 2 à 1 hier soir.
13:14 La suite aujourd'hui avec Nice-Nantes à 15h et Lyon-Reims à 21h.
13:18 Et puis Bernard Mignet, vous ce que vous suivrez,
13:20 c'est le classico entre Marseille et Paris demain soir.
13:24 C'est ça, en effet.
13:26 Et vous soutiendrez qui ?
13:27 Ah bah moi je suis du sud, je viens du...
13:29 Je suis au sud de la Loire, tout ce qui est au sud de la Loire soutient Marseille.
13:32 J'en ai bien peur.
13:34 Le top 14 en rugby.
13:36 On retiendra de cette journée surtout le retour d'un international, Romain Ntamak,
13:40 6 mois après sa rupture des ligaments croisés, qu'il avait privé de Coupe du Monde.
13:44 Il est aligné avec Toulouse face à Pau ce soir.
13:47 Il devrait être sur le banc en début de rencontre.
13:50 Vous êtes Toulousain, enfin en tout cas de la région de Toulouse.
13:53 Le retour d'Ntamak, ça vous fait plaisir ?
13:55 Ah bah bien sûr, c'est une très bonne nouvelle, évidemment.
13:57 Moi je suis plutôt l'équipe de France de rugby que l'équipe toulousaine.
14:01 Donc le tournoi destination, la Coupe du Monde, ces choses-là.
14:05 Je garde quand même un souvenir un peu douloureux, un peu cruel de la dernière Coupe du Monde.
14:10 On s'attendait à mieux.
14:11 Comme tout le monde, comme tout le monde.
14:13 Allez, on va tirer aussi un coup de chapeau à deux Français qui brillent aux Etats-Unis.
14:16 Léon Marchand d'abord.
14:18 Le nageur s'est imposé sur le 400 yards 4 nages des finales universitaires.
14:23 Et puis il a aussi fait gagner son équipe sur le 4 fois 50 yards 4 nages.
14:28 Ça fait 3 victoires en quelques jours.
14:30 Il est brillant.
14:31 Brillant aussi le basketeur Victor Wembañama.
14:35 Autre phénomène français qui a inscrit 40 points et signé 20 rebonds
14:39 pour permettre aux Spurs de l'emporter face au Knicks de New York.
14:43 À 20 ans, il est tout simplement le plus jeune joueur de l'histoire à aligner de telles statistiques en NBA.
14:49 Écoutez sa réaction.
14:51 Qu'est-ce que ça présente ?
14:52 J'ai une certaine fierté à faire des choses qui sont nouvelles ou remplir mon CV aussi.
14:59 C'est toujours quelque chose que j'essaie de faire, d'être différent, unique.
15:03 Marquer les gens aussi.
15:05 Sa légende, il est en train de l'écrire.
15:07 Il est le premier rookie, c'est-à-dire un joueur qui effectue sa première année en NBA,
15:12 à franchir la barre des 40 points depuis un certain Shaquille O'Neal en 1993.
15:17 Rien que ça. Un petit commentaire ?
15:19 Oui, il y a quelques mois, beaucoup de commentateurs sportifs doutaient
15:23 du temps que ça prendrait pour qu'il s'adapte à la NBA.
15:27 Comme quoi, il faut souvent se méfier des commentateurs sportifs.
15:31 Et puis sa réponse, elle est là aujourd'hui.
15:33 Exactement.
15:34 40 points, 20 rebonds.
15:35 Voilà pour les informations.
15:37 Bernard Minier, c'est maintenant l'heure de votre portrait.
15:40 Alors oui, aujourd'hui, vous êtes l'un des auteurs de romans policiers les plus lus de France et même d'Europe.
15:45 Mais avant cela, il y a d'abord eu les douanes.
15:48 Vous avez fait carrière comme contrôleur principal dans l'administration des douanes.
15:52 L'écriture était alors un loisir.
15:55 Jusqu'à ce que vous fassiez parvenir un manuscrit chez un éditeur.
15:58 Et bingo ! "Glacé" est publié en 2011.
16:01 Succès phénoménal, adapté en BD et à la télévision sur M6.
16:06 Capitaine Servaz ?
16:09 Oui ?
16:10 Capitaine Ziegler, je commande la brigade de recherche de Saint-Martin.
16:12 Comment il a pu arriver ici, ce cadasson ?
16:14 Vous êtes fidèle à votre héros Martin Servaz, policier basé à Toulouse,
16:21 puisque vous cheminez avec lui au cours de 7 autres romans.
16:24 L'aventure littéraire se poursuit.
16:26 Mais aujourd'hui, c'est une enquêtrice espagnole, Lucia, qui porte votre voix,
16:30 notamment dans cette dernière publication "Les effacés".
16:34 Mais quel que soit votre personnage, une chose est immeuable,
16:37 votre sens du détail, de la minutie dans les descriptions.
16:40 Et quand on cherche vos défauts, on a du mal à en trouver confirmation
16:44 auprès d'un collègue écrivain, Maxime Chattam.
16:47 Bernard est quelqu'un de très gentil.
16:49 Ce n'est pas toujours le cas.
16:50 Il y a des auteurs qui peuvent parvoir compliqués.
16:52 Lui, il est génial.
16:54 Il est même presque agaçant.
16:55 C'est-à-dire qu'il a du talent, il écrit super bien,
16:57 il fait des bons bouquins, il est gentil.
16:59 C'est pour ça qu'on l'aime.
17:01 On pourrait vous résumer cliniquement en parlant chiffres.
17:04 5 millions de livres vendus, 12 romans au total, traduits dans 27 langues,
17:08 plusieurs prix notamment pour "Glacé", mais aussi "Le Cercle" et "Une putain d'histoire".
17:12 Mais les chiffres ne rendent pas justice à votre art de la narration
17:16 qui nous embarque dans les pas de ces enquêteurs
17:19 pour sonder les tréfonds de l'âme humaine
17:22 comme une sorte de descente aux enfers.
17:24 Et oui, on termine par le "Highway to Hell",
17:31 cette autoroute vers l'enfer à CDC.
17:34 Parce que ça aussi, ça vous décrit,
17:36 puisque c'est le premier titre que vous avez choisi d'écouter.
17:39 C'est votre premier concert rock, je crois.
17:41 Complètement.
17:42 À Muray, dans la banlieue de Toulouse.
17:44 J'étais très très jeune et c'était à l'époque
17:46 que le chanteur original qui est Bon Scott
17:49 malheureusement décédé le mois d'après.
17:51 Il était temps.
17:53 Pour moi, ça reste la voix de la CDC.
17:56 La voix de la CDC.
17:57 Si vous aviez quelque chose à ajouter à ce portrait, ce serait quoi ?
18:00 Alors déjà, je ne suis pas si gentil que ça,
18:02 mais bon, c'est gentil de le dire,
18:04 mais j'ai aussi mes moments un peu moins gentils.
18:07 Et puis, je ne sais pas, oui, j'aime bien la précision,
18:10 j'aime bien le travail, je suis un gros bosseur.
18:13 Et puis, je suis comme la plupart des écrivains,
18:16 il n'y a rien de moins sexy qu'un écrivain.
18:17 En fait, on est des gens très ennuyeux, sauf dans nos livres, heureusement.
18:20 Ah oui, vous pensez que vous écrivez justement
18:22 pour mettre du relief dans votre vie ?
18:23 Ah non, du tout.
18:24 Je veux dire simplement qu'on est tellement obsédé par ce qu'on fait,
18:26 on est tellement dans notre truc
18:28 que c'est quand même assez difficile à vivre quand on vit autour.
18:30 Ah ouais, vous nous en parlerez.
18:32 Et d'ailleurs, dans un instant, on va évoquer "Les effacés",
18:35 roman haletant qui est publié le 4 avril,
18:39 qui sort en librairie le 4 avril.
18:41 Ensuite, c'est votre journal inattendu Bernard Minier.
18:44 Ah ouais !
18:50 Ah ouais !
18:52 Bernard Minier, "Les effacés",
19:17 c'est votre prochain roman qui sort le 4 avril, dans quelques jours.
19:20 Suit l'enquêtrice espagnole Lucia,
19:23 la meilleure de l'UCO, c'est l'unité centrale opérationnelle
19:26 qui travaille sur une série de viols et de meurtres de jeunes femmes,
19:29 des travailleuses en Galice.
19:31 Mais sa hiérarchie lui demande assez brutalement de rentrer à Madrid
19:35 pour se pencher sur les meurtres barbares
19:38 de personnages cette fois très haut placés,
19:40 riches des médiatiques.
19:41 Dans ce roman, il y a finalement presque un côté lutte des classes
19:44 au sein même de la police.
19:46 Complètement !
19:47 Alors ce n'est même pas des riches, c'est des ultra-riches.
19:49 C'est une des plus grandes fortunes d'Espagne,
19:51 il y a Marta Millán.
19:52 En plus, le tueur a laissé sur les murs de son penthouse
19:56 en plein centre de Madrid la phrase "tuons les riches",
19:59 donc ça va encore plus loin.
20:01 Et de notre côté, on a ces jeunes femmes qui se lèvent très tôt
20:04 pour aller au travail,
20:06 qui sont ces invisibles,
20:08 qui en tout cas moi, quand je me réveille,
20:10 elles sont déjà parties,
20:12 qui mettent la société en place pour que le monde puisse tourner après nous.
20:15 Donc oui, il y a un petit côté pas lutte des classes,
20:17 mais en tout cas, il y a évidemment une peinture de la société espagnole
20:20 qui est aussi un miroir de la société française,
20:23 avec deux pôles totalement opposés.
20:25 D'un côté, ces invisibles,
20:27 et de l'autre côté, ces ultra-riches qui sont toujours plus riches.
20:29 Alors ce qui est intéressant, c'est que sur les meurtres des ultra-riches,
20:32 il y a à chaque fois un message qui est écrit,
20:35 qui est "tuons les riches",
20:36 et la société s'empare de ce message,
20:38 et ça crée des soulèvements,
20:40 et les victimes ultra-riches sont conspuées.
20:42 Finalement, on leur refuse leur rôle de victime,
20:46 leur statut de victime,
20:48 on les conspue parce qu'elles sont ultra-riches.
20:50 Exactement, en fait, on justifie presque les meurtres,
20:53 en quelque sorte,
20:54 c'est-à-dire qu'on leur refuse leur rôle de victime,
20:57 et ça, évidemment, par les temps qui courent,
20:59 ça peut répondre à certaines actualités.
21:03 Mais moi, ce qui m'intéressait, c'est aussi le fait que
21:05 la phrase "tuons les riches", va filtrer,
21:08 va devenir ce qu'on appelle un mème,
21:10 ça va devenir sur Internet,
21:12 ça se répand comme la flamme sur l'essence,
21:15 et des mouvements vont s'en emparer,
21:17 vont prendre ça sur les facettes des banques.
21:19 Évidemment, en imaginant ces manifestations,
21:22 je faisais aussi allusion à ce qui s'est passé en France
21:25 à plusieurs reprises depuis quelques années,
21:27 c'était des mouvements sociaux...
21:29 Par exemple celui des Gilets jaunes ?
21:30 Par exemple, oui, qui est d'ailleurs en Espagne,
21:32 parce que moi je vais souvent en Espagne,
21:34 quand ce mouvement a explosé en France,
21:36 ils ont regardé ça avec une stupeur absolue,
21:38 parce qu'en réalité, là pour le coup, c'est une fiction.
21:41 Ce que je décris en Espagne, ça ne se passe jamais.
21:43 Le dernier mouvement social d'importance nationale
21:46 qu'il y a eu en Espagne, c'était "Los Indignados",
21:48 "Les Indignés", qui ensuite s'est propagé ailleurs,
21:51 mais c'était un mouvement pacifique.
21:52 Oui, mais en France, on a cet art de la manifestation et de la rébellion.
21:55 C'est ça. Alors pour le coup, moi je l'ai transporté en Espagne.
21:58 Là, dans ce livre, dans ce roman,
22:00 on suit deux enquêtes, une en Galice,
22:02 donc auprès de ces femmes violées et tuées,
22:04 et puis celle à Madrid, des ultra-riches
22:07 qui sont sauvagement assassinées.
22:09 Comment vous faites-vous pour vous y retrouver ?
22:11 Est-ce que devant votre bureau, il y a un grand tableau
22:13 avec des post-its partout, des liens, etc. ?
22:16 Vous avez répondu à la question, en fait.
22:18 Ah oui, c'est vrai ? C'est comme ça que ça se passe ?
22:19 Oui, c'est une vraie lingerie, c'est la tuyauterie aussi,
22:22 le thriller.
22:23 Donc oui, j'ai des tableaux avec des flèches,
22:25 avec des schémas, avec tout un tas de choses.
22:28 Oui, je suis obligé.
22:29 Et puis surtout, la difficulté, le défi, il est là.
22:32 Moi, ce que j'aime, la difficulté,
22:33 c'est de mener ces deux enquêtes de front
22:36 sans perdre le lecteur.
22:37 Il faut que le lecteur lui aussi s'y retrouve,
22:39 parce que c'est très complexe.
22:40 Moi, j'ai tout en tête, évidemment, mais il faut que ça se fasse bien.
22:42 Vous savez toujours comment ça va se terminer
22:43 au moment où vous commencez à écrire ?
22:45 Oui, je suis un peu obligé.
22:46 Dans ce genre-là, c'est très compliqué
22:47 de ne pas savoir comment ça se termine.
22:48 On a le début, on a la fin, on a même...
22:50 Quand je me mets vraiment à écrire,
22:51 j'ai à peu près toutes les scènes du livre.
22:53 Et alors, il y a une question aussi qui me taraude,
22:55 c'est qu'à un moment donné, dans l'enquête,
22:57 notamment dans l'enquête sur la Galice,
22:59 nous, le lecteur, on sait des choses sur le meurtrier.
23:03 Vous nous donnez des détails,
23:05 mais que les enquêteurs du livre ne savent pas.
23:07 Alors, à quel moment vous vous dites, vous écrivain,
23:09 "Tiens, là, je vais informer le lecteur,
23:11 je vais lui donner des détails sur le meurtrier,
23:13 détails que l'enquêteur ne connaît pas."
23:15 Ça, c'est un procédé assez intéressant.
23:17 En général, je fais en sorte que le lecteur
23:19 sache exactement ce que c'est mon personnage principal,
23:23 ici, Lucia, ce qui mène l'enquête,
23:25 pas plus, pas moins,
23:26 parce que ça permet que quand Lucia ouvre une porte,
23:28 on ne sache pas ce qu'il y a derrière.
23:30 Ça maintient le suspense.
23:31 Mais en même temps, des fois,
23:33 savoir plus que le personnage, ça peut être intéressant.
23:35 Surtout si le personnage, par exemple,
23:37 va tomber dans un piège, et que le lecteur le sait.
23:39 Il a envie de crier au personnage,
23:41 "Ne fais pas ça, n'y va pas, n'entre pas."
23:43 Et ça, ça s'appelle l'art du suspense ?
23:45 Ça s'appelle l'art de manipuler le lecteur
23:47 et surtout de le mettre dans un état émotionnel
23:50 et psychologique,
23:52 ce qui nous permet de jouer avec lui.
23:54 En tout cas, vous savez nous manipuler
23:56 parce qu'effectivement, on a très envie
23:58 de continuer à tourner les pages de votre livre.
24:00 Lucia, c'est une nouvelle enquêtrice,
24:02 ça fait deux romans avec elle.
24:04 Est-ce que vous allez continuer avec elle ?
24:06 Je pense qu'elle a encore des choses à dire, Lucia.
24:08 En plus, ça me permet une certaine liberté par rapport à Servaz.
24:10 C'est une autre génération, elle est plus jeune.
24:12 C'est une femme, elle est espagnole.
24:14 Elle est espagnole, je rebondis.
24:16 Vous avez choisi d'écouter Miguel Bosé,
24:18 "Como un Lobo".
24:20 Justement.
24:23 Très belle chanson.
24:24 Pour évoquer l'Espagne.
24:25 Et ma mère aussi, qui est venue en Espagne
24:27 et qui est arrivée en France à l'âge de 8 ans.
24:29 Oui.
24:30 Eh bien, on va se quitter quelques instants
24:32 avec du Miguel Bosé, justement,
24:34 pour évoquer cette Espagne
24:36 dans laquelle se situe votre roman.
24:38 On essaiera ensuite de comprendre
24:40 ensemble l'attrait des lecteurs
24:42 pour le polar et plus généralement pour le fait divers.
24:44 Ce sera juste après les titres de 13h.
24:46 *Musique*
25:02 *Musique*
25:04 RTL
25:06 *Musique*
25:10 Il est 13h.
25:11 *Musique*
25:16 Le journal inattendu de Bernard Minier.
25:18 13h.
25:19 Les titres de l'actualité.
25:20 Nathalie Renaud.
25:21 En ce week-end de Pâques, la santé du pape inquiète
25:24 François, 87 ans, a annulé à la toute dernière minute
25:27 sa participation au chemin de croix hier soir.
25:30 Une mesure de prudence a indiqué le Vatican
25:32 pour le préserver pour la veillée pascale
25:34 ce soir et la messe de demain.
25:37 Pour se mettre en conformité avec le droit européen,
25:39 la France supprime la limite de 200 cigarettes,
25:42 soit une cartouche qu'un fumeur était auparavant
25:45 autorisé à rapporter d'un autre pays de l'Union Européenne.
25:49 Désormais, la limite est de 800 cigarettes.
25:51 Mais en cas de contrôle, il faudra quand même
25:53 prouver qu'il s'agit d'une consommation personnelle
25:56 et non d'un projet de revente.
25:58 Dans le Finistère, plus de 6000 personnes rassemblées
26:01 pour une rave party sur l'aéroport de Quimper
26:03 malgré un arrêté d'interdiction de la préfecture.
26:06 Les sports, le football avec la 27ème journée de Ligue 1
26:09 à 17h, Metz Monaco et à 21h, Lyon-Reims.
26:13 Match à suivre dans RTL Foot dès 20h30 avec Eric Silvestro.
26:18 Et puis, 6 départements sont en vigilance orange cru
26:22 de l'Indre-et-Loire, la Vienne, la Charente, la Haute-Vienne,
26:26 la Dordogne jusqu'à la Corrèze.
26:28 La météo, c'est maintenant avec vous Bernard Mignet.
26:31 C'est la tradition du journal inattendu.
26:33 - Il faut déjà que je mette mes lunettes. - Allez-y.
26:35 - Météo pluvieuse dans une large moitié Est du pays
26:39 avec de la neige dans les Alpes.
26:41 Ça c'est pour Cédric Sapin de Four qui a décollé
26:45 et qui atteint les sommets ces derniers temps.
26:46 Et des vents assez forts près de la métite terranaise.
26:48 Ça c'est plutôt pour ma sœur qui vit.
26:51 - Ah oui, c'est une météo très personnelle.
26:53 - Oui, on ne voit personne d'Elisande.
26:54 À l'inverse, l'Ouest du territoire retrouvera des éclaircies
26:57 mais bien souvent entrecoupées d'inverses.
26:59 N'est-ce pas Michel Bussy ?
27:00 Les températures seront comprises entre 11° à Dunkerque
27:04 et 20° à Cahors.
27:06 Il fera 14° à Paris, 15° à Caen.
27:08 17° à Lyon et à Bordeaux.
27:10 18° à Strasbourg, 19° à Marseille, à l'LOM
27:13 et 17° sous le soleil à Béziers.
27:15 - Merci Michel Bussy.
27:18 Non, vous l'avez évoqué.
27:19 Merci Bernard Mignet.
27:21 - J'aime beaucoup Michel Bussy.
27:23 - Bernard Mignet, vous faites régulièrement partie
27:28 des 10 auteurs les plus vendus en France.
27:29 Tout comme Franck Thillier ou Michel Bussy dont on parlait
27:32 et qu'on a reçu ici dans ce journal inattendu.
27:34 Un point commun, c'est que vous écrivez des romans policiers.
27:37 Mais qu'est-ce qui attire tant les lecteurs dans ce genre
27:40 pour nous aider à répondre à cette question ?
27:42 Joseph Agostini nous a rejoint.
27:44 Vous êtes psychologue, clinicien et psychanalyste
27:47 et puis auteur de "Tueurs en série" sur le divan.
27:50 Bonjour, merci d'être avec nous.
27:51 - Bonjour, je vous en prie.
27:52 - Je vais vous redonner la parole dans un instant
27:54 mais pour nous aider à répondre à cette question
27:57 de l'attraction pour le polar,
28:00 Mathias Lugin est avec nous comme chaque samedi
28:03 et il est allé sonder l'appétit des lecteurs
28:06 pour le roman "Policier".
28:08 - Pour commencer, je vous propose de poser quelques bases.
28:10 Le polar, qu'est-ce que c'est ?
28:12 Question que nous avons posée à Paul Sanfourche.
28:14 Il est journaliste et a co-réalisé avec Céline Chassé
28:17 le documentaire "Serial Killer - Autopsie d'une fascination".
28:20 - C'est un genre littéraire qui s'est construit
28:22 principalement en fin du XIXe, début du XXe siècle.
28:24 On suit l'avancée d'une enquête autour d'un meurtre,
28:27 d'une affaire, et on le suit par le prisme du policier.
28:30 C'est la différence du roman noir qui lui va pouvoir
28:33 exploiter aussi ce monde policier, ce monde judiciaire,
28:36 mais il ne va pas se situer forcément du point de vue de l'enquêteur.
28:39 Dans un polar, on a une enquête et à la fin,
28:41 normalement, on doit avoir une résolution.
28:43 - Voilà pour la définition. Mais au-delà de ça,
28:45 qu'est-ce qu'on met dedans ? Quelle est la recette miracle ?
28:47 Là où nous avons fait un appel à un ami
28:50 ou du moins à un confrère que vous connaissez bien, Bernard Mignet,
28:53 puisque vous êtes tous deux membres de la Ligue de l'imaginaire.
28:56 C'est Maxime Chattam.
28:57 - C'est compliqué. Moi, j'aime le rythme,
29:00 apprendre des choses, j'aime crier plusieurs facettes
29:03 dans un roman du point de vue de l'enquête
29:05 ou du point de vue des criminels, ou en tout cas
29:07 des différents points de vue psychologique.
29:09 Et que tout ça soit parfaitement mélangé
29:12 pour que pendant tout le récit, on ait le sentiment d'être diverti,
29:15 d'être amené en bateau. Et puis idéalement, si en plus,
29:18 à la fin, on a le sentiment de se faire avoir, c'est encore mieux.
29:21 - Autre pointure que vous receviez il y a quelques semaines,
29:24 on l'a cité, c'est Michel Bussy.
29:26 On se souvient que lui, prémédite, si on peut dire,
29:29 l'emprise de ses ouvrages sur le lecteur.
29:31 - C'est vrai que dans mes romans, j'aime bien glisser un peu plus
29:33 d'incertitude, que le lecteur soit aussi surpris.
29:36 Et donc nécessairement, ensuite, moi j'essaie de construire
29:39 comme ça des retournements de situation.
29:42 Je travaille ainsi et généralement, je suis content
29:44 qu'on a trois, quatre remondissements.
29:46 En tout cas, quand j'ai l'impression qu'à un certain point de mon roman,
29:49 le lecteur ne peut plus le lâcher et que les rouages sont en place,
29:52 en quelque sorte.
29:53 - C'est un sentiment que vous connaissez si vous avez déjà eu la chance
29:56 de découvrir un vrai bon polard.
29:58 Ce plaisir de lire bien à la brie quand il pleut,
30:00 ou préférer finir ses quelques dernières pages
30:03 plutôt que d'aller se baigner en plein été,
30:05 ça tient notamment parce que l'on parle d'histoires
30:07 pleinement inscrites dans le réel.
30:09 - C'est le genre peut-être le plus populaire en fait.
30:12 Il y a quelque chose de voyeuriste, c'est sûr, dans le polard.
30:15 Cette envie de pouvoir s'approcher de quelque chose à sensation,
30:19 qui vous fait un peu peur, qui va vous mettre un peu le frisson,
30:23 va vous mettre en danger, mais dans le confort de son lit
30:26 ou devant sa cheminée.
30:28 Il y a vraiment cette facilité-là dans le polard
30:30 qui est très séduisante et très réconfortante.
30:33 - Paul Sainfour, je le dis, c'est jouer à se faire peur,
30:35 laisser traîner une oreille indiscrète,
30:37 regarder par-dessus la haine de son voisin,
30:39 des petits plaisirs coupables,
30:41 à satisfaire tout simplement en lisant ce genre de roman.
30:44 - Merci Mathias Luguin.
30:46 Je me tourne vers vous Joseph Agostini,
30:48 vous qui êtes psychologue, psychanalyste, spécialiste de cette question.
30:52 D'abord, est-ce qu'il y a une différence entre l'attrait pour les romans policiers
30:56 et l'attrait pour les faits divers dans l'actualité ?
30:59 - Alors, je pense que le fait divers a un gros inconvénient,
31:03 c'est qu'il peut nous scotcher.
31:05 C'est-à-dire qu'on peut être scotché au réel, littéralement.
31:08 Parce que finalement, il y a quelque chose d'une fascination du mal,
31:12 mais au premier degré.
31:13 C'est-à-dire qu'il y a quelque chose de basique dans l'attrait pour le fait divers.
31:16 En revanche, dans l'attrait pour le roman, le polar,
31:20 il y a une créativité, une inventivité à l'œuvre,
31:23 chez le lecteur aussi.
31:24 Et c'est toute la différence.
31:26 En quelque sorte, il se détache, il se déscotche,
31:28 et il est capable de s'identifier au personnage, de se désidentifier.
31:32 Et puis, il faut bien le dire,
31:34 la différence entre le fait divers et le polar,
31:36 c'est quand même le dénouement,
31:38 parce qu'on sait, à la fin du polar,
31:41 qui est le coupable, et il y a quelque chose qui change tout,
31:44 qui change la donne en termes d'identification et de conflits psychiques.
31:47 - Bernard Minier, est-ce que dans le polar,
31:49 il y a une fascination pour la face la plus sombre de l'âme humaine, finalement ?
31:54 Est-ce qu'on joue aussi à se faire peur,
31:56 à aller toucher du doigt notre côté obscur ?
32:00 - Ah oui, bien sûr, il y a une attraction pour les ténèbres,
32:03 pour tout ce qui est ténébreux, dans le polar, dans le fantastique aussi,
32:06 avec des gens comme Lovecraft.
32:08 Il y a aussi cette question du mal,
32:12 qui revient souvent, moi j'ai fait des débats, entre autres,
32:15 avec un philosophe qui s'appelle Paul Clavier,
32:17 sur l'existence du mal, pourquoi le mal est-il dans le monde,
32:19 pourquoi le mal existe-t-il ?
32:21 Mais je pense que ce qui est important, c'est ce qui vient d'être dit,
32:25 c'est l'identification, en fait.
32:28 Le polar, et le thriller en particulier,
32:31 c'est d'abord un exercice d'extrême empathie.
32:33 C'est-à-dire qu'on provoque l'identification du lecteur, de la lectrice,
32:36 avec un ou plusieurs personnages.
32:38 Et à partir de là, tout est possible, on peut les amener où on veut.
32:41 Et on les amène évidemment dans les ténèbres, on les amène dans l'ombre,
32:44 parce que l'obscurité, en effet, à l'intérieur d'un polar,
32:49 où on sait qu'au bout de 400 pages, normalement, ça s'arrête,
32:52 c'est beaucoup plus rassurant que dans la vraie vie,
32:54 où malheureusement, on n'a pas la fin.
32:57 - Alors quand même, dans la vraie vie, il y a aussi l'attraction pour les criminels.
33:00 Vous en parlez d'ailleurs dans les FSC, vous évoquez cette question.
33:03 Je vous lis "Que cherchaient-elles ces femmes ?
33:06 Qu'espéraient-elles trouver qu'elles n'avaient pas trouvé ailleurs ?"
33:09 Le frisson ultime, parce que c'est vrai que les grands criminels emprisonnés,
33:13 ils reçoivent souvent, et même tout le temps,
33:16 des dizaines, voire des centaines de lettres de femmes.
33:19 Mais qu'est-ce qu'elles vont chercher, Joseph Agostini ?
33:22 - Je dirais que le bad boy est un fantasme.
33:26 Il y a quelque chose dans le mauvais garçon,
33:29 dans celui qui peut aller en prison,
33:31 qui peut avoir un forfait à payer,
33:34 de fantasmatique.
33:36 En revanche, il y a un dérapage dans le fait d'aimer
33:39 les tueurs en série, dans le fait d'aimer des prédateurs,
33:42 des pédos criminels, dans la mesure où il y a quelque chose
33:45 qui se télescope avec le trauma de l'enfance.
33:48 Evidemment, chez ces femmes, il y a quand même quelque chose
33:51 qui les convoque dans une fragilité, dans une extrême fragilité narcissique,
33:54 au point de tomber amoureuse
33:57 de quelqu'un qui est banni de la société.
34:00 En revanche, aujourd'hui, nous avons encore une norme en vigueur.
34:03 - On peut penser à Monique Olivier, qui a contacté Michel Fourniret
34:06 alors qu'il était en prison, et qui est devenu sa complice.
34:09 - Oui, alors je dirais que chez chacun d'entre nous,
34:12 il y a un psychopathe qui s'ignore.
34:15 Il y a un réservoir pulsionnel à l'œuvre,
34:18 et pour empêcher le passage à l'acte, on sublime.
34:21 On sublime à travers les lectures,
34:24 à travers l'attrait, la curiosité intellectuelle.
34:27 C'est ce qui s'appelle la sublimation, disait Sigmund Freud.
34:30 En revanche, chez certaines personnes,
34:33 il y a un raté dans cette symbolisation,
34:36 dans cette sublimation. Et Monique Olivier, par exemple,
34:39 était fascinée par Michel Fourniret,
34:42 fascinée par le mal par procuration,
34:45 et sans culpabilité particulière, puisque c'est quand même
34:48 ce qui signe l'organisation perverse, il y avait la possibilité
34:51 de se dire "nous allons commettre ensemble des forfaits
34:54 une fois que Michel Fourniret sera sorti de prison".
34:57 - Michel Bussi, je vous lis encore dans "Les Effacés",
35:00 c'est un tueur qui s'adresse à un enquêteur.
35:03 "Est-ce que vous dormez bien avec toutes les horreurs que vous voyez ?
35:06 A force, vous ne devenez pas comme les gens que vous traquez ?
35:09 Vous pouvez vous permettre toutes les saloperies du monde,
35:12 pas vrai ? Est-ce que finalement,
35:15 ces phrases-là pourraient être adaptées à vous, auteur de romans policiers ?
35:18 - Non, je pense que je fais quand même la différence entre la fiction...
35:21 - Je vous ai appelé Michel Bussi, me dites-en, pardon.
35:24 Bernard Minier, je sais bien à qui j'ai affaire.
35:27 - Je ne vais pas enlever, j'aime bien Michel, ce n'est pas un problème.
35:30 - Non, non, Bernard Minier. - Mais je pense que je fais encore
35:33 la part de la fiction et du réel.
35:36 Ce que j'essaie de faire dans mes romans, c'est de rendre cette frontière
35:39 entre les deux assez fine, assez perméable, de sorte que
35:42 de temps en temps, le lecteur ne sait pas si ce dont je parle
35:45 c'est du réel ou de la fiction.
35:48 - Voilà, moi je... Bon, ça va, je pense que j'ai la tête sur...
35:51 Et finalement, je m'étonne même presque de ma santé mentale.
35:54 Pour le roman précédent qui s'appelait "Un oeil dans la nuit",
35:57 j'ai quand même visionné plus de 200 films d'horreur,
36:00 puisque l'un des personnages principaux est un réalisateur de films d'horreur.
36:03 Je pense que j'en suis sorti assez intact. - Peut-être avec le filtre
36:06 de l'écrivain, tout simplement, c'est ça qui vous protège.
36:09 Vous parlez de films d'horreur, ça tombe bien,
36:12 on va entendre cette musique.
36:15 C'est celle du film "The Strangers",
36:18 Na Hong-Jin, parce que,
36:21 c'est ce que vous nous avez dit, le cinéma coréen est d'une
36:24 inventivité folle et le cinéma d'horreur est un des
36:27 derniers espaces où règne une liberté absolue,
36:30 je vous cite. Pourquoi ça ? - C'est vrai, c'est ce que
36:33 j'ai essayé de montrer avec mon précédent roman,
36:36 "Un oeil dans la nuit", c'est que... Parce qu'en fait, on est de plus en plus...
36:39 On ne peut pas être hypocrite, la plupart des artistes
36:42 aujourd'hui s'auto-censurent plus ou moins.
36:45 Il suffit d'un mot de travers, une phrase de travers
36:48 aujourd'hui pour que sur les réseaux sociaux
36:51 on vous tombe dessus à bras raccourcis, c'est quelque chose que
36:54 votre ami ici présent doit connaître. René Girard
36:57 parlait de la violence mimétique, la violence mimétique,
37:00 ça veut dire la violence imitatrice, et sur les réseaux sociaux,
37:03 elle est extrêmement présente et il faut, pour rassembler ces communautés,
37:06 il faut des boucs émissaires. Donc,
37:09 aujourd'hui, tout le monde s'auto-censure, tout le monde fait attention à ce qu'il dit
37:12 et dans le cinéma d'horreur, il se trouve qu'on peut tout montrer,
37:15 on peut tout dire, on peut tout faire. - Parce que ça fait partie du genre.
37:18 - Parce que ça fait partie du genre, et c'est un des derniers endroits
37:21 où c'est possible. - Eh bien, on va continuer d'en parler avec
37:24 vous, Bernard Minier, avec vous également, Joseph Agostini,
37:27 vous restez avec nous, et puis on accueillera celui
37:30 que vous avez souhaité inviter aujourd'hui dans votre journal inattendu.
37:33 Il a été policier, il est auteur de roman
37:36 policier, il s'appelle Christophe Guillaumeau, il va apporter de l'eau
37:39 à votre moulin. A tout de suite.
37:42 Le journal inattendu de Bernard Minier,
37:45 avec Nathalie Renou sur RTL+.
37:48 ...
37:51 ...
37:54 Le journal inattendu de Bernard Minier,
37:57 avec Nathalie Renou sur RTL.
38:00 - Le polar, c'est notre fil rouge
38:03 aujourd'hui, et ça tombe bien, Bernard Minier,
38:06 puisque, non seulement vous êtes là pour votre roman qui
38:09 sort le 4 avril, "Les effacer", mais
38:12 aussi parce que vous avez choisi d'inviter Christophe Guillaumeau
38:15 dans votre journal inattendu. Il est auteur
38:18 de roman policier, et il est lui-même policier
38:21 à Toulouse. Bonjour Christophe Guillaumeau.
38:24 - Bonjour Nathalie, salut Bernard. - Salut Christophe.
38:27 - Alors comment est-ce que vous vous êtes rencontrés avec Bernard ?
38:30 - Avec Bernard, c'est une rencontre parce que
38:33 ce qu'il faut savoir c'est que Bernard est
38:36 perfectionniste, et que lorsqu'il a commencé
38:39 à écrire "Glacé" et les
38:42 tomes suivants, il voulait vraiment avoir
38:45 des renseignements sur le commissariat de Toulouse
38:48 et surtout sur le SRPJ.
38:51 Et donc c'est comme ça qu'on s'est rencontrés
38:54 et qu'on s'est mis
38:57 à sympathiser.
39:00 - Vous lui avez fait visiter le commissariat ?
39:03 - Oui, je lui ai fait visiter le commissariat,
39:06 mais Bernard c'est quelqu'un de très précis
39:09 donc il veut absolument savoir
39:12 où se trouvent les bureaux de la Criminelle,
39:15 combien il y a de marches dans les escaliers
39:18 pour descendre jusqu'aux cellules, enfin voilà,
39:21 il est vraiment dans le détail et il est venu
39:24 plusieurs fois au commissariat pour prendre des renseignements.
39:27 - Bernard Minier, pourquoi est-ce si important de connaître tout ce genre
39:30 de petits détails ? - J'aime bien savoir de quoi je parle
39:33 déjà et puis je pense que j'ai une responsabilité vis-à-vis de mon lecteur
39:36 parce que la lectrice et le lecteur me font confiance.
39:39 Ils pensent qu'eux aussi je sais de quoi je parle.
39:42 Et puis ça m'inspire aussi, ça me donne plein d'idées.
39:45 En fait il y a des idées qui viennent, au départ j'ai à peu près une idée
39:48 de ce que je vais raconter, mais je me rends sur les lieux
39:51 je rencontre des gens et là tout d'un coup je m'imprègne,
39:54 je suis comme une éponge, j'absorbe, j'absorbe et à partir de ça
39:57 il y a plein d'idées nouvelles qui me viennent et qui sont souvent beaucoup plus
40:00 originales que celles que j'ai eues au départ parce que justement
40:03 il y a tout ce poids de réel derrière. - Alors Christophe Guillaumeau,
40:06 vous m'avez raconté une anecdote quand on a préparé cette interview.
40:09 Un jour vous arrêtez quelqu'un, vous êtes en garde à vue
40:12 et puis arrive le moment un peu délicat où vous devez le conduire
40:15 en cellule pour la nuit et là il se passe quelque chose.
40:18 - Oui tout à fait, enfin c'est pas moi qui étais en garde à vue.
40:21 - Non, non, vous, vous étiez le policier.
40:24 - Oui, oui, c'est un moment particulier lorsqu'on a quelqu'un
40:29 qui est en garde à vue et qu'on doit le garder pour le lendemain,
40:32 c'est le moment où on lui annonce qu'on va devoir le descendre
40:36 dans les geôles, au sous-sol et pour quelqu'un qui n'a jamais connu
40:40 la prison, c'est un moment particulier d'être abandonné
40:43 dans une cellule pour toute la nuit. Et ce qui s'est passé
40:47 c'est que cette personne était un fan de Bernard et lors de la perquisition,
40:53 d'ailleurs j'avais trouvé tous ses livres qui étaient là,
40:57 et au moment de lui faire signer sa prolongation de garde à vue,
41:01 il a vu que je m'appelais Christophe Guillaumeau sur le procès-verbal
41:05 et lui il a tout de suite réalisé que j'étais le policier
41:10 qui renseignait Bernard parce que Bernard a toujours la gentillesse
41:13 de me remercier dans ses romans, où j'ai pu l'aider.
41:17 Et donc il m'a dit "mais vous êtes le policier qui renseignait
41:23 Bernard Mignet, c'est super et tout", je lui ai dit "ben écoutez,
41:27 c'est super mais je vais quand même devoir vous descendre
41:30 pour toute la nuit en cellule". Et là j'ai vu, au lieu de voir
41:36 la tristesse sur son visage, j'ai vu un grand sourire s'afficher,
41:40 il a bondi de joie et il a dit "non mais c'est vrai, je vais être conduit
41:44 avec les menottes jusqu'à l'ascenseur en vain de descendre au sous-sol,
41:48 je vais passer toute la nuit avec des gens qui crient, qui se plaignent".
41:52 Et j'ai dit "ben oui, oui, il me dit c'est super, merci beaucoup,
41:56 ça va être vraiment super bien". - En fait il pensait être dans un roman
42:00 de Bernard Mignet finalement. - Exactement. Et donc c'est la première
42:03 personne qui m'a remercié de l'emmener dans les cellules pour dormir.
42:08 - Joseph Agostini, vous êtes psychologue, psychanalyste spécialiste
42:11 de ces questions, quand vous entendez un témoignage comme celui-ci,
42:14 ça vous fait réagir ? - Il a besoin d'un psychologue, ce monsieur
42:17 effectivement. Mais je pense que c'est exactement ce qu'on disait tout à l'heure,
42:20 il y a une vraie érotisation aussi du crime et dans nos sociétés on le voit,
42:24 enfin il y a quelque chose, l'identification à l'anti-héros
42:27 par l'intermédiaire de ce que Bernard Mignet disait tout à l'heure,
42:31 c'est-à-dire ces médias qui en permanence nous vantent les mérites
42:35 de quelqu'un qui transgresserait la loi mais qui ne la transgresserait pas
42:38 tout à fait parce que ça ne donnerait pas au crime suprême,
42:41 il ne tuerait pas les enfants. Là je pense qu'effectivement il n'y a pas
42:43 cette fascination-là, il y a quelque chose qu'on peut mettre à distance.
42:46 Mais pour les petits délits, il y a quelque chose, une érotisation,
42:50 il y a une envie finalement de faire partie de ceux qui transgressent,
42:54 qui sont du côté justement de la contestation sociale.
42:58 - Vous la connaissiez cette anecdote Bernard Mignet ?
43:00 - Pas du tout, je la découvre, c'est étonnant que Christophe ne me l'ait pas
43:03 raconté avant. Mais oui, en fait on a plein d'anecdotes en commun avec Christophe.
43:08 Une fois on est parti aussi aux Etats-Unis pour un roman qui s'appelle
43:11 "Une putain d'histoire" au large de Seattle dans une île.
43:14 Et donc je voulais vérifier, parce qu'au début de ce roman on est sur un ferry,
43:18 je voulais vérifier que la personne qui disparaît sur le ferry puisse
43:22 vraiment disparaître, qu'il y ait des angles morts entre les caméras
43:24 de surveillance. - Ah oui, vous alliez moins dans le détail.
43:26 - Oui, je vérifiais tout, donc j'avais fait mon plan du ferry et je prenais
43:29 des photos des caméras de surveillance et à un moment donné Christophe
43:31 nous accompagnait là-bas. Et à un moment donné, on voit apparaître un flic
43:37 américain, deux mètres de haut, comme ça, avec marqué "Homeland Security"
43:41 qui vient me demander pourquoi j'ai photographié les caméras de surveillance.
43:44 - Bah oui, il a dû se dire qu'il prépare un mauvais coup.
43:46 - C'est ça, surtout qu'on était quand même quelques années après le 11 septembre.
43:50 - Vous lui avez expliqué que vous prépariez un roman policier ?
43:53 - Ah bah allez lui expliquer que vous êtes un auteur d'un roman policier français
43:56 et que vous êtes là pour des repérages, c'est un peu compliqué.
43:59 - Ne rien laisser au hasard, on a bien compris votre sens de la perfection,
44:06 mais au final c'est du roman que vous écrivez, donc après tout vous pourriez
44:10 ne pas vous inspirer à ce point de la réalité ?
44:13 - Il y a plusieurs aspects là-dedans. D'abord, moi j'aime bien m'imprégner,
44:20 comme je l'ai dit, j'aime bien faire des repérages, je suis un peu un cinéaste
44:23 quelque part, je cherche des décors, je cherche des acteurs, je cherche pour mon histoire.
44:28 Il y a le fait aussi que quand ça passe à l'étranger, il faut faire attention.
44:32 Moi aujourd'hui j'ai la chance d'être traduit dans 27 langues.
44:35 - Donc vous ne pouvez pas raconter n'importe quoi ?
44:37 - Je sais qu'un jour, je suis traduit en Norvège par exemple, en ce moment,
44:40 j'ai d'ennuis quelques scènes qui se passent au début du roman en Norvège,
44:44 si j'avais raconté des histoires, ça se verrait très vite pour les gens du cru.
44:49 Et puis j'aime aller au contact des gens, j'aime rencontrer les gens,
44:53 j'aime rentrer dans les foyers, j'aime apprendre plein de choses.
44:55 - Et puis en rentrant en contact avec les gens, vous vous faites des amis
44:59 comme Christophe Guillaumeau qui est toujours avec nous.
45:01 Christophe, finalement cette histoire de roman policier,
45:04 c'est devenu une histoire d'amitié entre vous ?
45:06 - Oui, oui, tout à fait.
45:08 Moi je n'ai pas du tout le niveau de Bernard, mais Bernard m'a beaucoup aidé dans mon écriture.
45:17 On a passé quelques nuits blanches à faire les corrections de l'un de mes romans
45:22 et j'ai beaucoup appris à ses côtés.
45:26 - Oui, parce que Christophe est aussi un auteur,
45:28 un auteur de roman policier publié chez Liana Lévy en particulier.
45:32 - En tout cas, merci beaucoup Christophe Guillaumeau d'avoir été avec nous
45:36 pour nous raconter ces anecdotes qui en disent long sur le sens de la perfection de Bernard Mignet.
45:41 Merci à vous Joseph Agostini d'être venu nous faire part de vos lumières,
45:45 nous éclairer un peu sur cette fascination qu'on peut avoir pour le polar.
45:49 On se quitte quelques instants avec Morisset, que vous écoutez quasiment tous les jours, m'avez-vous dit ?
45:54 - C'est vrai, oui, oui, c'est la partie de mes Madeleines de Proust.
45:59 - Allez, justement, on parlera un peu plus de vous, de vos sources d'inspiration personnelles,
46:04 dans un instant. A tout de suite pour votre journal inattendu Bernard Mignet.
46:18 Bernard Mignet, Nathalie Renaud.
46:20 Le journal inattendu sur RTL, avec Bernard Mignet et Nathalie Renaud.
46:28 - MGMT et Christine And The Prince, c'est le dernier album que vous écoutez.
46:42 Vous êtes éclectique en musique ?
46:44 - Plutôt, oui. Oui, c'est le dernier, mais il vient de sortir aussi.
46:48 Oui, c'est magnifique, c'est un sublime album.
46:51 Oui, j'écoute de tout, j'écoute du rock indé, j'écoute un peu de métal, mais pas trop quand même,
46:56 beaucoup de classique, Malheur en particulier, forcément, c'est le musicien fétiche de Cervases.
47:02 J'écoute à peu près de tout. Pas beaucoup de rap quand même, de temps en temps, mais assez rarement.
47:07 - Est-ce que ça vous aide à écrire la musique, Bernard Mignet ?
47:10 - J'écris dans le silence le plus absolu.
47:12 Le moindre bruit me perturbe, donc j'ai ma bulle, je m'isole.
47:16 Dans l'Ouest parisien, j'ai mon cocon dans lequel j'écris,
47:20 mais en revanche, j'ai besoin de faire des pauses régulières et les pauses, c'est musique à fond à chaque fois.
47:25 Il faut qu'il y ait quelque chose qui doit sortir.
47:27 - Vous avez aussi une bibliothèque très fournie, 3000 livres au moins, peut-être plus d'ailleurs.
47:32 - Oui, oui, c'est possible.
47:33 - Parce qu'avec le temps...
47:34 - Oui, j'ai déménagé assez récemment, effectivement, il y en avait beaucoup.
47:37 Je pense que c'est le cas de beaucoup d'auteurs comme moi.
47:39 - Justement, est-ce qu'il faut être un grand lecteur pour être un grand écrivain ?
47:42 - Complètement. C'est Stephen King qui dit que ce métier consiste à beaucoup lire et beaucoup écrire.
47:47 Mais beaucoup lire aussi, oui, bien sûr.
47:49 C'est comme un musicien qui n'écouterait jamais de musique, c'est pareil.
47:52 Il faut absolument... Je pense que c'est par là qu'on commence.
47:55 On a des modèles au départ et puis on s'en a franchi à un moment donné.
47:58 - Vous, on l'a dit, vous avez un héros récurrent, Cervaz.
48:03 Et puis là, Lucia, donc deux héros récurrents.
48:06 Alors, Cervaz, il a pour lui huit romans et puis Lucia, elle n'en a pour l'instant que deux.
48:11 Est-ce que c'est finalement quelque chose qui fidélise le lecteur d'avoir un héros récurrent ?
48:17 Et est-ce qu'en même temps, ça peut être handicapant à un moment donné ?
48:20 - Alors, ça fidélise le lecteur, en effet, parce que moi, je vois dans tous les salons que je fais,
48:24 dans tous les festivals, j'en fais pas mal, un lecteur sur deux au moins me demande
48:29 est-ce que dans le prochain, il y aura Cervaz ? Est-ce que Cervaz va revenir ?
48:32 Donc, c'est vraiment quelque chose... Les lecteurs s'approprient le personnage.
48:35 Moi, j'ai pas fort l'impression que Martin Cervaz, il existe, en fait.
48:38 C'est vraiment une personne réelle, tant les lecteurs m'en parlent comme si c'était quelqu'un de réel.
48:42 - Et les gens, ils viennent chercher aussi l'évolution de la vie de Cervaz au fil des romans.
48:45 - C'est ça qui est formidable avec un personnage récurrent, c'est qu'on peut le faire évoluer,
48:49 on peut le faire vieillir, ses enfants grandissent, c'est la vie qui passe, finalement.
48:53 Et moi, j'aime les personnages récurrents pour ça, quand ils ont une vie à côté de leurs enquêtes,
48:58 ce qui n'était pas forcément le cas d'Hercule Poirot à l'époque.
49:02 - Il était récurrent, mais on savait pas trop ce qu'il faisait.
49:04 - Exactement. Aujourd'hui, non, la plupart des héros récurrents ont une vie à côté, ça c'est très intéressant.
49:10 - Et Lucia, cette femme espagnole, vous allez la faire perdurer dans le temps ?
49:14 - Oui, alors elle est plus jeune de Cervaz, donc j'ai du temps devant moi, du coup.
49:17 Parce que Cervaz, il faudrait envisager sa retraite.
49:20 - Et vous mettre dans la peau d'une femme, c'est quelque chose de compliqué ?
49:23 Faire d'une femme votre héros principal, ça a été difficile ?
49:27 - C'est pas compliqué, mais c'est très intéressant.
49:30 Ça me demande évidemment une espèce de révolution coperdicienne dans la façon de voir les choses.
49:36 Il se trouve que j'ai quelques modèles qui ont nourri Lucia.
49:40 Lucia, elle sort pas de nulle part, évidemment.
49:42 Je connais beaucoup de gens en Espagne, j'ai des amis qui sont espagnols,
49:45 qui sont des femmes qui ont à peu près cet âge.
49:47 Et ça me permet de... Et puis mes premiers lecteurs sont des lectrices.
49:51 Donc tout ça, ça me permet de mettre des choses dans le bon sens et de pas dire trop de bêtises.
49:56 Et c'est absolument passionnant d'avoir une enquêtrice femme espagnole d'une autre génération que la mienne.
50:03 Ça me permet plein de choses.
50:05 - L'Espagne, ce n'est pas loin de Toulouse.
50:07 Toulouse, Claude Nougarro, que vous avez souhaité écouter.
50:11 C'est par ça qu'on pourrait terminer, parce que tout ça c'est votre région, votre culture aussi.
50:16 - Nougarro, c'est une statue du commandeur à Toulouse.
50:21 Il est immense, c'est un poète déjà, qui voulait aussi parler de l'Espagne.
50:25 Il y a une phrase sur Toulouse où l'Espagne pousse sa corne.
50:29 Parce qu'effectivement, dans Toulouse, il y a l'Espagne qui est présente, il y a Nougarro.
50:33 Nougarro, il m'a nourri depuis mon enfance.
50:36 Il ne m'a jamais quitté.
50:38 Ce n'est même pas un chanteur.
50:40 Nougarro, c'est un poète, c'est un jazzman aussi.
50:42 Il adorait le jazz.
50:43 - Et là encore, il y a le rapport aux mots.
50:45 - Complètement. Ah ben les mots !
50:47 - Auxquels on revient, évidemment.
50:48 - Les mots chez Nougarro sont tellement extraordinaires.
50:50 Ils sont tellement ciselés, ils sont tellement puissants, tellement évocateurs.
50:53 - Et bien c'est avec ça, Toulouse, Nougarro, cette évocation de votre région qu'on se quitte.
50:59 Merci beaucoup Bernard Minier d'être venu nous faire part de votre éclairage sur le roman "Policier"
51:05 auquel les Français sont si attachés.
51:07 - Merci à vous.
51:08 - Le prochain, c'est "Les effacés" et ça sort le 4 avril en librairie.
51:12 Courez l'acheter, vous ne le regretterez pas.
51:14 Dans un instant, vous retrouvez Laurent Dutch entrer dans l'histoire
51:18 et je vous retrouve la semaine prochaine avec Nicole Garcia pour un nouveau journal.
51:22 - Inattendu, très bon après-midi sur RTL et très bon week-end de Pâques.
51:26 Merci Bernard Minier.
51:27 - Merci.
51:28 Merci à tous !