Regardez Le Journal Inattendu du 03 février 2024 avec Nathalie Renoux.
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00:00 Vous êtes sur RTL.
00:04 12h30, 13h30.
00:13 Le journal inattendu de Judith Chemla.
00:16 Avec Nathalie Renou sur RTL.
00:18 Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans ce journal inattendu.
00:21 Nous allons passer une heure en compagnie d'une artiste dont le talent se décline au pluriel.
00:26 Judith Chemla est actrice, chanteuse lyrique, elle brille au théâtre, au cinéma et en ce moment à la télévision dans la série d'Argent et de Sang.
00:35 Elle écrit aussi, elle vient de publier "Notre silence nous a laissé seules",
00:40 récit des violences conjugales qu'elle a subies et dont elle veut témoigner.
00:43 Bonjour Judith Chemla.
00:44 Bonjour.
00:45 Est-ce que vous vous sentez libérée par ce récit ?
00:47 Oui, écrire ça recrée un espace intérieur immense.
00:52 C'est vraiment une reprise de pouvoir sur son histoire et sur sa propre vie.
00:58 Alors votre témoignage, on va longuement en parler dans cette émission,
01:02 qui commence d'abord par les informations que je vous invite d'ailleurs à commenter avec moi.
01:06 Tout de suite, le journal.
01:08 Et d'abord, cette agression Gare de Lyon à Paris.
01:12 Trois personnes ont été blessées à l'arme blanche.
01:14 L'une d'elles est gravement atteinte.
01:16 L'assaillant souffre de troubles psychologiques.
01:18 Nous serons en direct de la Gare de Lyon.
01:21 La fin du mouvement des agriculteurs, après 15 jours de barrages et de manifestations,
01:25 les pionniers, ceux du sud-ouest qui rentrent de Paris,
01:28 vont s'arrêter pour un dernier rendez-vous commun à Bergerac,
01:32 où nous retrouverons notre correspondant.
01:35 L'inquiétante défaite des Bleus en ouverture du tournoi des 6 nations hier soir,
01:39 38 à 17 face aux Irlandais au stade Vélodrome.
01:42 Est-ce grave docteur ?
01:44 Le diagnostic de notre spécialiste rugby.
01:47 Et puis la météo.
01:48 Bonjour Valérie Quintin.
01:49 Bonjour.
01:50 Et c'est encore de la douceur ce week-end.
01:52 Oui, jusqu'à 21 degrés attendus à Perpignan cet après-midi,
01:55 17 à Marseille, 13 à Rennes, 12 à Lille, à Paris, à Bordeaux,
01:58 10 degrés à Nancy et Lyon, et puis un grand classique côté ciel,
02:01 du soleil pour la moitié sud.
02:02 Sauf que pour le moment c'est encore assez chargé quand même entre le Bordelais et le Midi Toulousain,
02:06 et puis de la grisaille au nord.
02:07 On peut espérer quelques petites éclaircies, notamment vers l'Alsace ou encore vers la Franche-Comté.
02:11 Bon ben voilà, faut aller dans le sud quoi.
02:13 Pour le soleil oui.
02:14 Mais oui.
02:15 Merci Valérie.
02:16 Le journal inattendu sur RTL.
02:19 Commençons par cette attaque ce matin.
02:21 Gare de Lyon à Paris.
02:22 Un homme a agressé trois personnes à l'arme blanche.
02:25 Bilan, un blessé très grave selon le préfet de police de Paris,
02:28 et deux blessés plus légers.
02:30 Gautier Delon-Bugar, vous êtes en direct de la gare de Lyon.
02:33 Bonjour.
02:34 Bonjour.
02:35 L'assaillant a été interpellé.
02:37 Est-ce que l'on en sait plus sur ses motivations, sur son profil ?
02:41 Eh bien en tout cas en ce moment dans ce hall 3, ce hall souterrain,
02:44 derrière les cordons de sécurité des agents de la police judiciaire en blouse blanche,
02:47 examine encore les lieux de l'attaque.
02:49 Les premiers éléments de l'enquête et les premiers témoignages
02:51 permettent effectivement d'y voir plus clair désormais cet employé de la gare
02:55 à assister à la scène ce matin vers 8h.
02:57 Je sortais du restaurant du personnel,
02:59 et le monsieur avait un couteau à la main,
03:02 a frappé les gens.
03:04 C'était un couteau de cuisine à peu près.
03:07 Il y a eu deux personnes touchées, une troisième.
03:11 Et il a pas crié, il a rien revendiqué.
03:15 Et après j'ai vu les gens courir,
03:18 et après il y a la police qui est arrivée, et c'est eux qui l'ont neutralisée.
03:21 Parmi les trois blessés, une personne est toujours dans un état grave.
03:24 Son pronostic vital reste engagé selon le préfet de police de Paris.
03:27 L'assaillant est un malien, né en 1992,
03:30 en situation régulière sur le territoire français.
03:33 Lors de son audition, il a reconnu souffrir de problèmes psychiatriques,
03:36 et les enquêteurs ont retrouvé sur lui des médicaments pour soigner des pathologies.
03:40 La piste terroriste est donc écartée pour le moment,
03:43 mais il faut rester prudent jusqu'à la fin de l'enquête,
03:46 nous assure le préfet de police de Paris.
03:49 Merci Gautier Dulon-Bugard, en direct de la gare de Lyon.
03:52 Après 15 jours de mobilisation, les agriculteurs lèvent le camp.
03:55 Même la Confédération Paysanne, le seul syndicat qui applète encore à poursuivre le mouvement,
04:01 évacue ses deux derniers blocages à Saint-Quentin-Fadavier sur la 43,
04:05 et puis à la centrale d'achat de Leclerc, à Saint-Etienne-de-Montluc en Loire-Atlantique.
04:09 Pendant deux semaines, les agriculteurs se sont serrés les coudes sur les barrages.
04:14 Difficile de partir sans un au revoir.
04:16 Ceux du sud-ouest se sont d'ailleurs donné rendez-vous à Bergerac, où vous vous trouvez.
04:20 Denis Grandjoux, bonjour.
04:22 Bonjour Nathalie.
04:23 Alors, les agriculteurs qui rentrent de Paris sont rejoints par leurs collègues de la région,
04:28 pour un baroud d'honneur.
04:30 Exactement. Alors c'est un convoi de 100 tracteurs, et autour de moi,
04:34 on ne les entend pas encore, mais ils ont tous les yeux fixés,
04:37 les gens dans le brouillard, parce qu'il y a beaucoup de brouillard.
04:39 Il y a à peu près 400 personnes ici sur le rond-point, des familles,
04:42 avec notamment "Bravo papa", "Bravo maman".
04:44 C'est une petite fille qui tient ça avec plein de couleurs,
04:46 parce que ses parents sont partis en tracteur manifester à Paris.
04:49 Donc il y a 400 personnes qui attendent le convoi.
04:52 C'est imminent, ça devrait venir.
04:54 Il y a une trentaine de maires également, de Lautégaronne, de Dordogne,
04:57 et également de Gironde, qui sont venus pour accueillir,
05:00 ce que tout le monde appelle ici, les héros, les agriculteurs,
05:03 qui sont partis à Paris.
05:04 Ambiance très certainement de grandes fêtes.
05:07 Il y a un banquier qui va être organisé ensuite.
05:09 Autour de moi, il y a une trentaine de tables, avec des grillades, etc.
05:12 C'est vraiment une ambiance "bon enfant".
05:13 Et on attend donc les "héros", les agriculteurs, qui sont partis à Paris,
05:17 qui devraient revenir ici d'ici 5 minutes environ.
05:20 - On est plus là pour déjeuner que pour revendiquer, si je comprends bien, Denis.
05:23 - En fait, il va y avoir des prises de parole, mais c'est surtout dire...
05:27 J'ai croisé tout à l'heure un bien agriculteur qui m'a dit,
05:30 avec les larmes aux yeux, vraiment, Nathalie,
05:32 "J'ai jamais été aussi fier d'être paysan.
05:34 J'attends ceux qui ont pris la relève."
05:36 C'est vrai qu'il y aura pas mal d'échanges, forcément.
05:38 Et puis, il y a beaucoup de familles, comme je vous disais,
05:40 qui sont là pour attendre, soit un papa, soit une maman,
05:43 parce que, voilà, ça a été un peu compliqué.
05:46 Donc, je pense qu'il y aura, en tous les cas,
05:48 beaucoup, beaucoup d'émotions ici, sur ce rond-point,
05:51 sur la National 21, à Bergerac.
05:53 - Merci beaucoup, Denis Grandjour, directeur de Bergerac.
05:56 Judith Schemla, ce conflit des agriculteurs, là, depuis 15 jours,
05:59 qui militent pour pouvoir vivre dignement, vous l'avez suivi ?
06:03 - Oui, oui, et voilà, il prouve que sans action forte,
06:08 sans se bloquer, vraiment arrêter la course du monde telle qu'elle est,
06:15 on ne se fait pas entendre, et eux se donnent corps et âme
06:19 pour nourrir la France entière.
06:21 Et oui, on doit les écouter, évidemment.
06:25 - Alors, sur ce dossier, ne manquez pas l'émission spéciale
06:28 proposée par Karine Lemarchand sur M6,
06:30 demain soir, ce sera juste après le 19/45.
06:33 Des témoignages, des explications sur cette crise
06:35 et sur les mesures annoncées par le gouvernement,
06:37 avec également Virginie Garin, la spécialiste agriculture
06:41 et environnement de RTL.
06:43 C'est demain à 20h05 sur M6.
06:46 Dans un instant, des nouvelles des rugbymen français.
06:49 Des bleus, si pâles, hier soir, en ouverture du tournoi Destination,
06:52 balayés 38 à 17 par les Irlandais.
06:55 A tout de suite.
06:57 - Le journal inattendu.
06:59 - Judith Schemla.
07:00 - Nathalie Renaud.
07:02 - Le journal inattendu sur RTL.
07:04 - Avec Judith Schemla et Nathalie Renaud.
07:07 - C'est encore un coût supplémentaire porté au pouvoir d'achat des Français.
07:10 Une nouvelle hausse du prix du gaz est annoncée pour le mois de juillet.
07:14 Elle est liée à l'augmentation du tarif des réseaux de distribution.
07:18 Pour le consommateur, ça devrait représenter une hausse de 5,5%.
07:22 Et ça s'ajoute à l'augmentation de près de 10% du coût de l'électricité
07:27 qui est entré en vigueur le 1er février pour près de 20 millions de foyers.
07:31 Difficilement supportable pour certains.
07:34 Cathy, par exemple, elle est jeune retraitée à Saint-Quentin-dans-Lenne.
07:38 Depuis deux jours, elle a tout simplement décidé de couper son chauffage
07:42 par peur de ne pas réussir à payer sa facture.
07:45 - Moi j'ai un peu calculé ce que ça allait me faire.
07:48 Puisque je vous ai dit que rien que sur le mois de décembre et le mois de janvier,
07:52 j'en avais plus de 400 euros.
07:54 J'ai 1030 euros de retraite.
07:58 Là-dessus, il faut que j'ai de l'usin loyer, des charges.
08:01 C'est indécent. Moi je trouve que c'est indécent de nous augmenter.
08:04 J'ai passé ma vie à soigner des personnes, à faire la toilette,
08:07 à être bienveillante pour les rassurer.
08:09 Et bien moi je me retrouve sans chauffage.
08:11 Je dis pas que j'ai un truc de plus que les autres.
08:14 J'ai quand même fait mon métier très correctement.
08:18 Et voilà, je trouve ça injuste.
08:20 En ce moment, je peux pas et manger correctement, et me chauffer correctement.
08:24 Donc il faut bien que je fasse un choix.
08:27 - Un témoignage recueilli par Emmanuelle Michel.
08:29 Vous voulez ajouter un mot ?
08:31 - Non, c'est catastrophique pour beaucoup de personnes en France, partout.
08:39 - Effectivement, on entend des cris de colère et de désarroi.
08:43 L'actualité à l'étranger.
08:45 Le Chili emproie de violents feux de forêt dans des régions touristiques,
08:48 notamment la station balnéaire de Vinadelmar dans la région de Valparaiso.
08:52 Les secours craignent un bilan d'une dizaine de morts.
08:55 L'état d'exception a été décrété dans le pays,
08:59 qui subit une canicule liée au phénomène El Niño.
09:02 Et puis un mot de cette manifestation de femmes de soldats russes combattantes en Ukraine.
09:07 Elles se sont rassemblées sur la place rouge à Moscou
09:10 pour réclamer le retour de leur mari.
09:12 Et à cette occasion, 20 à 25 journalistes,
09:15 dont des reporters étrangers et notamment un vidéaste de l'AFP, ont été interpellés.
09:21 Le sport, les rugbymen français faisaient leur grand retour hier soir
09:26 après leur quart de finale malheureux au Mondial de l'automne dernier.
09:29 Des Bleus opposés à un adversaire de taille, l'Irlande, au stade Vélodrome à Marseille,
09:34 dans le premier match du tournoi des 6 nations.
09:37 Et c'est un retour raté.
09:39 Bonjour Jean-Michel Rascol.
09:40 - Bonjour Nathalie.
09:41 - Alors non seulement les Bleus sans Antoine Dupont qui prépare les JO
09:45 ont largement perdu 38 à 17,
09:48 mais on ne les a jamais sentis en capacité d'inquiéter les Irlandais.
09:52 - C'est vrai, le plus inquiétant c'est que l'on pensait l'équipe de Galtier à l'abri d'une telle déconvenue.
09:58 Il faut rappeler que le 15 de France a encaissé hier soir 5 essais.
10:01 Il n'a jamais ou très rarement pu rivaliser, s'opposer à la patte irlandaise de ce match.
10:06 Cette récitation du 15 du trèfle, pas toujours spectaculaire mais terriblement,
10:10 efficace.
10:11 Une gifle que l'on ne peut pas seulement expliquer par le fait que le 15 de France a joué à 14
10:16 après une demi-heure de jeûne.
10:18 Non, le mal est plus profond, l'absence d'Antoine Dupont, oui, mais pas seulement.
10:22 Le 15 de France est éloigné hier soir de ses racines,
10:26 cette faculté de création qu'il a rendue redoutée et redoutable aux quatre coins de la planète ovale.
10:31 Alors les joueurs se sont donné rendez-vous lundi à Marcoussy pour que chacun puisse s'exprimer.
10:37 Fabien Galtier, si fier de pouvoir répéter que son équipe s'appuyait jusque là sur 80% de réussite,
10:43 doit lui aussi se poser les bonnes questions.
10:46 Sa méthode est loin d'être infaillible, comme il aimait le laisser penser avant la Coupe du Monde.
10:52 Oui, tout ça, ça fait peur. Il va falloir refermer la cicatrice du Mondial, Jean-Michel.
10:56 Est-ce que le prochain rendez-vous des Bleus va le permettre ?
10:59 Il faut l'espérer, mais c'est un rendez-vous en terre dangereuse,
11:03 puisqu'il faut se déplacer samedi après-midi à Murifield.
11:06 Les Ecossais savent parfaitement bien jouer au rugby,
11:09 connaissent toutes les qualités et aussi les défauts du 15 de France.
11:13 Ce sera déjà le match du Racha, alors que l'on pensait que c'était une route tracée vers impossible.
11:18 Grand Chelem.
11:19 Merci Jean-Michel Rascol du service des sports depuis Marseille.
11:23 Et précisons qu'Antoine Dupont jouera aujourd'hui, mais avec son club de Toulouse,
11:28 à 21h face à Bayonne en top 14. C'est l'une des sept rencontres du jour.
11:32 Et puis le tournoi des 6 nations continue avec Italie-Angleterre à 15h15
11:37 et Pays de Galles-Ecosse à 17h45.
11:40 Le rugby vous suivez Julie Tchemla ?
11:43 Oula, oula, pas vraiment, pas vraiment.
11:45 Et le football alors ?
11:47 Non mais écoutez, je ne vais pas me lancer dans un commentaire.
11:51 Bon alors je vais vous donner les nouvelles du monde du football.
11:54 Il y avait la 20e journée de Ligue 1 qui a commencé hier soir.
11:58 Le PSG s'est imposé sans briller à Strasbourg-Debuzyn,
12:02 grâce notamment à un but de Kylian Mbappé, son 20e cette saison.
12:05 Le PSG s'envole au classement.
12:07 Kylian Mbappé vous connaissez ?
12:08 Ah oui quand même !
12:10 A suivre aujourd'hui, Rennes-Montpellier à 17h et Nantes-Lens à 21h.
12:15 A suivre sur RTL, dans RTL Foot avec Eric Silvestro à partir de 20h30.
12:21 Le journal inattendu de Judith Tchemla.
12:24 Avec Nathalie Renaud sur RTL.
12:27 Judith Tchemla, c'est l'heure du portrait.
12:29 Alors si des auditeurs ne vous connaissaient pas, je leur dirais que vous êtes une actrice complète.
12:34 Comme votre père violoniste, vous pratiquez cet instrument.
12:37 Mais très vite, c'est le théâtre qui vous aimante.
12:40 Un parcours sans fausses notes, Conservatoire National,
12:44 puis la comédie française dont vous êtes pensionnaire pendant deux ans,
12:47 avant de la quitter pour le cinéma.
12:49 Près de 30 films à votre actif, entre autres Camille Redouble, Le sens de la fête,
12:53 Le sixième enfant ou encore Une vie.
12:56 - Rosalie, est-ce que Monsieur Julien est le père de ton enfant ?
13:00 - Oui mon père.
13:02 - Si vous vous résignez, vous vous consentez à ce mensonge ?
13:07 - Je ne peux pas être celle qui fait écrouler tout son monde.
13:12 Un rôle qui vous vaut une nomination au César dans la catégorie meilleure actrice.
13:17 Le cinéma donc, la télévision, vos grands yeux illuminent actuellement la série d'Argent et de Sang sur Canal+.
13:24 Mais jamais vous ne vous éloignez des planches pour jouer, pour chanter,
13:29 et souvent les deux à la fois, comme dans Tue-Tête, le spectacle que vous avez écrit.
13:34 Votre voix de cantatrice vous a même conduite au cœur de Notre-Dame en plein Covid en avril 2020.
13:40 Vous participez alors à la célébration du Vendredi Saint avec Cet Ave Maria.
13:45 Ave Maria
13:56 Votre voix, on l'entend aujourd'hui pour une toute autre raison.
14:00 Vous avez dénoncé les violences que vous ont fait subir deux compagnons, les pères de vos enfants.
14:05 Ce récit est devenu un livre. Notre silence nous a laissés seuls.
14:09 Un témoignage de la prison mentale dans laquelle une femme peut se laisser enfermer
14:13 parce qu'elle croit que c'est la dernière fois, parce qu'il y a des excuses après les coups, parce qu'elle a peur.
14:19 Aujourd'hui, la peur, vous l'affrontez avec vos mots et l'on vous souhaite que la douceur vienne la remplacer.
14:25 * Extrait de « La douceur » de Jules Verne *
14:33 Un peu de Schubert pour apporter de la douceur.
14:36 * Extrait de « La douceur » de Jules Verne *
14:40 Un mot de musique d'ailleurs. Le public vous connaît comme actrice.
14:43 Mais savait-il que vous aviez cette voix ?
14:46 Ceux qui viennent au théâtre ou au concert, oui.
14:51 Le chant lyrique, c'est une passion ?
14:52 Oui, bien sûr. C'est une grande, grande partie de ma vie.
14:56 C'est vraiment le moment où je me sens le plus complète, le plus reliée au monde.
15:03 Alors comment une femme comme vous, animée par la passion du jeu, par la passion du chant,
15:07 une femme libre, a-t-elle fini par tomber dans les griffes d'homme violent ?
15:11 Cette femme, c'est vous, Judith Schemla, et vous nous répondez dans un instant, dans votre journal inattendu.
15:17 * Extrait de « Le journal inattendu » de Judith Schemla *
15:34 Judith Schemla, vous venez de publier un récit autobiographique,
15:38 « Notre silence nous a laissés seules », dans lequel vous racontez les violences
15:42 que vous avez subies de la part de deux anciens compagnons, les pères de vos enfants.
15:47 Tout a vraiment commencé médiatiquement en 2022, lorsque vous publiez sur Instagram
15:51 une photo de votre visage tuméfié. S'en suivent des interviews.
15:55 Est-ce que ce livre, c'est une manière d'aller au bout de la démarche ?
15:59 Oui, parce que la publication de cette photo, c'est un mouvement très instinctif
16:08 de remettre les choses à l'endroit, parce que l'oppression est trop forte.
16:15 Ce retournement de responsabilité de quelqu'un qui se fait passer pour une victime,
16:21 se permet de voirceler malgré des conditions de sursis, une condamnation.
16:28 Tout d'un coup, c'est le seul moyen que je trouve de dire stop, la réalité c'est ça.
16:34 C'est que là, tu devrais me laisser tranquille et essayer d'obtenir une rédemption.
16:42 Mais voilà, c'est pas... Stop ! Voilà le réel.
16:47 Et après ça, ce qui se passe, je ne l'ai pas du tout prémédité,
16:52 c'est que je reçois des témoignages par centaines de femmes qui sont dans une situation similaire,
17:00 voire bien pire, et qui me remercient de prendre la voie, parce qu'elles n'ont plus de voie.
17:07 Et c'est bouleversant pour moi, ça me relie au monde d'une façon nouvelle,
17:14 et qui me change à jamais.
17:17 Et je décide d'assumer ma parole une fois dans les médias avec Léa Salamé sur France Inter,
17:23 et puis je refuse tout le reste pour ne pas m'étaler, ce n'est pas le moment pour moi.
17:28 Je suis encore... Enfin voilà, ça nous met tous en danger de s'exposer à ce point,
17:34 ce n'est pas le moment, ce n'est pas mon but de m'étaler dans les médias.
17:38 Mais il faut que j'assume cette prise de parole.
17:41 Donc je le fais une fois.
17:43 Et puis il y a une éditrice qui me contacte, qui sent que dans ma voix,
17:47 il y a beaucoup encore à dire, à comprendre, voilà.
17:53 Et je sens que c'est juste, mais je ne peux pas dire oui tout de suite, c'est trop dur, ça fait trop peur.
17:59 Mais j'accepte sa proposition au bout de six mois, je commence,
18:04 et puis je sens que ça va être trop... C'est trop risqué en fait,
18:08 c'est trop risqué de se mettre en lumière à ce point, quand on a des liens familiaux,
18:14 avec les pères de ses enfants, c'est beaucoup trop risqué.
18:18 Mais comme la machine judiciaire à ce moment-là,
18:20 enfin, j'ai eu beaucoup de chance avec certains, avec des juges, avec certains policiers,
18:25 mais tout d'un coup un policier me menace,
18:28 comme je vois autour de moi tant de mères qui sont criminalisées,
18:32 à la place des violents conjugaux à qui on retire la garde de leurs enfants.
18:38 - Et ça c'est le déclic ? - Voilà, ça c'est le déclic.
18:40 Je vois qu'en fait, il y a une chape de plomb sur nous, sur celles...
18:47 Il y a quelques hommes aussi qui se battent contre l'évidence,
18:49 mais c'est surtout des femmes, dont je reçois les témoignages par centaines,
18:53 qui sont empêchées d'obtenir protection et de protéger leurs enfants.
18:58 Et il y a des situations où, oui, la chaîne judiciaire s'instrumentalise au profit des agresseurs,
19:04 et c'est énorme, c'est un fléau.
19:07 Et là je dis, c'est plus possible, j'ai une voix qui porte,
19:10 moi, on m'écoute un peu, les autres on ne les écoutera pas.
19:14 Donc je sens la nécessité de revenir sur mon histoire,
19:19 de raconter comment je me réveille, moi, personnellement,
19:23 et j'invite, et la grande question, c'est moi qui ai mis tant de temps à me réveiller,
19:28 combien de temps la société va mettre ?
19:31 - C'est ce que j'allais vous dire, ce qui est intéressant dans votre récit,
19:33 c'est la progression insidieuse, d'abord de la violence dans votre quotidien,
19:37 parce qu'elle n'arrive pas tout de suite, et puis elle arrive par petites touches,
19:40 et puis elle est physique, mais elle n'est pas que physique, elle est verbale aussi.
19:44 Et puis c'est également de savoir quand est-ce que votre compagnon sera violent ou pas,
19:49 donc vous vivez finalement dans une angoisse permanente.
19:53 - Je ne dirais pas ça, et je pense que c'est ce qui nous piège beaucoup,
19:58 c'est que ça va mieux, il y a plein de moments formidables,
20:01 - Il y a des moments où ça va et des moments où ça ne va pas.
20:03 - C'est ça, c'est aussi ce qui nous... - Apporte de l'oxygène.
20:07 - ... qui nous chevit, qui nous menotte, c'est qu'il y a plein de belles choses.
20:12 C'est ça qui est difficile, c'est qu'on s'appuie sur les belles choses.
20:18 Moi je suis d'une nature où je ne voulais voir que le beau,
20:23 j'ai une nature très très confiante,
20:26 donc j'avais une grande confiance dans l'évolution des choses,
20:29 et on est beaucoup à se faire piéger comme ça,
20:32 à ne pas savoir que l'intolérable, une fois qu'il est commis, il va recommencer.
20:38 - Et dans le livre, on comprend que vous avez un premier compagnon,
20:42 que vous nommez le prince, puisque vous ne donnez jamais le nom des pères de vos enfants,
20:47 et puis vous le quittez, et vous vous mettez en ménage avec un second compagnon,
20:51 que vous dénommez le loup.
20:53 Comment est-ce qu'on passe d'un homme violent à un autre homme violent ?
20:57 - Alors ce que j'ai réalisé aussi, c'est que ça paraît fou, on se dit "ah bah quand même,
21:02 elle est bien responsable de se retrouver dans des situations pareilles",
21:06 mais en vrai c'est tellement fréquent, tellement fréquent,
21:10 que les femmes soient avec deux hommes violents, trois hommes violents,
21:15 parce que c'est un cercle en fait, c'est un cercle de relations,
21:18 où quand on a été blessé, dans son estime, dans sa dignité,
21:24 il y a quelque chose qui est entamé dans votre être, et qui se sent.
21:28 Les hommes qui se permettent d'abuser de leur pouvoir sur les autres...
21:32 - Ils ressentent cette faiblesse-là ?
21:34 - Oui, instinctivement on sent bien qu'il y a une permissivité qui est là.
21:40 Il y a aussi beaucoup dans les natures des femmes que j'ai rencontrées,
21:46 une grande capacité de lumière, de confiance, qui fait qu'on croit toujours que ça va aller mieux.
21:56 Et il y a une chose qui n'est pas... moi en tout cas, il me manquait le sens du danger.
22:02 Vraiment, j'avais jamais peur.
22:04 J'avais une telle confiance, une telle foi, que je ne voulais pas voir ce qui n'était pas beau.
22:11 - Les enfants, c'est aussi une question, puisque parler des violences,
22:16 c'est casser une famille, et il y a des enfants au milieu des parents.
22:20 Est-ce que ça vous a posé un problème ?
22:22 - Oui, mais je veux revenir quand même sur votre première question.
22:25 Je pense que tant qu'on n'a pas mesuré la gravité de ce qu'on a enduré,
22:30 on ne peut pas sortir du cercle, on ne peut pas passer au cercle suivant, supérieur.
22:35 On ne casse pas le moule, en fait.
22:38 Tant qu'on n'est pas revenu en profondeur sur les mécanismes.
22:43 C'est pour ça que j'ai écrit ce livre, pour en sortir définitivement.
22:47 Et par rapport aux enfants, oui, vous...
22:50 - Oui, parce que vous dites que c'est difficile de sortir de ce cercle,
22:54 parce que d'abord il faut en avoir conscience, on est dans un cercle de violences.
22:57 Et puis quand on a des enfants au milieu d'un couple, c'est d'autant plus difficile.
23:01 - C'est très dur, et puis on a évidemment ce mythe de l'unité familiale
23:06 qui est sacré, qui est au-dessus de tout,
23:10 qui représente le bonheur dans nos sociétés.
23:13 C'est la représentation de l'idéal, la famille.
23:17 C'est très prégnant, donc on est tous très conditionnés par ça.
23:22 Casser une famille, tant que ce n'est pas catastrophique, on ne le fait pas.
23:26 Il faut qu'il y ait des choses irrémédiables pour qu'on ose le faire.
23:30 C'est très très dur, et je pense que c'est justement...
23:35 Il faut redéfinir l'amour, il faut redéfinir ce qui est premier.
23:39 Il n'y a pas d'amour sans respect, et puis on n'aide pas nos enfants
23:44 en leur enseignant, en restant à accepter la violence.
23:49 Pas du tout.
23:51 Il vaut mieux se construire avec un modèle qui n'est pas du tout l'idéal,
23:57 qui n'est pas l'unité de la famille, mais qui dit que c'est le premier ciment,
24:04 c'est le respect de soi-même, c'est vivre en paix, vivre avec bienveillance.
24:08 Et après, les générations futures pourront se construire mieux.
24:12 Mais si on ne casse pas du tout ces enchaînements de violence,
24:17 ces chaînes de violence, on a des générations pourries.
24:20 Dans ce monde de violence, il y a heureusement des éclats de douceur et de bienveillance.
24:24 C'est ce que vous trouvez, notamment auprès de vos amis et de vos camarades de troupe.
24:29 Et ce matin, on a une surprise pour vous, l'une de vos plus proches, Estelle Meyère,
24:34 elle aussi actrice, nous a laissé un message pour vous.
24:37 On a vraiment eu comme un coup de fou, on était suspendus de se connaître,
24:42 de se rencontrer avec une espèce de soif, d'illumination, de joie,
24:46 de rencontrer peut-être une semblable, quelqu'un qui te comprend de si loin.
24:51 Je lui dis bravo, je lui dis que je suis infiniment fière
24:56 et que son courage libère tous les autres courages
24:59 qui attendaient de lire d'autres mots d'autres femmes pour se lever.
25:03 On la remercie en gratitude absolue, c'est énorme.
25:07 Votre réaction ?
25:09 C'est ma grande, une grande, grande amie.
25:14 J'ai aussi d'autres amis qui m'ont... on s'éclaire la route.
25:18 Là où on réussit à aller vers la lumière, on guide aussi nos amis, nos soeurs, nos frères.
25:28 C'est des liens merveilleux qui nous font grandir vraiment.
25:34 Et ça fait du bien au moins, cette douceur-là.
25:37 La douceur, elle vient aussi de la musique qui fait partie de votre quotidien
25:41 et vous avez choisi de nous faire écouter ça.
25:43 (Musique)
25:50 At last, et à James, pourquoi ?
25:53 Rapidement bien sûr.
25:54 J'adore cette chanson, j'adore cette orchestration, j'adore la plénitude qu'il y a dans sa voix.
26:03 Et j'aime cet espoir vers un amour tellement solaire.
26:12 L'espoir dans la voix d'Eta James, c'est juste avant les titres de 13h.
26:17 (Musique)
26:20 Le journal inattendu de Judith Schemla avec Nathalie Renaud sur RTL.
26:24 (Musique)
26:27 RTL, il est 13h.
26:29 (Musique)
26:33 Le journal inattendu de Judith Schemla.
26:36 13h, les titres de l'actualité.
26:38 Nathalie Renaud.
26:40 À la une de l'actualité, cette attaque au couteau à la gare de Lyon ce matin à Paris.
26:43 Trois personnes ont été blessées, dont une est en état grave.
26:47 Le suspect est un homme de nationalité malienne qui vit en situation régulière en Italie.
26:52 Il a déclaré spontanément souffrir de troubles psychiatriques,
26:56 selon le préfet de police Laurent Nunez, qui s'est rendu sur place.
27:00 Cette attaque ne laisse pas penser qu'il s'agit d'un acte terroriste.
27:04 Une enquête pour tentative d'assassinat a été ouverte.
27:07 Les autoroutes sont peu à peu débloquées après les blocages d'agriculteurs.
27:11 Le gestionnaire Vinci Autoroutes signale qu'à midi,
27:13 une seule manifestation impactait encore la circulation sur l'A10,
27:17 entre Saint-Mexent et Poitiers.
27:20 Après 15 jours de mobilisation,
27:22 certains agriculteurs se sont donné un dernier rendez-vous à Bergerac, en Dordogne,
27:27 pour accueillir le convoi de retour de Paris.
27:30 Denis Grandjoux, vous les attendiez tout à l'heure dans le journal de 12h30,
27:33 et ça y est, ils sont arrivés.
27:35 Oui, ils sont arrivés, une ambiance indescriptible,
27:38 avec 400 personnes qui ont applaudi, les klaxons, etc.
27:41 Et juste à côté de moi, j'ai Julien, bonjour.
27:43 Julien a fait le voyage, c'est un agriculteur du Lot-et-Garonne.
27:46 Oui, c'est ça.
27:47 L'émotion, donc, en arrivant ?
27:48 C'est exceptionnel.
27:50 Pour l'instant, je crois qu'on n'a même pas réalisé...
27:53 C'est fou, tout le monde a eu la larme à l'œil, je pense.
27:56 Il y a beaucoup de larmes, Nathalie, beaucoup d'émotions,
27:58 et là, bientôt, le grand banquet qui va être offert, pardon,
28:03 gracieusement à tous ces agriculteurs qui ont fait le voyage à Paris,
28:06 et donc qui vont se reposer un petit peu avant de repartir ensuite dans leur exploitation.
28:09 Merci, Julien.
28:11 Oui, merci, du coup, on va manger un peu,
28:15 et après, chacun repart dans le convoi à Jeanne-Cobain-Marmande,
28:18 et on repart travailler un peu.
28:20 Voilà, Nathalie, ici, à Bergerac,
28:22 donc, un peu de repos pour ce long convoi de 100 tracteurs
28:26 qui vient de s'arrêter sous les applaudissements.
28:28 Merci, Denis Grandjou, bon déjeuner avec les agriculteurs,
28:31 et vous étiez en direct de Bergerac pour RTL.
28:34 Un mot de votre programme sport ce samedi.
28:36 D'abord, la suite de la 20e journée de Ligue 1 en football.
28:39 Rennes-Montpellier à 17h et Nantes-Lens à 21h.
28:42 Hier, le PSG a battu Strasbourg 2 buts à 1.
28:45 Et puis, le rugby avec le tournoi Destination.
28:47 Les Bleus se sont largement inclinés en ouverture.
28:50 Hier, Italie-Angleterre, c'est à 15h15.
28:52 Et puis, Pays de Galles-Ecosse, c'est à 17h45.
28:55 La météo, c'est avec vous, Judith Schemla.
28:58 C'est la tradition du journal Inattendu.
29:00 Alors, un grand classique météo cet après-midi
29:04 avec une France coupée en deux.
29:06 Il fera beau dans la moitié sud du pays,
29:09 entre La Rochelle et le Jura.
29:11 Au nord, en revanche, un ciel très chargé
29:14 et quelques pluies de la Normandie aux Ardennes.
29:17 Les températures seront comprises entre 7 et 21 degrés
29:22 des Vosges au Roussillon.
29:24 Il fera 12 degrés à Paris, Lille, Bordeaux et Chambéry.
29:29 C'était la douce voix de Judith Schemla pour la météo.
29:33 Comme chaque samedi, on part maintenant en mer.
29:36 Nous suivons les aventures de Triana
29:43 lancées dans l'Ocean Globe Race,
29:45 au cœur de la troisième étape de cette course
29:47 autour du monde, sans assistance et sans électronique à bord
29:50 entre le Cap et l'Amérique du Sud.
29:52 Bonjour Jean.
29:53 Bonjour, bonjour à tous.
29:55 Vous êtes au bout du bout du bout.
29:57 On est au bout du bout du bout, oui effectivement,
30:00 puisque c'est tout l'océan Pacifique Sud.
30:03 On vient de passer ce qu'on appelle le point Nemo,
30:06 le point des océans sur le globe le plus éloigné de toute Terre.
30:11 La Terre la plus proche est à peu près à 2000 milles,
30:14 c'est-à-dire un peu moins de 4000 kilomètres.
30:16 Et encore, ce sont des îles caillouteuses, inhabitées.
30:21 Donc c'est vrai qu'on se sent un peu isolé,
30:24 un peu au bout du monde.
30:26 Surtout, on a envie qu'il ne nous arrive rien,
30:28 puisque là, dans ces endroits où personne ne va jamais,
30:31 il n'y a aucun secours possible.
30:33 Donc on aménage beaucoup le bateau et l'équipage.
30:36 Ça veut dire que vous ralentissez volontairement votre bateau ?
30:39 Oui exactement, on est très prudent.
30:41 Il y a dans ce Pacifique une houle très longue
30:45 qui rend le bateau difficilement maniable.
30:47 Donc on sort de trois jours assez difficiles.
30:50 Il y a toujours énormément de vent,
30:52 quelles que soient les saisons.
30:54 Il y a toujours la mer qui vous laisse passer,
30:56 et jamais l'inverse.
30:57 La semaine prochaine, vous nous raconterez
30:59 le franchissement du mythique Cap Horn.
31:02 Voilà exactement, c'est le mythe et le rêve absolu
31:05 pour tout marin, et qui vous donne droit
31:07 dans la tradition maritime de pisser au vent,
31:10 ce qui est un aboutissement absolu pour tout marin.
31:13 Ça c'est pour le clin d'œil,
31:15 mais c'est une étape extraordinaire pour l'équipage
31:18 et pour toute cette course que de passer le Cap Horn,
31:21 et on y est presque.
31:22 Merci Jean, au revoir et à la semaine prochaine.
31:24 Judith Schemla a témoigné des violences
31:33 que vous avez subies, raconté votre histoire.
31:35 Vous le faites aussi pour les autres femmes,
31:37 comme en témoigne d'ailleurs le titre de votre livre
31:40 "Notre silence nous a laissées seules".
31:42 Alors comme chaque samedi, Mathias Luguin est avec nous.
31:45 Bonjour Mathias.
31:46 Bonjour Nathalie, bonjour Judith.
31:47 Bonjour.
31:48 Le livre de Judith Schemla s'inscrit
31:50 dans une liste de récits, de personnalités
31:53 qui ont raconté pour dénoncer.
31:55 Je pense à Camille Kouchner dans "Familia Grande" sur l'inceste,
31:58 à Vanessa Spingora dans "Le consentement sur ses relations"
32:01 avec Gabrielle Matzneff alors qu'elle n'avait que 14 ans.
32:04 Comment ces témoignages de personnalités
32:07 font-ils bouger les lignes Mathias ?
32:09 On peut dire que ce grand mouvement de libération de la parole,
32:12 aussi progressif soit-il,
32:13 il débute véritablement en 2017,
32:16 avec l'affaire Weinstein, souvenez-vous,
32:18 un scandale autour des multiples agressions
32:20 et harcèlement sexuel commis par le producteur américain tout puissant
32:23 Harvey Weinstein.
32:24 C'est la montée en puissance du hashtag #MeToo
32:27 et la libération de la parole qui ne va faire que s'étendre.
32:30 Dès lors, on entend de plus en plus de témoignages
32:32 autour de ces violences de l'intime, sexuelles, conjugales, incestes également.
32:36 Et au-delà de cette libération de la parole,
32:38 un besoin de se libérer tout court.
32:40 Écoutez Sophie Charnavel, la directrice des éditions au Père Lafond.
32:44 On se replonge dans une histoire qui est une histoire douloureuse.
32:47 Ça veut dire qu'on la revit à nouveau pour la mettre par écrit.
32:50 C'est pas évident, mais c'est aussi pour justement régler ses comptes
32:54 avec ce qui s'est passé, avec sa part de responsabilité aussi
32:56 dans comment on se retrouve dans cette histoire-là.
32:58 C'est aussi une manière de se réapproprier son histoire
33:01 pour pouvoir justement peut-être passer à autre chose,
33:04 en tout cas qu'il n'y ait peut-être pas des répétitions dans son histoire
33:06 comme on peut la voir.
33:07 Judith, c'est en ayant en tête cette logique de catharsis
33:10 que Sophie Charnavel s'est rapprochée de vous,
33:13 parce que c'est elle, votre éditrice,
33:14 elle a découvert votre histoire un peu par hasard à la radio.
33:16 Ça, vous nous l'avez dit tout à l'heure.
33:18 Elle la raconte, elle, de son point de vue.
33:20 J'écoutais avec les écouteurs.
33:22 J'ai été parcourue de frissons d'entendre sa voix,
33:25 d'entendre la densité de son témoignage
33:27 au-delà d'une histoire individuelle.
33:29 C'est une histoire assez universelle, malheureusement, j'allais dire.
33:33 Et c'est aussi dans la réaction de la société,
33:36 ou en tout cas son manque de réaction,
33:38 que moi je me suis dit qu'il y avait un sujet-là
33:41 qu'il fallait raconter.
33:43 Elle m'a tout de suite dit qu'elle considérait que ça l'avait sauvée,
33:46 en tout cas que c'était une respiration indispensable
33:48 dans le combat qu'elle menait par ailleurs, elle, dans son histoire.
33:51 La directrice des éditions, Robert Laffont,
33:53 qui souligne également l'importance de la prise de parole publique
33:56 des personnalités pour faire bouger les choses.
33:58 Je pense que de se dire, telle femme,
34:01 qui a un peu d'argent parce qu'elle travaille, etc.,
34:04 à elle aussi, ça lui est arrivé,
34:06 ça permet aussi peut-être de déculpabiliser certaines femmes
34:10 qui pensent qu'elles sont les seules victimes.
34:12 Le but à atteindre, c'est que ça brise des tabous,
34:14 qu'on puisse en parler et qu'on se dise
34:16 "Ok, maintenant ça suffit en fait,
34:18 que le système de manière globale puisse s'en emparer".
34:21 Il y a d'abord une libération de la parole
34:23 et pour que les faits s'en suivent et qu'il y ait des conséquences,
34:26 il va falloir un petit peu plus de temps
34:27 et c'est bien pour ça qu'il ne faut pas faiblir.
34:29 Ne pas faiblir, continuer de parler, de s'exprimer,
34:31 bien que ce soit évidemment difficile,
34:33 c'est nécessaire pour les autres
34:35 et c'est parce qu'il existe des portes étendues,
34:37 un peu comme vous, Judith Schemla,
34:39 que ce progrès est en marche.
34:40 - Merci Mathias Luguin.
34:42 On vient d'entendre votre éditrice.
34:44 Effectivement, ce témoignage, vous l'avez écrit pour vous,
34:47 mais aussi pour les autres.
34:49 - Oui. C'est beaucoup la conscience que je suis,
34:54 moi, écoutée alors que tant sont maintenues
34:58 dans le silence et l'oppression,
35:01 et dans l'intime,
35:04 et aussi avec les institutions
35:08 qui, souvent, pas toujours,
35:10 mais jouent la stratégie de l'agresseur,
35:14 ou sont, comment dire, inféodées à cette stratégie-là,
35:18 sans vraiment s'en rendre compte.
35:21 Je me suis sentie, et une responsabilité,
35:25 je me suis sentie le droit de le faire.
35:30 - C'est très difficile de sortir de l'engrenage de la violence,
35:34 vous nous en parliez tout à l'heure,
35:36 c'est très difficile de savoir à quel moment partir,
35:40 parce que, vous le disiez, vous aviez toujours l'espoir que ça aille mieux,
35:43 et vous disiez aussi, quand on a échangé tout à l'heure,
35:46 que si vous aviez, vous, eu des témoignages,
35:49 ça vous aurait aidé.
35:51 - Oui. Moi, je pense que si j'avais été plus informée,
35:56 plus cultivée, sur l'histoire des femmes,
36:00 et de comment elles ont gagné leur droit à travers l'histoire,
36:05 comment sans cesse leur droit est un peu évolué,
36:09 puis reculé, puis comme on n'a pas tout...
36:12 Enfin, je veux dire, dans la langue française,
36:14 ça n'a pas toujours été le cas que le masculin l'emporte sur le féminin.
36:18 Toutes ces structures, ces arcanes,
36:23 qui nous tiennent comme ça, sous le joug d'une oppression,
36:28 moi je ne m'en rendais pas du tout compte,
36:29 je croyais complètement au récit de l'égalité des sexes,
36:32 je me croyais complètement libre, capable, puissante,
36:37 je l'étais, mais on me l'a fait payer quand même,
36:40 ce sentiment de liberté.
36:42 Et j'ai vu que tout n'était pas du tout gagné,
36:46 qu'il reste beaucoup, beaucoup à faire.
36:49 - D'autant plus que les agresseurs, souvent, sont dans le déni.
36:53 Je vous cite, je vous lis, page 248.
36:56 "Le déni est destiné à vous rendre fous,
36:59 c'est une violence parfois pire que les coups."
37:01 Et c'est ça qui est difficile,
37:03 c'est difficile de lutter contre le déni,
37:05 parce que c'est un cercle infernal,
37:07 dans lequel vous êtes enfermée.
37:09 - C'est une grande, grande violence,
37:11 parce que c'est comme dans les dictatures,
37:15 enfin je veux dire, il y a la dictature de l'intime,
37:17 ça se rapproche,
37:19 parce que c'est vraiment une violence faite à la parole,
37:23 à la pensée.
37:24 On n'a pas le droit de penser,
37:26 on n'a pas le droit de...
37:28 Quand on ne dit pas, ça n'existe pas.
37:31 Et ce que se racontent les agresseurs,
37:34 pour pouvoir tenir psychiquement,
37:36 pour pouvoir se regarder en face,
37:38 c'est qu'en fait, soit ça n'existe pas,
37:41 tant qu'il n'y a pas de preuve,
37:42 soit ça minimise et ça vous remet la responsabilité dessus.
37:47 Et c'est une inversion de la réalité.
37:51 La perversion, c'est ça, c'est inverser,
37:55 c'est ça que ça veut dire, c'est inverser les choses.
37:57 Et ça, ça rend fou en fait,
38:00 parce qu'on vous dit,
38:01 ce que tu dis c'est faux.
38:03 - Et ça, ça fait partie de la violence.
38:04 - Ça c'est une grande, grande violence,
38:06 parce que ça vous fait perdre pied,
38:09 ça vous rend fou.
38:11 On se dit, mais si, pourtant ça c'est un acte,
38:14 ça c'est un acte, ça c'est un acte.
38:15 On se dit, mais c'est toi qui es folle là.
38:17 Pas du tout, je ne rentrerai pas dans ta folie.
38:19 Et on se dit, mais c'est tout à l'envers.
38:22 - Ce déni, on va continuer d'en parler,
38:25 mais je voudrais vous parler d'une chanteuse,
38:27 la plus citée aux Victoires de la Musique,
38:29 avec cinq nominations,
38:30 je veux parler de Zao de Sagazan.
38:32 Elle chante, elle aussi, "Les violences faites aux femmes".
38:35 Vous avez souhaité l'écouter.
38:37 "Les dormantes",
38:50 alors comment lutter contre ces violences ?
38:52 Nous poserons la question à votre invitée,
38:54 Judith Schemla.
38:55 C'est "Dans un instant", dans le journal Inattendu.
38:58 Je suis beau, j'aime, heureux.
39:00 On a beau croire qu'on a gros caractère,
39:08 ces gens-là ont beaucoup de savoir-faire.
39:12 Si tu veux pas rester bloqué dans leur filet,
39:16 mieux vaut filer, t'es que t'y es.
39:18 Mais comment savoir que t'y es, alors que l'on...
39:22 Le journal Inattendu de Judith Schemla.
39:24 Avec Nathalie Renaud sur RTL.
39:27 Le journal Inattendu de Judith Schemla.
39:31 Avec Nathalie Renaud sur RTL.
39:34 Avec l'actrice Judith Schemla qui vient de publier un livre,
39:37 "Notre silence nous a laissés seules",
39:39 nous continuons de parler des violences faites aux femmes.
39:42 Avec ces quelques chiffres,
39:43 une femme meurt tous les trois jours
39:45 sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon.
39:48 L'an passé, on a totalisé 94 féminicides
39:52 contre 118 en 2022.
39:54 Une baisse de 20%,
39:56 qu'on ne peut quand même pas saluer,
39:58 parce que 94, c'est encore beaucoup trop.
40:01 Aujourd'hui, nous sommes le 3 février,
40:03 et bien depuis le 1er janvier,
40:05 14 femmes ont été tuées par leurs conjoints.
40:08 Judith Schemla, vous avez souhaité inviter ce matin
40:11 Titio Lecoq dans cette émission.
40:13 Titio Lecoq, journaliste, écrivaine, blogueuse,
40:16 vous avez beaucoup travaillé sur les violences faites aux femmes.
40:19 Elle est en direct avec nous.
40:21 Bonjour Titio Lecoq.
40:22 Bonjour.
40:23 Judith Schemla, vous voulez saluer Titio Lecoq ?
40:26 Oui, bonjour Titio.
40:28 Je pense que si j'avais lu le livre de Titio Lecoq,
40:31 "Les grandes oubliées de l'histoire",
40:33 "Comment les femmes ont été effacées de l'histoire",
40:35 je n'aurais pas été la même personne.
40:37 Je ne suis plus la même personne après avoir lu son livre.
40:40 Oh merci, c'est adorable.
40:42 Vraiment.
40:43 Titio Lecoq, vous avez beaucoup travaillé sur les violences faites aux femmes,
40:46 sur l'égalité des sexes, sur les féminicides aussi.
40:49 Comment sortir de l'enfer de la violence ?
40:51 C'est toute la question et ce n'est pas si simple.
40:54 Est-ce que partir au premier acte de violence, c'est facile ?
40:59 Avant de m'intéresser vraiment au sujet des féminicides,
41:03 je n'y connaissais rien.
41:04 Et j'avais cette idée de quand une femme a subi une violence,
41:07 il faut lui dire de partir.
41:09 Il faut qu'elle parte tout de suite.
41:10 Et à rencontrer les associations d'aide aux victimes,
41:14 voir les mécanismes qui se mettent en place dans ces moments-là,
41:18 on se rend compte que les femmes, c'est au moment où elles partent
41:21 qu'elles sont le plus en danger.
41:23 Et donc on ne peut pas juste leur dire "partez".
41:25 Parce qu'il y a quelque chose de l'ordre de l'irresponsabilité là-dedans,
41:29 qu'il faut un départ, ça se prépare,
41:31 et surtout ça se prépare en sécurité.
41:34 Et évidemment la société a un rôle à jouer là-dedans.
41:38 Oui, ça veut dire que les femmes qui sont victimes de violences,
41:40 il faut qu'elles contactent des associations qu'elles s'entourent
41:43 pour pouvoir quitter le compagnon violent ?
41:46 Exactement, et vraiment sur le travail,
41:49 moi j'ai suivi pendant trois ans les féminicides,
41:52 et c'est vraiment le cas le plus fréquent,
41:56 c'est justement parce qu'elles venaient de le quitter
41:58 qu'ils passent à l'acte.
42:00 À partir de quand faut-il partir ?
42:02 J'ai envie de vous poser la question à toutes les deux d'ailleurs.
42:05 C'est justement,
42:08 chaque cas est particulier,
42:11 chaque femme va, déjà il faut s'en sentir capable,
42:15 il faut retrouver un minimum ses forces,
42:17 un minimum d'estime de soi,
42:20 pour se sentir le droit de vivre une vie meilleure,
42:24 déjà s'accorder cette place-là,
42:28 et voilà, il faut, comme le dit Titou, s'organiser,
42:34 et voilà, j'ai pas de leçon à donner en disant
42:38 tu dois partir à tel moment,
42:40 il faut avoir, je pense qu'il s'agit aussi de remettre
42:44 des barrières intérieures,
42:46 de se dire là quand ça s'est franchi, c'est vraiment grave,
42:49 et je pense que c'est en étant plus informés
42:52 que nos barrières, nos protections intérieures
42:56 se remettent aussi, le radar se remet en place,
42:58 parce qu'il est détruit souvent,
43:00 nos sens sont détruits, réduits à néant,
43:02 donc on n'arrive plus à penser, plus à sentir.
43:05 - Titio Lococ, j'irais un peu plus loin,
43:08 les femmes gagnent 75% de moins que les hommes actuellement,
43:11 est-ce que l'égalité salariale,
43:13 l'égalité dans les tâches familiales,
43:15 dans la charge mentale,
43:16 c'est aussi une porte de sortie des violences ?
43:20 - Oui, alors quand j'ai travaillé sur le sujet du couple et l'argent,
43:23 je me suis rendu compte que dans ce qu'on appelle
43:25 le continuum de violences,
43:27 c'est-à-dire que oui il y a des gradations dans les violences,
43:29 mais en fait, elles trouvent une même origine,
43:31 les violences économiques sont vraiment fondamentales,
43:34 et les femmes ont déjà beaucoup de mal à identifier
43:36 qu'elles sont victimes de violences physiques,
43:38 et alors les violences économiques,
43:40 elles passent complètement sous les radars,
43:42 et pourtant c'est aussi ce qui va les empêcher de partir,
43:44 très concrètement, le fait d'avoir un compte en banque qui a son nom,
43:47 d'avoir des revenus, d'avoir le bail qui a son nom pour le logement, etc.
43:52 Tout ça, c'est des choses qui sont importantes d'avoir,
43:55 il est évident que la question de la domination,
43:58 elle va se jouer sur tous les niveaux,
44:00 sur le fait d'être en charge des tâches ménagères,
44:03 ça veut dire qu'on est celle qui reste à la maison.
44:05 Et donc il y a une forme de prison aussi qui peut se mettre en place,
44:08 là tu dis "oui mais tu dois rester à la maison,
44:10 parce qu'il faut que tu t'occupes des enfants,
44:11 moi je vais dehors, je vais travailler, je vais gagner de l'argent",
44:13 et donc il y a un schéma là-dedans qui se met en place d'emprisonnement.
44:16 - Je vous propose d'écouter l'anthropologue,
44:19 ethnologue Françoise Héritier,
44:21 parler du rapport entre les hommes et les femmes,
44:22 c'était en 2009, c'est vous Judith Schemla,
44:24 qui nous avez proposé d'écouter cet archive.
44:26 - C'est pas la nature qui dit que les femmes sont inférieures,
44:29 c'est la culture, c'est ce qui s'est ensuivi de ces séries de réflexions,
44:33 et qui ont contraint les femmes, en les privant de disposer de leur corps,
44:36 en les privant de l'accès au savoir,
44:38 et en les privant toujours chez nous de l'accès au pouvoir,
44:40 et en accompagnant tout cela d'une situation qui est celle du mépris,
44:44 de la condescendance etc,
44:46 et que l'on voit à tous les coins de rue,
44:48 il suffit d'ouvrir les yeux simplement,
44:50 sur ce qu'il se passe dans la rue, les affiches et le reste,
44:52 et les discours qui sont tenus,
44:54 et bien c'est tout cela à quoi nous sommes confrontés.
44:57 Et je dis que c'est le problème politique majeur,
44:59 parce que les autres formes de domination,
45:01 elles ont pris modèle sur celle-là,
45:03 c'est celle-là la plus ancienne, la primitive,
45:05 et les autres se sont calquées dedans.
45:07 - Je vous vois inquiéter Judith Schemla.
45:10 - Ben oui, c'est très intéressant, mais je laisse Titio pour le moment.
45:14 - Titio, vous voulez réagir ?
45:16 - Oui, oui, non mais c'était évident que c'est la première forme de domination qu'on a identifiée,
45:22 chose qu'il faut se rendre compte en fait,
45:25 à quel point notre société à l'heure actuelle en France,
45:28 est construite sur un fond de sexisme et de misogynie,
45:32 qui souvent est très... moi je suis de la génération,
45:34 j'ai grandi, on m'a dit que j'étais à égalité avec les garçons, etc.
45:37 et que tout était gagné.
45:38 Il a fallu du temps pour me rendre compte que c'était faux,
45:40 et ce dont Judith Schemla témoigne, c'est ce discours de "tu es folle", etc.
45:45 c'est un discours misogyne,
45:47 c'est un discours qui va résonner dans notre société,
45:49 parce qu'on ne croit pas les femmes,
45:51 et il y a un autre point qui est très important pour moi à aborder,
45:55 qui est aussi le fait que pendant longtemps en France,
45:58 on a considéré qu'un mauvais mari pouvait être un bon père.
46:02 - Oui, tout à fait.
46:03 - Et ça, c'est vraiment dans ces dernières années,
46:05 c'est très très récent qu'on commence à évoluer,
46:07 notamment sur les féminicides,
46:09 on commence à considérer que les enfants qui assistent aux meurs de leur mère,
46:13 sont des co-victimes,
46:14 alors qu'avant on considérait que pas du tout.
46:16 - Oui, ça paraît presque évident, mais ce n'était pas le cas.
46:19 - Et ce n'était pas du tout le cas, c'est vraiment très récent de dire
46:21 "oui, en fait ces enfants sont aussi victimes,
46:23 et en fait un mauvais mari est un mauvais père",
46:25 et cette jonction-là,
46:27 notamment la loi française a du mal pour l'instant à la faire.
46:31 Donc là, on a quelque chose de très concret à gagner.
46:34 - Judith Chabla, je vois que vous voulez réagir.
46:36 - Non, oui, c'est terrible, encore aujourd'hui,
46:38 on force les enfants,
46:39 enfin on ne retire pas systématiquement l'autorité parentale
46:42 à un père qui a tué sa compagne,
46:45 ou tenté de tuer sa compagne devant ses enfants.
46:47 On force les enfants à aller voir leur père en prison,
46:50 on force les enfants à avoir des visites médiatisées
46:53 avec un père qui a commis des violences,
46:56 et sur eux, et sur leur mère, c'est absurde.
46:59 On ne laisse pas les enfants se réparer,
47:01 on ne peut pas imaginer que...
47:02 Ben oui, enfin, voilà, c'est le père tout puissant,
47:05 le lien avec le père,
47:06 c'est vraiment patriarcal, quoi,
47:09 qui passe avant tout au lieu de se dire
47:11 "ben l'enfant, pour se reconstruire après les violences,
47:13 ben il a besoin d'un sas de sécurité,
47:16 et puis s'il a besoin de voir son parent,
47:18 oui, peut-être on peut l'écouter,
47:19 mais écouter d'abord l'enfant, quoi,
47:21 et pas se dire qu'on impose ce lien à tout prix,
47:25 parce que c'est l'arcade majeur de nos sociétés.
47:29 - Est-ce que ça, c'est en train de bouger, Titou-le-Coc ?
47:32 - Alors, je trouve que oui, c'est en train de bouger,
47:34 sur des choses très concrètes,
47:35 par exemple, effectivement, l'autorité parentale
47:37 des pères qui ont été reconnus coupables de féminicide.
47:41 - C'est lourd aussi.
47:42 - Maintenant, ça y est, ça commence à...
47:44 Les juges les suspendent, les autorités parentales...
47:46 - Ça commence à peine.
47:47 - Ça commence à...
47:48 En fait, du moment où les féministes n'ont pas dit
47:50 "Regardez, là, il y a un problème",
47:52 on ne s'en occupe pas.
47:53 - Absolument.
47:54 - Donc ça demande aussi beaucoup d'énergie
47:56 de la part des militantes, des associations, etc.,
47:59 de dire "Alors, on est allé regarder dans le détail,
48:01 il y a ça qui ne va pas dans le système,
48:02 il y a ça qu'il faut changer, etc."
48:04 C'est pour ça que c'est important aussi
48:06 que des femmes comme Judith Schemla
48:08 portent cette parole et la mettent dans les médias,
48:11 dans le grand public, pour dire
48:12 "Regardez tout ce qu'il nous reste à faire,
48:14 à conquérir encore."
48:15 - Absolument.
48:16 - Merci beaucoup, Titio Lococ,
48:18 d'être venue, d'être avec nous par téléphone,
48:22 mais d'avoir participé à ce débat important,
48:25 majeur pour notre société.
48:27 - Merci, Titio.
48:28 - Dans quelques instants, Judith Schemla,
48:30 on va délaisser votre livre
48:32 pour parler de vos projets, de vos rôles.
48:34 Avant cela, un peu de douceur
48:37 avec un tout petit peu de musique, Rachid Tag,
48:40 que vous avez souhaité écouter,
48:42 qui va nous apporter un peu de soleil, de sourire.
48:44 - Oui.
48:45 (musique)
49:02 - Le journal inattendu de Judith Schemla.
49:05 - Avec Nathalie Renaud sur RT.
49:07 (générique)
49:09 - Ça, c'est un extrait d'Amaneus de Milos Forman,
49:11 consacré à Mozart, évidemment.
49:13 C'est un choix qui n'est pas étonnant
49:15 pour la chanteuse lyrique que vous êtes.
49:17 - Oui.
49:18 C'est un grand, grand, grand film
49:20 qui m'a tellement inspirée,
49:22 qui est tellement plein de beauté.
49:26 C'est tellement intéressant aussi sur le rapport
49:29 entre la musique et la chanson.
49:31 - C'est un extrait d'Amaneus de Milos Forman,
49:33 consacré à Mozart, évidemment.
49:35 C'est un choix qui n'est pas étonnant
49:37 pour la chanteuse lyrique que vous êtes.
49:39 C'est tellement intéressant aussi sur le rapport au père,
49:42 cette figure écrasante,
49:44 et puis cette imagination,
49:47 ce monde où il conçoit la musique,
49:49 comment il le filme,
49:51 comment il entend ce qu'il est en train de composer.
49:53 C'est tellement beau, tellement beau, ce film.
49:55 - Je le disais en introduction de cette émission,
49:57 vous avez une trentaine de films à votre actif.
49:59 Actuellement, on peut vous voir dans "D'argent et de sang"
50:02 sur Canal+.
50:03 Passionnante série sur l'arnaque à la taxe carbone.
50:06 De quel rôle vous rêveriez actuellement au cinéma ?
50:09 - Je pense que je vais l'écrire.
50:13 C'est à moi de l'écrire.
50:15 Je ne vais pas attendre qu'il tombe du ciel.
50:18 - Et vous êtes en pleine écriture ?
50:20 - Vous verrez bien.
50:21 - Vous avez déjà écrit un spectacle, "Tue-tête".
50:24 Vous en gardez ?
50:25 - J'ai réalisé un court-métrage, surtout,
50:27 avec mes enfants, Yolande Moreau.
50:29 Là, j'ai été vraiment
50:31 pleinement créatrice à cet endroit-là.
50:35 J'ai retrouvé tous mes pouvoirs.
50:37 Je parlerai plus de ça que du spectacle
50:40 qui a été douloureux et dont je parle dans le livre.
50:42 - Éprouvant, effectivement.
50:43 Vous en parlez dans le livre.
50:44 La violence, vous le dites dans le livre,
50:46 a coupé votre créativité.
50:48 Là, vous l'avez retrouvée ?
50:49 - Elle n'a jamais totalement coupé
50:51 parce que j'ai toujours été une interprète
50:54 et puis une interprète aussi qui conçoit des projets,
50:57 qui amène des idées,
50:59 qui a envie de certaines choses très précisément,
51:02 qui crée des champs de force et tout ça.
51:05 Elle a toujours été là,
51:07 mais d'être vraiment en possession
51:10 de tous mes moyens, oui,
51:12 la violence, elle vous sidère,
51:14 elle vous empêche de...
51:17 - Elle prend de la place, en fait.
51:19 - Elle vous coupe la chic, quoi.
51:22 - Bon, eh bien, écoutez,
51:23 on attend avec impatience votre film
51:27 puisque, si j'ai bien compris,
51:29 vous êtes en écriture.
51:30 - Écoutez, il y a plein de choses qui arrivent.
51:33 Là, je vais jouer aussi...
51:35 J'ai voulu interpréter le procès de Jeanne d'Arc,
51:38 qui sera très musical aussi,
51:41 qui se jouera au Bouffe du Nord l'année prochaine.
51:44 Voilà, donc ça, c'était très important pour moi aussi
51:48 d'incarner cette héroïne
51:50 qui défendra sa vérité jusqu'à brûler, quoi.
51:55 - Merci beaucoup, Judith Schemla,
51:57 d'être venue vous raconter dans le journal Inattendu.
51:59 Je rappelle le titre de votre livre,
52:01 "Notre silence nous a laissés seules",
52:03 qui permet de comprendre vraiment
52:05 l'engrenage insidieux de la violence conjugale.
52:08 La semaine prochaine, à votre place,
52:10 il y aura aussi une actrice femme de théâtre,
52:12 Annie Dupéret, qui joue le duplex au Théâtre de Paris.
52:15 Un mot, peut-être, pour elle ?
52:16 - J'aime beaucoup Annie Dupéret, vraiment.
52:19 - Une question ?
52:20 - Une question ?
52:21 - Oui, si vous lui laissiez une question.
52:22 - Une petite question à Annie Dupéret ?
52:24 - Oui.
52:25 - Ouh là là, vous me prenez de court.
52:27 - Je vous laisse y réfléchir,
52:29 pour vous annoncer le programme qui suit.
52:31 Dans un instant, Laurent Deutsch,
52:32 entrée dans l'histoire.
52:33 Je vous souhaite à tous une très bonne après-midi sur RTL.
52:36 Pensez à votre question, puis on vous...
52:37 - Oui, non mais je la dirai à Sarah, sa fille,
52:39 que j'aime énormément.
52:40 - Eh bien voilà, c'est parfait.
52:41 Merci beaucoup, Judith Schemla.
52:43 Très bon samedi à tous.
52:44 (Générique)
52:47 [SILENCE]